dimanche 22 septembre 2013
Avec vue sur l'Arno d'Edward Morgan Forster
Lucy Honeychurch n'aurait jamais pu partir à la découverte de l’Italie comme toute jeune Anglaise de bonne famille sans la surveillance d’un chaperon zélé, sa cousine Charlotte. A leur arrivée à Florence, les deux voyageuses constatent avec dépit que la chambre qui leur a été réservée n’a pas de vue sur l’Arno. En violation de toutes les convenances, deux inconnus, M. Emerson et son fils George, leur proposent de leur échanger la leur qui, elle, donne sur le fleuve. L’attitude cavalière de George envers Lucy et le peu de résistance qu’elle lui oppose poussent Charlotte à décider d’abréger leur séjour. Mais le hasard va à nouveau réunir les Emerson et les Honeychurch, en Angleterre cette fois… Un roman délicieux sur l’éveil des sentiments et le poids des conventions sociales par un des maîtres de la littérature anglaise. (10/18)
La jeune Lucy Honeychurch est issue de la bonne société anglaise et comme toute jeune fille de ce milieu qui se respecte, elle se doit d'effectuer un voyage en Italie, chaperonnée par sa cousine Charlotte.
"On ne vient pas en Italie chercher des suavités, on vient y chercher la vie.", et c'est bel et bien ce qui va arriver à Lucy.
Paru il y a plus de cent ans, "Avec vue sur l'Arno" est loin, très loin d'être démodé.
Ce roman a su garder son côté romantique, son chamboulement des convenances et des règles de bienséance de la société anglaise sous Edouard VII, et sa critique omni-présente de cette même société bien trop rigide pour une personne comme Lucy qui serait aujourd'hui qualifiée de feu sous la glace : "Lucy était, certes, une révoltée, mais non point dans le sens où il l'entendait; elle était une révoltée désirant non pas un salon plus vaste, mais l'égalité auprès de l'homme qu'elle aimait.'.
Je reconnais également que le cadre idyllique de la Toscane y est aussi pour beaucoup et renforce encore plus le côté romantique, entre la magnifique Santa Croce, les places de Florence et l'Arno avec ses vertes collines, le cadre ne pouvait que se prêter à une romance des plus passionnées.
Car c'est bien de romance dont il est question dans ce roman, d'un baiser volé sur une colline de Florence, d'un autre raté par un fiancé anglais trop conventionnel et enfin d'un dernier volé sur un chemin d'Angleterre trop étroit; mais également de passion : celle qui habite la jeune Lucy pour George Emmerson et dont elle n'aura de cesse de l'étouffer, finissant par mentir à tout son entourage et surtout à elle-même.
Car à cette époque, il n'était pas bien vu de s'éprendre d'un homme aussi libre que George et dont le père est lui-même peu conventionnel, d'autant plus que Lucy a été éduquée pour être une jeune fille bien sous tous rapports et à se laisser guider par la raison et non par ses sentiments.
Le lâcher prise sera d'autant plus dur que cela ira à l'encontre de toute son éducation : "La passion devait se croire irrésistible, oublier politesse, tact et autres fléaux d'une nature raffinée. Par-dessus tout, elle devait aller, sans demander de permission, quand elle avait droit de passage.", et c'est ce qui rend cette lecture encore plus magnifique et le personnage de Lucy extrêmement attachant.
Si la partie italienne sert essentiellement à planter le décors, la partie anglaise n'en est pas moins intéressante et pousse la critique dans ses derniers retranchements, tout comme la jeune Lucy.
Et si le style ou certaines tournures de phrases peuvent apparaître démodées, je trouve au contraire que cela donne encore plus de cachet à ce roman dont une adaptation cinématographique a été faite par James Ivory et qu'il me tarde de la découvrir, tout comme j'ai regardé avec plaisir des photographies prises lors de mon séjour en Toscane pour me ré-imprégner de toute l'ambiance florentine.
"Avec vue sur l'Arno", c'est un morceau d'Italie à déguster avec parcimonie pour en conserver jusqu'à la dernière page toute la saveur, et c'est une romance passionnée et exaltante qui se vit et fait rêver durablement le lecteur qui doit surtout oublier d'emporter son guide Baedeker pour en apprécier les moindres miettes.
Livre lu dans le cadre du Challenge Il Viaggio
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Voilà un roman qui me tente beaucoup. Merci pour ton billet, il donne envie !! :)
RépondreSupprimerTu veux que je te l'apporte dimanche ?
SupprimerVous êtes plusieurs à l'avoir lu j'ai l'impression ! Ce roman mêle l'Angleterre et l'Italie, deux promesses qui séduisent du monde.
RépondreSupprimerMerci pour tous tes billets, j'ai actualisé la page. Je vois que tu t'es bien plongée dans l'Italie.
J'adore l'Italie, ça n'a pas été difficile !
Supprimer