Inspiré par le fameux concepteur d’avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote, et il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927. Son génie l’impose rapidement comme l’un des plus grands ingénieurs du monde. Le Vent se lève raconte une grande partie de sa vie et dépeint les événements historiques clés qui ont profondément influencé le cours de son existence, dont le séisme de Kanto en 1923, la Grande Dépression, l’épidémie de tuberculose et l’entrée en guerre du Japon. Jiro connaîtra l’amour avec Nahoko et l’amitié avec son collègue Honjo. Inventeur extraordinaire, il fera entrer l’aviation dans une ère nouvelle. (AlloCiné)
Pour son dernier film d'animation, il fallait que Hayao Miyazaki frappe fort les esprits, c'est chose faite avec son formidable "Le vent se lève".
La première impression qui frappe le plus, c'est que le réalisateur s'est éloigné de son univers habituel.
Ici, point de dimension fantastique voire surnaturelle, l'histoire s'attache à raconter la biographie d'un ingénieur en aéronautique, librement inspirée de la vie de Jiro Horikoshi, le concepteur des chasseurs bombardiers japonais Mitsubishi A6M, plus communément appelés Chasseurs Zéro.
Enfin, aucune dimension fantastique c'est vite dit, car régulièrement dans ses rêves Jiro rejoint Caproni, un ingénieur aéronautique italien, avec qui il discute nouveaux modèles d'avion pour la guerre mais aussi pour le tourisme.
L'histoire commence donc au cours de l'enfance de Jiro pour s'arrêter juste après la Seconde Guerre Mondiale, avec un empire du Japon à genoux malgré une aviation de guerre conçue pour la destruction massive.
Finalement, ce qu'il advient par la suite n'est pas intéressant, l'espace de cette tranche de vie a suffi pour montrer un homme ayant mis toute son âme et tout son cœur dans la conception d'un avion qui a servi à détruire des milliers de vie.
Il a commencé seul, il a fini seul, entre temps il a été marié à une femme admirable de courage et d'abnégation.
Jiro était un égoïste, c'est ce qu'il est resté, il n'y a pas d'amour heureux comme le dit le poème, il n'y a donc pas de fin heureuse à toute cette histoire mais plutôt une forme d'amertume, peut-être qu'il est temps désormais de penser à vivre, comme le dit là encore le poème.
Portrait sans concession de Jiro, "Le vent se lève" ne se résume pas qu'à une autobiographie ou à une histoire de construction d'avion avec des termes bien techniques embrouillant le spectateur.
Pour adoucir la chose, Hayao Miyazaki y a mis une histoire d'amour inspirée du roman "Le vent se lève" de Tatsuo Hori dans lequel l'auteur raconte sa relation avec son épouse malade le tuberculose.
Ici, Jiro rencontre donc la jeune Nahoko lors du tremblement de terre de 1923 du Kantô, puis ne la recroisera que des années plus tard alors qu'il traverse une période de creux et de doute.
Il aime Nahoko, elle l'aime, c'est formidable, sauf que Nahoko est malade, gravement malade. Elle a hérité de sa mère la tuberculose, cette maladie qui l'affaiblit et l'oblige à s'éloigner de Jiro, mais un temps seulement car courageuse ou inconsciente ou folle ou éperdument amoureuse ou tout cela à la fois, elle rejoint Jiro, l'épouse et reste à ses côtés le temps qu'il construise son chef-d'oeuvre : le Chasseur Zéro.
Des deux, difficile de dire lequel est le plus inconscient, tout comme il est difficile de qualifier cette relation de sens unique.
Elle est à la fois belle et cruelle, follement romantique et profondément égoïste (Jiro fumant auprès de sa femme tuberculeuse tout en lui tenant la main), mais il est vrai qu'elle offre de très beaux moments de grâce à ce film d'animation.
Il y a également beaucoup de références dans ce film, à la poésie bien entendu puisque le titre est emprunté au poème "Le cimetière marin" de Paul Valéry, une phrase reprise plusieurs fois par les personnages et qui plus est en français, mais aussi à la littérature avec des allusions au roman "La montagne magique" de Thomas Mann.
Et puis, il y a en arrière-plan la guerre qui se profile et se prépare, en Europe mais également au Japon.
Mais un film de Hayao Miyazaki ne s'arrête pas qu'à une histoire construite sur la durée et à des personnages fouillés et exploités jusqu'à la dernière goutte.
Il y a aussi une formidable mise en scène, des images et des dessins de toute beauté et sur ce plan, le réalisateur s'est surpassé dans ce qui a été présenté comme son ultime film, car certains paysages tiennent plus de l'image filmée que de l'image dessinée, à la fois rare et magnifique.
Et que dire de cette évocation si réussie du tremblement de terre de 1923, avec à la fois ce bruit sourd, cette terre qui gronde, ces maisons qui se soulèvent et s'écroulent et enfin le feu qui ravage des quartiers entiers ?
En fait, il n'y a rien à dire, juste à regarder et à prendre le temps d'admirer.
Il ne s'agit pas d'un film à l'attention d'un public jeune, il faut plutôt avoir 13/14 ans minimum pour pouvoir apprécier ce film si riche et si dense.
Car il n'y est pas question que d'une amourette et d'un ingénieur construisant son rêve en la personne d'un avion, il y est surtout question des choix que l'on fait dans la vie et des conséquences qu'ils ont, des remords ressentis à l'idée d'avoir créé une machine de destruction massive, d'avoir détruit tous ceux que l'on aimait pour arriver à son rêve, est-ce que le jeu en valait la chandelle ? Le prix n'est-il pas trop fort à payer ?
Et puis, il y a les thèmes chers à Hayao Miyazaki.
Tout d'abord sa passion des avions et des objets volants en tout genre, déjà entraperçue dans la plupart de ses films et mis en avant dans "Porco Rosso".
Ici, il s'en donne à cœur joie et arrive à transmettre sa passion au spectateur via le personnage de Jiro.
Et puis il y a aussi la dénonciation de la guerre et de ses horreurs, Hayao Miyazaki est un pacifiste doublé d'un écologiste, son côté pacifiste est fortement mis en avant dans ce film, là encore à travers le prisme du personnage de Jiro qui se retrouver à errer dans un cimetière d'avions ayant réduit des milliers de vie humaine à néant.
Certains se contenteraient de dire "La guerre ce n'est pas bien", pas Hayao Miyazaki qui n'hésite pas à la mettre en scène ou à la suggérer mais de telle façon que le spectateur ne peut qu'imaginer le désastre qui en a découlé.
Il y a aussi une très belle évocation du Japon de l'entre-deux guerres, avec un focus sur des scènes de la vie quotidienne ou encore cette sublime scène de mariage entre Nahoko et Jiro.
Et puis, derrière toutes ces images, il y a une nouvelle fois la magnifique musique de Joe Hisaishi, un fidèle dans l'univers de Hayao Miyazaki qui sans révolutionner la bande originale offre tout de même une belle partition.
Le film se conclut d'ailleurs par une très belle chanson.
"Le vent se lève" est sans doute le dernier film d'animation de Hayao Miyazaki et ceci est fort regrettable, mais quel talent pour terminer une carrière aussi riche sur cette apothéose !
Parce qu'il n'y a pas d'autres mots pour désigner cette oeuvre qui est un véritable bijou de réussite et d'émotion, un beau condensé de toute la filmographie de Hayao Miyazaki et des thèmes qui lui sont chers et qu'il n'a cessé de présenter dans ses films durant toutes ces années.
A aller voir donc, c'est une évidence, et ensuite tenter de vivre.
Ton billet est très beau, mais mon coeur est resté de marbre devant ce film qui m'a plus ennuyée qu'autre chose... Je n'ai pas le coeur miyazakesque.
RépondreSupprimerMiyazaki, je crois que l'on aime ou pas mais il y a rarement de milieu. Celui-ci est à mon sens à part dans son oeuvre également.
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