"Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme, c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène.
Et ce n'était toujours pas la pluie. Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant. " Une nouvelle traduction de l'un des titres les plus populaires de la littérature du vingtième siècle, qui se veut fidèle à la musique de Karen Blixen, à sa voix, à son style, unique dans les lettres danoises, et lui rend enfin tout son éclat. (Gallimard)
"J'ai possédé une ferme en Afrique au pied du Ngong. La ligne de l'Equateur passait dans les montagnes à vingt-cinq milles au Nord; mais nous étions à deux mille mètres. Au milieu de la journée nous avions l'impression d'être tout près du soleil, alors que les après-midi et les soirées étaient fraîches et les nuits froides.".
Ainsi commence le récit de Karen Blixen sur la période de sa vie qu'elle a passé en Afrique.
Dans les années 1910, Karen Blixen va venir avec son mari pour diriger une plantation de café au Kenya, dans une ferme proche de Nairobi.
De sa vie personnelle, il n'en sera jamais question dans ce récit, pour connaître les affres de sa vie conjugale (un mari volage lui refilant la syphilis et gérant la ferme de façon désastreuse) et son grand amour (j'hésite toujours entre une amitié très forte ou de l'amour) avec Denys Finch Hatton, il faut aller lire une autobiographie, ou voir le film "Out of Africa" inspiré de ce livre; et c'est d'ailleurs ce qui m'a surpris lors de ma lecture, cette absence d'égoïsme, d'égocentrisme, d'attachement à sa petite personne au profit d'un témoignage d'un niveau rarement atteint sur l'Afrique, les différentes tribus, les coutumes, le rythme de la vie quotidienne et les évènements impromptus qui viennent la ponctuer.
Dans son récit, Karen Blixen propose une étude approfondie des tribus qu'elle côtoie, à commencer par celle des Kikuyus qui vivent sur ses terres, mais également celle de ses voisins : les Masais.
Elle porte un regard juste sur les personnes qui l'entourent : "La véritable aristocratie a tout autant que le véritable prolétariat le sens de la tragédie et de ce que celle-ci représente. La tragédie répond pour l'une comme pour l'autre au plan de Dieu dans le monde, elle est le ressort essentiel de la vie. La bourgeoisie, par contre, ne comprend rien à la tragédie, elle ne la tolère même pas et l'associe instinctivement à tout ce qu'il y a de pénible dans le monde." et sur les évènements qu'elle va connaître, notamment lorsqu'un stupide jeu avec une arme dégénérera pour s'achever avec un mort et un blessé grave : "Un coup de feu, qui ne se répète pas, a dans la nuit quelque chose de fatal et de définitivement achevé. C'est le message qu'on lance, le mot unique que l'on ne redit pas.".
Son récit est une suite d'anecdotes qui s'enchaînent les unes après les autres et qui réunies forment un témoignage rare et sensible sur l'Afrique.
Sa narration est à l'image de l'Afrique : lente, l'histoire n'a pas de découpage bien précis ni de repère temporel, mais je me suis laissée bercer par les mots de Karen Blixen et j'ai voyagé avec elle durant le temps de ma lecture.
Elle ne juge pas, elle décrit tout simplement les êtres et les prend comme ils sont, avec leurs qualités mais aussi leurs défauts.
Il se dégage de ce livre une forte émotion, Karen Blixen y parle de son amour pour les Kikuyus et de son admiration envers les si beaux et si fiers Masais, de son amour pour la nature sauvage à travers le récit d'une antilope, Lullu, qu'elle avait domestiqué, des safaris qu'elle affectionnait tant, et des personnages qui ont croisé sa vie en Afrique.
Et lorsque Karen Blixen se prépare à quitter sa ferme après la faillite de celle-ci et l'Afrique pour rentrer en Europe, j'ai ressenti énormément de tristesse et les sentiments que l'auteur a dû connaître à ce moment ont trouvé un écho en moi.
Elle a su mettre des mots sur ses émotions et sur les paysages, rendant ainsi son récit très vivant et très visuel.
Impossible durant cette lecture de ne pas voir les images du film de Sydney Pollack, elles s'imposent d'elle-mêmes et viennent enrichir encore plus celle-ci.
Formidable chronique sur les habitants et la nature en Afrique, "La ferme africaine" est bien plus qu'un témoignage, c'est un grand cri d'amour lancé par Karen Blixen à l'Afrique.
Ainsi commence le récit de Karen Blixen sur la période de sa vie qu'elle a passé en Afrique.
Dans les années 1910, Karen Blixen va venir avec son mari pour diriger une plantation de café au Kenya, dans une ferme proche de Nairobi.
De sa vie personnelle, il n'en sera jamais question dans ce récit, pour connaître les affres de sa vie conjugale (un mari volage lui refilant la syphilis et gérant la ferme de façon désastreuse) et son grand amour (j'hésite toujours entre une amitié très forte ou de l'amour) avec Denys Finch Hatton, il faut aller lire une autobiographie, ou voir le film "Out of Africa" inspiré de ce livre; et c'est d'ailleurs ce qui m'a surpris lors de ma lecture, cette absence d'égoïsme, d'égocentrisme, d'attachement à sa petite personne au profit d'un témoignage d'un niveau rarement atteint sur l'Afrique, les différentes tribus, les coutumes, le rythme de la vie quotidienne et les évènements impromptus qui viennent la ponctuer.
Dans son récit, Karen Blixen propose une étude approfondie des tribus qu'elle côtoie, à commencer par celle des Kikuyus qui vivent sur ses terres, mais également celle de ses voisins : les Masais.
Elle porte un regard juste sur les personnes qui l'entourent : "La véritable aristocratie a tout autant que le véritable prolétariat le sens de la tragédie et de ce que celle-ci représente. La tragédie répond pour l'une comme pour l'autre au plan de Dieu dans le monde, elle est le ressort essentiel de la vie. La bourgeoisie, par contre, ne comprend rien à la tragédie, elle ne la tolère même pas et l'associe instinctivement à tout ce qu'il y a de pénible dans le monde." et sur les évènements qu'elle va connaître, notamment lorsqu'un stupide jeu avec une arme dégénérera pour s'achever avec un mort et un blessé grave : "Un coup de feu, qui ne se répète pas, a dans la nuit quelque chose de fatal et de définitivement achevé. C'est le message qu'on lance, le mot unique que l'on ne redit pas.".
Son récit est une suite d'anecdotes qui s'enchaînent les unes après les autres et qui réunies forment un témoignage rare et sensible sur l'Afrique.
Sa narration est à l'image de l'Afrique : lente, l'histoire n'a pas de découpage bien précis ni de repère temporel, mais je me suis laissée bercer par les mots de Karen Blixen et j'ai voyagé avec elle durant le temps de ma lecture.
Elle ne juge pas, elle décrit tout simplement les êtres et les prend comme ils sont, avec leurs qualités mais aussi leurs défauts.
Il se dégage de ce livre une forte émotion, Karen Blixen y parle de son amour pour les Kikuyus et de son admiration envers les si beaux et si fiers Masais, de son amour pour la nature sauvage à travers le récit d'une antilope, Lullu, qu'elle avait domestiqué, des safaris qu'elle affectionnait tant, et des personnages qui ont croisé sa vie en Afrique.
Et lorsque Karen Blixen se prépare à quitter sa ferme après la faillite de celle-ci et l'Afrique pour rentrer en Europe, j'ai ressenti énormément de tristesse et les sentiments que l'auteur a dû connaître à ce moment ont trouvé un écho en moi.
Elle a su mettre des mots sur ses émotions et sur les paysages, rendant ainsi son récit très vivant et très visuel.
Impossible durant cette lecture de ne pas voir les images du film de Sydney Pollack, elles s'imposent d'elle-mêmes et viennent enrichir encore plus celle-ci.
Formidable chronique sur les habitants et la nature en Afrique, "La ferme africaine" est bien plus qu'un témoignage, c'est un grand cri d'amour lancé par Karen Blixen à l'Afrique.
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