Une jeune femme croit devenir sourde le matin où son mari la quitte. Depuis, elle perçoit le moindre son avec une intensité démesurée. Elle entend tout, y compris le bourdonnement de sa mémoire dans lequel elle finit par retrouver les traces de son premier amour… Une jeune femme se réveille un matin dans un étrange silence. En l’espace d’une nuit, elle a perdu l’usage de ses oreilles, s’est égarée dans l’immensité d’un bruit blanc, d’une sonorité jusqu’alors imperceptible : le bruissement de ses souvenirs. A la clinique, elle est soignée, surveillée, observée mais sa maladie évolue : elle perçoit maintenant le moindre chuchotement comme un hurlement, le moindre choc comme un cataclysme. Pour un magazine de santé, une jeune femme va devoir décrire ses symptômes en présence d’un sténographe, essayer de trouver les mots justes pour exprimer ce qu’elle ressent. Les doigts de cet homme glissent sur le papier, avec une incroyable virtuosité ils transcrivent son récit. Fascinée, elle cherche à le revoir, elle pressent le pouvoir de ce garçon, sa capacité à révéler les traces enfouies dans le passé, à libérer la voix de sa mémoire… (Actes Sud)
Une jeune femme se réveille un beau matin au son d’une
flûte.
Mais il n’y a pas de flûte.
Il n’y a que le silence laissé par son mari qui vient de la
quitter, son absence, le vide, et c’est alors que le bruit le plus infime
devient assourdissant.
Etrange maladie dont souffre la narratrice, qui nécessitera
plusieurs hospitalisations avant qu’elle l’apprivoise et apprenne à vivre
avec : "Au contraire, je m’étais habituée aux replis de mes oreilles
comme à un chandail bien chaud porté depuis longtemps.".
Au cours d’une interview pour un magazine de santé, elle
rencontre un sténographe et tombe amoureuse de ses mains : "Mais lui,
son unique particularité, c’étaient ses doigts. Rien d’autre ne
m’attirait.".
Une étrange relation se noue alors : "Les doigts
seuls existaient entre nous, et tout le reste, les mots, les lèvres et les
sourires, était inutile.", focalisée sur les mains du sténographe et son
silence résultant de son activité d’écriture, et les oreilles hyper-sensibles
de la narratrice qui ne souffrent aucun bruit.
Comme d’habitude chez Yoko Ogawa, c’est étrange du début à
la fin, cela flotte dans une atmosphère surnaturelle, dans une réalité qui
s’évapore, où les personnages ne sont pas sûrs d’avoir vécu un évènement ou
d’avoir été dans un lieu et sèment alors le doute dans l’esprit du lecteur.
C’est dans un style poétique et métaphorique que l’auteur
raconte cette histoire.
A la beauté des mots se mêle celle du Japon, d’une
atmosphère à la fois étrange et apaisante, une sorte de cocooning littéraire
qui enveloppe le lecteur d’une certaine tiédeur.
Mais au-delà de cette atmosphère, Yoko Ogawa traite dans ce roman,
son premier n’ayant publié jusque là que des nouvelles, d’un thème récurrent
dans son œuvre : la mémoire et tout ce qui s’y rapporte : les
sensations, les souvenirs notamment.
La chute est dans un sens inattendue car durant tout le
récit le lecteur s’interroge et cherche où veut en venir l’auteur, mais dans un
autre elle est aussi attendue car trop de détails interpellent ce même lecteur
qui finit par avoir des doutes et se rend compte que quelque chose ne tourne
pas rond dans cette belle histoire à la limite du conte de fées.
J’ai tout de même ressenti quelques passages de flottement
au cours de ma lecture, l’auteur passant pour la première fois de la nouvelle
au roman.
Cela se ressent dans ce récit, qui s’apparente presque à une
longue nouvelle plutôt qu’à un roman.
"Amours en marge" est un roman de Yoko Ogawa dans
la veine de son œuvre générale qui mérite que le lecteur s’attarde dessus pour
en saisir toutes les subtilités et s’imprégner de l’univers si particulier mais
si beau de cette auteur.
Livre lu dans le cadre du challenge Destination PAL
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