Raison et sentiments sont joués par deux soeurs, Elinor et Marianne. Elinor incarne la raison conforme aux usages du monde, tandis que l'intrépide Marianne parie sur le sentiment. Mais à l'une et l'autre de ces jeunes filles en fleurs manque l'atout indiscutable, la clé de toute réussite en ce monde : l'argent. Il leur faut donc chercher mari. (10/18)
Ce roman de Jane Austen s’intéresse à deux sœurs, Elinor
l’ainée : "Elle avait un cœur excellent ; son tempérament était
affectueux et ses sentiments profonds, mais elle savait les gouverner." ;
et Marianne la cadette : "Elle était sensée et perspicace, mais
passionnée en toutes choses, incapable de modérer ni ses chagrins ni ses joies.
Elle était généreuse, aimable, intéressante, bref, tout, excepté prudente.".
L’une représente donc la raison et l’autre les sentiments.
Dans cette Angleterre du XVIIIè siècle, la première va
s’éprendre d’un jeune homme timide lui ressemblant en caractère tout en sachant
taire son ressenti face aux révélations auxquelles elle devra faire face ;
tandis que la deuxième se laissera séduire par l’impétueux et lâche Willoughby
qui la trahira sans vergogne : "La vanité, en lui faisant rechercher
un triomphe coupable aux dépens d’une autre, l’avait mis sur la route d’un
amour sincère que son emportement vers les plaisirs l’avait forcé à
sacrifier.", délaissant le colonel Brandon, un homme d’âge mûr qui ressent
également à son égard un profond sentiment.
Jane Austen brosse un portrait minutieux des mœurs de cette
époque, des codes de la société : l’importance des bals où des alliances
se nouaient, et de la vie sociale dans les villages ou les grandes villes.
A travers deux sœurs très proches qui diffèrent sur un point
de caractère, Jane Austen livre une histoire à rebondissements mettant en
valeur l’importance des espérances matrimoniales des jeunes filles à cette
époque, où tout finit pour le mieux, ce qui est aussi rassurant et plaisant
lors de la lecture des œuvres de cette auteur.
La plume de Jane Austen est parfois acide et m’a fait
sourire plus d’une fois tant certains personnages offrent la possibilité de se
moquer d’eux par des attitudes égoïstes, stupides, voire calculatrices.
La raisonnable Elinor est la voix de la raison dans ce
roman, elle porte un regard juste et une analyse critique : "Elle
méditait silencieusement sur le mal irréparable qui découlait d’une
indépendance prématurée. La paresse, la dissipation, le luxe qui en avaient été
la conséquence avaient anéanti l’esprit et le caractère, détruit le bonheur
d’un homme doué de tous les avantages du corps et de l’esprit.", mais
c’est sans conteste avec Marianne que je me suis le plus laissée emporter.
Elle apporte une force au récit et vivre une expérience des
plus dures mais des plus enrichissantes : "Marianne Dashwood était
née pour un destin extraordinaire ; il devait lui être donné de découvrir
la fausseté de ses propres opinions et de contredire, par sa conduite, ses
maximes les plus favorites.".
J’apporte un bémol car ma lecture a été gâchée par une
vieille édition de poche qui comportait des fautes de frappe ou d’orthographe,
des inversions dans les noms particulièrement sur celui du colonel Brandon.
Un peu léger pour une édition de poche et j’espère que tout
cela a été corrigé depuis.
Le cœur a ses raisons que la raison ignore et ce roman de Jane
Austen en est une belle illustration, outre le fait que le style soit des plus
plaisants et la lecture des plus agréables.
Et là je dois avouer que c’était ma première lecture d’un
roman de Jane Austen, ayant déjà lu une nouvelle de cette auteur, à se demander
pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour découvrir son style à travers ses
romans, mais une chose est sûre : je vais continuer à lire du Jane Austen
car c’est un plaisir de chaque instant.
Sans doute le roman de Jane Austen que je préfère :) !
RépondreSupprimerJe lis les autres et on en reparle après, pour l'instant je n'ai lu que celui-ci et "Lady Susan". J'ai peut-être été ambitieuse de prendre certains romans en anglais ... le temps me le dira.
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