lundi 22 septembre 2014

Les années douces de Hiromi Kawakami


Tsukiko croise par hasard, dans le café où elle va boire un verre tous les soirs après son travail, son ancien professeur de japonais. Et c'est insensiblement, presque à leur cœur défendant, qu'au fil des rencontres les liens se resserrent entre eux. La cueillette des champignons. Les poussins achetés au marché. La fête des fleurs. Les vingt-deux étoiles d'une nuit d'automne... Ces histoires sont tellement simples qu'il est difficile de dire pourquoi on ne peut les quitter. Peut-être est-ce l'air du bonheur qu'on y respire, celui des choses non pas ordinaires, mais si ténues qu'elles se volatilisent quand on essaie de les toucher. Ce livre agit comme un charme, il capte en plein vol la douceur de la vie avant qu'elle ne s'enfuie. (Philippe Picquier)

"Oui, un vide infini s'étend sur toutes choses, le vide de l'absence.", ce sont sur ces mots que s'achève "Les années douces" mais ils reflètent également l'esprit des premiers mots du début de ce roman.
Tsukiko est une jeune femme plus proche de la quarantaine que de la trentaine, célibataire, aimant la bonne chère et le bon saké.
Gourmande et gourmet, cela lui permet de rencontrer un soir l'un de ses anciens professeur de japonais, Matsumoto Harutsuna qu'elle appelle "le maître" tout au long de l'histoire : "Pendant que je reste confondue par la similitude de mes goûts avec ceux de ce digne vieillard, je me souviens vaguement de sa silhouette dressée sur l'estrade de la salle de classe de mon lycée.".
Entre ces deux-là se noue une relation, au début basée sur la nourriture et le plaisir d'être ensemble, mais qui va dériver au fil des mois vers un amour tel qu'aucun des deux n'aura jamais connu : "J'aime autant vous dire que moi, depuis tout à l'heure, j'ai tout à fait l'impression que nous sommes amoureux l'un de l'autre !".
Ils ont tous les deux passés l'âge des disputes, des relations non sérieuses, l'un et l'autre étant marqués par la vie mais pas pour les mêmes raisons : "Nous étions graves. Nous l'étions toujours. Même quand nous plaisantions. D'ailleurs, les thons aussi étaient graves. Les bonites aussi étaient graves. En fait, tous les êtres vivants, pour la plupart, sont sérieux et appliqués.".
Pour Tsukiko, c'est une double révélation : elle rencontre un amour grave et profond mais aussi un home qui la respecte et ne cesse de la mettre en valeur et de la faire progresser sur un plan personnel : "Il me semblait que la douceur du maître venait d'un profond désir de se montrer impartial et juste. Cette gentillesse ne s'adressait pas à moi en particulier, elle découlait d'une attitude "pédagogique" qui lui faisait écouter mon avis sans idée préconçue. C'était incomparablement plus agréable que d'être traitée avec une gentillesse ordinaire.".
A travers les deux personnages de ce roman, le mot "amour" prend tout son sens : aimer c'est donner et recevoir.
C'est une histoire toute en subtilité que livre Hiromi Kawakami, brossant l'évolution des personnages et de leur histoire à travers des chapitres représentant un moment bien précis du passé : la fête des fleurs, le marché etc.
Le style est à la fois beau et léger, j'ai énormément pris de plaisir à lire ce livre bien que j'en ai déjà lu l'adaptation en bande dessinée par l'auteur et par le dessinateur Jirô Taniguchi (je confirme par la même occasion que cette adaptation est très fidèle à l'histoire et à l'esprit du livre).
J'ai été touchée par la délicatesse de l'histoire ainsi que par sa beauté.
Il y a un côté très japonais et zen avec le maître philosophant sur la vie, j'ai senti qu'une atmosphère se dégageait des mots et que le Japon n'était jamais loin.
En prime, ce roman met l'eau à la bouche avec tous les mets dont il est question, donnant ainsi envie de partir au Japon pour y vérifier si l'on y mange et boit aussi bien que cela est décrit et s'il s'y dégage autant de douceur de vivre.

"Les années douces" est un roman japonais pudique décrivant une belle relation entre deux êtres que rien ne prédestinait à se retrouver.
Une fois le livre refermé la magie des mots opère encore et laisse à chacun le soin de ne pas fuir le bonheur par peur qu'il ne se sauve.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger / Chute de PAL




Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL 

2 commentaires:

  1. Lu dans le cadre du club des lectrices, un coup de coeur

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    1. C'est bien ce qu'il me semblait que ce livre avait été lu au Club.
      Pour ne pas me laisser influencer je n'ai pas encore lu ce compte-rendu.
      Gros coup de cœur et ma mère aussi a beaucoup aimé.

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