jeudi 28 juin 2012

Les Suites Vénitiennes Tome 1 - Esquisses d'Eric Warnauts et Guy Raives


"Dans la Venise du milieu du XVIIIe siècle, celle de Casanova, Goldoni et Canaletto une série de meutres qui semblent suivre un certain rituel, pousse Alessandro à mener l'enquête, et à utiliser les incantations magiques de Tshano, sa compagne noire, en se cachant des Inquisiteurs de la Sérénissime." (Casterman)

Dès les premières images, les auteurs ébranlent la vision romantique que chacun a de Venise : ciel sombre, pluie, bras ensanglanté avec une action prenant place majoritairement la nuit.
Loin des clichés et du romantisme de Venise, les auteurs inscrivent leur histoire dans une Venise inhabituelle, noire, dans le cercle fermé de l'aristocratie et des maîtres de Venise, le Conseil des Dix.
Mais voilà que depuis quelques temps, des crimes violents ont lieu sur des femmes, les laissant tailladées et défigurées hormis une partie du corps laissée intouchée, à chaque fois différente et à chaque fois dont le nom est écrit en lettres de sang derrière la victime.
Cette fois-ci, le crime concerne une des personnes influentes de Venise, et c'est à Messer Grande que l'enquête est confiée, secondé d'Alessandro Beltrame, fils illégitime d'un des maîtres de Venise : "Que tu le veuilles ou non, tout le monde sait que mon sang coule dans tes veines. Cela t'ouvre bien des portes; ce dont par ailleurs tu profites à souhait ... Mets tes compétences à mon service. Je te le demande Alessandro ... Ne m'oblige pas à faire pression sur toi ... Tu sais que je le peux ..."

L'ambiance générale est plutôt feutrée et l'action se déroule majoritairement en intérieur.
La reconstitution historique de Venise au 18ème siècle est très fidèle, on sent que des recherches documentaires ont été faites pour placer le cadre de l'histoire et lui donner du réalisme, ainsi qu'au niveau des costumes qui sont vraiment très beaux.
J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le contraste adopté par les auteurs : autant Venise et ses rues sont sombres et sous une pluie quasi perpétuelle, autant les habits sont colorés et dans les salons c'est une explosion de couleurs sur les différents personnages.
Et puis il y a aussi un petit clin d'oeil fort sympathique au carnaval, car certains personnages évoluent masqués, c'est d'ailleurs ainsi que le lecteur découvre pour la première fois le personnage masculin principal : derrière un masque, et également une jeune femme novice dans un couvent.
C'est aussi une façon de signifier qu'à Venise à cette époque tout n'était qu'apparence et que la vérité était cachée, que les personnes jouaient un rôle en société qui ne reflétaient pas forcément leurs opinions ni leur caractère réel.
Du point de vue des graphismes, ils sont très réussis et j'apprécie beaucoup ce style de coup de crayon.
Le personnage principal d'Alessandro est plutôt attachant avec son côté dandy, son apparence quasi libertine et la relation étrange qu'il entretient avec Tshano, une femme maîtrisant des rituels magiques voire chamaniques.
Sa situation particulière lui permet d'accéder à tous les salons de Venise, y compris dans les cercles les plus fermés, il joue un double jeu assez intéressant et intrigue le lecteur sur certains aspects autant qu'il l'amuse avec son ironie : "Bien sûr ... Si les victimes font partie de la plèbe, il n'y a pas à s'inquiéter ... La République n'est pas menacée. Tandis que maintenant ..."

Ce premier tome s'intitule "Esquisses" et il ne porte que trop bien son nom.
Effectivement, il est trop rapide à mon goût, avec une fin ouverte.
Il crée une addiction du lecteur qui s'attache facilement à l'intrigue et aux personnages, si bien que je me suis précipitée aussitôt sur le deuxième tome pour connaître la suite.
"Les Suites Vénitiennes" sont une très belle découverte en bande dessinée et méritent d'être connues.

Livre lu dans le cadre du challenge Il Viaggio


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