La Mort à Venise est le récit de la passion folle et fatale qui saisit un écrivain d’âge mûr à l’apparition d’un gracieux adolescent d’une extraordinaire beauté. Dans Tristan, le dilemme qui s’offre à l’héroïne est de tenter de vivre en étouffant ses dons d’artiste ou « mourir de musique ». La fin de Lobgott Piepsam dans Le Chemin du cimetière prouve que la vie est dure aux faibles, mais que la mort vaut mieux que la débâcle d’une constante lâcheté. C’est peut-être dans ses nouvelles que Thomas Mann, l’un des plus célèbres écrivains allemands de ce siècle, a mis le meilleur de sa verve ironique et de sa sensibilité musicale, de son émotion discrète et dominée, qui se drape volontiers de sarcasme. (Le livre de poche)
Gustave Aschenbach est un artiste d’âge mûr :
"L’alliance d’une conscience professionnelle austère et de troubles,
d’impulsives ardeurs, avait fait de lui un artiste, cet artiste qu’il était.",
homme ayant vécu et qui sans doute pense que plus rien ne pourra l’atteindre.
Mais voilà qu’il se décide à voyager : "Il
n’avait, tout au moins depuis qu’il pouvait explorer le monde, en tirer profit
et en jouir à sa guise, considéré les voyages que comme une mesure d’hygiène
qu’il lui fallait ça et là prendre en se faisant violence.", et choisit
pour destination Venise, une ville qui par le passé ne lui a pas convenu.
Alors qu’il en est de même cette fois-ci et qu’il s’apprête
à partir, il croise un jeune homme étranger, et c’est le coup de foudre.
Gustave Aschenbach ne comprend pas ce qui lui arrive, et
c’est avec un certain amusement que le lecteur suit les tribulations de ce
cœur, jusqu’à ce que la révélation frappe l’intéressé : "Mais au même
instant il sentit ce banal souhait de bienvenue s’effondrer dans le silence
devant la révélation sincère de son cœur, il sentit le feu de ses veines, la
joie et la souffrance de son âme et comprit que c’était Tadzio qui lui avait
rendu le départ si dur.".
Le thème de l’amour homosexuel, sans doute non réciproque, y
est traité pudiquement mais avec une forme d’ironie dans le style narratif de
l’auteur envers son personnage.
Outre l’ironie, quasi présente dans les trois nouvelles
composant ce recueil, cette première nouvelle est truffée de références
hellénistes et de mythologie grecque, ce qui renforce le thème sous-jacent de
cette nouvelle.
Mais ce que Thomas Mann évoque dans ces trois nouvelles,
c’est aussi la fragilité de l’existence, le fait qu’un petit rien peut enrayer
la machine et conduire à la perte de l’être humain et de la vie.
Il y a la maladie, dans "La mort à Venise" ou
"Tristan", précédée d’une passion sans limite que la mort vient
stopper net.
Il est également ironique de constater le dilemme devant
lequel Thomas Mann plonge son héroïne de "Tristan" : ou elle
cède à sa passion de la musique et meurt, ou elle se refreine et survit,
peut-être.
Finalement, tout cela offre une vision plutôt pessimiste de
la vie, mais en grattant l’ironie et le sarcasme dont l’auteur a drapé sa plume
c’est une sensibilité à fleur de peau qui se dégage de ces trois nouvelles
aussi agréables à lire les unes que les autres.
Livre lu dans le cadre du challenge Il Viaggio
Livre lu dans le cadre du challenge Destination PAL
Je pense que j'ai été moins sensible à l'ironie et plus à la sensation de décrépitude qui se dégage du livre. Mais c'est un très beau livre à l'origine d'un encore plus beau film !
RépondreSupprimerJe ne connais pas le film, tu m'intrigues, il va falloir que je le regarde.
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