Une nuit d'août étouffante à New York. Soudain, c'est la panne générale. Tout s'arrête. Naomi, la si jolie " pute à crack " enfermée en compagnie de l'énigmatique Bijou, dans un bar clandestin de Brooklyn, Simon, l'avocat médiatique, bloqué au 36e étage d'une tour déserte du Financial District, et Canal, ainsi baptisé depuis qu'on l'a trouvé nourrisson sur le trottoir de Canal Street, à Chinatown, voient leur destin basculer. La ville qui ne dort jamais devient une scène chaotique où s'entrechoquent les plus extrêmes solitudes. (Le Livre de Poche)
New York est une ville cosmopolite, emblématique du melting
pot des populations : "C’était ça, New York. Des gens de toutes les
couleurs, de tous les âges, de tous les genres.".
Aussi, il ne serait pas aberrant d’y faire se rencontrer des
personnes qui n’ont rien en commun entre elles.
C’est ce que réussit brillamment Valérie Tong Cuong dans ce
roman choral.
C’est une chaude journée d’août à New York, chacun est à son
travail, dans sa petite vie, sans forcément se soucier des autres et soudain,
c’est la panne général d’électricité : "Mais c’est la panne, le
hasard de la vie ou peut-être la volonté mystérieuse du Seigneur.", et
alors tout l’ordinaire est bousculé.
Naomi, une jeune fille prostituée de force dans un bar
clandestin et veillée par Bijou, en profite pour s’échapper avec son amie.
Simon Schwartz, avocat riche et arrogant, se trouve coincé
au trente-sixième étage d’une tour du Financial District proche de Ground Zero,
victime d’une cheville douloureuse, à penser à son amour virtuel, à détester sa
femme bien réelle, à être indifférent ou presque à ses deux enfants, et ne
devant son secours qu’à un veilleur de nuit.
Quant à Canal, recueilli bébé par une famille de Chinatown
et baptisé en l’honneur de l’endroit où il fut trouvé, Canal Street, il prend
et découvre la liberté suite à un incendie qui ravage le magasin où il
travaillait et vivait jusque là, ayant découvert par lui-même Confucius et
guidant sa vie selon les préceptes du maître.
Tous ces destins vont se croiser dans une église,
accueillant des réfugiés de cette panne.
Alternant les points de vue, Valérie Tong Cuong livre au
lecteur les pensées les plus intimes de ces trois personnages, les faisant
basculer dans l’introspection, la folie, la rédemption, se payant le luxe
d’offrir au personnage de Noemi un coup de foudre sur celui de Canal :
"Il avait les traits fins, peut-être vingt-cinq ou trente ans, et quelque
chose d’aussi beau que naïf qui m’aurait fait du bien si j’avais eu la force
d’être encore émue.".
Construit sur la base de monologues, ce roman est un chant à
la vie, avec pour toile de fond une ville de New York où, pour une fois, les
destins ne font pas que se croiser mais se mêlent aussi les uns aux autres et
où les personnes prennent le temps d’en rencontrer d’autres.
C’est aussi le récit d’une entraide humaine qui tend vers la
fraternité, la panne obligeant chacun à se soucier de l’autre.
C’est de plus très bien écrit, dans un style qui reflète
toute la complexité des sentiments humains.
"Noir dehors" est non seulement l’œuvre qui m’a
permis de découvrir Valérie Tong Cuong mais également de redécouvrir des
quartiers typiques de New York dans une très belle histoire humaine racontée à
plusieurs voix qui débouche sur un sentiment universel : l’amour, mais
également l’espoir.
Livre lu dans le cadre du challenge New York en littérature 2013
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