lundi 23 octobre 2017

Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé


Quelque part dans une Amérique du Sud imaginaire, trois femmes d’une même lignée semblent promises au même destin : enfanter une fille et ne pouvoir jamais révéler le nom du père. Elles se nomment Rose, Violette et Vera Candida. Elles sont toutes éprises de liberté mais enclines à la mélancolie, téméraires mais sujettes aux fatalités propres à leur sexe. Parmi elles, seule Vera Candida ose penser qu’un destin, cela se brise. Elle fuit l’île de Vatapuna dès sa quinzième année et part pour Lahomeria, où elle rêve d’une vie sans passé. Un certain Itxaga, journaliste à L’Indépendant, va grandement bouleverser cet espoir. (Editions de l'Olivier)

Dans une Amérique du Sud fantasmagorique, Rose tombe tardivement enceinte d'un homme qu'elle ne pensait pas aimer.
Sa fille Violette va elle-même connaître une jeunesse particulière : "Elle avait été une petite fille dont la peau délicate pelait, une petite fille qui n'arrivait pas à être à la hauteur, qui ne pouvait pas apprendre à lire parce que c'était un peu trop compliqué, et elle était maintenant suffisamment grande pour briser le cœur de sa mère, coucher avec tous les garçons du village, boire plus que de raison et se transformer en une jolie jeune femme vide et sans bonté.", tomber enceinte à quinze ans, engendrer une fille, Vera Candida, et finir tôt sa vie dans le ruisseau.
Vera Candida, élevée par sa grand-mère, connaîtra elle aussi une adolescence difficile en croisant le chemin d'un homme, mais décidera que le destin peut se briser et choisira de fuir, à quinze ans, l'île de Vatapuna : "Vera Candida se dit, La forêt est une pénitente. Puis elle pensa, Je m'en vais. Et encore, Je m'en vais et personne ne me regrettera.".
A la ville, elle croisera le chemin d'un journaliste, Itxaga, et là encore le destin aura son mot à dire entre ces deux êtres : "Mais les rencontres sont finalement une accumulation de coïncidences qui fait que deux personnes, essayant de résister à la malice du destin et de détourner les chemins qui les mènent l'une vers l'autre, se dirigent inexorablement vers une collision fatale.".

J'ai découvert Véronique Ovaldé avec "La grâce des brigands", un roman qui ne m'avait pas séduite mais que je n'avais pas non plus détesté.
Avec "Ce que je sais de Vera Candida" il n'en est rien, car ce roman m'a subjuguée par sa beauté, sa poésie, sa magie, et par la maîtrise du style de l'auteur.
Vous l'aurez compris, il y a une malédiction qui règne sur les femmes de cette famille, j'ai bien précisé qu'elles croisaient à chaque fois un homme mais ce n'est pas n'importe lequel et c'est ce qui amplifie l'horreur de leur malédiction.
Seule Vera Candida semble penser pouvoir y échapper et que le destin, ça peut se briser et se modeler comme on le souhaite.
Véronique Ovaldé construit son histoire avec intelligence, en commençant avec la vie de l'attachante Rose, la grand-mère dont le souvenir et l'image demeurent présents tout le long du récit; puis passe à celle de Violette mais sans non plus s'étaler dessus car le personnage que le lecteur attend, Vera Candida, n'arrive pas tout de suite dans le récit.
Cela ne m'a absolument pas gênée car toute cette msie en scène permet de comprendre la suite et ce qui va pousser Vera Candida à refuser la fatalité et à fuir cette île pour se créer sa propre vie.
Il n'y a que deux figures masculines dans ce roman, l'un est le géniteur de chaque fille de cette famille, l'autre le journaliste Itxaga qui redore le blason de la gente masculine qui, il faut le dire,e st mise à mal dans ce roman.
Avec Vera Candida, ce sont les deux personnages qui m'ont le plus touchée.
Itxaga a une forme d'innocence qui lui permet de ne voir que la beauté du monde et le meilleur de chacun, il va malheureusement être rattrapé par la réalité de la vie, et à l'inverse, Vera Candida fuit la réalité de la vie et c'est grâce à Itxaga qu'elle va pouvoir entrevoir la beauté qui peut exister.
Je n'aime pas l'amour niais ou gnangnan, ici je trouve que l'amour prend une dimension poétique qui a su me séduire.
Comme dans bon nombre de romans se déroulant en Amérique du Sud, il y a une dimension fantastique, magique plus précisément, qui apporte une touche toute particulière au récit et contribue sans nul doute à en faire sa beauté.
Ce roman n'a pas été sans me rappeler "Dans la ville des veuves intrépides", un récit qui se pare aussi d'une part de mystère et de magie.
Ce roman m'a réconciliée avec Véronique Ovaldé, d'un côté j'ai envie de lire d'autres livres de cette auteur mais de l'autre je crains la déception : n'aurai-je pas lu son meilleur livre ?

"Ce que je sais de Vera Candida" est un roman enchanteur, à la limite du conte, sur le destin de trois femmes marquées par une malédiction commune mené de main de maître par Véronique Ovaldé.

2 commentaires:

  1. Je l'ai lu il y a des années, j'en garde un très beau souvenir, en partie dû à l'ambiance mystique et picturale qu'on retrouve souvent dans les histoires sud-américaines.

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    1. C'est la raison majeure pour laquelle j'ai tant aimé cette histoire.

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