dimanche 29 décembre 2019

Martin Eden de Pietro Marcello

       
     

À Naples, au cours du 20ème siècle, le parcours initiatique de Martin Eden, un jeune marin prolétaire, individualiste dans une époque traversée par la montée des grands mouvements politiques. Alors qu’il conquiert l’amour et le monde d’une jeune et belle bourgeoise grâce à la philosophie, la littérature et la culture, il est rongé par le sentiment d’avoir trahi ses origines. (AlloCiné)


L'oeuvre originale de Jack London est de toute beauté à lire, que pouvait donc bien valoir cette adaptation ? Qui plus est transposition dans l'Italie du 20ème siècle ?
Et bien non seulement l'adaptation est réussie mais le film aussi, preuve que lorsqu'un écrit est fabuleux il peut s'adapter, se transposer, il est intemporel et universel, autant de qualités réunies par "Martin Eden".
Le thème de l'oeuvre de Jack London est sauvegardée : un jeune autodidacte cherche à s'élever socialement pour les beaux yeux d'une bourgeoise.
On comprend plus ou moins que l'histoire se situe au 20ème siècle mais les pistes sont brouillées : passé, présent, extraits de documentaires dans le film, avec en toile de fond la montée du fascisme.
Il ne faut pas se laisser rebuter par ce mélange de genre, pour ma part j'ai énormément apprécié l'ensemble, d'autant que la mise en scène est réussie, et je me suis laissée emportée dès les premières images dans cette histoire désespérée et cruelle.
Avec en prime l'agréable surprise de constater que l'essence du roman de Jack London était bien là, comme quoi le parcours de Martin Eden peut s'appliquer à tout un chacun, prendre place dans n'importe quel pays et à n'importe quelle époque.


L'interprétation de Martin Eden a été confiée à Luca Marinelli, splendide de justesse et dont le jeu d'acteur est brillant.
Il se fond dans le personnage, il l'incarne, il l'habite et s'en imprègne jusqu'au plus profond de son être.
Voilà un comédien que je ne connaissais pas, mais quelle découverte !
Et quel talent.
Quant au réalisateur Pietro Marcello il se sort haut la main de cette mise en scène et a su adapter avec brio le roman de Jack London.
Le thème du roman, le conflit des classes à travers la culture, est bien présent dans le film, cela aurait presque pu être un conte tant le film balaie l'histoire du 20ème siècle, au final je le trouve d'actualité car le fond n'a pas vraiment changé même si la culture tend à s'étendre à un plus grand nombre.
Je suis quelque peu surprise que l'on ait pas plus parlé de ce film, pourtant présenté à la Mostra de Venise (d'ailleurs Luca Marinelli a coiffé au poteau Joaquin Phoenix en remportant le prix du meilleur acteur), peut-être parce que le cinéma Italien ne fait plus trop parler de lui (à tort) depuis quelques années et que beaucoup s'y est désintéressé (à tort là encore).


"Martin Eden" est une excellente adaptation du roman de Jack London qui a su en conserver l'essence principale, un beau film de l'automne 2019.

samedi 28 décembre 2019

Sunset de László Nemes

       
     

1913, au cœur de l’empire austro-hongrois. Irisz Leiter revient à Budapest après avoir passé son enfance dans un orphelinat. Son rêve de travailler dans le célèbre magasin de chapeaux, autrefois tenu par ses parents, est brutalement brisé par Oszkar Brill le nouveau propriétaire. Lorsqu’Írisz apprend qu'elle a un frère dont elle ne sait rien, elle cherche à clarifier les mystères de son passé. A la veille de la guerre, cette quête sur ses origines familiales va entraîner Irisz dans les méandres d’un monde au bord du chaos. (AlloCiné)


Après la claque qu’était "Le fils de Saul", László Nemes était attendu au tournant, et comment rebondir après un tel film ? Quel sujet traiter ? C’est un saut dans le temps que propose le réalisateur, en situant son intrigue dans l’empire austro-hongrois de 1913. Son personnage principal est cette fois-ci féminin, ingénue, de retour à Budapest avec le rêve de travailler dans le célèbre magasin de chapeaux qui a autrefois appartenu à ses parents. Mais le nouveau propriétaire du magasin va briser son rêve, et la jeune Irisz va en plus apprendre qu’elle a un frère, plutôt louche, va décider de le découvrir et se met en quête de son passé et de ses origines.


Dans son précédent film, le réalisateur plongeait directement le spectateur dans le chaos et l’horreur, ici il choisit de le placer à la veille de l’embrasement de l’Europe et du basculement dans l’horreur du premier conflit mondial. C’est une démarche fort intéressante et à mes yeux ce film est complémentaire du précédent. Le réalisateur continue de creuser la problématique du Mal, celui qui est absolu et qui pousse les individus à commettre des atrocités. L’Europe est sur le point de s’embraser, le crépuscule qui donne son nom au film, mais l’héroïne va aussi cheminer vers la noirceur, les bas-fonds à la recherche de son fantôme de frère et finir par y perdre toute ou partie de son âme. C’est la fin de son innocence, la découverte d’un passé trouble mais aussi de ressources internes insoupçonnées. En cela, la dernière image du film est particulièrement forte et bouscule le spectateur, en tout cas ce fut mon cas et elle m’a laissée sans voix.


László Nemes a choisi de tourner son film dans son pays natal et d’y trouver ses comédiens. La jeune Juli Jakab, actrice inconnue en France, est un choix judicieux et interprète remarquablement le personnage d’Irisz. On a un peu trop tendance à oublier le cinéma Hongrois, fort heureusement doté de quelques excellents réalisateurs, et Budapest ne sert pas que de lieux de tournage bon marché mais peut aussi être au cœur d’un film, presque un personnage à part entière ici. László Nemes a une façon bien à lui de filmer, il utilise le flou en ne laissant de clair que son personnage et en floutant tout le reste (la scène de la descente du train d’Irisz est le pendant de la scène d’ouverture dans "Le fils de Saul"), sa mise en scène est particulièrement léchée, pour ne pas dire grandiose. Certains diront qu’il en use et en abuse et qu’il prend sans doute même plaisir à s’auto-congratuler bien conscient de son savoir-faire et de sa maîtrise. Quand on maîtrise bien sa technique et que l’on aime filmer ainsi je ne vois pas bien pourquoi on s’en priverait. Certains réalisateurs auraient même de sacrées leçons de mise en scène à prendre tant la leur est inexistante. Ce second film a en tout cas conforté mon opinion sur ce réalisateur.


"Sunset" est sans doute l’un des films de 2019 les plus oubliés, où les spectateurs sont passés à côté. Je l’ai trouvé pour ma part assez puissant et évocateur ; en droite ligne avec "Le fils de Saul", les deux portant sur une même réflexion mais à des époques légèrement différentes.

vendredi 27 décembre 2019

Une vie cachée (A Hidden Life) de Terrence Malick

       
     

Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. (AlloCiné)


Voilà bien longtemps que je n'avais pas vu un film de Terrence Malick, ses derniers films ne m'avaient pas franchement inspiré, mais l'avantage avec ce réalisateur, c'est que dès les premières minutes on sait tout de suite que c'est lui à la réalisation.
"Une vie cachée" n'y fait pas exception, beaucoup de paysages, la nature très présente, de grands plans filmant les espaces préservés de la montagne, peu de dialogues, quelques retours en arrière qui viennent agrémentés l'histoire des personnages.
L'histoire narrée ici est inspirée de faits réels, un paysan autrichien ayant refusé de se battre aux côtés des nazis et de prêter allégeance à Hitler. Reconnu coupable de trahison il est passible de la peine capitale, mais l'important pour lui c'est de vivre et de mourir en homme libre, fidèle à ses pensées et à ses choix, et porté par sa foi en Dieu et son amour pour sa femme et ses filles.
Comportement on ne peut plus louable mais qui reste pourtant peu compréhensible par un grand nombre de personnes.
C'est d'ailleurs ce que beaucoup de personnes lui diront pour tenter de le faire changer d'avis, à l'exception de sa famille, mais Franz ne cédera pas.
Voilà un personnage discret dont l'attitude me touche, et c'est sans doute ce que je retiendrai de ce film.
Ainsi que la beauté des paysages de montagne, de la vie simple et heureuse qui est bouleversée par une guerre ayant lieu à des milliers de kilomètres de là mais qui va influer le destin de chacun.
Et puis la musique, car la partition musicale colle à merveille avec les images, la photographie du film, ainsi que les personnages et ce qui les anime.


Maintenant il y a deux points négatifs dans ce film, tout d'abord sa longueur, près de trois heures.
C'est par moment longuet, il y a de plus un découpage temporel irrégulier, j'ai eu parfois la sensation que les saisons passaient plus rapidement, tout comme les mois et les années alors que ce n'est pas le cas.
Le réalisateur déstabilise en distillant partiellement des repères chronologiques, d'un autre côté venant de sa part cela n'est pas surprenant.
Ensuite la langue utilisée, les personnages se parlent entre eux en anglais, voilà qui est quelque peu gênant pour une historie se déroulant en Autriche; mais le pompon c'est que par moment lorsqu'il y a des interactions entre plusieurs personnages les échanges se font en allemand.
Ce choix est tout bonnement incompréhensible, soit c'est de l'anglais en permanence et donc un anachronisme, soit c'est de l'allemand, mais pas quand cela arrange le réalisateur dans une langue et ensuite dans une autre.
Le ménage des genres m'a franchement gênée tout le long du film, pour ne pas dire agacée.
Ou alors une subtilité m'a échappée.
Le casting est réussi, August Diehl incarne très bien Franz, ainsi que Valerie Pachner à Fani, j'ai également été touchée par la ressemblance et la complémentarité de Maria Simon incarnant la sœur de Fani.


"Une vie cachée" est un hommage à une forme de résistance, celle de ne jamais renoncer à ses convictions, mais qui souffre de longueurs qui ternissent quelque peu la belle image dégagée par ce film.

jeudi 26 décembre 2019

Le chant du loup d'Antonin Baudry

       
     

Un jeune homme a le don rare de reconnaître chaque son qu’il entend. A bord d’un sous-marin nucléaire français, tout repose sur lui, l’Oreille d’Or. Réputé infaillible, il commet pourtant une erreur qui met l’équipage en danger de mort. Il veut retrouver la confiance de ses camarades mais sa quête les entraîne dans une situation encore plus dramatique. Dans le monde de la dissuasion nucléaire et de la désinformation, ils se retrouvent tous pris au piège d’un engrenage incontrôlable. (AlloCiné)


Mayday, mayday, sous-marin en détresse !
 Ce film d’espionnage et d’action à la Française n’a rien à envier à ses comparses Américains. L’Oreille d’or n’est pas infaillible et une erreur de sa part va avoir des conséquences insoupçonnées : tout d’abord mettre l’équipage du sous-marin en péril, mais ensuite conduire à prendre des décisions et engager des actions encore plus dramatiques.
Claustrophobes s’abstenir, ce film est en quasi immersion dans un sous-marin nucléaire (si vous n’avez eu l’occasion de visiter un sous-marin je vous invite à le faire, pour ma part je l’ai fait et je ne peux que confirmer l’étroitesse du bâtiment qui restreint les gestes et les attitudes et peut conduire facilement à péter un câble lorsque l’enfermement dure longtemps).
L’action est dans un lieu limité mais la tension n’en est que plus palpable. Antonin Baudry n’a pas pensé son intrigue à la légère, il s’est documenté, n’a pas hésité à mettre ses comédiens en immersion avec des sous-mariniers afin de rendre leur comportement crédible, et surtout il a cherché où pouvait être la faille dans le dispositif Français pour bâtir son scénario.
Le film permet à la fois de découvrir les arcanes du pouvoir et des décisions militaires, en cela Antonin Baudry n’en est pas à son coup d’essai, mais aussi de découvrir la vie des sous-mariniers, des militaires dont on parle peu et qui ne sont pas assez mis en avant, qui travaillent dans des conditions difficiles et dont l’action est loin d’être neutre pour la France.
Crédibilité est le maître mot de cette histoire, les comédiens ont travaillé avec des sous-mariniers, il n’y a aucune fausse note à l’écran tant ils paraissent à l’aise et dans leur élément.


Côté intrigue, elle est particulièrement bien ficelée et va crescendo, c’est parfois rare pour être souligné mais il y a un scénario, un vrai.
Le son a son importance, c’est pourquoi l’expérience de voir ce film dans une salle obscure est sans doute plus forte que chez soi.
Entre le bruit de la mer, à bord, les sons perçus par l’Oreille d’or et le fameux chant du loup, mieux vaut être muni d’un équipement adéquat pour vivre pleinement l’immersion.
Outre l’intrigue, j’ai particulièrement apprécié la dualité du personnage de l’Oreille d’or, il est à l’aise enfermé sous l’eau à écouter les sons, par contre à l’extérieur, dans un espace illimité il vit mal car pollué par trop de sons et ayant quelques difficultés dans ses relations humaines.
Là encore c’est un aspect de ce métier, les personnes qui l’exercent ont ce que l’on appelle l’oreille absolue et sont gênés par la pollution sonore bien trop importante à notre époque.


Le casting est alléchant et regroupe de grands noms du cinéma : Omar Sy, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz, ainsi qu’un nouveau venu qui se fait une sacrée place dans le milieu cette année : François Civil.
Casting majoritairement masculin, mais qui offre aussi un joli rôle féminin à Paula Beer et un peu de douceur dans ce monde de brutes.
J’ai été agréablement surprise par la construction du film et la richesse de son scénario, comme quoi en France il est aussi possible de réaliser des films d’action et de suspens.
Et puis la séance restera aussi comme l’un de mes moments forts de 2019, avec la venue d’Antonin Baudry et Reda Kateb pour un débat avec la salle, l’occasion d’en apprendre beaucoup sur la façon de faire le film, le travail des comédiens, et plus généralement tout le travail derrière ce film.


"Le chant du loup" fait partie de ses bonnes surprises cinématographiques de 2019, un film mêlant espionnage et action le tout sous un fond vraisemblable et particulièrement documenté, servi par un casting cinq étoiles.

mardi 24 décembre 2019

La favorite de Yórgos Lánthimos

       
     

Début du XVIIIème siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne, à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill, arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée. Abigail va y voir l’opportunité de renouer avec ses racines aristocratiques. Alors que les enjeux politiques de la guerre absorbent Sarah, Abigail quant à elle parvient à gagner la confiance de la reine et devient sa nouvelle confidente. Cette amitié naissante donne à la jeune femme l’occasion de satisfaire ses ambitions, et elle ne laissera ni homme, ni femme, ni politique, ni même un lapin se mettre en travers de son chemin. (AlloCiné) 


Voilà un des films les plus irrévérencieux de l’année, et sans doute l’un des plus jouissifs servi par une mise en scène magistrale.
Il y a des homards, des lapins, des chevaux, et deux femmes qui se battent pour qui aura sa place dans le cœur (et le lit parfois) de la reine Anne.
L’histoire se passe au 18ème siècle mais le réalisateur n’a pas hésité à y mettre des remarques fort contemporaines dans la bouche de ses héroïnes, tout en bâtissant son film comme une pièce de théâtre en plusieurs actes.
A voir la reine Anne et son comportement, ainsi que celui de sa bien-aimée Lady Sarah qui dirige tranquillement le pays à la place de la monarque, tandis que l’arriviste Abigail Hill aux dents qui rayent le parquet est bien décidée à écarter sa rivale pour occuper la place à la droite de la reine à elle toute seule, on se demande quelle mouche a bien pu piquer l’imagination du réalisateur.
Rien, aucune mouche, c’est ça le plus fou, c’est une histoire vraie.
Bon sang, en Angleterre ils ont aussi eu de sacrés monarques avec des histoires rocambolesques à raconter.
Quant à l’élégance et la classe aristocratique d’Abigail elle repassera la jeune fille, la vilaine pour qui tous les coups sont permis, face à Lady Sarah elle ne peut souffrir la comparaison mais voilà, le monde est ainsi fait que ce sont les plus malignes qui finissent par gagner.


Olivia Colman sort de l’écran de télévision et de la petite ville pas si paisible que ça de Broadchurch pour incarner une reine Anne détestable, malade, fortement présente, qui subit plus qu’elle ne fait subir et dont le jugement est quelque peu altéré. Olivia Colman c’est la grande classe dans son interprétation, elle est tout simplement éblouissante de justesse et elle incarne son personnage.
L’académie des Oscars ne s’y est pas trompée en lui remettant la prestigieuse statuette.
La cravache va bien à Rachel Weisz, une actrice à la fois discrète mais à la filmographie pas si mince que cela, et que j’ai toujours autant plaisir à voir à l’écran.
Quant à Emma Stone elle a fini de chanter, La la la, elle a retrouvé la land d’Angleterre et la voilà incarnant une rosse, et qu’est-ce qu’elle le fait bien.
Un rôle à l’encontre de son précédent, un choix à mes yeux risqué mais sage après son sacre aux Oscars, et une façon de montrer qu’elle ne l’a pas volé son prix, qu’elle sait rebondir et qu’il faudra compter sur elle dans les années à venir à l’écran.
Les hommes ? Je ne sais plus, ils servent de toile de fond, ils ne sont pas importants car ici il est question de femmes, de féminité, de rivalité, de pouvoir et elles peuvent tout à fait se passer d’eux.


"La favorite" de Yórgos Lánthimos est sans doute l’un des films les plus réjouissants du début 2019 qui mérite d’être vu et revu, servi par une mise en scène particulièrement habile et des comédiennes éblouissantes.

mardi 1 octobre 2019

Deux moi de Cédric Klapisch

       
     

Rémy et Mélanie ont trente ans et vivent dans le même quartier à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu'il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de cette solitude des grandes villes, à l’époque hyper connectée où l’on pense pourtant que se rencontrer devrait être plus simple… Deux individus, deux parcours. Sans le savoir, ils empruntent deux routes qui les mèneront dans une même direction… celle d’une histoire amour ? (AlloCiné)


Après "Ce qui nous lie", film sur les relations au sein d'une famille de viticulteurs, Cédric Klapisch revient à ses premiers amours, à savoir la génération actuelle, l'amour, et Paris.
Si j'avais trouvé le précédent film comme celui de la maturité pour le réalisateur, force est de constater qu'en revenant à ses thèmes de prédilection il retombe dans sa zone de confort et ce cinéma gentil-gentil auquel il nous a habitués depuis quelques années.
Il y a bien un peu d'audace dans ce film, la rencontre des deux personnages n'intervient qu'à la fin, il fallait le faire et réussir à capter l'attention du spectateur jusque-là, mais sinon rien de neuf sous le ciel de Paris.
Paris est évidemment un personnage à part entière du film, et c'est peut-être celui sur lequel il n'y a rien à redire.
Ou tout de même si, la vision de Paris est très "Cédric Klapisch", il y a de belles images mais je n'ai pu m'empêcher de penser ironiquement que c'est formidable que ses personnages puissent louer à Paris, quand on connaît le prix de l'immobilier et que le personnage de Rémy a plutôt un petit boulot; et qu'il est tout autant formidable que ses personnages arrivent à partir le matin quand il fait jour et rentrer avant la nuit alors qu'une partie de l'action se passe l'hiver.
Alors personnellement, même en ce moment il ne fait pas tout à fait jour quand je pars le matin et il fait quasiment nuit quand je rentre, côté crédibilité on repassera, ah mais cela apporte de belles images et une photographie pour le réalisateur... .


Cédric Klapisch croque évidemment une photographie de la jeunesse actuelle, enfin pas toute la jeunesse, mais c'est très dans l'actualité et décrit assez bien ce monde où il devient difficile de faire des rencontres et de trouver l'amour (mais entre nous, on n'en a pas non plus forcément besoin pour réussir sa vie, message apparemment compliqué à faire passer).
Certes, nous vivons une époque hyper-connectée mais désolée de le dire, il est aussi facile de se  déconnecter, apparemment ce n'est pas à la portée de tout le monde, je dirai qu'il faut juste savoir se donner les moyens.
Bref, vous l'aurez compris, le propos du film est gentil mais il ne m'a ni parlée ni touchée, quant aux personnages ils ne m'ont pas transportée plus que ça : je ne suis ni une Mélanie ni un Rémy et j'en suis bien contente !
Difficile à travers cette histoire un peu trop bavarde de trouver un attrait, hormis les comédiens très bons dans leur interprétation : François Civil, dont c'est l'année au cinéma, Ana Girardot; ainsi que les personnages des psychiatres interprétés par François Berléand et Camille Cottin, sans doute le parallèle que j'ai préféré dans le film; sans oublier des seconds rôles lumineux qui font des passages éclairs à l'instar de Pierre Niney.


"Deux moi" ne casse franchement pas trois pattes à un canard, j'ai été déçue par Cédric Klapisch dont j'attendais un film plus surprenant, à l'instar de son précédent.
Qu'il continue ainsi et j'arrêterai de voir ses films, il serait temps que son cinéma grandisse définitivement car sa filmographie adolescente n'a que trop duré.

lundi 30 septembre 2019

The lighthouse de Robert Eggers

       
     

Le film se passe dans une île lointaine et mystérieuse de Nouvelle Angleterre à la fin du XIXe siècle, et met en scène une " histoire hypnotique et hallucinatoire " de deux gardiens de phare. (AlloCiné)


Ne me demandez pas ce qui m'a pris d'aller voir ce film en avant-première, je n'en sans trop rien hormis la curiosité.
C'est effectivement très perché, "hypnotique et hallucinatoire", sans doute pas le meilleur film à voir en soirée après une journée de travail parce qu'il m'a perdue et qu'à l'image des personnages j'ai sombré.
Dans l'ennui, parce qu'il n'y a pas vraiment d'histoire, et ce n'est pas tant le sens logique qui m'a manquée mais que cela finisse par aller quelque part : la folie, le rêve, l'hallucination.
Sauf que l'histoire va à la fois vers tout ça mais aussi vers le néant.
Difficile de reprocher quelque chose à la mise en scène, il y a du travail derrière, le choix du noir et blanc n'est pas anodin, il y a des plans forts et une musique perturbante, à l'image des personnages et des dialogues.
Petit moment de frisson à la fin du film lorsque j'ai vu que certains dialogues étaient extraits de mémoires de gardiens de phare (comme quoi la solitude, le vent, la tempête, ça n'arrange pas toujours le ciboulot).
Les deux rôles sont de composition et permettent à Willem Dafoe et Robert Pattinson de composer avec une large gamme d'émotions, de troubler plus d'une fois le spectateur, de lui faire peur également, et pour le plus jeune des deux de faire taire les mauvaises langues qui se contentent de gloser sur sa "performance" d'acteur dans "Twilight".
(Scoop : Robert Pattinson est bel et bien un acteur et sait jouer des rôles)
Il y a tellement de références et de métaphores dans ce film que je suis bien en peine d'en avoir saisi la majorité, à part le phare (et encore, certaines subtilités ont dû m'échapper).
Cauchemar marin qui m'a laissée sur la côte, "The lighthouse" est un film trop ambitieux que le réalisateur a alourdi de paroles et dans lequel il s'est perdu, il ne doit sa planche de salut qu'à l’interprétation des deux comédiens et doit une fière chandelle à son directeur de la photographie.


"The lighthouse" sort en décembre 2019, faites comme vous le sentez, allez le voir ou non, je suis en peine de vous conseiller quoi que ce soit, c'est une expérience de cinéma dans tous les cas.

dimanche 29 septembre 2019

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma

       
     

1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde. (AlloCiné)


Il est des films que l'on a envie de voir dès que l'on en entend parler, "Portrait de la jeune file en feu" est l'un de ceux-là.
Première incursion de la réalisatrice Céline Sciamma dans le film en costume, et quasi huis-clos pour cette histoire féminine et féministe.
Peu d'hommes, ils ne sont qu'une apparition, des laquais bons à porter quelques bagages, l'histoire est bien centrée autour des femmes : de Marianne (Noémie Merlant), cette peintre à qui l'on demande de réaliser le portrait d'Héloïse (Adèle Haenel), jeune femme sortie du couvent pour remplacer sa sœur qui vient de mourir dans le mariage auquel sa mère (Valeria Golino) la destine avec un riche Milanais, l'occasion pour elle de retourner dans son pays d'origine, et de Sophie (Luàna Bajrami), la servante qui va se lier d'amitié avec Marianne et Héloïse.
Il est ici question de la place de la femme dans la société, de se frayer son chemin, de vivre et de montrer sa personnalité dans un monde d'hommes, quasi exclusivement réservés à eux : Marianne n'a pas le droit de peindre des modèles d'hommes nus mais il faut qu'elle le fasse si elle veut accéder à la reconnaissance; quant à Héloïse elle a déjà usé un peintre en refusant de poser, refus que son visage soit gravé sur une toile pour être apporté à un homme à qui on la mariera derrière, sans qu'elle ait son mot à dire, d'autant qu'elle remplace sa sœur morte dans des circonstances étranges.
Cette histoire se passe en 1770, force est de constater que les thèmes abordés sont toujours malheureusement d'actualité pour les femmes.


Film en costumes, certes, mais follement moderne et d'actualité dans son propos.
Je reste toutefois dubitative face à ce Prix du scénario à Cannes, ce n'est pas forcément celui-là que j'aurais attribué mais plutôt celui de la mise en scène.
Car la mise en scène est époustouflante, il y a des plans de toute beauté, à commencer par l'un des tous premiers avec une Marianne nue devant la cheminée, fumant la pipe et cernée de deux toiles blanches.
J'ai aimé la nature hostile de la Bretagne, la mer qui se déchaîne ainsi que le vent, à l'image des sentiments qui bouillonnent dans les héroïnes, et puis l'un des autres plans magnifiques est sans nul doute cette sorte de sabbat au coin du feu avec une chanson envoûtante et le jeu de regard entre Marianne et Héloïse qui l'est tout autant.
A noter que les plans finaux sont eux aussi de toute beauté.
C'est sans doute ce que j'ai préféré dans ce film, ainsi que le traitement de l'histoire d'amour entre deux femmes, fort joliment filmé et décrit, tout en délicatesse, en fragilité et à fin programmée, à l'image de certaines histoires d'amour.
Céline Sciamma évite avec justesse et agilité les écueils auxquels sont histoire auprès pu se confronter.
Elle choisit également d'épurer la bande son du film, un choix fort judicieux car seulement deux thèmes musicaux très forts y apparaissent et comme la mise en scène sont à l'image des sentiments qui habitent ses héroïnes.
J'ai beau chercher mais je ne trouve rien à redire à ce film, tout y est maîtrisé du début à la fin et il offre à Noémie Merlant un très beau rôle, tout comme Adèle Haenel que je vois pour la première fois dans un rôle d'époque et qui démontre une fois de plus toute l'étendue de son talent.


"Portrait de la jeune fille en feu" est un film qui ne laisse pas de glace mais s'apparente au contraire à un diamant qui brille de mille éclats, l'un des plus beaux films de cette rentrée et sans doute de l'année 2019.

dimanche 22 septembre 2019

Ad astra de James Gray


L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers. (AlloCiné)


J'avais particulièrement apprécié le dernier film de James Gray, "The Lost city of Z", un virage dans la cinématographie de ce réalisateur, qui en prend ici un nouveau et offre, une nouvelle fois, un sublime moment de cinéma.
Après l'histoire vraie d'un explorateur en Amazonie, James Gray signe son premier film de science-fiction.
La science-fiction est ici abordée, comme c'était le cas dans son précédent film, comme un territoire métaphorique, privilégiant le poétisme au réalisme.
Voilà une science-fiction comme je l'aime, aucunement dans le spectaculaire mais tout dans l'imaginaire et l'introspection.
D'autant que la conclusion finale va à l'encontre de la SF habituelle.
Le but du voyage n'est pas tant de retrouver son père et mettre fin à un programme d'exploration spatiale qui aujourd'hui menace la Terre, mais un lent voyage psychanalytique pour Roy McBride (Brad Pitt), un moment de solitude extrême lui permettant de faire le point sur sa vie, lui-même, ses relations aux autres.
Plus il s'éloigne de la Terre, plus il prend conscience de ce qu'il laisse derrière lui, de ce qu'il a arrêté, de ce qu'il aurait dû mieux faire.
Il a recherché la solitude, aujourd'hui qu'il la vit elle l'affecte comme il n'aurait jamais pu l'imaginer.
A l'image des derniers astronautes filmés au cinéma ces dernières années (notamment dans "First Man"), le personnage de Roy McBride promène son chagrin et ses regrets, son spleen, il a certes la tête dans les étoiles mais des idées sombres.


Pourtant, les premières notes de la bande originale ont réveillé en moi l'ouverture de "Blade Runner", finalement la bande son s'éloigne assez vite de son aîné pour écrire sa propre partition et accompagner les images en apesanteur et ce voyage à la fois cosmique et intérieur.
J'ai aimé que les personnages secondaires ne fassent que peu d'apparitions, souvent uniquement par le biais d'images interposées, et que le personnage principal occupe tout l'écran, partage ses sentiments avec la compagnie spatiale mais aussi le spectateur.
Plus il s'éloigne de la Terre plus il sonde son âme intérieure, et même si la quête est lente elle est aussi ponctuée de frissons, à l'image de cette course-poursuite sur la Lune haletante et superbe, ou encore de cette course pour rejoindre la navette en partance pour Mars.
En moins d'un mois Brad Pitt se retrouve deux fois à l'écran, deux fois dans des rôles forts qu'il éclabousse de son talent, et cela faisait bien longtemps qu'on ne l'avait point vu sur les écrans.
Si Brad Pitt signe une retour en force, j'ai également beaucoup apprécié les seconds rôles, notamment Ruth Negga ou Tommy Lee Jones (qui fait d'ailleurs un clin d’œil au film "Space Cowboys" en apparaissant dans la même combinaison orange), ou encore Liv Tyler qui rôde sans cesse dans les pensées de Roy.
Et comme nous sommes chez James Gray, les relations familiales sont aussi au cœur de l'intrigue, avec une relation père-fils plus que déséquilibrée et s'illustrant par un manque flagrant d'amour d'un côté.
Non mais c'est vrai ça, j'ai encore une fois failli oublier que je regardais un film de James Gray, réalisateur qui arrive à maintenir de film en film une grande maîtrise et qualité dans la réalisation ainsi que le fil conducteur de ses différents histoires.


Les images de Neptune resteront longtemps gravées dans mon esprit, tout comme ce film absolument sublime, triste, flamboyant, un véritable coup de cœur et sans doute le plus beau film de James Gray à ce jour.

jeudi 25 juillet 2019

Mon inconnue de Hugo Gélin

       
     

Du jour au lendemain, Raphaël se retrouve plongé dans un monde où il n'a jamais rencontré Olivia, la femme de sa vie. Comment va-t-il s’y prendre pour reconquérir sa femme, devenue une parfaite inconnue ? (AlloCiné)


Non, la motivation pour aller voir ce film n’était pas la présence de François Civil (découvert dans "Le chant du loup").
Enfin, pas que.
Le pitch de départ était plaisant : et si un beau matin un homme se réveillait dans un monde où il n’a jamais rencontré la femme qu’il aime, comment faire pour la reconquérir ?
Ne nous voilons pas la face, Raphaël est devenu un véritable con, le succès littéraire lui est monté à la tête à tel point qu’il en a oublié Olivia, la femme de sa vie rencontrée par hasard au lycée et qui a mis en pause sa carrière de concertiste pour permettre à son mari de vivre son rêve.
Le destin va se charger de lui mettre un coup derrière la tête et de le ramener sur terre.


J’aime assez le principe de l’histoire, même si j’y vois un côté cruel, il faut dire que d’une certaine façon, j’espérais une autre fin même si celle retenue par le réalisateur me satisfait (pour ceux qui me connaissent, c’est un peu le drame de ma vie ce genre de situation, j’imagine un truc, je l’espère et c’est tout le contraire qui se produit).
J’ai beaucoup apprécié la mise en scène, le scénario a su ne pas se répéter, accélérer lorsqu’il le fallait et prendre son temps lors des moments charnières.
C’est moderne, c’est drôle, c’est une comédie dont les codes sont revisités, c’est frais, ça fait du bien au moral et au cœur (et aux yeux aussi, parce que François Civil n’est pas désagréable à regarder, ne nous mentons pas).
Les comédiens principaux sont rafraîchissants, jeunes, ils ont du peps et dégagent une vraie alchimie à l’écran, mention particulière à Joséphine Japy lumineuse dans son rôle, une comédienne dont j’avais entendu parler mais peu vu jusqu’à présent et qui est sans nul doute à suivre dans les années à venir.
Mon printemps du cinéma a plutôt été très calme cette année, ce film m’a fait du bien à un moment où je désespérais de remettre les pieds de sitôt dans une salle obscure.


"Mon inconnue" est un film frais sentant bon le printemps, une comédie émouvante qui revisite de façon originale ce qui aurait pu être une traditionnelle (voire banale) histoire d’amour et qui met du baume et de l’espoir au cœur.

mercredi 24 juillet 2019

Challenge d'été 2019 - Destination PAL par Lili Galipette


Cet été encore, Lili Galipette est heureuse de nous convier à son bord pour une destination d'été vers note PAL.

PAL ?
Pile A Lire (les livres qui s'accumulent, s'accumulent, d'accumulent ...)

Le but : dégommer sa PAL et surtout prendre plaisir à lire !

Cette année, comme précédemment, j'ai choisi de participer avec une PAL d'été, sélectionnée dans mes livres "papier" et numériques.

Ma PAL d'été 

Wild de Cheryl Strayed
Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa
Un sac de billes de Joseph Joffo
Marche ou crève de Stephen King
Tous les hommes du roi de Robert Penn Warren
Lonesome Dove Tome 1 de Larry McMurtry
Canyons de Samuel Western
Nuits appalaches de Chris Offutt
Ils vivent la nuit de Dennis Lehane
Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? de Jeanette Winterson
Malevil de Robert Merle
Toute la lumière que nous ne pouvons voir d'Anthony Doerr
Eleanor & Park de Rainbow Rowel
Méridien de sang de Cormac McCarthy
Le dernier homme de Margaret Atwood
Le temps du déluge de Margaret Atwood
MaddAddam de Margaret Atwood
L'empire du soleil de J. G. Ballard
Fais-moi peur de Malika Ferdjoukh
Baby foot de Joseph Joffo
Tendre été de Joseph Joffo
Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie
Les douze de Justin Cronin
Ma vie sur la route : mémoires d'une icône féministe de Gloria Steinem
Toute la ville en parle de Fannie Flagg
Lebenstunnel Tome 4 d'Oxanna Hope
La horde du contrevent d'Alain Damasio
Jefferson de Jean-Claude Mourlevat
Nos éclats de miroir de Florence Hinckel
Petits secrets, grands mensonges de Liane Moriarty
Dix jours avant la fin du monde de Manon Fargetton

mardi 23 juillet 2019

Les éternels (Ash is purest white) de Jia Zhangke

       
     

En 2001, la jeune Qiao est amoureuse de Bin, petit chef de la pègre locale de Datong. Alors que Bin est attaqué par une bande rivale, Qiao prend sa défense et tire plusieurs coups de feu. Elle est condamnée à cinq ans de prison. 
A sa sortie, Qiao part à la recherche de Bin et tente de renouer avec lui. Mais il refuse de la suivre. 
Dix ans plus tard, à Datong, Qiao est célibataire, elle a réussi sa vie en restant fidèle aux valeurs de la pègre. Bin, usé par les épreuves, revient pour retrouver Qiao, la seule personne qu’il ait jamais aimée. (AlloCiné)


Si j’avais beaucoup aimé "Au-delà des montagnes", le précédent film de Jia Zhangke, celui-ci n’a pas réussi à me séduire.
Le précédent avait recours à une technique narrative peu vue : découper l’histoire d’une femme en 3 périodes en se projetant dans le futur.
En quelque sorte, ce film est bâti sur le même principe puisqu’il suit l’évolution d’un couple sur une quinzaine d’années.
L’artifice séduit mois que précédemment, mais ce n’est pas la seule raison qui m’a laissée de marbre face à ce film.
L’histoire n’a pas réussi à réveiller ma corde sensible, si je trouve le personnage de Qiao beau dans son sacrifice et la force de son amour celui de Bin est détestable à souhait : égoïste, manquant totalement de reconnaissance, profiteur, il est à lui seul un condensé de tout ce que je déteste chez l’humain, et plus particulièrement chez l’homme.
Bin me fait penser à un insecte se nourrissant de la sève des autres et les abandonnant par la suite, il agit ainsi avec Qiao et ce, à deux reprises.
Alors quand il revient ventre à terre vers Qiao, soit-disant usé par les épreuves, je me demande bien lesquelles, car des deux c’est sans doute Qiao qui a le plus souffert et subi d’épreuves dans sa vie. 


Des trois parties, c’est sans doute la première que j’ai trouvé la plus intéressante, la plus riche d’une certaine façon car construite avec beaucoup de personnages qui vont et viennent autour des deux principaux, tandis que les deux autres sont presque des huis-clos entre Qiao et Bin et manquent pour moi d’une certaine structure.
Visuellement le film est bien construit, mais j’ai ressenti peu d’émotions et presque de l’ennui car j’y ai trouvé certaines longueurs. Reste Zhao Tao, actrice lumineuse qui éclaire l’écran et porte en grande partie le film sur ses épaules.


"Les éternels" ne marquera malheureusement pas définitivement ma mémoire, hormis le beau personnage de Qiao tout le reste, y compris la mise en scène, n’a pas su trouver grâce à mes yeux.

jeudi 18 juillet 2019

BlackKklansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan de Spike Lee

       
     

Au début des années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l'histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions. (AlloCiné)


Pourquoi, mais pourquoi, ai-je autant tarder à parler de ce film que j’ai adoré ? Sans doute parce que je ne savais pas par quel bout le prendre, noter que je ne le sais pas plus aujourd’hui mais à un moment donné il faut bien se lancer. Spike Lee, j’aime, beaucoup, mais il se faisait rare à l’écran.
Evènement quand il est venu présenter son film à Cannes, déception qu’il reparte sans la Palme d’Or (juste le Prix du Jury) mais comme parfois cela arrive, il y a des Prix du Jury qui sont des Palmes, en tout cas pour les spectateurs.


Qui dit Spike Lee dit un engagement maximum, avec cette histoire détonante on se demanderait bien où il a été pécher une idée pareille : et bien d’un roman, celui de Ron Stallworth, premier officier Noir de la police à Colorado Springs et qui a infiltré le Ku Klux Klan.
Vous l’avez deviné, il s’agit tout bonnement d’une histoire vraie. C’est dingue, mais ça s’est réellement passé, et pour infiltrer cette si "joyeuse" organisation, Ron Stallworth (John David Washington) a commencé au téléphone, et comme le courant passait très bien avec le grand manitou des hommes vêtus de blanc, c’est Flip Zimmerman (Adam Driver), un collègue, qui se rendra aux réunions en chair et en os en se faisant passer pour Ron. Plutôt couillu, non ?


C’est du Spike Lee, c’est donc un mélange de pleins de genres, c’est drôle par moment, violent à d’autres, dangereux, crispant, bref tout un panel d’émotions.
Le film utilise à fond l’imagerie et la musique des années 70 mais est très moderne dans sa mise en scène. Le suspens monte, la tension aussi, j’ai adoré la mise en scène, et tout particulièrement les scènes d’ouverture et de clôture, issues d’une réalité malheureusement très proche et qui foutent la chair de poule et font froid dans le dos.
C’est incisif, violent, provocateur, engagé, militant, politique, bref c’est du Spike Lee de génie, d’autant plus si vous aviez oublié ce réalisateur.
Quant à son casting, c’est du cinq étoiles plus plus, avec du peu/pas connu et un Adam Driver génial.
Cet acteur ne cesse décidément de m’étonner et de m’épater de film en film, va-t-il finir un jour par être récompensé ?
C’est une évidence pour ma part.


Avec "BlackKklansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan" Spike Lee frappe un grand coup avec ce film qui suscite la réflexion, et comme il y a peu de chance qu’il passe encore en salle pourquoi ne pas investir dans un support numérique pour le voir ou le revoir ?