lundi 6 janvier 2020

Gloria Mundi de Robert Guédiguian

       
     

Daniel sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie, son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie… En venant à la rencontre du bébé, Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout. Quand un coup du sort fait voler en éclat ce fragile équilibre, Daniel, qui n’a plus rien à perdre, va tout tenter pour les aider. (AlloCiné)


Qu'est-ce que je retiens du dernier Robert Guédiguian quelques semaines après l'avoir vu en avant-première en présence de l'équipe du film ?
Sincèrement, pas grand chose, c'est gentil mais ça ne casse pas trois pattes à un canard.
Cela relève plus d'un téléfilm que d'un film et personnellement j'en ai quelque peu assez d'aller au cinéma voir une histoire et une mise en scène qui relève de la télévision plutôt que du grand écran.
Alors oui, il y a de très beaux plans dans ce film, tout particulièrement de Marseille et de cet immeuble récent au port dans lequel le personnage d'Ariane Ascaride fait le ménage et regarde dans le lointain par les immenses baies vitrées.
Oui, c'est aussi un film très actuel, dénonçant la société ultralibérale, qui croque assez bien le monde actuel, mais j'ai aussi trouvé l'ensemble un peu trop manichéen.
Oui, le casting est bon, mais Ariane Ascaride méritait-elle un prix d'interprétation à Venise ? (pour moi : non.)
Il y a "l'équipe" Guédiguian : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier, Gérard Meylan, c'est sympathique de les revoir à chaque film dans des rôles différents, mais c'est aussi un manque d'originalité, pour ne pas dire de prise de risque.
J'ai apprécié la présence de Robinson Stévenin, plutôt discret à l'écran, à mes yeux la seule idée originale du casting.
Si je devais mettre une couleur à ce film : noir, car comme le dit la chanson "Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir", et c'est exactement ce qui ressort du film : si la scène d'ouverture et la naissance de Gloria laissait présager d'un peu de lumière les personnages sont vite rattrapés par le quotidien et la dureté de la vie.
A éviter de voir lorsque l'on a des tendances dépressives, ou tout simplement marre de la pluie et du ciel gris de ces derniers mois.
Je vais au cinéma pour me divertir, là j'ai eu l'impression de voir une histoire format long du journal télévisé, je n'ai pas besoin de le voir en image je le constate déjà au quotidien, clairement ce genre de film n'est pas fait pour moi en ce moment.


"Gloria Mundi" n'est pas un mauvais film de Robert Guédiguian, c'est un mélodrame bien déprimant qui ne m'a guère convenu dans cette ambiance morose et ce ciel gris.

vendredi 3 janvier 2020

Les hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec

       
     

Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies. (AlloCiné)


Je n'avais pas lu le roman de Yasmina Khadra avant d'aller voir ce film (c'est chose faite depuis), mais j'en connaissais les très grandes lignes de l'histoire.
Le pari était audacieux : comment réussir à adapter un roman aussi dur et fort ?
Et bien par le biais du dessin animé, plus particulièrement grâce à des dessins faits à l'aquarelle, une façon d'atténuer la dureté de l'histoire et du devenir des personnages, sans pour autant perdre le message principal de l'histoire.
C'est aussi une façon de rendre les images supportables.
Énorme travail de Zabou Breitman, mais surtout d'Eléa Gobbé-Mévellec, qui a oeuvré à l'animation sir "Ernest et Célestine".
Si le film n'est sorti que récemment, le travail derrière a nécessité près de trois ans, entre l'animation mais aussi l'enregistrement des voix et au préalable l'écriture du scénario.


En tant que femme j'ai été touchée par le personnage de Zunaira, cette professeur de dessin qui se retrouve enfermée chez elle et enfermée sous une burka lorsqu'elle sort de chez elle, interdite d'exercer sa profession, interdite de parler, de s'habiller comme elle le souhaite, de tenir la main de son mari en pleine rue et encore moins de l'embrasser, en somme, interdite de vivre.
Elle a un côté touchant de par les privations qu'elle subit mais aussi par son côté rebelle (mention spéciale à la chanson "Burka blue" du groupe Burka Band).
Même si j'ai deviné quelle tournure allait prendre le destin de Zunaira j'ai pris plaisir, et j'ai frissonné, à le suivre.
Les autres personnages m'ont aussi émue, les femmes bien évidemment, comme Mussarat, mais aussi certains hommes comme Atiq qui assistent à la négation de la liberté et tentent à leur façon de lutter contre ce régime obscurantiste.
Obscurantiste au point de lapider publiquement des femmes ou descendre les hirondelles sous prétexte que leur chant est nuisible.
N'oublions pas que cette histoire est inspirée de faits réels, que tout cela s'est passé il n'y a pas si longtemps que ça, dans un pays pas si loin que ça.
L'obscurantisme ne doit pas triompher, il est important de lutter contre, que l'expression de chacun demeure libre.
Voilà un film d'animation qui renvoie chacun face à ses convictions et ses engagements.


"Les hirondelles de Kaboul" est l'un des films d'animation les plus réussis de 2019, magnifique tant sur le fond que sur la forme.

jeudi 2 janvier 2020

A couteaux tirés (Knives out) de Rian Johnson

       
     

Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s'entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s'enchaînent à un rythme effréné jusqu'à la toute dernière minute. (AlloCiné)


Vous aimez Agatha Christie ? Vous aimez le mystère ? Vous avez l'âme d'un détective pour résoudre un crime ?
Ce film est fait pour vous.
Tout y est : l'ambiance, la maison bizarre, la famille qui sourit par-devant pour mieux se tirer dans les pattes par-derrière, le personnel discret mais observateur, le meurtre et le détective.
Cette histoire m'a beaucoup fait penser à Agatha Christie, elle est sans nul doute inspirée par un ou plusieurs romans de cette auteur, notamment par plusieurs ficelles auxquelles elle a eu recours dans ses intrigues, avec un détective futé qui finit par deviner le mot de la fin.
Et de mettre un détective répondant au nom de Benoit Blanc, difficile de ne pas penser à Hercule Poirot.
Outre l'enquête, le film mélange mystère, analyse des personnages et de leurs motivations et également humour.
Car certains répliques sont franchement drôles et amènent un vent de légèreté bienvenu dans l'intrigue.
Du côté de l'intrigue, je ne raconterai rien qui puisse vous permettre de deviner quoi que ce soit, je vous invite juste à être vigilant à certaines phrases, c'est ce qui pour ma part m'a permis de deviner la fin sans que cela ne me retirer le moindre plaisir à voir le film.


Si Rian Johnson avait beaucoup déçu après la réalisation du "Star Wars : Les derniers jedi", il se rattrape ici avec un film bien pensé, bien conçu et bien réalisé.
J'ai apprécié sa mise en scène, il y a beaucoup de rebondissements et aucun temps mort dans le film qui est conçu comme un Cluedo version cinématographique.
Les décors ont également leur importance, la maison est particulièrement bien choisie : inquiétante, truffée de portes secrètes, de coins et de recoins, avec une décoration effrayante (entre les statues et les couteaux ...).
Quant au casting, il est extrêmement riche, entre de grands noms du cinéma comme Jamie Lee Curtis, Chris Evans, Michael Shannon (difficilement reconnaissable), Toni Collette, Christopher Plummer, Don Johnson; et d'autres moins connus mais qui vont connaître un grand avenir : Ana de Armas est déroutante par sa fraîcheur et son naturel; quant au détective Benoit Blanc il est interprété par un Daniel Craig réjouissant et au sommer de son art, un rôle qui lui va particulièrement bien.


"A couteaux tirés" est l'un des films les plus réjouissants et mordants de la fin d'année 2019, un bon moment de cinéma et une belle façon de clore l'année.