lundi 29 octobre 2012

Challenge Totem de Lili

Fontaine ! Fontaine ! Je ne boirai pas de ton eau !

En fait si, ce challenge me faisait de l'oeil depuis plusieurs jours, j'ai essayé de résister mais je suis faible face à la littérature, et finalement me voilà lancée dans un nouveau challenge.

Il s'agit du challenge Totem lancé par LiliGalipette.
Ce challenge consiste à se choisir un animal totem et à ensuite fouiller notre PAL (Pile A Lire) pour composer notre totem.
Tous les genres de lecture sont acceptés : bande dessinée, roman, manga, littérature jeunesse,essai, album, recette de cuisine.
L'animal peut être présent dans le titre mais ce n'est pas une obligation, l'important étant qu'il tienne une part importante dans l'histoire.
Les lectures rétroactives sont acceptées mais le but est bien de faire de nouvelles lectures.

Ce challenge est illimité dans le temps, néanmoins, le participant qui aura enregistré le plus de lectures nouvelles d'ici le 31 octobre 2013 se verra attribuer un petit quelque chose en rapport avec son totem.

J'ai longuement hésité à choisir mon animal totem, au final je pars sur deux animaux n'ayant pas réussi à me décider pour l'un ou pour l'autre et tous deux ayant une importance pour moi.
Il s'agit du chien et de la chouette, je pars donc avec un totem "chouette-chien" ou "chien-chouette".

Lectures passées

Chien

- Astérix le Gaulois d'Albert Uderzo et rené Gosciny (Astérix sans Obélix et surtout sans Idéfix ça n'est pas Astérix)
- Les aventures de Tintin - Au pays de l'or noir de Hergé (Tintin sans Milou ce n'est pas Tintin)
- Les aventures de Tintin - Le crabe aux pinces d'or de Hergé
- Tintin et les Picaros de Hergé
- Les aventures de Tintin - Vol 714 pour Sydney de Hergé

Chouette

Lectures nouvelles

Chien

- Snoopy - Chienne de vie ! de Charles M. Schulz
- Earl & Mooch Tome 1 La nuit des chasseurs de Patrick McDonnell
- Earl & Mooch Tome 2 Mon maître, ce héros de Patrick McDonnell
- Une vie de chien Tome 1 Tranquille le chien ! de Mark O'Hare
- L'ABC des chiens de Julie Eugène

Chouette

dimanche 28 octobre 2012

W.E.S.T Tome 5 Megan Cycle : 1903 de Xavier Dorison, Fabien Nury et Christian Rossi


Morton Chapel, revenu de Cuba, découvre que Kathryn a l’intention de soigner sa fille, Megan Chapel, qui est internée dans un hôpital psychiatrique. Mais Morton comprend que cette tentative risque de réveiller de vieux démons… au sens propre et figuré ! Cet épisode permet de découvrir l’histoire personnelle de Morton et les événements tragiques qui ont provoqué l’état léthargique de sa fille. Ce troisième cycle de deux albums nous emmènera également dans la région des Appalaches, aux origines du Mal. Puissant ! (Dargaud)

Après une escale à Cuba, les membres du W.E.S.T sont de retour à New-York, sans réelle mission, ou tout du moins, pour un temps seulement.
Kathryn Lennox a décidé de soigner la fille de Morton Chapel, Megan Chapel, internée depuis de nombreuses années et plongée dans un profond mutisme depuis son plus jeune âge, celui où son père a tué sa mère possédée par un démon.
Le problème, c'est que Megan est elle-même possédée par ce même démon, Seth, et autant dire que quand il se manifeste, ce n'est pas joli à voir : "Ce matin, Morton Chapel a été pris dans une fusillade, il a tué six hommes avant de disparaître. Une demi-heure plus tard, Megan Chapel s'est échappée de l'asile où on la gardait ... en faisant autant de victimes que son père ...", d'où la nouvelle mission du W.E.S.T : "Tous les membres actifs de l'équipe W.E.S.T. sont officiellement mandatés pour retrouver Chapel.", à un petit détail près pour Joey Bishop : "Et vous ... vous êtes chargé de le tuer.".
Entre Morton Chapel qui croit dur comme fer au démon, l'ayant vu de ses propres yeux, et Kathryn Lennox pour qui cela est exclusivement du ressort de la conscience de Megan, la bataille va être rude, d'autant plus qu'Angel Salvaje, un indien catholique familier des rituels d'exorcisme, reprend du service pour W.E.S.T.

Comme pour les précédents volumes, l'histoire démarre instantanément et il n'est pas possible de la lâcher avant de connaître la fin.
Le scénario connaît ici un changement de direction puisqu'il n'est plus question des interventions de la W.E.S.T pour le gouvernement américain mais là le sujet est plus personnel puisqu'il touche le personnage incarnant de le coeur de cette unité d'élite.
Néanmoins, le principe de la double intrigue est conservée et cette fois-ci elles sont traitées simultanément.
Il est essentiellement question de spiritualisme et rien de ce qui est développé dans l'intrigue n'est terre à terre, toutefois, comme cela est bien écrit je n'ai pas été dérangée par ceci, au contraire j'ai même apprécié cette dimension fantastique du récit ainsi que la malédiction dont seraient victimes les femmes de la famille Verhagen : "Parce qu'elle est issue d'une longue lignée de jeunes femmes qui, toutes portaient en elles le même démon ... Et qui, toutes ne cherchaient qu'à assouvir ses désirs. Chacune de leurs paroles était dictée par lui, par Seth."
Il y a également un parallèle intéressant du fait de l'opposition entre deux personnages : Morton Chapel et Kathryn Lennox, pour le premier c'est bien un démon qui possède sa fille tandis que pour la deuxième c'est l'esprit de Megan qui a créé Seth et qui le fait vivre.
Dans ce tome, rien n'est tranché sur ce sujet, mais il en sera beaucoup question dans le suivant.

J'ai toutefois été quelque peu surprise par certains changements, à commencer dans le graphisme.
Les dessins tiennent plus de l'aquarelle, non que je ne trouve pas cela beau, au contraire, mais ils y ont perdu en précision.
Cela se ressent surtout sur les personnages que je trouve plus flous, moins nets, à commencer par Kathryn Lennox et Joey Bishop.
Les traits de leur visage manquent quelque peu de précision ainsi que d'expression.
D'un autre côté, ce style aquarelle donne une autre dimension au graphisme qui y gagne en beauté en ce qui concerne les paysages, particulièrement ceux de la ville de New-York et les Appalaches à la fin du tome.
Là où je suis par contre moins satisfaite, c'est dans le traitement des personnages.
Les auteurs avaient commencé à développer quelque chose entre Kathryn Lennox et Joey Bishop, il y avait un potentiel et surtout cela aurait donné lieu à des dialogues croustillants comme dans le précédent cycle.
Et bien de tout cela il n'en est plus question, Kathryn Lennox a perdu de son côté sauvage et devient un peu trop une jeune femme bien rangée sur le point de devenir femme au foyer à ne plus vivre aucune aventure, hormis celle de recevoir ses amies pour le thé.
Je ne dénigre pas le fait d'être femme au foyer, mais cela ne colle absolument pas avec le personnage présenté dans les deux cycles précédents et je ne comprends pas le choix des auteurs de modifier ainsi la psychologie de ce personnage, d'autant plus que c'est le seul - ou presque - personnage féminin de cette série.

"Megan" est une bonne entrée en matière pour ce nouveau cycle de la série W.E.S.T et malgré quelques imperfections c'est avec beaucoup de plaisir que je me suis lancée dans la lecture du nouveau cycle de cette série au scénario particulièrement bien travaillé et développé.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2012


La vie à deux de Dorothy Parker


Célébrée pour son humour et son extraordinaire sens de l'observation, Dorothy Parker a laissé une œuvre dans laquelle les petits ratés de la vie de couple prennent souvent l'allure d'une comédie désopilante. Qu'il s'agisse de cette amoureuse, tremblante à côté d'un téléphone qui ne sonnera pas ou de cette ex-reine de beauté qui cherche à prolonger ses illusions par un whisky sans glace, chacun des personnages de ce recueil de nouvelles devient attachant parce qu'il nous ressemble. Pour reprendre le mot d'Edmund Wilson, les écrits de Dorothy Parker nous renvoient l'écho d'une voix à nulle autre semblable. Écoutons-la nous parler de nous. (10/18)

Du mari aveuglé par l'amour qu'il porte à sa femme : "La maternité n'avait rien ajouté à la beauté de Camilla pour la simple raison que la perfection n'a pas besoin d'adjuvant.", à la jeune femme attendant fébrilement l'appel de son amoureux : "Ce n'est pas grand chose et cela vous coûterait si peu, mon Dieu, si peu ! Mais faites seulement qu'il téléphone. S'il vous plaît, mon Dieu, s'il vous plaît.", à la femme ayant adopté un enfant pour se donner bonne conscience et se faire bien voir de ses amies : "Mme Matson l'avait choisi, selon ses propres termes, dans la meilleure maison de New York. Cela ne surprit personne. Mme Matson allait toujours dans les meilleures maisons quand elle faisait des achats. Un enfant se choisissait comme le reste : il fallait qu'il fût solide et durable.", à la jeune épousée formulant une promesse aussi rêveuse qu'inaccessible : "Quand je pense à tous ces gens qui se marient et puis qui gâchent leur vie en se disputant pour des riens. Oh, je ne veux pour rien au monde ressembler à ces gens-là, chéri. On sera différents, nous deux, n'est-ce pas ?", Dorothy Parker décrit avec une plume acide tous ces portraits de couples, de la vie à deux.
Si je qualifie sa plume d'acide, ce n'est pas parce que l'auteur exagère le trait et laisse transparaître ses frustrations, mais bien au contraire parce qu'elle porte sur tous ses personnages un regard extrêmement clairvoyant et juste, et ils ne sont pas sans nous rappeler des personnes que nous connaissons, ou dont nous avons simplement croisé la route, voire ils sont l'écho de notre propre personne.

Ce recueil de nouvelles ne contient que des pépites, les histoires sont toutes plus réalistes les unes que les autres et abordent à peu près toutes les situations de la bourgeoisie New-yorkaise dans le milieu du vingtième siècle.
Les femmes présentes dans ce recueil sont toutes plus ou moins à la dérive, certaines se consolent dans l'alcool, d'autres dans des fêtes ou dans leur cercle d'ami(e)s, elles sont exigeantes voire pénibles, cherchent querelle pour un rien, sont jalouses et envieuses comme des tigresses; quant aux plus jeunes il est facile pour le lecteur de deviner ce qu'elles deviendront par la suite.
Certaines arrivent à être attachantes, comme cette ex reine de beauté qui cherche à retrouver ses illusions dans l'alcool, d'autres ne le sont à aucun moment et m'ont été antipathiques du début à la fin de la nouvelle, particulièrement cette femme riche ayant adopté un enfant et qui au final le dresse plutôt qu'elle ne l'élève et le montre tel un animal de foire plutôt qu'elle ne l'aime.
Quant aux hommes, je n'ai pas trouvé qu'ils avaient le beau rôle, loin de là, ils sont plutôt présentés comme lâches, fuyant leurs responsabilités pour mieux retrouver leur maîtresse ou alors ils s'écrasent devant la femme qu'ils aiment.
Et puis, c'est sans doute l'une des plus grandes forces de ce livre, tous ces petits ratés de la vie conjugale mis bout à bout forment une comédie désopilante que j'ai pris grand plaisir à lire.
Dans ce livre le couple vole en éclat mais c'est une jouissance que de lire cette explosion savamment orchestrée par l'auteur.

Toutes ces nouvelles ont un point commun : elles se passent à New-York ou dans sa proche banlieue.
La ville de New-York est à mon avis un personnage à part entière de ce livre tant elle est présente dans les propos des personnages et tant son agitation, sa réputation sont présentes en toile de fond dans le récit.
A New-York, ce n'est pas vivre qui compte, mais paraître : "Si vous voulez mon avis : à New York vous ne faites qu'exister; ici, on vit.", et si cela était déjà vrai lorsque Dorothy Parker a écrit ce recueil cela l'est tout autant aujourd'hui.
New-York est une présence constante dans ces nouvelles et les enrobe de façon à y laisser son empreinte.

"La vie à deux" n'est pas une ode au couple, loin de là, mais ce n'est pas non plus du cynisme ou de la méchanceté ou de l'aigreur, c'est uniquement le reflet de la réalité dépeint par l'oeil et la plume acérés de Dorothy Parker; et c'est juste un pur plaisir et moment de bonheur que de lire ce livre et pour ma part, de découvrir également cette auteur.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge New-York en littérature 2012


Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre P



vendredi 26 octobre 2012

L'oracle du vent - Tome 3 : L'empreinte du feu de Xavier Müller


Pour Jo, la nouvelle ère glaciaire qui s’abat sur la Terre n’a plus d’importance tant que son ami Adrien reste bloqué à l’intérieur d’un sous-marin prisonnier des glaces. Et elle ne dispose que de trois jours pour le sauver. C’est alors qu’elle apprend qu’Alex, le prodige des ordinateurs, a perdu la tête en menant une véritable guerre informatique contre les centres météorologiques du monde entier. Or, la seule personne à qui il veut encore parler, c’est Jo. Que faire ? Accepter, et abandonner Adrien à son triste sort ? Ou refuser, et gâcher peut-être l’unique chance de sauver la Terre ? (Gulf Stream Editeur)

Jo est une jeune fille qui a perdu ses parents jeune et qui a appris à se débrouiller dans la vie : "Toute mon histoire à partir de ce jour s'était construite sur les heures suivantes. Le coup de vent s'était transformé en tempête qui avait avalé mes parents, me laissant la vie sauve.".
Mais c'est aussi une jeune fille dotée d'un don : celui de pouvoir maîtriser le vent, et en cette période de nouvelle ère glaciaire, c'est un don plus que nécessaire et apprécié.

Ce livre classé en littérature jeunesse est bien construit et bien écrit.
L'histoire ne connaît pas de temps mort, les chapitres s'enchaînent rapidement, et l'action a lieu dans différents endroits, ce qui permet de maintenir constamment l'attention du lecteur.
Basée sur un sujet d'actualité (pour ne pas dire brûlant), le réchauffement climatique qui suite à un été frais a laissé émerger une nouvelle période glacière, l'histoire est rendue crédible par le travail de l'auteur, titulaire d'un doctorat en physique, et les explications à la fin du livre sont aussi instructives qu'intéressantes.
J'ai appris deux/trois choses que je ne savais pas, comme les arbres-fontaines ou les expériences pour faire pleuvoir artificiellement, ceci donne un petit côté "instructif" au livre qui ne le rend que plus agréable.
Ensuite, il met en avant des qualités humaines sans tomber dans la leçon de morale; c'est notamment le cas avec le personnage de Jo qui fait preuve de courage et de détermination : "J'étais seule face aux éléments, dorénavant. J'ai accueilli cette solitude sans éprouver de peur.", elle reste aussi fidèle à ses amis et est prête à se sacrifier pour eux.
Jo est un personnage sympathique et charismatique, qui peut faire rêver assez facilement les lecteurs plus jeunes et leur permettre de s'identifier en partie à elle.
De plus, c'est bien écrit, dans un style littéraire fluide qui fait la part belle à des descriptions précises et imagées pour permettre au lecteur de vivre les situations de l'héroïne : "Jamais je n'avais contemplé un phénomène à la fois aussi beau et aussi terrifiant.", notamment dans la dernière partie où Jo lutte contre ce qu'elle appelle les "dragons de glace".
Ceci est renforcé par une narration à la première personne du singulier, Jo étant la narratrice de l'histoire elle fait partager au lecteur son ressenti, ses émotions, ses peurs, ses sensations dans ce monde en évolution vers une période de froid extrême.
Le récit est doublement imagé, tout d'abord par le vocabulaire employé qui m'a permis de bien visualiser les lieux et les actions, et également par les illustrations de Benjamin Strickler qui jalonnent le récit.
Au passage, c'est la deuxième fois qu'il m'est donné la possibilité de lire un livre édité par Gulf Stream Editeur et j'apprécie énormément leur couverture, leur mise en page et le style plus général de leurs livres (écrits en caractères moyens avec des illustrations).
Néanmoins, pour bien vivre toute l'histoire et parfaitement cerner les personnages il est nécessaire de lire la trilogie dans son ensemble et non uniquement un tome.
L'entrée en matière m'a pris quelques pages pour bien entrer dans l'action, et le personnage d'Adrien étant peu présent, je ne sais finalement que peu de choses de ce personnage qui a sans doute joué un rôle plus important dans les tomes précédents.

Troisième et dernier tome de la série "L'oracle du vent", "L'empreinte du feu" est un livre qui se lit rapidement tant il enchaîne les actions jusqu'au dénouement final.
C'est le style de livre que j'aurais aimé lire en étant plus jeune, pour preuve : j'ai pris du plaisir à le lire tout en étant un peu plus âgée.

Je remercie le site Les agents littéraires et Gulf Stream Editeur pour l'envoi de ce livre. 
Pour information, le blog des Agents littéraires a été créé fin mars 2011 pour aider les livres des éditeurs indépendants ou des auteurs auto-édités à se faire connaître grâce au web.

dimanche 21 octobre 2012

Notre agent à la Havane de Graham Greene


En pleine guerre froide, un vendeur d’aspirateurs à la Havane devient agent des services secrets britanniques pour arrondir ses fins de mois et envoie les informations les plus farfelues à ses employeurs. Un hilarant pastiche des romans d’espionnage, illuminé par un style étincelant. (10/18)

Jim Wormold est un homme tout à fait ordinaire ... ou presque.
Sa femme l'a quitté, il vit seul avec sa fille et est vendeur d'aspirateurs à la Havane (d'ailleurs son nom fait assez marque d'aspirateur).
Jusque là rien de bien palpitant, jusqu'au jour où un homme l'aborde et lui demande de devenir agent secret.
Pourquoi ?
Parce que Wormold est : "Anglais patriote. Etabli ici depuis des années. Membre respecté de l'Association des commerçants européens. Il nous faut notre agent à la Havane, n'est-ce pas ? Les sous-marins ont besoin de fuel. Les dictateurs se rapprochent les uns des autres. Les gros entraînent les petits.", et surtout que "Le secret, pour bien utiliser un agent, c'est de le comprendre.".
Autant le dire clairement tout de suite, le recruteur a sans doute fait beaucoup de choses dans sa vie, mais comprendre Wormold n'en fait pas partie : "Wormold posa le revolver à côté de lui et se glissa à la place du conducteur. Il se sentait brusquement heureux. Il avait failli tuer un homme. Il s'était fourni à lui-même l'indiscutable preuve qu'il n'était pas un des juges : il n'avait pas la vocation de la violence.".
Quant à Wormold, il a sans doute l'étoffe (ou la moquette) pour être vendeur d'aspirateurs mais certainement pas celle d'être agent secret.
A partir de là, Wormold va se créer ses agents, va envoyer des rapports bidons à sa hiérarchie, le problème, c'est que la mayonnaise va prendre et que notre vendeur d'aspirateurs va se retrouver pris à son propre jeu.
"Vous avez cru que je faisais avaler des couleuvres aux Services secrets ?", à ce niveau-là ce ne sont plus des couleuvres mais des lots d'aspirateurs qu'il leur fait avaler !

"Notre agent à la Havane" est, comme annoncé en quatrième de couverture, un pastiche des romans d'espionnage.
Le lecteur n'y croit pas une seule seconde, le héros non plus, il y a l'inévitable histoire d'amour qui se finit bien et les rebondissements où le héros s'en sort toujours indemne mais où au préalable il aura été trahi par l'un de ses amis proches.
L'enchaînement de circonstances dans ce roman est hilarant et certaines scènes sont drôles et m'ont fait sourire lors de ma lecture.
Les ficelles sont grosses mais le style narratif de Graham Greene contribue à rendre la lecture agréable.
Les personnages sont caricaturaux mais ne le sont pas de façon grossière et sont finalement sympathiques au lecteur qui finit par s'y attacher.
Néanmoins, je dois reconnaître que l'histoire traitée est un peu démodée et le tout donne un côté désuet à ce livre, ceci étant renforcé par le fait que la Guerre Froide n'est plus de mise à notre époque et que ce qui, à l'époque où le roman a été écrit, pouvait apparaître comme de l'espionnage et une priorité à la nation ne veut plus signifier grand chose aujourd'hui, hormis une époque révolue.
De même que l'ambiance de la Havane a sans doute changé entre celle décrite dans le roman et celle actuelle.

"Notre agent à la Havane" est un pastiche quelque peu désuet des romans d'espionnage.
Ce livre se lit avec un certain plaisir mais ne m'a toutefois pas énormément marquée, néanmoins je continuerai à découvrir son auteur à travers ses autres livres.

Ce livre a été lu dans le cadre du Club de lecture d'octobre 2012 de Babelio.

La vie rêvée d'Ernesto G. de Jean-Michel Guenassia


Paris-Alger-Prague. Des années 30 aux années 80. Des guinguettes de Joinville à la peste d’Alger, de la guerre à l’effondrement communiste. La trajectoire de Joseph Kaplan, fils et petit-fils de médecins juifs praguois, héros malgré lui, fataliste et optimiste à sa manière. Ses amours, ses engagements et ses désillusions. Et la rencontre qui bouleversa sa vie, celle qu’il fit avec un révolutionnaire cubain qui passa quelques temps en 1966 dans son sanatorium des environs de Prague, un certain Ernesto G., guerrier magnifique et déchu. 
Dans la lignée du Club des Incorrigibles optimistes, Jean-Michel Guenassia retrace avec talent le parcours insolite d’un héros malgré lui. On retrouve dans ce roman son art de la narration si particulier, où l’Histoire et l’intime se mêlent dans une fresque captivante et nostalgique. 
Jean-Michel Guenassia est l’auteur du phénomène de la rentrée littéraire 2009, tant critique que public, Le Club des Incorrigibles optimistes (Goncourt des lycéens 2009). (Albin Michel)

Joseph Kaplan, fils et petit-fils de médecins juifs praguois, quitte jeune son pays pour venir étudier à Paris et se noyer dans les soirées de jazz et de tango, où les filles changent chaque soir et où aucune n'arrive à attirer son attention.
Quand vient la guerre d'Espagne, ses convictions devraient le pousser à s'y engager, mais il fait le choix d'achever ses études et accepte par la suite une place à l'Institut Pasteur d'Alger : "Votre vrai problème à vous les pacifistes, c'est votre profonde stupidité.", pensant que de toute façon, le destin de l'Espagne est joué et n'a plus besoin de lui.
Joseph Kaplan est un personnage fort et central de ce roman, le lecteur vit avec lui sa jeunesse et son insouciance qui le poussent à ne plus prendre de nouvelles de son père alors que l'ascension du IIIè Reich est faite, que la guerre se déclare en Europe et que la traque des Juifs et leur extermination commence, l'entrée dans l'âge adulte lorsqu'il retourne à Prague pour exercer la médecine et épouse alors les idées apparemment formidables pour un nouveau mode de vie du communisme, le désenchantement qui s'ensuit, et enfin sa vieillesse entourée de sa fille Helena, tous deux restant marqués par leur rencontre avec Ernesto Guevara dit le Che, l'un des leaders de la révolution marxiste cubaine.
Qui dit Joseph dit Christine, sa femme, l'un des deux personnages féminins du roman.
Cette figure féminine part pourtant d'un rôle secondaire et finira par jouer un rôle important dans le récit, apportant également l'une des touches romantiques de cette histoire avec son départ d'Alger en compagnie de Joseph et par la suite leur mariage : "Ils passèrent deux semaines magnifiques, se découvrirent comme à tâtons, avec incrédulité, se demandant pourquoi ils avaient attendu si longtemps et risqué de passer à côté l'un de l'autre, sans deviner que la vie rêvée était là, tout près, à portée du regard, il suffisait d'ouvrir les yeux, de dire oui, et autant que cette entente révélée, leurs discussions les rapprochaient infiniment. Ils se parlaient pendant des heures comme s'ils s'étaient rencontrés la veille, se posaient mille questions, reconstituaient avec bonheur les pièces du puzzle mais ils restaient parfois aussi sans rien dire, côte à côte, à regarder la montagne.".
J'ai été frappée par l'importance de tous les personnages et par l'équilibre entre les hommes et les femmes dans ce récit.
Les hommes sont plutôt générateurs de tourments tandis que les femmes apportent une touche de romantisme et de douceur.
C'est le cas avec Christine, mais également avec Helena, et toutes deux devront d'ailleurs réaliser des sacrifices, pour Helena cela sera son véritable amour tandis qu'elle fera un mariage que je qualifierai de raison : "Ce fut un mariage socialiste. En petite pompe.".
Quant à Christine, ce personnage est plus complexe et moins saisissable que sa fille mais tout aussi intéressante.
Je constate que l'auteur maîtrise tout aussi bien ses personnages que dans son précédent roman et qu'il les a élaborés avec amour et patience.

Selon moi, l'attrait principal de ce livre réside dans deux thèmes développés par l'auteur.
Le premier concerne le régime communiste dans les pays de l'Est et ses dérives, à savoir l'espionnage permanent, le climat de peur généralisée, les arrestations, les emprisonnements et les exécutions arbitraires.
Ce thème était esquissé dans le précédent roman de Jean-Michel Guenassia, dans celui-là il est pleinement exploité, de surcroît de façon intelligente et intéressante.
L'ambiance, le climat de peur de sa moindre parole et de ses voisins sont très bien retranscrits et permettent de dresser un tableau non idyllique de la vie à cette époque dans les pays du bloc de l'Est.
De plus, l'auteur se permet de faire réapparaître un personnage et d'évoquer le club d'échecs de son précédent roman, j'ai beaucoup aimé ce clin d'oeil et la liaison qu'il implique entre les deux romans.
Le second concerne le personnage d'Ernesto Guevara présenté sous un angle peu habituel : celui d'un révolutionnaire et d'un idéaliste, mais surtout celui d'un homme fatigué par la lutte et qui n'aspire désormais qu'à la paix et à vivre la vie dont il a toujours rêvé.
Et même si le personnage donnant son nom au roman met du temps à arriver, cette attente est largement compensée par sa présence.
Très loin du cliché sur le Che, il est montré ici comme un homme tout simplement, qui aime, qui souffre et qui doit faire des choix de raison et finalement continuer la lutte au nom d'un idéal et laisser de côté ses rêves : "Pendant l'interminable voyage, elle n'entendit pas le son de sa voix et pensa qu'il était muet. Il ne dormit à aucun moment, ne mangea rien, accepta un jus d'orange. Il fumait et, quand il ne regardait pas le ciel, il passait son temps plongé dans un recueil de poèmes.".


De vie rêvée, il en est beaucoup question dans ce nouveau roman de Jean-Michel Guenassia, pourtant l'époque, les lieux et les situations sont à mille lieux de se prêter au décors d'une vie rêvée.
Grande fresque romanesque s'étalant sur un siècle, "La vie rêvée d'Ernesto G." traverse les périodes les plus sombres du 20è siècle : les deux guerres mondiales, l'avènement du régime communiste dans les pays de l'Est et sa chute et esquisse la guerre d'Algérie à venir et se révèle être une formidable épopée qui se lit avec énormément de plaisir, servi par une écriture maîtrisée et captivante.
Et il ne s'agit là que du second roman de cet auteur !


Livre lu dans le cadre du challenge de Babelio de la rentrée littéraire 2012


vendredi 19 octobre 2012

Kaïken de Jean-Christophe Grangé


Quand le Soleil Levant devient un Soleil Noir,
Quand le passé devient aussi tranchant qu'une lame nue,
Quand le Japon n'est plus un souvenir mais un cauchemar, 
Alors, l'heure du kaïken a sonné. (Albin Michel)

Quelques changements pour ce nouvel opus de Jean-Christophe Grangé : une couverture plus soignée que d'ordinaire et reflétant bien le thème principal du roman, un titre intrigant malgré une quatrième de couverture toujours aussi mystérieuse.
Le kaïken qu'est-ce que c'est ?
"C'est avec ce poignard que les femmes des samouraïs se suicidaient."
A partir de là, le ton est donné et le décors est planté.

Jean-Christophe Grangé renoue avec une intrigue très élaborée qui commence sur une première piste pour ensuite se dédoubler et partir dans une autre direction, voire même un autre pays puisque la fin de l'histoire se déroule au Japon.
Les surprises sont au rendez-vous et il est quasi impossible de deviner l'histoire ainsi que son dénouement
La première partie se passe en France puis dépaysement total avec une deuxième intrigue qui trouve son dénouement au Japon.
Ce pays est très présent dans le roman, tout d'abord par sa culture, mais aussi par l'attitude des personnes, notamment Naoko la femme du personnage principal qui parle d'ailleurs en ces termes de son pays natal : "Le Japon est un poison.", par la philosophie et par son passé assez riche.
De plus, l'auteur a choisi de situer son histoire juste après le tremblement de terre et le tsunami de mars 2011, ce qui donne encore plus de corps à l'histoire.

Comme à son habitude, Jean-Christophe Grangé propose au lecteur un tueur comme il les affectionne : retors, intelligent, violent et pervers.
Ici, il s'agit de l'Accoucheur : "Il était le Phénix. Ni homme ni femme. Ou plutôt les deux. Autonome et immortel. L'oiseau n'avait pas de géniteur, pas de sexe, et il s'engendrait lui-même par les flammes, qui étaient à la fois son linceul et sa matrice. Il n'avait besoin de personne. Il était un Tout.", et autant dire que de la perversité il en a à revendre.
Comme d'ordinaire également, il y a des scènes très violentes et les mises en scène macabres sont décrites avec beaucoup de minutie.
Il n'y a pas de surnaturel ou de mysticisme comme dans d'autres des livres de l'auteur, par contre le personnage principal masculin est beaucoup trop dans l'excès, ce qui le rend peu sympathique et peu attachant.
J'aimerai aussi savoir pourquoi il faut toujours que les hommes dans les livres de Jean-Christophe Grangé aient une sexualité compliquée et un rapport au sexe particulier : "On ne baise pas la femme de sa vie, en position de chien, avec éjaculation faciale en guise de point d'orgue. A fortiori quand il s'agit de la mère de ses enfants.", ça n'apporte pas grand chose à l'histoire et ça ne vient pas augmenter la cote de popularité du personnage, au contraire.
Ici, Olivier Passan est toujours dans l'excès, il n'était pas nécessaire de lui rajouter des pulsions sexuelles qu'il juge impraticable avec sa femme, déjà qu'il vénère de façon outrancière la culture japonaise et voue une admiration morbide aux samouraïs et aux hommes japonais s'étant suicidés, cela suffisait à donner une certaine envergure au personnage.
A l'inverse, le personnage de sa femme Naoko est intriguant et bien construit, il partage la vedette avec son mari et tire la couverture à lui, avec ce paradoxe entre la culture japonaise et la culture occidentale.
Finalement, Naoko est une femme qui se revendique occidentale jusqu'au bout des ongles mais qui reste au fond d'elle japonaise.
Je note que depuis quelques livres les femmes ont un rôle beaucoup plus important, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent avec cet auteur, et c'est plutôt une bonne chose, étant donné qu'elles ont un passé moins lourd que les hommes il est plus facile pour le lecteur de s'attacher à elles.
Derrière ces deux personnages principaux, il y a une galerie riche de personnages secondaires :  le policier Fifi alias Philippe Delluc, Sandrine Dumas la meilleure amie de Naoko et Olivier, qui apportent un réel plus à l'intrigue.

"Kaïken" est un livre qui se lit rapidement du fait d'une intrigue prenante et d'une histoire bien construite et bien aérée, les chapitres alternant entre les personnages d'Olivier Passan et de sa femme Naoko, ce qui donne en permanence du souffle au récit.
Avec "Kaïken", je mettais dans la balance les livres de Jean-Christophe Grangé, soit je me réconciliais un peu avec cet auteur soit je me faisais "seppuku".
En effet, autant le livre est servi par une intrigue bien élaborée, autant le personnage d'Olivier Passan est, une fois de plus, beaucoup trop torturé pour être complètement crédible, ce qui est un reproche leitmotiv que je fais depuis le début aux personnages masculins chez cet auteur.
Je ne dirai pas que la réconciliation est complète mais il y a du mieux et j'attends de lire le prochain opus.

Livre lu dans le cadre du challenge Babelio de la rentrée littéraire 2012


Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre G


mardi 16 octobre 2012

A la découverte du Québec : challenge littéraire et culturel


Sunflo organise un challenge à la fois littéraire et culturel consistant à découvrir le Québec.

Je ne suis pas persuadée que cela soit bien raisonnable étant donné le nombre de challenges où je suis déjà inscrite, mais je trouve son idée de challenge séduisante, d'autant que j'ai un peu lu fut un temps de la littérature québécoise (Michel Tremblay notamment) et que j'ai bien envie d'en découvrir plus sur ce pays, en particulier sa littérature et sa culture.

Ce challenge québécois se divise en deux options : la littérature et la culture générale.
Il est possible de choisir une option combinée.

Ce challenge commence maintenant et dure jusqu'au 24 juin 2014, date de la fête nationale du Québec.

Option 1 : La littérature québécoise 

Pour cette option, il s’agit de lire des livres dont les auteurs québécois. Un auteur est considéré québécois s’il est né au Québec ou s’il habite cette province.

Pour cet option, il y a 5 niveaux :

- 1 à 4 livres : Lucie Papineau
- 5 à 8 livres: Gilles Tibo
- 9 à 12 livres: Dominique Demers
- 13 à 16 livres : Chrystine Brouillet
- 16 livres et plus : Patrick Senécal

Il est possible de lire des gros livres ou des petits albums.

Option 2 : Culture générale 

Cette option est parfaite ceux qui ne veulent pas seulement lire québécois, mais qui veulent également découvrir d’autres éléments de la culture et de l’histoire du Québec.
Ici, on parle de ce que l'on veut qui est lié au Québec : films, voyages, chanteurs, athlètes, compétitions, acteurs, arts, recettes, traditions, littérature, expressions…

Pour les niveaux se sont des personnalités qui ont acquis une certaine notoriété sur la scène internationale, en variant évidemment les domaines.

- 1 à 4 articles: Alexandre Despatie
- 5 à 8 articles: Hubert Reeves
- 9 à 12 articles: Arcade Fire
- 13 à 16 articles: Xavier Dolan
- 16 articles et plus : Guy Laliberté

Option 3 : L’option combinée 

Elle consiste à choisir une catégorie pour chacune des deux options précédentes, donc de faire des articles sur les livres québécois ainsi que des articles de culture générale.
Les deux catégories ne sont pas obligées d'être de même niveau.

Pour ma part je choisis l'option combinée, ayant à la fois envie de lire de la littérature québécoise mais aussi de découvrir la culture du Québec (j'ai déjà quelques idées d'articles, dont un sur les idiomes québécois versus les idiomes français).
Je m'inscris en catégorie Lucie Papineau pour la littérature et Alexandre Despatie pour la culture générale.
C'est peut-être peu ambitieux mais je vais déjà essayé de me tenir à cela et s'il y a plus, tant mieux !

Livres lus dans le cadre du challenge

- Les belles-soeurs de Michel Tremblay
- Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

Articles culture écrits dans le cadre du challenge

Pour finir le logo illustrant ce challenge (enfin celui que j'ai choisi si j'ai bien compris. Et oui il y en a deux, je les aime bien tous les deux) :


dimanche 14 octobre 2012

La fille du roi et la grenouille de Jacob et Wilhelm Grimm


Prisonnière d'une magicienne dans sa haute tour, Raiponce déploie sa longue chevelure blonde comme une échelle de soie. Les trois fileuses, enchaînées à leur quenouille et leur rouet, attendent d'échapper à leur supplice. Blancheneige et Rougerose ouvrent charitablement leur porte à un ours frileux et débonnaire qui va décider de leur destin. La reine des abeilles, reconnaissante, se pose sur les lèvres de miel d'une future princesse. Intraitable, l'ondine de l'étang exige d'un meunier qu'il lui abandonne son premier enfant. Petite soeur se désole de voir son petit frère transformé en chevreuil. Bien moins légendaires que Cendrillon ou la Belle au bois dormant, ces héroïnes enchantent tout autant le monde imaginaire et magique arraché au temps par les frères Grimm. (Pocket)

Ce conte est extrait du recueil "Raiponce et autres contes" publié par Pocket.

Frustrant est le premier terme qui me vient à l'esprit pour qualifier ce conte.
Il est extrêmement court, trop même, et à peine commencé il est déjà fini, autant dire que je n'ai pas eu le temps d'apprécier l'histoire ni même de bien l'appréhender qu'elle était déjà achevée.
Certes, un conte est fait pour être court, mais là la magie n'a même pas le temps de se mettre en place qu'il est déjà fini.
Il est d'ailleurs question d'un sort mais aucune explication n'est donnée : pourquoi ce sort ? Comment a-t-il été rompu ?

La fille du roi a perdu son objet préféré, un ballon d'or, au fond du puits.
Un crapaud se propose alors d'aller le lui chercher et en échange de devenir son compagnon : "si tu voulais me prendre pour compagnon, que je sois assis à ton côté, que je mange dans ta petite assiette en or et que je dorme dans ton petit lit douillet, que tu m'apprécies et que tu m'aimes, alors je te rendrai ton ballon.".
Mais la demoiselle, sitôt son ballon d'or retrouvé, abandonne le crapaud et le lendemain celui-ci vient réclamer son dû au cours d'un repas.
La fille du roi, furieuse d'avoir dû prendre le crapaud avec elle dans sa chambre, d'un autre côté, une promesse est une promesse : "Ce que tu as promis, tu dois le tenir, va ouvrir la porte à ce crapaud.", le jette contre le mur (doux caractère !) et alors : "Le crapaud ne retomba pas mort sur le lit, mais c'est un joli prince qu'elle vit alors à son côté.".
Quant à la suite, je ne sais pas si j'avais l'esprit mal tourné au moment de la lecture mais c'est carrément chaud et ça frise la bienséance : "Il devint son compagnon, elle l'aima et l'estima comme elle l'avait promis. Heureux d'être ensemble, ils s'endormirent.", tout ça dans le lit de la princesse après la transformation du crapaud en beau prince.
A noter que la veille elle le traitait de "vilain crapaud" et le lendemain c'est l'homme de sa vie, esprit de femme varie, mais là, c'est à la vitesse de la lumière.
Enfant on ne fait pas du tout attention à ces choses-là, mais en lisant ce conte plus âgée je le trouve, comme d'autres d'ailleurs, quelque peu dérangeant sur certains aspects : la violence sur un animal, le mépris de la fille du roi envers un crapaud, un prince passant la nuit sur le lit avec elle, et pour couronner le tout, le lendemain elle s'en va avec le prince, comme ça, directement, et roulez carrosse !
Remarquez que la fin ne nous dit pas s'ils se sont mariés et s'ils eurent beaucoup d'enfants, d'un autre côté vu ce qui s'est déjà passé, je ne me fais pas trop de souci à leur sujet sur ce point.

Outre les points ci-dessus qui m'ont interpellée au cours de ma lecture, je reproche à ce conte d'être beaucoup trop elliptique et de ne faire qu'effleurer l'histoire.
Tout reste flou : pourquoi le prince a-t-il été victime de ce sort ? Qui est-il et d'où vient-il ? Et la fille du roi, a quoi aspire-t-elle dans la vie ? Quel est son passé ?
L'histoire n'a pas le temps de se mettre en place, tout comme les personnages.
Je ne me suis pas attachée à eux, je n'ai même pas eu le temps de les connaître : le prince passe du statut de crapaud à celui de prince en une phrase et se fait la belle dès le lendemain avec la fille du roi pour retourner chez lui.
Et à la toute fin du conte, apparaît comme un cheveu d'or sur la soupe Heinrich le fidèle serviteur du prince qui "avait dû barder son coeur de trois solides plaques d'airain afin que celui-ci ne se brise pas de chagrin.", pourquoi ne faire intervenir ce personnage qu'à la fin : mystère !
En résumé, aussitôt lu, aussitôt classé !

"La fille du roi et la grenouille" n'est pas le conte le plus connu des frères Grimm mais ce n'est pas non plus le plus réussi.
Il est bien trop elliptique et fait l'impasse sur bien trop de choses pour réussir à éveiller un petit intérêt.
Au contraire, il a même tendance à être frustrant du fait de sa rapidité qui ne permet pas de prendre plaisir à le lire ni à se plonger dans l'univers censé être féerique d'un conte.

Ce conte a été lu dans le cadre du challenge La face cachée des Disney


Le roi grenouille de Franziska Buch


La fille d'un roi aime par dessus tout jouer avec une balle en or au bord d'une fontaine. Un jour, à son grand désarroi, le précieux objet tombe au fond de l'eau. Apparaît alors une grenouille qui lui propose de l'aider à condition que la princesse, ensuite, la laisse partager sa vie. La jeune fille accepte, pensant que l'animal ne se risquera pas à quitter la fontaine, et la grenouille plonge et lui rapporte la balle. Une fois qu'elle a récupéré son jouet, la princesse tourne les talons, sans plus se soucier de la grenouille…(Télé Loisirs)

J'ai découvert avec un temps de retard que la télévision allemande avait adapté bon nombre des contes des frères Grimm sous la forme de téléfilm d'un peu plus d'une heure.
Bien décidée à ne plus me faire avoir, j'ai envie réussi à en voir un en entier et il s'agit du "Roi grenouille", adapté du conte "La fille du roi et la grenouille", lui-même adapté en dessin animé sous le titre "La princesse et la grenouille".



Le format convient tout à fait, l'histoire a le temps de se mettre en place sans souffrir de longueurs, les personnages sont bien présentés et rapidement cernés par le spectateur.
L'histoire est relativement simple, c'est le principe d'un conte, mais sa mise en téléfilm permet de développer le conte qui pour le coup après lecture apparaît comme réducteur et trop elliptique.
Les personnages peuvent mieux se mettre en place et le spectateur saisit mieux les tenants et les aboutissants de l'histoire, bien que certains passages restent un peu trop flous à mon goût : quelle était la malédiction qui a frappé le prince ? Comment la princesse a-t-elle rompu le sort ? (c'est expliqué mais trop brièvement) Pourquoi personne (à part moi) ne s'émeut qu'une grenouille parle ? (là c'est sans doute parce que je dois être trop terre à terre).
Et encore, par rapport au conte ce téléfilm est plus explicite et j'ai pu mieux m'imprégner de l'histoire.



Je trouve également que le casting est réussi, les acteurs collant très bien aux personnages et leur jeu n'a rien de mièvre, au contraire, ils y apportent même une petite touche de modernité qui ne trahit pas l'esprit du conte.
Même la grenouille en image de synthèse est réussie et ne donne pas l'impression d'avoir été incrustée aux images. Elle est même vivante et tient son rôle dans l'histoire.
Les paysages sont beaux et enchanteurs, la musique est agréable et va parfaitement avec les images.
Le côté enchanteur et magique du conte est préservé dans le téléfilm, ce qui n'était pourtant pas forcément gagné au départ.

En somme, ce téléfilm est une adaptation réussie du conte des frères Grimm et se regarde avec un certain plaisir.

Ce téléfilm a été vu dans le cadre du challenge La face cachée des Disney


Quartier lointain de Jirô Taniguchi


Transporté dans la peau de l'adolescent qu'il était à 14 ans, Hiroshi redécouvre son passé en questionnant sa famille et ses amis. Il le revit également, et lorsque le jour approche où son père a disparu sans explication, Hiroshi se demande s'il peut changer ce passé ou s'il doit le revivre, impuissant. (Casterman)

Marié, père de deux filles, Hiroshi par le biais du hasard se trompe de train et se retrouve dans la ville de son enfance.
Ses pas le conduisent jusqu'au cimetière où repose sa mère et c'est là qu'il tombe dans un sommeil profond pour se réveiller ... dans son passé, à l'époque de ses 14 ans, mais dans sa tête il a toujours son âge actuel de 48 ans.
Il redécouvre alors son quartier, sa maison, sa famille : "Ce quartier autrefois familier, je l'avais cru lointain, à jamais enfoui dans ma mémoire. Je me tenais pourtant en son coeur, immobile et désorienté.", ses amis à l'école, et se rend compte qu'il est retourné l'année où son père a quitté le domicile pour ne jamais y revenir.
Hiroshi va alors tenter de changer le passé, de trouver la raison qui a conduit son père à les abandonner et de tout faire pour qu'il change d'idée et reste avec eux.

Thème maintes fois abordé en littérature, la question "Peut-on changer son passé ?" est ici abordée sous l'angle d'un retour dans le passé, mais où un garçon de 14 ans se retrouve affublé de l'esprit et de la connaissance du futur d'un homme de 48 ans : "Comme chaque matin, je me suis réveillé avec l'espoir d'ouvrir les yeux sur ma vie d'adulte ... Mais rien n'avait changé, j'avais toujours 14 ans ... Une chose était différente pourtant, c'étaient les 14 ans : ... Ils n'étaient plus les mêmes "qu'avant".".
Il est illusoire de croire à un conte de fée et à une fin heureuse, malgré les atouts dans son jeu Hiroshi ne pourra pas rebattre les cartes de son passé pour le changer : "Le passé ... Finalement, j'avais été incapable de le changer ... J'avais 14 ans, j'étais collégien et j'étais un bon à rien.".
A la place, son esprit d'adulte lui permettra de s'ouvrir aux autres, d'être plus mâture que ses 14 ans :"Avec le temps nous croyons grandir ... Mais la maturité n'est qu'un leurre, une entrave à notre âme libre d'enfant.", et finalement, grâce à cela, d'apprendre le passé de ses parents, comment ils se sont rencontrés et quelle vie ils menaient avant, et pour lui, d'ouvrir les yeux sur sa vie actuelle, de redécouvrir sa famille, avec qui il vit mais d'une façon aveugle, habitué à la routine et au quotidien.

"Quartier lointain" est un livre difficile à classer, il tient à la fois de la bande dessinée, du manga, du roman graphique, les deux volumes faisant à eux deux un peu plus de 400 pages.
L'histoire est prenante et touchante, et surtout, elle est construite de façon intelligente, apportant une variation  sur le thème du retour dans le passé, étant donné que le personnage principal garde son esprit d'adulte dans un corps d'enfant.
"Quartier lointain" est également une palette d'émotions, il y a à la fois de la nostalgie, de la tristesse, une forme de mélancolie, mais aussi de l'humour, des situations cocasses, et les premiers émois de l'adolescence et de l'amour.
Servi par des dessins de qualité, ce récit se lit avec beaucoup de plaisir, d'autant que le graphisme de Jirô Taniguchi est agréable à voir et transmet parfaitement au lecteur les paysages, les lieux de l'action, les émotions des personnages, sans oublier quelques précisions culinaires apparemment chères à l'auteur, puisqu'il était déjà question de nourriture dans "Les années douces".
Je mettrai un petit bémol : les dessins sont en noir et blanc, uniquement les six premières pages sont en couleur et je n'ai pas compris la raison de ce changement : le noir et blanc pour le retour dans le passé aurait été compréhensible, or là, même lorsque Hiroshi revient dans le présent le noir et blanc reste; à moins qu'il ne s'agisse d'une erreur lors de l'impression de cette intégrale.
La mise en couleur était d'ailleurs jolie, c'est quelque peu frustrant de ne voir que quelques pages en couleur et le reste en noir et blanc, d'autant que cela n'aurait pas dénaturé l'histoire ni ne lui aurait ôté sa profondeur et les sentiments qui s'en dégagent.
J'ai été touchée par l'histoire et par la beauté du graphisme, l'oeuvre de Jirô Taniguchi me plaît décidément beaucoup et se laisse découvrir avec plaisir.

"Quartier lointain" de Jirô Taniguchi est un magnifique roman graphique japonais où cohabitent des émotions diverses et qui, sous couvert d'une histoire presque banale, cache une forme de philosophie et de questions existentielles qui apportent quelques réponses au personnage principal mais surtout en soulèvent d'autres qui restent sans réponse, le mystère gardant ainsi toute sa saveur.

Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre T


samedi 13 octobre 2012

Twisted Tree de Kent Meyers


Twisted Tree, dans le Dakota du Sud, a tout de la petite ville silencieuse, au coeur de la nature sauvage qui s'étend à perte de vue. Mais l'infinie solitude des grands espaces rend chacun prisonnier de ses obsessions : sur l'autoroute 91, un tueur en série assassine la jeune Hayley Jo. Dans un troublant jeu d'écho, les âmes tourmentées des habitants se racontent alors tour à tour, dévoilant les minuscules tragédies de cette communauté du Midwest. De Sophie Lawrence, qui fait mine de s'occuper de son beau-père invalide pour mieux se venger de lui, à Shane, qui se recrée une vie au fil des lettres adressée à sa mère, douze voix se font entendre, comme autant de pièces décisives pour reconstituer le puzzle complexe des relations humaines. Avec Twisted tree, Kent Meyers, dont l'écriture a été comparée à celle de Raymond Carver et d'Annie Proulx, signe un roman polyphonique sensible et singulier. (Gallmeister)

"Twisted Tree" est sans conteste un livre à multiples facettes.

Le premier chapitre plonge le lecteur dans la tête d'un tueur en série, mais pas n'importe lequel : celui de l'autoroute I-90.
Sa cible : les jeunes filles anorexiques.
En les tuant, il pense réaliser un chef d'oeuvre, il se croit un pur génie, mais un génie incompris : "Les artistes ont toujours eu confiance en l'avenir. Un jour, ils découvriront son oeuvre. Son génie sera dévoilé au grand jour.".
Sa victime lors de cette ouverture originale est la jeune Hayley Jo, originaire de la ville de Twisted Tree, dans le Dakota du Sud.
Là, je croyais que l'histoire allait être la traque de ce tueur, ou tout du moins que cela servirait de base au récit, que nenni !
J'ai été retournée comme une crêpe par Kent Meyers car le second chapitre n'a pas grand chose à voir avec le premier, tout comme le troisième avec les premier et second et ainsi de suite.

L'auteur a choisi de bâtir son récit à travers des tranches de vie de certains habitants de Twisted Tree.
Il s'agit par exemple de Sophie Lawrence qui fait semblant de s'occuper de son beau-père invalide, d'Angela Morrison qui a du mal à s'adapter à la vie dans une ferme éloignée et à sa cohabitation avec des crotales, de Caleb qui fut prêtre il y a des années de cela, de Leonard qui va se retrouver à acheter d'occasion la voiture du tueur de l'autoroute I-90.
Car si ce tueur en série est relégué à l'arrière plan, il réapparaît brièvement à la fin, l'auteur profitant ainsi de l'occasion pour raconter au lecteur ce qu'il est advenu de lui.
Et si sa victime Hayley Jo n'est jamais présentée de son vivant, elle est au coeur de la majorité des récits ou en est le point de départ.
Chaque chapitre pourrait presque constituer une nouvelle, mais le tout mis bout à bout donne un formidable récit et les chapitres se font écho les uns aux autres, bâtissant ainsi une histoire solide et crédible, ancrée à la fois dans le passé et les souvenirs de certains personnages et dans le présent, l'après Hayley Jo.

Parfois réaliste : "Les hommes parlent comme ça. C'est idiot. C'est idiot et moche, et c'est pas drôle du tout. Mais ce ne sont que des mots. Si tu n'arrives pas à faire la différence entre les paroles et les actes, tu vas te mettre dans le pétrin toute ta vie. Toi et tout le monde autour de toi."; parfois baignant dans le traditionnel indien ou les superstitions : "J'ai peur de voir une nuit, dans le faisceau de mes phares, les femmes Valen parader devant moi, l'une à la peau déchiquetée, ses enfants accrochés à ses basques, l'autre avec un trou dans la poitrine et des serpents enroulés autour d'elle, ses yeux scrutant ses mains vides, cherchant à lire les lettres, son esprit toujours empêtré dans leur contenu, mais incapable de savoir où elles ont bien pu passer."; ce récit est très marqué par la nature sauvage du Dakota du Sud, et il se dégage de l'écriture de Kent Meyers un réalisme saisissant qui permet au lecteur de visualiser très facilement les lieux de l'action, les paysages, et de se les approprier.
Âmes sensibles aux serpents s'abstenir de la lecture de ce livre, il est question de crotales dans des situations qui ont réussi à me filer la chair de poule : "Là, j'en voyais partout, enroulés comme un puzzle qui ne se déferait jamais. Des serpents sur le plancher, sur le tableau de bord, accrochés au dossier des sièges. Et ce n'était pas le pire. Il y en avait sur tout son corps, lovés en huit sur sa poitrine presque disparue, des collier-serpents autour de ses chevilles et des poignets osseux. Des serpents dans ses cheveux, serrés autour de ses pieds. Couronnée et chaussée de serpents.".
Classé en catégorie Nature Writing, "Twisted Tree" m'a offert une vision nette et précise de cet état d'Amérique du Nord, et cela faisait bien longtemps qu'un livre ne m'avait pas ainsi transportée dans la nature sauvage et à l'état brut des Etats-Unis, loin des villes qui ne dorment jamais.

Construit comme un puzzle et illustrant toute la complexité des relations humaines, "Twisted Tree" de Kent Meyers est un livre vivant, servi par une écriture précise et maîtrisée, et décrivant de façon saisissante et réaliste le côté sauvage de la nature du Dakota du Sud qui s'étend à perte de vue, avec au beau milieu de ces paysages une petite ville silencieuse mais dont les habitants ont beaucoup à dire au lecteur.

Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre M


Out of Africa de Sydney Pollack


Après une déception amoureuse, la jeune Danoise Karen décide de se marier et de s'embarquer pour l'Afrique. Vite délaissée par un mari volage, elle se consacre à la culture des caféiers et fait figure de pionnière. Son amitié pour l'aventurier Denys se transformera en amour mais elle ne saura pas retenir cet homme épris de liberté. (Allociné)

Après la lecture du livre j'ai eu envie de revoir le film.
Inspiré du récit autobiographique de Karen Blixen, le film met tout de même plus l'accent sur l'aspect des relations humaines que sur l'Afrique.
Bien sûr, l'Afrique et le Kenya plus particulièrement sont très présents dans le film, mais la culture n'est qu'effleurée, étant donné qu'il est difficile de retranscrire dans un film l'analyse faite par Karen Blixen des différentes ethnies habitant sur le territoire de sa ferme ou à proximité.



Mais là où Karen Blixen était restée muette, le film vient apporter au spectateur/lecteur une autre vision : celle des relations humaines autour de Karen Blixen et surtout celles l'affectant.
Ainsi, il est montré le mariage de Karen par dépit au frère de son amant, le côté volage de son mari ainsi que son incapacité à gérer la ferme (ce qui est d'ailleurs l'une des causes de l'échec de la plantation, à l'origine la ferme était prévue pour de l'élevage et c'est Bror seul qui a décidé de se lancer dans la culture de caféiers alors que jamais ces plantes n'avaient poussé à une telle altitude), la maladie qu'il lui a refilé : la syphilis, mais surtout, et c'est le point d'orgue du film, la relation, d'abord d'amitié puis ensuite d'amour, entre Karen et Denys.
De plus, les caractères des personnages sont bien montrés ainsi que les relations entre eux.
Par contre, je ne suis pas d'accord avec le résumé d'Allociné.
Certes, Denys est un homme épris de liberté, mais je crois que Karen l'est tout autant et que c'est cette confrontation de deux êtres épris de liberté qui finit par exploser.



Le scénariste a réussi à garder intact les liens entre eux tel que le lecteur les découvre dans le livre de Karen Blixen mais il a aussi préservé tout le côté émotionnel du récit et le déchirement ressenti par Karen Blixen lorsqu'elle doit tout vendre pour quitter l'Afrique.
Du point de vue du scénario, je dirai donc qu'il est réussi, dans le sens où le scénariste a su extraire les éléments importants du livre pour les transposer à l'écran, prendre les morceaux non racontés dedans et conserver les émotions pour bâtir son scénario.



L'autre atout indéniable du film, c'est la beauté des paysages.


Le film arrive à faire ressortir le caractère sauvage de l'Afrique et propose des paysages de toute beauté, ne serait-ce que lorsque Denys emmène Karen survoler les plaines et la savane en avion.
Tourné en décors réel, cela se voit à l'image et renforce le caractère authentique et poignant de l'histoire.
Il y a également de très belles scènes, notamment celles avec les lions, et beaucoup d'émotion est véhiculée à travers ce film.



Outre l'histoire et les paysages, il n'est pas possible de ne pas évoquer la magnifique musique qui accompagne les images.
Elle a un rôle tout aussi important et a entièrement sa place dans le film.

D'une façon générale, je trouve que ce film, comme le livre d'ailleurs, reflète une période qui n'existe plus et qu'il ne sera jamais possible de retrouver.
Denys le dit bien d'ailleurs, bientôt tout changera, il sera de plus en plus difficile de contempler les animaux évoluant dans la nature en liberté, l'Afrique tel qu'ils l'ont connue n'existera plus.
Il avait malheureusement raison, d'où une forme de mélancolie qui s'échappe du film.

Avec une mise en scène irréprochable, ce film est une très belle réussite qui se revoit avec grand plaisir, servi par un casting sur mesure et des paysages à couper le souffle.
"Out of Africa" est un très bel hommage fidèle au récit autobiographique de Karen Blixen et est à ce titre complémentaire à l'oeuvre littéraire.

samedi 6 octobre 2012

Jane Eyre de Susanna White



Devenue orpheline très jeune, sans la moindre fortune, la petite Jane Eyre est élevée par une parente aisée, la tante Reed, dans le nord-est de l’Angleterre. Souffre-douleur de ses cousins, maltraitée par leur mère, l’enfant solitaire et rebelle est envoyée à Lockwood, un pensionnat pour jeunes filles pauvres. Durant ces sévères années d’apprentissage, qui font d’elle une jeune fille accomplie, elle affronte la mort de son unique amie et noie sa tristesse dans le dessin. À 19 ans, elle part travailler dans une vaste demeure isolée, Thornfield Hall, comme gouvernante auprès de la pupille d’un riche original, Edward Rochester, lui-même se trouvant à l’étranger. Tous deux se retrouvent face à face pour la première fois sur la lande, un soir d’orage... (Allociné)

Dire que j'aime "Jane Eyre" est un doux euphémisme.
Non seulement je l'ai lu plusieurs fois, en français et en anglais, le livre est toujours à portée de ma main, mais j'aime aussi découvrir les adaptations qui en sont faites.
C'est ainsi que mes pas m'ont tout naturellement conduite à cette version de 2006 produite par la BBC.
Pour l'anecdote, je désespérais de voir cette adaptation à la télévision française, j'ai donc acheté pour une bouchée de pain la version import en DVD.
C'était l'année dernière ... depuis une traduction française a (enfin !) été faite et cette adaptation en quatre épisodes a été diffusée en septembre sur Arte.

Adapter "Jane Eyre" a toujours été un travail délicat, il faut réussir à conserver l'histoire et les personnages, dont en donnant vie à ces derniers de telle façon à contenter le spectateur et surtout, l'inconditionnel(le) du livre de Charlotte Brönté.
Je trouve que la version cinéma est réductrice, trop d'ailleurs, car pour tenir dans un film d'environ deux heures il faut pratiquer des coupes très fermes dans le roman (ce qui équivaut pour ma part à un sacrilège).
Et jusqu'à présent, je n'ai jamais été réellement emballée par les acteurs choisis dans les versions cinématographiques.
C'est pourquoi je préfère déjà la version pour la télévision, en plusieurs épisodes.
Notez que je pense la même chose pour "Les Hauts de Hurlevent" d'Emily Brönté.


Pour en revenir à cette version de 2006, elle comporte quatre épisodes et s'attache particulièrement au coeur du livre, à savoir la relation entre Jane Eyre et Edward Rochester.
Autant dire qu'avec les premières images, je me suis demandée si je ne m'étais pas trompée de programme ... un désert avec une petite fille en rouge, ce n'est absolument pas Jane Eyre ! 
Si cette mésaventure devait vous arriver, ne coupez pas, je vous confirme que c'est bien Jane Eyre et que la suite (i.e. après le désert) est bien le début, à savoir que là, vous avez vu le rêve de Jane.
Parmi les quelques petits reproches que je ferai à cette série, les débuts des premier et troisième épisodes sont particuliers et quelque peu maladroits, d'autant qu'ils ne reflètent pas la suite de la série, qui est de qualité.
Le parti retenu pour cette adaptation était de s'intéresser à la relation entre Jane Eyre et Edward Rochester, c'est pourquoi la jeunesse de Jane Eyre est passée rapidement, qu'il s'agisse de sa vie chez sa tante ou de ses années à Lowood, le principal étant tout de même conservé : son amitié avec Helen Burns.
Il en sera de même pour sa fuite, les passages de sa vie chez St-John Rivers et ses deux soeurs sont moins développés par rapport au reste, c'est un peu gênant pas tant que ça au final.
D'ailleurs, le traitement de cette partie se fait en partie en flash-back, lorsque Jane se remémore sa fuite de Thornfield, la soirée précédente et les suppliques d'Edward Rochester pour qu'elle reste, son errance dans la lande et sa découverte par le pasteur.
C'était plutôt osé de le traiter ainsi, mais ça passe très bien, cela ne m'a pas gênée outre mesure.
Cette adaptation est relativement moderne dans le choix de sa mise en scène, ainsi le flash-back est utilisé à d'autres reprises, notamment lorsqu'Edward Rochester parle des îles, racontant ainsi sa propre jeunesse.
Et puis la réalisatrice a choisi d'intégrer une dose de mystère dans sa façon de filmer, ainsi le secret de Thornfield n'intrigue pas que Jane mais aussi le spectateur.
J'ai aimé ce parti pris, car cela donne une dimension intrigante à l'histoire qui est souvent dans les adaptations laissée de côté alors qu'elle est bien présente dans le livre.

Je ne peux qu'approuver le choix de l'actrice (Ruth Wilson) pour interpréter Jane Eyre, elle n'est pas particulièrement belle ni gracieuse (comme le personnage de Jane, ce qui me convient totalement), mais elle donne du caractère et toute la passion qui caractérise le personnage de Jane Eyre.


Il rend toute la complexité du personnage grâce à son excellent jeu, il joue à merveille le côté lunatique d'Edward Rochester et il lui donne un charme certain car, rappelons-le, Edward Rochester n'est pas non plus particulièrement beau, mais il est riche.
J'ai toujours imaginé ce personnage comme étant sombre, tourmenté, lunatique, mais dégageant un charisme et un charme, là j'ai retrouvé exactement ce que j'attendais.



Quant aux autres acteurs, le casting est vraiment excellent et ils interprètent divinement les personnages du livre. 
C'est sans doute la première fois qu'Adèle est représentée tel que je me l'imaginais : en petite fille coquette, habillée en décalage complet avec sa situation, toujours en froufrou, chantant et dansant.
C'est la première fois que je vois le personnage d'Adèle aussi bien traitée et fidèle par rapport au livre, donnant à ce personnage une place à part entière dans l'histoire.
Les paysages sont magnifiques et à couper le souffle, les scènes d'extérieur ayant été tournées dans le Derbyshire.
Il en ressort la beauté du paysage et son côté sauvage.
Quant à Thornfield, le château réel (Haddon Hall) retenu comme lieu est non seulement imposant mais évoque une dose de mystère qui cadre parfaitement avec l'histoire.



Mais là où réside tout l'intérêt de cette adaptation et où j'ai été ravie, c'est la modernité qui est donnée à la relation entre Jane et Edward.
Par modernité, j'entends par là que, comme dans le roman, ces deux personnages sont très loin de respecter les codes de l'époque.
Ainsi Edward embrasse à plusieurs reprises Jane (y compris en extérieur avec le risque d'être vu), celle-ci se laisse faire mais est aussi demandeuse, ils se retrouvent sur un lit ensemble, il la prend dans ses bras, bref, autant de gestes qui ne se faisaient pas à l'époque, ou alors dans l'intimité et après le mariage.
De ce point de vue, le livre était résolument moderne à l'époque et certaines scènes avaient créé un scandale, notamment une où Edward prenait Jane sur ses genoux.
Là, la réalisatrice a tenu à montrer ce côté moderne du couple, et je ne peux qu'applaudir car c'est la seule fois à ce jour où une adaptation de Jane Eyre a gardé cet esprit du livre et l'a montré à l'écran.


En choisissant de se concentrer sur la relation entre Jane et Edward, cette adaptation met en avant toute la passion qui anime ces deux personnages et toute la modernité de leur relation, explosant ainsi les codes de cette époque, ce qui m'a permis de très facilement lui pardonner les quelques petites maladresses de mise en scène et les infimes déviations par rapport au livre (vraiment c'est trois fois rien), d'autant que les paysages sont magnifiques et la musique très belle pour accompagner cette histoire.
"Nobody's perfect", mais cette adaptation est assez proche de la perfection et je la place à égalité avec celle de 1983 avec Zelah Clarke et Timothy Dalton.

jeudi 4 octobre 2012

Octobre - La parisienne Kiddo

Voici venu le mois d'octobre où les feuilles commencent à voler au vent mais pas question de se laisser miner le moral, c'est pourquoi je vous propose de découvrir Kiddo (de son vrai nom Anna Chalon), une toute jeune et nouvelle chanteuse de la scène française.
Elle chante essentiellement en anglais du fait qu'elle a fait la majorité de ses classes aux Etats-Unis, cela se ressent d'ailleurs dans sa musique.
Ce mois d'octobre voit la sortie de son premier album "Where to", dont la chanson "La parisienne" est extrait.