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dimanche 15 janvier 2017

La tortue rouge de Michael Dubok de Wit

     
     
À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain. (AlloCiné)


Un homme, une tortue, une plage *chabadabada chabadabada*
Une rencontre, le destin, la vie *chabadabada chabadabada*
C'est tout cela que raconte ce dessin animé, sans la chanson de Pierre Barouh.
Et sans dialogue, pas un, juste un cri, et puis c'est tout.
Les mots sont d'ailleurs inutiles face à tant de poésie.
Mais qui dit absence de dialogue dit musique soignée, et ici c'est clairement le cas : les silences sont respectés, la musique met en évidence les bruits de la nature comme le vent ou la mer, et parfois elle surgit à des moments inattendus, mais cela sonne toujours juste.


"La tortue rouge", c'est aussi une collaboration historique, ce dessin animé a en effet été cosigné par les studios Ghibli, une première pour eux qui jusque-là n'avaient jamais travaillé pour qui que ce soit d'autres qu'eux-mêmes.
Michael Dubok de Wit a pris son temps pour créer son dessin animé, il y a travaillé de 2006 à 2013, mais le résultat est là : cette histoire, au demeurant toute simple puisqu'elle raconte les grandes étapes de la vie d'un être humain, est tout simplement magnifique.
L'animation est un savant mélange de traditionnel, avec des dessins à la main, et de modernité, avec le recours au crayon numérique pour d'autres aspects du film.
Difficile de dire ce qui a été fait avec quoi, mais j'ai particulièrement apprécié les reconstitutions de la nature, toute cette île créée ainsi que la mer qui l'entoure.
Mais le passage le plus magnifique, et sans doute le plus sombre, est l'épisode du tsunami, peut-être parce que je me demandais ce qui allait se produire et que je n'ai compris qu'au dernier moment, à l'image des personnages; ou alors peut-être parce que cela détruit tout ce qui avait été construit jusque-là, une nouvelle vie qu'il faudra rebâtir.


Beaucoup de poésie dans cette oeuvre à la fois courte et intense : le cycle de la vie, un homme perdu échoué sur une île quelque peu hostile qui cherche à la fuir, mais dont le radeau est inexorablement détruit par quelque chose, une magnifique tortue rouge qui finira par s'échouer sur la plage et se transformer en compagne, puis viendra un enfant, puis cet enfant grandira et à son tour voudra partir pour découvrir ce qu'il y a ailleurs, puis la vieillesse et enfin la mort.
Certes, il n'y a pas de dialogue, mais les personnages communiquent entre eux par les regards, par des dessins, comme cette très belle scène sur la plage où chacun des parents explique à leur enfant d'où ils viennent et comment ils sont arrivés là.
La nature également joue un rôle important dans l'histoire, pendant longtemps elle sera hostile à l'homme puis il finira par s'en accommoder et faire avec.
Non seulement l'animation est réussie au niveau des personnages mais aussi de l'environnement.
Il n'est pas étonnant que ce film, pardon dessin animé, ait été primé à Cannes dans la catégorie Un certain regard, c'est un véritable petit bijou qui se regarde avec beaucoup de plaisir et d'émotion, à n'importe quel âge.


Si vous n'avez pas eu l'occasion de voir "La tortue rouge" lors de sa sortie dans les salles obscures, je vous invite à vous rattraper avec le DVD de ce dessin animé, l'un des plus beaux et des plus poétiques de l'année 2016.

Merci Claire et Wildside pour ce DVD ! 


     
     

     
     

     
     

     
     

vendredi 16 décembre 2016

Gravity d'Alfonso Cuarón

     
     
Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre... (AlloCiné)


Le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock) vit sa première expédition à bord d'une navette spatiale.
En tant qu'experte en ingénierie médicale, elle accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky (George Clooney).
Mais suite à la destruction d'un satellite Russe par les Russes eux-mêmes, des débris arrivent à une vitesse affolante et détruisent leur navette.
Ils se retrouvent alors seuls et livrés à eux-mêmes, ayant perdu tout contact avec la Terre, leur seul espoir consiste à rejoindre la station internationale pour y récupérer une navette de secours afin de rejoindre la Terre.
Mais l'oxygène commence à se faire rare et l'espace peut se révéler être un chemin peuplé d'embûches.


Je n'étais pas allée voir ce film lors de sa sortie en salle, et bien j'ai eu raison car je crois que je n'aurai pas apprécié que l'on se moque autant de moi en ciblant que je serai, spectateur lambda, totalement ignorant de tout ce qui se passe au-dessus de ma tête.
Mon propos ne s'applique pas à la première partie du film qui, je le reconnais, est bien faite, bien filmée et captivante, mais à la seconde qui part dans du grand n'importe quoi et finit par prendre le spectateur pour un crétin et ça, je n'apprécie pas.
Le pitch du film était intéressant, en partant d'un fait établi : les satellites hors d'usage et les déchets laissés par d'anciennes missions spatiales ont généré de nombreux débris qui posent aujourd'hui problème (vous noterez que même dans l'espace l'Homme réitère les mêmes erreurs que sur Terre), ici cela met en péril une mission spatiale.
Dans la première partie du film, on ne va pas se mentir, les images sont saisissantes, la représentation des astronautes dans l'espace est convaincante, bref c'est un véritable plaisir pour les yeux.
A ce moment-là gros regret de ne pas l'avoir vu dans une salle de cinéma en 3D, car à mon avis cette technologie apportait un réel plus au film, ainsi que d'un niveau sonore car les personnages ne se parlent que par le biais de leur micro.
Et puis tout part à vau-l'eau, Ryan et Matt se retrouvent à faire une petite balade dans l'espace pour rejoindre l'ISS, évidemment rien ne se passe comme prévu mais le personnage de Ryan, alors que son taux d'oxygène est plus que critique réussit à entrer dans une capsule de l'ISS.
Il y a un court-circuit et un début d'incendie mais elle ne s'en rend pas compte (d'ailleurs la scène de l'incendie me paraît irréaliste mais ceci est un autre sujet), elle défait sa combinaison et flotte dans la capsule, normal me direz-vous dans l'espace, sauf que ses cheveux eux ne bougent pas d'un poil (ou alors elle a un excellent gel fixant).
Notez que Ryan est dans une capsule Soyouz, Russe donc, mais le manuel est bien en Anglais et je ne suis pas bien sûre que tous les boutons soient en cyrillique.
Et alors la suite ... de l'ISS à la station Chinoise abandonnée pour trouver une autre capsule, où là pour le coup tout est écrit en Chinois, jusqu'au retour sur Terre ... non, là j'ai clairement décroché avec le sentiment d'avoir été prise pour une idiote.
L'histoire aurait dû rester crédible, je suis d'autant plus surprise que la NASA a fourni de la documentation.
Je n'ai rien à redire sur le personnage de Ryan, qui est seul une bonne partie du film, ce qui n'a sans doute pas été évident pour Sandra Bullock de tourner dans de telles conditions, car ce personnage présente des aspects très intéressant : femme meurtrie en tant que mère, son passé explique son attitude, j'ai été agréablement surprise par la profondeur de ce personnage.
Ni sur la performance de Sandra Bullock, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu cette actrice dans un rôle "sérieux", c'est-à-dire hors d'une comédie romantique.
La mise en scène est également très artistique, visuellement il y a de très belles scènes entre les personnages dans l'espace et la Terre (bien qu'il y ait une incohérence par rapport aux distances, dans la réalité les stations spatiales sont bien plus hautes que ce qui est dit dans le film) cela n'a pas dû être évident à faire et l'on sent qu'il y a eu un gros travail derrière, une nouvelle fois dommage que l'histoire perde en crédibilité car il y avait matière à créer encore plus de suspens dans une histoire qui aurait tenu la route, ceci incluant la fin à laquelle je n'adhère pas du tout même si je peux comprendre la logique par rapport au personnage de Ryan et à la symbolique que cela représente.
Il y a d'ailleurs beaucoup de symboles derrière cette histoire, la métaphore était belle et réussie mais elle ne dure malheureusement que 45 minutes, je n'ai pour ma part pas été séduite par le parti-pris du réalisateur pour la suite et ce n'est clairement pas ce que j'attendais, mais ceci n'est que mon ressenti personnel.


"Gravity" est un film qui m'a laissée quelque peu sceptique, après une première partie prenante la suite tourne à l’invraisemblable, dommage car cela aurait pu être un grand film de science fiction.


     
     

     
     

mercredi 16 mars 2016

Mustang de Deniz Gamze Ergüven

     
     
C'est le début de l'été. Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger. Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées. (AlloCiné)


Mustang et moi au cinéma, c’est un rendez-vous loupé à deux reprises, pourtant j’étais assez curieuse de voir ce film dont tout le monde en dit le plus grand bien.
Pour être tout à fait honnête, lorsque j’ai lu le pitch du film j’ai immédiatement pensé à "Virgin Suicides" de Sofia Coppola et effectivement, "Mustang" a un faux air de "Virgin Suicides" Turque, mais pas que.
Elles sont cinq sœurs, c’est le début de l’été et la fin des cours, aussi en rentrant de l’école elles vont jouer avec des garçons au bord de la mer, à se jeter de l’eau, à faire des batailles fille contre fille, chacune sur les épaules d’un garçon.
Vivant avec leur grand-mère (les parents sont morts il y a plusieurs années), le village s’empresse bien entendu d’aller lui rapporter ce qu’ils ont vu, et c’est le scandale.
Les cinq sœurs se retrouvent enfermées, la maison familiale se transforme au fur et à mesure en véritable prison : rehaussement des murs, barrières aux fenêtres, tandis que les cours de cuisine remplacent les leçons d’école et que les mariages comment à s’arranger.

Mais les cinq sœurs ne sont pas décidées à en rester là et bientôt elles trouvent des subterfuges pour détourner les limites que l’on cherche à leur imposer.


Cette histoire de jeunes filles se retrouvant prisonnières de leur domicile et de leur famille n’est pas une première au cinéma, sauf qu’ici l’histoire se déroule à notre époque en Turquie.
Il y a un problème générationnel et de coutume, le spectateur comprend bien que la grand-mère n’est pas hyper stricte et que jusqu’à présent elle avait laissé les cinq filles plutôt libres de mouvements.
Mais voilà que le restant masculin de la famille s’en mêle, il faut enfermer ces filles, comme si cela allait leur couper les ailes, les éduquer à devenir de bonnes cuisinières, des femmes humbles faisant de parfaites épouses, comme si cela allait suffire pour supprimer des années de liberté.
Lale est la plus jeune des sœurs et c’est à travers ses yeux que le spectateur va suivre l’histoire et l’évolution de cette fratrie.
Mais c’est aussi la plus déterminée, la plus farouche et en un sens la plus émancipée des sœurs, sans nul doute la plus attachante.
Très vite on sent qu’il y a un drame sous-jacent, qu’à un moment donné toute cette parfaite comédie si bien rôdée va voler en éclat, mais quand ?
Il y a une tension qui se crée, le spectateur sent bien que l’une de ces jeunes filles va exploser en plein vol, mais laquelle.
Alors il cherche, il émet des hypothèses, et puis petit à petit il devine.
Et ce n’est pas pour autant que lorsque le drame arrive il en est moins douloureux.
L’atmosphère finit à un moment donné par être étouffante, la vie se résume aux murs de la maison, c’est l’été et il fait chaud, mais il faut rester enfermer.
Pour son premier long métrage, Denis Gamze Ergüven a su manier habilement sa caméra, elle arrive à sublimer ces jeunes filles, à les faire briller au milieu de tant de noirceur d’étroitesse d’esprit, à leur donner un côté sauvage tel l’animal qui donne son titre au film, mais sa mise en scène est à mes yeux un peu trop classique et manque d’une certaine forme d’audace et de prise de risque.

J’attends donc de voir sa prochaine réalisation pour constater si cette réalisatrice a su prendre définitivement son envol et marquer de son empreinte le renouveau du cinéma Turque.


Il n’en demeure pas moins que "Mustang" est un beau portrait de jeunes femmes qui tels des mustangs, ces chevaux fougueux et indomptables, ne se laissent pas faire et cherchent à s’émanciper et à gagner leur liberté, à n’importe quel prix.



vendredi 11 mars 2016

Crazy Amy (Trainwreck) de Judd Apatow

     
     
Depuis sa plus tendre enfance, le père d’Amy n’a eu de cesse de lui répéter qu’il n’est pas réaliste d’être monogame. Devenue journaliste, Amy vit selon ce crédo – appréciant sa vie de jeune femme libre et désinhibée loin des relations amoureuses, qu’elle considère étouffantes et ennuyeuses ; mais en réalité, elle s’est un peu enlisée dans la routine. Quand elle se retrouve à craquer pour le sujet de son nouvel article, un brillant et charmant médecin du sport nommé Aaron Conners, Amy commence à se demander si les autres adultes, y compris ce type qui semble vraiment l’apprécier, n’auraient pas quelque chose à lui apprendre. (AlloCiné)


Lorsqu’elles étaient petites, Amy (Amy Schumer) et sa sœur Kim (Brie Larson) ont écouté inlassablement leur père leur répéter qu’il n’était pas réaliste d’être monogame.
C’est pourquoi désormais adultes Kim vit sagement rangée avec son gentil mari et son charmant beau-fils qui l’appelle d’ailleurs maman tandis qu’Amy, elle, applique à la lettre les préceptes de leur père : elle boit, elle couche, elle jette les mecs comme des kleenex.
Mais voilà, à l’occasion d’un article qu’elle doit rédiger elle rencontre le jeune, beau et talentueux médecin du sport Aaron Conners (Bill Hader) pour qui elle craque sérieusement.
Même que c’est réciproque.

Et même qu’Amy commence à se demander si elle n’a pas tort de vouloir s’obstiner dans son style de vie et que les autres adultes ont peut-être quelque chose à lui apprendre.


Là aussi je voulais voir le film à sa sortie et ce fut un loupé, tout simplement parce qu’il n’a pas été diffusé par chez moi.
La raison première était que je voulais voir ce qu’Amy Schumer donnait comme actrice dans un long métrage, ayant eu l’occasion de l’apprécier à travers ses sketchs résolument ancrés dans l’ère actuelle et à l’humour plutôt décapant.
Je voulais aussi tester une comédie signée de Judd Apatow, depuis le temps que j’en entends parler.
Par la même occasion j’ai pu voir à l’écran pour la première fois la toute récente lauréate d’un Oscar de la meilleure actrice, je parle bien entendu de Brie Larson.


Côté humour j’ai souri, pas forcément dans la première partie car j’avoue être loin de mener le style de vie débridée d’Amy mais plutôt dans la deuxième, mais je n’ai pas non plus ri  aux éclats.
A moins que certaines subtilités de l’humour au second degré m’aient échappé.
Je reprocherai toutefois à ce film d’être un peu trop long et de tomber à un moment donné un peu trop dans la côté romantique de l’histoire.
Avant d’y réintroduire un retournement de situation qui a d’ailleurs été le bienvenu car il a permis de redonner un nouveau souffle à l’histoire.
Il y a pas mal de références très Américaines, notamment la présence de sportifs et les incontournables cheerleaders, je suis partagée sur le fait que cela passe aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis, par contre ce film représente une certaine forme d’actualité car des Amy, on en connaît tous au moins une.
Judd Apatow a choisi de confier le scénario à Amy Schumer, je me demande d’ailleurs jusqu’à quel point cette histoire est autobiographique, hormis les quelques reproches formulés au-dessus ça marche plutôt bien.
Et j’ai été agréablement surprise par Amy Schumer, loin des clichés de la belle fille réussissant tout ce qu’elle entreprend elle présente au contraire l’image d’une fille mignonne mais sans plus qui est surtout parfaitement à l’aise dans son corps et bien dans sa peau (un peu moins dans sa tête).
Voilà une image qu’il est important de véhiculer, loin des filles sveltes se nourrissant d’une feuille de salade et dont le drame de leur vie est de passer du 34 au 36.
Amy Schumer dégage un quelque chose dans ses sketchs, il en va de même à l’écran et à mon avis elle pourrait exceller dans ce genre de comédie assez grinçante.
Voire même damer le pion aux rois du genre comme des Steve Carell ou Adam Sandler.
Face à elle Bill Hader a été une révélation, je ne connaissais absolument pas cet acteur, et j’ai plutôt apprécié le jeu d’actrice de Brie Larson.

Par contre je suis partagée sur l’affiche du film, ça ne donne pas une bonne image du personnage d’Amy ni franchement envie d’aller voir le film.


"Crazy Amy" est une comédie sympathique et divertissante qui vaut surtout le coup d’être vu pour la truculente Amy Schumer.


     
     

     
     


jeudi 3 septembre 2015

Jeremiah Johnson de Sydney Pollack



Jeremiah Johnson, fuyant la violence du monde civilisé, s'enfonce dans les Montagnes Rocheuses. Confronté à un environnement qu'il ne connaît pas, il doit également faire face à la révolte des Indiens. Décidé à assouvir une vengeance, il fera lui aussi appel à la violence. (AlloCiné)


"Jeremiah Johnson", ça commence par une chanson qui parle justement dudit Jeremiah Johnson parti vivre dans les Montagnes Rocheuses pour fuir le monde civilisé (apparemment ça a été très tendance pendant un moment de commencer les films avec une chanson en lien avec le sujet ou un personnage).
Pourquoi ?
Le scénario reste assez flou sur la réponse, j’ai compris pour ma part qu’il fuyait les combats de la Guerre de Sécession mais je peux tout aussi bien m’être plantée (notez que mon père, avec qui j’ai regardé le film, a compris la même chose. Soit on a raison soit on s’est planté tous les deux. Remarquez, j’attends encore l’avis de mon chien sur la question, puisque en fait nous étions tous les trois sur le canapé à regarder le film.).
"Jeremiah Johnson", ce ne sont que des plans avec Robert Redford, qui en soit n’est pas désagréable à regarder, qui une fois porte la barbe, puis se la rase, puis reporte la barbe.
Sinon il n’est pas vêtu de peaux de bêtes, mais pas loin, et il chasse, il trappe, il construit une cabane, il se retrouve flanqué d’un garçon muet après une attaque d’Indiens, puis d’une Indienne que son père lui a gentiment fait épouser pour le remercier d’un cadeau qu’il lui avait fait (donc le cadeau plus beau que celui de Jeremiah Johnson, c’était sa fille. Ne nous offusquons pas : l’époque, les coutumes, toussa, toussa.
Disons qu’à un moment donné Jeremiah Johnson met les pieds où il n’aurait pas dû, les Indiens se vengent, donc il se venge ensuite des Indiens.


Je n’ai pas été assourdie par les dialogues, il n’y en a quasiment aucun.
C’est un film très contemplatif.
Trop.
Et je ne peux même pas dire que les paysages sont magnifiques, ils sont beaux mais ils ne m’ont pas éblouie et ne m’ont surtout pas donné envie de vivre en ermite dans les Montagnes Rocheuses.
Remarquez, "Into the Wild" avait déjà vacciné pas mal de monde dans leur envie de retour à la nature sans rien d’autre que leur débrouillardise pour survivre.
Le jeu de Robert Redford n’est pas trop mal, mais ce n’est pas son meilleur film, loin de là.
D’ailleurs, ce n’est pas non plus le meilleur film de Syndey Pollack que j’ai connu plus inspiré.
En fait, c’est un film qui a très mal vieilli, la pellicule s’est dégradée, les images ont vieilli, tout comme le jeu des acteurs et le parti pris d’absence quasi-totale de dialogues, et par la même occasion de scénario, a peut-être eu du succès en son temps mais aujourd’hui le résultat est plutôt ennuyeux et ne soulève que des questions sans apporter de réponses.
Et entre nous, les Indiens ne faisaient pas vraiment Indiens, Robert Redford pas franchement ermite (certes, il y a la barbe, mais il reste bien coiffé du début à la fin du film), si l’illusion a pris en 1972 elle s’est depuis lors estompée.



"Jeremiah Johnson" est un film qui a mal vieilli, pas vraiment western et pas vraiment film naturaliste, je ne le conseille franchement pas et j’invite plutôt à voir ou à revoir le merveilleux "Out of Africa" du même réalisateur avec Robert Redford dans un rôle qui fait nettement plus rêver, voire se pâmer, la gente féminine.

vendredi 28 août 2015

Le chat du rabbin de Joann Sfar et Antoine Delesvaux



Alger, années 1920. Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges. Le rabbin veut l'éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est prêt à tout pour rester auprès d'elle... même à faire sa bar mitsva ! Le rabbin devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque ! Une lettre apprend au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en français. Pour l'aider, son chat commet le sacrilège d'invoquer l'Eternel. Le rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe en quête d'une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la route coloniale... (AlloCiné)


Jusqu’alors, je n’avais lu que les deux premiers tomes de la bande dessinée, je me suis donc lancée dans son adaptation en dessin animé.
L’histoire est fidèle aux deux premiers tomes (pour le reste je ne peux pas dire car pas lu) mais je me suis ennuyée vers le milieu.
En effet, ça démarre bien et ça cale au milieu, ça perd en humour, le chat devient moins drôle alors que jusque-là ses remarques étaient savoureuses de justesse et de finesse, mais ça finit par manquer de rythme, ça s’éternise dans le désert et ça se finit en queue de poisson (ironique quand le personnage principal est un chat).


Les premières remarques du chat (oui, il parle, il a mangé un perroquet) sont justes, notamment ses questionnements sur la religion, mais vers le milieu du film le chat ne fait plus qu’enfoncer des portes ouvertes, il n’apporte plus rien à l’histoire et aux personnages qui l’entourent.
Et entre nous, je n’ai pas du tout aimé l’animation, pas très réussie à mon goût, et par ricochet les traits de dessins (alors qu’ils ne m’avaient pas gêné au cours de ma lecture).
Je préfère nettement la bande dessinée à son adaptation, ce sont deux domaines bien différents et Joann Sfar a pour moi raté l’adaptation de sa bande dessinée.
Il a sans doute voulu être trop fidèle à l’histoire et aux dialogues d’origine et a oublié d’insuffler un rythme aux images, ce qui n’est pas problématique pour une bande dessinée mais beaucoup plus pour un film d’animation.


"Le chat du rabbin" est un dessin animé médiocre à mes yeux, une adaptation ratée, et j’ai connu Joann Sfar bien plus inspiré.

L’animation ne m’a pas convaincue, je continuerai plutôt à découvrir la bande dessinée.

samedi 22 août 2015

Les femmes du Bus 678 de Mohamed Diab



Fayza, Seba et Nelly, trois femmes d’aujourd’hui, aux vies totalement différentes, s’unissent pour combattre le machisme impuni qui sévit au Caire dans les rues, dans les bus et dans leurs maisons. Déterminées, elles vont dorénavant humilier ceux qui les humiliaient. Devant l’ampleur du mouvement, l’atypique inspecteur Essam mène l’enquête. Qui sont ces mystérieuses femmes qui ébranlent une société basée sur la suprématie de l’homme ? (AlloCiné)

"Les femmes du bus 678" ne reprend ni plus ni moins que des faits réels.
Il aura fallu attendre 2008 pour qu’une femme porte plainte contre l’homme qui l’avait agressée sexuellement et réussisse à le faire condamner.
Mais porter une telle accusation dans un pays comme l’Egypte c’est prendre beaucoup de risques : celui de ne pas être crue, d’être abandonnée par tous à commencer par sa famille, c’est subir les pressions des autres qui cherchent à minimiser l’incident, bref, c’est un parcours du combattant.
Et c’est ce combat que relate le film à travers trois femmes d’aujourd’hui : la jeune Nelly qui se fera agresser et osera porter plainte, Fayza la femme mariée et voilée qui subit tous les jours ces agressions dans le bus sans rien dire jusqu’au jour où elle en a assez et décide de se venger, et enfin Seba, la femme issue d’un milieu aisé qui ne s’est jamais remise d’une agression sexuelle et qui a quitté son mari et lutte désormais en sensibilisant les femmes à parler de ses agressions et à ne plus se laisser faire.


Le harcèlement sexuel en Egypte n’est plus un sujet tabou, enfin presque plus.
Je revois encore un reportage d’Envoyé Spécial qui abordait ce sujet, le dégoût, la révolte qui m’ont envahie de voir ces femmes victimes d’attouchements voire plus de la part d’hommes qui n’hésitent pas à les traquer comme des bêtes et qui agissent en toute impunité, profitant des mouvements de foule pour entrer en contact avec leurs proies.
C’est un peu tout cela que j’ai vu dans ce film, sauf que cette fois-ci il était réalisé par un homme, un Egyptien, et non par des Européens.
Le pari était risqué de réaliser un film de femmes par un homme, mais Mohamed Diab ne porte à aucun moment un regard accusateur sur ses héroïnes, il se contente de rapporter les faits, sans chercher à les minimiser mais bien à les rapporter de façon crue et sans complexe.
L’autre atout de ce film, c’est que le réalisateur a bien su retranscrire à l’écran que ce n’est pas la religion Musulmane qui est la cause de tels comportements, mais bien des problèmes économiques.
Pour ceux qui voudraient faire des raccourcis religieux, mieux vaut passer votre chemin et ne pas prendre le problème par le mauvais bout de la lorgnette.
Et il en va de même pour le mari qui refuse de voir sa femme après qu’elle ait été agressée, c’est le côté traditionnel qui ressort, il ne doit rien arriver à ta femme, ce n’est pas dans l’ordre des choses.
En tant que femme, j’ai été énormément touchée par ce film et l’histoire qu’il raconte.
Oui c’est révoltant et inacceptable que des femmes soient réduites à des objets que l’on peut caresser, tripoter et manipuler sans être inquiété le moins du monde.
Et oui, j’ai trouvé admirable et extrêmement courageux la révolte de ces trois femmes et le combat dans lequel elles se lancent.
Quant aux actrices, leur jeu est tout simplement magnifique, elles m’étaient totalement inconnues jusqu’alors mais renseignements pris, Bushra Rozza qui interprète Fayza est dans le civil une chanteuse très populaire en Egypte qui n’a pas hésité à se grimer pour le rôle, à tel point que beaucoup de personnes ne l’ont pas reconnue sur l’affiche du film.


"Les femmes du bus 678" fait partie de ces films militants qu’il est nécessaire de voir au moins une fois, ne serait-ce que pour élargir ses horizons cinématographiques mais surtout pour l’histoire qu’il raconte et la formidable interprétation de ces trois actrices.

samedi 15 août 2015

Les adieux à la reine de Benoît Jacquot



En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide, nobles et serviteurs s’enfuient… Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés. (AlloCiné)


Voilà un film concentré sur une courte période : trois jours, mais trois jours qui marqueront à jamais l’Histoire puisque précédant la prise de la Bastille et le début de la Révolution Française.
Sidonie Laborde est la lectrice de Marie-Antoinette, une reine et une femme qui la fascine.
Des évènements extérieurs, elle n’en a cure, seul compte pour elle de faire plaisir à la reine.
Si seulement elle savait que d’ici peu elle va devoir quitter cette reine et lui dire adieu.


D’ordinaire, la Révolution Française est montrée du point de vue du peuple.
Ici, c’est uniquement de celui de la noblesse et plus particulièrement de la Cour de Versailles.
D’ailleurs, je félicite Benoît Jacquot qui n’a pas hésité à filmer réellement à Versailles et non dans une reconstitution.
Certes ce n’est pas le même prix, mais le rendu à l’écran est authentique.
Il y a beaucoup de femmes et peu d’hommes dans ce film, ils ne sont pas importants, ils n’agissent pas, ils ne réalisent pas encore ce qui va leur arriver.
Il y a tout d’abord le personnage rugueux et mystérieux de Sidonie Laborde, interprété avec brio par Léa Seydoux.
Cette femme, c’est ce que l’on appelle aujourd’hui une groupie, elle vit sa vie par procuration prête à tout sacrifier pour l’amour aveugle et démesuré qu’elle porte à son idole, la reine Marie-Antoinette.
Il y a ensuite la reine, interprétée par une Diane Krüger très inspirée, qui n’a pas vraiment cure de sa lectrice mais qui par contre porte un amour démesuré à son amie Gabrielle de Polignac, interprétée par Virginie Ledoyen que j’ai retrouvée enfin dans un bon rôle.
Et qui est prête à tout pour sauver son amie des temps sombres qu’elle voit venir.
Car la reine est bien plus consciente que le roi que ceci n’est que le début d’une période trouble et que le pire est non seulement à craindre mais aussi à venir.
Et pour orchestrer le ballet des dames de compagnie, il y a Madame Campam, interprétée par Noémie Lvovsky.


J’aime beaucoup le principe de cette histoire et les personnages, sur une césure qui marque la fin d’une époque et le début d’une nouvelle qui reste un mystère.
Outre le choix judicieux des actrices, il y a la mise en scène de Benoît Jacquot, tout simplement admirable, magnifique, avec l’utilisation importante de la technique de caméra portée, et extrêmement esthétique.


"Les adieux à la reine" est un très beau film de benoît Jacquot passé un peu trop inaperçu au moment de sa sortie qui vaut à la fois pour l’histoire mais également la mise en scène et le jeu des actrices.





lundi 10 août 2015

L'affaire Rachel Singer (The Debt) de John Madden



En 1965, trois jeunes agents du Mossad -Rachel Singer, David Peretz et Stephan Gold- orchestrent la traque et la capture du tristement célèbre "chirurgien de Birkenau" dans le but de le transférer en Israël où il sera jugé pour ses crimes passés. Mais le détenu tente de s’enfuir et la mission s’achève avec la mort du criminel nazi dans les rues de Berlin-Est. Les trois agents rentrent en Israël où ils sont accueillis en héros.
30 ans plus tard, Rachel est toujours célébrée dans son pays comme un modèle de dévouement et de courage. Et sa fille publie un livre qui relate toute la mission du trio, de l’identification à l’enlèvement, puis à la séquestration du médecin nazi à l’ombre du Mur de Berlin. Mais bien des choses se sont passées depuis. Rachel et Stephan ont été mariés et ont divorcé. Et David n’est toujours pas en paix avec lui-même ni avec Rachel. Un sentiment de doute et d’incertitude plane sur le trio.
Quand Stephan révèle à Rachel l’existence d’un vieil homme en Ukraine qui prétend être le véritable "chirurgien de Birkenau", la possibilité d’une compromission lors de la mission à Berlin-Est et d’un secret qui durerait depuis 30 ans émerge soudain. Rachel reprend le chemin de l’Europe de l’Est. Hantée par ses souvenirs, elle va devoir affronter les traumatismes du passé et enfin s’acquitter de la dette qu’elle a contractée tant d’années auparavant. (AlloCiné)


Qu’est-ce qu’il est bavard ce résumé et qu’est-ce qu’il en dit trop sur l’intrigue du film !
Passons sur ce détail pour s’attarder plus particulièrement sur le film.
Tout d’abord, il s’agit du remake d’un film Israélien de 2007 : "La dette", d’Assaf Bernstein.
Je n’avais entendu parler ni de l’un de l’autre au moment de leur sortie, c’est à l’occasion de la diffusion de "L’affaire Rachel Singer" à la télévision que j’ai pu le voir.
C’est un bon film d’espionnage cohérent, qui s’inspire d’une opération célèbre du Mossad qui échouât à capturer Josef Mengele, le cruel médecin d’Auschwitz-Birkenau, qui participât au gazage de déportés et réalisât des expérimentations médicales sur des victimes de la Shoah.


Le scénario comporte de nombreux rebondissements dont certains sont même inattendus, il ne faut pas forcément se fier aux images que l’on voit, c’est tout ce que je peux en dire.
Le film est constitué de situations présentes et de flashbacks sur l’opération faite par trois agents du Mossad dans Berlin Est.
La reconstitution de cette ville dans l’après-guerre est particulièrement bien faite, les images sont plutôt sombres et noires, en totale adéquation avec le scénario et l’humeur des personnages.
Car au-delà de cette histoire d’espionnage, la véritable réussite de ce film c’est de laisser transparaître les émotions des personnages rongés par la culpabilité et le poids du secret qu’ils traînent avec eux depuis 30 ans.
Les personnages, à commencer par Rachel Singer, sont tous habités de sentiments complexes, ils sont plutôt renfermés, secrets, ils donnent l’impression d’être là sans l’être tout à fait, de vivre tout en ayant une partie d’eux-mêmes morte.
Et cela ne tient pas qu’à leur situation à la sortie de la guerre où certains comme David ont perdu toute leur famille dans les camps de la mort.
C’est autre chose qui les ronge de l’intérieur et occupe leur esprit, un secret qu’ils ont gardé pendant 30 ans et qui menace aujourd’hui d’exploser à la face du monde.
Les acteurs se sont vraiment mis dans la peau de leur personnage et ils arrivent très bien à retranscrire les émotions à l’écran.
Maintenant, je trouve aussi que ce film souffre de quelques faiblesses, à commencer par une fin un peu trop ouverte.
Le réalisateur a ouvert la boîte de Pandore mais sans en assumer les conséquences et sans les montrer à l’écran.
C’est un peu dommage, le film s’arrête presque en plein vol.
Ensuite, si j’ai trouvé les acteurs particulièrement bons, notamment Jessica Chastain et Helen Mirren dans le rôle de Rachel Singer jeune / âgée, j’ai remarqué qu’hormis pour ce personnage il y avait trop de différences physiques entre les acteurs les incarnant jeunes et plus âgés.
Limite les acteurs interprétant David et Stephan jeunes font plus vieux que les suivants.
Ça manque de cohérence dans le casting et j’ai trouvé que ça se voyait à l’écran.



Il n’en demeure pas moins que "L’affaire Rachel Singer" est un bon film d’espionnage à rebondissements qui mérite d’être vu au moins une fois, ne serait-ce que pour le jeu de Jessica Chastain. 







jeudi 6 août 2015

Le dernier train de Gun Hill (The Last Train from Gun Hill) de John Sturges


Le shérif Matt Morgan s'est juré de retrouver les assassins de sa femme. Il découvre que l'un d'entre eux est le fils de son vieil ami Craig Belden. Mais celui-ci refuse de le livrer... (AlloCiné)


Rick Belden et son comparse pensaient qu’ils n’attaquaient, violaient et tuaient qu’une simple Indienne, dont la vie ne valait pas grand-chose et qui ne manquerait à personne.
Le souci, c’est que cette femme était mariée au shérif Matt Morgan, et que celui-ci est bien décidé à retrouver les assassins de sa femme et à les livrer à la justice.
L’autre souci, c’est que Rick Belden est le fils de Craig Belden, l’un de ses vieux amis, un homme puissant qui n’est absolument pas décidé à livrer son fils à la justice et à une mort certaine.
Matt Morgan arrivera-t-il ou non à prendre le dernier train au départ de Gun Hill avec les assassins de sa femme ?


"Le dernier train de Gun Hill" est un western très classique qui reprend le thème d’un shérif bien décidé à traduire des criminels, en l’occurrence ceux qui ont assassiné sa femme, devant la justice.
Mais il y a Kirk Douglas et Anthony Quinn, et ça fait la différence.
Il faut aussi noter que c’est un western en technicolor, et que le film n’a pas trop mal vieilli, il se regarde avec plaisir sans donner l’impression de voir défiler des cartes postales au ton sépia.
La mise en scène est réussie et si le scénario est largement prévisible et sans réelle surprise, le plaisir de voir ce film tient aux deux grandes têtes d’affiche que sont Kirk Douglas et Anthony Quinn, qui excelle comme bien souvent dans un rôle de salaud.
Il n’y a pas à chercher bien loin, ce film condense toutes les ficelles d’un western, mais c’est bien réalisé et bien interprété, donc ça reste très plaisant à voir pour un film de ce genre.
Je préfère en tout cas nettement plus ce genre d’intrigue à d’autres du western, sans doute est-ce mon côté justicière qui ressort, mais le personnage de Matt Morgan se met facilement les spectateurs de son côté, et ça ne canarde pas dans tous les sens à tout bout de champ, c’est plus un western psychologique que spaghetti, et ça me convient bien mieux.
Et qui dit western dit évidemment musique, elle est ici composée par Dimitri Tiomkin, décidément un habitué des belles musiques de western.


"Le dernier train de Gun Hill" est un western classique que je qualifie de psychologique, il se regarde toujours avec plaisir, ne serait-ce que pour voir s’affronter à l’écran Kirk Douglas et Anthony Quinn.

C’est un film de genre que je vous conseille.

jeudi 30 juillet 2015

Le train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann



Alors qu'il s'apprête à démissionner de ses fonctions de shérif pour se marier, Will Kane apprend qu'un bandit, condamné autrefois par ses soins, arrive par le train pour se venger. Will renonce à son voyage de noces et tente de réunir quelques hommes pour braver Miller et sa bande. Mais peu à peu, il est abandonné de tous... (AlloCiné)


"Le train sifflera trois fois" est un film sur la lâcheté ordinaire.
Il suffit de le transposer à notre époque et le scénario fonctionne toujours.
C’est l’histoire d’un homme qui va se retrouver seul, qui va douter, être enfermé dans sa solitude et abandonné par tous : amis, mentor, femme, ex-amante, mais qui va rester droit dans ses certitudes ; un homme, un vrai.
J’aime beaucoup son attitude à la fin car il a enfin compris qu’il ne méritait pas de rester et que les habitants ne le méritaient pas plus, lui seul a gardé ses convictions tandis que les autres se sont barricadés chez eux, ont fui leur responsabilité en reportant à demain ce qu’ils pouvaient faire le jour même, en refusant de prendre leurs responsabilités et d’aider un homme qui était dans le besoin et qui jusqu’à présent les avait défendu et leur avait offert de vivre dans le calme, la sécurité.
Ce n’est pas vraiment un western, d’ailleurs John Wayne n’aimait pas ce film (si vous n’aimez pas John Wayne il y a donc de fortes chances pour que vous l’appréciez).
C’est un film qui joue sur la psychologie et les nerfs.
Il y a une tension qui se met en place, il est beaucoup question de Frank Miller mais il faut attendre près des trois-quarts du film pour voir à quoi il ressemble et ce dont il est capable.
Ce que je reproche au film, c’est qu’il y a une vraie tension qui s’instaure, le spectateur commence à attendre impatiemment la scène de confrontation tant attendue, mais finalement elle est exécutée trop rapidement alors que la tension nerveuse était à son comble.
Le titre original est un peu plus évocateur que sa traduction en Français et retranscrit d’ailleurs plus cette tension nerveuse.
C’est un western en noir et blanc, mais cela n’est pas gênant.
Ce film vaut aussi le coup d’œil pour ses acteurs, avec Gary Cooper dans le rôle de Will Kane, la douce Grace Kelly dans le rôle d’Amy Kane, sa toute jeune épousée, et Katy Jurado dans le rôle de Helen Ramirez, l’ancienne maîtresse de Will Kane.
Je n’irai pas jusqu’à dire que les femmes sont mises à l’honneur, mais elles font en tout cas preuve de plus de courage que bien des hommes et ont plus de caractère.
Elles sont l’opposée l’une de l’autre mais trouvent un terrain d’entente, c’est là aussi une confrontation intéressante à voir.
Et bien entendu, je ne peux pas finir sans parler de la musique de Dimitri Tiomkin, avec cette chanson (signée aussi par John William) lancinante reprises moultes fois dans le film et qui a fini par devenir un air célèbre dans le monde entier : "Si toi aussi tu m’abandonnes …".


"Le train sifflera trois fois" est un film qui se regarde avec toujours autant de plaisir et dont la trame de fond est non seulement universelle mais toujours d’actualité et pourrait tout aussi bien se passer de nos jours.

Et puis cela donne l’occasion de voir un film avec Gary Cooper, une grande figure du cinéma de Hollywood dans les années 30 à 50.

lundi 8 juin 2015

L'odyssée de Pi d'Ang Lee



Après une enfance passée à Pondichéry en Inde, Pi Patel, 17 ans, embarque avec sa famille pour le Canada où l’attend une nouvelle vie. Mais son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il se retrouve seul survivant à bord d'un canot de sauvetage. Seul, ou presque... Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale est aussi du voyage. L’instinct de survie des deux naufragés leur fera vivre une odyssée hors du commun au cours de laquelle Pi devra développer son ingéniosité et faire preuve d’un courage insoupçonné pour survivre à cette aventure incroyable. (AlloCiné)


Pi et un tigre sont sur un bateau, qui des deux tombera à l’eau ?
Je n’avais pas été voir ce film au moment de sa sortie en salle car je craignais les longueurs, près de 3 heures à suivre Pi et un tigre sur un bateau, je me demandais bien ce qu’il pouvait y avoir d’autres dans ce film.
Heureusement, il n’y a pas que ça, il y a aussi l’enfance de Pi Patel en Inde, le zoo de ses parents, et Pi adulte qui raconte son histoire à un écrivain souffrant du syndrome de la page blanche.
Malheureusement, il y a quand même beaucoup de longueurs sur la fameuse odyssée de plus de deux cents jours de Pi et du tigre Richard Parker.


Visuellement, ce film est magnifique, il mêle les images réelles à celles de synthèse, c’est une réussite sur toute la ligne bien que parfois la beauté des images frôle l’économiseur d’écran d’ordinateur.
J’ai aimé le travail fait que la qualité des images, les contrastes dans les couleurs, ainsi que sur le tigre qui s’amaigrit au fur et à mesure qu’il n’a plus rien à manger (c’est un peu moins visible sur Pi par contre).
Les plus belles scènes sont bien entendues celles en mer, je pense particulièrement à celle avec les poissons volants.


L’autre aspect que j’ai apprécié dans ce film, c’est toute la psychologie de l’histoire : Pi propose une première version de son histoire, la fameuse avec le tigre, qu’il développe longuement ; puis il en expose aussi une autre qui au lieu de mettre en scène des animaux fait intervenir des personnes réelles.
Chaque animal correspond à une personne et vice-versa, alors laquelle choisit-on de croire ?
Pour ma part je choisis le rêve avec le jeune homme et le tigre, mais les deux ont une certaine forme de crédibilité.
Maintenant, j’ai aussi trouvé que ce film souffrait de longueurs : des scènes bien trop longues, une partie trop importante dédiée à la dérive sur les océans du canot, l’arrivée d’une île avec des mangoustes qui devient toxique la nuit – là je me demande ce que ça vient faire dans l’histoire et ce que ça lui apporte (hormis de la nourriture pour Pi et Richard Parker ainsi que de l’eau potable), et une fin vite expédiée.
Le film dure près de 3 heures, le spectateur n’était plus à 5 minutes près pour le coup.
Au bout d’un moment le côté enchanteur devient lassant, ce film condense à lui seul les qualités et les défauts d’un film grand spectacle mêlant réalité et fiction.
Ang Lee est un habitué des films longs mais cela ne le sert pas toujours, quant au choix des interprètes des différents personnages, je les ai trouvés tous justes dans leur composition.



"L’odyssée de Pi" d’Ang Lee est une fable zoologique qui souffre de quelques longueurs mais reste tout de même un film à grand spectacle et effets spéciaux à voir au moins une fois pour en savourer la beauté.