vendredi 3 janvier 2020

Les hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec

       
     

Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies. (AlloCiné)


Je n'avais pas lu le roman de Yasmina Khadra avant d'aller voir ce film (c'est chose faite depuis), mais j'en connaissais les très grandes lignes de l'histoire.
Le pari était audacieux : comment réussir à adapter un roman aussi dur et fort ?
Et bien par le biais du dessin animé, plus particulièrement grâce à des dessins faits à l'aquarelle, une façon d'atténuer la dureté de l'histoire et du devenir des personnages, sans pour autant perdre le message principal de l'histoire.
C'est aussi une façon de rendre les images supportables.
Énorme travail de Zabou Breitman, mais surtout d'Eléa Gobbé-Mévellec, qui a oeuvré à l'animation sir "Ernest et Célestine".
Si le film n'est sorti que récemment, le travail derrière a nécessité près de trois ans, entre l'animation mais aussi l'enregistrement des voix et au préalable l'écriture du scénario.


En tant que femme j'ai été touchée par le personnage de Zunaira, cette professeur de dessin qui se retrouve enfermée chez elle et enfermée sous une burka lorsqu'elle sort de chez elle, interdite d'exercer sa profession, interdite de parler, de s'habiller comme elle le souhaite, de tenir la main de son mari en pleine rue et encore moins de l'embrasser, en somme, interdite de vivre.
Elle a un côté touchant de par les privations qu'elle subit mais aussi par son côté rebelle (mention spéciale à la chanson "Burka blue" du groupe Burka Band).
Même si j'ai deviné quelle tournure allait prendre le destin de Zunaira j'ai pris plaisir, et j'ai frissonné, à le suivre.
Les autres personnages m'ont aussi émue, les femmes bien évidemment, comme Mussarat, mais aussi certains hommes comme Atiq qui assistent à la négation de la liberté et tentent à leur façon de lutter contre ce régime obscurantiste.
Obscurantiste au point de lapider publiquement des femmes ou descendre les hirondelles sous prétexte que leur chant est nuisible.
N'oublions pas que cette histoire est inspirée de faits réels, que tout cela s'est passé il n'y a pas si longtemps que ça, dans un pays pas si loin que ça.
L'obscurantisme ne doit pas triompher, il est important de lutter contre, que l'expression de chacun demeure libre.
Voilà un film d'animation qui renvoie chacun face à ses convictions et ses engagements.


"Les hirondelles de Kaboul" est l'un des films d'animation les plus réussis de 2019, magnifique tant sur le fond que sur la forme.

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