samedi 28 juin 2014

Le top du chat de Philippe Gelluck


Le Top du Chat est un best of des gags du Chat que Philippe Geluck avait initialement composé pour le quotidien belge Le Soir (le journal où est né le Chat), dans un petit format comparable à la récente édition des « mini-Chats » proposés par Casterman. En voici une nouvelle édition, dans un format cartonné classique conforme aux autres volumes de la collection. Une manière particulièrement agréable de redécouvrir quelques-uns des meilleurs traits d’humour du félin le plus célèbre de la bande dessinée francophone. (Casterman)

Cet album est censé réunir les meilleurs moments du Chat, animal comique créé par Philippe Gelluck.
D'ordinaire, j'aime beaucoup ce genre d'humour, notamment celui un peu décalé et féroce du Chat, mais je dois reconnaître que cet album ne m'a pas enchantée outre mesure.
J'ai certes souri mais je n'ai pas ri aux éclats comme cela a pu déjà m'arriver.
Il y a quelques bons jeux de mots comme celui-ci : "Le concours hippique mais le fakir, lui, il ne s'en rend même pas compte !", mais il faut attendre plusieurs pages pour en avoir un digne de ce nom.
Il y a quelques dessins et mises en scène féroces, j'y ai retrouvé avec plaisir la patte de Philippe Gelluck, et quelques bonnes phrases du Chat : "Chaque seconde dans le monde quelqu'un dit une connerie mais pourquoi faut-il que ça tombe si souvent sur moi ?", ou encore de ses pensées profondes et philosophiques : "Dieu a créé l'homme à son image ... en un peu plus moche c'est tout.", mais il n'y a pas de quoi casser trois pattes à une souris.
J'émets des doutes quant à la sélection des meilleurs moments de ce personnage car certains ne reflètent absolument pas la truculence de cet animal et j'ai trouvé l'ensemble décousu.
Certes, un album du Chat n'a jamais vraiment de logique mais ici j'ai dû attendre plusieurs pages avant de trouver quelques bonnes plaisanteries, et les quelques pages pleines de dessins (par exemple celles sur les jeux de mots avec le cerf ou les hommes préhistoriques allant faire leurs courses chez Mammouth) n'ont pas vraiment rattrapé l'ensemble que j'ai tout de même pris du plaisir à lire mais pas autant que j'en espérais.
Je cherchais à me vider la tête en lisant cette bande dessinée et c'est chose faite, je n'en garderai toutefois pas un souvenir ému.

J'ai connu le Chat et son auteur plus inspirés, ce best-of n'en est pas vraiment un à mes yeux et  ne reflète pas fidèlement tout l'univers du "Chat".
"Le top du chat" peut sans doute convenir à des néophytes mais pour des amateurs plus éclairés il vaut mieux se rabattre sur les autres albums qui sont plus savoureux et plus mordants que celui-ci.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger


mercredi 25 juin 2014

Tintin au Congo de Hergé


A peine rentré d'URSS, Tintin repart pour le Congo. Sorcier du royaume des Babaoro'm, en lutte contre une bande de gangsters à la solde d'Al Capone, le plus célèbre de nos reporters sortira bien sûr triomphant de toutes ces aventures. Pour notre plus grand plaisir à tous. (Casterman)

"Tintin au Congo" est la deuxième aventure du jeune reporter, beaucoup moins médiatisée que les autres tomes elle n'a pas fait l'objet d'une adaptation en dessin animé et pour cause !
A lui seul ce volume dégoûterait quiconque de s'intéresser un tant soit peu aux aventures du jeune Tintin et de son fidèle chien Milou tant il prône le colonialisme et la violence avec les nombreux animaux morts.
Tintin, flanqué de Milou, part au Congo sous couvert d'effectuer des reportages, mais les ennuis commencent dès la traversée en mer.
C'est en véritable héros que Tintin est accueilli : il voyage sur une chaise à porteur et ce sont quatre Noirs qui le portent tandis qu'un jeune garçon est dédié à son service, en somme il a le comportement typique du colonialiste qui se considère chez lui et transforme la population locale en esclave.
Mais ce qui m'a le plus choquée, ce sont tous les sévices affligés aux animaux.
Tintin ne se rend pas au Congo pour des reportages mais plutôt pour chasser et ramener le maximum de trophées.
Tous les animaux ou presque y passent : éléphants, lions, rhinocéros (particulièrement atroce), et même un singé tué dans l'unique but d'être dépouillé de sa peau afin que Tintin puisse se déguiser pour récupérer Milou : "J'ai une idée ! Mais avant tout, découvrir un autre singe. En voilà un ! Feu sur lui ! Parfait ! Et maintenant, dépouillons-le de sa peau.".
Le Tintin humaniste et refusant l'utilisation d'armes à feu est bien loin, ici il tue avec plaisir et use et abuse de son arme et presque de sa position.
Quant à Milou, il est arrogant dans ses propos et dans son attitude.
Bien entendu, Tintin s'attire des ennuis : "Ce petit Blanc li a pris trop d'autorité. Bientôt, li Noirs n'écouteront plus moi, leur sorcier. Il faut en finir avec li petit Blanc.", il est poursuivi par un mystérieux homme, passager clandestin du navire, mais le lecteur ne comprend pas bien pourquoi Tintin était sa cible dès le début, d'ailleurs l'intrigue est reléguée au second plan.
C'est du soulagement que j'ai ressenti au moment où Tintin s'en va : "Adieu, Afrique, où il me restait encore tant de choses à voir !", et plutôt que d'endroits à voir il faut comprendre d'animaux à tuer pour agrandir ses trophées de chasse.
Malgré les dessins et les quelques tentatives d'humour mon impression est plus que mitigée sur ce tome que j'ai découvert mais que je ne relirai sans doute pas, ou alors dans très longtemps, et dans lequel je n'ai retrouvé aucune des qualités de cette série de bande dessinée.

Si la suite des aventures de Tintin avait dû être dans la continuité de ce tome, il est à parier que la série n'aurait pas connu le même succès voire même se serait arrêtée d'elle-même.
"Tintin au Congo" fait partie de la genèse des aventures du reporter et s'illustre fâcheusement en mettant en avant le colonialisme et en faisant l'apologie de la chasse aux animaux d'Afrique, il est sans doute nécessaire de lire ce tome ayant toujours fait polémique mais il faut aussi garder à l'esprit qu'il ne reflète absolument pas l'esprit de cette série.
Lu avec la nausée je préfère lire et relire les autres aventures nettement plus humanistes que celle-ci.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger


mardi 24 juin 2014

Top Ten Tuesday #54


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres dont vous ne supportez pas entendre de mauvaises critiques

Ne pas supporter est un bien grand mot car je pars du principe que toute opinion est libre et la bienvenue, du moment qu'elle soit argumentée.

1) "A défaut d'Amérique" de Carole Zalberg
2) "Jane Eyre" de Charlotte Brontë
3) "Les hauts de Hurlevent" d'Emily Brontë
4) "Rebecca" de Daphné du Maurier
5) "Dix petits nègres" d'Agatha Christie (ou de façon plus générale d'un roman policier d'Agatha Christie)
6) "Avec vue sur l'Arno" d'E.M Forster
7) La trilogie Flicka de Mary O'Hara
8) "Les quatre filles du docteur March" de Louisa May Alcott
9) L'oeuvre de la Comtesse de Ségur
10) L'oeuvre de Victor Hugo ! (pour certains râleurs/ses du bac de français qui se sont déchaîné(e)s sur Twitter ...)

dimanche 22 juin 2014

La fille de Paname Tome 1 : L'homme aux couteaux de Kas et Laurent Galendon


Paris 1897, ses monuments, ses lumières, ses bals populaires... Et ses Apaches, jeunes délinquants, qui hantent les rues et effraient l'honnête citoyen... 
A peine sortie de l'adolescence, Amélie rêve d'une vie différente de celle, harassante, qu'ont. connue ses parents. Mais le Paris des voyous et des macs n'offre que peu d'alternatives à une aussi jolie femme : le pavé et les passes à quelques sous. A moins, bien sûr, que ne vienne le prince charmant, foulard au cou et surin dans la pogne ! (Le Lombard - Collection Signé)

Amélie Elie, dite "Casque d'Or", est une prostituée française du Paris de la Belle-Epoque ayant donné lieu à un film de Jacques Becker et aujourd'hui à une adaptation en bande dessinée.
Au bal, la jeune Amélie rêve d'amour et d'aventure, et tandis qu'elle virevolte dans les bras de Matelot, elle succombe à ses belles paroles et se met en ménage avec lui après lui avoir offert sa virginité.
Mais alors que Matelot ne songe qu'à leur construire un avenir sécurisé et qu'il lui a trouvé un travail comme blanchisseuse, Amélie prend la fuite, refusant de tomber dans la routine d'une vie plate et morne : "L'amour, c'est beau, c'est splendide, mais si l'habitude s'en mêle, ça devient une petite image à deux sous qu'on connaît par cœur. L'amour qui n'est pas fouetté ne sert à rien.".
Elle trouve refuge avec la Belle-Hélène qui lui apprend les rudiments de la prostitution et Amélie se met ainsi à gagner sa vie sur le trottoir.
Mais faisant fi des recommandations de sa mentor : "Les hommes honnêtes ne pensent qu'à t'engrosser et les autres à te faire marner pour remplir leur bourse !", Amélie s'acoquine avec Bouchon, son premier mac, avant de le quitter pour Manda.
Amélie aurait sans doute mieux fait de l'écouter, car Bouchon comme Manda vont l'utiliser uniquement pour s'enrichir et leur bon plaisir, n'hésitant pas à la lâcher lorsqu'elle devient un poids plus qu'un amusement.
Il reste le fidèle Matelot qui se désespère d'amour pour elle mais n'est pas payer en retour, Amélie le repoussant obstinément et défendant son Manda contre vents et marées.
Amélie ne trouve absolument pas son métier dégradant, elle lui trouve même au contraire des vertus qu'elle n'hésite pas à proclamer haut et fort : "Mon métier me plaît ! Je n'ai pas envie d'avoir les mains calleuses d'une blanchisseuse, moi ! Et puis, je rends service à la société, tu sais ! Je fournis du rêve aux hommes qui en ont un urgent besoin! Je soulage bien des épouses et sauve ainsi des couples mariés de la banqueroute ! J'évite à de belles concierges de se faire culbuter dans les escaliers ! Je console le veuf de son veuvage !".
Si Amélie peut apparaître sur certains aspects comme quelque peu naïve, elle est heureuse dans la vie qu'elle mène et y trouve son bonheur, c'est en tout cas ce qu'il ressort de cette histoire dont le scénario est de Laurent Galendon.
Ce dernier s'est documenté et le passage sous forme de bande dessinée de la vie de cette femme reste fidèle à la vérité.
Il se dégage également de cette bande dessinée une véritable ambiance : celle du Paris de la Belle-Epoque, très bien retranscrite dans les dessins et la mise en couleurs.
De plus, la trame narrative est ponctuée de la une du "Petit journal" relatant des faits de l'époque, particulièrement les règlements de comptes entre les Apaches, ces jeunes gens qui hantaient les rues de Paris et faisaient peur aux honnêtes gens et qu'Amélie s'est mise à fréquenter.
Les dessins sont signés de Kas qui a travaillé avec sa femme Graza pour la mise en couleurs.
J'ai énormément apprécié le graphisme, les femmes sont à la fois belles et insolentes, les hommes dangereux, il y a du mouvement et de la vie dans les dessins et les formes, une certaine volupté entoure également le personnage d'Amélie et la rend envoûtante aux yeux du lecteur.
Quant à la mise en couleurs, elle est particulièrement réussie et contribue à la qualité de cette bande dessinée : du rouge, du bleu, du vert, de l'orange, c'est vivant mais jamais criard et toujours utilisé adéquat, rendant cette bande dessinée particulièrement réussie d'un point de vue esthétique.

"La fille de Paname" est une bande dessinée flamboyante que j'ai pris énormément de plaisir à découvrir, il me tarde désormais de lire le second volume de la vie de l'impétueuse Amélie Elie dans le Paris de la Belle-Epoque.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Le Lombard pour l'envoi de cette bande dessinée.

Je remercie Babelio et les Editions Le Lombard pour l'envoi de cette bande dessinée reçue dans le cadre du Club des Chroniqueurs Signé


Rue des voleurs de Mathias Enard


C’est un jeune Marocain de Tanger, un garçon sans histoire, un musulman passable, juste trop avide de liberté et d’épanouissement, dans une société peu libertaire. Au lycée, il a appris quelques bribes d’espagnol, assez de français pour se gaver de Série Noire. Il attend l’âge adulte en lorgnant les seins de sa cousine Meryem. C’est avec elle qu’il va “fauter”, une fois et une seule. On les surprend : les coups pleuvent, le voici à la rue, sans foi ni loi. 
Commence alors une dérive qui l’amènera à servir les textes – et les morts – de manières inattendues, à confronter ses cauchemars au réel, à tutoyer l’amour et les projets d’exil. 
Dans Rue des Voleurs, roman à vif et sur le vif, l’auteur de Zone retrouve son territoire hypersensible à l’heure du Printemps arabe et des révoltes indignées. Tandis que la Méditerranée s’embrase, l’Europe vacille. Il faut toute la jeunesse, toute la naïveté, toute l’énergie du jeune Tangérois pour traverser sans rebrousser chemin le champ de bataille. Parcours d’un combattant sans cause, Rue des Voleurs est porté par le rêve d’improbables apaisements, dans un avenir d’avance confisqué, qu’éclairent pourtant la compagnie des livres, l’amour de l’écrit et l’affirmation d’un humanisme arabe. (Actes Sud)

"Rue des voleurs" est un roman de l'urgence, saisi par le vif et écrit ainsi, dont l'histoire est ancrée en plein cœur d'une actualité encore récente : le Printemps arabe.
Le style de Mathias Enard est percutant et dépouillé de toute fioriture, ainsi dès les premiers mots le ton est donné et le lecteur entre dans le vif du sujet : "Les hommes sont des chiens, ils se frottent les uns aux autres dans la misère, ils se roulent dans la crasse sans pouvoir en sortir, se lèchent le poil et le sexe à longueur de journée, allongés dans la poussière prêts à tout pour le bout de barbaque ou l'os pourri qu'on voudra bien leur lancer, et moi tout comme eux, je suis un être humain, donc un détritus vicieux esclave de ses instincts, un chien, un chien qui mord quand il a peur et cherche les caresses.".
La narration est faite du point de vue d'un jeune Marocain de Tanger qui, pour avoir fauté une seule fois avec sa cousine Meryem, va être chassé de chez lui, se retrouver à la rue pendant de longs mois avant d'être accueilli par une communauté religieuse qu'il quittera plus tard pour de nouveau errer dans Tanger avant de partir pour l'Espagne.
Cette histoire est profondément d'actualité et Mathias Enard a su retranscrire tous les espoirs et rêves mais aussi toutes les frustrations et les misères de cette jeunesse marocaine et plus généralement des pays arabes de la Méditerranée.
Si à nos yeux la faute du narrateur relève de l'inceste, cette frustration sexuelle se retrouve notamment en Egypte où les agressions contre les femmes sont de plus en plus nombreuses.
La raison : les hommes sont de plus en plus pauvres et ne peuvent se marier que de plus en plus tard.
Attention, je ne dis pas que cela excuse en quoi que ce soit ces agressions sexuelles, mais j'ai été frappée par la justesse des propos de Mathias Enard qui a su les retranscrire parfaitement.
Il a réussi à décrire sans porter de jugement toutes les frustrations d'une génération qui rêve d'ailleurs : de l'Europe, un Eldorado à leurs yeux qui se révèle finalement peu généreux, que ce soit en Espagne qui traverse une grave crise qu'en France ou en Italie.
Il est aussi question de l'embrigadement religieux de toute une jeunesse sans avenir qui trouve refuge dans la religion, une foi poussée à l'extrême et qui finit par commettre l'irréparable.
Il en est de même pour le narrateur qui trouve un temps refuge dans l'Islam : "J'avais l'impression de me réparer, de me défaire des souillures de mes mois d'errance.", tout en gardant son refuge initial : la lecture.
Ceci est un autre point fort de ce roman, le parallèle qui est fait entre la noirceur du quotidien vécu par Lakhdar et les romans noirs français qu'il prend plaisir à lire et à collectionner, qui le font rêver à la France, notamment à Marseille.
Au final, Lakhdar est un jeune homme tombé trop tôt dans le chaos de la vie et qui, quoi qu'il fasse, est impitoyablement broyé par les événements qui le ballottent d'un endroit à un autre pour toujours l'entraîner dans les ennuis : "L'inconscient n'existe pas; il n'y a que des miettes d'information, des lambeaux de mémoire pas assez importants pour être traités, des bribes comme autrefois ces bandes perforées dont se nourrissaient les ordinateurs; mes souvenirs sont ces bouts de papier, découpés et jetés en l'air, mélangés, rafistolés, dont j'ignorais qu'ils allaient bientôt se remettre bout à bout dans un sens nouveau.".

"Rue des voleurs" de Mathias Enard est le roman d'une jeunesse désenchantée et d'un Printemps arabe plein de promesses avortées dans l’œuf, un anti-conte oriental bouleversant qui ne peut que percuter le lecteur et le renvoyer face à lui-même.

Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2014


Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger


mardi 17 juin 2014

Top Ten Tuesday #53


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres à lire sur la plage

Ca ressemble à une PAL d'été où je ne m'y connais pas !

1) "Le livre des nuits" de Sylvie Germain
2) "Rue des voleurs" de Mathias Enard
3) "Le choeur des femmes" de Martin Winckler
4) "Mudwoman" de Joyce Carol Oates
5) "Le coeur est un chasseur solitaire" de Carson McCullers
6) "Les années douces" de Hiromi Kawakami
7) "Le sillage de l'oubli" de Bruce Machart
8) "Quand le requin dort" de Milena Agus
9) "Les feux de l'automne" d'Irène Némirovsky
10) "Mort et vie de Lili Riviera" de Carole Zalberg




lundi 16 juin 2014

The Homesman de Tommy Lee Jones



En 1854, trois femmes ayant perdu la raison sont confiées à Mary Bee Cuddy, une pionnière forte et indépendante originaire du Nebraska. Sur sa route vers l’Iowa, où ces femmes pourront trouver refuge, elle croise le chemin de George Briggs, un rustre vagabond qu’elle sauve d’une mort imminente. Ils décident de s'associer afin de faire face, ensemble, à la rudesse et aux dangers qui sévissent dans les vastes étendues de la Frontière. (AlloCiné)


Tommy Lee Jones acteur, ce n'est pas une nouveauté, mais Tommy Lee Jones réalisateur oui.
J'avais beaucoup aimé son premier film "Trois enterrements", c'est donc tout naturellement que mes pas m'ont poussée vers le cinéma le plus proche de chez moi pour y voir "The Homesman", un western adapté d'un roman de Glendon Swarthout publié chez Gallmeister (excellente maison d'édition si je ne vous l'ai pas déjà dit).
Bien calée dans mon fauteuil, je profitais des paysages désertiques du Nebraska pendant le générique, en me disant toutefois que je n'irai franchement pas habiter dans un coin aussi désertique et reculé du monde, qu'il y avait de quoi devenir folle.
Je n'ai donc pas été surprise outre mesure quand j'ai découvert le personnage de Mary Bee Cuddy : une femme rude, indépendante, forte en caractère et assoiffée d'amour, proposer en désespoir de cause à un voisin de l'épouser après lui avoir joué une chanson sur un piano imprimé sur une bande de tissu.
Je me suis dit que la fille, elle devait avoir un petit grain dans la tête et que le vent avait dû un peu trop soufflé dans ses oreilles.
Et là, changement de scène, on découvre une autre femme qui pour le coup est carrément folle de par l'action qu'elle fait.
Là, j'ai sursauté dans mon fauteuil tellement je ne m'y attendais pas, je me suis demandée si c'était bien un western que j'étais venue voir, parce que ce type de scène se reproduit avec deux autres femmes, et autant vous dire qu'elles m'ont mise mal à l'aise (les scènes, notez que les femmes aussi).
Pour me rassurer, je me suis dit qu'il y avait plus folle que Mary Bee qui paraissait presque normale pour le coup, d'ailleurs ces trois-là l'étaient à tel point qu'il a été décidé qu'elles allaient être accompagnées dans l'Iowa et confiées aux bons soins de la femme d'un pasteur qui se chargerait de les ramener à leur famille (comprenez qu'elles allaient être internées au final car elles étaient de toute façon irrécupérables).
Et comme les hommes de l'époque étaient très courageux, c'est Mary Bee qui se propose pour remplacer un voisin et manque de chance, elle pioche le haricot noir, traduction : c'est elle qui va les escorter.
Chemin faisant (merci de s'abstenir du "pan ! pan !"), elle croise George Briggs, un vagabond dont on attend que le cheval achève de le pendre.
Les deux s'associent et la longue route vers l'Iowa commence.


Je vous rassure, j'ai vite compris que je n'avais pas affaire à un western au sens classique du terme.
C'est violent mais c'est surtout extrêmement rude, qu'il s'agisse des longues étendues désertiques traversées ou du caractère des deux personnages principaux.
Car Mary Bee est une femme malheureuse, elle rêve de se marier, de fonder un foyer, mais les hommes lui reprochent son côté autoritaire et rugueux.
Elle se désespère, se languit, sentiment bien mis en évidence dans un très belle scène où elle se brosse les cheveux devant une glace, mais elle a aussi en elle de l'amour et de l'humanité.
Elle était attachée à ces trois femmes avant que celles-ci perdent la raison, elle l'est toujours et prend soin d'elles avec beaucoup d'attention, ce qu'elles n'ont jamais eue avec leur mari respectif.
D'une certaine façon, George Briggs finit lui aussi par s'attacher à ces femmes, il les protège et cherche à les préserver de la réalité du monde en les laissant dans le leur.
Esthétiquement, ce film est très réussi, les paysages sont magnifiques, la façon de filmer de Tommy Lee Jones est agréable et surtout précise, on sent le travail qu'il y a eu derrière et le côté professionnel de l'homme.
L'histoire si elle paraît simple se révèle plus complexe et est surtout riche en rebondissements, elle n'est pas un western au sens classique du terme mais elle dépoussière le genre en lui donnant une autre dimension.
Le seul bémol que j'apporterai à ce film est sa lenteur par moment : des scènes un peu trop longues qui viennent alourdir l'ensemble, c'est rare mais j'ai pu le constater à quelques reprises.
Je note également que certains personnages auraient pu être plus développés, ce n'est pas le cas et le spectateur doit se contenter d'extrapoler, en disant cela je pense particulièrement aux trois femmes transportées dans l'Iowa.
Du côté du casting, c'est avec plaisir que j'ai constaté que Hilary Swank était enfin sortie du désert cinématographique qu'elle traversait bien malgré elle.
Elle retrouve un rôle de grande stature comme elle a pu connaître avec "Million Dollar Baby", elle crève l'écran avec ce personnage de Mary Bee Cuddy qu'elle porte du début à la fin sous forme d'un grand cri de désespoir, un appel à l'amour ou tout du moins à la reconnaissance.
Quant à Tommy Lee Jones, ce rôle de vieux brigand lui va comme un gant et son drôle de duo avec Mary Bee Cuddy fonctionne bien.
Je tiens également à souligner l'impeccable prestation des trois actrices incarnant les femmes devenues folles : Grace Gummer, Miranda Otto, Sonja Richter.
Sans prononcer un mot ou presque de tout le film elles réussissent à faire passer énormément d'émotions dans leurs expressions et leur jeu d'actrice, j'ai été bluffée par leur performance.


"The Homesman" de Tommy Lee Jones est un western rude pour lequel il faut avoir le cœur bien accroché, un beau film dur mais qui marque les esprits, dommage qu'il soit reparti bredouille de Cannes car il vaut vraiment le coup d’œil.
Je ne peux donc que vous inviter à aller faire un saut de 150 ans dans le passé pour travers les contrées du Nebraska en compagnie de Mary Bee Cuddy et Georges Briggs.







Un été à Cold Spring de Richard Yates


Long Island, fin des années 1930. Fils d'un officier en retraite et d'une mère neurasthénique, le très séduisant Evan Shepard n'a pas dix-huit ans quand il se marie avec Mary, une lycéenne " provocante ", tombée enceinte peu après une soirée au drive-in. S'il se révèle un mécanicien prometteur, il est parfaitement dénué d'ambition tandis que Mary, elle, prépare son entrée à l'université dès la naissance de leur fille : elle veut devenir un " être à part entière ". Rapidement, c'est l'échec du couple, puis le divorce. 
Quelques années plus tard, une deuxième chance s'offre à Evan en la personne de Rachel Drake. Etonnamment douce, vertueuse et effacée, parfaite antithèse de Mary, elle est la fille de Gloria, une hystérique en mal d'amour et la sœur de Phil, un adolescent brillant, chétif et complexé. Evan et Rachel se rapprochent, se fréquentent, s'émoustillent et se marient pour, enfin, assouvir leur désir réciproque. 
Désargentés mais heureux, ils louent un appartement confortable loin de leurs familles respectives. Evan envisage même de reprendre ses études pour devenir ingénieur. Mais leur insouciance n'a qu'un temps : l'écho de Pearl Harbor se propage bientôt jusqu'à eux, la guerre éclate, l'armée recrute et, comble de malchance, Rachel tombe enceinte. *
C'est l'heure des compromis. Sous prétexte de quelques économies, Gloria propose bientôt aux jeunes mariés de partager ensemble une maison à Cold Spring, petite bourgade cossue où se côtoient paisibles parvenus et vieilles familles bourgeoises. 
C'est aussi là qu'habitent, fort opportunément, leur belle-famille, Grace et Charles Shepard, pour lequel Gloria ne peut cacher une violente inclination. Au cours d'un été, en 1942, toute cette assemblée de personnalités mal assorties et bien alcoolisées va cohabiter dans la grande demeure humide, amenée à devenir le théâtre des désillusions individuelles et collectives de ses hôtes. (Robert Laffont)

Ce roman pourrait être sous-titré "Portraits des familles Shepard et Drake".
Evan Shepard commence sa vie d'adulte par un mariage raté : trop jeunes, lui et sa femme Mary ne vont pas tarder à découvrir l'envers du décors : "L'amour n'était peut-être pas tout dans la vie, mais ni l'un ni l'autre n'eurent le temps d'envisager cette éventualité avant le mariage.".
Quelques années plus tard, le hasard et une panne de voiture le fera sonner chez Gloria Drake, c'est là qu'il rencontrera Rachel, qui deviendra sa seconde femme.
Roman sur le besoin d'amour, les compromis, il met en lumière les extrêmes de l'âme humaine : Gloria Drake, femme hystérique et désespérément seule, s'amourache de Charles, le père d'Evan, sauf que comme le dit l'auteur : "En réalité, il n'y a jamais rien de risible chez une femme assoiffée d'amour."; ou encore le jeune Phil mal à l'aise dans cette famille et dans sa peau qui se cherche.
Etrange cercle familial que forment les Shepard et les Drake, entre la femme névrosée de l'un et l'autre qui s'accroche à ses enfants et rêve à une autre vie avec le mari de la première : "Notre petite Rachel - ou notre grosse Rachel, devrais-je dire - qui descend et qui nous déclare : "Je vous aime, vous tous." Savez-vous ce que j'aurais aimé, Evan ? J'aurais aimé que votre père soit ici, ce matin, pour partager cet instant avec nous.".
Et au milieu de tout ce cirque émotionnel, il y a Evan, le cœur entre deux femmes et l'esprit tourné vers l'horizon et la fuite en avant : "Un été, après la guerre, quand l'essence se remettrait à couler à flots, il roulerait jusqu'à la côte ouest - en prenant son temps et en admirant tout ce qui mériterait de l'être. Il lui sembla que c'était une bonne idée, une idée claire et libératrice, même s'il ne pourrait pas en faire grand chose tant qu'il n'aurait pas répondu à cette question embuée par la bière : qui serait assis avec lui dans la voiture ? Rachel et le bébé ? ou Mary et Kathleen ?".

Après les époux Wheeler de "La fenêtre panoramique" et les soeurs Grimes d' "Easter Parade", Richard Yates dresse ici le portrait de deux familles dans l'Amérique post dépression et en plein conflit mondial puisque l'histoire se passe en 1942 après l'attaque de Pearl Harbor.
Roman particulièrement concis, tout comme l'histoire qui se déroule sur un été, il a la marque de fabrication des œuvres de Richard Yates : portraits sans concession, une histoire triste, une vérité qui peut faire mal à lire mais qui frappe toujours juste.
Le lecteur assiste une fois de plus à un drame familial, mais quelle virtuosité dans la narration !
C'est rapide et haletant tout en étant indolent, c'est dépeint avec une justesse qui frappe et c'est surtout très révélateur du climat d'une époque.
La plume de l'auteur est vivante car à travers les mots le lecteur ressent le climat chaud de cet été, une forme de moiteur et d'indolence dans lesquelles les personnages s'engluent.
J'ai été transportée comme spectatrice de cette histoire, et si je n'avais qu'un rôle passif d'observatrice ce n'est pas pour autant que je n'ai pas pris de plaisir à suivre les démêlés de ces deux familles.
On y retrouve des thèmes chers à Richard Yates : la faiblesse des hommes face aux femmes qui les amènent à commettre des erreurs, une forme de patriotisme exalté ici porté par l'engagement volontaire dans le conflit de 1939-1945, une recherche constante de l'ascension sociale et le poids des traditions qui pèse sur les personnages, et comme d'ordinaire, c'est toujours aussi bien écrit et aussi jouissif à lire.

Il est à regretter que l'écriture de Richard Yates ait mis autant de temps à nous parvenir tant son oeuvre est emblématique d'une époque et frappe toujours juste avec une précision redoutable.
D'où la raison pour laquelle je prends mon temps pour la découvrir.

dimanche 15 juin 2014

Pauvre Miss Finch de William Wilkie Collins


Lucilla, une jeune fille du meilleur monde, aveugle depuis la petite enfance, est amoureuse d’Oscar, un brave garçon dont la beauté et les vertus se résument pour elle au son d’une voix et à la ferveur de quelques caresses. Opérée de la cataracte, elle recouvre la vue sans se douter qu’à la faveur d’un complot, un autre prend la place d’Oscar en se faisant passer pour lui. Et la découverte du monde illuminé et coloré va aller de pair avec celle des faux-semblants, mensonges et autres trahisons que se réservent ceux qui peuvent se regarder dans le blanc des yeux… (Phébus)

Lucilla a vécu la majeure partie de sa vie dans le noir : aveugle suite à une cataracte aux deux yeux en bas âge, elle ne connait du monde que le son des voix des personnes qui l'entourent.
Il serait alors facile de la prendre en pitié, ce que beaucoup de personnes ont fait, l'ayant même baptisée la "pauvre Miss Finch", de prendre un ton catastrophé en parlant d'elle : "Oui, mon Dieu, de toutes les créatures, la plus désarmée, la plus malheureuse, c'est celle qui ne voit pas !", mais Lucilla est au-delà de tout cela car elle s'est créée son propre monde dans lequel elle distingue les couleurs et les gens par le touché : "Les gens qui ne sont pas aveugles attachent une importance absurde à leurs yeux !".
Madame Pratolungo est la narratrice de cette histoire de famille, veuve d'un médecin dont elle a également épousé les idéaux républicains elle arrive au service de la jeune Lucilla et sera le témoin clé de l'histoire.
Cette femme relativement ouverte d'esprit découvre avec bonheur sa jeune protégée et très vite s'y attache en évitant de trop la prendre en pitié, elle va surtout apprendre à ses côtés quelques leçons de vie : "Je venais de découvrir l'un des aspects étranges de la terrible infirmité qui jetait son ombre sur sa vie. Sa réaction démontrait que la modestie n'est que le produit de la conscience que nous avons des regards scrutateurs fixés sur nous - et que la cécité n'est jamais pudique, pour la bonne et unique raison qu'elle ne peut voir.".
Si Lucilla est le personnage central de ce roman, son handicap est au cœur de l'intrigue et la conduira à souffrir et à être dupée par un homme.

Je n'avais jamais lu jusqu'à présent de Wilkie Collins, je ne saurai dire si le style employé de raconter l'histoire par un protagoniste qui interpelle par moment le lecteur est courant mais cela crée une proximité avec le lecteur.
Du côté de l'intrigue, elle est assez convenue et sans réelle surprise malgré les instants de tension que l'auteur a essayé de créer au travers de la plume de Madame Pratolungo.
Si Lucilla arrive à toucher le lecteur au début je reconnais qu'elle a fini par m'agacer quelque peu : trop naïve et à la limite trop sotte, encore que cela ne vienne pas du personnage en lui-même mais du traitement dont en fait l'auteur.
Il me paraît bien improbable qu'une jeune fille aussi avisée que Lucilla ne se rende pas compte de la supercherie, même lorsqu'elle retrouve la vue, or rien ne lui met la puce à l'oreille alors que dans la réalité il n'est pas possible que deux personnes aient strictement le même timbre de voix, et si cela était possible, elle aurait bien dû se rendre compte que la tournure des phrases, les expressions employées différaient.
Mais non, afin de créer une intrigue dramatique autour du personnage de Lucilla cette dernière devient incapable de jugement et de discernement, peu crédible donc et c'est ce que je reproche le plus à ce roman.
La fin vient heureusement relever cette baisse de régime et Lucilla retrouve toute la superbe de son caractère, donnant une leçon de vie à tous les personnages puisque non seulement elle s’accommode de son handicap mais surtout elle ne l'échangerait pour rien au monde : "Vous vous obstinez à croire que mon bonheur dépend de ma vue. Moi, je me rappelle avec horreur ce que j'ai souffert quand je possédais l'usage de mes yeux - tout ce que je désire, c'est oublier ce temps de malheur.".
Lucilla est un personnage féminin fort qui, hormis son passage à vide, prouve à tout un chacun que l'on peut vivre bien et heureux avec un handicap.
L'ambiance qui se dégage de ce roman est très britannique et symbolique d'une époque littéraire, j'ai pu y retrouver le style de plusieurs auteurs anglais mais malgré les péripéties et la duperie dont est victime Lucilla je n'ai pas réussi à retrouver la colère que j'ai pu connaître face aux mésaventures et aux injustices de la Tess de Thomas Hardy.

"Pauvre Miss Finch" de William Wilkie Collins sans être un coup de cœur a été une découverte intéressante de cet auteur et un bon moment de lecture.
Je continuerai donc à lire du William Wilkie Collins, tout en me disant que ce roman pourrait bien constituer un film intéressant.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices


Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger


samedi 14 juin 2014

Deux jours, une nuit de Jean-Pierre et Luc Dardenne



Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail. (AlloCiné)


Je me suis posée longtemps la question de savoir si j'allais voir ce film ou non, car ma première et unique expérience d'un film des frères Dardenne remontait à "Rosetta" et je n'avais pas été emballée outre mesure.
Et puis, il y a Marion Cotillard, et je ne cache pas que depuis qu'elle a fait "La môme", je la trouve nettement moins bonne actrice qu'auparavant.
Enfin, le thème du film n'est pas joyeux : la dernière fois j'assistais à un drame de l'amour passionnel de deux amants, aujourd'hui à une femme prise dans la crise et qui va passer son week-end à faire du porte-à-porte pour convaincre ses collègues de voter pour le maintien de son emploi au détriment de leur prime de 1 000 euros.
Afin d'ôter immédiatement tout suspens, ce film a été une bonne surprise.
Certes, le thème traité est loin d'être gai mais il est furieusement d'actualité et amène le spectateur à réfléchir et à se poser des questions : accepterai-je ou non de renoncer à une prime ? Et si j'étais dans la même situation, qu'est-ce que je ferai ?
C'est malin de la part de Jean-Pierre et Luc Dardenne, car sous couvert d'un scénario assez simple et tenant facilement sur une demi-page A4, c'est un vrai problème éthique et de philosophie morale qu'ils posent là.
C'est extrêmement poignant, d'autant plus que le spectateur finit par se prendre au jeu et à attendre anxieusement le lundi matin et le résultat du vote.
Si j'ai pu être un peu dérangée par une certaine facilité des dialogues, notamment la phrase d'accroche prononcée à chaque fois par Sandra, je n'aurai à reprocher à ce film que de ne pas avoir assez creusé l'aspect relationnel entre Sandra et son mari, c'est évoqué mais de façon un peu trop superficielles et pouvant donner l'impression au spectateur de ne pas avoir toutes les clés de compréhension de ce couple.
Pour le reste, je n'ai absolument rien à redire : les frères Dardenne ont choisi de filmer leur héroïne au plus près, zoomant régulièrement sur son visage et ses expressions, cela donne un sentiment de proximité au spectateur et le projette directement dans l'histoire; la mise en scène est bien faite et quant au jeu des acteurs il est toujours juste et émouvant.
J'ai retrouvé avec plaisir Fabrizio Rongione (Marcel Larcher dans "Un village français") bien trop rare au cinéma, et je vous annonce que je suis quasiment sûre de m'être réconciliée avec Marion Cotillard tant j'ai eu la sensation de retrouver l'excellente actrice qu'elle était à ses débuts : elle a beaucoup travaillé pour ce rôle, elle a pris l'accent belge, elle vise toujours juste dans les émotions et assume complètement son rôle de moteur du film, enfin le retour de la grande actrice !
Et si j'ai pu imaginer plusieurs fins, je ne m'attendais certainement pas à celle-là.
Elle contraste d'ailleurs avec celle de "Rosetta" en étant d'une certaine façon plus lumineuse et porteuse d'espoir.


"Deux jours, une nuit" est un beau film social extrêmement d'actualité qui, s'il est reparti bredouille de Cannes, mérite vraiment d'être vu, ne serait-ce que pour le côté émouvant qu'il dégage et le jeu sans faute des acteurs, à commencer par Marion Cotillard qui re-tutoie enfin les anges du 7ème Art avec le rôle de cette femme se battant pour conserver son travail.







Dimanche chez les Minton (et autres nouvelles) de Sylvia Plath


Elizabeth Minton et son frère Henry, tous deux retraités, vivent une existence faite de rites et de répétition, dans la grande demeure familiale, au bord de l’océan. Henry est pragmatique et égoïste, tandis qu’Elizabeth, irrationnelle et rêveuse, métamorphose son quotidien par la force de son imagination. Cela suffira-t-il à lui procurer le vivifiant sentiment de libération auquel elle aspire ? (Folio)

Ce petit recueil présente cinq nouvelles toutes plus cruelles les unes que les autres de Sylvia Plath, une auteur américaine connue essentiellement pour ses poèmes et ses nouvelles.
Je n'ai sans doute pas commencé ma découverte de cette auteur avec le bon recueil car il faut bien avouer que si j'ai bien pu saisir tout le style et la force narratrice de l'auteur, je n'ai pas été enthousiasmée outre mesure par les nouvelles présentées.
J'ai été frappée par un point commun à toutes ces nouvelles : la mort.
Car elles sont non seulement cruelles pour les femmes mais également morbides : elles contiennent toutes une référence plus ou moins explicite à la mort, voire même la subliment comme dans "La boîte à souhaits" : "Ses traits sereins étaient figés en un léger, secret sourire de triomphe, comme si, dans quelque lointaine contrée inaccessible aux mortels, elle valsait enfin avec le prince aux cheveux noirs et à la cape rouge de ses rêves d'enfant.".
Et comme je l'ai appris par la suite, Sylvia Plath s'est elle-même envoyée valser puisqu'elle s'est suicidée à l'âge de 32 ans (et pour terminer avec la rubrique nécrologie, son fils aussi s'est suicidé à l'âge de 47 ans).
Je reconnais que cela apporte un éclairage complètement différent sur son oeuvre.
A y regarder de plus près la biographie de l'auteur, il n'est plus étonnant qu'elle dépeigne dans ses nouvelles des femmes dépressives, suicidaires, subissant un mariage peu réfléchi.
Ces cinq nouvelles regorgent clairement de l'auteur, de sa vision du monde, de sa façon de penser, ainsi que de son ambivalence entre le conformisme et une volonté de s'émanciper, à l'image de la narratrice de la nouvelle "Le jour où Mr Prescott est mort" qui fait tout son possible pour respecter les traditions et dont le naturel reprend le dessus : "Je ne pus me retenir de poser la question, comme j'en avais l'habitude quand j'étais gosse et maman me racontait des histoires de cambrioleurs.".
Mais au-delà de cette cruauté, il y a également de l'humour, certes pas dans le sens classique du terme, qui vient contrebalancer cette noirceur commune à toutes les nouvelles.
Il n'est finalement plus si étonnant que cela que Sylvia Plath continue de fasciner en priorité le lectorat féminin, ses écrits ressemblent à une chronique d'une mort annoncée.

Plume cruelle et féroce caractérise assez bien "Dimanche chez les Minton" et autres nouvelles de Sylvia Plath qui, sans être un recueil exceptionnel, permet de donner un aperçu de l'oeuvre de l'auteur et surtout l'envie d'en découvrir plus.

Livre lu dans le cadre du Challenge Romancières américaines


Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger


mardi 10 juin 2014

Les fleurs de lune de Jetta Carleton


Début du XXe siècle. Dans leur ferme du Missouri, Matthew et Callie Soames élèvent leurs quatre filles, aux personnalités différentes mais au caractère bien trempé : Jessica leur brisera le cœur en s’enfuyant dès sa dix-huitième année, Leonie tombera amoureuse de l’homme dont il ne fallait pas s’amouracher, Mary Jo s’arrachera au cocon familial pour aller faire carrière à New York, et le destin de Mathy, l’enfant sauvage, se conclura par la plus terrible des tragédies. Ces années durant, malgré chagrins et déceptions, les Soames parviendront, malgré tout, à préserver les liens d’amour, qui forment le ciment même de leur famille. Une magnifique chronique romanesque, toute imprégnée des odeurs de l’Amérique profonde. (Le livre de poche)

En ce début du 20ème siècle, Mathhew et Callie ont eu quatre filles : Jessica, Leonie, Mathy et Mary Jo, qu'ils ont élevées du mieux qu'ils ont pu dans une ferme du Missouri.
Mais chacune de ces quatre filles va être amenée à vivre son destin, à partir de la maison, à briser parfois le cœur de ses parents, à se brûler les ailes, parfois un peu trop.
Ce roman s'ouvre par la narration de Mary Jo qui présente la famille : ses parents et ses deux sœurs, l'une d'elles étant décédée depuis plusieurs années.
L'impression qui s'en dégage est de la joie, un bonheur familial de se retrouver durant l'été à la ferme et de vivre en harmonie les uns avec les autres, profitant de petits riens qui offrent de grands bonheurs, tout en sachant que cette harmonie arrivera d'ici peu à sa fin avec le décès des patriarches : "Il ne pourrait plus y en avoir tant; nous étions une famille qui vieillissait. Et comment pourrais-je apprendre à vivre sans ces êtres ? Moi qui avais si peu besoin d'eux que je restais toute l'année à l'écart, que ferais-je sans eux ?".
Mais cette belle machine finit par se dérégler à la faveur d'un pique-nique qui ne peut finalement avoir lieu, les membres de la famille Soames étant appelés à honorer la mort d'un de leurs voisins.
L'histoire est alors découpée en parties successives à travers la vision des membres de la famille, et comme bien souvent, il suffit de gratter le vernis pour qu'aussitôt la vérité apparaisse : rien n'est tout rose dans cette famille Soames qui a vécu son lot de drames.
La force de Jetta Carleton est de dépeindre des personnages aux antipodes les uns des autres : entre Jessica qui quitte le domicile familial par amour pour un ouvrir itinérant, la trop sage Leonie qui finit par sortir de son carcan et l'intrépide et risque-tout Mathy, il y a plusieurs mondes.
Pourtant, c'est le même sang qui coule dans leurs veines.
Et que dire du couple formé par Callie et Matthew, l'envers du décors n'est pas toujours beau à voir.
Mais à voir toute cette famille au début du roman, le lecteur a l'impression qu'elle vit dans un jardin d'Eden, déconnectée du monde extérieur et de sa réalité.
Il se dégage de l'ensemble de ce récit une nostalgie de l'Amérique profonde telle qu'elle a existé à une époque, à travers les descriptions qui en sont faites mais également à travers les personnages : "Il y avait des choses qu'on désirait toute son existence sans pouvoir les obtenir, et soudain, un jour, on s'apercevait qu'on n'en avait plus le temps.".
Il y a également beaucoup de sentimentalisme, le sentiment amoureux étant au cœur de ce récit à travers ces jeunes filles qui ont écouté leur cœur et se sont laissées guider par lui.
Un homme a gravité autour de cette famille en y laissant des séquelles : Ed.
Mari de Mathy, l'enfant sauvage, il devient plus tard celui de Leonie, et même s'il mûrit au fil du récit il n'en reste pas moins le rouage qui vient grever la mécanique de cette famille, avec son caractère si particulier qui le rend tout à la fois attachant et agaçant : "C'était toujours le compromis : tout vouloir, ne rien donner et ne rien posséder complètement. Il se refusait à payer le prix, et se contentait du peu, du sûr, de l'insuffisant. Et l'insuffisant est aussi l'insatisfaisant.".
Il est intéressant de voir que chaque personnage a choisi de vivre sa vie : ils sont liés les uns aux autres et le reconnaissent volontiers, pourtant cela ne les empêche pas de vivre éloignés les uns des autres pendant onze mois de l'année; ils font des choix et les assument tout en sachant pertinemment qu'ils vont les éloigner de la cellule familiale.
Voilà une réflexion profonde sur le sens de la famille qui met en lumière toutes les problématiques et contradictions de ce lien familial si profond qui ploie mais jamais ne se rompt.
C'est extrêmement bien écrit et le récit est bâti chronologiquement de façon intelligente et intéressante.
J'ai été surprise de la facilité avec laquelle Jetta Carleton s'est glissée dans la peau de tous ces personnages, comment elle a réussi à les mettre tous en lumière tout en jouant sur leurs caractères différents.
Elle livre ici une véritable autopsie familiale redoutable de précision, un instantané photographique ayant su saisir et figer à jamais dans la littérature toute une page de l'histoire campagnarde américaine, reflet d'une époque en évolution et d'une génération qui s'émancipait.

Jetta Carleton a de toute sa vie écrit et publié un seul roman : "Les fleurs de lune".
Véritable chronique romanesque, ce récit est tout simplement un bijou, une perle rare à découvrir et à savourer avec plaisir car il est extrêmement rare qu'un premier et unique roman frappe aussi fort et pour longtemps les esprits.
Un premier essai directement transformé en coup de maître, pour ne pas dire de génie, et dont il est à déplorer qu'il constitue la seule trace de celle qui aurait été, sans l'ombre d'une doute, une très grande romancière américaine.

Livre lu dans le cadre du Challenge Romancières américaines


Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger


Top Ten Tuesday #52


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 choses que vous ne supportez pas lorsque vous êtes en train de lire

1) Que l'on vienne me parler pour me tenir de grands discours;
2) Que l'on me pose des questions qui peuvent attendre;
3) Un grand bruit;
4) Des discussions futiles juste à côté;
5) Que la personne devant moi dans les transports en commun reculent sur mon livre m'empêchant de lire;
6) Que mon voisin dans les transports en commun déploient son journal pour le lire m'empêchant de lire mon livre;
7) Que mon chien saute sur moi et envoie valser mon livre d'un coup de museau (si, si, je connais ça ...);
8) Qu'une personne m'aborde alors que je suis plongée dans ma lecture;
9) Que la pluie se mette à tomber lorsque je lis en pleine air;
10) Une bourrasque de vent qui envoie valser mon marque-page et fait tourner les pages de mon livre.

vendredi 6 juin 2014

Un jour, une histoire - Opération Overlord, D-Day ou Jour J, 6 juin 1944

"Les sanglots longs des violons d’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone.", Verlaine excusera certainement la double digression faite à sa première strophe du poème Chanson d’automne qui a servi à annoncer début juin sur les ondes de Radio Londres ce qui reste à ce jour la plus grande opération maritime jamais réalisée, et on espère bien l’unique.


Depuis 1943, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne œuvraient à organiser un débarquement sur le continent européen visant à le libérer de la domination du IIIème Reich.
Les Alliés ont longuement étudié les lieux pour organiser ce débarquement : le Pas-de-Calais offre de grandes plages et la proximité de l’Allemagne mais cette zone est bien trop surveillée pour offrir toutes les garanties d’un succès ; il reste alors l’ouest de la Normandie, offrant la possibilité de gagner Paris et surtout deux ports en eaux profondes : Cherbourg et le Havre.
C’est donc la Normandie qui est retenue.
Mais une fois le lieu choisi, le plus dur restait à faire : construire les navires, les équipements, les armes, recruter et préparer des soldats, bâtir la logistique, établir des cartes détaillées des plages choisies, obtenir des renseignements précis sur les allemands, leur emplacement, leur nombre, les armes dont ils disposent pour défendre ces plages, et faire avec un élément non maîtrisable et non des moindres : la météo.
Par ricochet, non seulement la météo devait être favorable, mais le débarquement ne pouvait alors lieu que par une nuit de pleine lune afin d’assurer un effet de surprise et par un coefficient de marée important afin de débarquer les hommes et les équipements au plus près des côtes.


Si les américains et les anglais ont énormément œuvré à la réussite de cette opération en dégageant des moyens financiers importants, en faisant des opérations de reconnaissance aérienne afin de cartographier le plus précisément possible les plages, les cartes postales d’avant-guerre ont également été utilisées, et les réseaux de Résistance français basés en Normandie ont fourni de précieuses informations à Londres.
Le D-Day ou Jour J, initialement fixé au 1er mai 1944 a été repoussé au 1er juin puis au 5 juin afin de gagner un mois pour la production de barges de débarquement.
Les conditions météorologiques du 5 juin étant mauvaises, le débarquement a été repoussé au 6 juin, faute de quoi il n’aurait pou avoir lieu qu’un mois après afin de réunir toutes les conditions favorables.
Cinq plages ont été choisies et rebaptisées pour l’occasion, le nom attribué leur est depuis resté :
- Utah et Omaha Beach pour les américains
- Gold Beach pour les britanniques
- Juno Beach pour les canadiens et britanniques
- Sword Beach pour les britanniques et français (le commando Kieffer)


Dans la nuit du 5 au 6 juin, plusieurs parachutages ont lieu : 6ème division britannique sur le flanc est du canal de Caen à la mer et à Ranville, 101ème et 82ème divisions aéroportées américaines dans le nord-est du Cotentin, ces parachutages ont pour but d’aider le débarquement maritime à venir, notamment dans le secteur d’Utah Beach ; des parachutages ont également lieu en Bretagne.
Deux sous-marins britanniques (les X-Craft) viennent se positionner près des plages pour guider la flotte.
Une opération de déminage de chenaux à travers la Manche a lieu afin de dégager des couloirs pour acheminer les bateaux vers les plages.
Partis de plusieurs ports d’Angleterre, des milliers de navires convergent vers le point de ralliement maritime baptisé Piccadilly Circus.
A 6 heures débute le bombardement naval de la côte Normande.
Un brouillard artificiel est créé afin de cacher l’approche des navires des plages, et à 6h30 (l’heure H) commence le débarquement sur les plages des troupes américaines.
Pour des raisons de marée, c’est à H+1, soit 7h30, que les troupes canadiennes et britanniques débarquent.


Au soir du 6 juin, environ 156 000 hommes avaient pris pied sur le sol normand : 17 000 parachutés, 56 000 débarqués sur Omaha et Utah Beach, 83 000 sur Gold, Juno et Sword Beach.
Les pertes s’élevaient à 10 300 hommes dont le tiers de tués.
Côté matériel : 2 navires de guerre, 131 LCT (Landing Craft Tank), 117 LCA (Landing Craft Assault), 43 LCI (Landing Craft Infantry), 27 avions perdus et 63 endommagés.
Omaha Beach est sans doute la plage la plus connue et ce, pour de funestes raisons.
Baptisée Omaha la Sanglante (Bloody Omaha), elle doit son triste surnom aux nombreuses pertes humaines dues à des bombardements aériens et navals ayant raté leur cible, à une mer agitée et à un vent fort qui ont rendu les conditions de débarquement très périlleuses.
La quasi-totalité des chars amphibies ont coulé et des difficultés de navigation ont déporté par le courant les barges, ceci ayant pour conséquence que beaucoup de soldats en sortant des barges ont coulé et sont morts noyés, tandis que ceux arrivant sur la plage, les défenses allemandes étant cachées, se sont fait tirer dessus.
La première vague est restée clouée sur place, incapable d’avancer, et a subi de lourdes pertes (90% des hommes furent tués ou blessés), la situation sur Omaha devenait critique et la désorganisation régnait, ce qui a fait dire au colonel Taylor : "Il n'y a plus que deux genres de soldats sur cette plage ; ceux qui sont morts et ceux qui vont mourir ! Alors bougeons-nous de là !".
A la fin du premier jour, les objectifs étaient loin d’être atteints, les pertes matérielles étaient importantes tout comme celles humaines (environ 1 000 tués et 2 000 blessés et disparus, dont de nombreuses noyades).
Omaha Beach avec Juno sont les plages les sanglantes de ce 6 juin 1944.


Au-delà du débarquement humain et matériel, la mise en place d’une logistique afin d’assurer l’approvisionnement en hommes, en matériel et en carburant a été mis en place.
Cela s’est traduit par la construction de 2 ports artificiels : Mulberry A (port américain) et Mulberry B (port britannique).
Suite à une tempête aux alentours du 16 juin, les ports ont été endommagés et Mulberry A a été détruit et n’a finalement que peu servi.
De façon pratique, le débarquement a majoritairement continué par les plages jusqu’à la remise en service du port de Cherbourg.
Pour acheminer le carburant, l’opération PLUTO prévoyait la construction d’un oléoduc sous la Manche.
Par la suite et durant tout l’été 1944, des hommes, du matériel, ne cessèrent de débarquer par la Normandie.


Aujourd’hui les plages de Normandie sont devenues des lieux de l’Histoire, de recueillement et d’hommage.
Si ce n’est déjà fait, je ne peux que vous inviter à y aller et à vous laisser porter par le poids du passé, à imaginer ce que c’était en ce 6 juin 1944 quand des milliers d’hommes y ont débarqué.
Ces lieux sont désormais des sanctuaires, pour les centaines de corps échoués sur les plages ou ceux présents sous la mer (il y a eu de nombreux morts par noyades lors du débarquement des barges), ainsi que le matériel militaire aujourd’hui présent et constituant un site archéologique intéressant.
La localité de Sainte-Mère-Eglise est également connue pour son parachutiste resté accroché 2 heures au clocher.


Si logistiquement cette opération est exceptionnelle et particulièrement bien pensée, elle l’est tout autant humainement, de par ces milliers de personnes qui sont venues libérer un continent qu’ils ne connaissaient que de nom ou presque, qui se sont engagées volontairement et par conviction, qui pour beaucoup y ont perdu la vie à un très jeune âge.
Aller dans un cimetière américain (ou britannique ou canadien) est toujours très émouvant, voir toutes ces rangées de croix blanches qui se succèdent les unes aux autres fait froid dans le dos et renvoie à des heures sombres de l’Histoire Européenne.
C’est pourquoi j’ai trouvé essentiel d’en parler aujourd’hui et de dire, une nouvelle fois, merci à toutes ces personnes, qu’elles y aient ou non laissé leur vie elles forment toutes individuellement ou en groupe des héros, et bien qu’elles refusent cette appellation c’est pourtant bien ce qu’elles sont et ce qu’elles demeureront dans la mémoire collective.


Pour aller plus loin :
- Le site internet du D-Day : http://www.dday-overlord.com/
- Le site internet Normandie Mémoire : http://www.normandiememoire.com/fr_FR/content/view/id-1-accueil
- Le bataillon du ciel, film tiré du livre de Joseph Kessel
- Le jour le plus long, film
- Au-delà de la gloire, film
- Il faut sauver le soldat Ryan, film
- Band of Brothers – Frères d’armes, série télévisée tirée du livre éponyme de Stephen Ambrose

Et également beaucoup de reportages à la télévision en ce moment, et d’excellents romans ou bandes dessinées (témoignages ou fictifs) ou récits d’historiens sur cette période qui seraient trop longs à tous lister.

mardi 3 juin 2014

Bilan de lectures - Mai 2014


Hum, hum ... "En mai, fais ce qu'il te plaît", j'ai apparemment bien pris cette maxime au mot puisque je suis partie découvrir Rome une semaine et qu'hormis les guides de voyages, de musées, je n'ai rien lu d'autres; ensuite j'ai continué à souffrir de ma panne de lectures qui sévit sur un certain nombre de lecteurs ces derniers temps (et au lieu de faire ce qui me plaisait j'ai passé des heures et des heures et des heures au boulot), c'est pourquoi je vous présente le bilan de lectures le plus mémorable depuis la création de ce blog me semble-t-il !

Plan Orsec 2014 pour PAL en danger / Chute de PAL
"Les fleurs de lune" de Jetta Carleton (chronique à venir)

Divers
"Mon chien Stupide" de John Fante
"Les Colombes du Roi-Soleil Tome 1 Les comédiennes de Monsieur Racine" d'Anne-Marie Desplat-Duc
"Le Routard Rome, édition 2014" collectif
"Lonely Planet Rome en quelques jours" collectif
"Cartoville Rome édition 2014" collectif
"Lonely Planet Rome : itinéraires avec Alix" collectif

Sinon j'ai fait augmenter ma PAL avec quelques achats de livres, normal je la fais tellement diminuer ces derniers temps (moi, ironique ?).
Voilà, voilà, on m'applaudit bien fort s'il vous plaît !
Et joli mois de juin !

Top Ten Tuesday #51


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 personnages que vous embarqueriez dans votre équipe en cas d'Apocalypse

1) Tintin
2) Bob Morane
3) Astérix
4) Le druide Panoramix
5) Yann de Kermeur alias l'Epervier
6) Hercule Poirot
7) Le professeur Tournesol
8) Rouletabille
9) Robinson Crusoé
10) Wonder Woman