lundi 16 juin 2014

The Homesman de Tommy Lee Jones



En 1854, trois femmes ayant perdu la raison sont confiées à Mary Bee Cuddy, une pionnière forte et indépendante originaire du Nebraska. Sur sa route vers l’Iowa, où ces femmes pourront trouver refuge, elle croise le chemin de George Briggs, un rustre vagabond qu’elle sauve d’une mort imminente. Ils décident de s'associer afin de faire face, ensemble, à la rudesse et aux dangers qui sévissent dans les vastes étendues de la Frontière. (AlloCiné)


Tommy Lee Jones acteur, ce n'est pas une nouveauté, mais Tommy Lee Jones réalisateur oui.
J'avais beaucoup aimé son premier film "Trois enterrements", c'est donc tout naturellement que mes pas m'ont poussée vers le cinéma le plus proche de chez moi pour y voir "The Homesman", un western adapté d'un roman de Glendon Swarthout publié chez Gallmeister (excellente maison d'édition si je ne vous l'ai pas déjà dit).
Bien calée dans mon fauteuil, je profitais des paysages désertiques du Nebraska pendant le générique, en me disant toutefois que je n'irai franchement pas habiter dans un coin aussi désertique et reculé du monde, qu'il y avait de quoi devenir folle.
Je n'ai donc pas été surprise outre mesure quand j'ai découvert le personnage de Mary Bee Cuddy : une femme rude, indépendante, forte en caractère et assoiffée d'amour, proposer en désespoir de cause à un voisin de l'épouser après lui avoir joué une chanson sur un piano imprimé sur une bande de tissu.
Je me suis dit que la fille, elle devait avoir un petit grain dans la tête et que le vent avait dû un peu trop soufflé dans ses oreilles.
Et là, changement de scène, on découvre une autre femme qui pour le coup est carrément folle de par l'action qu'elle fait.
Là, j'ai sursauté dans mon fauteuil tellement je ne m'y attendais pas, je me suis demandée si c'était bien un western que j'étais venue voir, parce que ce type de scène se reproduit avec deux autres femmes, et autant vous dire qu'elles m'ont mise mal à l'aise (les scènes, notez que les femmes aussi).
Pour me rassurer, je me suis dit qu'il y avait plus folle que Mary Bee qui paraissait presque normale pour le coup, d'ailleurs ces trois-là l'étaient à tel point qu'il a été décidé qu'elles allaient être accompagnées dans l'Iowa et confiées aux bons soins de la femme d'un pasteur qui se chargerait de les ramener à leur famille (comprenez qu'elles allaient être internées au final car elles étaient de toute façon irrécupérables).
Et comme les hommes de l'époque étaient très courageux, c'est Mary Bee qui se propose pour remplacer un voisin et manque de chance, elle pioche le haricot noir, traduction : c'est elle qui va les escorter.
Chemin faisant (merci de s'abstenir du "pan ! pan !"), elle croise George Briggs, un vagabond dont on attend que le cheval achève de le pendre.
Les deux s'associent et la longue route vers l'Iowa commence.


Je vous rassure, j'ai vite compris que je n'avais pas affaire à un western au sens classique du terme.
C'est violent mais c'est surtout extrêmement rude, qu'il s'agisse des longues étendues désertiques traversées ou du caractère des deux personnages principaux.
Car Mary Bee est une femme malheureuse, elle rêve de se marier, de fonder un foyer, mais les hommes lui reprochent son côté autoritaire et rugueux.
Elle se désespère, se languit, sentiment bien mis en évidence dans un très belle scène où elle se brosse les cheveux devant une glace, mais elle a aussi en elle de l'amour et de l'humanité.
Elle était attachée à ces trois femmes avant que celles-ci perdent la raison, elle l'est toujours et prend soin d'elles avec beaucoup d'attention, ce qu'elles n'ont jamais eue avec leur mari respectif.
D'une certaine façon, George Briggs finit lui aussi par s'attacher à ces femmes, il les protège et cherche à les préserver de la réalité du monde en les laissant dans le leur.
Esthétiquement, ce film est très réussi, les paysages sont magnifiques, la façon de filmer de Tommy Lee Jones est agréable et surtout précise, on sent le travail qu'il y a eu derrière et le côté professionnel de l'homme.
L'histoire si elle paraît simple se révèle plus complexe et est surtout riche en rebondissements, elle n'est pas un western au sens classique du terme mais elle dépoussière le genre en lui donnant une autre dimension.
Le seul bémol que j'apporterai à ce film est sa lenteur par moment : des scènes un peu trop longues qui viennent alourdir l'ensemble, c'est rare mais j'ai pu le constater à quelques reprises.
Je note également que certains personnages auraient pu être plus développés, ce n'est pas le cas et le spectateur doit se contenter d'extrapoler, en disant cela je pense particulièrement aux trois femmes transportées dans l'Iowa.
Du côté du casting, c'est avec plaisir que j'ai constaté que Hilary Swank était enfin sortie du désert cinématographique qu'elle traversait bien malgré elle.
Elle retrouve un rôle de grande stature comme elle a pu connaître avec "Million Dollar Baby", elle crève l'écran avec ce personnage de Mary Bee Cuddy qu'elle porte du début à la fin sous forme d'un grand cri de désespoir, un appel à l'amour ou tout du moins à la reconnaissance.
Quant à Tommy Lee Jones, ce rôle de vieux brigand lui va comme un gant et son drôle de duo avec Mary Bee Cuddy fonctionne bien.
Je tiens également à souligner l'impeccable prestation des trois actrices incarnant les femmes devenues folles : Grace Gummer, Miranda Otto, Sonja Richter.
Sans prononcer un mot ou presque de tout le film elles réussissent à faire passer énormément d'émotions dans leurs expressions et leur jeu d'actrice, j'ai été bluffée par leur performance.


"The Homesman" de Tommy Lee Jones est un western rude pour lequel il faut avoir le cœur bien accroché, un beau film dur mais qui marque les esprits, dommage qu'il soit reparti bredouille de Cannes car il vaut vraiment le coup d’œil.
Je ne peux donc que vous inviter à aller faire un saut de 150 ans dans le passé pour travers les contrées du Nebraska en compagnie de Mary Bee Cuddy et Georges Briggs.







2 commentaires:

  1. Bonsoir, je n'ai pas vu Trois enterrements mais ce film ci m'a beaucoup plu: l'histoire, les personnages et certaines scènes. L'histoire est aussi dure que le climat. La vie des ces femmes étaient un calvaire. C'est bien de montrer la "conquête de l'ouest" sous un jour plus sombre et peut-être plus réaliste. Bonne soirée.

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    1. Bonjour, il est vrai que ce film présente un pan de l'histoire américaine sous un tout autre jour. Je conseille également "Trois enterrements", un film assez dur également et qui montre la beauté et le côté rugueux du désert américain.

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