samedi 14 juin 2014
Dimanche chez les Minton (et autres nouvelles) de Sylvia Plath
Elizabeth Minton et son frère Henry, tous deux retraités, vivent une existence faite de rites et de répétition, dans la grande demeure familiale, au bord de l’océan. Henry est pragmatique et égoïste, tandis qu’Elizabeth, irrationnelle et rêveuse, métamorphose son quotidien par la force de son imagination. Cela suffira-t-il à lui procurer le vivifiant sentiment de libération auquel elle aspire ? (Folio)
Ce petit recueil présente cinq nouvelles toutes plus cruelles les unes que les autres de Sylvia Plath, une auteur américaine connue essentiellement pour ses poèmes et ses nouvelles.
Je n'ai sans doute pas commencé ma découverte de cette auteur avec le bon recueil car il faut bien avouer que si j'ai bien pu saisir tout le style et la force narratrice de l'auteur, je n'ai pas été enthousiasmée outre mesure par les nouvelles présentées.
J'ai été frappée par un point commun à toutes ces nouvelles : la mort.
Car elles sont non seulement cruelles pour les femmes mais également morbides : elles contiennent toutes une référence plus ou moins explicite à la mort, voire même la subliment comme dans "La boîte à souhaits" : "Ses traits sereins étaient figés en un léger, secret sourire de triomphe, comme si, dans quelque lointaine contrée inaccessible aux mortels, elle valsait enfin avec le prince aux cheveux noirs et à la cape rouge de ses rêves d'enfant.".
Et comme je l'ai appris par la suite, Sylvia Plath s'est elle-même envoyée valser puisqu'elle s'est suicidée à l'âge de 32 ans (et pour terminer avec la rubrique nécrologie, son fils aussi s'est suicidé à l'âge de 47 ans).
Je reconnais que cela apporte un éclairage complètement différent sur son oeuvre.
A y regarder de plus près la biographie de l'auteur, il n'est plus étonnant qu'elle dépeigne dans ses nouvelles des femmes dépressives, suicidaires, subissant un mariage peu réfléchi.
Ces cinq nouvelles regorgent clairement de l'auteur, de sa vision du monde, de sa façon de penser, ainsi que de son ambivalence entre le conformisme et une volonté de s'émanciper, à l'image de la narratrice de la nouvelle "Le jour où Mr Prescott est mort" qui fait tout son possible pour respecter les traditions et dont le naturel reprend le dessus : "Je ne pus me retenir de poser la question, comme j'en avais l'habitude quand j'étais gosse et maman me racontait des histoires de cambrioleurs.".
Mais au-delà de cette cruauté, il y a également de l'humour, certes pas dans le sens classique du terme, qui vient contrebalancer cette noirceur commune à toutes les nouvelles.
Il n'est finalement plus si étonnant que cela que Sylvia Plath continue de fasciner en priorité le lectorat féminin, ses écrits ressemblent à une chronique d'une mort annoncée.
Plume cruelle et féroce caractérise assez bien "Dimanche chez les Minton" et autres nouvelles de Sylvia Plath qui, sans être un recueil exceptionnel, permet de donner un aperçu de l'oeuvre de l'auteur et surtout l'envie d'en découvrir plus.
Livre lu dans le cadre du Challenge Romancières américaines
Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger
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Je ne connaissais pas du tout ces nouvelles, pourtant Dieu sait que j'aime Sylvia Plath - même si cela doit m'assimiler au lectorat féminin ;p
RépondreSupprimerJe te le prête la prochaine fois que l'on se voit si tu veux !
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