samedi 31 janvier 2015

Un dernier verre avant la guerre de Dennis Lehane


Amis depuis l'enfance, Patrick Kenzie et Angela Gennaro sont détectives privés. Ils ont installé leur bureau dans le clocher d'une église de Boston. Un jour, deux sénateurs influents les engagent pour une mission apparemment simple : retrouver une femme de ménage noire qui a disparu en emportant des documents confidentiels. Ce que Patrick et Angela vont découvrir, c'est un feu qui couve " en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises ". En attendant la guerre des gangs, des races, des couples, des familles. (Rivages)

Parce que j'ai vu "Gone Baby Gone" j'ai eu souvent envie de relire du Dennis Lehane, et qu'en toute logique j'ai décidé de m'intéresser à sa série mettant en scène les détectives privés Patrick Kenzie et Angela - dite Angie -  Gennaro.
Et puis entre temps je me suis aussi réconciliée avec le roman policier américain flirtant dangereusement avec le roman noir grâce à James Lee Burke.
Alors ici, il est question de Boston, mais pas Boston la luxueuse et la riche, Boston la crade et glauque des quartiers de banlieue dans lesquels s'affrontent des gangs rivaux, celle qui intéresse si peu les éminents politiciens de ce monde, sauf le jour où une femme de ménage noire habitant l'un de ces quartiers a eu l'outrecuidance de disparaître en emportant des documents confidentiels.
C'est pour la retrouver, et surtout les documents qu'elle a dérobés, que Patrick Kenzie et Angela Gennaro, amis depuis l'enfance et associés dans le travail, sont embauchés par deux sénateurs.
Mais derrière cette banale affaire, c'est une toute autre chose qu'ils découvrent, de quoi enflammer la ville de Boston : "L.A. brûle, et dans tant d'autres villes, le feu couve en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises, et nous écoutons des politiciens qui alimentent notre haine et notre étroitesse d'esprit, qui nous disent qu'il s'agit simplement de revenir aux vraies valeurs, alors qu'eux sont assis dans leurs propriétés du bord de mer à écouter les vagues pour ne pas avoir à entendre les cris des noyés.".
Car c'est bel et bien une guerre des gangs qui va avoir lieu à Boston, une guerre de drogue, une guerre de races, une guerre de famille, car d'un côté il y a le cruel Marion Socia avec son gang des Saints : "Marion est impitoyable et il a sept vies. Y a pas un membre des Saints qui ne soit convaincu qu'il est Satan. Dans l'organisation de Socia, tu merdes ne fût-ce qu'un peu, tu meurs. Pas d'issue. Pas de compromis. Les Saints se croient dans une guerre sainte.", et de l'autre celui de son fils, Roland.
Là encore, j'ai donc découvert une ambiance et une atmosphère particulièrement électriques qui se détachent bien du récit, ainsi qu'une galerie de personnages hauts en couleurs.
Car il est difficile de croire qu'il s'agit du premier roman de cette série tant les deux personnages de détectives se connaissent parfaitement l'un et l'autre, et tant ils paraissent par la même occasion familiers au lecteur.
D'un côté, il y a Patrick Kenzie, pas complètement désabusé et cynique et bien souvent lucide : "Il y a des gens, soit tu les tues, soit tu laisses tomber, parce que tu ne les feras jamais changer d'avis.", pas happé par le démon de la bouteille mais bien attiré par Angela, son amie d'enfance mariée à un tocard de première qui lui tâte bien souvent du goulot et en profite pour cogner sa femme quand il est d'humeur.
Patrick Kenzie est un homme avec un bon fond, une morale à laquelle il se tient dans son travail et dans sa vie privée et à qui des types comme Socia filent la gerbe : "Rien que de savoir qu'il existait me faisait haïr la nature du monde.".
Angela n'est mas pour autant en reste et ne tient pas le rôle de la potiche, elle a elle aussi son caractère et sait s'affirmer.
Si leur métier de détectives privés est ainsi présenté par l'un des protagonistes de l'histoire : "Vous courez le nez au sol en reniflant les buissons et les merdes chaudes jusqu'au moment où vous trouvez le renard. Alors, vous vous écartez et vous laissez les chasseurs l'abattre.", avec ces deux-là il serait réducteur de s'arrêter à cette définition car leur mission va bien au-delà, et ce souci de son prochain ne leur vient pas du fait que leur bureau se trouve dans le clocher d'une église.
Vous l'aurez donc compris, j'ai pris énormément de plaisir à lire ce roman à la fois pour les personnages mais aussi pour le fond et l'ambiance qui s'en dégagent, m'est avis que je ne regarderai plus forcément Boston de la même manière désormais, il y a le côté pile, mais aussi le côté face; et m'est avis aussi que je n'arrêterai pas de sitôt de lire les aventures de Patrick Kenzie et Angela Gennaro.

Dennis Lehane, c'est un concentré de bombe en roman, et si son "Shutter Island" m'avait déjà profondément marquée je ne peux que vous inviter à trinquer avec "Un dernier verre avant la guerre", car celle-ci est proche et personne n'en sortira indemne.

Livre lu dans le cadre du Challenge Petit Bac 2015 - Catégorie Objet : Verre

La pluie de néon de James Lee Burke


Avant de passer sur la chaise électrique, Johnny Massina rapporte au lieutenant Dave Robicheaux que sa tête serait mise à prix par les Colombiens. Il semble que Dave ait eu le tort de fourrer son nez là où il ne le fallait pas ; et d'insister. Robicheaux a en effet découvert le cadavre d'une jeune femme dans le bayou. La police locale a conclu à une noyade accidentelle, mais Dave est persuadé qu'il s'agit d'un meurtre. Son acharnement à découvrir la vérité provoque une réaction en chaîne de morts violentes et d'atrocités. Dave lui-même ne sortira pas indemne des événements qui ramènent à sa mémoire des souvenirs cauchemardesques et le poussent à chercher l'oubli dans les bars miteux où son reflet dans les miroirs se brouille, comme la pluie mouillée de néon qui frappe les vitres. (Rivages)

Avec "La pluie de néon", James Lee Burke inaugure le cycle Dave Robicheaux, cet ancien lieutenant de police 100% Louisinais, 100% traumatisé par la guerre du Vietnam et ancien alcoolique replongeant parfois dans ses vieux démons que j'ai rencontré pour la première fois dans l'adaptation cinématographique de Bertrand Tavernier du roman "Dans la brume électrique avec les morts confédérés".
Si lecteur n'aime pas le Sud des Etats-Unis et l'état si particulier qu'est la Louisiane, ce n'est pas la peine de lire ce roman policier, car il est complètement imprégné de cette atmosphère et les descriptions sont d'un réalisme à couper le souffle, la Louisiane est un personnage à part entière de ce roman : "Les lampadaires illuminaient les arbres brumeux qui s'alignaient sur l'esplanade de St Charles; les rails brunis et le vieux tramway vert luisaient de reflets assourdis sous la lumière humide, et les enseignes au néon tout embrumées, les fenêtres éclairées, zébrées de coulures de pluie, des restaurants et du drugstore en coin donnaient l'impression de sortir droit d'une peinture nocturne des années quarante. Cette partie de La Nouvelle-Orléans semblait ne jamais changer et, d'une certaine manière, son témoignage d'un hier perpétué par un soir d'été pluvieux parvenait toujours à dissiper mes propres peurs du temps qui passait et de ma condition de mortel.".
Au-delà de ce fort ancrage sudiste, j'ai retrouvé dans ce récit bon nombre d'éléments typiques de cette région des Etats-Unis : le racisme, la violence, les cartels de la drogue, la torpeur de la chaleur de l'été brusquement rompue par des pluies d'orage qui s'abattent violemment.
Un peu à l'image de ce qui arrive à Dave Robicheaux à qui un condamné à mort apprend que sa tête a été mise à prix par des Colombiens pour avoir trouvé le cadavre d'une jeune femme et s'y être intéressé d'un peu trop près, cet homme qui vit dans un présent qu'il ne supporte pas et qui est rongé par son passé, un homme de paradoxes : "A cause des années que j'ai passées à me démanteler moi-même, j'ai été obligé d'apprendre l'existence de ce qui se passait dans ma tête. Je n'aime pas le monde tel qu'il est, et le passé me manque. Et c'est stupide comme manière d'être.", mais aussi un idéaliste qui croit en ses valeurs morales et se bat pour ce qui est juste : "Je prétendais être un pragmatiste, un cynique, un ancien combattant blanchi sous le harnais, un ivrogne plein de vitriol, le dernier des propres à rien au foutu caractère de Louisianais; mais, pareil en cela à la plupart des gens, je croyais que justice allait se faire, que les choses s'arrangeraient, que quelqu'un allait apparaître, le texte de la Constitution en main.".
J'ai aimé cette dualité dans ce personnage si particulier, un homme qui n'a presque ni Dieu ni maître, qui croit en ses idéaux et se bat pour eux mais qui est régulièrement visité par les démons du passé et qui tente de résister à la tentation, celle de succomber à nouveau à l'alcool, son seul maître sur terre grâce à qui il pense noyer les images d'horreur imprégnées à jamais dans son esprit.
Il cherche l'oubli mais l'envie est toujours là et est ravivée par les conséquences de l'enquête qu'il mène : "Après quatre années de sobriété, je voulais une fois encore me remplir l'esprit d'araignées, de limaces rampantes, de serpents qui viendraient tous autant qu'ils étaient se nourrir des morceaux de ma vie que je massacrais quotidiennement.".
Le style de James Lee Burke est percutant, il utilise à merveille les codes du roman policier penchant fortement vers le roman noir, il y a des scènes de bagarre, des passages à tabac et l'emploi d'un vocabulaire de circonstance grossier où chaque homme cherche à impressionner l'autre en jouant les gros durs.
Ce roman a achevé de me réconcilier avec le genre littéraire policier que j'avais eu tendance à délaisser depuis quelques années.
Il faut dire que j'y ai trouvé tout ce que je cherchais : une ambiance, une atmosphère, un personnage torturé mais droit dans sa morale, l'utilisation à outrance de la violence et d'un langage de charretier, une enquête qui prend le temps de se dérouler et beaucoup de noirceur; en somme je m'y attendais mais le cycle de Dave Robicheaux claque vraiment et je ne suis pas prête de m'arrêter en si bon chemin.

"La pluie de néon" de James Lee Burke est dans la pure tradition du roman policier voire noir américain, un récit à travers lequel suinte toute la moiteur et les relents de racisme du Sud profond des Etats-Unis et qui colle encore à la peau et au cœur une fois le livre refermé.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices


Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL


Souvenirs de Marnie de Hiromasa Yonebayashi



Anna, jeune fille solitaire, vit en ville avec ses parents adoptifs. Un été, elle est envoyée dans un petit village au nord d’Hokkaïdo. Dans une vieille demeure inhabitée, au cœur des marais, elle va se lier d’amitié avec l’étrange Marnie … (AlloCiné)


A tous ceux qui pensaient que le départ en retraite de Hayao Miyazaki (le maître) sonnait la fin des studios Ghibli, que nenni !
Voici une nouvelle perle de l'animation tout droit sortie des mythiques studios Ghibli !
Et je tiens à vous préciser que malgré le côté très étrange du scénario, il ne s'agit pas d'une histoire de vampires ! (et pas du tout à la Twilight) (blague privée)


Anna est une jeune fille pleine d'amertume, de rancœur, beaucoup trop pour son âge, à tel point que j'en étais désolée pour elle et que le chemin pour qu'elle s'apaise semblait long, très long, mais pas impossible.
Anna est une enfant adoptée, et pour une raison ignorée du spectateur, elle en tient rigueur à ses parents adoptifs et se comporte de façon odieuse avec sa mère.
Elle a la santé fragile et part donc passer l'été dans un petit village au nord d' Hokkaïdo dans de la famille lointaine.
Et là, c'est une révélation : elle découvre fascinée le manoir au bord du marais, et fait la rencontre de la pétillante mais mystérieuse Marnie.


Ce dessin animé retrace l'évolution d'Anna, une petite fille trop vieille par rapport à son âge qui va finir par se comporter comme tout enfant de son âge devrait le faire, et surtout s'accepter ainsi qu'accepter l'amour inconditionnel de sa mère adoptive.
Je ne parle que de la mère car le père est totalement absent, il est à noter que les figures paternelles ne sont pas à l'honneur dans ce dessin animé, qu'il s'agisse de l'absence totale du père d'Anna ou encore de celui désinvolte et dandy de Marnie.
Anna va se révéler à elle-même au cours de cet été, grâce à l'amitié de Marnie mais également à celle d'une autre jeune fille qui va l'aider dans sa quête de la vérité pour découvrir qui est réellement cette étrange Marnie qui apparaît et disparaît, donnant bien souvent l'impression de relever de son imagination ou du monde des fantômes revenus hanter les vivants sur terre.
L'évolution du personnage d'Anna est intéressante, elle grandit au cours de cet été et finit par être une petite fille charmante et pleine de vie, ce n'était pas franchement gagné au départ.
J'ai eu un doute sur qui était vraiment Marnie, et puis mon doute a fini par s'avérer juste mais il n'en demeure pas moins que la révélation finale est surprenante et bien menée car révélée au spectateur en plusieurs fois.
L'un des éléments principaux à retenir de ce dessin animé est l'importance de se parler, de se dire les choses pour ne pas laisser des non-dits étouffer une relation, Anna a vécu trop longtemps dans le secret et celui-ci a fini par la ronger intérieurement, ne lui permettant pas de s'épanouir car ne sachant pas d'où elle venait.
Ces vacances d'été sont l'occasion pour elle de découvrir un passé qu'elle ne soupçonnait pas et qui lui manquait, la rendant renfermée sur elle-même et refusant de s'ouvrir aux autres et de finalement réussir à apprécier les charmes et les petits plaisirs de la vie.
Anna avait le bonheur sous ses yeux mais elle n'en avait aucune mesure, c'est une belle leçon de vie à retenir à tout âge.
Le scénario est extrêmement dense, ce qui est rare pour un dessin animé mais pas pour ceux sortant des studios Ghibli, à tel point que le film aurait mérité de durer un peu plus longtemps tant l'histoire est étoffée et pourrait prendre un peu plus le temps de s'épanouir et de révéler toute sa beauté.
Car j'ai trouvé l'histoire vraiment magnifique, très touchante et poignante, et j'ai été bien surprise de voir de jeunes enfants à la séance car ce film n'est pas vraiment destiné aux plus jeunes : il n'est pas forcément facile à comprendre pour eux, il est quand même très triste et la relation entre Anna et Marnie est par moment très ambiguë.
Là encore, c'est une marque de fabrique des studios Ghibli : leurs dessins animés sont rarement à destination des enfants de 4/5 ans, certains parents devraient être un peu plus vigilants.
Les dessins sont remarquables, ce n'est pas tant le graphisme des personnages qui m'a éblouie mais celui des paysages.
Le manoir est tout simplement magnifique, certaines scènes sur les marais sont de toute beauté, qui plus est le réalisateur a fait une mise en abîme en insérant des personnages dessinant les propres dessins que lui-même a créé.
La musique est aussi très belle et accompagne joliment les dessins.


Je suis ressortie de ma séance enchantée par ce dessin animé, un peu interrogative quant à sa dureté et à la densité du scénario, et finalement j'y repense encore plusieurs jours après l'avoir vu, preuve qu'il a su me toucher et me marquer et que sa magie ne s'efface pas sitôt la lumière rallumée.
C'est pourquoi je vous invite à aller découvrir "Souvenirs de Marnie" de Hiromasa Yonebayashi, une belle nouveauté des studios Ghibli.







vendredi 30 janvier 2015

Challenge Petit Bac 2015


Enna a lancé depuis 2011 le Challenge Petit Bac se déroulant du 1er janvier au 31 décembre de l'année considérée.

Ce Challenge propose 10 catégories + un bonus facultatif, à nous de trouver le mot correspondant à chaque rubrique dans un titre de livre.
Le mot doit rentrer dans la catégorie sorti de son contexte (il peut donc avoir un sens différent dans le titre du livre).
Pour finir le challenge, il suffit de finir une ligne, c'est-à-dire avoir lu 10 (ou 11) titres correspondant à chaque catégorie.
Attention, un titre ne peut compter que pour une seule catégorie.

J'ai participé à ce challenge l'année dernière et après m'être interrogée si je rempilais ou non, j'ai décidé de le faire car je participe désormais à un nombre très limité de challenges et j'ai toujours comme objectif de faire diminuer ma PAL, c'est pourquoi je piocherai majoritairement voire exclusivement dedans pour compléter ce challenge.

Le Challenge Petit Bac 2015 débute le 1er janvier 2015 et s'achèvera le 31 décembre 2015, les catégories cette année sont les suivantes :

Prénom : masculin ou féminin, surnom, diminutif (mais de nom de famille)

Lieu : réel ou imaginaire (ville, pays, état, continent, fleuve, mer, lieu naturel, construit, aménagé, "ici" et "là" sont acceptés)

Animal : réel ou imaginaire (de l'insecte au dinosaure en passant par les licornes et les sirènes, et les mots associés comme "animal", "bête", "bestiole")

Objet : petits ou gros du moment qu'ils sont transportables (le mot "objet" est accepté mais pas "maison" ou "immeuble")
"Un dernier VERRE avant la guerre" de Dennis Lehane

Couleur : toutes les couleurs que l'on peut trouver dans les catalogues de peinture sont acceptées, et aussi les mots "couleur", "teinte", "nuance" etc.

Pronom personnel sujet : je, tu, il, elle (it si c'est un titre en anglais ou d'autres pronoms personnels si c'est la langue d'origine), on, nous, vous, ils, elles

Titre en un seul mot : un signe de ponctuation après le mot est accepté

Taille : tout ce qui désigne une taille, grandeur, grosseur ou mots associés (petit / grand / gros / mince / lourd / nain / géant / colosse / miniature ... et les mesures de distance, de taille et de poids ainsi que les poids les évoquant (distance, mesure, dimension ...))

Musique : tout ce qui a un lien avec la musique (chanson, musique, notes (attention : je ne prends pas "la" quand c'est l'article défini en français, ni "A", la note anglaise, quand c'est l'article indéfini anglais), portée, instruments, noms de courants musicaux, danses, objets liés à la musique (micro, ampli, pupitre), termes musicaux, silence, son ...)

Mort : tout ce qui a un lien avec la mort (mort, fin, meurtre, meurtrier, cimetière, assassinat, enterrement, veuf/veuve ...)

Gros mot : bonus facultatif assez libre puisque tout ce qui peut être dit d'un ton insultant ou méprisant est accepté

mardi 27 janvier 2015

Top Ten Tuesday #85


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres que vous avez découvert grâce à un book club

1) "Dans la ville des veuves intrépides" de James Cañón
2) "Entre ciel et terre" de Jón Kalman Stefánsson
3) "Des milliards de tapis de cheveux" d'Andreas Eschbach
4) "Le livre des nuits" de Sylvie Germain
5) "Le boulevard périphérique" de Henry Bauchau
6) "Jeanne" de Jacqueline de Romilly
7) "Le chant du monde" de Jean Giono
8) "Le train" de Georges Simenon
9) "L'antilope blanche" de Valentine Goby
10) "Quelques minutes après minuit" de Patrick Ness

lundi 26 janvier 2015

Bilbo le Hobbit de J.R.R Tolkien


Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible. L'aventure tombe sur lui comme la foudre quand le magicien Gandalf et treize nains barbus viennent lui parler de trésor, d'expédition périlleuse à la Montagne Solitaire gardée par le grand dragon Smaug, car Bilbo partira avec eux ! Il traversera les Terres Solitaires et la forêt de Mirkwood dont il ne faut pas quitter le sentier, sera capturé par les trolls qui se repaissent de chair humaine, entraîné par les gobelins dans les entrailles de la terre, contraint à un concours d'énigmes par le sinistre Gollum, englué par la toile d'araignée géante... (Le Livre de Poche)

"Dans un trou vivait un hobbit", je ne peux résister au plaisir de vous mettre cette première phrase qui ouvre les aventures de Bilbo le Hobbit, celui qui se pensait tranquille dans sa maison et refusait même l'idée d'aventure et qui va révéler son courage au cours d'un vaste périple en compagnie du magicien Gandalf et d'une troupe de nains : "Nous sommes des gens simples et tranquilles, et nous n'avons que faire d'aventures. Ce ne sont que de vilaines choses, des sources d'ennuis et de désagréments ! Elles vous mettent en retard pour le dîner ! Je ne vois vraiment pas le plaisir que l'on peut y trouver.".
J'avais lu il y a fort longtemps "Bilbo le Hobbit", puis à l'occasion de la sortie du premier volet au cinéma j'avais découvert la bande dessinée qui s'était inspirée du roman, et une fois la trilogie achevée, j'ai décidé de relire ce roman.
Grand bien m'en a pris, ai-je envie de dire, car j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre (et redécouvrir) les aventures de Bilbo à travers les Terres Solitaires, la sombre forêt de Mirkwood, le concours d'énigmes avec Gollum, la charmante discussion avec le non moins charmant Smaug le dragon, pour finir sur la magnifique Bataille des Cinq Armées.
J'aime bien le personnage de Bilbo, ce n'est pas un mauvais bougre, il ronchonne souvent mais finit par se prendre au jeu et piqué par la curiosité de découvrir ce qu'est l'aventure il va suivre dans leur quête la troupe de nains de Thorïn, partie reconquérir leur trésor dans la Montagne Solitaire gardé depuis de nombreuses années par le terrible dragon Smaug.
Il est naturel, ne se prend pas la tête, il aime son confort et sa tranquillité mais n'est jamais naïf et sait se remettre en question, puisqu'il accepte de partir dans une quête qui ne le concerne pas de près comme de loin.
C'est le personnage qui va connaître un développement personnel important, il revient certes chez lui mais n'est plus le même; c'est aussi un personnage sage qui saura prendre les bonnes décisions au bon moment.
Il a aussi une confiance en ses amis assez touchante, à commencer en Gandalf à qui il remet son destin entre ses mains : "Gandalf pensait à presque tout; et s'il ne pouvait tout faire, il était capable de bien des choses en faveur d'amis en posture critique.".
Bilbo se départit bien souvent de sa bonne humeur et de son moral, il éprouve au long de son aventure des émotions contrastées, voire contradictoires : "La Montagne Solitaire ! Bilbo était venu de loin et il était passé par bien des aventures pour la voir et, maintenant qu'il la voyait, il n'en aimait pas du tout l'aspect.",mais il garde foi en ses compagnons, la solidarité et l'amitié sont des thèmes forts de ce roman, outre l'acceptation des différences d'autrui.
Car Bilbo va découvrir la compagnie et le caractère des nains : "C'est ainsi : les nains ne sont pas des héros, mais des calculateurs qui ont une haute idée de la valeur de l'argent; certains, astucieux et déloyaux, sont d'assez mauvais drôles; d'autres sont au contraire d'assez braves gens, tel Thorïn et Cie, si l'on n'attend pas trop d'eux.", des personnages avec qui il va partager con côté de bon vivant mais avec lesquels il va aussi devoir apprendre à s'imposer.
Car les nains ne sont pas des êtres parfaits, à l'image des elfes qui sont ici présentés sous un jour parfois inquiétants et pas forcément angéliques ou d'un Gandalf pas toujours sûr de lui, ils peuvent vite perdre la raison avec trop d'or et de richesses, les transformant en redoutables êtres prêts à tout pour conserver leur trésor (un peu comme Smaug, bien qu'il ne soit pas sympathique de nature) : "Les simples aperçus fugitifs qu'ils avaient eux, au passage, du trésor avaient ranimé la flamme de leurs cœurs de nains; et quand le cœur d'un nain, fût-il le plus respectable, est éveillé par l'or et les bijoux, ce nain-là devient soudain hardi, sinon même féroce.".
La convoitise et l'avarice sont fortement dénoncées dans cette oeuvre, et ce à plusieurs reprises : la troupe perd son chemin dans la forêt de Mirkwood en voulant voler le festin des elfes, Thorïn ne vit plus que pour retrouver l'Arkenstone au point d'en perdre la raison et de refuser de voir la guerre imminente.
Dans ce roman, j'aime énormément le style simple et direct de J.R.R Tolkien, qui réussit à créer une oeuvre de fantasy sans que le lecteur s'en rende vraiment compte, ce qui est important pour une lectrice comme moi ne raffole pas particulièrement de ce genre littéraire, ou alors à petites doses.
Ce livre est également un des rares livres avec une double étiquette : à la fois jeunesse et adulte, car s'il a certainement été écrit à l'attention des plus jeunes, il se lit très bien à tout âge, permettant d'en avoir ainsi une grille de lecture différente.

A l'inverse du "Seigneur des anneaux", je trouve "Bilbo le Hobbit" plus abordable par rapport à la mythologie créée par J.R.R Tolkien autour de la Terre du Milieu, le lecteur est moins perdu dans les différentes régions et les différents personnages, l'impression générale qui s'en dégage demeure légère bien que certains passages laissent augurer un sombre avenir, ce qui a contribué à faire de ce roman un très bon compagnon de route que je vais garder à proximité pour le relire (une nouvelle fois) à l'occasion.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL


dimanche 25 janvier 2015

Prix des Lectrices 2015

Comme on ne change pas une formule qui marche, le Club des Lectrices a décidé de relancer pour la troisième année le Prix des Lectrices (bientôt tous les magazines littéraires baveront devant ce Prix qui est chaque année un succès).

Le Prix 2015 est composé de 7 livres, dont 2 bandes dessinées, un logo qui arrive bientôt, et il y a un an pour les lire (et les auteurs féminines ont la part belle cette année !).

En 2015, les nominés pour le Prix des Lectrices sont :


"Long week-end" de Joyce Maynard, proposé par Anne-Pauline


"Le chardonneret" de Donna Tartt, proposé par Claire


"Tout seul" de Chabouté, proposé par Delphine


"Petits oiseaux" de Yôko Ogawa, proposé par Marjolaine


"Les ignorants" d'Etienne Davodeau, proposé par Sophie


"Le manteau de Greta Garbo" de Nelly Kapriélian, proposé par Violette


"Le livre de Dina" de Herbjørg Wassmo, proposé par moi-même

Prix des Lectrices 2014 : Et le(a) gagnant(e) est ...

Il y a un peu plus d'un an, le Club des Lectrices relançait son Prix des Lectrices pour l'année 2014.


La semaine dernière, le Club des Lectrices s'est réuni pour la première fois en 2015 pour parler littérature et surtout élire le fameux livre qui remporterait le Prix en 2014.

Le vote a été serré et quatre livres ont dû être départagés :
- "Pour seul cortège" de Laurent Gaudé
- "Quelques minutes après minuit" de Patrick Ness
- "Les locataires de l'été" de Charles Simmons
- "Mudwoman" de Joyce Carol Oates

Après trois tours de vote, le Prix des Lectrices 2014 a été décerné à :


"Quelques minutes après minuit" de Patrick Ness

La troisième édition du Prix des Lectrices a été lancée dans la foulée et une nouvelle fois, la sélection est des plus alléchantes ! 

samedi 24 janvier 2015

La famille Bélier d'Eric Lartigau



Dans la famille Bélier, tout le monde est sourd sauf Paula, 16 ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l’exploitation de la ferme familiale. Un jour, poussée par son professeur de musique qui lui a découvert un don pour le chant, elle décide de préparer le concours de Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l’éloignement de sa famille et un passage inévitable à l’âge adulte. (AlloCiné)


Eric Lartigau, c'est celui qui m'avait fait beaucoup rire il y a quelques années avec "Prête-moi ta main" et depuis, je ne m'étais plus intéressée à sa carrière.
Et puis j'ai entendu parler de "La famille Bélier", j'ai lu le résumé ... et franchement ça ne m'emballait pas plus que ça (tout le monde est sourd dans la famille sauf Paula, 16 ans, ça ne vend pas du rêve).
Le film est sorti, les spectateurs se sont rués dans les salles obscures, je me suis refusée à regarder la bande annonce pour ne rien découvrir du film et j'ai fait comme eux.


Les chroniqueurs le prévoyaient, et à juste titre, ce film est le succès de la fin d'année 2014 et du début 2015.
Telle une autopsie, revenons sur les raisons de ce succès : l'histoire ne relève certes pas de l'Académie Française mais elle a le mérite d'être jolie, pleine de bons sentiments, et de traiter de plusieurs thèmes dits de société; la jeune Paula (Louane Emera) est une adolescente de son âge, mal dans sa peau, peu aimée de ses petits camarades mais avec une voix en or; la famille malgré son silence forcé est attachante et pleine d'amour; il y a de l'émotion et de l'humour; des chansons de Michel Sardou (je laisse apprécier à chacun si c'est un atout ou non pour ce film); il n'est donc pas étonnant que ce film fonctionne aussi bien.
J'ai bien aimé le personnage de Paula, j'étais un peu comme elle au même âge : pas du tout appréciée de mes camarades, mal dans ma peau, et la musique était un moyen d'évasion, c'est pourquoi je pouvais assez bien la comprendre, comme beaucoup d'adolescents au même âge ont pu aussi se reconnaître en partie dans ce personnage.
Il y a des scènes extrêmement drôles, notamment la visite chez le gynécologue, des répliques acerbes qui font mouche (à la question du maire sortant pourquoi les gens voteraient pour un sourd, réponse de Paula : ils ont bien voté pour un con), même si certaines sont faciles, des scènes émouvantes et de l'émotion, et des scènes avec beaucoup de tendresse, par exemple celle où Paula chante pour son père qui l'écoute la main sur ses cordes vocales.
S'il n'y a pas la parole dans cette famille Bélier, il y a beaucoup d'amour, de la part des parents (Karin Viard, sourire émail diamant; et François Damiens), des enfants entre eux et envers leurs parents, et c'est bien le plus important.
Il y a bien évidemment la musique qui a une place importante dans l'histoire, je fais partie des rares personnes ne regardant pas The Voice, je ne connaissais donc pas Louane Emera mais elle a une très jolie voix, et ça m'a fait plaisir d'entendre ces nouvelles versions des quelques chansons phares de Michel Sardou.
L'acteur qui m'a le moins convaincue est Eric Elmosnino, en professeur de chant il a tendance à en faire des tonnes et trop c'est trop, il finit par être agaçant plus qu'amusant.
Et c'est en fouillant pour rédiger ma chronique que je découvre que l'un des scénaristes est Stanislas Carre de Malberg, vu pour la dernière fois dans le téléfilm "Le château des oliviers".
Je constate que pour obtenir un bon scénario à une comédie il faut s'y mettre à plusieurs, une nouvelle fois la recette a marché : comédie, drame, bons sentiments.
Certes, il y a quelques clichés et quelques maladresses, mais l'ensemble reste bon et il y a de quoi être fier, car en France on sait faire des comédies familiales, on avait juste un peu oublié la recette mais maintenant qu'elle est retrouvée espérons que c'est parti pour continuer.


Avec "La famille Bélier", Eric Lartigau a, sans vouloir faire de jeux de mots faciles, confirmé que le bonheur (et l'amour) sont bien dans le pré !
Ce film est une comédie sympathique qui permet de s'évader de la morosité ambiante, qui plus est de signature française, alors pourquoi bouder ce moment de plaisir ?







mardi 20 janvier 2015

Top Ten Tuesday #84


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres à paraître en 2015 que vous attendez impatiemment

1) "Tous les démons sont ici" de Craig Johnson, Gallmeister
2) "Berlinoise" de Wilfred N'Sondé, Actes Sud
3) "Danser les ombres" de Laurent Gaudé, Actes Sud
4) "Prends garde" de Milena Agus, Liana Levi
5) "Amours" de Léonor de Récondo, Sabine Wespieser
6) "Comme tous les après-midi" de Zoyâ Pirzâd, Zulma
7) "Lucy in the sky" de Pete Fromm, Gallmeister
8) "Fin de mission" de Phil Klay, Gallmeister
9) "Une fille bien" de Holly Goddard Jones, Le livre de poche
10) "Les passagers de la foudre" d'Erik Larson, Le livre de poche

mercredi 14 janvier 2015

Le Rouge et le Noir de Djian, Toni Fezjula et Jocelyne Charrance d'après Stendhal


Tome 1 Jeune homme de dix-neuf ans d'origine modeste, mais instruit et ambitieux, Julien Sorel est engagé comme précepteur des enfants de M. de Rênal, maire de la ville de Verrières. Il parvient peu à peu à séduire Mme de Rênal, mais lorsque le fils de la jeune femme bourgeoise tombe gravement malade, elle croit au châtiment divin et est prise de remords. M. de Rênal ayant reçu une lettre anonyme dénonçant la liaison amoureuse de sa femme, le jeune précepteur est chassé de la maison.

Tome 2 Entré au séminaire de Besançon, Julien Sorel se voit proposer un poste de secrétaire à Paris, auprès de l'influent marquis de La Mole. Mathilde, la fille du marquis, tombe rapidement sous les charmes de Julien et informe son père de son désir de l'épouser. Ils sont sur le point de se marier quand le marquis reçoit une lettre de Mme de Rênal dénonçant l'immoralité de Sorel. Ce coup de théâtre va tout remettre en cause dans la vie déjà chaotique du jeune homme. (France Loisirs)

Je n'ai jamais vraiment compté lire "Le Rouge et le Noir" de Stendhal, à tort ou à raison, j'ai profité de cette version en bande dessinée pour découvrir l'oeuvre dont j'ai pu voir l'adaptation télévisuelle de Jean-Daniel Verhaeghe il y a quelques années.
Je ne sais pas si ça vient du fait que je l'ai lu en ayant un peu de fièvre et/ou en adaptation en bande dessinée, mais j'ai trouvé l'histoire assez complexe, difficilement compréhensible dans son intégralité au premier abord et avec de nombreuses ellipses et raccourcis dans l'intrigue.
J'ai quand même compris les grandes lignes de celle-ci et je dois bien dire que le personnage de Julien Sorel m'a laissée de marbre.
Il dégouline d'ambition ce jeune homme que j'en étais désolée pour lui, aujourd'hui on dit "avoir les dents qui raclent le parquet", il illustre très bien cette phrase.
Il vient d'un milieu très modeste et il a envie d'en découdre avec la bonne société, de s'y faire une place et un nom, le problème c'est qu'il ne brille pas en société et s'y illustre plutôt par ses maladresses.
Qu'à cela ne tienne !
Il va donc décider de séduire la femme de Monsieur de Rênal, la douce, belle et parfois naïve Louise de Rênal, qui va bien entendu succomber à la tentation et ensuite s'en repentir alors que son mari ayant reçu une lettre anonyme dénonçant cet adultère met tout en oeuvre pour éloigner le bel Apollon.
A sa décharge, je trouve que Madame de Rênal est la victime de l'histoire, à la fois de Julien mais aussi de ses principes et de sa rigueur morale qui la poussent dans un premier temps à éloigner son amant, et dans un deuxième à dénoncer son attitude à sa fiancée, ce qui provoque le drame final.
Cette femme est partagée entre sa raison et son cœur et contrairement à chez Jane Austen, c'est la raison qui l'emporte.
A noter qu'elle a en prime un époux tout à fait charmant qui n'hésite pas à la rabaisser à tout moment : "Vous parlez là comme une sotte que vous êtes ! Quel bon sens peut-on espérer d'une femme ? Jamais vous ne prêterez attention à ce qui est raisonnable.".
Julien part donc au séminaire à Besançon, il est bien évidemment haï de tous ses camarades jusqu'au jour où l'abbé Pirard lui propose de devenir le secrétaire du marquis de La Mole.
Deuxième tentative de briller dans le monde, deuxième échec et surtout deuxième rencontre amoureuse avec la belle Mathilde, fille du marquis, qui tombe plus amoureuse de l'idée d'être avec un fils de paysan que de Julien lui-même.
A ce stade, je note que ce jeune homme a toujours des choix malheureux dans les femmes dont il s'amourache.
Contrairement à Madame de Rênal, Mathilde n'est pas empêtrée dans sa morale, elle s'ennuie dans son beau salon et se lance à corps perdu dans cette passion amoureuse : "Une fois déjà, Mathilde avait écrit ce genre de lettre, mais ce n'était qu'une réponse. Ici, elle écrivait la première, et osait dire qu'elle aimait. Quelque part, elle outrageait sa caste.".
Le projet de beau mariage parvient aux oreilles de Madame de Rênal, qui s'empresse de prendre sa plume sans l'ami Pierrot et écrit aussitôt au marquis pour descendre en flèche le Julien et sa conduite inqualifiable envers les femmes.
Si avant cela c'était déjà le drame, après cet épisode c'est le drame puissance mille, et la fin de la bande dessinée est bien trop gentille par rapport à la fin réelle du roman.
J'ai envie de dire aux auteurs qu'à ce stade ce n'était plus la peine d'épargner le lecteur qui a très bien compris qu'il vivait littérairement parlant une version masculine des "Malheurs de Sophie" en encore plus tragique.
Je suis bien consciente que pour faire tenir au format de bande dessinée une histoire aussi riche il fallait prendre des déviations, le souci c'est que j'ai eu parfois du mal à recoller tous les morceaux.
D'un autre côté, les caractères de Julien, Madame de Rênal et Mathilde de La Mole sont bien dessinés et compréhensibles du lecteur, et si je ne me suis pas trop attachée à eux cela tient entièrement à leur caractère et non à la façon dont ils sont présentés au lecteur.
Derrière cette histoire tragique, il y a tout un contexte historique intéressant et au-delà du personnage de Julien l'ambitieux, il faut aussi y voir un ardent partisan de Napoléon Bonaparte.
Car Stendhal a créé ses personnages et son histoire autour d'un contexte historique, et cela ressort très bien dans le récit, d'autant plus que cette bande dessinée est agrémentée de notes revenant sur les événements de l'histoire et la vie de Stendhal ainsi que son processus créatif.
Pour créer son histoire, l'auteur s'est d'ailleurs inspiré de deux faits réels de son époque : les affaires Berthet et Lafargue.
J'ai également beaucoup apprécié la situation de l'histoire, dans cette ville provinciale de Verrières en Franche-Comté, et plus tard à Paris.
Quant au titre, j'avoue qu'il demeure assez énigmatique et je reste partagée sur sa signification réelle.
Finalement, j'ai lu une mise en image d'une étude sociale, politique, psychologique et historique quasiment sans m'en rendre compte.
Les dessins sont bien faits ainsi que la police de texte, j'aime décidément beaucoup ces adaptations de grands classiques de la littérature en bande dessinée.

J'ai commencé cette chronique en disant que je ne comptais pas lire "Le Rouge et le Noir" de Stendhal et finalement en relisant tout ce que j'ai pu dire de cette adaptation en bande dessinée je me rends compte que dans un sens ma curiosité a été piquée au vif et qu'il se pourrait bien que je me décide à lire un jour ce roman.
Cette bande dessinée est une bonne première approche de cette oeuvre complexe et se lit avec plaisir et qui sait, il se pourrait bien que sa lecture fasse naître des vocations pour découvrir le récit original de Stendhal.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec pour PAL en danger 2015 / Chute de PAL


Je suis Charlie (2)

Parce qu'aujourd'hui cela fait une semaine.
Parce que j'avais envie de rendre hommage aux personnes disparues durant ces trois jours sanglants.
Parce que je ne sais absolument pas dessiner ni croquer le vif par la caricature, c'est donc par un dessin que je le fais.

mardi 13 janvier 2015

Top Ten Tuesday #83


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres achetés en 2014 que vous vouliez absolument lire mais que vous n'avez pas encore lus

Déjà je constate que je n'ai fait que 2 descendes chez les bouquinistes en 2014, pourquoi avais-je l'impression d'en avoir fait plus ?
J'ai donc été sage, et je suis la première surprise !
Mais parmi tous mes achats je n'ai évidemment pas tout lu (bien que je constate en avoir fait sortir la majorité de ma PAL assez vite).

1) "Enchantement' d'Orson Scott Card
2) "Ellen Foster" de Kaye Gibbons
3) "Une affaire de charme" d'Edith Wharton
4) "L'horloge sans aiguilles" de Carson McCullers
5) "Eté" d'Edith Wharton
6) "La trilogie de Tora" de Herbjørg Wassmo
7) "Fils de la providence" de Herbjørg Wassmo
8) "L'héritage de Karna" de Herbjørg Wassmo
9) "Feu pour feu" de Carole Zalberg
10) "La dernière fugitive" de Tracy Chevalier

lundi 12 janvier 2015

Cette nuit, je l'ai vue de Drago Jančar


Veronika Zarnik est de ces femmes troublantes, insaisissables, de celles que l’on n’oublie pas. Sensuelle, excentrique, éprise de liberté, impudente et imprudente, elle forme avec Leo, son mari, un couple bourgeois peu conventionnel aux heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, tant leur indépendance d’esprit, leur refus des contraintes imposées par l’Histoire et leur douce folie contrastent avec le tragique de l’époque. 
Une nuit de janvier 1944, le couple disparaît dans de mystérieuses circonstances, laissant leur entourage en proie aux doutes. Qui était vraiment Veronika ? Quelle fut vraiment sa vie ? Que cachait-elle ? Cinq proches du couple tentent alors de cerner l’énigmatique jeune femme et délivrent, par fragments, les nombreuses facettes de sa personnalité, et ainsi reconstruisent son histoire, celle de son mari et celle de la Slovénie. Une oeuvre polyphonique magistrale ! (Phébus)

Il y a des romans qui viennent entre nos mains on ne sait trop pourquoi, celui-là c'est parce qu'il était en tête de gondole à la bibliothèque et que le titre et la couverture m'ont plu, et simplement ensuite le résumé.
Et puis c'est de la littérature Slovène, et je n'en avais jamais lu jusqu'à présent.
Pour toutes ces raisons je me suis lancée dans la lecture de ce roman chorale qui tourne autour de deux axes : le premier est une femme, Veronika Zarnik, qui a disparu une nuit de janvier 1944 avec son mari et qui est au cœur des réflexions de chacun des cinq personnages qui vont se raconter et la raconter, et ainsi permettre au lecteur de la découvrir; le second est cruellement d'actualité puisqu'il s'agit de la liberté, tout simplement, illustrée par le personnage de Veronika mais surtout par la présence constante de chevaux dans l'histoire, cet animal illustrant la liberté.
Qui était Veronika Zarnik ?
L'épouse de Leo, ce mari qui n'apparaîtra que dans les récits des différentes voix qui vont se succéder, la maîtresse de Stevo pour qui elle quittera un temps son mari et sa ville, l'amie de Horst Hubermayer, un médecin Allemand, la fille de celle que tout le monde appelle Madame Josipina, la femme dirigeant le domaine où travaillaient Jozi et Jeranek.
Ce sont d'ailleurs ces cinq personnes qui vont porter au lecteur un éclairage sur la personnalité de Veronika, en racontant leurs souvenirs immédiatement, ou dans l'après-guerre, ou pour certains près de cinquante ans après les faits.
Veronika est une femme libre qui a beaucoup fasciné et séduit les femmes comme les hommes : "Elle était intouchable. Attirante, mais intouchable.", une femme semblable à son cheval avec qui elle fait corps.
Elle est aussi une femme de tradition et bien qu'elle suive son instinct pour vivre ses passions, elle écoute aussi parfois la voix de la raison, sa mère, ainsi elle revient chez son mari quelques années après avoir pris la fuite avec son amant.
Une mère qui aujourd'hui regrette d'avoir poussé sa fille à revenir : "Elle aurait peut-être eu l'âme en peine à Maribor, mais elle serait en vie. Je veux dire qu'en tout cas, je saurais qu'elle est en vie et en bonne santé, on pourrait se parler au téléphone.".
Mais dans le fond, ce qui ressort de ce récit c'est que des femmes comme Veronika suscitent autant de fascination que de haine, tout comme le couple qu'elle forme avec son mari : "On vit une époque où on ne respecte que les gens, vivants ou morts, qui étaient prêts à se battre, même à se sacrifier pour les idées qu'ils ont en partage. C'est ce que pensent les vainqueurs et les vaincus. Personne n'apprécie les gens qui ne voulaient que vivre.".
Ce roman n'est pas exceptionnellement long mais il est d'une densité rare.
Les cinq témoignages se succèdent les uns à la suite des autres, dans un ordre temporel, et ont une cohérence les uns avec les autres ainsi qu'un fil conducteur : Veronika.
C'est un récit hanté par le fantôme d'une femme, un insaisissable spectre qui fascine autant le lecteur que les narrateurs.
Cette histoire est d'une beauté remarquable, je l'ai suivie avec passion, et j'ai tenté, en vain, d'attraper au vol la libre Veronika, mais je n'y suis pas parvenue.
Le fond m'a laissée par terre, la forme aussi.
Le style de l'auteur est tout simplement remarquable, à aucun moment Veronika n'intervient en direct et pourtant rarement personnage n'aura été si vivant à travers les lignes qui la racontent.
J'y ai ressenti toute la nostalgie, les regrets, le désespoir, l'amour des personnages, avec une forme de poésie se dégageant de l'ensemble, comme une complainte adressée aux disparus.
Et l'auteur m'a permis à travers ce roman de me transporter et de faire revivre une Europe Centrale qui n'existe plus, ou plutôt sous une forme différente.
Un véritable coup de maître pour lequel je ne suis pas surprise d'avoir découvert après-coup que ce roman avait reçu le Prix du meilleur livre étranger 2014.

"Cette nuit, je l'ai vue" de Drago Jančar est un roman polyphonique magistral, une très belle claque littéraire en ce début d'année et une très belle découverte d'un auteur Slovène qui porte haut les couleurs de la littérature d'Europe Centrale.

dimanche 11 janvier 2015

India Dreams Tome 8 Le souffle de Kali de Maryse et Jean-François Charles


Fin du XIXe siècle. Arrivés en Inde depuis Londres, les protagonistes de ce nouveau cycle d’India Dreams voient les fils de leurs destinées peu à peu s’entremêler, sous des dehors souvent sombres ou menaçants… À Calcutta, le couple que forment le juge Arthur Byle et son épouse Cybill, déjà éprouvée au contact de ce pays qui l’impressionne et l’effraie, implose sous un coup du sort tragique : leur jeune fils Winston succombe aux violentes fièvres de la maladie des marais. Pendant ce temps, à Agra, le capitaine Redfield et Percy Law, dont la première rencontre, violente, a failli s’achever par un viol, parviennent à solder pacifiquement leur différent, grâce à l’entremise du professeur Sybellius. Tandis que Redfield, désormais balafré, prend à nouveau le chemin du Rajasthan pour y briser une rébellion à la tête d’une troupe de lanciers cipayes, l’horizon semble enfin s’éclairer pour Percy, qui retrouve son cher Abe. Elle n’a pas encore pris conscience que l’inquiétant enquêteur Pimlicott est désormais sur ses traces, tout près… (Casterman)

"Je suis Krishna, le dieu bleu, l'amour divin, je suis l'océan, l'Himalaya, le Gange, je suis le printemps, la plus belle des saisons, celle de l'explosion de la nature, de la joie et du désir.", ainsi commence ce nouveau tome et sur la très belle fête du printemps.
Dans ce troisième tome de ce nouveau cycle, l'histoire s'est bel et bien mise en place et les personnages se trouvent confrontés à leur pire crainte : Arthur Byle perd son fils et voit son couple voler en éclat, sa femme repart tandis que sa fille fait le choix de rester avec lui; l'étau se resserre autour de Virginia avec l'arrivée de l'inspecteur Pimlicott; tandis que le capitaine Redfield part en guerre au Rajasthan.
Il n'y a pas de temps mort dans ce volume, certains personnages dévoilent un côté inquiétant, à l'image de la douce Virginia/Percy qui manie tout de même drôlement bien l'aiguille pour se défendre : "Es-tu sûr qu'elle a toute sa raison ? Peut-être a-t-elle vécu de trop violentes passions ? A moins qu'elle ne soit à la fois ange et démon !", tandis que d'autres apprennent le sens et le respect de la vie.
Encore plus que dans les tomes précédents, les auteurs ont choisi de montrer le rejet de plus en plus important des Indiens vis-à-vis des Anglais : "Ils ne respectent rien, ces Anglais, et puis ils s'étonnent de la colère des dieux.", des rébellions agitent de plus en plus différentes régions, l'indépendance commence à faire son chemin dans les esprits.
Et il reste toujours la magie de ce pays qui permet d'apaiser tout, même les pires moments de la vie comme la mort d'un enfant : "Aux Indes, la paix de l'âme rend plus supportable la souffrance.".
A ce titre, le personnage d'Arthur Byle me semble le plus intéressant, c'est celui qui s'ouvre et se découvre le plus, c'est aussi celui qui se révèle large d'esprit alors que sa profession pourrait laisser croire le contraire.
Je n'ai plus qu'une hâte désormais, c'est que tous ces personnages se télescopent de nouveau et se découvrent sous un jour nouveau que celui d'un voyage en mer sur un paquebot.
L'Inde ne laissera personne comme il était auparavant, c'est en tout cas le message sous-jacent de cette bande dessinée.
Je n'ai plus de petits reproches à lui faire comme j'ai pu le faire précédemment, cette fois-ci l'intrigue est bien engagée et j'attends impatiemment de lire la suite et, déjà, le dénouement.
J'ai fini par m'attacher aux personnages et à leur destin, je dois tout de même reconnaître que les trouve un léger cran en-dessous par rapport au premier cycle, mais c'est sans doute aussi lié au changement d'époque.
Je suis par contre toujours aussi fascinée par l'Inde et la représentation qu'en font les auteurs, tout comme la remarquable qualité des dessins et ces splendides aquarelles qui remplissent des pages et des pages : mieux que des cartes postales et extrêmement plaisantes à regarder.

"Le souffle de Kali" est un très bon opus de ce nouveau cycle de la série "India Dreams" qui ne donne qu'une envie : découvrir la suite et fin de cette série particulièrement réussie se déroulant en Inde à l'époque victorienne.

samedi 10 janvier 2015

India Dreams Tome 7 Taj Mahal de Maryse et Jean-François Charles


Fin du XIXe siècle. Arrivés en Inde depuis Londres, tous les protagonistes de ce nouveau cycle d’India Dreams se mettent peu à peu en place pour que se noue un nouveau drame… À Calcutta, le juge Arthur Byle, nommé à la Cour Suprême, a bien du mal à faire accepter à son épouse Cybill l’exotisme envahissant de leur nouveau cadre de vie. Au Rajasthan, affecté au 8e régiment de lanciers du Bengale, le jeune capitaine Redfield doit supporter l’hostilité déclarée de son officier supérieur, tout en se préparant à affronter la terrible communauté des sectateurs de Kâli, les étrangleurs thugs. Tandis que dans l’état d’Awadh, accompagné de ses jeunes protégés Percy et Abe, le professeur Sybellius, fraîchement exclu des grandes écoles d’Angleterre pour érotomanie, déclame des vers à tue-tête du haut de sa monture éléphantesque, sur la piste entre Calcutta et Agra : « Entendez-vous le silence annonciateur des tempêtes sur terre comme dans le cœur des hommes… » (Casterman)

Après leur arrivée en Inde, les différents protagonistes de l'histoire se séparent pour suivre leur chemin : Arthur Byle prend son poste à Calcutta, tandis qu'à son contraire et celui des enfants sa femme n'arrive pas à s'adapter au pays; le capitaine Redfield subit ses premiers affronts et revers dans sa quête de rétablir l'honneur de son père; le professeur Sybellius a quant à lui pris sous son aile la jeune Virginia se faisant appeler Percy et le jeune Abe : "Souvent, à l'étranger, des compatriotes ont une propension à s'entraider alors qu'ils ne le feraient pas dans leur pays !".
Il est intéressant de voir dans ce tome que tous les personnages n'abordent pas l'Inde de la même façon : Arthur Byle s'y sent à son aise et continue de voir l'avatara alors que sa femme déteste ce pays, la nudité exposée ainsi que les libertés sexuelles; Virginia essaye de s'y reconstruire une vie, tout comme le professeur Sybellius : "Parfois, j'ai l'impression que toute cette exubérance sonne faux comme si le professeur fuyait quelque chose.".
Mais c'est aussi un pays rude : "Manger ou être mangé. Tuer ou être tué. Être dominant ou dominé. Ainsi va le monde, ma fille.", dans lequel s'affrontent des idéologies, et surtout sous domination Anglaise, ce qui se ressent bien dans le texte.
En diversifiant les personnages, les auteurs ont sans doute perdu un peu de rapidité dans la mise en place et le déroulement de l'intrigue, car je trouve que ce nouveau cycle s'illustre particulièrement par l'ambiance qu'il dégage tandis que l'intrigue est parfois reléguée au second plan.
Ça ne me dérange pas plus que ça, mais je ne voudrai pas avoir une conclusion précipitée.
De plus, je trouve que l'histoire est un peu moins connotée "aventure" par rapport au premier cycle.
L'Inde n'agit pas de la même façon sur les personnages, hormis sur celui d'Arthur Byle qui se découvre et se révèle à lui-même dans ce pays.
Par contre, quelle beauté dans les dessins, de splendides aquarelles, et quelle maîtrise dans le trait de crayon !
Je suis littéralement sous le charme du graphisme de cette bande dessinée ainsi que de sa mise en couleur.

"Taj Mahal" est un tome de transition où l'intrigue commence à se mettre en place mais qui enchante toujours autant le lecteur par la beauté et la qualité des dessins, à lire pour voyager dans l'Inde du 19ème siècle.

India Dreams Tome 6 D'un monde à l'autre de Maryse et Jean-François Charles


Angleterre, fin du 19e siècle. Londres, un paquebot quitte la métropole à destination de Calcutta. Pour la plupart des passagers dont c’est le premier voyage au Raj, les Indes apparaissent à la fois fascinantes et effrayantes. Le peu qu’ils en connaissent provient de récits, d’aquarelles, de la vie sur le sous-continent reconstituée dans la mère patrie par les nababs nostalgiques de cet autre monde. Parmi ces passagers se trouvent le professeur Sybellius, pour qui ce départ est la seule chance d’échapper à un scandale et aux rigueurs de l’époque victorienne ; le juge Arthur Byle, nommé à la Cour Suprême de Calcutta et qui embarque avec toute sa famille ; un militaire voulant réhabiliter son père, ancien officier dans l’armée des Indes ; une jeune femme, Virginia Moore, accusée d’un horrible meurtre et ayant réussi à embarquer sous une fausse identité. Sur ses pas, le terrible et déterminé enquêteur Abott Pimlicott, bien décidé à la poursuivre jusqu’au bout du monde. (Casterman)

Pour ce nouveau cycle de la série "India Dreams", c'est un retour en arrière que nous proposent les auteurs, dans l'Angleterre Victorienne du 19ème siècle.
Contrairement au premier cycle, l'histoire suit ici le destin de plusieurs personnages qui vont se croiser : le juge Arthur Byle, et sa famille, qui vient d'être nommé à la Cour Suprême de Calcutta; le professeur Sybellius qui échappe ainsi à un scandale dans cette période si prude; la jeune Virginia Moore, accusée à tort d'avoir assassiné le fils d'une puissante famille ainsi que leur enfant; et enfin un militaire voulant réhabiliter son père, ancien officier dans l'armée des Indes.
Toutes ces personnes entreprennent ce voyage dans un but bien précis qui n'est pas toujours le même : "Ce voyage, certains avaient été contraints de l'entreprendre pour échapper à des remords, aux rigueurs morales de l'époque victorienne, voire même à la justice tandis que d'autres l'avaient choisi librement, séduits par la promesse d'une vie meilleure qu'offrait cet autre monde.", et pourtant, leurs destins vont se croiser dans cette Inde qui envoûte ou rebute mais ne laisse personne indifférent.
Ce n'est plus la même époque, les mœurs Britanniques sont plus prudes, plus réservées, il y a l'exaltation de certaines personnes, à l'image du professeur Sybellius; l'envie de découvrir du juge Byle qui avant de partir a rencontré une personne ayant fait fortune aux Indes : "Beaucoup de nos concitoyens méprisent les gens comme le major qui, leur terme fini aux Indes, en reviennent immensément riche et font étalage de leur récente fortune. Entre nous, on les appelle des nababs." et qui est le seul à voir les avataras qui se présentent à lui à Londres mais aussi dès son arrivée en Inde; la fuite en avant à l'image de la jeune Virginia qui est traquée par le redoutable enquêteur Abott Pimlicott : "C'est le meilleur enquêteur qui existe dans tout le royaume ! Son unique plaisir ne semble être que la chasse à l'homme. Il prend son temps, traque patiemment le gibier et finit toujours par l'attraper pour le ramener ici, à la prison.".
L'histoire n'est pas tout à fait construite de la même façon, elle est beaucoup plus fournie et l'intrigue est multiple, il y a aussi beaucoup plus de personnages qui se télescopent mais cela ne la rend pas moins intéressante.
Par contre, elle met un peu plus de temps à se mettre en place mais cela offre l'avantage de pouvoir découvrir de façon plus approfondie les personnages.
J'aime toujours autant cette intrigue et le cadre dans lequel elle se déroule, avec ce changement d'époque c'est une autre vision de l'Inde que les auteurs proposent et cela contribue à enrichir cette série littéraire qui se dote ainsi d'un fond historique qui attise la curiosité du lecteur.
Quant aux dessins, je les trouve toujours magnifiques et j'apprécie énormément les aquarelles utilisées comme style pour les dessins, dont certaines s'affichent même en pleine page.
Les couleurs sont toujours douces et les traits des personnages agréables à regarder, j'aime décidément à chaque fois plus la collaboration entre Maryse et Jean-François Charles.

"D'un monde à l'autre" propose un nouveau cycle de la série "India Dreams" signée par Maryse et Jean-François Charles et offre un changement d'époque mais pas de décors.
Cette série est tout simplement envoûtante et une véritable invitation au voyage, à découvrir de toute urgence.

mercredi 7 janvier 2015

Je suis Charlie


Retour sur les lectures de Décembre 2014


Exit l'appellation "Bilan" pour faire le point sur mes lectures du mois passé : trop de pression, de course à la réussite ou je ne sais quoi, je préfère un terme plus neutre qui me permettra de regarder positivement mes lectures passées plutôt que parfois négativement.

En décembre, qu'ai-je lu ?

Plan Orsec pour PAL en Danger / Chute de PAL

"Quand le requin dort" de Milena Agus
"Astérix Le domaine des dieux" de René Goscigny et Albert Uderzo

Service Presse

"Miss Peregrine et les enfants particuliers Tome 1" de Ransom Riggs
"Ces instants-là" de Herjorg Wassmo
"Little Tulip" de Jérôme Charyn et François Boucq

Emprunté à la bibliothèque

"Silex and the City Tome 2 Réduction du temps de trouvaille" de Jul
"Moderne Olympia" de Catherine Meurisse
"India Dreams Tome 5 trois femmes" de Maryse et Jean-François Charles
"India Dreams Tome 6 D'un monde à l'autre" de Maryse et Jean-François Charles
"India Dreams Tome 7 Taj Mahal" de Maryse et Jean-François Charles
"India Dreams Tome 8 Le souffle de Kali" de Maryse et Jean-François Charles

Autre

"Rendez-vous à Bagdad" d'Agatha Christie
"Le petit homme de l'opéra" de Claude Izner

J'ai lu beaucoup de bandes dessinées pour cause de fatigue et de manque d'entrain à lire des romans vers la fin du mois, d'ailleurs j'ai arrêté "Le cœur est un chasseur solitaire" de Carson McCullers, ce n'était pas le bon moment pour le lire, je le reprendrai plus tard.

mardi 6 janvier 2015

Plan Orsec pour PAL en Danger 2015

Souvenez-vous !
L'année dernière, jour pour jour, George et Miss Bouquinaix lançaient le Plan Orsec pour PAL en Danger.

Le Plan Orsec, qu'est-ce donc ?
Un plan d'urgence pour la gestion de catastrophes.

En l’occurrence ici la catastrophe c'est la PAL (Pile A Lire), vous savez tous ces livres achetés qui s'entassent, s'empilent, menacent de s'écrouler, qui sont lus plus ou moins rapidement et parfois délaissés pendant plusieurs années.
L'année dernière ma PAL communiquait en morse avec moi pour me crier "Meday, Meday", cette année c'est silence radio car je lui ai cloué le bec, il faut dire que j'ai pas mal pioché dedans en 2014.
Depuis, nous ne communiquons plus en morse, nous nous contentons de nous regarder et de nous attirer mutuellement (elle des couvertures, moi du regard).

Elle sort de ma bibliothèque, tellement sûre d'elle 
Ma PAL, ma PAL, ma PAL. 
Tellement jolie elle m'ensorcelle 
Ma PAL, ma PAL, ma PAL.

(Chanson "La Seine et moi" du film "Un monstre à Paris" revisitée version PAL)

D'ailleurs, j'avais pris en photos une bonne partie de ma PAL l'année dernière (et j'avais oublié de poster les photos ...).




Comme la fée du rangement est récemment venue faire un tour par chez moi, bientôt des photos de ma nouvelle PAL réorganisée !

Le principe de ce Plan Orsec est donc simple : gérer la catastrophe des livres entassés et délaissés parfois à tort pour faire baisser cette fameuse PAL.
En 2015 ça remue, ça bouge, on la dégomme cette PAL, on lui fait sa fête ! (pour pouvoir mieux préparer la suivante ...)
C'est pourquoi George a lancé le Plan Orsec pour PAL en Danger 2015.

L'année dernière j'avais pris un objectif de lecture d'un livre par mois, ne nous voilons pas la face : c'était facile et je l'ai respecté et systématiquement dépassé à une exception près.
Cette année, je vais essayer d'être plus ambitieuse, 2 livres par mois ça ne fait pas beaucoup et 3 ça me paraît trop ambitieux (certains mois en tout cas), je vais donc partir sur l'objectif de 2 livres par mois.

Sur ce, bonnes lectures, à nous deux ma PAL, et à dans un an !

Top Ten Tuesday #82


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Le Top Ten des livres lus en 2014

Je vais être franche, je n'ai pas voulu me poser la question d'établir mes coups de coeur et/ou mes meilleures lectures de l'année, donc je vais lister 10 livres lus en 2014 et piochés au hasard (essayons un par mois) en fonction des souvenirs et des impressions qu'ils m'ont laissés.

1) "Le peintre d'éventail" de Hubert Haddad
2) "Des hommes en devenir" de Bruce Machart
3) "Ballade d'un amour inachevé" de Louis-Philippe Dalembert
4) "Rue des voleurs" de Mathias Enard
5) "Un dimanche à la piscine à Kigali" de Gil Courtemanche
6) "Le livre de Dina" de Herbjørg Wassmo
7) "Chinoises" de Xinran
8) "Une femme vertueuse" de Kaye Gibbons
9) "Homesman" de Glendon Swarthout
10) "Little Tulip" de Jérôme Charyn et François Boucq