samedi 31 janvier 2015
Un dernier verre avant la guerre de Dennis Lehane
Amis depuis l'enfance, Patrick Kenzie et Angela Gennaro sont détectives privés. Ils ont installé leur bureau dans le clocher d'une église de Boston. Un jour, deux sénateurs influents les engagent pour une mission apparemment simple : retrouver une femme de ménage noire qui a disparu en emportant des documents confidentiels. Ce que Patrick et Angela vont découvrir, c'est un feu qui couve " en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises ". En attendant la guerre des gangs, des races, des couples, des familles. (Rivages)
Parce que j'ai vu "Gone Baby Gone" j'ai eu souvent envie de relire du Dennis Lehane, et qu'en toute logique j'ai décidé de m'intéresser à sa série mettant en scène les détectives privés Patrick Kenzie et Angela - dite Angie - Gennaro.
Et puis entre temps je me suis aussi réconciliée avec le roman policier américain flirtant dangereusement avec le roman noir grâce à James Lee Burke.
Alors ici, il est question de Boston, mais pas Boston la luxueuse et la riche, Boston la crade et glauque des quartiers de banlieue dans lesquels s'affrontent des gangs rivaux, celle qui intéresse si peu les éminents politiciens de ce monde, sauf le jour où une femme de ménage noire habitant l'un de ces quartiers a eu l'outrecuidance de disparaître en emportant des documents confidentiels.
C'est pour la retrouver, et surtout les documents qu'elle a dérobés, que Patrick Kenzie et Angela Gennaro, amis depuis l'enfance et associés dans le travail, sont embauchés par deux sénateurs.
Mais derrière cette banale affaire, c'est une toute autre chose qu'ils découvrent, de quoi enflammer la ville de Boston : "L.A. brûle, et dans tant d'autres villes, le feu couve en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises, et nous écoutons des politiciens qui alimentent notre haine et notre étroitesse d'esprit, qui nous disent qu'il s'agit simplement de revenir aux vraies valeurs, alors qu'eux sont assis dans leurs propriétés du bord de mer à écouter les vagues pour ne pas avoir à entendre les cris des noyés.".
Car c'est bel et bien une guerre des gangs qui va avoir lieu à Boston, une guerre de drogue, une guerre de races, une guerre de famille, car d'un côté il y a le cruel Marion Socia avec son gang des Saints : "Marion est impitoyable et il a sept vies. Y a pas un membre des Saints qui ne soit convaincu qu'il est Satan. Dans l'organisation de Socia, tu merdes ne fût-ce qu'un peu, tu meurs. Pas d'issue. Pas de compromis. Les Saints se croient dans une guerre sainte.", et de l'autre celui de son fils, Roland.
Là encore, j'ai donc découvert une ambiance et une atmosphère particulièrement électriques qui se détachent bien du récit, ainsi qu'une galerie de personnages hauts en couleurs.
Car il est difficile de croire qu'il s'agit du premier roman de cette série tant les deux personnages de détectives se connaissent parfaitement l'un et l'autre, et tant ils paraissent par la même occasion familiers au lecteur.
D'un côté, il y a Patrick Kenzie, pas complètement désabusé et cynique et bien souvent lucide : "Il y a des gens, soit tu les tues, soit tu laisses tomber, parce que tu ne les feras jamais changer d'avis.", pas happé par le démon de la bouteille mais bien attiré par Angela, son amie d'enfance mariée à un tocard de première qui lui tâte bien souvent du goulot et en profite pour cogner sa femme quand il est d'humeur.
Patrick Kenzie est un homme avec un bon fond, une morale à laquelle il se tient dans son travail et dans sa vie privée et à qui des types comme Socia filent la gerbe : "Rien que de savoir qu'il existait me faisait haïr la nature du monde.".
Angela n'est mas pour autant en reste et ne tient pas le rôle de la potiche, elle a elle aussi son caractère et sait s'affirmer.
Si leur métier de détectives privés est ainsi présenté par l'un des protagonistes de l'histoire : "Vous courez le nez au sol en reniflant les buissons et les merdes chaudes jusqu'au moment où vous trouvez le renard. Alors, vous vous écartez et vous laissez les chasseurs l'abattre.", avec ces deux-là il serait réducteur de s'arrêter à cette définition car leur mission va bien au-delà, et ce souci de son prochain ne leur vient pas du fait que leur bureau se trouve dans le clocher d'une église.
Vous l'aurez donc compris, j'ai pris énormément de plaisir à lire ce roman à la fois pour les personnages mais aussi pour le fond et l'ambiance qui s'en dégagent, m'est avis que je ne regarderai plus forcément Boston de la même manière désormais, il y a le côté pile, mais aussi le côté face; et m'est avis aussi que je n'arrêterai pas de sitôt de lire les aventures de Patrick Kenzie et Angela Gennaro.
Dennis Lehane, c'est un concentré de bombe en roman, et si son "Shutter Island" m'avait déjà profondément marquée je ne peux que vous inviter à trinquer avec "Un dernier verre avant la guerre", car celle-ci est proche et personne n'en sortira indemne.
Livre lu dans le cadre du Challenge Petit Bac 2015 - Catégorie Objet : Verre
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