lundi 31 octobre 2016

D'amour et de sang de Marie-Aude Murail


Un étrange flacon traverse les siècles. On raconte qu'une goutte de son parfum peut changer le destin de celui qui le sent, à condition qu'au même instant, un loup apparaisse quelque part. (Bayard Jeunesse)

Depuis que j’ai lu "Simple" je suis bien décidée à poursuivre ma découverte des romans de Marie-Aude Murail.
Celui-ci m’a attirée pour son côté intrigant sur un objet du quotidien : "C'était un petit flacon de parfum en albâtre.".
Mais ce flacon n’est pas ordinaire, il contient un parfum miraculeux devant être utilisé avec parcimonie et toujours en présence d’une forme de loup (par un prénom par exemple) : "Ce parfum peut tout guérir mais il ne doit servir qu'exceptionnellement.".

Le roman propose de suivre l’itinéraire de ce flacon sur plusieurs siècles, chaque partie étant consacrée à une époque précise.
Ainsi, le roman s’ouvre sur l’époque Romaine, traverse notamment le Moyen-Âge, la Commune de Paris pour s’achever à l’an 2000.
Le principe est à chaque fois le même : le flacon, dont il se murmure qu’il aurait appartenu à Marie de Magdala, entre en possession d’une personne, qui à un moment donné doit en faire usage, mais bien évidemment pour de bonnes raisons.
Le titre du roman s’explique par le fait qu’à chaque fois que le flacon refait surface il y a une période de sang (la guerre, des épidémies, etc.) et s’achève sur une histoire d’amour.
Ce flacon crée un lien entre deux personnes de sexe opposé que rien ne prédestinait à s’entendre, ni même à se rencontrer, il abolit les barrières et force le destin, le cas le plus marquant étant celui de la sorcière et du cagot (nom désignant une personne susceptible d’avoir la lèpre) : "Ils avaient même plaie au front, même lézarde au cœur. Ils se haïssaient pour rien.".
Je suis sans doute trop grande pour apprécier pleinement ce roman, mais je lui reconnais beaucoup de qualités.
S’il m’a paru trop court et un peu répétitif dans la trame, je reconnais que plus jeune il m’aurait totalement emballée.
La dimension historique est intéressante, les époques les plus importantes sont balayées, et qui plus est, il y a à chaque fois une histoire d’amour (on a un cœur de midinette ou non).
J’aime assez les côtés ésotérique et mystérieux qui s’en dégagent, cela permet de captiver un lectorat jeune.
Par contre, il y a de quoi s’emmêler les pinceaux si on le lit trop jeune, le prénom de Loup/Lou est présent à chaque chapitre, de quoi ne plus s’y retrouver et se perdre dans les époques en mélangeant les personnages.
Je le conseille donc à partir de 10 ans, sa lecture est sans doute d’autant plus intéressante lorsque l’on a étudié la période Antique et Moyenâgeuse.

"D’amour et de sang" plaira à un public jeune, ce n’est toutefois pas la meilleure œuvre de cette auteur et pour ceux qui ne la connaîtrait pas, je les invite plutôt à découvrir Marie-Aude Murail avec un roman comme "Simple".

dimanche 30 octobre 2016

Mal de pierres de Nicole Garcia

     
     

Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José, un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante.
Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage, fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve. (AlloCiné)


Le film s’ouvre sur une femme, Gabrielle (Marion Cotillard), accompagnant avec son mari José (Alex Brendemühl) leur fils à un concours musical à Lyon.
Ma plus proche voisine se retourne et demande si elle n’est pas trompée de salle, le doute est juste car difficile de voir dans cette femme rangée la Gabrielle sauvage à la limite de la folie que promet le synopsis du film.
La voiture est prise dans un bouchon, Gabrielle voit le nom de la rue adjacente et sort précipitamment de la voiture, laissant son mari et son fils qu’elle décide de rejoindre plus tard, pour se diriger vers une adresse de cette rue.
La voilà cette Gabrielle dévorée par la passion qui agit par instinct et non par raison.
Et puis c’est un retour en arrière d’un peu plus de 15 ans, Gabrielle est issue de la bourgeoisie agricole, elle rêve de Passion, celle avec un grand P, celle qui empêche de dormir la nuit et éveille les sens et les désirs.
Gabrielle a jeté son dévolu sur l’instituteur qui lui prête "Les hauts de Hurlevent", celui-ci la rejette mais Gabrielle n’est pas fille à se laisser raisonner.
Sa mère Adèle (Brigitte Roüan) s’inquiète de cette fille folle dont le ventre se tord parfois de douleur, alors elle décide de la marier à José, un ouvrier agricole ayant fui l’Espagne franquiste.
Gabrielle dit d’entrée à José qu’elle ne l’aimera pas, lui non plus, pourtant il va s’attacher à faire d’elle une femme respectable et va la soigner, l’envoyant en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres.
Dans cette cure, Gabrielle se lie avec Agostine (Aloïse Sauvage), employée, et fait la rencontre du lieutenant André Sauvage (Louis Garrel), blessé en Indochine.
Pour cet homme elle s’enflamme, la voilà la passion charnelle qu’elle attendait tant, et cette fois-ci pas question de le laisser filer, elle partira avec lui et peut-être vivra-t-elle enfin cette passion qui la fait tant rêver.


Gabrielle, elle a le côté aride et sec du sud, elle est à l’image de cette terre agricole qu’elle arpente, mais elle est aussi sensuelle et animale.
Quel personnage fort, à l’image des femmes dans les romans de Milena Agus (en tout cas c’était le cas dans "Quand le requin dort"), elle n’est pas folle elle est juste follement amoureuse de la passion, elle ne rêve que de cela, d’amour plus fort que tout mais aussi destructeur.
Forcément, Gabrielle n’est comprise de personne, peut-être José est-il le plus proche de la cerner, il se révèle en tout cas un mari plein d’attention pour cette femme à qui l’on n’a jamais appris à aimer ou à faire preuve de gestes tendres.
Marion Cotillard excelle dans le rôle de Gabrielle, je retrouve la grande Marion Cotillard, celle d’avant ses escapades dans le cinéma Américain où elle s’est un peu perdue, celle avec qui j’ai renoué grâce au film des frères Dardenne "Deux jours, une nuit".
Marion Cotillard irradie dans ce rôle taillé pour elle, je ne peux même pas imaginer une autre actrice qu’elle dans ce rôle (ce qui fut aussi le cas pour Nicole Garcia).
A ses côtés j’ai découvert un brillant acteur Espagnol, Alex Brendemühl, tout en retenue face à une Gabrielle sauvage et qui contrebalance merveilleusement le personnage.
Quant à l’homme déchaînant la passion de Gabrielle, c’est Louis Garrel qui l’interprète, brillamment il faut bien le dire car Nicole Garcia a su canaliser cet acteur qui a tendance à partir au quart de tour.
Ici les chevaux sauvages ne sont pas lâchés, hormis pour Gabrielle.
Quant au reste du casting, c’est un sans faute.



Rien dans la mise en scène ne laisse à désirer, tout est pensé au plus juste et tout cadre parfaitement avec l’histoire et les personnages.
Il y a quelques scènes très fortes, une m’a particulièrement marquée lorsque Gabrielle remonte un chemin de terre bordant un champ de lavande, elle avance dans un sens tandis que tout le monde, y compris les ouvriers agricoles, vont dans l’autre.
Je crois que cette scène résume à elle seule le personnage de Gabrielle, seule contre tous, seule dans sa quête de la Passion, au sens charnel mais également religieux.
Nicole Garcia maîtrise non seulement ses acteurs mais aussi sa mise en scène, tout est finement pensé et il n’y a pas de superflu.
C’est un film très charnel, je dirai presque à la limite de l’érotique par moment, avec une Gabrielle léchant la page du livre contenant le nom de l’instituteur qui le lui a prêté et à qui elle finit par écrire une lettre des plus explicites.
Le choix de la mise en scène est à l’image du personnage de Gabrielle, sans que cela ne tombe jamais dans le vulgaire ou le racoleur.
Plus qu’un mal de pierres, je dirai que l’héroïne souffre d’un mal de vivre difficilement guérissable, ce film m’a en tout cas donné grandement envie de lire le roman de Milena Agus dont il est tiré.


"Mal de pierres" est un film brûlant et charnel, une fresque romanesque servie par des acteurs au sommet de leur art, de quoi prolonger un peu les derniers feux de l’automne avant d’entrer dans l’hiver.


     
     

     
     




samedi 29 octobre 2016

Miss Peregrine et les enfants particuliers (Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children) de Tim Burton

     
     

À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs …  et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre "particularité" peut sauver ses nouveaux amis. (AlloCiné)


Jacob (Asa Butterfield) est un garçon ordinaire, voire même un peu looser sur les bords, mais tout bascule le jour où il arrive chez Abe (Terence Stamp), son grand-père, pour le découvrir mort et où il aperçoit une mystérieuse et terrifiante créature s’échapper dans les bois.
Il découvre alors que les histoires que lui racontaient son grand-père sur des enfants particuliers étaient vraies, qu’il les connaissait et surtout, qu’il en était un lui-même, et que Jacob a hérité de son pouvoir (i.e. voir les créatures maléfiques).
Jacob, sous couvert de vacances avec son père, part alors à la recherche du lieu magique auquel son grand-père était attaché : la maison de Miss Peregrine (Eva Green) et les enfants particuliers y habitant.
Mais très vite il se retrouve à devoir les aider, car leurs ennemis sont puissants et le redoutable Barron (Samuel L. Jackson) traque sans relâche Miss Peregrine et ses protégés.


J’ai découvert cette histoire il y a quelques années, en lisant le premier tome écrit par Ransom Riggs.
Depuis, je n’avais pas lu les deux autres suites par contre j’avais appris que le roman allait être porté à l’écran par Tim Burton.
Je m’étais alors réjouie.
Puis j’ai vu "Big Eyes", et là j’ai eu très peur, que Tim Burton se soit définitivement perdu ainsi que la magie et la folie dont il savait parer ses films.
Fort heureusement, Tim Burton a su se reprendre et livre ici un film réussi comme il n’en avait plus fait depuis des années.
Il faut dire que ce type d’atmosphère lui convient parfaitement, il y a de la magie, de la bizarrerie, des personnages habités par de nobles sentiments (ah les preux chevaliers n’hésitant pas à voler au secours de la belle princesse en danger …).
Cet univers lui convient et lui permet donc de briller à nouveau, son étoile s’étant quelque peu ternie avec ses derniers films.
On retrouve dans ce film bon nombre de codes de l’univers de Tim Burton, ainsi des personnages comme Miss Peregrine ou la diaphane Emma (qui n’est pas sans rappeler Christina Ricci dans "Sleepy Hollow") sont des femmes très "Burtonniennes" et symboliques de ce qu’affectionne le réalisateur.
Si les livres se basent sur de nombreuses photographies et sont assez sombres, j’ai trouvé que ce côté noir était atténué et qu’il y avait moins de peur et d’horreur, sans doute pour pouvoir toucher un public plus large.
Le scénario est bien travaillé car s’il s’inspire en grande partie du premier tome il prend une autre direction pour se conclure, un peu trop vite d’ailleurs à mon goût.


Ici, les rôles sont plus tranchés, ce n’est pas comme dans "Beetlejuice" où le méchant est drôle.
Les méchants sont donc très méchants, ils peuvent même impressionner et effrayer un public jeune, et les gentils biens évidemment très gentils.
L’imaginaire joue un grand rôle pour affronter ses peurs, toutefois j’ai l’impression que la morale est moins profonde et tranchée qu’elle ne peut l’être dans les romans.
J’ai apprécié le charme lugubre qui se dégage de ce film, et qui est d’ailleurs assez bien représenté en la personne de Miss Peregrine.
Eva Green est fascinante dans le rôle de cette femme, il faut dire qu’elle a un visage et des yeux très expressifs.
L’acteur incarnant Jacob ne m’était pas inconnu, j’avais pu le voir dans "Hugo Cabret", je trouve qu’il a bien grandi et j’espère qu’il continuera ainsi.
Face à lui il y a la jeune Ella Purnell dans le rôle de l’aérienne Emma.
Là, je dois avouer que je ne me rappelais plus trop bien des dons de chacun, je ne me suis donc pas aperçue que le don d’Emma avait été inversé avec celui d’Olive, personnage qui au passage est plus âgé que dans le roman, mais là encore cela s’explique par le scénario du film.
Tout cela se comprend et prend sens, je trouve d’ailleurs que les enfants sont très bien représentés dans le film et les libertés prises par rapport au roman sont bienvenues.
D’autres grands acteurs font de petits passages, comme Judi Dench dans le rôle de Miss Avocet ou encore Rupert Everett.
Chose assez surprenante, Tim Burton n’a pas fait appel comme d’ordinaire à son complice Danny Elfman pour la musique, celle choisie convient toutefois bien au film.
Dans l’ensemble j’ai donc été séduite par ce film et Tim Burton a remonté d’un cran dans mon estime (il faut dire qu’il avait bien chuté …).
D’ailleurs, j’ai depuis lu le deuxième tome de "Miss Peregrine et les enfants particuliers" et il me reste désormais le troisième et dernier tome à découvrir.


"Miss Peregrine et les enfants particuliers" permet de retrouver un Tim Burton plus inspiré qui livre ici un film collant parfaitement à son univers : du mystère, de la magie, de l’horreur, de l’amour ; en somme une aventure macabre comme il sait si bien les faire.


     
     

     
     

     
     

     
     

     
     

lundi 24 octobre 2016

Comancheria (Hell or High Water) de David Mackenzie

     
     

Après la mort de leur mère, deux frères organisent une série de braquages, visant uniquement les agences d’une même banque. Ils n’ont que quelques jours pour éviter la saisie de leur propriété familiale, et comptent rembourser la banque avec son propre argent. À leurs trousses, un ranger bientôt à la retraite et son adjoint, bien décidés à les arrêter. (AlloCiné) 


Toby (Chris Pine) et Tanner (Ben Foster) sont frères et décident d’organiser une série de braquages visant les agences d’une seule et même banque afin d’éviter la saisie du ranch familial et de rembourser cette même banque avec son propre argent. Mais Marcus (Jeff Bridges), un Ranger bientôt à la retraite, et son équipier Alberto (Gil Birmingham) se lancent à la poursuite de ces deux braqueurs.


Bienvenue au Texas ! Ses mornes plaines, ses puits de pétrole, ses petites villes au milieu d’étendues arides ; c’est le Sud ça, le vrai, le pur, le dur, celui qu’il n’y a qu’aux Etats-Unis et que l’on reconnaît si bien au cinéma ou en littérature. C’est aussi un vaste territoire dans lequel se perdent quelques villes et où la population est majoritairement pauvre. Au-delà de cette histoire d’hommes ordinaires cherchant à se faire justice par le biais du vol (et de la violence), ce film mêle habilement plusieurs genres : le western, le polar, le road-movie et le film social. C’est ce qui le rend si intéressant et si plaisant à voir, ça et l’humour très présent dans les répliques entre les personnages, que ce soit entre les deux frères ou entre le Ranger et son équipier, la palme revient d’ailleurs sans doute à ce duo. Malgré la noirceur de l’histoire, que le spectateur devine au fur et à mesure tandis que dans le même temps il comprend que l’issue ne sera pas joyeuse, les piques que se lancent les personnages prêtent au sourire, et correspondent tout à fait à des scènes de la vie quotidienne. J’ai beaucoup aimé le caractère social qui se dégage du film, particulièrement dans sa conclusion car pour une fois les "méchants" ne perdent pas forcément et ce n’est pas plus mal, car au final ce sont les pauvres gens, ceux lésés par la crise, qui réussissent à s’en sortir, en ayant dupé le système. Ca n’est pas politiquement correct, mais cela fait plaisir à voir, au moins une fois, comme quoi tout n’est pas que noir ou blanc mais peut parfois être gris.


L’esthétique du film est également agréable, celui-ci ayant été tourné en décors naturels. L’atmosphère est bien rendue à l’écran et c’est tout à fait cette vision-là du Texas rural que j’avais à l’esprit. Le film a le mérite de sortir des sentiers battus en ce qui concerne cet état et d’en présenter une face plus pauvre, et par conséquent plus proche du quotidien de ses habitants (mais je vous rassure, le pétrole n’est jamais loin). L’autre atout du film, c’est sa musique et les chansons qui ponctuent les scènes. Evidemment, pour qui n’aime pas la musique country ce n’est pas la peine d’aller voir ce film, mais si comme moi vous appréciez ce style musical alors vous allez être servi. J’ai également beaucoup apprécié le choix des acteurs, si je connaissais Jeff Bridges j’ai été agréablement surprise de découvrir Chris Pine et Ben Foster, d’ailleurs l’alchimie entre les deux fonctionne très bien et ils pourraient facilement passer pour frère dans la vraie vie (d’autant que ce n’est pas la première fois qu’ils sont frères à l’écran).
Je comprends la raison de la traduction du titre du film en Français, néanmoins je trouve la version originale nettement plus proche de ce qu'est l'histoire.


"Comancheria" est un honnête et sympathique film mélangeant plusieurs genres, l'une des bonnes surprises de cette rentrée automnale.


     
     

     
     

     
     

     
     

dimanche 23 octobre 2016

L'ours est un écrivain comme les autres de William Kotzwinkle


Il était une fois un ours qui voulait devenir un homme… et qui devint écrivain. Ayant découvert un manuscrit caché sous un arbre au fin fond de la forêt du Maine, un plantigrade comprend qu’il a sous la patte le sésame susceptible de lui ouvrir les portes du monde humain – et de ses supermarchés aux linéaires débordants de sucreries… Le livre sous le bras, il s’en va à New York, où les éditeurs vont se battre pour publier l’oeuvre de cet écrivain si singulier – certes bourru et imprévisible, mais tellement charismatique ! Devenu la coqueluche du monde des lettres sous le nom de Dan Flakes, l’ours caracole bientôt en tête de liste des meilleures vente. (Cambourakis)

Tout commence avec Arthur Bramhall, professeur prenant un congé sabbatique pour se retirer dans le Maine et écrire son premier roman.
Jusque-là tout se passe bien, d'autant qu'il a écrit un très bon roman, mais voilà que l'étourdi, tout à sa joie du travail achevé, laisse traîner sa sacoche contenant le manuscrit sous un arbre.
Passe alors un ours qui prend la sacoche, lit le manuscrit (oui, l'ours sait lire) et le trouve bon : "Alors que sa pratique de la lecture se bornait aux étiquettes des bocaux de confitures et aux boîtes de vermicelles multicolores, quelque chose dans le manuscrit l'incita à poursuivre. "Tiens tiens, se dit-il, pas mal du tout."", il en profite alors pour réaliser son rêve, à savoir devenir un homme, en l’occurrence un écrivain.
Il part donc à New York, trouve une maison d'édition, le livre rencontre un succès phénoménal, tout comme son auteur, l'ours prenant le nom de Dan Flakes, qui devient bientôt le chouchou des médias et de ces dames.
Cet auteur bourru, avare de mots, totalement imprévisible mais dégageant un charisme fou va devenir un pur produit allant à l'encontre de l'édition d'aujourd'hui : "Mais de nos jours, l'auteur est un produit autant que le livre.".

L'histoire est drôle et complètement loufoque, qui a déjà vu un ours lire ou encore devenir un auteur à succès ?
C'est pourtant sur ce postulat que l'auteur a bâti son histoire, utilisant le côté loufoque et complètement décalé pour faire en réalité une satire du monde de l'édition.
A aucun moment les protagonistes ne se doutent qu'ils ont affaire à un ours, l'auteur prend un malin plaisir à recourir aux quiproquos entre ce que l'ours dit (souvent cela n'a rien à voir avec ce qui lui était demandé, il reste un ours tout de même, grand amateur de miel et de confiture), ce que les humains comprennent et la façon dont ils interprètent les réponses de l'ours.
Tout cela sert bien entendu à dévoiler les travers du monde de l'édition.
Je reprocherai toutefois deux points à ce roman : d'utiliser à l'excès les quiproquos, je n'ai pas frôlé l'indigestion mais au bout d'un moment trop c'est trop, et de ne pas avoir creusé plus la transformation qui s'opère dans le même temps dans Arthur Bramhall.
En effet, tandis que l'ours devient de plus en plus humain Arthur lui découvre son côté bestial et se transforme en ours, allant même jusqu'à hiberner.
J'ai l'impression qu'il y avait quelque chose à creuser (sans vilain jeu de mots) de ce côté mais l'auteur n'a pas complètement tiré profit de cette idée qui était pourtant bonne et amenait un tournant dans l'histoire.
Fort heureusement, l'auteur ne tarde pas à conclure son livre avec une pirouette des plus réussies, car je me demandais bien comment il allait mettre un terme (ou pas) à cette histoire abracadabrante.

"L'ours est un écrivain comme les autres" est un savoureux roman loufoque et satirique à lire avec les doigts traînant en alternance dans les pots de miel et de confiture (et faites attention à ne pas tâcher les pages du livre se faisant).

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices

mardi 11 octobre 2016

Gaston et Gustave d'Olivier Frébourg


Gaston est un très grand prématuré. A sa naissance, il a été séparé de son jumeau. Dans le service néonatal de l’hôpital de Rouen dont l’entrée est gardée par la statue de Gustave Flaubert, il lutte pour respirer. Gaston c’est mon fils. (Mercure de France)

J'avoue sans honte aucune que je ne connaissais pas Olivier Frébourg jusque-là, à une nuance près : j'ai découvert qu'il était le fondateur des Editions des Equateurs, et ça au moins ça me parlait.
Dans "Gaston et Gustave", Olivier Frébourg se livre dans une pudeur maîtrisée.
Il parle de lui, de l'insatiable voyage, du lecteur, du directeur littéraire mais surtout du père qu'il est pour Gaston, son fils prématuré.
Avec sa femme Camille, enceinte de jumeaux, et leurs deux enfants, ils forment une famille heureuse attendant avec impatience l'arrivée de deux nouveaux êtres, mais une nuit tout bascule, Camille accouche prématurément et est sauvée in extremis, tout comme Gaston, ce qui ne sera pas le cas de son jumeau : "Nous croyons que faire des enfants est l'apothéose de l'amour, de notre intimité, du mystère humain et nous découvrons que la Loi, grande ou petite, divine ou mesquine, nous surveille dès la vie utérine.".
Olivier Frébourg et sa femme ont connu l'envers de la maternité joyeuse, celle présentée d'ordinaire, car oui, on a tendance à l'oublier hormis pour ceux qui l'ont vécu, mais la maternité et l'accouchement peuvent être source de drame et tout ne se déroule pas toujours bien.
Avec sa femme convalescente, un fils à inhumer, un autre placé en soins intensifs en couveuse qui lutte pour sa vie, et deux enfants à la maison, c'est à cela qu'Olivier Frébourg a dû faire face, un univers auquel il ne s'attendait pas et pour lequel il n'était pas préparé, car personne ne l'est : "J'ai basculé, quitté le monde de l'espérance pour quoi au juste ? Une contrée incertaine qui doit être un peu celle des limbes.".

En même temps qu'Olivier Frébourg parle de Gaston, son fils miraculé qui s'accroche à la vie, il parle aussi d'un auteur qui compte beaucoup pour lui dans sa vie, normand comme lui : Gustave Flaubert.
D'où le titre du roman, qui raconte l'histoire de Gaston mais se plonge aussi dans celle de Gustave.
Gustave Flaubert est un auteur qui inspire toujours Olivier Frébourg, celui-ci se lancera même dans ses traces pour se reconstruire tandis que son couple aura volé en éclats, mais ici il se demande si ce qui lui arrive n'est pas le revers de la médaille de son admiration pour cet auteur : "J'avais la conviction que ma lecture de Flaubert dans laquelle je m'étais délecté comme un cochon s'ébattant dans sa boue avait détruit toute possibilité d'harmonie.".
Quand on vit un événement tel que celui qu'a connu Olivier Frébourg, je crois que l'on perd ses repères et que l'on s'accroche à tout et n’importe quoi.
Il n'empêche, je n'apprécie pas particulièrement comme auteur Gustave Flaubert mais je ne me suis pas pour autant ennuyée de le voir si présent dans ce roman.
Non, cela ne m'a donné envie de le relire ou de lui laisser une seconde chance (un jour peut-être), mais j'ai apprécié toute la réflexion menée par l'auteur et les parallèles qu'il tisse entre sa vie, ses drames, et ceux connus par Gustave Flaubert.
Malgré un récit très personnel, j'ai été touchée par cette mise à nu d'Olivier Frébourg, il a su utiliser les bons mots pour parler de ce qu'il a vécu tout en restant pudique.
J'ai trouvé qu'il avait des réflexions justes par rapport à sa situation personnelle mais aussi en tant que père : "Un père, un homme qui ne s'écroule jamais, fait front, ne montre pas ses doutes; une ombre qui retraverse sa propre enfance.".
C'est quelque chose que l'on m'a déjà dit, que l'on revit son enfance en regardant celle de ses enfants.
Néanmoins, je trouve tout de même que l'histoire personnelle de l'auteur de deuil d'un enfant finit par se noyer dans ses réflexions et ses longues narrations sur Gustave Flaubert, à moins que ce ne soit volontaire de sa part et une façon pudique de masquer partiellement une cicatrice encore douloureuse.

"Gaston et Gustave" m'a permis de découvrir un auteur à travers un pan tragique de son histoire personnelle mais aussi de découvrir autrement le monstre littéraire qu'est Gustave Flaubert, une belle lecture teintée de la douceur Normande.

Livre lu dans le cadre du Prix des Lectrices 2016



lundi 10 octobre 2016

Rouge Tagada de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini


Elle était dans ma classe. Quatrième D. D comme déconne, délire, débile, dévergondé, début, douleur, douceur aussi. Il y avait tout ça, chez nous. Des pimbêches qui riaient trop fort, des timides, des bébés sages, des filles toutes fières de se comporter en femmes et des garçons qui ne savaient plus comment fonctionnaient leurs mains ni leurs pieds. Il y avait aussi les Jade et les Benjamin, les bons copains toujours là en cas de coup de blues à la récré, toujours prêts à refaire le monde et jouer aux cancres au lieu d’aller en perm. 
Mais il n’y avait qu’une Layla. (Gulf Stream Editeur)

De Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini j'ai précédemment lu "Mots rumeurs, mots cutter", un formidable roman graphique traitant du harcèlement en milieu scolaire.
Ici, il est question du sentiment amoureux, entre deux filles.
Alex rentre en quatrième et c'est le jour de la rentrée qu'elle aperçoit cette fille, Layla, qui très vite va la fasciner : "Elle était dans ma classe. Quatrième D. D comme déconne, délire, débile, dévergondé, début, douleur, douceur aussi. Il y avait tout ça, chez nous. Des pimbêches qui riaient trop fort, des timides, des bébés sages, des filles toutes fières de se comporter en femmes et des garçons qui ne savaient plus comment fonctionnaient leurs mains ni leurs pieds. Il y avait aussi les Jade et les Benjamin, les bons copains toujours là en cas de coup de blues à la récré, toujours prêts à refaire le monde et jouer aux cancres au lieu d’aller en perm. Mais il n’y avait qu’une Layla.".
A l'occasion de cours de théâtre les deux jeunes filles vont se rapprocher, puis devenir amies, de très bonnes amies : "Il y a des oiseaux qu'on appelle comme ça - les inséparables. Quand ils ne se voient plus, ils dépérissent. Si l'un des deux meurt, l'autre ne tarde pas à le rejoindre. Layla et moi, on était un peu comme ça.".
Mais si pour Layla il ne s'agit que d'amitié, Alex va quant à elle tomber amoureuse de Layla, et souffrir, au-delà du fait de découvrir qu'elle aime les filles, car les sentiments qu'elle ressent ne seront pas réciproques.

C’est avec beaucoup de justesse et d’élégance que Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini abordent le thème de l’homosexualité.
Le public visé est jeune, aussi le texte n’est pas volumineux mais il sait être précis et s’attarder sur les épisodes clés de l’histoire.
J’aime assez le graphisme de Stéphanie Rubini, son coup de crayon est à la fois simple et jeune et colle bien avec l’histoire et les personnages.
La mise en page ainsi que la couverture sont très réussies, j’aime beaucoup tout ce rouge qui rappelle bien évidemment les fraises Tagada que les héroïnes dévorent lors de leurs après-midis entre copines ainsi que le recours à des couleurs vives.
Je suis un peu plus partagée sur la chute : soit elle est trop abrupte soit elle est ainsi pour ouvrir ensuite le dialogue ; dans le doute je vais privilégier la deuxième hypothèse.

"Rouge Tagada" est un joli album plein de sensibilité, le mariage de ces deux auteurs fait toujours mouche, et pendant que j’y suis, je vous conseille d’aller jeter un coup d’œil du côté des publications de Gulf Stream.

dimanche 9 octobre 2016

Ava s'en va de Maïté Bernard


Ava va avoir dix-huit ans et n’est plus la jeune fille timide qui évitait à tout prix de se faire remarquer. C’est pour elle difficile à croire, mais elle plaît ! À Angharad, le consolateur du pays de Galles, avec qui elle partage son grand secret. Mais aussi aux autres consolateurs qui misent sur son image et sa notoriété pour dévoiler leur existence, et celle des fantômes, au monde entier. Pourtant Ava ne pense qu’à une chose, retrouver Harald. L’être qui compte le plus pour elle est parti sans laisser de traces. La découverte d’une tombe viking sur l’île de Sercq pourrait être une première piste. (Syros)

J’aurai tellement aimé apprécier plus ce dernier tome des aventures d’Ava que j’ai pourtant tant attendu.
Mais le constat est là, je n’ai été que moyennement emballée par l’ensemble et je ne suis finalement pas si triste que ça d’avoir dû dire au revoir au personnage d’Ava, en tout cas dans ces circonstances.
Si dans les précédents tomes il était question de fantômes à consoler, d’histoires à dénouer, ici la seule préoccupation d’Ava c’est de retrouver Harald, son meilleur ami, un sanguinaire viking devenu fantôme il y a des siècles de cela.
En fait, retrouver Harald est presque secondaire pour Ava, son occupation principale c’est son histoire d’amour avec Angharad, un consolateur Gallois.
Pas de doute, Ava a bien dix-huit ans ai-je envie de dire quelque peu ironiquement … .
Bon, Ava est aussi préoccupée par son avenir en tant que consolateur, apparemment elle est très douée pour son jeune âge et appelée à faire de grandes choses : "Mais je pense qu'un jour tu vas devoir sortir de ta cachette et assumer que tu veux devenir un consolateur, et je dirais même plus, assumer que tu veux devenir un grand consolateur.", mais tout le monde ou presque dans le milieu des consolateurs cherche à s’arracher la marque Ava pour faire connaître au grand jour (et au grand public) les consolateurs.
Et au passage, sur l’île de Sercq sur laquelle Ava passe son été il y a un ouvrier qui est tué (qui devient donc un fantôme), et bien évidemment, Ava et Angharad sont bien décidés à faire toute la lumière sur ce meurtre, d’autant qu’une bonne amie à elle se retrouve accusée : "Oui, un avocat, c'était bien, mais Ava avait aussi son réseau, et dès ce soir, ses fantômes et elle seraient de retour sur la scène de crime.".

L’île de Sercq n’a pas la beauté ou la magie de Jersey et Guernesey, Ava n’a pas changé mais ce n’est pas la présence d’Angharad qui lui donne son aura auprès du lecteur.
En fait, sans Cecilia et sans Harald Ava a beaucoup perdu à mes yeux, elle en devient presque banale alors que ce n’était pas le cas dans les tomes précédents.
J’ai trouvé que dans ce tome ce personnage manque d’envergure, il en devient presque invisible, ou alors l’auteur s’essoufflait et ne savait plus trop quoi faire de cette jeune fille qu’elle a fait grandir en même temps qu’une partie de son lectorat.
J’ai été quelque peu déçue de constater également que les fantômes étaient beaucoup moins présents que dans les tomes précédents.
Ava s’est ici transformée en Agatha Christie et l’auteur a quelque peu délaissé son aspect de consolateur.
Pourtant, j’aimais beaucoup les histoires de tous ces fantômes et les interactions qu’ils avaient avec Ava, c’était à la fois un choc générationnel et culturel.
Avoir fait disparaître Harald apparaît finalement comme une erreur, d’autant plus lorsque la raison est donnée à la fin.
Parlons-en justement de cette fin, je n’ai pas apprécié d’être laissée ainsi, le roman s’arrête sur un point qui n’est pas final et même si l’imagination est laissée pour le devenir d’Ava j’attendais autre chose, une véritable conclusion par exemple.
Ce roman aborde beaucoup d’aspects de la vie future d’Ava, par exemple la révélation de l’existence des consolateurs au monde, sans aller jusqu’au bout.
Il y a des éléments intéressants mais qui ne sont pas complètement exploités, j’ai trouvé que dans l’ensemble ce tome manquait de cohésion, un reproche que je n’avais pas fait à cette série jusque-là.
Alors, peut-être que ce n’est pas plus mal qu’Ava s’en aille.
Et dire que je pensais être triste à la pensée d’abandonner ce personnage auquel je m’étais tant attachée, mais il aura au moins eu le mérite de me faire connaître Maïté Bernard, une auteur jeunesse dont je garde précieusement le nom.

Ava s’en va n’a pas su me plaire et m’enthousiasmer comme les précédents tomes de cette série, j’en garde une impression mi-figue mi-raisin et ne suis finalement pas si déçue que cela de quitter Ava.
Dommage, l’au revoir n’a pas été à la hauteur de mes attentes.

samedi 8 octobre 2016

Victoria de Justine Triet

     
     

Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime.
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu'elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria. (AlloCiné)


Victoria Spick (Virginie Efira) est une avocate pénaliste vivant seule avec ses deux filles et traversant un néant sentimental ponctué uniquement de coups d’un soir.
Son ancien compagnon David (Laurent Poitrenaux), et père des fillettes, a trouvé son inspiration artistique en écrivant sur un blog les histoires dont l’héroïne s’appelle Vicky et qui est avocate pénaliste (i.e. sous le couvert de la fiction il balance sur la toile tous les aspects confidentiels des dossiers de son ex racontés sur l’oreiller).
Victoria est invitée à un mariage où elle retrouve son ami Vincent (Melvil Poupaud) et Sam (Vincent Lacoste), un ancien dealer qu’elle a tiré d’affaire.
Vincent est en couple avec Eve (Alice Daquet), une femme folle psychiquement et de sexe, qui va l’accuser de tentative de meurtre.
Le seul témoin : le chien d’Eve, qui déteste Vincent.
Vincent demande alors à son amie Victoria de le défendre, ce qu’elle va finir par accepter, tout en embauchant dans le même temps Sam comme jeune homme au pair.
Et c’est là que la vie de Victoria va merder et sombrer dans une série de cataclysmes.


L’affiche l’annonce : Victoria est une super héroïne des temps modernes.
Victoria elle est moins … comment dire … moins fleur bleue que Bridget Jones, et elle élève le cynisme à fierté nationale.
En fait, Victoria est une femme complexe que le spectateur va découvrir petit à petit, et oui, elle est bien de ces femmes d’aujourd’hui débordées dans leur vie personnelle et professionnelle et qui luttent pour ne pas sombrer.
Victoria, elle est touchante, et elle représente assez bien une forme de la femme moderne actuelle, même si personnellement je ne cautionne pas son style de vie.
Victoria, elle finit assez vite par être débordée par les problèmes de sa vie, et consulter un psy pour aborder la partie sexuelle et une voyante pour le reste ne va pas l’aider beaucoup.
Il est beaucoup question de sexe dans ce film, cela pourrait même être un personnage à part entière, qu’il s’agisse de la vie sexuelle de Victoria constituée de coups d’un soir piochés sur internet pour tenter de combler un désert sentimental, ou encore celle de son ami Vincent qui se retrouve sur le banc des accusés à cause de celle-ci, ou encore celle de son ex-compagnon qui n’a rien trouvé de mieux que de tout déballer sur la place publique ; mais finalement on en voit peu.
Et ce qui ressort, c’est la solitude dans laquelle Victoria se débat, même si elle a ses deux filles, et que les problèmes dans sa vie ont fini par engloutir sa vie sexuelle, à ce stade il n’est même plus question de vie sentimentale.
Alors oui, pour tout cela Victoria peut être une super héroïne des temps modernes, mais ce qu’il y a de plus beau dans ce personnage, c’est son interprète.
Virginie Efira est tout simplement époustouflante, elle a ici un rôle à sa hauteur qui lui permet de se révéler sans doute réellement pour la première fois face au spectateur.
Elle est sexy, elle est drôle, elle est cynique, elle est occupée, elle gère mille problèmes à la fois, et elle touche.
Autre personnage très émouvant, Sam.
Il est un ex dealer, et donc le moins "clean" de tous les personnages, et pourtant il va se révéler comme le plus sain, j’irai même jusqu’à faire le jeu de mot avec saint.


Derrière "Victoria", il y a bien une comédie, mais j’y ai aussi vu un côté désespéré, à l’image du personnage de Victoria qui est un peu seule contre tous.
Si je devais rapprocher le personnage de Victoria au cinéma, je le ferai par rapport aux personnages de Woody Allen et à ses comédies si particulières et si reconnaissables.
Il y a beaucoup de cynisme dans le film, c’est en cela qu’il est drôle, en certaines répliques mais aussi en certaines situations.
Ainsi, ce procès qui tourne à l’absurde tant le ridicule y est poussé
Il en est ainsi avec ce procès qui tourne à l’absurde tant le ridicule y est poussé, pour ne pas dire sublimé, on vient faire témoigner un chien à la barre, avec un expert comportementaliste.
C’est du grand n’importe quoi, un peu à l’image de la vie de Victoria à ce moment précis de l’histoire.
Et que dire des consultations chez la voyante … .
"Victoria" n’est pas à mes yeux une comédie au sens classique du terme mais elle reflète assez bien notre époque et sait en utiliser intelligemment tous les codes et les composants.



"Victoria" est un film cynique mais jouissif qui signe le renouveau de la comédie à la Française.


     
     

     
     

     
     

dimanche 2 octobre 2016

Challenge d'été 2016 - Destination PAL par Lili Galipette - Atterrissage

Et voilà, l'été s'en est allé, tout comme le Challenge Destination PAL qui est désormais terminé.
Si mes lectures sont bien terminées (encore heureux ai-je envie de dire) il n'en est pas de même pour mes chroniques, c'est pourquoi ma PAL d'arrivée sera actualisée en fonction des publications à venir.

Cette année, j'avais listé une PAL papier et une autre numérique, que voici pour rappel :

Ma PAL papier

Quoi qu'il arrive de Laura Barnett
Chambre 2 de Julie Bonnie
Cher pays de notre enfance d'Etienne Davodeau et Benoît Collombat
Je vous écris d'Italie de Michel Déon
Par un matin d'automne de Robert Goddard
Black messie de Simonetta Greggio
Jours d'orage de Kathrine Kressman Taylor
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee
L'héritage d'Esther de Sándor Márai
Simple de Marie-Aude Murail
Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb
Infidélités de Vita Sackville-West
Shosha d'Isaac Bashevis Singer
Une vie entre deux océans de M. L. Stedman
Ronde de nuit de Sarah Waters

Ma PAL numérique

Orgueil et préjugés de Jane Austen
Otages intimes de Jeanne Benameur
HHhH de Laurent Binet
Le diner de Babette de Karen Blixen
Retour à Little Wing de Nickolas Butler
Le facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain
La ballade de Lila K de Blandine le Callet
L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante
Le nouveau nom d'Elena Ferrante
Le soleil des Scorta de Laurent Gaudé
A la table des hommes de Sylvie Germain
Magnus de Sylvie Germain
Kinderzimmer de Valentine Goby
Péchés capitaux de Jim Harrison
Un sac de billes de Joseph Joffo
Au revoir là-haut de Pierre Lemaître
Journal d'un vampire en pyjama de Mathias Malzieu
Yeruldegger de Ian Manook
La terre qui penche de Carole Martinez
Prendre Lily de Marie Neuser
Le diable au corps de Raymond Radiguet
La mare au diable de George Sand
La case de l'oncle Tom de Harriet Beecher-Stowe
Annihilation de Jeff Vandermeer
D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan

Au final ?
Et bien je ne suis pas mécontente de moi car voici le bilan !

Ma PAL papier

L'île sous la mer d'Isabel Allende
Quoi qu'il arrive de Laura Barnett
Le facteur sonne toujours deux fois de James M. Cain
Par un matin d'automne de Robert Goddard
Black messie de Simonetta Greggio
Jours d'orage de Kathrine Kressman Taylor
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee
Simple de Marie-Aude Murail
Stupeur et tremblements d'Amélie Nothomb
Dans la peau de Coventry de Sue Townsend

Ma PAL numérique

Orgueil et préjugés de Jane Austen
HHhH de Laurent Binet
La planète des singes de Pierre Boulle
Retour à Little Wing de Nickolas Butler
Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl
Charlie et le grand ascenseur de verre de Roald Dahl
Les putes voilées n'iront jamais au paradis ! de Chahdortt Djavann
L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante
Le nouveau nom d'Elena Ferrante
Délivrez-moi ! de Jasper Fforde
Magnus de Sylvie Germain
Kinderzimmer de Valentine Goby
Péchés capitaux de Jim Harrison
La terre qui penche de Carole Martinez
Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter
Annihilation de Jeff Vandermeer
Auschwitz expliqué à ma fille d'Annette Wieviorka
Les anagrammes de Varsovie de Richard Zimler

Ce format quelque peu modifié m'a très bien convenu, il ne me reste plus qu'à remercier Lili Galipette, la formidable et si sympathique organisatrice de ce Challenge et à vous souhaiter de bonnes lectures et à l'année prochaine pour un autre voyage dans la PAL !

Retour sur les lectures de septembre 2016


En ce mois de septembre j'ai continué à sortir quelques livres de ma PAL avant de reprendre le chemin de la bibliothèque municipale.
Pas de déception, quelques belles lectures, voire très belle pour le second tome de la saga Italienne d'Elena Ferrante (ils sortent quand les deux autres ?), certaines plus exigeantes que d'autres à l'image du roman de Laurent Binet, et puis de la littérature jeunesse parce qu'après quelques lectures compliquées j'avais envie de plus de légèreté, et de dire au revoir à Ava dont le dernier tome est sorti il y a peu de temps.
Et puis pour "égayer" l'automne j'ai repris la suite de "Walking Dead", pas facile des les trouver disponibles à la bibliothèque car ces comics sont très souvent empruntés.
Quant aux chroniques, elles vont arriver doucement mais sûrement (et avec un peu de chance vous avez oublié que j'ai dit la même chose le mois précédent - mais les chroniques sont venues même si j'ai encore du retard).

PAL

"Magnus" de Sylvie Germain
"HHhH" de Laurent Binet
"Le nouveau nom" d'Elena Ferrante

Emprunté à la bibliothèque

"Rouge Tagada" de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini
"Ava s'en va" de Maïté Bernard
"D'amour et de sang" de Marie-Aude Murail
"Au revoir là-haut" de Pierre Lemaitre et Christian De Metter
"Gaston et Gustave" d'Olivier Frébourg
"Walking Daed Tome 17 Terrifiant" de Robert Kirkman et Charlie Adlard