vendredi 31 juillet 2015

Sans télé, on ressent davantage le froid : Chroniques de la débrouille de Titiou Lecoq


Comment survivre à une rupture amoureuse ? Comment s'insérer dans une société qui, clairement, n'attend pas les bras ouverts un bac + 5 de sémiologie ?... En adoptant une technique de survie simple : la débrouille. Dans ce journal de bord hilarant se dessine la vie au jour le jour d'une jeune femme d'aujourd'hui, trentenaire, qui passe sa vie entre les boulots, les cartons, ses amis précieux et les histoires ratées. Incapable de survivre sans télé ni ordi, elle doit aussi faire face aux nouveaux rapports hommes-femmes : on discute, on boit, on couche. Le lendemain, on se réveille et on réfléchit. On ne badine pas avec l'amour, ni avec le porno. Un beau jour un enfant naît, et on découvre la vie à trois. Par le prisme de son histoire personnelle romancée et librement adaptée de son blog Titiou Lecoq raconte sans ambages le quotidien de toute une génération. (Fayard)

La première fois que j'ai rencontré Titou Lecoq, c'était avec son premier roman "Les morues", et j'avais beaucoup aimé.
J'ai découvert qu'elle avait un blog, Girls & Geeks, je suis donc allée lire son blog, et non seulement j'ai beaucoup aimé mais je me suis payée une bonne tranche de rire et depuis je le suis régulièrement.
Et puis elle a écrit des articles pour Slate, pour d'autres journaux, et c'est toujours avec plaisir que je lis ses articles.
(Je vous épargne le passage "Je suis allée voir Titiou Lecoq en dédicace au Salon du Livre de Paris", parce que le but premier de cet article n'est pas de vous raconter ma vie trépidante et people).
J'aime son style, elle a une belle plume et de l'humour, aussi quand j'ai appris qu'elle sortait en livre une adaptation de son blog, je me suis dit que la lecture serait truculente.
J'ai un peu attendu pour le lire, mais je confirme d'ores et déjà que la lecture fut truculente (Comprendre : j'ai éclaté de rire dans le RER au cours de ma lecture. Plusieurs fois.).

Titiou Lecoq avait commencé son blog suite à une rupture amoureuse, l'amorce du livre est donc la même.
J'aime particulièrement sa comparaison de la rupture amoureuse à une maladie : "Une rupture amoureuse, ça s'apparente à une maladie auto-immune. Vous vous trouvez à lutter contre un élément qui était naturellement constitutif de votre vie - le couple.".
Certes, le récit pourrait se résumer en "mes ami(e)s, mes amours, mes galères, mes emmerdes", mais ça va un peu plus loin que ça.
Parce qu'il y a toujours de l'humour, parce que sous le ton léger se cache aussi de la gravité et des vraies questions de fond, parce qu'il y a aussi des réflexions de fond derrière les problèmes de la vie quotidienne, parce qu'il y a toujours un très beau style qui fait de cette suite de récits quelque chose de mieux et de moins banal qu'un simple récit de vie personnelle d'une trentenaire qui choisit de quitter le confort de son CDD pour se lancer dans ce qui lui tient à cœur : le journalisme et surtout écrire un roman et être publié.
Le rêver, le dire, c'est facile, le faire beaucoup moins.
Titiou Lecoq ne s'impose pas de barrières, elle parle d'argent comme elle parle de porno, de boulot comme de sexe, c'est un fourre-tout sous forme de journal intime romancé mais ça nous parle forcément à un moment ou à un autre.
Je ne la remercierai d'ailleurs jamais assez d'avoir désacralisé l'accouchement (ah l'épisode du foie de veau !), déjà qu'avant cela ne me faisait pas du tout fantasmer (plus beau jour de ta vie, mais oui bien sûr, et la marmotte ...) mais après avoir lu le récit de son accouchement ça a achevé de me convaincre que c'était bel et bien l'enfer quasiment du début à la fin : "La seule révélation que vous avez, c'est que l'inventeur de la péridurale devrait être béatifié.".
Si j'ai relu avec plaisir quelques-unes des chroniques présentes sur son blog, j'en ai aussi découvert d'autres, et c'est là aussi l'un des avantages du livre : ce qui n'a pas été raconté sur le blog s'y trouve.
C'est parfois grinçant et c'est aussi ça que j'aime chez Titiou Lecoq, elle ne s'épargne pas et a toujours une bonne pelle d'auto-dérision à portée de main dans ses récits.
Pas toujours évident de prendre un tel recul en s'inspirant de son vécu pour écrire, elle y arrive en tout cas très bien.
Je comprends que cela ne plaira pas forcément à tout le monde, mais il n'y a pas à tourner autour du pot, Titiou Lecoq sait parfaitement mettre en mots la vie actuelle des trentenaires Parisiennes, un peu branchées quand même.

"Sans télé, on ressent davantage le froid" est un roman décapant signé de la plume non moins décapante de Titiou Lecoq qui garantit de passer un bon moment de lecture à suivre les chroniques plus ou moins heureuses de cette jeune auteur qui jusqu'à présent ne m'a pas déçue.

jeudi 30 juillet 2015

Le train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann



Alors qu'il s'apprête à démissionner de ses fonctions de shérif pour se marier, Will Kane apprend qu'un bandit, condamné autrefois par ses soins, arrive par le train pour se venger. Will renonce à son voyage de noces et tente de réunir quelques hommes pour braver Miller et sa bande. Mais peu à peu, il est abandonné de tous... (AlloCiné)


"Le train sifflera trois fois" est un film sur la lâcheté ordinaire.
Il suffit de le transposer à notre époque et le scénario fonctionne toujours.
C’est l’histoire d’un homme qui va se retrouver seul, qui va douter, être enfermé dans sa solitude et abandonné par tous : amis, mentor, femme, ex-amante, mais qui va rester droit dans ses certitudes ; un homme, un vrai.
J’aime beaucoup son attitude à la fin car il a enfin compris qu’il ne méritait pas de rester et que les habitants ne le méritaient pas plus, lui seul a gardé ses convictions tandis que les autres se sont barricadés chez eux, ont fui leur responsabilité en reportant à demain ce qu’ils pouvaient faire le jour même, en refusant de prendre leurs responsabilités et d’aider un homme qui était dans le besoin et qui jusqu’à présent les avait défendu et leur avait offert de vivre dans le calme, la sécurité.
Ce n’est pas vraiment un western, d’ailleurs John Wayne n’aimait pas ce film (si vous n’aimez pas John Wayne il y a donc de fortes chances pour que vous l’appréciez).
C’est un film qui joue sur la psychologie et les nerfs.
Il y a une tension qui se met en place, il est beaucoup question de Frank Miller mais il faut attendre près des trois-quarts du film pour voir à quoi il ressemble et ce dont il est capable.
Ce que je reproche au film, c’est qu’il y a une vraie tension qui s’instaure, le spectateur commence à attendre impatiemment la scène de confrontation tant attendue, mais finalement elle est exécutée trop rapidement alors que la tension nerveuse était à son comble.
Le titre original est un peu plus évocateur que sa traduction en Français et retranscrit d’ailleurs plus cette tension nerveuse.
C’est un western en noir et blanc, mais cela n’est pas gênant.
Ce film vaut aussi le coup d’œil pour ses acteurs, avec Gary Cooper dans le rôle de Will Kane, la douce Grace Kelly dans le rôle d’Amy Kane, sa toute jeune épousée, et Katy Jurado dans le rôle de Helen Ramirez, l’ancienne maîtresse de Will Kane.
Je n’irai pas jusqu’à dire que les femmes sont mises à l’honneur, mais elles font en tout cas preuve de plus de courage que bien des hommes et ont plus de caractère.
Elles sont l’opposée l’une de l’autre mais trouvent un terrain d’entente, c’est là aussi une confrontation intéressante à voir.
Et bien entendu, je ne peux pas finir sans parler de la musique de Dimitri Tiomkin, avec cette chanson (signée aussi par John William) lancinante reprises moultes fois dans le film et qui a fini par devenir un air célèbre dans le monde entier : "Si toi aussi tu m’abandonnes …".


"Le train sifflera trois fois" est un film qui se regarde avec toujours autant de plaisir et dont la trame de fond est non seulement universelle mais toujours d’actualité et pourrait tout aussi bien se passer de nos jours.

Et puis cela donne l’occasion de voir un film avec Gary Cooper, une grande figure du cinéma de Hollywood dans les années 30 à 50.

mardi 28 juillet 2015

Top Ten Tuesday #111


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 personnages qui aiment la littérature (qui aiment lire, écrire, qui travaillent dans une librairie ou qui tiennent un blog littéraire, etc.)

1) Thursday Next;
2) Montag, "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury;
3) Helene Hanff;
4) Rouletabille;
5) Tintin;
6) Les personnages dans "Les combustibles" d'Amélie Nothomb;
7) Le libraire de "Flourish & blotts" dans "Harry Potter" de J.K Rowling;
8) "Comme un roman" de Daniel Pennac;
9) Monsieur Sempere et son fils Daniel dans "L'ombre du vent " de Carlos Ruiz Zafon;
10) Jane Eyre.

lundi 27 juillet 2015

Là où je vais tous les matins (ou presque)

Je me suis dit qu'il était temps de vous parler du lieu où je me rends tous les matins, tout du moins du lundi au vendredi hors période de congés : au travail.
Plus particulièrement au bureau.
Mais le bureau (aka le lieu de travail) pour y arriver, il faut lutter déjà.
Prendre les transports, avec des personnes pas toujours très sympathiques, pas toujours très zen, pas toujours très propres.
Et quand tu sors du bain de foule, juste avant de sortit à l'air libre, on (= la RATP et/ou la ville) te vend du rêve.

Voici ce que je vois dès que je sors du RER de luxe privatisé :


Depuis toutes ces années je me fais encore avoir tous les matins.
Je m'attends à voir les hérons, grues et autres oiseaux campagnards que me vend cette image (on dirait même qu'il y a une raie volante, là ça m'inquiète plus, je n'ai pas encore vu de raie voler. A moins que tous les jours je ne franchisse la quatrième dimension, là où les raies voleraient).
Je m'attends à trouver une petite pièce d'eau charmante dans laquelle ces oiseaux s'ébattraient avec plaisir.
(Un jour il faudra que je vous montre les pièces d'eau, vous verrez, on s'attend plus à y voir les poissons flotter le ventre à l'air que les oiseaux s'y ébattre).

Au final, point de pièce d'eau ou d'oiseaux, mais ça.


Ça oscille entre le paquebot maritime et le paquebot aérien, sauf que ça n'a rien d'une machine volante sortie toute droite de l'imagination de Hayao Miyazaki.
Et que ce n'est pas franchement "La croisière s'amuse".
Donc quand je vois ça, tout de suite je n'ai plus envie de chanter en petite tenue "C'est sexy le ciel de N...y, sous ma peau je l'ai en overdose", ni de me faire "un strip en plein midi".

Mais apparemment, c'est beau.
Enfin, certaines personnes trouvent ça beau, parce que réalisé par un grand architecte connu (architecte = personne qui a une vision pour un bâtiment sous l'effet d'une drogue plus ou moins forte. Ici, ça devait être de la bonne.).
Comment je le sais ?
mais parce qu'à proximité il y a des hôtels, et que les touristes prennent tout le temps en photo ces bâtiments, voire même se prennent en photo devant.
A mon avis, ils doivent être recensés dans les guides touristiques, à la rubrique "Architecture".

Mais le bâtiment qui détient le pompon, c'est celui-là, signé par Ricardo Bofill.


Peut-être qu'il y a fort, fort longtemps c'était magnifique, aujourd'hui c'est plutôt décrépi.
Mais bon, ça a du succès auprès des touristes, et même auprès des réalisateurs de cinéma !
Car mesdames et messieurs, je vous annonce que ce superbe bâtiment a servi il y a quelques mois pour y tourner des scènes du dernier volet de "Hunger Games" (oui, Jennifer Lawrence était dans le coin et certaines personnes l'ont vue, malheureusement pas moi. Pour tout dire, je l'ai presque aperçue, derrière les vitres teintés de la voiture qui la ramenait dans Paris).
(Jennifer, next time, take the subway ! It will be more fun !)
Là, j'applaudis et je présente mes respects aux personnes chargées de faire les repérages, parce que dégoter cet endroit, il fallait le faire, donc "Congratulations !".
"Jennifer, we are going near Paris. You will see, it's a great place, you're going to love it !"
J'image la tête de Jennifer en arrivant sur place : sourire extérieur, grimace intérieure (avec l'armée de fans qui hurlait son nom et attendait de l'apercevoir).

Bref, je ne suis qu'une ingrate insatisfaite qui ne sait même pas profiter des chefs-d'oeuvre architecturaux qui entourent mon bureau !

dimanche 26 juillet 2015

Valley of Love de Guillaume Nicloux



Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu'ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant.
Malgré l'absurdité de la situation, ils décident de suivre le programme initiatique imaginé par Michael... (AlloCiné)


Tout lien avec des personnages réels ou des situations réelles n’est pas fortuit.
Certes, Isabelle Huppert et Gérard Depardieu n’ont pas eu d’enfant ensemble, mais ils sont acteurs tous les deux, ils ont tourné ensemble, et Gérard Depardieu a perdu l’un de ses fils il y a quelques années.
On ne peut pas dire que ce film brille par son scénario, il est plutôt classique et peu fourni, mais il s’en dégage quelque chose de particulier : un côté mystique.
C’est finalement une histoire très biblique qui est ici racontée, il y est question de signes, de résurrection, de pardon.
Et si finalement ce n’est pas la possibilité pour Isabelle et Gérard de se parler franchement, de s’ouvrir l’un à l’autre et de se retrouver qui est le véritable cadeau fait par leur fils Michael ?
Celui que l’on ne voit jamais, que l’on ne verra plus, mais dont il est souvent question dans le film.
Et le décor de la Vallée de la Mort contribue à renforcer cet aspect religieux, il s’agit du désert, du pays de la chaleur et de la soif, du pays où il faut se dépasser soi-même pour découvrir la vérité.
Il y a de belles phrases pleines de sens qui sont mises dans la bouche des acteurs, particulièrement celle de Gérard Depardieu, et qui font écho à leur vraie vie.
Il est touchant Gérard Depardieu dans son personnage d’homme mal dans sa peau qui aujourd’hui peut se payer le luxe d’accepter ou non un film en lisant simplement le titre.
Elle est touchante Isabelle Huppert dans le rôle de cette mère qui s’est éloignée de son fils et qui n’est même pas allée à son enterrement, parce que ça fait des années qu’elle n’y va plus, et qui aujourd’hui se pose des questions, essaye de comprendre ce qu’elle a raté avec cet enfant qui a choisi de mettre fin à ses jours.
Mais au-delà de ce côté mystique, ce qui transcende vraiment ce film, c’est le jeu éblouissant de deux monstres sacrés du cinéma Français.
Car inutile de se voiler la face, ce qui fait toute la beauté du film et qui le porte, c’est le jeu incroyable de justesse de ces deux acteurs qui n’ont plus rien à prouver.
Et c’est presque la première fois que j’ai autant remarqué la qualité de jeu d’Isabelle Huppert, son côté rugueux qui laisserait croire qu’elle est dénuée d’émotions dans sa palette de jeu, alors que c’est tout le contraire.
Et puis j’ai bien aimé la mise en scène de Guillaume Nicloux, avec cette longue scène d’introduction qui filme de dos une Isabelle Huppert traînant sa valise dans un motel Américain perdu dans le désert.
Ce film est d’un esthétisme fou, mine de rien.
Le lieu est oppressant, tout comme le deuil que les personnages n’ont pas achevé, mais finalement ils arriveront à se libérer des chaînes qui les ont entravés pendant de si longues années.


"Valley of Love" est un éblouissant bad trip dans la Vallée de la Mort servi par deux acteurs au sommet de leur art et qui a failli passer inaperçu au dernier Festival de Cannes.

Je dis bien failli car je vous invite vraiment à aller voir ce film qui oscille sans cesse entre rêve et réalité, jusqu’à son dénouement quelque peu inattendu.



jeudi 23 juillet 2015

Les enfants du capitaine Grant de Jules Verne


Sur la foi d’un message trouvé dans une bouteille et à demi rongé par l’eau de mer, le Duncan, magnifique yacht anglais, part à la recherche du capitaine Grant naufragé. A son bord se trouvent les deux enfants du disparu, Mary et Robert. L’un des meilleurs géographes français, Jacques Paganel, personnage singulier et sympathique, fait aussi partie du voyage. Les lacunes du message et, plus encore, les hasards de la navigation et la traîtrise de certains faux amis, vont entraîner les membres de l’expédition dans des aventures tragiques ou comiques, sur terre et sur mer, de l’Amérique à l’Australie, comme seul Jules Verne sait les imaginer, dans leur captivante variété. (Le Livre de Poche)

Tout commence au cours d'une excursion au large de Glasgow de Lord et Lady Glenarvan qui, avec leur équipage, pêchent un requin qui contient dans son ventre une bouteille renfermant un message de détresse du Capitaine Grant.
Ils sont jeunes, ils sont riches, ils sont audacieux, ils décident donc de se lancer dans la recherche et le sauvetage du Capitaine Grant et appareillent pour cela à bord de leur yacht dernier cri et tout confort, le Duncan.
Avec eux partent notamment les deux enfants du Capitaine Grant : Mary et Robert, le jeune capitaine John Mangles, le Major Mac Nabbs et un invité de dernier minute et éternel étourdi : le géographe Français Jacques Paganel.

Une chose est sûre : l'aventure va être au rendez-vous dans ce roman assez volumineux découpé en trois parties : l'Amérique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Et comme tous les personnages demandaient de l'aventure, ils vont être servis : "Ni montagnes, ni fleuves ne firent dévier les voyageurs de leur imperturbable route, et ils n'eurent pas à combattre le mauvais vouloir des hommes, les éléments, souvent déchaînés contre eux, soumirent à de rudes épreuves leur généreuse intrépidité.".
J'ai assez bien aimé cet aspect du roman, j'ai pris un certain plaisir à lire leurs péripéties de voyages, même si j'ai fini par trouver que ça faisait beaucoup.
Et que certaines ficelles étaient un peu grosses et se devinaient facilement.
Les parties consacrées exclusivement à l'aventure et à la recherche du Capitaine Grant sont vivantes et écrites dans un style plutôt vif avec des dialogues.
Par contre, d'autres passages sont beaucoup plus longs, remplis de descriptions géographiques et tiennent plus de la leçon voire du manuel scolaire et là, j'ai beaucoup moins aimé.
Voire même ça m'a agacée et j'ai lu en diagonale certains passages, parce que si j'avais voulu un cours de géographie sur l'Australie ou les mœurs anthropophages des peuplades indigènes de Nouvelle-Zélande, j'aurais lu un livre adéquat, pas un roman d'aventure.
Trop de pédagogie tue la pédagogie, et le personnage de Jacques Paganel en est la parfaite illustration.
En somme, j'ai eu la sensation d'être sur des montagnes russes tout au long de ma lecture, avec des passages enthousiasmants et vivants et d'autres où je me suis fortement ennuyée.
L'autre aspect du roman qui m'a dérangée, c'est que tout est beaucoup trop prévisible, et les personnages se sortent toujours bien trop facilement des situations délicates.
Le hasard fait très bien les choses, d'ailleurs il n'y même que ça : du hasard et de la chance, et même Jules Verne a fini par le reconnaître et l'écrire : "Et, quelques instants après, les dix fugitifs, sans savoir comment, sans y rien comprendre, étaient tous en sûreté à bord du Duncan.".
Je me suis sentie un peu moins seule à ne rien y comprendre au fait que les personnages avaient toujours un coup de pouce du destin pour se sortir des pires situations.
Si cela passait à une époque, j'ai trouvé cet aspect à la limite du risible et quelque peu démodé.
En fait, c'est un roman de Jules Verne qui a vieilli, et pas dans le bon sens du terme.
Pourtant le titre était encourageant et m'avait intriguée, je n'ai apparemment pas tiré le bon lot dans la multitude des romans de Jules Verne pour relire cet auteur qui a pourtant su me séduire avec d'autres de ses romans comme "Le tour du monde en 80 jours".

"Les enfants du capitaine Grant" est un cru moyen de Jules Verne qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Peut-être plaira-t-il plus à un public jeune, pour ma part je le classe dans les romans démodés qui ne se lisent/relisent pas très bien et mon choix se portera la prochaine fois sur un roman de Jules Verne quelque peu différent de celui-ci.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices


Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL



Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL


mercredi 22 juillet 2015

Les feux de l'automne d'Irène Némirovsky


Qu’est-ce qui peut attirer la belle et sage Thérèse vers Bernard, ce rebelle un peu voyou, qui s’engage à dix-huit ans dès que la guerre éclate ? À son retour,en 1918, avide de vivre cette jeunesse qui lui a échappé, il prend goût à l’argent facile. De cette passion ne peuvent naître que déceptions et souffrances. Mais ils s’aiment et, lorsque Bernard, prisonnier pendant la Seconde Guerre, est libéré, Thérèse est là, qui l’attend. (Le Livre de Poche)

1914, Martial vient de finir ses études de médecine et de se fiancer avec la douce et sage Thérèse qu'il connait depuis l'enfance.
Pour lui, sa vie est désormais toute tracée, il vient de reprendre le cabinet d'un médecin parti à la retraite, il va se marier, fonder une famille, soigner les gens et ainsi ira la vie : "Sa vie est faite d'avance, tracée jusqu'à la réussite, jusqu'à la vieillesse, jusqu'à la mort. Car, naturellement, il y a la mort. Elle a sa place dans les calculs domestiques. Mais ce n'est pas une bête sauvage, tapie, à l'affût, prête à bondir. On est en 1914, que diable ! Le siècle de la science, du progrès. La mort elle-même se fait petite devant ses lumières.".
Sauf que l'on est en 1914, que la guerre va éclater au beau milieu de l'été, qu'elle va prendre Martial le médecin, le chirurgien, le courageux, qu'il n'en reviendra pas et qu'il n'aura connu qu'une nuit d'amour avec sa toute jeune épousée avant de repartir au front.
Thérèse prend le noir, et la guerre prend aussi le jeune Bernard, un proche de la famille de Thérèse et de Martial, exalté, engagé volontaire, persuadé que la guerre ne durera pas.
Elle dure cette guerre, mais elle se finit, et contrairement à Martial, Bernanrd en revient, changé à jamais : "Moralement, il avait été atteint d'une blessure que rien désormais ne pourrait guérir, qui irait s'élargissant chaque jour de sa vie : c'était une sorte de lassitude, de brisure, un manque de foi, la fatigue et un furieux appétit de vivre.".
Bernard flambe la vie, Thérèse n'a d'yeux que pour lui, ils se marient mais Thérèse est condamnée à souffrir avec un homme tel que Bernard, un profiteur de la vie attiré par l'argent et qui tel un papillon va trop s'approcher de la lumière et s'y brûler les ailes.
Et puis une nouvelle guerre arrive.

La quatrième de couverture ne rend pas justice à ce roman en alléchant le lecteur sur une partie uniquement de l'intrigue.
Donc il faut se contenter d'admirer la très belle couverture et ne surtout pas le retourner, et commencer la lecture.
Outre l'auteur, c'est le titre qui m'a attirée vers ce roman.
J'étais intriguée, je me demandais bien quels pouvaient bien être ces feux de l'automne, et j'ai eu envie de découvrir ce qui poussait la sage Thérèse vers Bernard le rebelle.
Le résumer ne serait pas évident, il faut lire ce roman pour bien le comprendre.
Lire cette oeuvre qui commence par la Première Guerre Mondiale et se finit par le début de la Seconde et qui entre-temps ellipse quelques années en n'en retenant que les plus marquantes de l'entre-deux-guerres : les années Folles au sortir de la guerre et la liesse des années 30 avec le Front Populaire.
Et c'est avec sa justesse coutumière et sans langue de bois qu'Irène Némirovsky croque le portrait de ces deux personnes aussi différentes l'une de l'autre qui ont pourtant uni leur destin, pour le meilleur et pour le pire.
Thérèse, c'est la bourgeoise conventionnelle, celle qui respecte les valeurs de la famille, les traditions, la religion, cette bourgeoisie qui demeure fidèle à elle-même et qui n'évolue pas, alors que le monde extérieur lui bouge et est en pleine mutation.
Bernard, c'est celui qui a été détruit par la guerre, qui y a sacrifié sa jeunesse et perdu ses illusions, ses plus belles années, et qui ne cherche plus qu'à profiter de la vie, comme s'il cherchait à rattraper ses quatre années passées dans la crasse et le sang des tranchées, comme s'il avait une revanche à prendre sur la vie, sur le monde, sur ces personnes restées à l'arrière et qui n'ont rien connu d'autres de la guerre que les suppositions qu'elles en faisaient.
Alors il flambe, il découche, il prend une maîtresse, il envoie valser les bonnes manières et les conventions de la bourgeoisie, il s'illusionne, il se perd, cruelle vie que la sienne.
Thérèse et Bernard, se sont deux épis de blé dans un même champ qui auront besoin de connaître les feux de l'automne, ces feux déclenchés volontairement pour purifier la terre aux prochaines récoltes, pour pouvoir se redécouvrir l'un et l'autre et enfin profiter de la vie en regardant ensemble dans la même direction.
Et il fallait tout le talent d'Irène Némirovsky pour parvenir à saisir au vol le juste, dans ce roman publié six ans après sa disparition et écrit durant sa vie en Bourgogne.

"Les feux de l'automne" est un magnifique roman incisif sur l'entre-deux-guerres signé de la plume parfaite d'Irène Némirovsky, une auteur qui décidément ne me déçoit jamais et me séduit assurément.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL



Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL

mardi 21 juillet 2015

Instantané de transport #5


Hier matin, j'attendais tranquillement le bus quand une femme m'a demandé l'heure.
Je lui réponds, elle me redemande, je le lui redis, et je lui précise que le bus ne va pas tarder à arriver, pensant qu'elle l'attend comme moi.
Elle me regarde et me dit : "Je vais prendre un cachet, j'ai mal au ventre.", et retourne chez elle.
J'ai arrêté de chercher à comprendre dans quelle dimension je me trouvais.

Et puis un peu plus tard en arrivant au travail, c'est un chauffeur de car qui attendait qui me dit bonjour.
Comme je suis polie, je le lui dis également.
Mais je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam.
La journée space continuait donc ... .

Top Ten Tuesday #110


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres qui parlent de la diversité (minorités, religions, homosexualité, handicap, etc.)

Je précise que je n'ai pas lu tous les livres listés.

1) "Rue des voleurs" de Mathias Enard;
2) "Notre Dame du Nil" de Scholastique Mukasonga;
3) "Rêves oubliés" de Léonor de Récondo;
4) "Le royaume" d'Emmanuel Carrère;
5) "Au pays de Dieu" de Douglas Kennedy;
6) "Rouge Tagada" de Charlotte Bousquet;
7) "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh;
8) "En finir avec Eddy Bellegueule" d'Edouard Louis;
9) "Les pieds dans la boue" d'Annie Proulx;
10) "Blue" de Kiriko Nananan

lundi 20 juillet 2015

Adèle Blanc-Sec Tome 5 Le secret de la salamandre de Jacques Tardi


Dans cet album, nous suivons les tribulations de Lucien Brindavoine, chargé par la momie d'Adèle Blanc-Sec de réveiller cette dernière alors cryogénisée. Mais cette mission se révèle loin d'être simple pour Lucien : entre la guerre qui fait rage, l'alcoolisme qui l'affaiblit, le Professeur Dieuleveult qui cherche par tous les moyens à tuer Adèle, la mafia, Lucien rencontrera bien des obstacles. Pourra-t-il remplir sa mission ? (Casterman)

Dans ce cinquième volet des aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, il est question : d'Adèle Blanc-Sec bien entendu, et de son réveil plus particulièrement, de la momie d'Adèle Blanc-Sec, de la Première Guerre Mondiale, d'un dénommé Lucien Brindavoine : "Moi, c'est BRINDAVOINE Lucien, mutilé volontaire, médaillé et pensionné de guerre", du diabolique professeur Dieuleveult, de la mafia, et d'une salamandre du Japon naturalisée et du secret qu'elle contient.

Si vous vous rappelez bien, Adèle Blanc-Sec était tuée à la fin de "Momies en folie", mais comme il n'était pas question de faire disparaître définitivement son héroïne, le brave Mouginot (qui a lui rencontré une mort tragique sans espoir de retour à la vie), aidé de la momie d'Adèle Blanc-Sec, avait mis au point une technique de conservation de notre pétillante Adèle afin de la ramener à la vie.
Mouginot a connu quelques contre-temps, enfin un plus particulièrement : il a été assassiné, ce qui fait qu'Adèle contient à dormir alors que dehors le monde s'étripe et que le sang coule à flot : "Elle dort alors que tout le monde se fait tuer et elle s'en fiche car elle ne sait même pas qu'il y a la guerre. Et même si elle l'avait su, elle s'en serait fichu autant que de la cathédrale d'Albi ou de la statue de Napoléon à Ajaccio.".
Du Caire, la momie d'Adèle Blanc-Sec va activer son réveil en choisissant le soldat Brindavoine.
Ce dernier va prendre son temps et ce n'est qu'en 1918 que cette histoire connaîtra son épilogue.
Entre temps, la mafia s'était intéressée aux travaux de Mouginot et espérait bien récupérer pour son profit ce formidable principe de vie éternelle, mais c'était sans compter sur l'intelligence et les moyens illimités dont dispose la momie : "La momie avait décidé que la méthode Mouginot ne profiterait ni à Coppola, ni à Lindenberg, ni à personne. Ce en quoi elle avait raison, l'humanité n'était pas prête à vivre éternellement car ce qui semblait la passionner avant tout, c'était sa propre destruction.".

C'est quand même assez gonflé de la part de Jacques Tardi de bâtir son histoire alors que son héroïne dort et est totalement absente de toute l'intrigue, physiquement parlant.
Mais c'est une franche réussite et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les péripéties qui entourent le réveil d'Adèle Blanc-Sec.
L'intrigue est comme d'habitude bâtie finement, les rebondissements s'enchaînent les uns aux autres, il y a de l'humour et un narrateur qui sort toujours de l'ordinaire.
J'ai énormément apprécié l'humour et la malice contenus dans cette histoire, comme nommer Coppola un grand chef de la mafia en clin d’œil au réalisateur du "Parrain".
Les hommes ne sont pas franchement représentés glorieusement, ils sont souvent lâches, manquent souvent de jugeote et certains sont carrément abjects, je pense particulièrement à Dieuleveult dont le seul but dans la vie est de détruire Adèle Blanc-Sec.
C'est un peu comme la publicité pour la MAF, il pense un jour l'avoir.
Mon seul petit regret, c'est que le personnage de Lucien Brindavoine est apparemment issu d'une autre oeuvre de Jacques Tardi, beaucoup de références y sont faites, or je n'ai pas eu l'occasion de lire cette bande dessinée et j'ai un peu eu l'impression que l'auteur se faisait plaisir mais que je passais à côté d'une bonne blague ou d'un fin jeu de mots.
Enfin, je ne vais pas m'arrêter à ce détail car il ne gêne en rien la lecture de cette bande dessinée.
Par contre même absente Adèle Blanc-Sec est au cœur de l'intrigue, et finalement je n'ai pas été déçue que ce personnage ne soit pas plus présent, c'est une bonne transition et d'un autre côté, Jacques Tardi a ainsi fait une ellipse autour de la Première Guerre Mondiale, une période de l'histoire qu'il a beaucoup traité par ailleurs dans ses autres bandes dessinées.

La conclusion à toute cette histoire est évidente : Adèle Blanc-Sec est morte, vive Adèle Blanc-Sec !

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL



Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL

dimanche 19 juillet 2015

Le dictionnaire illustré de Laurent Baffie - Dessins de Chaunu


Enfin un dictionnaire drôle ! Laurent Baffie nous donne ses propres définitions des mots de la langue française, le tout avec beaucoup d'humour et de second degré. Dans sa version illustrée, chaque définition du dictionnaire est accompagnée d'une illustration décalée signée Chaunu. (Jungle)

Laurent Baffie s'est lancé dans la rédaction du dictionnaire, enfin, plus précisément de son propre dictionnaire, avec des définitions bien à lui, telle celle de l'académicien : "Vieillard cacochyme et lettré qui sodomise les diptères par ordre alphabétique.".
Laurent Baffie, c'est toujours assez caustique, ainsi la belle-mère c'est : "Vision futuriste de sa propre femme.", ou encore le gendre : "Petit con qui met les pieds sous ta table et les doigts dans ta fille."; mais je vous rassure, tout n'est pas vulgaire, ainsi machine c'est : "Deuxième prénom de sa femme."; et tout n'est pas machiste, ainsi la madeline c'est : "Petit gâteau qui nous jette notre passé à la gueule.".
Il y a quelques bons jeux de mots qui m'ont fait sourire, voire des termes à double sens comme cette définition du chirurgien : "Personne qui tire les vieilles pour de l'argent. Synonyme : Gigolo.", en somme ça ne se prend pas au sérieux et c'est tout à fait ce que j'attendais de cet ouvrage.
Les dessins sont signés de Chaunu, je ne connaissais pas vraiment jusqu'à présent ce caricaturiste mais j'ai beaucoup apprécié sa plume qui se marie très bien au texte de Laurent Baffie.
En somme, j'ai retrouvé dans cette bande dessinée le côté caustique de Laurent Baffie qui me fait sourire, renforcé par celui de Chaunu que j'ai découvert.

"Le dictionnaire illustré de Laurent Baffie" se feuillette avec plaisir et fait sourire, une nouvelle publication des éditions Jungle qui permet de passer un bon moment.

Je remercie Babelio et les Editions Jungle pour l'envoi de cette bande dessinée dans le cadre de l'opération Masse Critique.

Tintin en Amérique de Hergé


Dans "Tintin en Amérique" (1932), le héros confirme sa vocation de redresseur de torts, en s'opposant au mafioso Al Capone, aux gangsters de Chicago et aux fripouilles de tout accabit. Déjà Hergé témoigne d'une vision généreuse du monde, stigmatisant par exemple l'attitude dominatrice des blancs envers les indiens peaux-rouges. (Casterman)

Après le Congo, Tintin s'embarque pour l'Amérique pour y combattre la mafia, rien que ça.
Mais il est attendu : "On nous envoie le fameux reporter Tintin pour lutter contre nous. C'est un adversaire redoutable : il a fait échouer un plan que j'avais conçu pour contrôler la production du diamant au Congo. Plusieurs de nos amis ont été emprisonnés là-bas. Maintenant, ce reporter vient s'attaquer à nous. Voici mes ordres : il ne faut pas que Tintin reste un seul jour à Chicago.", et bien des péripéties vont lui arriver.

Si j'avais été plus que mitigée avec "Tintin au Congo", ce nouvel opus ne m'a malheureusement pas plus emballée que cela.
Encore une fois le cadre de l'histoire est très vite posé et les situations s'enchaînent les unes par rapport aux autres sans réelle logique.
Il manque clairement une structure à l'intrigue et j'ai plus vécu cette bande dessinée comme un enchaînement de situations que comme une histoire d'un seul tenant.
Milou peut faire sourire avec certaines de ses réflexions, mais Tintin n'a pas encore le panache de ses futures aventures, il se plaît une nouvelle fois à utiliser des armes à feu alors que je gardais plutôt le souvenir de quelqu'un de non violent qui se débarrasse des méchants par la ruse plutôt qu par la force.
Quant aux méchants ils ne sont pas clairement identifiés, on comprend qu'il s'agit des grands pontes de la mafia mais ils apparaissent systématiquement comme par magie et s'en tirent toujours assez bien, à noter que Tintin aussi se sauve un peu trop facilement de situations périlleuses.
J'ai également noté que les traits de certains personnages ressemblaient à des futurs "méchants", ce qui laisse à penser que Hergé essayait encore de trouver son filon, à la fois du point de vue de l'intrigue mais aussi des personnages.
J'ai trouvé le passage chez les indiens grotesque et pas franchement à leur gloire, cela n'a pas été sans me rappeler le côté colonialiste de "Tintin au Congo".
Ici les indiens sont présentés comme des êtres bêtes qui croient aveuglément ce qu'un inconnu leur raconte, des êtres qui n'hésitent pas à tuer et à déclarer très vite la guerre, c'est trop caricatural à mon goût.
A noter que les Américains campagnards ne sont pas non plus épargnés : ce sont des ivrognes assez bêtes qui aiment eux aussi à pendre pour se faire justice eux-mêmes.
Aïe, que de clichés, ça fait vraiment mal à la lecture et ça ne le rend pas très agréable, c'est un mauvais moment à passer et mieux vaut se plonger dans les aventures suivantes du jeune reporter qui sont nettement supérieures dans le traitement des personnages et des scénarios.

Il s'agit des premières aventures du reporter, et l'on va dire que Hergé se cherchait encore.
En tout cas "Tintin en Amérique" est bien loin de faire partie de mon palmarès des aventures de Tintin et je ne le conseillerai pas pour découvrir ce personnage, cet album est plus à réserver aux inconditionnels et aux curieux qui souhaitent découvrir la genèse de ce personnage.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL



samedi 18 juillet 2015

La voleuse de livres de Marcus Zusak


Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s'est arrêtée. Est-ce son destin d'orpheline dans l'Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? À moins que ce ne soit son secret... Celui qui l'a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres. (Pocket)

"La voleuse de livres" ne m'était pas totalement inconnue, étrangement pas au moment de la sortie du livre mais plutôt de celle du film.
Alors, je me suis dit qu'il était temps de partir à la rencontre de cette voleuse si particulière.
Cette voleuse, c'est Liesel Meminger, une jeune orpheline dans l'Allemagne nazie, qui va croiser la Mort a trois reprises, et à chaque fois la Mort ne la prendra pas mais la laissera vivre, et même plus que cela, puisque la Mort va s'intéresser à elle, intriguée qu'elle est de cette fillette qui de quasi analphabète va devenir voleuse de livres, et même secoueuse de mots.

La particularité de ce roman, c'est qu'il est raconté par la Mort, oui, la grande faucheuse, celle qui a côtoyé longtemps Liesel Meminger sans pourtant jamais toucher un seul de ses cheveux.
Mais la Mort n'a pas épargné Liesel Meminger, et la Mort a bien du travail en cette période de guerre où l'Homme détruit d'autres Hommes : "Les humains aiment bien le spectacle d'une petite destruction, me semble-t-il. Ils commencent par les châteaux de sable et les châteaux de cartes et ils vont de plus en plus loin. Ils sont particulièrement doués pour ça.".
La Mort est juste, d'une certaine façon, puisqu'elle déclare emporter avec elle "Le bien et le mal en proportions égales.", elle est surtout intriguée par les humains : "Ce dont les humains sont capables, c'est une chose qui m'échappera toujours.", et plus particulièrement la jeune Liesel, recueillie par le couple Hubermann, des personnes simples mais touchantes : "Savoir qui étaient exactement Hans et Rosa Hubermann n'était pas chose facile. Des gens gentils ? Des gens ridiculement ignorants ? Des gens d'une santé mentale contestable ?".
Et n'allez pas croire que la Mort n'est pas sensible, n'a pas une forme d'âme, bien au contraire, elle s'émeut souvent en suivant le parcours de Liesel, et n'hésite pas à venir observer la jeune fille dès qu'elle en a l'occasion.
En somme, la Mort a un cœur : "Il y a une différence entre le cœur d'un humain et le mien. Le cœur humain est une ligne, tandis que le mien est un cercle, et j'ai la capacité infinie de me trouver au bon moment au bon endroit. En conséquence, je trouve toujours des humains au meilleur et au pire d'eux-mêmes.".
Cette narration est peu courante, néanmoins je regrette que l'effet de surprise soit parfois atténué car la Mort annonce ce qui venir de tragique dans le chapitre.
Peut-être est-ce fait pour ménager le public jeune qui pourrait lire ce livre, pour ma part je n'ai que moyennement apprécié.
D'ailleurs, j'ai moyennement apprécié l'ensemble de ce roman pourtant encensé par tant de monde.
Je ne peux pas dire que le destin de Liesel m'ait laissé de marbre, mais cette jeune fille ne m'a pas particulièrement touchée.
J'ai presque été plus émue par le couple Hubermann que par elle, je trouve ces personnages plus intéressants, plus complexes, en somme plus près de ce que pouvait être un couple à cette époque dans l'Allemagne nazie qui prend le risque d'héberger la fille de communistes.
Dommage aussi que la relation entre Liesel et Max ne soit pas plus fouillée, elle est presque un peu trop superficielle à mon goût.
Je crois que je reproche à ce roman d'avoir trop mis au second plan la trame historique au profit de la narration du point de vue de la Mort.
Idem en ce qui concerne les livres et le pouvoir des mots, c'est un peu trop superficiel à mon goût et l'analyse aurait pu être poussée beaucoup plus loin.
L'auteur aurait pu insister un peu plus sur l'importance des livres dans la vie, ou plutôt la survie, de Liesel.
Quant à la fin, j'ai été déçue par celle-ci car elle se termine en queue de poisson, j'espérais en savoir un peu plus sur la vie d'adulte de Liesel.

Peut-être suis-je un peu trop vieille pour apprécier ce roman, "La voleuse de livres" me laisse un arrière-goût d'imparfait et d'une histoire qui aurait pu être bien mieux exploitée.
J'ai essayé, j'ai lu, mais je n'ai pas été convaincue, ni par l'histoire ni par son auteur.

mardi 14 juillet 2015

Top Ten Tuesday #109


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres que tout le monde a lus et que vous avez très envie de lire également

1) Le dernier tome de la saga "Harry Potter" de J.K Rowling;
2) "Orgueil et préjugés" de Jane Austen;
3) "Le silmarillion" de J.R.R Tolkien;
4) "L'attrape-coeurs" de J.D Salinger;
5) "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Harper Lee;
6) "La case de l'oncle Tom" de Harriet Beecher Stowe;
7) "De grandes espérances" de Charles Dickens;
8) Le dernier tome de la saga "Twilight" de Stephenie Meyer;
9) "La ferme des animaux" de George Orwell;
10) "Traité sur la tolérance" de Voltaire

dimanche 12 juillet 2015

Un océan d'amour de Grégory Panaccione et Wilfrid Lupano


Chaque matin, Monsieur part pêcher au large des côtes bretonnes. Mais ce jour-là, c’est lui qui est pêché par un effrayant bateau-usine. Pendant ce temps, Madame attend. Sourde aux complaintes des bigoudènes, convaincue que son homme est en vie, elle part à sa recherche. C’est le début d’un périlleux chassé-croisé, sur un océan dans tous ses états. Une histoire muette avec moult mouettes. (Delcourt/Mirages)

Voilà une bande dessinée entièrement muette mais pleine d'amour et de mouettes.
Pourquoi muette ?
Parce qu'il n'y a strictement aucun dialogue, déjà qu'il n'y avait pas grand chose dans "Tout seul" de Chabouté là c'est bien simple : c'est le néant complet.
Et après tout qu'importe, car les dessins se suffisent à eux-mêmes et sont assez expressifs pour permettre de comprendre l'histoire et de suivre les émotions qui agitent les personnages.
Qui dit absence de dialogue ne dit pas pour autant absence de scénario, quel est-il ?
Et bien comme tous les jours, Monsieur part pêcher au large des côtes Bretonnes tandis que Madame attend son retour au port coiffée de sa bigouden.
Sauf que ce jour-là, c'est le bateau de Monsieur qui est pêché par un plus gros bateau, et tandis qu'il part Madame l'attend au port, et se refuse à croire qu'il a péri.
A tel point qu'elle décide de consulter une voyante, de claquer ses économies pour partir sur un bateau de croisière pour retrouver son homme à Cuba.
Si ce n'est pas de l'amour ça.

Certes, cette bande dessinée se lit très vite car il n'y a aucun dialogue, pour autant j'ai pris énormément de plaisir à la découvrir et je l'ai lue d'une seule traite.
J'ai trouvé que les personnages pouvaient sembler au premier abord caricaturaux mais il n'en est rien, en fait cela permet de mieux dessiner leurs émotions et de faire passer les dialogues muets auprès du lecteur.
C'est assez paradoxal mais cette bande dessinée m'a beaucoup parlé, les personnages sont très expressifs et j'ai suivi avec beaucoup d'émotions leurs aventures, leurs chagrins et leurs joies.
J'ai également souri à de nombreuses reprises, particulièrement avec la mouette espiègle qui vient tenir compagnie à Monsieur.
Il n'y a peut être pas de dialogues mais ce n'est pas pour autant que cette bande dessinée n'a rien à dire, j'ai été portée par les dessins et par la force qui s'en dégage.
Et dans le fond, j'ai pu imaginer moi-même les dialogues, j'aime bien cette part d'imagination laissée par les auteurs.
D'un point de vue un peu plus technique, cette bande dessinée est très bien conçue et le travail sur les dessins et les paysages est très fouillé afin de rendre vivante (et parlante) l'histoire.
Si je devais conclure en un seul mot ça serait : remarquable !

"Un océan d'amour" vous donne envie d'une bonne sardine sur une tartine au beurre breton demi-sel et d'amour, de beaucoup d'amour, alors pourquoi se priver d'autant de plaisirs ?

Si je devais mettre une note à cette bande dessinée : 19/20

Livre lu dans le cadre de "La BD fait son Festival sur Priceminister".

jeudi 9 juillet 2015

Challenge d'été 2015 - Destination PAL par Lili Galipette

Pour la troisième année consécutive, le capitaine de bord, Lili Galipette, est heureux(se) de vous ré-accueillir à bord d'Air Galipette pour une nouvelle destination estivale vers notre PAL (Pile A Lire).

Le personnel de bord d'Air Galipette reste à notre disposition durant toute la durée du vol.

Avant de décoller, assurez-vous que votre PAL est à jour.

Lili Galipette renouvelle cette année encore son challenge d'été visant à réduire nos PAL (et je l'en remercie).
Du 1er juillet au 31 août, le but est de faire diminuer nos PAL et d'y faire de belles découvertes de certains trésors littéraires que nous avons laissés s'enterrer dedans.

J'ai choisi de participer avec ma PAL intégrale, et non une PAL d'été, cela a aussi été l'occasion de la mettre à jour, avec une petite variante puisque j'y ai introduit des lectures numériques étant donné que je compte lire sur liseuse cet été.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter un bon vol en compagnie de tous les participants au challenge et également d'en profiter pour passer de bonnes vacances !



Bilan de lectures

Cet été 11 livres ou bandes dessinées ont été sorties de ma PAL, je suis satisfaite de ce bilan même si je n'ai pas encore fini de rédiger mes chroniques sur ces lectures.

Adèle Blanc-Sec Tome 5 Le secret de la salamandre de Jacques Tardi
Les feux de l'automne d'Irène Némirovsky
Les enfants du capitaine Grant de Jules Verne
Une affaire de charme d'Edith Wharton
Meurtre en Mésopotamie de Rivière et Chandre (adaptation BD d'Agatha Christie)
L'homme au complet marron de Hughot et Bairi (adaptation BD d'Agatha Christie)
Long week-end de Joyce Maynard
Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin
XIII - Tome 1 Le jour du soleil noir de W. Vance et Jean Van Hamme
Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll
De l'autre côté du miroir de Lewis Caroll

Ce challenge d'été est toujours le bienvenue, en attendant l'année prochaine je vais continuer à piocher dans ma PAL.

mardi 7 juillet 2015

Top Ten Tuesday #108


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres que tout le monde a lus mais que vous ne comptez pas lire

Il ne faut jamais dire jamais ... quoi que pour certains.

1) "La guerre et la paix" de Léon Tolstoï;
2) "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo;
3) "Cinquante nuances de grey" de E. L James;
4) "Ulysse" de James Joyce;
5) Les romans de Françoise Bourdin;
6) Les romans de Guillaume Musso;
7) Les romans de Marc Lévy;
8) Des romans de Mary Higgins Clark;
9) "Inferno" de Dan Brown;
10) "Anges et démons" de Dan Brown.

dimanche 5 juillet 2015

Princess Rap Battle #2

Il y a quelques temps j'ai découvert ma nouvelle drogue "Youtubesque" : les Princess Rap Battle mis en scène par Whitney Avalon.
Après Cendrillon versus Belle, voici le dernier opus en date mettant en scène Maleficient (Whitney Avalon) versus Daenerys (Yvonne Strahovski).

Que le crêpage de chignon de princesses continue !

jeudi 2 juillet 2015

Cartoville Budapest Edition 2015


J'ai failli oublier de vous parler du Cartoville de Budapest édité par Gallimard.
Ce petit guide n'existe pas pour toutes les villes mais simplement pour les plus grandes/emblématiques/touristiques et peut se révéler très précieux (majoritairement) ou peu utile (par exemple dans le cas d'une ville comme Rome qui est vraiment très grande et très dense).
Ce guide découpe la ville par quartier et met en lumière les principaux bâtiments/monuments à voir/visiter par quartier, ainsi que quelques boutiques et restaurants.
C'est aussi un plan zoomé, ce qui est plutôt pratique pour se repérer ou bâtir soi-même un itinéraire de promenade.
Si je n'avais pas été emballée par ce guide pour Rome, je l'avais préféré pour une ville plus petite comme Vienne, ce fut une nouvelle fois le cas pour Budapest.
Il a été de toutes mes sorties ou presque, je l'ai régulièrement consulté et c'était très pratique pour se déplacer et construire un itinéraire de promenade.
Maintenant j'y apporte quelques petits bémols : un petit plan de métro difficilement lisible, pas de plan pour les grandes lignes de tram et certains quartiers étaient tronqués trop tôt.
Ce cartoville est très lisible au niveau plan mais il gagnerait à présenter sur une grande page les principales lignes de tram, un moyen de transport bien pratique pour une ville comme Budapest, ce qui lui fait cruellement défaut.
Quant aux adresses des restaurants, cafés et boutiques je vais être honnête : je n'ai rien essayé car je fais confiance au Lonely Planet qui ne m'a jamais déçue jusqu'à ce jour de ce côté-là.
En conclusion, un petit guide très pratique pour se repérer dans les différents quartiers mais pas forcément indispensable à emmener avec soi.

Réparer les vivants de Maylis de Kerangal


«Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps.» Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour. (Verticales)

"Réparer les vivants", c'est à la fois le roman d'une vie mais aussi d'une mort, le roman d'une renaissance en quelque sorte.
Simon est jeune, il profite de la vie et du surf avec ses amis, mais c'est l'accident, l'hôpital, le coma, celui dont on ne se réveille pas, ses parents à son chevet qui se retrouvent à devoir prendre une décision vite, très vite : acceptent-ils que les organes de leur fils soient prélevés pour être transplantés et permettre à d'autres personnes de continuer à vivre ?
En somme, acceptent-ils d'achever leur fils pour permettre à des inconnus de continuer à vivre ?

"Enterrer les morts et réparer les vivants.", voilà l'idée centrale autour de laquelle est bâtie ce roman choral, ce roman sur la transplantation d'un cœur.
C'est le parcours de ce cœur que nous propose de suivre Maylis de Kerangal, avec ses mots à elle mais surtout ses recherches et le temps qu'elle a passé auprès de médecins pour apprendre, savoir comment cela se passe, et retranscrire toutes les émotions qui habitent et agitent les différents protagonistes.
Et en cela, elle y arrive à merveille.
Elle parle de Simon, puis de ses parents, de cette mère qui ne comprend pas tout de suite que l'attitude de sommeil de son fils cache en réalité une mort certaine et inéluctable : "Le crâne de Simon est couronné d'une bande, la face est intacte, oui, mais son visage est-il toujours là ? La question l'assaille tandis qu'elle examine le front de son enfant, la côte de l'arcade, le tracé des sourcils, la forme des yeux sous les paupières - le petit espace de peau dans le coin intérieur de l’œil, lisse et concave - tandis qu'elle reconnaît le nez fort, les lèvres ourlées, charnues, le creusé des joues, le menton bardé d'une barbe fine, oui tout cela est présent, mais le visage de Simon, tout ce qui vit et pense en lui, tout ce qui l'anime, tout cela va-t-il revenir ?", qui espère et qui finit par se résigner.
Elle parle beaucoup des parents, des idées qui leur traversent l'esprit au moment de prendre une décision, sans doute la plus grave et la plus importante de toute leur vie, de cette incompréhension qu'ils ont face à un Simon endormi, sans séquelles apparentes et qui pourtant ne se réveillera plus : "Comment pourraient-ils seulement penser la mort de leur enfant quand ce qui était un pur absolu - la mort, l'absolu le plus pur justement - s'est reformé, recomposé, en différents états du corps ?", comment des parents peuvent-ils envisager la mort de leur enfant ? Y faire face ?
Ce n'est pas dans l'ordre des choses, et j'ai trouvé que Maylis de Kerangal traitaient assez justement de toutes les questions qui agitent leur esprit; et qu'elle n'ignorait pas non plus le point de vue du receveur, cette femme à des milliers de kilomètres qui s'apprêtent à recevoir un cœur pour pouvoir continuer à vivre, qui a attendu la mort d'une personne qui lui demeurera à jamais inconnue pour sa vie à elle puisse se poursuivre : "Ce qui la tourmente, c'est l'idée de ce nouveau cœur, et que quelqu'un soit mort aujourd'hui pour que tout cela ait lieu, et qu'il puisse l'envahir et la transformer, la convertir - histoires de greffes, de boutures, faune et flore.".
Avec la mort on peut donner la vie, c'est en quelque sorte le message qui se dégage de ce très beau roman.
J'ai souvenir que ce thème a été abordé au cinéma par Pedro Almodovar, mais pas en littérature.
Il fallait sans doute toute la justesse et la beauté de la plume de Maylis de Kerangal pour y parvenir.
J'ai découvert cette auteur avec "Naissance d'un pont" depuis, c'est toujours avec grand plaisir que je lis ces romans avec son style reconnaissable mais toujours juste.
A croire d'ailleurs qu'elle aime écrire du roman choral, c'est en tout cas un style qui lui réussit.

Que dire d'autres sur ce roman ?
Rien, à part qu'il est beau, qu'il est vivant, qu'il transporte, qu'il ne tombe jamais dans le voyeurisme et le tragique, qu'il mérite toutes les louanges et les prix reçus, et qu'il serait vraiment dommage de passer à côté d'une si belle tranche de littérature.

mercredi 1 juillet 2015

Retour sur les lectures de juin 2015


Si je compte en livres simplement, je n'en ai lu que 5 en juin, dont 3 déceptions ("L'invitation à la vie conjugale", "Tintin en Amérique" et "L'étreinte du mal") et 2 coups de cœur ("Réparer les vivants" et "La colline des potences"), comme ça il n'y a pas de jaloux.
Sinon j'ai beaucoup potassé les guides pour Florence puisque j'y ai passé 6 jours, et que contrairement à d'habitude je suis partie sans livre de lecture car j'ai remarqué qu'en voyage je n'avais pas la tête à lire (remarquez, ce n'est pas pour autant que je suis revenue sans livres à lire, mais c'est un autre sujet), par contre j'ai pris le temps de bien les étudier pour profiter au mieux des visites.
Un petit mois de juin mais qu'importe, l'été est là et avec lui un peu plus de temps pour lire ! Et faire baisser ma PAL !

Plan Orsec pour PAL en danger / Chute de PAL

L'invitation à la vie conjugale d'Angela Huth
Routard Florence
Lonely Planet Florence en quelques jours
Lonely Planet Florence itinéraires
Tintin en Amérique de Hergé

Services de presse

La colline des potences de Dorothy Marie Johnson

Autres

Réparer les vivants de Maylis de Kerangal
L'étreinte du mal de Chelsea Cain