Qu’est-ce qui peut attirer la belle et sage Thérèse vers Bernard, ce rebelle un peu voyou, qui s’engage à dix-huit ans dès que la guerre éclate ? À son retour,en 1918, avide de vivre cette jeunesse qui lui a échappé, il prend goût à l’argent facile. De cette passion ne peuvent naître que déceptions et souffrances. Mais ils s’aiment et, lorsque Bernard, prisonnier pendant la Seconde Guerre, est libéré, Thérèse est là, qui l’attend. (Le Livre de Poche)
1914, Martial vient de finir ses études de médecine et de se fiancer avec la douce et sage Thérèse qu'il connait depuis l'enfance.
Pour lui, sa vie est désormais toute tracée, il vient de reprendre le cabinet d'un médecin parti à la retraite, il va se marier, fonder une famille, soigner les gens et ainsi ira la vie : "Sa vie est faite d'avance, tracée jusqu'à la réussite, jusqu'à la vieillesse, jusqu'à la mort. Car, naturellement, il y a la mort. Elle a sa place dans les calculs domestiques. Mais ce n'est pas une bête sauvage, tapie, à l'affût, prête à bondir. On est en 1914, que diable ! Le siècle de la science, du progrès. La mort elle-même se fait petite devant ses lumières.".
Sauf que l'on est en 1914, que la guerre va éclater au beau milieu de l'été, qu'elle va prendre Martial le médecin, le chirurgien, le courageux, qu'il n'en reviendra pas et qu'il n'aura connu qu'une nuit d'amour avec sa toute jeune épousée avant de repartir au front.
Thérèse prend le noir, et la guerre prend aussi le jeune Bernard, un proche de la famille de Thérèse et de Martial, exalté, engagé volontaire, persuadé que la guerre ne durera pas.
Elle dure cette guerre, mais elle se finit, et contrairement à Martial, Bernanrd en revient, changé à jamais : "Moralement, il avait été atteint d'une blessure que rien désormais ne pourrait guérir, qui irait s'élargissant chaque jour de sa vie : c'était une sorte de lassitude, de brisure, un manque de foi, la fatigue et un furieux appétit de vivre.".
Bernard flambe la vie, Thérèse n'a d'yeux que pour lui, ils se marient mais Thérèse est condamnée à souffrir avec un homme tel que Bernard, un profiteur de la vie attiré par l'argent et qui tel un papillon va trop s'approcher de la lumière et s'y brûler les ailes.
Et puis une nouvelle guerre arrive.
La quatrième de couverture ne rend pas justice à ce roman en alléchant le lecteur sur une partie uniquement de l'intrigue.
Donc il faut se contenter d'admirer la très belle couverture et ne surtout pas le retourner, et commencer la lecture.
Outre l'auteur, c'est le titre qui m'a attirée vers ce roman.
J'étais intriguée, je me demandais bien quels pouvaient bien être ces feux de l'automne, et j'ai eu envie de découvrir ce qui poussait la sage Thérèse vers Bernard le rebelle.
Le résumer ne serait pas évident, il faut lire ce roman pour bien le comprendre.
Lire cette oeuvre qui commence par la Première Guerre Mondiale et se finit par le début de la Seconde et qui entre-temps ellipse quelques années en n'en retenant que les plus marquantes de l'entre-deux-guerres : les années Folles au sortir de la guerre et la liesse des années 30 avec le Front Populaire.
Et c'est avec sa justesse coutumière et sans langue de bois qu'Irène Némirovsky croque le portrait de ces deux personnes aussi différentes l'une de l'autre qui ont pourtant uni leur destin, pour le meilleur et pour le pire.
Thérèse, c'est la bourgeoise conventionnelle, celle qui respecte les valeurs de la famille, les traditions, la religion, cette bourgeoisie qui demeure fidèle à elle-même et qui n'évolue pas, alors que le monde extérieur lui bouge et est en pleine mutation.
Bernard, c'est celui qui a été détruit par la guerre, qui y a sacrifié sa jeunesse et perdu ses illusions, ses plus belles années, et qui ne cherche plus qu'à profiter de la vie, comme s'il cherchait à rattraper ses quatre années passées dans la crasse et le sang des tranchées, comme s'il avait une revanche à prendre sur la vie, sur le monde, sur ces personnes restées à l'arrière et qui n'ont rien connu d'autres de la guerre que les suppositions qu'elles en faisaient.
Alors il flambe, il découche, il prend une maîtresse, il envoie valser les bonnes manières et les conventions de la bourgeoisie, il s'illusionne, il se perd, cruelle vie que la sienne.
Thérèse et Bernard, se sont deux épis de blé dans un même champ qui auront besoin de connaître les feux de l'automne, ces feux déclenchés volontairement pour purifier la terre aux prochaines récoltes, pour pouvoir se redécouvrir l'un et l'autre et enfin profiter de la vie en regardant ensemble dans la même direction.
Et il fallait tout le talent d'Irène Némirovsky pour parvenir à saisir au vol le juste, dans ce roman publié six ans après sa disparition et écrit durant sa vie en Bourgogne.
"Les feux de l'automne" est un magnifique roman incisif sur l'entre-deux-guerres signé de la plume parfaite d'Irène Némirovsky, une auteur qui décidément ne me déçoit jamais et me séduit assurément.
Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL
Livre lu dans le cadre du Challenge Destination PAL
Je ne connaissais pas celui-ci, comme toi je suis une inconditionnelle d'Irène Némirovsky, je me le note pour ma prochaine descente en librairie!
RépondreSupprimerN'hésite pas, c'est un très bon roman ! C'est le titre qui m'a attirée, je l'ai presque acheté rien que pour ça et parce qu'il était d'Irène Némirovsky.
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