mardi 31 mars 2015

Top Ten Tuesday #94


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres achetés récemment qui vous font le plus envie

Mais c'est que je n'ai quasiment rien acheté depuis plusieurs mois !

1) "Pompéi" de Maja Lundgren
2) Le Routard Budapest
3) Itinéraires à Florence, spécial Lonely Planet
4) Lonely Planet Budapest
5) "Nord et sud" de John Jakes
6) "Fils de la providence" de Herbjørg Wassmo
7) "L'héritage de Karna" de Herbjø rgWassmo
8) "Les Eygletière" de Henri Troyat
9) Lonely Planet quelques jours à Florence
10) "L'invitation à la vie conjugale" d'Angela Huth

dimanche 29 mars 2015

Walking Dead Tome 10 Vers quel avenir ? de Robert Kirkman et Charlie Adlard


En plein ravitaillement en ville, les survivants font une découverte : ils trouvent un mort-vivant cloué au sol par la faim. Les zombies pourraient donc mourir ? En route vers Washington, sur les conseils du mystérieux Eugene Porter, Rick décide de pousser plus au nord, vers son ancienne ville, afin de faire le plein de munitions dans son commissariat. Sur la route, l'impensable se produit... (Delcourt)

Sur la route de Washington, Rick continue à avoir des idées aussi géniales que périlleuses : cette fois-ci il demande à faire un détour par son ancienne maison, afin de passer au commissariat où il travaillait afin de récupérer des armes encore disponibles.
Tout en continuant à parler au téléphone avec une femme dont je ne dévoilerai pas l’identité mais qui tend à prouver qu'il a littéralement un pète au casque.
Des personnes comme Michonne essayent de le pousser à redevenir l'homme de décisions qu'il était, mais sans succès : "Tu doutais de toi. Tu as perdu ta confiance en toi. Tu dois te reprendre. Ecoute ton instinct. C'est toi qui nous fais rester en vie.".
C'est beau d'avoir cet optimisme mais c'est une très mauvaise idée que Rick a eu là, car la route non seulement ne va pas être un long fleuve tranquille, à l'aller comme au retour, mais Rick va à cette occasion retrouver son voisin Morgan et l'inviter à se joindre au groupe, alors que ce dernier a lui aussi un sérieux pète au casque.
Ce n'est plus un groupe de survivants mais d'échappés de l'asile psychiatrique !
Et comme on dit : plus on est de fous, plus on rit ! Enfin, plus on met en danger les autres, et ça commence d'ailleurs à énerver sérieusement Dale qui ne supporte plus Rick et ses choix hasardeux : "Tout est de sa faute. S'il n'avait pas fait sont petit détour, il ne les aurait pas attirés ici ... On aurait pu s'installer en toute sécurité. En plus, il a ramené une espèce de dingue, là. Je ne suis pas à l'aise avec ce type. Et d'ailleurs ... combien de fois il nous a mis en danger ? J'ai l'impression que ça arrive de plus en plus souvent.".
Car j'ai oublié de préciser une chose, c'est qu'au retour Rick n'a rien trouvé de mieux que d'amener une horde de zombies avec lui, pile poil là où ses compagnons l'attendaient !
Les côtés psychologique et relationnel des personnages reprennent ici, et montrent un Rick qui n'est plus que l'ombre de lui-même, enchaînant prise de risque sur prise de risque, ne prenant plus aucune décision et n'ayant plus rien du leader qu'il était jadis.
Ce qui fait d'ailleurs dire à un Dale excédé ceci : "J'ai hâte de savoir comment il va risquer notre vie, la prochaine fois ...".
Car Dale en a assez de cette vie sur la route, il aspire à un semblant de vie tranquille, même quelques heures.
Si le lecteur pouvait avoir quelques craintes, celles-ci sont levées : les horreurs reprennent de plus belle, tout comme le danger.
L'aventure reprend mais avec cette fois-ci un leader complètement déstabilisé qui ne fait plus l'unanimité dans son groupe.
Il y a de nouvelles tensions, des personnages qui craquent les uns après les autres, à l'image de Maggie, et de nouvelles têtes dont le lecteur découvre petit à petit le passé.
Mais il y a toujours un seul et même dénominateur commun entre eux : ils ont vécu l'enfer et ne seront plus jamais les mêmes, ils ont commis des actes dont ils ne se soupçonnaient même pas être capables de faire.

Ce dixième tome de la série "Walking Dead" porte particulièrement bien son nom : "Vers quel avenir ?", une question que se pose légitimement le lecteur comme les personnages et dont les auteurs nous apporterons certainement la réponse dans les tomes à venir.

Walking Dead Tome 9 Ceux qui restent de Robert Kirkman et Charlie Adlard


Seuls Rick et son fils ont échappé au massacre orchestré par le Gouverneur, leader psychopathe de la communauté de Woodburry. Il leur faut désormais réapprendre à vivre avec la peur au ventre, chaque nouvelle rencontre pouvant être la dernière... (Delcourt)

Le gouverneur, c'est fini, et je crois bien que personne ne retournera à Woodbury un jour, c'est en empruntant et en détournant les paroles de "Capri c'est fini" que je débute ma chronique sur la suite de la série "Walking Dead".
Après l'attaque sanglante de la prison par les hommes du Gouverneur, Rick se retrouve seul avec Carl, salement blessé et en mauvais état à la fois physiquement mais aussi psychiquement.
Car autant le dire sans détour, il a littéralement pété un câble dans sa tête, puisqu'il s'entretient par téléphone avec une mystérieuse femme qui le guide vers un groupe de survivants, sauf qu'il n'y a plus d'électricité et donc plus de réseau téléphonique, mais apparemment ça ne gêne personne.
Ce neuvième tome est clairement le début d'un nouveau cycle, père et fils sont seuls pendant un bon moment jusqu'à l'arrivée de Michonne et les retrouvailles avec les survivants : Dale, Andrea, Maggie et Glenn.
On prend les mêmes et on recommence autre chose.
Ici, c'est encore plus frappant que précédemment, on sent un basculement dans la psychologie des personnages : Carl n'est plus vraiment un enfant : "Je n'ai plus besoin que tu me protèges. Je suis costaud ... j'ai grandi. Beaucoup, même.Je suis presque adulte ... pas encore ... mais presque. Je crois que tu ne peux plus me protéger, de toute façon.", tandis que Rick ne veut plus être un leader et refuse de prendre la moindre décision, obnubilé qu'il est par le passé et ce malgré les tentatives de personnages comme Dale pour le remettre sur les rails : "Oublie les morts ... pense aux vivants.".
Le rapport de force entre les personnages s'inverse, Rick apparaît désormais comme une quasi loque qui débloque sérieusement dans sa tête, à noter que Michonne n'est pas forcément mieux lotie à ce niveau-là.
Il y a beaucoup de désillusions et finalement, sans doute pour la première fois de manière aussi frappante dans cette série, une forme d'acceptation de la situation, que plus rien ne sera comme avant mais qu'il va falloir faire avec, y compris avec la mort : "La mort est partout autour de nous ... Tout le monde meurt ... Ça n'arrête pas. Au bout d'un moment, on s'y fait.  Ce n'est pas le monde idéal pour grandir. Pas le monde idéal tout court. Et ça me dégoûte que ce soit le seul qui nous reste.".
"Ceux qui restent", comme son titre l'indique, est un tome de transition qui met en place une nouvelle histoire ainsi que de nouveaux personnages, c'est là l'un des tour de force des auteurs, ils ont une imagination débordante et ne s'épuisent pas dans la création de leur série, ils arrivent toujours à rebondir, à proposer autre chose et à emmener le lecteur avec eux.
En effet, trois personnes rejoignent le groupe, dont une qui prétend connaître l'explication à ce virus qui a décimé la population mondiale en une année et qui fait que les morts ne le sont plus vraiment.
D'ailleurs, c'est l'occasion de découvrir une nouveauté : les hordes, un principe de regroupement des morts-vivants qui avait jusque-là épargné le groupe de Rick, et de présenter la psychologie de ces individus ragoûtants que le lecteur ne cesse de croiser : "Ils marchent parce que tout le monde marche. Et tout le monde marche parce que tout le monde marche. Une vraie bande de veaux.".
Ce personnage permet de relancer la machine : l'objectif est désormais de se rendre à Washington, où la clé du problème pourrait se trouver, ainsi que d'autres survivants et surtout des conditions de vie plus adaptées.
Mais oui, et la marmotte ... mais en tant que lecteur j'ai aussi envie d'y croire et de découvrir si ce personnage dit la vérité.
Bravo aux auteurs qui non seulement instillent de l'espoir aux survivants mais également au lecteur.

Contrairement aux tomes précédents, "Ceux qui restent" est un volume moins centré sur la psychologie des personnages et les relations entre eux, quoi que Michonne et Rick soient bons pour quelques années d'analyse sur un divan, mais qui met en place une nouvelle trame aussi intéressante que les précédentes et qui fait que je n'ai qu'une hâte : découvrir la suite des péripéties du groupe de Rick.

samedi 28 mars 2015

Le bal d'Irène Némirovsky


Antoinette vient d'avoir quatorze ans ; elle rêve de participer au bal qu'organisent ses parents, les Kampf, pour faire étalage de leur fortune récemment acquise. Mais sa mère, plus pressée de jouir enfin de cette opulence tant attendue que de faire entrer sa fille dans le monde, refuse de convier Antoinette au bal. La vengeance d'Antoinette, aussi terrible qu'inattendue, tombera comme un couperet, révélant le vrai visage de chacun. (Hachette)

Antoinette Kampf a quatorze ans, ses parents sont des nouveaux riches qui tirent leur fortune de placements judicieux à la bourse il y a quelques années, et qui rêvent depuis d'entrer dans le monde, d'être reconnus et acceptés par leurs pairs.
C'est pourquoi ils décident d'organiser un bal.
Antoinette aussi rêve de faire son entrée dans le monde, à son âge elle est romantique, rêve d'amour et d'un beau mariage et surtout, de pouvoir participer au bal organisé par ses parents : "Oh ! mon Dieu, danser une fois, une seule fois, avec une jolie robe, comme une vraie jeune fille, serrée dans des bras d'homme ...".
Mais c'est sans compter sur l'avidité de sa mère qui s'est transformée en monstre d'égoïsme et ne pense qu'à profiter de cette richesse et asseoir sa réputation, sans se soucier désormais du bonheur de son enfant : "Apprends, ma petite, que je commence seulement à vivre, moi, tu entends, moi, et que je n'ai pas l'intention de m'embarrasser de sitôt d'une fille à marier.".

Antoinette illustre à la perfection les émois de l'adolescence, elle s'accroche ardemment à la chose qu'elle désire, ici participer au bal, rêve au grand amour, à son premier baiser, à être prise dans les bras d'un homme pour la première fois et être serrée à lui, tout en ressentant un grand sentiment d'injustice à l'égard de sa personne et en se disant incomprise de tout le monde, mal voire pas aimée, et considérée encore comme une enfant alors qu'elle s'estime désormais mâture et adulte : "Personne ne l'aimait ... pas une âme au monde. Mais ils ne voyaient donc pas, aveugles, imbéciles, qu'elle était mille fois plus intelligente, plus précieuse, plus profonde qu'eux tous, ces gens qui osaient l'élever, l'instruire ... Des nouveaux riches grossiers, incultes ... Ah ! comme elle avait ri d'eux toute la soirée, et ils n'avaient rien vu, naturellement ... elle pouvait pleurer ou rire sous leurs yeux, ils ne daignaient rien voir ... une enfant de quatorze ans, une gamine, c'est quelque chose de méprisable et de bas comme un chien ... de quel droit ils l'envoyaient se coucher, la punissaient, l'injuriaient ?".
Difficile en lisant l'histoire de cette jeune fille abandonnée par sa famille de ne pas penser à la jeunesse d'Irène Némirovsky, romancée dans son roman "Le vin de solitude" et où elle dressait un portrait sans concession d'une mère monstre d'égoïsme.
Tout comme le personnage d'Hélène dans ce roman, Antoinette est ici un double romanesque de l'auteur.
Il est donc question de l'espérance du personnage d'Antoinette, mais son côté sombre est également montré, avec la vengeance qu'elle met en place et qui permet de révéler la véritable nature de chacun.
Tout comme Hélène dans "Le vin de solitude" qui se venge de cette mère si peu aimante et maternelle.
Par sa brièveté, ce texte pourrait s'apparenter à une nouvelle, j'en parle bien au conditionnel car il s'agit plutôt d'un court roman centré sur un personnage, une technique d'écriture littéraire très en vogue à l'époque des Années Folles où il a été rédigé.
Il mêle également un côté très traditionnel : l'importance de la richesse, l'organisation d’événements mondains pour asseoir sa place dans monde; à un autre de révolte illustré par le personnage d'Antoinette.
La plume d'Irène Némirovsky est comme à son habitude sans concession et très riche, n'hésitant pas à impliquer le lecteur au ressenti et aux émotions de la jeune Antoinette, notamment à travers les monologues intérieurs qu'elle tient.
Et au-delà de l'espérance, de la vengeance, des tourments de l'enfance, ce texte véhicule surtout un message fort caractéristique des années 20-30 : l'important c'est de s'amuser, de chasser les souvenirs de la guerre, de s'étourdir dans des fêtes somptueuses où les démonstrations de richesse sont nombreuses, comme le fait Gatsby dans l'oeuvre de Francis Scott Fitzgerald, et surtout de vivre.

Lire une oeuvre d'Irène Némirovsky, c'est la promesse à coup sûr d'un instant de cruauté sans pareil doublé de beauté fulgurante, et d'une justesse d'analyse du caractère humain à glacer le sang.
"Le bal" ne fait pas exception à la règle : rêvez, tournez, valsez, et fuyez vite quand minuit sonne et que les masques tombent, car la douce Cendrillon n'est qu'un mythe.

Livre lu dans le cadre du Plan Orsec 2015 pour PAL en danger / Chute de PAL


Du soleil sur la joue de Marylin Sachs


Nicole vit une enfance joyeuse entre sa petite soeur et ses parents à Aix-les-Bains. Mais lorsque la seconde guerre mondiale gronde, son univers s'écroule. Les Juifs ne sont plus en sécurité nulle part et sa famille est menacée. Nicole n'a pas onze ans quand son père part à la guerre. Tout change autour d'elle... Réussira-t-elle à rester avec les siens ? « Papa n'était toujours pas revenu. Depuis le début du mois de juin, un courant ininterrompu de réfugiés venait de Paris et d'autres régions de la France occupée. Ils cherchaient un ailleurs où s'installer pour échapper aux Allemands... » (Flammarion Jeunesse)

J'ai lu ce roman dans ma jeunesse, c'est d'ailleurs le public auquel il s'adresse en premier lieu, et j'ai eu envie de le relire il y a quelques temps
Parce qu'il y a comme ça des livres qui marquent et que l'on a envie de relire des années après
C'est plutôt bien, car il faut bien avouer que je ne me souvenais plus de grand chose, hormis que Nicole était une petite fille Juive qui allait se trouver séparée de sa famille durant la guerre à la suite d'une rafle.
Et ce souvenir est finalement réducteur, car au-delà de cette histoire permettant à un public jeune de découvrir avec des mots choisis la persécution des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale, il y a surtout les tourments d'une petite fille qui va finir par mûrir plus vite qu'elle ne l'aurait dû et qui va découvrir le véritable sens du chagrin et de la solitude : "Maintenant, je sais que le chagrin n'est pas une chose qu'on porte sur son visage. Il est en vous, la nuit, quand vous êtes allongé dans votre lit. Là, j'entends les internes parler de leurs familles. Elles savent où est leur mère, où est leur père, et moi je n'en sais rien. Le chagrin, c'est de voir arriver les paquets, avec un petit morceau de fromage, du saucisson, une écharpe chaude - il n'y a jamais de paquet pour moi. C'est de voir les parents qui viennent chercher leurs filles pour les emmener à la maison, pour les vacances ou pour le dimanche - et leurs visages tout ridés de sourire à la vue de leur enfant. Mais il n'y a pas de visage pour moi.".
Au début de ce roman, Nicole est une petite fille insouciante, certes il y a la guerre mais elle ne la touche pas personnellement, jusqu'au jour où son père part au front et revient, et surtout lorsque commence à défiler chez elle des personnes réfugiées qui ont perdu leur maison et parfois même leur femme et enfants : "Depuis le début du mois de juin, c'était à Aix-les-Bains un courant ininterrompu de réfugiés venant de Paris et d'autres régions de la France occupée. Certains se dirigeaient vers la Suisse tandis que d'autres cherchaient ailleurs où s'installer pour échapper aux Allemands.".
Puis vient le temps des brimades à l'école, où Nicole se fait insulter par une camarade sans comprendre pourquoi : "Qu'est-ce que ça veut dire sale juive ? En tout cas, elle s'est trompée sur mon compte, parce que je ne suis pas une sale juive. Et je me demande qui peut bien l'être.".
Nicole grandit, commence à comprendre, prête des serments d'enfant : "Moi, si nous étions séparées de vous, je vous chercherais, c'est tout ce que je ferais. Je vous chercherais, et je vous retrouverais, et je ne rirais pas avant de vous avoir retrouvés.", jusqu'au jour où elle se retrouve séparée de ses parents, ne doit de survivre qu'à quelques personnes qui la protègent et découvrent la solitude ; "Jour après jour, ma solitude avait grandi et devenait insoutenable. Les premiers jours de mon retour à l'école, l'excitation d'être hors la loi m'avait soutenue, avec l'espoir, encore, que mes parents s'échapperaient peut-être, d'une manière ou d'une autre. Mais l'espoir s'était amenuisé, tandis que s'allongeaient les heures de solitude noire.".
Je ne me rappelais pas tant de noirceur dans ce roman jeunesse, mais l'auteur a su trouver les mots justes et simples pour faire passer les sentiments de Nicole à un public du même âge que l'héroïne.
Elle arrive à bien reconstituer l'atmosphère de ces années et crée une empathie entre le lecteur et la jeune Nicole.
Marylin Sachs a sans doute dû se documenter, d'autant qu'elle est américaine, elle a su reconstituer la France de ces années-là avec une certaine justesse, et surtout, ce qui est à mon avis le plus réussi dans ce roman, se mettre dans la tête d'une petite fille d'une dizaine d'années
La construction du récit à rebours est également intéressante, d'autant que l'auteur a vraiment su s'adapter à un public jeune en décrivant justement les faits sans entrer dans les détails les plus terribles et en laissant une fin relativement ouverte qu'ils ne comprendront que plus tard, le but recherché n'étant pas de traumatiser les enfants mais de leur transmettre l'histoire passée des Nicole et de tous les autres enfants Juifs ayant vécu à cette période afin qu'ils ne tombent pas dans l'oubli.

"Du soleil sur la joue" de Marylin Sachs est un beau roman jeunesse poignant sur la Seconde Guerre Mondiale et la traque des Juifs à travers le regard de la jeune Nicole.
Le sujet est traité intelligemment et sensiblement pour un public jeune et se relit avec autant de plus plaisir en étant plus grand.

Livre lu dans le cadre du Challenge Romancières américaines


mardi 24 mars 2015

Top Ten Tuesday #93


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 événements historiques que vous avez découvert grâce à la lecture

Dans la réalité, pleins, dans l'immédiat, un peu difficile de me rappeler de tout.

1) Ce n'est pas un événement historique à proprement parler mais la petite vérole dans "Les petites filles modèles" de la Comtesse de Ségur;
2) L'éruption d'un volcan en Islande en 1783 qui a fortement perturbé la France et l'Europe plus généralement dans "L'année du volcan" de Jean-François Parot;
3) La préparation et les racines du génocide au Rwanda dans "Notre-Dame du Nil" de Scholastique Mukasonga;
4) La déportation et l'enfermement dans des camps de milliers de citoyens Américains d'origine Japonaise après l'attaque de Pearl Harbor  dans "Quand l'empereur était un dieu" de Julie Otsuka;
5) L'intégration de 9 élèves Afro-américains dans un lycée de Blancs en 1957 dans "Sweet Sixteen" d'Annelise Heurtier;
6) La période de Philippe le Bel avec "Les rois maudits" de Maurice Druon.

dimanche 22 mars 2015

Le fils de Philipp Meyer


Vaste fresque de l’Amérique de 1850 à nos jours, Le Fils de Philipp Meyer, finaliste du prestigieux prix Pulitzer 2014, est porté par trois personnages, trois générations d’une famille texane, les McCullough, dont les voix successives tissent la trame de ce roman exceptionnel. (Albin Michel)

Trois voix qui alternent, trois générations d'une famille qui balaie l'histoire Américaine, particulièrement celle du Texas, des années 1850 à nos jours.
Il y a tout d'abord Eli, enlevé à l'âge de onze ans par les Comanches et qui va passer avec eux trois années de sa vie, profitant sans le savoir d'un mode de vie qui peu à peu disparaît avec l'éradication des Indiens par des maladies ou les parcages dans des réserves.
C'est lui le fondateur de cette grande famille, lui qui une fois revenu parmi les Blancs s'engagera dans la Guerre de Sécession et survivra grâce aux enseignements des Indiens, lui qui se fera appeler désormais le "Colonel" et qui va ériger une vaste entreprise familiale, d'abord dans l'élevage puis dans le pétrole, lui qui sera un père, un grand-père et un arrière-grand-père autoritaire, tyrannique, ne supportant pas la faiblesse et la mollesse de caractère et d'esprit.
Il y a ensuite Peter, le fils du "Colonel" qui n'en peut plus de ce père qui l'écrase et lui impose un choix de vie qui n'est pas le sien, d'ailleurs il profitera de la révolution Mexicaine pour faire un choix, le premier de sa vie, qui changera à jamais son destin et celui de la famille McCullough.
Et enfin, il y a Jeanne-Anne, l'arrière-petite-fille du "Colonel", une femme intelligente et ambitieuse, la digne héritière de son illustre arrière-grand-père avec qui elle partage une vision précise et juste de l'avenir et un caractère trempé dans l'acier, car pour elle, rien d'autre ne compte que la réussite de l'entreprise familiale afin d'asseoir définitivement l'oeuvre d'Eli McCullough dans l'histoire industrielle Américaine.

Il y a tellement à dire de cette vaste fresque littéraire que je ne sais par où commencer, d'ailleurs il m'a fallu du temps après la fin de ma lecture pour me poser et rédiger une chronique.
Dans cette famille, il y a les forts et les faibles, mais derrière ces mots ne se cachent pas leurs définitions au sens courant, car pour être fort il faut être prêt à tout, n'aimer personne d'autre que soi et n'avoir ni Dieu ni maître, il faut être prêt à tuer père et mère pour arriver à ses fins : "Aujourd'hui, l'homme vit dans un cercueil de chair. Sourd et aveugle. La Terre et la Loi sont corrompues. Le Grand Livre dit : je vous rassemblerai à Jérusalem pour vous mettre au creuset de ma fureur. Il dit : tu es une terre qui n'a point été purifiée. Je confirme. Il nous faut un grand feu qui balaie la terre d'un océan à l'autre et je jure de me doucher au kérosène si on promet de laisser brûler ce feu.", c'est ainsi qu'est Eli McCullough; et pour être faible il faut tout simplement être humain et ressentir de l'empathie pour les autres : "Il y a ceux qui sont nés pour être chasseurs et ceux qui sont nés pour être chassés ... J'ai toujours su que j'étais de ces derniers.", c'est ainsi qu'est Peter.
Et puis il y a Jeanne-Anne qui a commencé son ascension ambitieuse ouverte sur les autres pour la finir vieille et seule à agoniser par terre dans sa grande maison.
Je n'apprécie pas forcément un personnage de la trempe d'Eli McCullough, car l'homme est insupportable d'absence de sentiments et d'empathie envers autrui, mais d'un autre côté il a une force de caractère qui pousse au respect et qui trouve ses racines dans son passé.
Eli McCullough restera marqué à jamais par l'attaque de sa famille par les Comanches, les trois années passées parmi eux, tout ce qu'il y a appris et surtout que l'important c'est de posséder, de créer, d'être le fort qui peut écraser le faible plutôt que l'inverse.
Alors qu'importe ce qu'il faut faire pour posséder, l'important c'est de graver son nom dans l'Histoire : "Les choses ne valent rien tant que tu n'as pas mis ton nom dessus.".
C'est sans doute le personnage qui m'a le plus fascinée par son évolution, j'ai pris énormément de plaisir à lire les chapitres consacrés à sa vie au sein des Comanches, sans doute parce qu'il y a finalement bien peu de livres qui s'intéressent au sort des Indiens d'Amérique et au quasi anéantissement de cette population.
Au cours de ma lecture je n'avais qu'une hâte : retrouver Eli McCullough au milieu des Comanches pour saisir avec lui les derniers instants d'une liberté et d'un peuple qui allaient bientôt complètement disparaître.
L'histoire et l'évolution de Jeanne-Anne ont elles aussi un côté intéressant et fascinant, parce que l'époque est plus proche de la nôtre mais aussi parce qu'elle fait partie des rares "business woman" qui sont critiquées et qui dérangent une partie de la population.
Et si je me suis demandée pendant un moment ce qu'apportait l'histoire de Peter, je ne m'attendais certainement pas à cette dernière pirouette finale de l'auteur.
Au-delà du destin de cette famille, l'auteur évoque aussi les aléas du monde extérieur sur la vie des Américains, je pense notamment aux deux Guerres Mondiales qui ont fauché bon nombre de jeunes Américains, la famille McCullough ayant elle aussi
Mais c'est sans doute le point d'orgue de ce roman, qu'importe les enlèvements, les meurtres, les guerres, le sang versé, la vie continue quoi qu'il se passe : "Le sang qui coulait à travers les siècles pouvait bien remplir toutes les rivières et tous les océans, en dépit de l'immense boucherie, la vie demeurait.".
Le style de Philipp Meyer est remarquable, j'ai été portée de bout en bout par sa plume et c'est avec un immense plaisir que j'ai pu découvrir cette fresque historique qui s'interroge sur la condition humaine à travers le prisme de trois narrateurs différents, à trois époques distinctes.
Voilà un livre qui ne m'a en tout cas pas laissée indemne tant j'en ai pris plein les yeux avec ce superbe récit, et c'est sans aucune surprise qu'il a figuré parmi les finalistes du Prix Pulitzer 2014.

"Le fils" de Philipp Meyer est à n'en pas douter un très grand roman, une vaste saga familiale s'étendant sur plus d'un siècle, offrant une vision sans concession du rêve Américain, il serait fort dommage de passer à côté de ce si beau roman.

mardi 17 mars 2015

Top Ten Tuesday #92


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres qui nous ont ouvert l'appétit

Pas beaucoup de livres cette semaine dans le TTT car je n'ai finalement pas lu tant de livres avec un fond culinaire (une lacune à combler ?).

1) La série des Nicolas le Floch de Jean-François Parot car il y a toujours des descriptions de repas;
2) "Les années douces" de Hiromi Kawakami
3) "Chocolat amer" de Laura Esquivel;
4) "Etoiles" de Simonetta Greggio (c'est bien la seule chose intéressante de ce livre);
5) "Une gourmandise" de Muriel Barbery.

dimanche 15 mars 2015

Princess Rap Battle #1

My God !
Je suis tombée sur une "Princess Rap Battle", trop fort !

Ce concept de parodie des héroïnes de Disney s'affrontant sur une battle de rap a été créé par Whitney Avalon.
Avec ça, les princesses de Disney n'ont plus qu'à aller se rhabiller et bien se tenir !

Je vous présente ici Cendrillon (aka Sarah Michelle Gellar) versus Belle (aka Whitney Avalon).

Go and fight girls !

samedi 14 mars 2015

Les notes de la mousson de Fanny Saintenoy


Kanou est un petit prince choyé par tous, il grandit dans la douceur et les couleurs de Pondichéry. Mais sa mère, Galta, rêve de quitter l’Inde qui ne l’a jamais acceptée. Quand elle remonte le fil de son passé, Galta découvre les vestiges d’un secret de famille qui va mettre en péril le monde idyllique de son fils. Seule Angèle, à Paris, connaît l’histoire douloureuse qui les lie tous les trois, une vérité sombre qui changera leurs destinées. (Versilio)

Kanou est un jeune enfant qui grandit à Pondichéry, auprès d'un père musicien souvent absent, d'une mère, Galta, indolente et en lutte avec des démons intérieurs, et d'Ahmma la domestique qui s'occupe de lui comme s'il était son fils.
Kanou compose avec cette étrange famille, il ne comprend pas forcément bien ses parents : "Kanou se demande, un peu confus dans ses pensées d'enfant, comment ses parents ont pu s'aimer, et si l'amour des grands peut continuer de battre au milieu de tant de différences ... Une statue et un papillon, voilà à quoi ils ressemblent.", mais il les aimes tel qu'ils sont.
A des milliers de kilomètres de là, en France, il y a Angèle, une personne qui a beaucoup compté dans la vie de Galta et qui détient les clés de son mal être actuel.
Mais Angèle a trop tardé à lui parler et aujourd'hui ce silence lui pèse et la prive d'une partie de sa vie : "Sa culpabilité lui pendrait au cou, lourde chaîne d'esclave, et l'abandon des recherches lui claquerait au visage au moment de quitter l'Inde. Les silences résonnent longtemps et portent loin.".

Porté par la très belle plume de Fanny Saintenoy, ce récit alterne entre deux continents, deux pays, deux cultures, deux points de vue, qui finalement ont un même dénominateur commun universel : l'amour.
La structure de ce court roman est bien faite : l'ouverture et la fermeture se font avec un homme et une femme, jeunes mariés, qui sont la clé de l'histoire personnelle des personnages qui sont par la suite développés.
C'est aussi un livre d'ambiance, je n'ai jamais été en Inde mais j'ai trouvé dans ce récit tout ce qui fait l'essence de ce pays si particulier, avec une dimension presque mystique côtoyant la pauvreté et la misère, avec des castes bien définies qu'il ne fait pas bon franchir, même par amour.
Le récit est vivant, les mots sont parlants, j'avais l'impression d'être avec Kanou pendant tout le long du récit et Angèle m'apparaissait comme très éloignée alors que géographiquement et culturellement je suis plus proche d'elle.
Fanny Saintenoy a un beau style d'écriture qui a su m'emporter pendant ma lecture, c'est une belle surprise et une belle découverte que j'ai fait avec ce roman.
D'ailleurs, est-ce plutôt une nouvelle ou plutôt un court roman ?
Difficile de me prononcer sur ce point, tout ce que je peux en dire c'est que ce récit m'a laissée quelque peu frustrée, il s'arrête au moment où tout commence pour Galta et Kanou.
J'ai eu l'impression que tout ce que j'avais lu jusqu'à présent n'était qu'une ébauche, une mise en situation et que du plus merveilleux était encore à venir, finalement non et c'est quelque peu dommage car je serais bien restée un peu plus longtemps avec tous ces personnages, et d'un autre côté tant mieux car ainsi l'auteur me laisse le libre choix d'imaginer ce qu'il advient des personnages.
Et dire que ce roman est une transposition de "Roméo et Juliette" à Bollywood ne serait pas lui rendre justice.

Si Babelio et les éditions Versilio ne m'avaient pas proposé de recevoir "Les notes de la mousson" avant sa sortie je ne l'aurais pas lu de moi-même, d'ailleurs je n'y aurais sans doute même pas prêté attention, et cela aurait été dommage car je serais passée à côté de la belle plume de Fanny Saintenoy.

Je remercie Babelio et les éditions Versilio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.

mardi 10 mars 2015

Top Ten Tuesday #91


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 acteurs/actrices que vous verriez bien intégrer tel ou tel personnage

Me voilà prise au dépourvue car c'est bien souvent que j'imagine tel ou telle acteur/trice pour interpréter un personnage et là je sèche un peu.

1) Joseph Gordon-Levitt dans le rôle de Nick Carraway dans "Gatsby le magnifique" de Francis Scott Fitzgerald;
2) Clint Eastwood dans le rôle de Ben dans "Le dernier tango à Brooklyn" de Kirk Douglas;
3) Jérôme Robart dans le rôle de Yann de Kermeur dans "L'épervier" de Patrice Pellerin;
4) Sandra Bullock (enfin plus jeune) dans le rôle de Stéphanie Plum dans la série de Janet Evanovich;
5) Angie Harmon dans le rôle d'Angela Gennato dans la série de Dennis Lehane;
6) Kelly Reilly dans le rôle de Kate dans "La consolante" d'Anna Gavalda;
7) et 8) Sasha Alexander et Jessica Chastain dans le rôle deSarah et Emily dans "Easter Parade" de Richard Yates;
9) et 10) Evangeline Lily dans le rôle de Kate Malone et Kate Winslet dans celui de Sara Smythe dans "La poursuite du bonheur" de Douglas Kennedy.

dimanche 8 mars 2015

Birdman d'Alejandro González Iñárritu



À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses proches, son passé, ses rêves et son ego… S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir... (AlloCiné)


Il y a des années de cela, Riggan Thomson a été Birdman, un super héros aux supers pouvoirs.
Aujourd'hui Riggan Thomson est un "has-been", un acteur sur le retour qui essaye désespérément de relancer une carrière qu'il a de lui-même stoppé, en montant une pièce de théâtre de Raymond Carver, "Parlez-moi d'amour", à Broadway.
"Bidman" s'attache à nous faire vivre les trois jours précédant la première.


Il y a une certaine ironie quand on sait que Michael Keaton, interprétant Riggan Thomson, a été connu il y a plus de vingt ans de cela en endossant le costume de Batman pour Tim Burton et que depuis ses apparitions à l'écran étaient devenues confidentielles.
Il y a encore une certaine ironie quand la pièce montée s'intitule "Parlez-moi d'amour" et que tous les acteurs l'interprétant sont aussi en quête de l'amour, et en parlent : de la part du public, une reconnaissance de la profession, mais aussi de la part d'un père pour une fille ou ce même père se débattant avec l'ancienne femme de sa vie et celle la partageant actuellement.
Mais il y a surtout une formidable mise en abîme : de vrais acteurs jouant des acteurs en train de répéter et de finaliser une pièce de théâtre, partageant aussi leurs doutes, leurs hésitations, leurs crises, leurs egos.
Et c'est sans doute, avec l'interprétation des acteurs, ce que j'ai préféré dans ce film.
Il y a beaucoup de réflexions intelligentes qui sont soulevées dans ce film : la vie personnelle et professionnelle d'un acteur, avec un ego qui a bien du mal à trouver sa place au milieu de personnes ordinaires, le succès et son côté éphémère, la quête de célébrité, le besoin de reconnaissance.
D'ailleurs, l'ex-femme de Riggan le lui dit bien : "Tu as toujours confondu l'amour et l'admiration".
C'est finalement un film dense tant sur la forme que sur le fond.
Sur la forme tout d'abord car la mise en scène est non seulement soignée mais aussi très particulière, donnant l'impression qu'il ne s'agit que d'un seul et même plan, j'avoue avoir beaucoup apprécié ce travail de recherche qui contribue à la grande qualité de ce film.
Ensuite sur le fond, pour les problématiques évoquées ci-dessus mais aussi pour la psychologie de chacun des personnages qui est systématiquement présentée et développée, qu'il s'agisse bien entendu de Riggan mais aussi de sa fille Sam (formidable Emma Stone), de ses partenaires de théâtre, de son acolyte sur scène Mike (Edward Norton époustouflant), ce qui donne lieu à quelques très belles scènes de confrontation entre ces deux hommes de deux générations et de deux mondes différents.
Le personnage de Riggan a d'ailleurs un ego tellement surdimensionné qu'il a régulièrement une voix qui lui parle et le pousse à retrouver sa splendeur d'antan, jusqu'à cette magnifique scène dans New York ou son double Birdman apparaît derrière lui pour lui donner des ailes, au sens propre comme au figuré.
Le réel se mêle en permanence au surnaturel, à l'image de la scène d'ouverture du film, et si j'ai trouvé que cela se mariait particulièrement bien à l'écran il est tout à fait possible que cela ne plaise pas à tout le monde.
Le casting du film est vraiment impressionnant, tous les acteurs y sont à leur place et ont droit à leur petit moment de gloire et de mise en avant à l'écran.
Quant au choix de la ville : New York, elle est particulièrement représentative du rêve Américain et pour y être allée c'est avec plaisir que j'ai pu déambuler à l'écran dans certaines rues que j'ai faites à pied, la scène où le personnage de Riggan se trouve d'ailleurs à déambuler dans Times Square vêtu d'un slip est tout simplement fabuleuse et concentre tous les propos développés dans ce film : la gloire, le succès, son côté éphémère, le strass et les paillettes, l'obligation d'aller vite pour frapper les esprits et y rester.
Un dernier mot pour finir sur la musique du film : fabuleuse ! Le réalisateur a fait appel au batteur Mexicain Antonio Sanchez, le rythme est lié aux mouvements de la caméra et aux humeurs du personnage, une belle réussite !


"Birdman" est une géniale comédie tragique d'Alejandro González Iñárritu qui signe avec son cinquième long-métrage un grand moment de cinéma et sans doute l'un des meilleurs films de ce début de printemps.









Instantané #6

Entendu hier en allant à la bibliothèque , un adolescent parlant à ses potes : 
- On s'est fait couiller je te dis !

Couiller je ne sais pas mais il y a bien une couille dans ta phrase, mec.
C'est couillonner pas couiller ! (ou alors je ne suis plus trop à la page, mais nevermind ! "Couillonner" ça a plus de classe que "Couiller")
Ah là là cette jeunesse, même pas capable d'utiliser les bonnes vieilles expressions !

mardi 3 mars 2015

Top Ten Tuesday #90


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Les 10 livres que vous n'avez pas réussi à poser une fois commencé

1) "Jane Eyre" de Charlotte Brontë
2) "Trash circus" de Joseph Incardona
3) "L'accompagnatrice" de Nina Berberova
4) "Le livre de Dina" de Herbjørg Wassmo
5) "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh
6) "Dix petits nègres" d'Agatha Christie
7) "Les locataires de l'été" de Charles Simmons
8) "Funérailles célestes" de Xinran
9) "Laver les ombres" de Jeanne Benameur
10) "Suite française" d'Irène Némirovsky

dimanche 1 mars 2015

American Sniper de Clint Eastwood



Tireur d'élite des Navy SEAL, Chris Kyle est envoyé en Irak dans un seul but : protéger ses camarades. Sa précision chirurgicale sauve d'innombrables vies humaines sur le champ de bataille et, tandis que les récits de ses exploits se multiplient, il décroche le surnom de "La Légende". Cependant, sa réputation se propage au-delà des lignes ennemies, si bien que sa tête est mise à prix et qu'il devient une cible privilégiée des insurgés. Malgré le danger, et l'angoisse dans laquelle vit sa famille, Chris participe à quatre batailles décisives parmi les plus terribles de la guerre en Irak, s'imposant ainsi comme l'incarnation vivante de la devise des SEAL : "Pas de quartier !" Mais en rentrant au pays, Chris prend conscience qu'il ne parvient pas à retrouver une vie normale. (AlloCiné)


Il ne faut pas se fier au joli résumé de ce film proposé par AlloCiné, il s'agit tout simplement de la vie de Chris Kyle, de son incorporation dans les SEALs jusqu'à sa mort en 2013, adaptée au cinéma par Clint Eastwood sur la base de son autobiographie "American Sniper, autobiographie du sniper le plus redoutable de l'histoire militaire américaine"(rien que le titre ça fait rêver).
Chris Kyle en quelques chiffres : 160 tirs létaux officiellement confirmés par le Pentagone (255 pour Chris Kyle), ce qui en fait le tireur d'élite ayant tué le plus de personnes dans l'histoire militaire américaine; surnommé "Le diable de Ramadi" par les insurgés, c'est "La légende" pour ses compagnons d'armes; son record de tir létal est à une distance de 1,9 kilomètres contre un insurgé qui s'approchait d'un convoi militaire (et là on se rend compte que l'histoire de Chris Kyle a été quelque peu romancée pour les besoins du film).
A titre personnel tous ces chiffres sont loin de me faire rêver, mais j'ai quand même décidé d'aller voir le dernier film de Clint Eastwood qui certes fonctionne très bien mais déclenche aussi la polémique sur son passage et peut mettre mal à l'aise, ce qui fut le cas pour moi.


Après analyse, je pense que ce qui m'a mis le plus mal à l'aise dans ce film c'est le parti pris extrêmement patriotique de Clint Eastwood.
Jusque-là rien de très surprenant pour ce réalisateur, il l'a déjà fait à de nombreuses fois dans le passé et il n'a jamais caché ses tendances politiques.
Sauf que là, j'ai eu parfois l'impression que ce film glorifiait les tireurs d'élite et faisait la propagande de l'armée Américaine.
Alors que dans le même temps ce film aborde aussi le côté tourmenté de l'homme et son syndrome post-traumatique, mais cette partie est au final peu exploitée et c'est bien dommage car cela aurait permis d'humaniser un peu plus Chris Kyle qui finit par faire figure de machine à tuer, uniquement préoccupée par le réglage de son viseur, le doigt en permanence sur la gâchette.
Je me suis posée la question de savoir qui était réellement Chris Kyle : un héros ou un tueur en série ?
Parce qu'au bout d'un moment, il faut appeler un chat un chat, Chris Kyle ne ressent pas d'émotion face à ce qu'il fait, il tue pour protéger ses camarades, il s'en est auto-persuadé et il est parti dans son monde parallèle qui est déconnecté de la réalité.
Le film montre d'ailleurs en parti que cet homme a été déphasé par la guerre, il est chez lui tel un fantôme à fixer un écran de télévision éteint et à sursauter au moindre bruit qui lui rappelle la guerre.
Un point de vue intéressant mais qui finalement ne sera pas tellement développé et presque trop vite balayé.
Tout comme le frère de Chris lui aussi soldat mais traumatisé par la guerre et qui rejette en bloc l'armée, balayé très vite car cela ne cadrait pas avec le discours du film.
C'est en écrivant ceci que je viens de mettre le doigt sur ce qui me gêne dans ce film : Clint Eastwood s'est refusé à expliquer au spectateur ce personnage, parce qu'il n'aime sans doute pas entrer dans la psychologie de certains, et si cela peut passer pour certains de ses films ici ce n'est pas vraiment le cas, car il laisse vivre un personnage ambigu et n'aide pas franchement le spectateur a se faire son opinion sur le sujet.
Je trouve dommage que Clint Eastwood ne se soit toujours pas décidé à prendre des risques dans ses films, s'il ne le fait pas maintenant quand est-ce qu'il le fera ?
La mise en scène quant à elle est très classique, Clint Eastwood a choisi de bâtir son film sur le principe des retours en arrière et de ponctuer les quatre interventions en Irak de Chris Kyle par son introspection et l'évolution de sa vie personnelle.
Ainsi, le film débute par ce qui va être le premier tir mortel de Chris Kyle sur un enfant, mais ô temps suspend ton vol, le réalisateur part aussitôt après dans une scène de l'enfance où un Chris enfant est emmené à la chasse par son père.
C'est presque idyllique, il ne manque l'arc-en-ciel en arrière plan, mais peu de temps après la scène d'ouverture se clôture et à partir de là c'est adieu le pays des bisounours.
Chris Kyle observe tout ce qui se passe devant lui pendant une bonne partie du film, le spectateur aussi, si j'ai globalement apprécié j'avoue que j'attendais aussi un petit quelque chose qui aurait mis fin à cette situation.
Côté réalisme et reconstitution c'est extrêmement bien fait, il n'y a pas pléthore de réalisateurs à Hollywood qui peut se permettre de faire un film de guerre et de le réussir, c'est le cas de Clint Eastwood.
Car malgré ce que j'ai pu expliquer un peu plus haut, j'avoue que j'ai été prise par le film et pas l'histoire de ce personnage.
Il y a des scènes belles, d'autres avec de l'émotion, mais il y en a d'autres que je n'ai pas aimées, comme le fait que Clint Eastwood montre systématiquement tous les Irakiens comme des insurgés, certes il y en a mais c'est un raccourci que de dire que tous l'étaient / le sont.
Et quel est l"intérêt d'avoir voulu tracer un parallèle entre la vie de Chris Kyle et celle de Mustafa, tireur d'élite pour les Irakiens ?
Un gros raccourci, un peu de facilité pour ce film qui par moment sait aussi être plus subtil et plus creusé, et aussi des raccourcis par rapport à l'oeuvre originale de Chris Kyle.
Le casting est exceptionnel : Bradley Cooper est bluffant en Chris Kyle, j'ai découvert cet acteur il y a peu et il a ici un rôle de composition; quant à Sienna Miller elle est convaincante dans le rôle de la femme de Chris qui fait son possible pour le ramener dans le monde des vivants.


"American Sniper" est un film tourmenté qui divise, je laisse à chacun le libre arbitre d'aller le voir ou non et de s'en faire sa propre opinion.
En guise de conclusion, je citerai les propos de Chris Kyle au journal Libération lors de sa venue en France pour la promotion de son livre : "Les gens en ont marre d'Hollywood, qui se fait tellement d'argent sur le dos des militaires. Je représente, moi, leur vrai visage."; et bien je ne suis pas persuadée qu'il apprécierait de savoir qu'aujourd'hui Hollywood a réalisé un film sur lui et qui rapporte effectivement beaucoup d'argent !







Retour sur les lectures de Février 2015


Wouhou ! Je suis à jour dans mes chroniques de lectures de février, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été aussi dans les temps !
En février, j'ai lu diversifié : polar, jeunesse, psychologie, chick-litt; j'ai traversé les époques et les lieux en passant des tranchées de 14-18 aux Bighorns Américaines; et j'ai de nouveau sorti 3 livres de ma PAL !
Un bon mois de lectures et j'ai fini février en commençant un pavé de la rentrée littéraire 2014 dont je vous parlerai bientôt : "Le fils" de Philipp Meyer, une vaste saga familiale sur 3 générations très intéressante à lire !

Plan Orsec pour PAL en danger / Chute de PAL

"Une fenêtre au hasard" de Pia Petersen
"Adèle Blanc-Sec Tome 4 Momies en folie" de Jacques Tardi
"Ellen Foster" de Kaye Gibbons

Service Presse

"Tous les démons sont ici" de Craig Johnson

Emprunté à la bibliothèque

"L'Ambulance 13 Tome 1 La croix de sang" d'Alain Mounier et Patrick Cothias
"L'Ambulance 13 Tome 2 Au nom des hommes" d'Alain Mounier et Patrick Cothias
"L'Ambulance 13 Tome 3 Les braves gens" d'Alain Mounier et Patrick Cothias
"L'Ambulance 13 Tome 4 Des morts sans nom" d'Alain Mounier et Patrick Cothias

Autre

"Sweet Sixteen" d'Annelise Heurtier
"Y comme Romy" de Myriam Levain et Julia Tissier