jeudi 30 mai 2013

Starters de Lissa Price


Dans un futur proche : après les ravages d'un virus mortel, seules ont survécu les populations très jeunes ou très âgées : les Starters et les Enders. Réduite à la misère, la jeune Callie, du haut de ses seize ans, tente de survivre dans la rue avec son petit frère. Elle prend alors une décision inimaginable : louer son corps à un mystérieux institut scientifique, la Banque des Corps. L'esprit d'une vieille femme en prend possession pour retrouver sa jeunesse perdue. Malheureusement, rien ne se déroule comme prévu... Et Callie réalise bientôt que son corps n'a été loué que dans un seul but : exécuter un sinistre plan qu'elle devra contrecarrer à tout prix ! Le premier volet du thriller dystopique événement qui vous plongera au coeur d'une société dangereusement fascinée par les apparences, dans un avenir ou la jeunesse est devenu le bien le plus convoité et une véritable marchandise. (Robert Laffont)

Je sais, après avoir lu la nouvelle "Portrait d’un Starter" j’avais dit que je ne lirai pas cette dystopie, mais comme il ne faut jamais dire "Fontaine, je ne boirai pas de ton eau" et qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, j’ai fini par me laisser tenter par ce livre en bibliothèque.
Il y a du bon et du moins bon dans cette histoire, je suis mitigée sur l’ensemble de ma lecture mais je reconnais que les aspects positifs l’emportent (de peu) sur ceux négatifs.

L’héroïne Callie est à la limite de l’insupportable : trop naïve, trop insipide, trop dans le cliché de la jeune adolescente de seize ans qui connaît ses premiers émois amoureux ; ou alors j’ai passé l’âge pour ce genre de personnage mais ce n’est jamais le type qui m’a attirée et auquel je peux m’identifier en tant que lecteur.
Quant à l’histoire d’amour de Callie, alors là, c’est digne des séries B diffusées l’après-midi à la télévision.
C’est d’une mièvrerie sans nom, et trop rapide, ça m’a horripilée plus qu’autre chose au cours de ma lecture, heureusement que ce n’est pas l’élément prédominant du récit (et je ne parle même pas du fait que Callie n’a jamais conduit une voiture de sa vie mais se débrouille pourtant très bien dès la première fois qu’elle a à le faire).
A côté de ça, je reconnais que l’histoire est prenante, les pages se tournent rapidement et les chapitres s’enchaînent très vite.
Il y a de bonnes idées dans cette dysptopie, mais parfois mal ou peu exploitées par l’auteur.
Ainsi, le lecteur ne connaît que les grandes lignes de la guerre qui a eu lieu et ne peut que deviner le virus qui a anéanti les adultes.
En effet, aujourd’hui il ne reste plus que les personnes très âgées : les Enders, allant facilement à plus de 100 ans, et les Starters, les jeunes enfants qui sont pour la plupart orphelins.
J’attendais des éclaircissements sur ces aspects et au final je reste dans le flou.
Je suis curieuse de savoir ce qui s’est passé avant, l’auteur en dit trop peu et ça finirait presque par être frustrant.
Je ne peux alors m’empêcher de penser que ceci est fait délibérément dans le but d’écrire un deuxième tome et d’inciter ainsi les lecteurs à l’acheter, je trouve que l’auteur avait matière à laisser plus d’indices et à en trouver d’autres pour le tome suivant.
Le principe de location des corps de Starters par des Enders est à mon sens une très bonne idée, elle illustre d’une certaine façon le refus de vieillir d’une population qui cherche par tous les moyens à se rajeunir.
Les crèmes et autres produits de beauté n’étant plus d’actualité, il suffit désormais de louer un corps pour quelques heures ou quelques jours.
L’argent achète tout, et si Callie tente parfois de critiquer le monde dans lequel elle évolue, à savoir si tu es pauvre tu vis dans la misère profonde et inversement, j’ai trouvé l’auteur un peu trop douce dans cette critique.
J’aurais aimé une position plus tranchée, une dénonciation plus ferme des excès du luxe et de la domination de l’argent, une critique plus mordante de la société.
Il ne suffit pas d’écrire qu’une guerre a eu lieu laissant les Etats-Unis dans une forme de chaos et de glisser une petite phrase de repentance de la part d’une Ender : "Mademoiselle, je ne vous connais pas, mais je m’excuse de m’être servie de vous de cette façon. Et je suis sincèrement désolée pour ce monde que nous vous laissons en héritage." pour s’affranchir de toute critique plus poussée.
Et je ne retiens pas l’excuse que ce livre s’adresse à un jeune public, cela n’empêche pas d’y glisser quelques sous-entendus pour pousser plus loin la réflexion. 
L’auteur choisit aussi de poser ses personnages en opposition : les Starters contre les Enders, les Starters squatteurs et les Starters internés dans des centres répressifs : "Les Starters ne font pas confiance aux Enders.".
Il y a le chaos mais c’est raisonnable, désolée de le dire mais j’aurais préféré une lutte plus nette.
Ca manque de bagarres, de sang, d’échanges relevés, de déshumanisation, comme si l’auteur s’était d’elle-même freinée dans son écriture et son imagination, ou alors c’était justement par manque d’imagination.

"Starters" est un roman d’anticipation trop sage, trop lisse et trop convenu qui n’a cherché qu’à viser un public jeune plutôt que d’offrir une réflexion plus profonde.
Dommage car les idées de base n’étaient pas mauvaises, mais il va falloir travailler encore et encore Madame Lissa Price pour laisser votre empreinte dans l’univers littéraire de la dystopie.

mercredi 29 mai 2013

Piège nuptial de Christian De Metter et Douglas Kennedy


Parti au hasard du bush australien où il fait un break entre deux boulots, un jeune Américain, Nick, noue une liaison qu’il pense sans lendemain avec Angie, une auto-stoppeuse ramassée sur la route. Mais l’histoire prend un tour très inattendu. Drogué à son insu par Angie, Nick reprend connaissance à Wollanup, une localité qui ne figure même pas sur les cartes, en plein cœur du désert. Devenu contre son gré le « mari » d’Angie, Nick va faire connaissance avec sa nouvelle famille : une communauté humaine fruste, violente et dégénérée, dont les chefs de famille défendent à quiconque de quitter le groupe, sous peine de mort… Dépouillé de son passeport et de son argent, placé sous une surveillance constante, Nick ne pense plus qu’à s’enfuir. Mais comment s’échapper de cet enfer ? (Casterman)

"Wollanup, c'est gé-nial. Une ancienne ville minière et rien autour, que du désert et cinquante-trois habitants. Les plus proches voisins sont à sept cents bornes."
Ah Wollanup, cette charmante bourgade perdue dans le bush australien, avec ses quelques habitants et son abattoir d'où sort les fameux steaks de 'rou (de kangourou donc).
Dit crûment, Nick a voulu se taper la jolie nana sur le bord de la route, il l'a fait et il en a pour ses frais : il se retrouve aux prises avec une harpie qui le drogue pour l'emmener et l'épouser dans son charmant petit village natal avec sa non moins charmante famille, à commencer par son Daddy si gentil.
Nick n'est pas au bout de ses surprises, outre le fait d'être pris au piège, il découvre ainsi sa dulcinée sous un tout autre jour : "T'es loin d'avoir été le premier ou même le deuxième. Angie, c'est le matelas de Wollanup.".
Trop tard ! Il a dit oui ! Maintenant c'est jusqu'à ce que la mort les sépare !

Je connaissais l'oeuvre originale de Douglas Kennedy que j'ai lue il y a quelques années, à l'époque où le livre s'appelait encore "Cul de sac".
Cette bande dessinée respecte dans les grandes lignes l'histoire.
Je dis bien dans les grandes lignes, car si la première partie est fidèle au livre, la deuxième l'est moins dans le sens où l'auteur a fait l'impasse sur certains éléments et s'empresse même de finir son roman graphique.
J'ai trouvé cela quelque peu dommage, car c'est la partie la plus intéressante avec la descente aux enfers de Nick, qui ne sait comment se sortir de ce guêpier.
Dommage aussi que le dessinateur ait fait l'impasse sur des petits détails qui font tout le charme de l'histoire, comme le fait que les habitants de Wollanup ne sont pas très nets (il faut dire qu'à trois familles le tour est vite fait et qu'on devient vite timbré dans cette bourgade perdue).
Là, ils sont trop normaux dans le graphisme, il manque aussi à Angie un petit côté fou ou inquiétant, elle est trop normale et limite mignonne.
Le seul personnage qui fasse peur est Daddy et encore, de façon moins poussée que dans le roman.
J'ai l'impression que le dessinateur s'est focalisé sur Nick et Angie sans trop s'attarder sur les autres personnages or, une partie du charme de l'histoire tient justement aux détails de la vie quotidienne à Wollanup et de ses habitants.
Le temps passe à mon sens trop vite dans la partie consacrée à la vie à Wollanup et le lecteur pourrait avoir l'impression que le laps de temps est plutôt court jusqu'au dénouement or il n'en est rien et c'est justement dans cette durée que le climat devient de plus en plus dur à supporter pour Nick.
Je n'ai rien à dire sur le graphisme, Christian De Metter illustre ce récit avec des dessins à la limite de l'aquarelle, ce qui rend la lecture agréable, et retranscrit très bien l'atmosphère et les paysages australiens.

"Piège nuptial" est une bande dessinée qui se lit rapidement et permet d'aborder, tout du moins dans les grandes lignes, l'histoire imaginée par Douglas Kennedy.
Ce roman graphique est une bonne mise en images du récit mais pour une découverte plus complète je ne peux que vous conseiller de lire le roman de Douglas Kennedy qui vous apportera une dimension psychologique plus approfondie.

Alias Caracalla d'AlainTasma




Daniel a 20 ans. C’est un jeune homme fougueux, "royaliste, maurrassien et antisémite". Il est révulsé par l’Armistice. La trahison de Pétain – en qui il croyait tant- est un choc pour lui! Il veut partir se battre et, avec quelques copains, arrive en Angleterre presque par hasard. Là, il s’enrôle vite auprès d’un Général inconnu : De Gaulle. L’armée du chef ne compte alors que quelques centaines de gamins… C’est la naissance d’une incroyable épopée : la "France libre", et le début de l’évolution intellectuelle et républicaine de ce jeune fanatique. De retour dans une France occupée, la " vraie " Résistance va enfin pouvoir commencer. Le hasard (et le désordre qui règne dans la Résistance) vont faire du jeune Daniel un témoin incroyablement privilégié de l’Histoire. A Lyon, il rencontre un dénommé Rex dont il devient le secrétaire. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’il découvrira que Rex n’était autre que… Jean Moulin. (AlloCiné)

Date de commémoration approchant, vous avez sans doute remarqué que les unes et les articles dédiés à Jean Moulin fleurissaient depuis la semaine dernière.
Il aurait été surprenant que la télévision, le service public en tête, n’en fasse pas autant.
Il aurait également été surprenant que cela ne soit qu’une énième version de la vie de Jean Moulin.
C’est pourquoi France Télévision a décidé d’adapter le récit de Daniel Cordier, secrétaire de Rex alias Jean Moulin de 1942 à son arrestation en juin 1943.
Point de vue original pour raconter ce grand homme et surtout la Résistance, enfin ses balbutiements, puisque la Résistance est à unifier et que le travail pour y parvenir est colossal.
Daniel Cordier a un parcours extrêmement intéressant : il soutient Maurras, est antisémite, milite à Action française tout en refusant l’armistice et jugeant la décision de Pétain comme une trahison.
C’est pourquoi, voulant se battre, il finit par s’engager en Angleterre dans une armée de l’ombre, celle qu’est en train de constituer le Général de Gaulle.
Comme quoi, malgré des opinions politiques divergentes, le patriotisme avait encore un sens pour certaines personnes à cette époque qui voulaient se battre pour une France libre.
Parachuté en France en 1942, il était destiné par le BCRA à travailler pour Georges Bidault.
C’est finalement Jean Moulin, enfin Rex puisque Daniel Cordier alias Alain ne connaîtra l’identité de son patron qu’après la Guerre, qui lui propose d’être son secrétaire, ce qu’il accepte.
Il sera ainsi le témoin du travail acharné de Jean Moulin pour unifier la Résistance, participera en tant que veilleur au premier Conseil National de la Résistance le 27 mai 1943, et assistera Jean Moulin jusqu’à son arrestation et sa mort, environ un mois après.


Louons les scénaristes pour ne pas avoir fait la traditionnelle bêtise de ne pas travailler avec l’auteur du récit dont est tiré ce téléfilm.
Daniel Cordier est l’un des trois scénaristes de celui-ci et cela garantit au moins une adaptation fidèle et sérieuse de son récit, sans digression historique à me faire hurler dans mon canapé.
Je m’attache peut-être aux détails, mais au moins ici, contrairement au néanmoins très bon "Un village français", Alain prend soin de son vélo, ne le balance pas le long de la route pour taper la discute avec son rendez-vous et est très embêté lorsqu’il se le fait voler malgré la chaîne qu’il avait pris soin de mettre.
Car oui, à cette époque un vélo était sacré et cher, il n’était pas question de le laisser comme un vulgaire panier sur le bord de la route sans surveillance et sans chaîne. C’était un moyen de locomotion très pratique, notamment utilisé par les résistants (je dis ça parce que dans "Un village français", Marie Germain a la fâcheuse manie de jeter son vélo dans le fossé).
Pour interpréter Daniel Cordier, c’est Jules Sadoughi un jeune acteur dont l’âge colle parfaitement au personnage et à qui je reprocherai la sans doute trop belle gueule de l’emploi (toute la nuance est dans le trop).
Pour Jean Moulin, sortons des sentiers battus avec Eric Caravaca, acteur très talentueux ayant une tendance cinématographique à se retrouver en mauvaise posture dans les deux Guerres Mondiales.
Il est de loin le meilleur acteur qu’il m’ait été donné de voir dans l’interprétation de Jean Moulin et réussissant à faire ressortir toute la complexité du personnage (car oui, Jean Moulin n’est pas que l’homme au chapeau melon et à l’écharpe le long d’un mur, grand résistant. C’était un homme avant tout).
Il m’est difficile d’énumérer tous les comédiens, mais le casting est solide et cohérent avec les personnages, de plus, ça passe bien à l’image avec le fond historique.
Petites touches féminines avec Julie Gayet et la jeune Lou de Laâge dont j’avais apprécié la prestation dans "La nouvelle Blanche Neige".
Je n’ai vraiment rien à redire sur cet excellent téléfilm qui reconstitue fidèlement toute cette période de l’histoire, arrive à mettre en valeur les divisions au sein de la Résistance et le travail mené par Jean Moulin pour unifier les différents réseaux (et les différents egos) via notamment le Conseil National de la Résistance, la naissance du maquis du Vercors ; tout cela à travers le regard du jeune Alain Cordier qui apprendra énormément aux côtés de Rex, que ce soit sur le plan politico-stratégique que sur le côté humain et artistique, Jean Moulin lui offrant de nouveaux horizons en l’initiant à l’art moderne.


Depuis, je suis bien décidée à lire "Alias Caracalla" de Daniel Cordier, ce qui ne va pas forcément être évident car le livre ne semble pas vraiment disponible (et puis ce n’est pas comme si c’était utile de le ré-éditer, n’est-ce pas …), mais j’ai surmonté bien pire et quand on veut lire on trouve toujours un moyen d’obtenir le livre !
Donc une visite à ma librairie s’impose.
Sinon, et si vous avez raté ce téléfilm en deux parties lors de sa diffusion, ce qui serait une grossière erreur si vous avez pris le temps de lire tout ce qu’il y au-dessus, la sortie en DVD est prévue en juin 2013.




Le passé d'Asghar Farhadi



Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d'Ahmad pour tenter d'améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé. (AlloCiné)

J’ai vu ce film avant son sacre à Cannes (car oui, un prix d’interprétation pour Bérénice Bejo est un sacre) et il fait partie de ces films dont il est difficile de parler "à chaud", en tout cas pour ma part.

D’Asghar Farhadi j’avais vu le très beau "Une séparation" et il était à craindre une redite de son précédent film, le sujet comportant des similitudes : un divorce, un couple qui se déchire, des enfants au milieu de tout cela.
Malgré une base commune, ce film propose une histoire et des personnages totalement différents, preuve qu’à partir d’un même thème plusieurs variations sont possibles.




J’ai eu la sensation tout au long du film d’évoluer entre deux couples sans jamais pouvoir me fixer : celui de Marie et d’Ahmad, le spectateur sentant clairement que leur histoire n’est pas tout à fait finie et que chacun au sein de ce couple connaît parfaitement l’autre ; celui de Marie et de Samir, un couple encore jeune, qui cherche à se construire et en est à ses balbutiements.
Une femme, deux hommes : hormis ce trio et le tourbillon de la vie la comparaison avec "Jules et Jim" s’arrête là.
J’en viens à me dire que le spectateur est en quelque sorte le personnage de Marie, ballotée entre ces deux hommes, gérant les problèmes au quotidien de la vie de famille et de ses relations tendues avec sa fille Lucie.
D’ailleurs, Marie aurait très bien pu être infirmière, elle est finalement pharmacienne : une femme qui donne aux autres les médicaments pour se soigner mais qui ne sait que prendre quand c’est pour elle.
Les symboliques dans la façon de filmer d’Asghar Farhadi sont toujours très présentes et fortes.
Il y a ainsi la très belle première scène à l’aéroport, où Marie vient chercher Ahmad et où ils se parlent à travers une vitre sans s’entendre.
Inutile, chacun lit sur les lèvres de l’autre, ils se connaissent par cœur et malgré une séparation de quatre ans se retrouvent comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.
Ou alors cette maison habitée par Marie et Samir, en chantier, comme leur couple d’ailleurs.
Ou encore les scènes filmées dans le pressing de Samir, avec une image toujours encombrée par un objet : une lessiveuse, un meuble ouvert, donnant ainsi une sensation d’étroitesse et de chaleur à la limite de l’étouffement, sans doute ce qu’a dû ressentir Céline, la femme de Samir, à force de vivre dans cet univers.


Malgré une histoire lente, il n’y a pas d’ennui dans ce film tant le réalisateur ponctue son histoire de rebondissements.
Sa construction narrative n’est pas sans me rappeler un opéra : une entrée en matière, chaque personnage se présente, puis ils interagissent ensemble et s’enflamment lyriquement pour finir par conclure l’histoire.
Le rythme du film évolue lentement mais sûrement et les dialogues s’affirment de plus en plus, tout comme les personnages.
Certaines scènes sont à la limite de l’hystérie, notamment pour le personnage de Marie qui finit par éclater avant de revenir à la raison.
Les dialogues sont ciselés et précis, comme une bonne partition, et très vite une tension dramatique s’installe.
Il faut dire que c’est une vision sombre de la vie qui est présentée dans ce film : une banlieue grise, une maison près du RER, la routine quotidienne et des personnages qui tirent le diable par la queue pour s’en sortir.
Ici, le réalisateur s’est attaché aux relations humaines : les conflits familiaux, les disputes, le divorce, pour ne citer que ceux-là, sans doute ce qui se fait de plus dramatique dans le registre.
Mais c’est dans ce domaine qu’il excelle et qu’il livre le meilleur de son cinéma.


Pour son premier film tourné en France, Asghar Farhadi s’est entouré d’Ali Mosaffa, un acteur iranien inconnu mais qui interprète avec brio le posé mais torturé Ahmad, qui dégage indubitablement un petit quelque chose qui attire forcément l’empathie du spectateur sur lui ; de Tahar Rahim, démontrant ainsi qu’il a mûri depuis un prophète et qu’il est en mesure de jouer des personnages forts ; de Bérénice Bejo, très loin de "Meilleur espoir féminin" car elle a depuis longtemps concrétisé son statut d’actrice et absolument formidable et époustouflante dans ce rôle de femme oscillant entre deux hommes et de mère vivant une relation conflictuelle avec sa fille aînée.
D’ailleurs, j’ai particulièrement apprécié la prestation de la jeune Pauline Burlet dans le rôle de Lucie, un rôle pivot difficile à tenir et dont elle se sort bien.
L’alchimie entre ces acteurs fonctionne, les scènes sont un régal à suivre et je ne peux qu’approuver la Palme attribuée à Bérénice Bejo pour ce rôle, c’est amplement mérité et justifié, elle illumine le film par sa présence. 


"Le passé" est sans nul doute une nouvelle pépite d'Asghar Farhadi qui prend le spectateur aux tripes pour son histoire mais également pour l'interprétation magistrale des acteurs.
A voir de toute urgence.




Ce film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2013.
Bérénice Bejo a obtenu la Palme pour le Prix d'Interprétation Féminine au Festival de Cannes 2013.

jeudi 23 mai 2013

Happy Birthday Les Nocturnes

Une fois n'est pas coutume, je vais souhaiter un anniversaire.

Hier, mercredi 22 mai 2013, RTL, plus précisément Georges Lang, fêtait les 40 ans de son émission : Les Nocturnes.
Et oui, le 22 mai 1973, le programme "Les Nocturnes" voyait le jour, et depuis 40 ans ce programme rythme les nuits sur RTL avec une programmation sensationnelle : des tubes américains connus mais également des découvertes et des pépites inconnues chez nous.

J'aime écouter cette émission, surtout quand j'ai des insomnies (genre depuis ces trois derniers jours où je me prends le décalage horaire avec absence totale d'envie de me coucher et dormir), je fais toujours de belles découvertes ou je ré-entends avec plaisir des standards américains.
Georges Lang a le chic pour faire une programmation éclectique et c'est aussi l'un des rares à diffuser de la Country Music à la radio et à importer des groupes américains inconnus en France.
Car oui, je l'avoue, j'aime énormément la Country Music, voilà, ça s'est dit.

Si vous ne connaissez pas cette émission, je vous invite à la découvrir (ainsi que le programme "Saga" qui propose aussi de formidables rétrospectives sur des chanteurs), ne serait-ce que par le biais de l'excellent coffret sorti pour fêter les 40 ans de cette émission, avec 4 CDs pour des heures et des heures de musique, et bien entendu, le must du répertoire de Georges Lang.

Happy Birthday Les Nocturnes et longue vie à cette émission ! 

Looper de Rian Johnson



Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les "Loopers") les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 20 ans de plus. La machine si bien huilée déraille… (AlloCiné)


Il va falloir m’expliquer pourquoi Looper est un film qui n’a pas plus fait parler de lui que ça à sa sortie dans les salles obscures il y a quelques mois.


Vol transatlantique (souvenez-vous, à l’aller je comblais ma lacune sur le film Argo), au retour j’ai décidé de regarder ce film de science-fiction dont j’avais entendu parler à sa sortie mais peu vu sur les écrans (ou alors dans les complexes mais je n’y mets pas les pieds).

L’histoire est simple tout en ne l’étant pas (prenez un cachet d’aspirine, ça vaut mieux pour me suivre ainsi que le déroulé de l’intrigue), il faut dire que la mise en scène plutôt audacieuse de Rian Johnson en est l’une des raisons.
Nous sommes en 2044, Joe, outre qu’il soit le narrateur de l’histoire, est un looper, c’est-à-dire un tueur à gages chargé d’exécuter des cibles envoyées du futur par une organisation criminelle qui les choisit car ces personnes sont devenues gênantes.
Et oui, il est plus facile d’éliminer le futur dans le présent, ou dit autrement de tuer le présent dans le passé.
Bref, on voyage dans le temps, comme ça le corps est éliminé dans le présent (ou le passé, tout dépend du point de vue que l’on adopte) car dans le futur (ou le présent, idem) la police retrouve facilement les corps.
Joe est un jeune homme sans illusion, vivant uniquement de ses cachets de tueur, je le soupçonne d’y prendre même du plaisir, mais alors il est stylé, toujours bien sapé, au volant de voitures rutilantes à fréquenter des créatures sublimes dans des boîtes, ajouter à tout cela qu’il est junkie et qu’en 2044 la drogue ne s’injecte plus par piqûre ou par sniff mais par des gouttes dans les yeux (je regarde différemment mon traitement contre la conjonctivite depuis).


Et comble du luxe, il apprend le français et aime à en dire quelques phrases car son rêve est de partir pour la France (expliquez-moi l’attrait de la France et du français exercés sur les américains ?).
Quand on sait que l’acteur qui interprète Joe jeune est francophile, j’ai bien souri au début du film, un joli pied-de-nez comme je les aime (par contre, je ne comprends pas pourquoi il ne se double pas lui-même en ce cas).
Pour en revenir à nos cachetons, il se trouve qu’un jour Joe se trouve à devoir exécuter son lui-même âgé, sauf son lui-même du futur s’échappe, en quête d’un enfant afin de le tuer car il le soupçonne d’être devenu 30 ans plus tard l’ennemi public numéro 1 qui contrôle le voyage dans le temps à des fins criminelles.
Sauf que Joe-jeune va s’enticher de la mère de l’enfant et le défendre, s’opposant donc à lui-même.


Allez, on respire un grand coup !
Comme je le disais plus haut, la mise en scène du réalisateur est audacieuse et j’ai franchement apprécié.
Il aime jouer et rejouer certaines scènes, comme s’il remontait une montre pour repartir 10 minutes avant.
La première fois ça surprend, et la deuxième fois on trouve ça carrément génial.
Mais il a aussi d’autres éclairs de génie, ainsi j’ai trouvé formidable son avancée dans le temps sur le personnage de Joe : quelques mois, un an, dix ans, vingt ans, trente ans; tout ça en quelques images.
C’est soigné au niveau de la mise en scène, toutefois je reconnais que par moment c’est à la limite du cafouillage sans jamais tomber dedans.


Il y a du contraste dans les images, entre la noirceur de la nuit, le désert, la Chine, j’aime ces décors différents qui offrent autant d’atmosphères et d’ambiances.
L’histoire n’est pas forcément très innovante, dans le sens où elle emprunte des petits bouts à d’autres monuments de la science-fiction : "Terminator" pour l’aspect "je viens du futur éliminer une personne qui deviendra une menace", "Blade Runner" avec le côté décadent, violent et les tueurs à gages, "Soleil Vert" aussi pour l’aspect très pauvre de la population qui vit dans des situations dégradées ; mais elle se suit avec plaisir.
Côté casting, Joe-jeune est interprété par Joseph Gordon-Levitt, je ne redirai pas comme cela a déjà été dit tant de fois (et aussi sur mon blog) que ce jeune acteur est très talentueux et a largement dépassé le stade de l’espoir mais plutôt confirme à chaque film (ah si, je l’ai dit), Emily Blunt campe une Sara sauvage, mère farouchement décidée à protéger son fils à n’importe quel prix et puis il y a l’erreur de casting, ou alors l’erreur d’interprétation : Bruce Willis en Joe-âgé.
Pourquoi a-t-il joué avec son côté flingueur à toute berzingue, gros bras costaud qui veut sauver le monde ?
Sérieusement, il a prouvé avec Sixième sens qu’il était capable de jouer autre chose que cet archétype de personnage mais voilà qu’ici il retombe dans ses travers et n’a pas trouvé grâce à mes yeux.


Pourtant, un travail numérique a été fait pour que les deux acteurs se ressemblent (ils sont censés être le même personnage), c’est réussi et les scènes de confrontation sont intéressantes, mais dès qu’il est seul à l’écran il n’a plus de présence.
Quant à la bande son, elle est soignée, rétro, elle colle bien avec les images du film et s’intègre parfaitement à l’ambiance générale qui s’en dégage.


Pour son troisième film, Rian Johnson signe un film de science-fiction réussi même s’il emprunte à beaucoup de ses prédécesseurs, et laisse présager de beaux lendemains à ce jeune réalisateur talentueux.


Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) de Baz Lurhmann



Printemps 1922. L'époque est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C'est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d'absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats. (AlloCiné)


Se lancer dans une nouvelle adaptation cinématographique du roman éponyme de Francis Scott Fitzgerald était un exercice délicat.


Je n’ai pas vu les précédentes adaptations, notamment celle de 1974 avec Robert Redford dans le rôle de Jay Gatsby, mais j’attendais ce film avec impatience.


Au début, je dois l’avouer, j’ai tiqué quand j’ai su qui était le réalisateur.
Baz Lurhmann et moi, ce n’est pas une grande histoire d’amour : j’ai moyennement apprécié son Romeo + Juliette, je n’ai carrément pas aimé Moulin Rouge !, mais je me suis en partie réconciliée avec lui avec Australia.
Là, je dois reconnaître que son adaptation du roman de Francis Scott Fitzgerald est une réussite.
Il n’est pas évident de faire ressortir à l’écran les multiples facettes de l’histoire.
Ici, le réalisateur a pris le parti de transposer l’excès, l’effervescence et l’ivresse dans lesquels évoluent les personnages.
Difficile de qualifier ces années d’années folles, dans le film cela va au-delà : l’alcool coule à flot, les fêtes sont toutes plus extravagantes les unes que les autres, tout comme les artifices.
Strass, paillettes, cotillons, danses effrénées, le tout sur un fond musical décalé mêlant hip-hop, Lana Del Rey, Beyoncé, Jay-Z.
Si je reprochais ce décalage à Moulin Rouge !, j’ai trouvé qu’ici c’était une réussite et que cela accentuait encore plus le côté débridé, décomplexé, excessif de l’époque, rendant ainsi encore plus proche la crise financière qui ne tarderait pas à éclater dans ce monde d’opulence et de richesse.
Et tant qu’à faire dans le bling-bling, si je m’interrogeais sur le retard volontairement pris par le réalisateur pour tourner son film en 3D, je reconnais que ça claque en relief et que la 3D n’est pas superflue pour illustrer toute cette folie.


Que Leonardo DiCaprio porte le rôle de Jay Gatsby, c’était une évidence.
Il offre un Gatsby aussi mystérieux qu’amoureux, fantasque que réfléchi, populaire qu’usurpateur.
Il a saisi l’essence du personnage et lui donne vie à l’écran avec un réalisme saisissant, voire même au-delà de la représentation que j’en avais à la lecture du roman.


Chacun a forcément à un moment donné de sa vie ce que je qualifierai d’un mythe amoureux, à savoir une personne idéale représentant l’amour absolu, parfait, celui sans lequel on ne saurait vivre et pour lequel on serait prêt à tout (je dis bien mythe et pas personne réelle).
Jay Gatsby est un amoureux éperdu, et pour lui le mythe amoureux a pris réalité en Daisy : belle, douce et fragile en apparence, mariée au volage Tom Buchanan.
Pour incarner Daisy, c’est la jeune Carey Mulligan qui lui prête ses traits et là aussi c’est un excellent choix.
Elle campe ce personnage féminin tout en subtilité : rapidement attachante et s’attirant la sympathie du spectateur, elle se révélera cruelle et sans cœur à l’heure de choisir, préférant son confort et sa sécurité matérielle, ou alors aveugle de tout ce qu’a amassé Jay Gatsby pour la retrouver elle, et vivre enfin leur histoire d’amour.


Au vu de ces éléments, le spectateur trouve finalement qu’elle n’est pas si mal assortie que ça à son mari, lui-même cruel et perfide, aimant humilier et bien trop centré sur sa petite personne.
Là où je suis plus indécise dans ce casting, c’est Tobey Maguire en Nick Carraway, narrateur et spectateur de l’histoire.
Je ne peux pas dire qu’il joue mal, mais il n’était pas, à mon sens, le meilleur acteur pour incarner ce personnage et j’ai passé le film à me dire qu’un autre acteur que j’avais en tête aurait été tout aussi bien voire même mieux dans ce rôle.


Quant à la mise en scène, elle est tout simplement remarquable.
Baz Lurhmann sait varier sa façon de filmer pour mieux servir son histoire, et s’il maîtrise parfaitement l’art de la mise en scène de fêtes endiablées, il offre également dans son film de très belles scènes fortes en émotion.
Ainsi, que dire d’un Jay Gatsby sur sa jetée, face à cette lumière verte qui vient de l’autre côté, tant la symbolique est forte et bien représentée.
Ou de cette formidable scène de retrouvailles entre Jay et Daisy, dans la maisonnette de Nick avec beaucoup de timidité et de retenue pour se terminer dans l’immense demeure de Gatsby, au pied d’un escalier et dans une salle de bal vide de convives mais où la musique résonne.


J’aime également énormément la scène finale de Gatsby, de toute beauté, ainsi que le téléphone, élément essentiel de cette histoire et qui décide bon nombre de situations.
J’ai néanmoins trouvé que la construction tâtonnait au début, avec de fréquents aller/retour entre le présent et le passé, comme si le réalisateur cherchait où démarrer son film, ou alors, plus subtilement, le narrateur Nick Carraway, où commencer son récit.
Le travail minutieux de reconstitution des tenues d’époque tend à accentuer le côté enchanteur du film, je regrette toutefois que le film n’ait pas été tourné réellement à New York mais intégralement en Australie.
La ville de New York est tellement magique en elle-même qu’il est dommage, à mon avis, de la rendre encore plus féérique uniquement par le biais du numérique et de la reconstitution sur ordinateur.
Même si c’est bien fait, cela perd un peu de son charme, ou alors mon jugement est biaisé car je revenais tout juste de cette ville et j’aurais voulu prolonger mon voyage en voyant des images réelles de ce que j’avais eu sous les yeux quelques heures auparavant encore.


Gatsby le Magnifique est un film éblouissant qui a su transposer l’essence de l’œuvre originale de Francis Scott Fitzgerald et se regarde avec énormément de plaisir, les yeux grands ouverts et le cœur palpitant.



Ce film a fait l'ouverture du Festival de Cannes 2013.

mardi 21 mai 2013

Argo de Ben Affleck



Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de "l’exfiltration" de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu’il ne pourrait exister qu’au cinéma. (AlloCiné)

Voilà une histoire que je ne connaissais pas, et pour cause : je n'étais pas née quand elle a eu lieu, et un film que je n'avais pas eu l'occasion de voir au moment de sa sortie dans les salles obscures.
Grâce à un vol transatlantique, c'est chose faite.



Petit retour sur les faits : en novembre 1979, au summum de la révolution iranienne qui a renversé le Shah et transformé l'Iran en république islamique, des étudiants rassemblés près de l'ambassade américaine prennent le bâtiment d'assaut et ses occupants en otage.
Cette haine des Etats-Unis a commencé lorsque ce pays a accepté d'accueillir le Shah pour qu'il y soigne son cancer en octobre 1979.
La prise d'otages durera 444 jours.
Le film ne porte pas essentiellement sur cette prise d'otages, mais plutôt sur les six diplomates américains qui réussissent à s'échapper de l'ambassade et finissent par trouver refuge auprès de l'ambassadeur du Canada et sur l'opération mise en place par la CIA pour les récupérer et les faire sortir du pays.
Une opération que je qualifierai de gonflée, outre le fait qu'elle était extrêmement risquée : deux agents de la CIA vont en effet se faire passer pour des cinéastes canadiens désirant tourner en Iran et en profiter pour évacuer les six diplomates sous couvert de passeports canadiens.



Ce film a été critiqué par certains pour ses inexactitudes, il m'est difficile de me prononcer sur le sujet, je ne connaissais pas les faits avant de voir le film.
Certes, Ben Affleck a fait quelques raccourcis, il a occulté le fait qu'il n'y avait pas uniquement l'ambassade canadienne qui avait aidé les six diplomates mais d'autres auparavant, mais entre nous, ceux qui ont pris le plus de risques, ce sont bien les canadiens.
D'ailleurs l'ambassadeur canadien partira très vite d'Iran après cela, accompagné de sa femme iranienne, et quant à leur gouvernante elle fuira en Iraq, ayant délibérément menti aux révolutionnaires afin de protéger les américains qu'elle savait cachés à l'ambassade.
Il a aussi certainement un peu romancé certaines parties, je pense notamment à la fin à l'aéroport où il a créé un suspens et une angoisse quant au dénouement, mais personnellement j'ai trouvé cela bienvenu et logique en quelque sorte.

J'ai beaucoup aimé la construction du film.
Au début, ce sont des images d'archives qui sont montrées au spectateur tandis qu'une voix énonce les faits et rappelle le contexte politique en Iran à cette époque.
J'ai trouvé que c'était une excellente entrée en matière et au moins, pour les personnes qui n'y connaissaient pas grand chose, elles partaient avec des bases et pouvaient tout de suite entrer dans l'histoire.
Le reste est certes d'une mise en scène classique, mais c'est sobre et dans des images sépia, cela donne un côté un peu vieillot au récit et là encore, je trouve ça intelligent car les faits se sont déroulés il y a un peu plus de trente ans.
A côté du récit d'extraction des diplomates, il y a le suivi de la prise d'otages, avec des images dures montrant ce qu'étaient, pour une infime partie, les conditions de détention : entre la promiscuité, la crasse, les pseudo exécutions où certains otages se retrouvent face à un peloton d'exécution avec un sac sur la tête pour finir par rester en vie.
Et à mon avis, ceci n'est qu'une infime partie du calvaire qu'on vécut les otages, dont la plupart je le rappelle sont restés dans ces conditions pendant 444 jours.



Derrière l'histoire, Ben Affleck a choisi de traiter le côté humain de l'affaire et cela donne une forte dimension émotive au récit.
Il s'attache tout d'abord à Tony Mendez, loin d'être un super héros, souvent rongé de doutes, vivant loin de sa famille et qui va se battre et prendre d'énormes risques pour mener à bien sa mission.
Il est intéressant de voir tout le travail qu'il a réalisé en amont avant de se rendre en Iran et de procéder à la sortie du pays des six diplomates.
Rien n'était facile ni joué d'avance, le film a le mérite de montrer cet aspect des choses.
Ce qui m'a sans doute le plus marquée, c'est le travail réalisé sur les six diplomates. Ils sont montrés dans leurs faiblesses, dans leurs moments de doute et d'espoir.
Ils vivent dans le danger permanent, ils ne peuvent pas sortir dehors sous peine d'être reconnus, évidemment ça finit par les travailler et les plonger dans une forme de folie dont ils arrivent à sortir parce qu'ils sont unis et qu'à aucun moment ils ne vont se désunir ou se déchirer.
Ils savent qu'au moindre faux pas c'est la mort pour eux, ils ne sont qu'en sursis et ils ont aussi conscience du danger qu'ils font courir à leur hôte.
Là aussi, cet aspect est humainement traité, l'ambassadeur canadien les garde chez lui et essaie avec sa femme et sa gouvernante de leur rendre la vie plus facile.
La gouvernante fait une chose étonnante de courage : elle va mentir aux révolutionnaires, s'ils le découvrent c'est la mort assurée pour elle car elle serait considérée comme une traître.
Et dire que tout cela n'est pas de la fiction mais la réalité, cela fait froid dans le dos à plus d'un moment.
Il y a une tension qui va crescendo tout au long du film pour atteindre son paroxysme à la fin, j'ai fini par serrer d'angoisse l'accoudoir du fauteuil tant la scène à l'aéroport s'éternisait et prenait un tour des plus inquiétants.


"Argo" de Ben Affleck reste un film classique dans sa mise en scène et son réalisateur n'a pas pris énormément de risques dans sa façon de filmer et de bâtir son film.
Il n'en demeure pas moins qu'il a aussi réussi à créer et à maintenir un suspens et une tension qui balaient ce classicisme et à mettre en lumière un événement historique qui aujourd'hui encore reste peu médiatisé et source de discussions.

dimanche 19 mai 2013

Liebster Award II

George m'a offert la décoration suivante, le Liebster Award : 


Tout d'abord, je la remercie pour cette décoration, et je vais donc parler un peu de moi à travers les 11 questions qu'elle a posées.

1. Au volant, tu es calme ou te transformes-tu en Cruella ?

Je suis plutôt calme, ça ne sert à rien de s'énerver ça n'avancera pas plus vite ou le feu ne passera pas plus rapidement au vert.
Mais je peux aussi me transformer en Cruella quand il le faut, par exemple si l'autre conducteur se croit assez malin pour me doubler dans un rond-point (ah, j'en ai connu un qui a été bon pour refaire un tour de rond-point tandis que je continuais tranquillement ma route).

2. Un grand moment de solitude ! Tu racontes ?

Si je n'en avais connu qu'un ... l'un des "drames" de ma vie : mes moments de solitude dus à des gaffes.
Alors le dernier bien marquant qui va rester dans les annales, le voici !
Et il a eu lieu il n'y a pas si longtemps que cela (moins de trois mois).

J'étais dans l'ascenseur pour retourner travailler après la pause déjeuner, j'étais avec deux autres filles du travail avec qui je m'entends bien et une troisième fille que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam.
Il faut savoir qu'à l'époque j'étais au 7ème étage (aujourd'hui au 2ème), et là l'ascenseur s'arrête au 1er étage occupé par une société Taïwannaise fabriquant notamment des ordinateurs et dont la première lettre est A... (je ne fais pas de publicité).
Pour situer le contexte, les ascenseurs s'ouvrent sur leur espace détente, là où souvent ils mangent soit des soupes soit des trucs bien gras type hamburgers/frites générant de fortes odeurs désagréables, et la plupart des personnes y travaillant s'affranchissent d'un bonjour/au revoir dans les ascenseurs, ce manque de politesse ayant le don de m'agacer.
On passe donc le 1er étage, où se diffusait une odeur de gras, pensant avoir passé ce fameux étage je laisse donc tomber un : "Ca sent toujours la frite chez A...", là les deux filles m'accompagnant me regardent bizarrement et l'autre fille de l'ascenseur éclate de rire et me répond "Oui, chez A... on a les frites gratuites", avant de s'arrêter au 4ème étage, là où j'avais oublié que depuis quelques mois déjà ils avaient aussi des bureaux ... .
Oui, l'autre fille de l'ascenseur était typée asiatique, mais je ne m'arrête pas à ce genre de détail, j'avais juste oublié qu'A... avait aussi des bureaux au 4ème et j'aurai dû attendre un peu avant de lâcher ma petite phrase.
Ca a bien fait rire les deux autres filles qui étaient avec moi, et quand je pense qu'une certaine fille a fait le buzz avec un "Allo, non mais allo quoi" j'aurai pu faire un énorme buzz avec mon "Ca sent toujours la frite chez A...".
Voilà, gros moment de solitude dans un ascenseur et fous rires après coup.

3. Ta prochaine lecture ?

Ma lecture en cours : "Rien n'est trop beau" de Rona Jaffe, et la suivante ... je verrai en temps voulu, c'est selon mon envie du moment.
J'ai emprunté hier à la bibliothèque "Starters" de Lissa Price mais ça ne sera pas forcément la prochaine lecture, si j'ai envie d'Italie je m'orienterai vers un livre qui s'y passe.

4. Quand tu tiens la porte et qu'on passe devant toi sans rien te dire, tu réagis ? Ca t'énerve ou tu laisses courir ?

Ca m'énerve et plus le temps passe, plus j'ai tendance à réagir.
Je ne supporte pas ce manque de politesse élémentaire, c'est comme bonjour/au revoir, ça ne coûte rien du tout mais ça rend la vie plus douce.

5. Ta chanson préférée ? Pourquoi ?

Je n'ai pas de chanson préférée, j'ai des coups de coeur.
J'aime bien découvrir de nouveaux interprètes et/ou de nouvelles chansons, ça dure un moment et ça reste dans mon esprit, je les ré-écoute au gré de mes envies mais je n'ai pas de chanson phare.

6. Le film qui te fait immanquablement pleurer.

Comme la chanson, je n'ai pas de film fétiche à proprement parler, je les regarde selon mes envies et les larmes viennent plus ou moins facilement en fonction de mon état d'esprit du moment.
"Titanic" ne m'a pas fait pleurer, par contre "Autant en emporte le vent" ou "Le patient anglais" va me tirer les larmes aux yeux par l'émotion qui se dégage des images, ou "Beignets de tomates vertes" par la charge émotionnelle qu'il transmet à l'écran.
Le dernier film en date qui m'a tiré les larmes aux yeux (je ne suis pas fontaine non plus), c'est "Elle s'appelait Sarah".
J'avais vu ce film au cinéma et en le revoyant à la télévision j'ai ressenti la même émotion à la fin, lorsque l'héroïne finit par dire au fils de Sarah le prénom qu'elle a donné à sa fille : Sarah, en hommage à cette femme qu'elle avait découvert par hasard et au destin si tragique.
C'est chargé en émotion, ça rappelle toute l'histoire passée et c'est un moment fort qui me fait venir les larmes aux yeux, même au deuxième visionnage.

7. Jusqu'à présent quelle période de te vie as-tu préférée ? Et pourquoi ?

Maintenant, je n'ai pas envie de vivre dans le regret du passé ni dans l'espoir d'un futur meilleur, dans les deux cas ça engendre des déceptions.
Je préfère essayer de profiter au maximum du moment présent et advienne ce qui doit advenir.
Je prends ce qui vient, et si je dis maintenant je reconnais aussi que c'est parce que je me sens mieux dans ma peau comme on dit, ou plutôt en phase avec mes pensées : j'ai appris à ne pas tenir compte des autres et de leurs pensées : je ne suis pas comme ci, ou comme ça; aujourd'hui ça me glisse dessus comme l'eau et plutôt que de rentrer dans le moule je préfère me forger le mien jour après jour.

8. Ton blog c'est : à la vie à la mort ? Mon meilleur ennemi ? Ou autre chose ?

Mon blog est autre chose, c'est certes une extension de ce que je suis : j'y mets des avis sur des livres, des films, des pièces de théâtre, des téléfilms, des anecdotes, mais il n'y a rien de très personnel dessus et relativement peu (voire pas) sur ma vie privée.
C'est un espace qui me permet de m'exprimer, de partager et de découvrir, c'est je trouve en ce sens assez formateur.
Je n'y suis pas accro, on arrive à se passer l'un de l'autre, mais j'aime aussi le retrouver, l'entretenir, lui donner une certaine forme de vie et le faire évoluer.
Mon blog est une extension de ma personnalité qui me permet de m'exprimer et surtout de partager et de découvrir d'autres choses.

9. Ton dessert préféré.

Des profiteroles !

Je suis gourmande et j'adore ce dessert, je n'ai rien non plus contre une bonne tarte maison, mais les profiteroles restent mon péché mignon.

10. Ton livre ou ton film doudou ? Celui que tu relis ou te repasses encore et encore.

Quelques livres furent des "doudous" pendant des années, même maintenant il m'arrive de les re-feuilleter avec plaisir.
Il y a tout d'abord "Jane Eyre" de Charlotte Brontë, j'adore cette histoire et je ne me lasse pas de la lire et de la relire, à chaque fois j'y découvre de nouvelles subtilités, mon regard change sur cette lecture et j'y aperçois toute la profondeur, la justesse et la perfection de la plume de l'auteur.
J'aime aussi voir les adaptations cinématographiques ou télévisuelles de cette oeuvre, je suis curieuse de voir comment l'histoire est transposée à l'écran.
Pour l'instant je n'ai pas trouvé l'adaptation idéale mais celles de la BBC s'en approchent.
Ensuite il y a "Les quatre filles du docteur March" de Louisa May Alcott, j'aime cette histoire de fratrie pendant la Guerre de Sécession, c'est une belle tranche de vie américaine et aussi une leçon de vie, d'amour, de partage et d'ouverture aux autres.
Puis "François le bossu" de la Comtesse de Ségur, j'aime énormément cette auteur qui ne se démode pas et j'ai une tendresse toute particulière pour cette histoire que je trouve très belle et très touchante.
J'attends avec impatience depuis des années de la voir adaptée à la télévision, il y a matière à en faire un excellent téléfilm (comme d'autres oeuvres de cette auteur d'ailleurs).
Et pour finir une trilogie qui a beaucoup compté plus jeune, celle de Flicka de Mary O'Hara, j'aime énormément le personnage central, ce jeune garçon éprit de nature et de sa jument.
Hormis celui de la Comtesse de Ségur, je constate que tous les autres livres m'ont été offerts par ma maman, ce qui explique aussi sans doute mon attachement à eux.

Côté films, plus jeune j'ai regardé de nombreuses fois "Docteur Jivago" et "Autant en emporte le vent", j'adore ces deux histoires et ces films "fleuve" par la durée et la densité de l'histoire.
Et pour finir sur une touche plus gaie, "La boum 1 et 2" de Claude Pinoteau, ces deux films ne se démodent pas vraiment et représentent bien une époque et un âge dit celui de l'adolescence.
C'est aussi avec ces films que j'ai découvert Sophie Marceau, qui reste aujourd'hui encore une actrice que j'apprécie.

11. Si on te dit George, tu réponds quoi ?

Dans l'ordre : toi, Sand, pour finir en chantonnant "Mais qu'est-ce qu'il a, mais qu'est-ce qu'il a ce Georges, a leur faire sortir le coeur par la gorge" (et oui, dit ça ne se voit pas en écrit et je n'ai jamais compris l'attrait qu'exerçait Georges Clooney).
Le rapport entre toutes ces personnes ? Aucun, je suis ainsi faite de passer allègrement en pensée du coq à l'âne.

J'offre cette décoration à :
1. Delphine, du blog Delphine's Books & more et chef du Club des Lectrices : pour découvrir un peu plus cette personne (et si tu n'as pas le temps ni l'envie en ce moment je comprendrais très bien pourquoi !)
2. Nathalie de Chez Mark et Marcel : je participe à son challenge Il Viaggio et j'aimerai connaître un peu plus la personne derrière ce blog
3. isallysun du blog Pays de coeur et passions : pour découvrir un peu plus qui est cette québécoise
4. Sylla : afin de creuser un peu plus la bulle et pour continuer à la faire publier après quelques mois de silence
5. Claire du blog Le genou de Claire et membre du Club des lectrices : pour la découvrir un peu plus
6. Sophie, du blog L'ogresse de Paris : pour découvrir celle arrivée en même temps que moi au Club des Lectrices
7. Miss Bouquinaix : là aussi pour découvrir un peu plus cette membre du Club des Lectrices
8. George : du blog Les livres de George et membre du Club des Lectrices et non, ce n'est pas le retour à l'envoyeur, c'est la curiosité de te connaître un peu plus ! Ses réponses ici, merci !
9. Lightjok : qui fut mon binôme l'année dernière pour le swap d'isallysun
10. Sunflo : pour découvrir un peu plus cette blogueuse dont je participe au challenge sur le Québec
11. Et qui veut bien répondre à mes questions !

Quant à mes questions :
1. Cet été, ça sera ?
2. Plutôt viandes ou poissons ? Fruits ou légumes ?
3. Un livre "honteux" que tu as aimé lire à déclarer ?
4. Un personnage de fiction pour lequel tu as/as eu le béguin ?
5. As-tu déjà eu envie de changer la fin d'un livre ou d'un film ? Si oui, as-tu écrit quelque chose ou est-ce resté dans ton esprit ?
6. Si tu pouvais te glisser dans un roman ou dans un film (en tant que personne ou personnage), lequel serait-ce ? Pourquoi ?
7. Un(e) auteur que tu aimerais me faire découvrir ? Un titre à me suggérer ?
8. Pour sortir de la lecture et du cinéma, plutôt musée ou promenade en plein air ou les deux ? Pourquoi ?
9. Un péché mignon à déclarer ou à reconnaître ouvertement ?
10. Quelle est ta prochaine envie de voyage ? Ou de voyage prévu ? Ou ton dernier voyage ?
11. Une question copiée dont j'ai apprécié le concept : propose-moi une lecture commune. Pas de date, on a tout le temps pour la faire, même si le livre ne figure pas dans ma PAL (pas à jour d'ailleurs et que je songe à modifier).

Une nouvelle fois merci George, et j'attends de vous lire avec impatience !

Edit du 20 mai 2013 : tagée par Sylla, voici mes réponses

1. Le soir, plutôt livre ou télé ?

Forcément livre, et s'il y a quelque chose qui m'intéresse télévision avant.

2. Plutôt livres en papier et quatrième de couverture ou livres numériques ?

Jusqu'à ce jour uniquement livres en papier, j'ai essayé de lire sur ordinateur mais ce n'est pas pratique et je n'ai pas encore testé de liseuse.
Je préfère le bon vieux livre papier, avec ses pages à tourner, son odeur, et d'un point de vue pratique cela me fait moins mal aux yeux qu'un écran.

3. Le matin c'est plutôt petit déjeuner de grand avec fruits et compagnie ou petit déjeuner de notre enfance avec le bon bol de chocapic (ou toutes autres céréales ...)

Ni l'un ni l'autre ^^
C'est petit déjeuner très simple : pain grillé avec de la confiture, et de temps en temps un petit plaisir avec une viennoise au chocolat.
Je ne supporte pas trop le lait donc ça exclut les céréales (bien que j'ai essayé pendant un temps), pour la même raison que précédemment j'évite de prendre trop souvent des chocolats chauds, je n'aime pas le café et je suis très loin de courir après du thé le matin, c'est donc avec un simple verre d'eau que "j'arrose" mon pain et ma confiture.

4. Y a-t-il un artiste du monde musical que tu souhaiterais rencontrer plus que tout autre ? Pourquoi ?

Plus que tout autre ? Je ne sais pas, je ne pense pas.
J'aimerais en rencontrer pour pouvoir échanger, mais il n'y en a pas un qui sort du lot.
Là tout de suite il me vient à l'esprit Joan Baez, j'aime beaucoup cette chanteuse et aussi son engagement pacifique, ou sinon Maria Callas (tu n'as pas précisé vivant ou mort ^^) qui fut la plus grande voix de l'histoire de l'opéra à mon sens, pour lui dire à quel point son chant est émouvant et touche le coeur de chacun.

5. As-tu, un jour, pensé à écrire un livre ?

Réponse banale : oui.
Je n'ai pas non plus fait une croix sur cette forme de rêve, disons que c'est loin d'être évident et derrière le monde de l'édition est féroce et ne fait pas de cadeau.
J'ai participé pendant deux ans à des ateliers d'écriture : écrire est un travail qui demande, outre de l'imagination, de l'application, de la concentration, et à mon avis une grosse confiance en soi et en ce que l'on fait.
J'ai toujours des ébauches d'histoires ainsi que quelques nouvelles écrites à cette occasion.
Parfois j'ai envie de tout jeter, mais j'ai rangé ça dans une pile, si bien qu'il me faudrait déjà passer du temps avant de pouvoir remettre la main dessus pour tout jeter.
Et puis le reste du temps j'ai envie de garder, en me disant qu'un jour j'aurais plus de temps, que je m'y remettrai, ou alors ça reviendra d'un coup.

6. Si on te donnait l'occasion d'en écrire un, ça serait plutôt dans quel domaine ?

Bonne question !
Ca dépendrait de mon envie du moment : ça pourrait être un roman ancré dans une période de l'histoire, un roman policier, un recueil de nouvelles, un roman contemporain.
Une chose est sûre, il y aura certainement une forme de mordant et d'ironie dedans, j'ai beaucoup de mal à rester neutre et à ne pas gratter le vernis et écorcher les lieux communs.
Je suis aussi très attirée par les scénarios voire des adaptations.
Il m'arrive de lire un livre ou une bande dessinée, de me dire que ça rendrait très bien en film ou en téléfilm et de commencer à m'imaginer comment j'adapterai ça (c'est grave docteur ?).
Dernier livre en date : le cycle "Les passagers du vent", j'imagine trop bien cette bande dessinée en téléfilm et je sais déjà comment j'écrirai l'histoire.

7. Tu es plutôt concert ou plutôt du genre à profiter de la musique au calme dans ton fauteuil ?

J'aime écouter de la musique chez moi, tranquillement, sans la foule, les piétinements, les hurlements.
Je peux me concentrer sur les paroles, la musique, les instruments, les arrangements, ce qui n'est pas toujours évident lors d'un concert.
J'aime aussi assister à des concerts, j'entends par là de musique dite classique ou alors des opéras, je n'ai jamais été à un concert de chanteur(se), ça ne m'a jamais vraiment tentée.
Je le fais de temps en temps, et ça me convient à petite dose car étrangement, du fait que je fasse de la musique, j'ai été de l'autre côté, c'est-à-dire sur la scène, et je préfère plus être sur scène justement que dans le public, ça a un côté plus grisant que je ne ressens pas en étant dans le public.
Donc je sélectionne les concerts, mais je reconnais aussi que certain(e)s chanteur(se)s s'apprécient plus sur scène qu'à écouter chez soi, c'est par exemple le cas d'Izia : sur scène elle vit, elle donne tout, ça bouge, c'est vivant et ça déchire; à l'écoute du CD il n'y a pas cette présence et il manque quelque chose.

8. Quand tu vas au restaurant avec des amis, tu profites des bons plats typiques ou tu restes sérieuse et tu prends une salade ?

Clairement j'en profite pour goûter la gastronomie locale, ça n'a aucun sens pour moi d'aller au restaurant manger une salade ou un steak que l'on peut très bien se faire chez soi.
Autant se faire plaisir et découvrir de nouvelles saveurs et de nouveaux plats, ça met dans l'ambiance locale et ça fait des souvenirs.

9. Un personnage de fiction pour lequel tu as/as eu le béguin ?

Oh là là, j'ai tendance à m'amouracher facilement de personnages de fiction ! (c'est grave docteur ? bis)
J'ai un énorme béguin pour Yann de Kermeur alias L'épervier, j'ai un faible pour Nicolas le Floch, j'avoue qu'il m'est difficile de rester insensible au ténébreux Mr Rochester quant à Mark Darcy ..., bref j'ai une belle brochette de personnages de fiction pour lesquels j'ai le béguin.

Yann de Kermeur dit L'épervier

Et dernièrement, dans un autre domaine, j'ai eu un gros coup de coeur pour les Shingouz issus de "Valérian et Laureline" :


10. Les blogs que tu parcours : que de la lecture ou ils peuvent toucher d'autres domaines ? Si oui, lesquels ?

Les blogs que je parcours ne sont pas uniquement consacrés à la lecture, j'aime en lire aussi sur le cinéma, sur les voyages, ou alors des blogs d'humour ou avec des billets d'humeur ou de réflexions personnelles.
Ce sont soit des blogs tenus par des anonymes, soit par des personnes plus ou moins connues médiatiquement.
Je découvre d'autres horizons et c'est l'un des avantages des blogs, cette fenêtre ouverte sur d'autres pensées, d'autres centres d'intérêt.

11. Les vacances c'est plutôt en voyageant ou en restant tranquillement chez toi ?

Les vacances c'est plutôt en voyageant, mais comme ça ne peut pas toujours être le cas il y a aussi des vacances "à la maison" au bord de la mer, où je me repose l'esprit et fais d'autres activités : du sport, du jardinage, de la lecture, des siestes dans un transat.
J'aime aussi voyager et découvrir d'autres pays, d'autres cultures, c'est une autre forme de dépaysement.
Je m'y suis mis "sur le tard", il faut dire qu'avant je n'avais ni trop les moyens ni vraiment d'occasions, et je ne sais pas si c'est mon âge mais j'ai de plus en plus des envies d'ailleurs, de découvrir d'autres univers, de rencontrer des gens, bref de voir autre chose que chez moi et voir ce qui s'y passe.
Je trouve ça très enrichissant sur le plan personnel et cela aide à relativiser pas mal de choses du quotidien.

Montana 1948 de Larry Watson


"De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n'a pu chasser ni même estomper."
Ainsi s'ouvre le récit du jeune David Hayden. Cet été 1948, une jeune femme sioux porte de lourdes accusations à l'encontre de l'oncle du garçon, charismatique héros de guerre et médecin respecté. Le père de David, shérif d'une petite ville du Montana, doit alors affronter son frère aîné. Impuissant, David assistera au déchirement des deux frères et découvrira la difficulté d'avoir à choisir entre la loyauté à sa famille et la justice. 
Montana 1948 raconte la perte des illusions de l'enfance et la découverte du monde adulte dans une écriture superbe digne des plus grands classiques américains. (Gallmeister)

David Hayden a douze ans en cet été 1948, été tragique qui verra mourir Marie Little Soldier, une jeune femme sioux, après que celle-ci eût porté de graves accusations à l'encontre de Frank, docteur dans la ville de Bentrock et également frère du père de David, shérif de Mercer County.
Cette histoire tragique, c'est David qui la raconte, de ses yeux d'enfant de douze ans mais avec le recul que lui confère désormais l'âge adulte.
De l'innocence de Frank, il n'en est jamais question : "C'est ainsi que la vérité m'apparut. Oncle Frank était le frère de mon père et mon père le connaissait aussi bien que n'importe quel autre homme ou femme. Et mon père savait qu'il était coupable."; il est coupable, c'est un fait avéré même si les habitants de la ville préfèrent fermer les yeux ou croire à des élucubrations des femmes indiennes avec leurs superstitions et leurs croyances mystiques, et garder en mémoire ses faits de soldat durant la Seconde Guerre Mondiale.
Car non seulement Frank est un médecin respecté, mais c'est aussi un héros de la Guerre, ce qui fait la fierté de son père tandis que son autre fils, handicapé à une jambe, n'a pas pu y participer.
Faut-il ne garder à l'esprit que le côté héroïque du personnage de Frank et fermer les yeux sur ses dérives ou bien faire éclater la vérité, même si cela veut dire faire éclater le noyau familial ?
Telle est la question qui se pose dans ce roman, à laquelle les parents de David choisissent la deuxième solution, celle de faire éclater la vérité : "Les péchés, les crimes ne doivent pas rester impunis.".
A travers cette histoire, l'auteur aborde non seulement cet aspect des liens du sang, mais également un relent de ségrégation raciale avec l'incompréhension et la non volonté de se mélanger de la population de Bentrock avec les indiens sioux.
La séparation entre ces deux populations est toujours présente et aucune ne se mélange avec l'autre, excepté David qui agit en tant qu'enfant et qui n'est pas dirigé dans un sens ou dans l'autre par ses parents.
J'ai apprécié dans cette lecture l'étude des personnalités de chacun : Frank qui se croit au-dessus des lois et ne se rend pas compte de ses actes, ou alors est persuadé qu'il ne fait rien de mal; le père qui est persuadé d'être dans son bon droit tandis que les femmes indiennes sont considérées comme des affabulatrices et d'ailleurs, elles devraient même se taire face à ce héros de la Guerre qui a défendu sa nation; David qui sera l'élément déclencheur de cette histoire; et les parents de David qui finiront par intervertir leur caractère, l'un soutenant en ce sens toujours l'autre : "Mes parents avaient interverti les rôles. Ma mère incarnait désormais le réalisme et l'expérience; mon père la rigueur morale.".
Maintenant, du côté de la narration, même si j'ai trouvé que la lecture était facile et relativement plaisante, j'ai également noté un manque d'émotion dans le fil narratif.
J'ai eu la sensation à la lecture que David déroulait cette histoire comme s'il tirait sur une bobine de fil, machinalement et sans vraiment s'impliquer.
C'est plat et sans prise de position tranchée, c'est finalement trop narratif, trop détaché ou alors trop lointain, mais une telle histoire même des dizaines d'années après ne devrait pas laisser indifférent.
David n'est que le narrateur, il ne fait pas passer au lecteur ses émotions, ses sentiments, ses pensées.
Il écrit à l'âge adulte mais comme un enfant de douze ans or, même à ce si jeune âge une telle situation provoque forcément des opinions, des sensations.
David est un personnage finalement sans relief par rapport à cette histoire qui elle en a.

"Montana 1948" offre une belle description de cet état en cette année 1948, oscillant entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et une ségrégation raciale toujours présente, sur fond d'une grave accusation d'une jeune indienne à l'égard d'un médecin respecté d'une petite communauté et de l'éclatement d'une famille, mais dont la narration manque au final de puissance émotionnelle.

mardi 14 mai 2013

Dans ma bibliothèque - Episode 3 Ce soir au théâtre

Dans ma bibliothèque, il y a du théâtre, héritage bien souvent de mes années de collège ou de lycée où des pièces étaient régulièrement étudiées.

Il y a donc du très classique : Molière, Corneille, Musset.
Non seulement j'étudiais les pièces, mais bien souvent nous en interprétions des scènes également.
Ainsi, je suis restée célèbre (ou pas) dans la fameuse scène du Cid où je jouais le Comte de Gomès souffletant Don Diègue; j'ai fait plusieurs scénettes des fourberies de Scapin avec beaucoup de plaisir.


Puis j'ai eu la chance d'étudier pour le baccalauréat de français les pièces antiques d'Antigone ou Electre ainsi que leurs versions au vingtième siècle.
Depuis, je guette désespérément chaque année qu'une théâtre se décide enfin à monter "La guerre de Troie n'aura pas lieu", pièce que j'avais adorée et que j'ai relue avec grand plaisir l'année dernière, rien que pour voir le jeu de rideau à la fin.
J'ai aussi grandement apprécié les pièces de Jean Giraudoux et je regrette qu'elles soient si peu souvent mises en scène.


Et puis, j'ai lu "La machine infernale" de Jean Cocteau et là j'ai trouvé cela absolument génial, ce piétinement que se permet l'auteur sur l'histoire d'Oedipe, avec les petits surnoms ridicules que se donnent les personnages.
Là aussi, je regrette que cette pièce soit si peu souvent mise en scène, j'irai la voir avec grand plaisir.
Quant à Antigone, j'ai une tendresse toute particulière pour ce personnage féminin si fort de caractère et bravant les interdits.
Et puis, pour finir, il fallait bien une petite note de "marivaudage", d'autant que "Le jeu de l'amour et du hasard" peut révéler bien des surprises.

mercredi 8 mai 2013

L'année du déluge d'Eduardo Mendoza


Dans la montagne de Catalogne, au cours d’un été marqué par des pluies torrentielles et des inondations, une passion violente et éphémère scelle le destin d’une religieuse et d’un propriétaire terrien. Attaques à main armées, enlèvements, disparitions ponctuent ce roman bâti autour du mythe de Don Juan et dans lequel les cataclysmes de l’amour se transforment peu en à peu en une douce et amère mélancolie. (Points)

"Les temps changent, les illusions s'évanouissent, les gens meurent, seules les montagnes demeurent, pensa-t-elle.", ainsi songe Soeur Consuelo à l'aube de sa vie et en étant revenue dans la ville où des années auparavant, au cours d'un été marqué des pluies abondantes, elle a vécu une passion aussi violente qu’éphémère avec un propriétaire terrien.
Ce roman d'Edouardo Mendoza est bâti en trois parties : la première est celle de la séduction et de la passion amoureuse entre une religieuse et un propriétaire terrien, deux personnages que rien pourtant ne prédestinait à se rencontrer et à s'aimer; la deuxième partie est celle du retour à la réalité où le chef des bandits sévissant dans la région ouvre les yeux à la religieuse sur la réelle nature du coeur d'Augusto Aixelà, le propriétaire dont elle s'est entichée, tandis qu'elle le soigne et vient alors le temps de la repentance et de l'expiation des péchés commis; enfin la troisième partie est celle de la vérité, où à l'aube de sa vie Soeur Consuelo revient sur les turpitudes qui ont agité son coeur, son amour du Seigneur mais aussi pour cet homme qu'elle n'a jamais renié et à sa question "Pourquoi veux-tu t'enterrer vivante ?" elle lui avait alors répondu : "Parce que je t'aime, répondit-elle très vite, je ne sais pas quand je suis tombée amoureuse de toi, ni comment une pareille chose a pu arriver, j'essaye de me souvenir et j'ai l'impression de t'avoir toujours aimé, j'essaye de comprendre, je ne trouve aucune raison au monde pour ne pas t'aimer.".
Ironie du sort, ce sont trois hommes bien différents les uns des autres qui gravitent autour de ce personnage central de religieuse : Augusto Aixelà, un bandit et enfin son médecin, et qui vont la guider dans ses actes et ses décisions.
J'ai beaucoup apprécié ces différents personnages mais par dessus tout la façon dont l'auteur les traite et les fait intervenir dans l'histoire.
Ils sont finement construits et s'articulent très bien les uns avec les autres, tel des marionnettes dans un spectacle.
Le personnage de Soeur Consuelo est intéressant à plus d'un titre : tout d'abord parce qu'il symbolise la pureté et l'innocence d'une religieuse face à la tentation, mais aussi par le chemin moral parcouru par cette femme qui finit par poser un regard mélancolique sur les troubles qui ont agité son coeur par le passé.
C'est sans doute le seul personnage qui évolue durant le roman, les hommes restant fidèles à eux-mêmes, à leurs convictions et à leurs manières d'agir.
Ce récit est très bien construit mais aussi fortement évocateur car hautement métaphorique et ce à plus d'un titre.
Ainsi, les pluies torrentielles qui s'abattent et provoquent de nombreux dégâts sont le parallèle du cataclysme qui dévaste le coeur de Soeur Consuelo cet été-là, un déluge d'amour sentimental mais aussi charnel qui l'envahit et la pousse à vivre sa passion, à braver l'interdit et mettre en péril sa vocation et sa croyance.
Mais le fond de cette histoire est également une transposition du mythe de Don Juan dans les montagnes de Catalogne, un caractère d'homme séducteur et par la même occasion destructeur, dans une nature hostile et sauvage mais dont on perçoit la beauté et la grandeur à travers les descriptions de l'auteur.
En choisissant ce roman je voulais découvrir l'Espagne et la littérature espagnole, je ne regrette pas car j'ai découvert une belle histoire et la plume d'Edouardo Mendoza que je trouve fort intéressante et dont je lirai d'autres oeuvres avec plaisir.

Avec "L'année du déluge" d'Edouardo Mendoza, c'est toute la chaleur de la Catalogne qui transparaît dans cette passion aussi violente qu'éphémère entre une religieuse et un propriétaire terrien tandis que des déluges de pluie s'abattent sur la région, un régal de lecture dont il serait dommage de se priver.