jeudi 23 mai 2013

Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) de Baz Lurhmann



Printemps 1922. L'époque est propice au relâchement des mœurs, à l'essor du jazz et à l'enrichissement des contrebandiers d'alcool… Apprenti écrivain, Nick Carraway quitte la région du Middle-West pour s'installer à New York. Voulant sa part du rêve américain, il vit désormais entouré d'un mystérieux millionnaire, Jay Gatsby, qui s'étourdit en fêtes mondaines, et de sa cousine Daisy et de son mari volage, Tom Buchanan, issu de sang noble. C'est ainsi que Nick se retrouve au cœur du monde fascinant des milliardaires, de leurs illusions, de leurs amours et de leurs mensonges. Témoin privilégié de son temps, il se met à écrire une histoire où se mêlent des amours impossibles, des rêves d'absolu et des tragédies ravageuses et, chemin faisant, nous tend un miroir où se reflètent notre époque moderne et ses combats. (AlloCiné)


Se lancer dans une nouvelle adaptation cinématographique du roman éponyme de Francis Scott Fitzgerald était un exercice délicat.


Je n’ai pas vu les précédentes adaptations, notamment celle de 1974 avec Robert Redford dans le rôle de Jay Gatsby, mais j’attendais ce film avec impatience.


Au début, je dois l’avouer, j’ai tiqué quand j’ai su qui était le réalisateur.
Baz Lurhmann et moi, ce n’est pas une grande histoire d’amour : j’ai moyennement apprécié son Romeo + Juliette, je n’ai carrément pas aimé Moulin Rouge !, mais je me suis en partie réconciliée avec lui avec Australia.
Là, je dois reconnaître que son adaptation du roman de Francis Scott Fitzgerald est une réussite.
Il n’est pas évident de faire ressortir à l’écran les multiples facettes de l’histoire.
Ici, le réalisateur a pris le parti de transposer l’excès, l’effervescence et l’ivresse dans lesquels évoluent les personnages.
Difficile de qualifier ces années d’années folles, dans le film cela va au-delà : l’alcool coule à flot, les fêtes sont toutes plus extravagantes les unes que les autres, tout comme les artifices.
Strass, paillettes, cotillons, danses effrénées, le tout sur un fond musical décalé mêlant hip-hop, Lana Del Rey, Beyoncé, Jay-Z.
Si je reprochais ce décalage à Moulin Rouge !, j’ai trouvé qu’ici c’était une réussite et que cela accentuait encore plus le côté débridé, décomplexé, excessif de l’époque, rendant ainsi encore plus proche la crise financière qui ne tarderait pas à éclater dans ce monde d’opulence et de richesse.
Et tant qu’à faire dans le bling-bling, si je m’interrogeais sur le retard volontairement pris par le réalisateur pour tourner son film en 3D, je reconnais que ça claque en relief et que la 3D n’est pas superflue pour illustrer toute cette folie.


Que Leonardo DiCaprio porte le rôle de Jay Gatsby, c’était une évidence.
Il offre un Gatsby aussi mystérieux qu’amoureux, fantasque que réfléchi, populaire qu’usurpateur.
Il a saisi l’essence du personnage et lui donne vie à l’écran avec un réalisme saisissant, voire même au-delà de la représentation que j’en avais à la lecture du roman.


Chacun a forcément à un moment donné de sa vie ce que je qualifierai d’un mythe amoureux, à savoir une personne idéale représentant l’amour absolu, parfait, celui sans lequel on ne saurait vivre et pour lequel on serait prêt à tout (je dis bien mythe et pas personne réelle).
Jay Gatsby est un amoureux éperdu, et pour lui le mythe amoureux a pris réalité en Daisy : belle, douce et fragile en apparence, mariée au volage Tom Buchanan.
Pour incarner Daisy, c’est la jeune Carey Mulligan qui lui prête ses traits et là aussi c’est un excellent choix.
Elle campe ce personnage féminin tout en subtilité : rapidement attachante et s’attirant la sympathie du spectateur, elle se révélera cruelle et sans cœur à l’heure de choisir, préférant son confort et sa sécurité matérielle, ou alors aveugle de tout ce qu’a amassé Jay Gatsby pour la retrouver elle, et vivre enfin leur histoire d’amour.


Au vu de ces éléments, le spectateur trouve finalement qu’elle n’est pas si mal assortie que ça à son mari, lui-même cruel et perfide, aimant humilier et bien trop centré sur sa petite personne.
Là où je suis plus indécise dans ce casting, c’est Tobey Maguire en Nick Carraway, narrateur et spectateur de l’histoire.
Je ne peux pas dire qu’il joue mal, mais il n’était pas, à mon sens, le meilleur acteur pour incarner ce personnage et j’ai passé le film à me dire qu’un autre acteur que j’avais en tête aurait été tout aussi bien voire même mieux dans ce rôle.


Quant à la mise en scène, elle est tout simplement remarquable.
Baz Lurhmann sait varier sa façon de filmer pour mieux servir son histoire, et s’il maîtrise parfaitement l’art de la mise en scène de fêtes endiablées, il offre également dans son film de très belles scènes fortes en émotion.
Ainsi, que dire d’un Jay Gatsby sur sa jetée, face à cette lumière verte qui vient de l’autre côté, tant la symbolique est forte et bien représentée.
Ou de cette formidable scène de retrouvailles entre Jay et Daisy, dans la maisonnette de Nick avec beaucoup de timidité et de retenue pour se terminer dans l’immense demeure de Gatsby, au pied d’un escalier et dans une salle de bal vide de convives mais où la musique résonne.


J’aime également énormément la scène finale de Gatsby, de toute beauté, ainsi que le téléphone, élément essentiel de cette histoire et qui décide bon nombre de situations.
J’ai néanmoins trouvé que la construction tâtonnait au début, avec de fréquents aller/retour entre le présent et le passé, comme si le réalisateur cherchait où démarrer son film, ou alors, plus subtilement, le narrateur Nick Carraway, où commencer son récit.
Le travail minutieux de reconstitution des tenues d’époque tend à accentuer le côté enchanteur du film, je regrette toutefois que le film n’ait pas été tourné réellement à New York mais intégralement en Australie.
La ville de New York est tellement magique en elle-même qu’il est dommage, à mon avis, de la rendre encore plus féérique uniquement par le biais du numérique et de la reconstitution sur ordinateur.
Même si c’est bien fait, cela perd un peu de son charme, ou alors mon jugement est biaisé car je revenais tout juste de cette ville et j’aurais voulu prolonger mon voyage en voyant des images réelles de ce que j’avais eu sous les yeux quelques heures auparavant encore.


Gatsby le Magnifique est un film éblouissant qui a su transposer l’essence de l’œuvre originale de Francis Scott Fitzgerald et se regarde avec énormément de plaisir, les yeux grands ouverts et le cœur palpitant.



Ce film a fait l'ouverture du Festival de Cannes 2013.

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