mercredi 8 mai 2013

L'année du déluge d'Eduardo Mendoza


Dans la montagne de Catalogne, au cours d’un été marqué par des pluies torrentielles et des inondations, une passion violente et éphémère scelle le destin d’une religieuse et d’un propriétaire terrien. Attaques à main armées, enlèvements, disparitions ponctuent ce roman bâti autour du mythe de Don Juan et dans lequel les cataclysmes de l’amour se transforment peu en à peu en une douce et amère mélancolie. (Points)

"Les temps changent, les illusions s'évanouissent, les gens meurent, seules les montagnes demeurent, pensa-t-elle.", ainsi songe Soeur Consuelo à l'aube de sa vie et en étant revenue dans la ville où des années auparavant, au cours d'un été marqué des pluies abondantes, elle a vécu une passion aussi violente qu’éphémère avec un propriétaire terrien.
Ce roman d'Edouardo Mendoza est bâti en trois parties : la première est celle de la séduction et de la passion amoureuse entre une religieuse et un propriétaire terrien, deux personnages que rien pourtant ne prédestinait à se rencontrer et à s'aimer; la deuxième partie est celle du retour à la réalité où le chef des bandits sévissant dans la région ouvre les yeux à la religieuse sur la réelle nature du coeur d'Augusto Aixelà, le propriétaire dont elle s'est entichée, tandis qu'elle le soigne et vient alors le temps de la repentance et de l'expiation des péchés commis; enfin la troisième partie est celle de la vérité, où à l'aube de sa vie Soeur Consuelo revient sur les turpitudes qui ont agité son coeur, son amour du Seigneur mais aussi pour cet homme qu'elle n'a jamais renié et à sa question "Pourquoi veux-tu t'enterrer vivante ?" elle lui avait alors répondu : "Parce que je t'aime, répondit-elle très vite, je ne sais pas quand je suis tombée amoureuse de toi, ni comment une pareille chose a pu arriver, j'essaye de me souvenir et j'ai l'impression de t'avoir toujours aimé, j'essaye de comprendre, je ne trouve aucune raison au monde pour ne pas t'aimer.".
Ironie du sort, ce sont trois hommes bien différents les uns des autres qui gravitent autour de ce personnage central de religieuse : Augusto Aixelà, un bandit et enfin son médecin, et qui vont la guider dans ses actes et ses décisions.
J'ai beaucoup apprécié ces différents personnages mais par dessus tout la façon dont l'auteur les traite et les fait intervenir dans l'histoire.
Ils sont finement construits et s'articulent très bien les uns avec les autres, tel des marionnettes dans un spectacle.
Le personnage de Soeur Consuelo est intéressant à plus d'un titre : tout d'abord parce qu'il symbolise la pureté et l'innocence d'une religieuse face à la tentation, mais aussi par le chemin moral parcouru par cette femme qui finit par poser un regard mélancolique sur les troubles qui ont agité son coeur par le passé.
C'est sans doute le seul personnage qui évolue durant le roman, les hommes restant fidèles à eux-mêmes, à leurs convictions et à leurs manières d'agir.
Ce récit est très bien construit mais aussi fortement évocateur car hautement métaphorique et ce à plus d'un titre.
Ainsi, les pluies torrentielles qui s'abattent et provoquent de nombreux dégâts sont le parallèle du cataclysme qui dévaste le coeur de Soeur Consuelo cet été-là, un déluge d'amour sentimental mais aussi charnel qui l'envahit et la pousse à vivre sa passion, à braver l'interdit et mettre en péril sa vocation et sa croyance.
Mais le fond de cette histoire est également une transposition du mythe de Don Juan dans les montagnes de Catalogne, un caractère d'homme séducteur et par la même occasion destructeur, dans une nature hostile et sauvage mais dont on perçoit la beauté et la grandeur à travers les descriptions de l'auteur.
En choisissant ce roman je voulais découvrir l'Espagne et la littérature espagnole, je ne regrette pas car j'ai découvert une belle histoire et la plume d'Edouardo Mendoza que je trouve fort intéressante et dont je lirai d'autres oeuvres avec plaisir.

Avec "L'année du déluge" d'Edouardo Mendoza, c'est toute la chaleur de la Catalogne qui transparaît dans cette passion aussi violente qu'éphémère entre une religieuse et un propriétaire terrien tandis que des déluges de pluie s'abattent sur la région, un régal de lecture dont il serait dommage de se priver.

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