Au centre des plus célèbres nouvelles de William Faulkner, trois portraits de femmes denses et profonds : la tragique Miss Emily, cloîtrée dans sa maison comme dans ses souvenirs ; Minnie Cooper, vieille fille tourmentée par l'indifférence des hommes jusqu'au meurtre, et Nancy, la blanchisseuse noire abandonnée par son mari, dont le jeune Quentin raconte les peurs et les superstitions. (Gallimard)
J’ai découvert William Faulkner à
travers ces quatre nouvelles et je dois dire que son style, plutôt sombre et à
la limite du cruel, ne laisse pas indifférent.
Il se dégage tout d’abord une ambiance
de ces nouvelles : le racisme est sous-jacent et éclate littéralement dans
"Septembre ardent", il y a en permanence une forme de morosité
rampante et la pauvreté n’est jamais éloignée.
En somme, William Faulkner dépeint
une Amérique sudiste rurale et sur le point de s’embraser à la moindre
occasion.
Pourtant, et c’est sans doute là
l’une des qualités de cet auteur, à aucun moment il n’y a de description des
scènes de violence, tout est suggéré et l’imagination fonctionne, ceci étant
bien plus efficace que n’importe quel écrit pourrait l’être.
A travers trois des quatre nouvelles,
William Faulkner dresse trois portraits de femmes qui bien que différents n’en
sont pas pour le moins flatteurs à leur égard.
Il y a ainsi la mystérieuse Emily qui
vit recluse dans sa maison et ses souvenirs ; Nancy la blanchisseuse noire
abandonnée par son mari et vivant dans ses craintes et ses superstitions ;
et enfin Minnie Cooper, une vieille fille quelque peu aigrie et qui inventera
un mensonge ne supportant plus l’indifférence des hommes.
Ces trois femmes sont peu gâtées par
la nature, qu’il s’agisse de leur physique : "Elle avait l'air enflée, comme un cadavre qui serait resté trop longtemps dans une eau stagnante, elle en avait même la teinte blafarde." ou de leur santé mentale car, il
faut bien l’admettre, elles ont toutes trois sombré dans une forme de folie.
Non vraiment, les femmes ne sont pas
gâtées par William Faulkner, mais les hommes ne sont pas non plus en reste et
attirent pour certains une forme de pitié, comme Hawkshaw, le mystérieux
assistant coiffeur, ou alors passent leur temps à jaser pire que des commères, à émettre des jugements sans fondement : "Peut-être, en tout cas, n'a-t-il jamais su ce qu'était cette fille. Ou, sans doute, le savait-il, mais ça lui était égal.", ou se piquent de l’envie de faire justice eux-mêmes pour des faits pas forcément avérés : "Si c'est arrivé ? Quelle importance ça a-t-il, bon dieu ? Allez-vous laisser les salauds de nègres en prendre à leur aise jusqu'au jour où ça arrivera pour de bon ?".
La nouvelle qui m’a le plus touchée,
paradoxalement, n’est pas centrée sur une femme (ou plutôt indirectement) mais
sur un homme.
Il s’agit de "Chevelure",
j’avoue avoir ressenti une tendresse particulière à la lecture de cette
nouvelle, peut-être parce que c’est la plus lumineuse de toutes ou tout du
moins celle qui offre le plus d’espoir et l’espérance d’une vie meilleure.
D’ailleurs, le personnage de Hawkshaw
fait une apparition dans "Septembre ardent", j’aime assez cette idée
de continuité à travers des histoires qui pourtant devraient être distinctes
les unes des autres.
J’ai eu la sensation d’être plongée
dans la ville de Jefferson, de ne pas être simple lectrice mais également
spectatrice.
Que de noirceur de l’âme et de l’être
humain dans ces nouvelles qui se distinguent par un optimisme résolument absent
mais par une plume affinée et maîtrisée.
"Une rose pour Emily et autres
nouvelles" constitue une bonne introduction à l’œuvre de William Faulkner
et donne des clés pour découvrir l’univers de cet auteur et aborder ses autres
écrits.
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