dimanche 19 mai 2013

Montana 1948 de Larry Watson


"De l'été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n'a pu chasser ni même estomper."
Ainsi s'ouvre le récit du jeune David Hayden. Cet été 1948, une jeune femme sioux porte de lourdes accusations à l'encontre de l'oncle du garçon, charismatique héros de guerre et médecin respecté. Le père de David, shérif d'une petite ville du Montana, doit alors affronter son frère aîné. Impuissant, David assistera au déchirement des deux frères et découvrira la difficulté d'avoir à choisir entre la loyauté à sa famille et la justice. 
Montana 1948 raconte la perte des illusions de l'enfance et la découverte du monde adulte dans une écriture superbe digne des plus grands classiques américains. (Gallmeister)

David Hayden a douze ans en cet été 1948, été tragique qui verra mourir Marie Little Soldier, une jeune femme sioux, après que celle-ci eût porté de graves accusations à l'encontre de Frank, docteur dans la ville de Bentrock et également frère du père de David, shérif de Mercer County.
Cette histoire tragique, c'est David qui la raconte, de ses yeux d'enfant de douze ans mais avec le recul que lui confère désormais l'âge adulte.
De l'innocence de Frank, il n'en est jamais question : "C'est ainsi que la vérité m'apparut. Oncle Frank était le frère de mon père et mon père le connaissait aussi bien que n'importe quel autre homme ou femme. Et mon père savait qu'il était coupable."; il est coupable, c'est un fait avéré même si les habitants de la ville préfèrent fermer les yeux ou croire à des élucubrations des femmes indiennes avec leurs superstitions et leurs croyances mystiques, et garder en mémoire ses faits de soldat durant la Seconde Guerre Mondiale.
Car non seulement Frank est un médecin respecté, mais c'est aussi un héros de la Guerre, ce qui fait la fierté de son père tandis que son autre fils, handicapé à une jambe, n'a pas pu y participer.
Faut-il ne garder à l'esprit que le côté héroïque du personnage de Frank et fermer les yeux sur ses dérives ou bien faire éclater la vérité, même si cela veut dire faire éclater le noyau familial ?
Telle est la question qui se pose dans ce roman, à laquelle les parents de David choisissent la deuxième solution, celle de faire éclater la vérité : "Les péchés, les crimes ne doivent pas rester impunis.".
A travers cette histoire, l'auteur aborde non seulement cet aspect des liens du sang, mais également un relent de ségrégation raciale avec l'incompréhension et la non volonté de se mélanger de la population de Bentrock avec les indiens sioux.
La séparation entre ces deux populations est toujours présente et aucune ne se mélange avec l'autre, excepté David qui agit en tant qu'enfant et qui n'est pas dirigé dans un sens ou dans l'autre par ses parents.
J'ai apprécié dans cette lecture l'étude des personnalités de chacun : Frank qui se croit au-dessus des lois et ne se rend pas compte de ses actes, ou alors est persuadé qu'il ne fait rien de mal; le père qui est persuadé d'être dans son bon droit tandis que les femmes indiennes sont considérées comme des affabulatrices et d'ailleurs, elles devraient même se taire face à ce héros de la Guerre qui a défendu sa nation; David qui sera l'élément déclencheur de cette histoire; et les parents de David qui finiront par intervertir leur caractère, l'un soutenant en ce sens toujours l'autre : "Mes parents avaient interverti les rôles. Ma mère incarnait désormais le réalisme et l'expérience; mon père la rigueur morale.".
Maintenant, du côté de la narration, même si j'ai trouvé que la lecture était facile et relativement plaisante, j'ai également noté un manque d'émotion dans le fil narratif.
J'ai eu la sensation à la lecture que David déroulait cette histoire comme s'il tirait sur une bobine de fil, machinalement et sans vraiment s'impliquer.
C'est plat et sans prise de position tranchée, c'est finalement trop narratif, trop détaché ou alors trop lointain, mais une telle histoire même des dizaines d'années après ne devrait pas laisser indifférent.
David n'est que le narrateur, il ne fait pas passer au lecteur ses émotions, ses sentiments, ses pensées.
Il écrit à l'âge adulte mais comme un enfant de douze ans or, même à ce si jeune âge une telle situation provoque forcément des opinions, des sensations.
David est un personnage finalement sans relief par rapport à cette histoire qui elle en a.

"Montana 1948" offre une belle description de cet état en cette année 1948, oscillant entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et une ségrégation raciale toujours présente, sur fond d'une grave accusation d'une jeune indienne à l'égard d'un médecin respecté d'une petite communauté et de l'éclatement d'une famille, mais dont la narration manque au final de puissance émotionnelle.

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