Au cœur de la forêt, près de la
rivière où attendent les canoës, les Indiens Mi'kmaq ont dressé les wigwams,
leurs tentes en écorce de bouleau. L'un d'entre eux se tenait à l'écart.
C'était celui de l'Invisible, le plus valeureux des chasseurs. Tous le disaient
superbe, généreux, irrésistible... mais personne le l'avait jamais vu. Toutes
les femmes rêvaient de lui. Mais seule celle qui serait capable de le voir tel
qu'il était l'épouserait. (Belin)
La présentation de ce conte est déjà
originale : en effet, il ne se lit pas en mode portrait mais en mode
paysage.
Ce n’est pas forcément très pratique
pour le lire en position allongée ou assise, mais pour un enfant qui
souhaiterait le lire à plat ventre sur le sol c’est tout à fait le format qui
convient.
L’histoire est une transposition du
conte de Cendrillon dans l’univers améridien et c’est une réussite.
Sous couvert d’une intrigue assez
simple : une jeune fille martyrisée par ses deux sœurs et surnommée La
Brûlée se décide à tenter sa chance auprès de l’Invisible, le plus valeureux
des chasseurs et uniquement visible de sa sœur : "Toutes les femmes du clan rêvaient de l'Invisible : les jeunes filles en âge de se marier brûlaient de percer son secret; les femmes mûres, les mères et même les anciennes soupiraient encore après lui. On disait qu'il épouserait la première femme capable de le voir tel qu'il était.", il y a quelques morales certes
communes mais dont le message est subtilement distillé.
Ainsi, l’indien l’Invisible n’est pas
sans rappeler "Le petit prince" d’Antoine
de Saint-Exupéry avec cette phrase sur l’amitié : "On ne voit bien
qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.", qui ici
s’appliquerait à l’Amour.
Cela sous-entend également qu’il faut
une pureté de l’Âme et de l’Esprit pour atteindre l’Amour et gagner son Paradis
son Terre : "Revêtue de la robe de mariage, peinte et brodée d'étoiles, ses yeux plus brillants que des braises, la Brûlée n'était plus la Brûlée, mais une beauté sans rivale ...", tandis que la méchanceté et les moqueries des soeurs de la Brûlée se payent : "Toi, la Brûlée, tu oses rêver de l'Invisible ? Tu n'es même pas digne de respirer le même air !".
Il y a énormément de poésie dans
cette histoire, d’autant plus que le cadre sauvage est grandiose et c’est un
double régal pour les yeux.
Car l’atout indéniable de ce conte,
ce sont les dessins absolument merveilleux qui illustrent la narration.
J’ai été sous le charme de la plume de
Marie Diaz et de Bruno Pilorget qui signent des esquisses à la limite de l’aquarelle
et qui font éclater toute une palette de nuances : des couleurs chaudes
avec de l’orange, du rouge, des couleurs plus froides avec du bleu, faisant de
ce conte un véritable arc-en-ciel.
De plus, la présentation est
intelligemment pensée avec une page paysage pour l’illustration et celle du
dessous pour le texte.
Je suis littéralement sous le charme
de "L’Invisible Conte des Indiens Mi’kmaq" de Marie Diaz et Bruno
Pilorget, conte qui séduira petits et grands, ne serait-ce que par les
esquisses de toute beauté qui se feuillettent comme un carnet de croquis et
sont un plaisir de contemplation pour les yeux.
Je remercie Babelio et les Editions Belin pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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