mercredi 31 janvier 2018

Les aventures de Tom Sawyer d'Aya Shirosaki, d'après l'oeuvre de Mark Twain


Garnement espiègle, Tom Sawyer n’a rien contre l’école, surtout quand on y croise de jolies filles comme Becky Thatcher. Seulement, à choisir, il préfère de loin faire les 400 coups et partir à l’aventure avec son ami Huck le vagabond pour jouer aux pirates ou aux bandits. Mais un soir, dans un cimetière désert, les deux compères sont les témoins d’un crime bien réel ! Cette expérience va bouleverser leur quotidien, car le terrible Joe l’Indien, avide de vengeance, court toujours. (Nobi Nobi)

Allez, tout le monde entame en chœur : "Tom Sawyer, c'est l'Amérique ! Le symbole de la liberté. Il est né sur les bords du fleuve Mississippi Tom Sawyer c'est pour nous tous un ami.".
Là, vous me maudissez, vous avez l'air dans la tête ... ça va durer au moins toute la journée, je vous rassure.
Et comme cela, je vais pouvoir annoncer plus facilement ma honte : n'avoir jamais lu le roman de Mark Twain.
Je connais pourtant l'histoire de Tom, cet orphelin élevé par sa tante Polly qui ne manque jamais une occasion  de faire des bêtises mais à qui elle est pourtant très attachée : "Ce garçon est un vrai chenapan. Mais il est tout ce qui me reste de ma pauvre sœur. J'ai beau essayer de me montrer sévère et intransigeante pour l'élever au mieux il parvient toujours à m'arracher un sourire."; qu'il soit seul ou avec ses amis Huckleberry Finn ou Joe Harper, Tom n'en manque jamais une et ce ne sont pas les idées qui lui manquent :  "Je vais devenir pirate ! Le monde entier tremblera rien qu'à l'évocation de mon nom !".
Sauf qu'il va aussi croiser le danger et le mal en la personne du redoutable Joe l'indien : "Je vais t'apprendre ce qui en coûte de se mesurer à Joe l'indien !", mais Tom a plus d'un tour dans son sac pour s'en sortir.

J'ai été frappée une nouvelle fois par la qualité de ce manga, je ne pourrai pas me prononcer quant au respect de l'oeuvre originale mais l'histoire est en tout cas bien présentée et semble complète, même si certain événements ont peut-être été traités de façon un peu accélérée.
Cette histoire évoque toute une époque, un paysage, ma jeunesse également avec le dessin animé, ce fut donc un plaisir de suivre les aventures de Tom Sawyer.
Grâce axu événements du récit, Tom va grandir et mûrir, il va apprendre à prendre soin des autres (Becky dans la grotte) et finira par devenir un adolescent responsable, contrairement à son ami Huck qui refuse de rester chez la veuve Douglas et préfère reprendre sa liberté à laquelle il tient plus que tout :  "Mais moi je refuse d'être vissé comme ça !".
Le contraste entre les deux personnages est intéressant, sans doute que plus jeune j'aurai moi aussi admirée, et enviée, la liberté de Huck tandis que plus âgée je m'attache plus au personnage de Tom et à son évolution.
J'ai en tout cas été emportée par les aventures des garçons, j'ai trouvé le graphisme très plaisant, malgré un ou deux dessins un peu trop dans le style manga (inutile de forcer le trait sur la gêne ou la colère comme cela peut se faire dans un manga, les situations permettent très bien de le comprendre d'elles-mêmes), ainsi qu'une belle reconstitution des rives du Mississippi.
Cette lecture m'a surtout donné très envie de découvrir l'oeuvre originale et sa suite, comme quoi ces adaptations sous forme de manga peuvent avoir du bon.

"Les aventures de Tom Sawyer" est un manga plaisant à lire pour découvrir (ou re-découvrir) les aventures de ce garçon si attachant et n'oubliez pas que "Tom Sawyer, c'est l'Amérique ! Le symbole de la liberté....".

mardi 30 janvier 2018

La petite princesse Sara d'Azuki Nunobukuro, d'après l'oeuvre de Frances Hodgson Burnett


Sara Crewe est une enfant de sept ans placée dans un pensionnat à Londres par son père, riche homme d’affaires aux Indes. Passionnée de contes et légendes, Sara saura se faire aimer par ses talents de conteuse. Son monde bascule à la mort de son père après sa faillite. L’horrible directrice, Miss Minchin fera alors d’elle une domestique et n’aura de cesse de la tourmenter et de l’exploiter… Sara réussira-t-elle à tenir la promesse faite à son père de devenir une princesse malgré toutes les épreuves qu’elle devra endurer ? (Nobi Nobi)

Je n'ai pas lu le roman de Frances Hodgson Burnett mais j'ai vu le dessin animé qui en a été tiré, je connaissais donc bien l'histoire de Sara Crewe.
Je dirai que le dessin animé a un côté moins niais que ne peut l'avoir l'historie originale, dans le sens où Sara ne cesse de répéter qu'elle veut devenir une grande dame, une princesse : "A partir d'aujourd'hui je vais vivre dans le seul but de devenir une noble dame ! Afin de rendre les gens heureux et de redonner espoir à tous ceux qui m'entourent !", sauf que le terme princesse n'est pas à prendre comme on a l'habitude de l'utiliser mais plus dans le sens d'une jeune femme généreuse aidant les autres.
Avec cette explication en tête, l'histoire devient moins niaise, Sara ne cherchant pas la fortune, un beau prince et un beau mariage (ou alors ça n'est pas dit explicitement) mais plus à faire le bien autour d'elle.
Sauf que Sara va connaître un revers de fortune, perdre son père, et se retrouver à être domestique dans l'école où elle étudiait.
Mais Sara ne perdra jamais confiance et s'efforcera de rester la même, toujours gentille envers les autres et attentionnée, attendant qu'une bonne étoile brille à nouveau pour elle : "J'ai toujours continué de croire que quelqu'un volerait à mon secours.".

Charmante petite histoire qui, me semble-t-il, a été quelque peu raccourcie pour tenir dans le format manga.
J'ai ressenti contrairement à une précédente lecture plus de raccourcis, ou disons plutôt que l'échelle temporelle a du mal à être perçue.
Ainsi, plusieurs années passent mais les dessins ne donnent pas cette impression, Sara et les autres enfants ne grandissent pas.
Voilà sans doute le petit détail que je pourrai reprocher à ce manga mais c'est bien le seul car une fois encore j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette histoire, à la redécouvrir en version illustrée.
Le personnage de Sara est presque sans défaut, mais je retiens surtout que c'est une gentille petite fille qui s'efforce d'être bonne et a le souci de son prochain : "La chance m'a permis de retrouver ma vie d'avant. Des personnes charitables m'ont aidée à surmonter de terribles épreuves. Mes amies et la gentillesse de mon entourage m'ont rendues plus forte. Alors c'est à mon tour d'être bienveillante.", c'est plutôt une belle image que véhicule cette histoire et un message positif : malgré les épreuves il faut rester fidèle à ses convictions et s'efforcer de trouver son bonheur en en apportant aux autres.
Cela pourrait paraître un peu trop manichéen : la gentille fillette, la vilaine directrice d'école, mais qu'importe, j'ai surtout lu ce manga pour retrouver l'univers de la princesse Sara à qui il arrive bien des malheurs dans sa jeune vie et qui les endure en gardant sa bonne humeur.

J'aime beaucoup le dessin animé, j'ai tout autant aimé cette adaptation, néanmoins je pense que je suis un peu trop grande pour lire, et sans doute apprécier, le roman de Frances Hodgson Burnett, je ne me lancerai donc pas dans cette lecture mais je garderai un bon souvenir de cette lecture de "La petite princesse Sara"

lundi 29 janvier 2018

La douleur d'Emmanuel Finkiel

       
     

Juin 1944, la France est toujours sous l’Occupation allemande. L’écrivain Robert Antelme, figure majeure de la Résistance, est arrêté et déporté. Sa jeune épouse Marguerite, écrivain et résistante, est tiraillée par l'angoisse de ne pas avoir de ses nouvelles et sa liaison secrète avec son camarade Dyonis. Elle rencontre un agent français de la Gestapo, Rabier, et, prête à tout pour retrouver son mari, se met à l’épreuve d’une relation ambiguë avec cet homme trouble, seul à pouvoir l’aider. La fin de la guerre et le retour des camps annoncent à Marguerite le début d’une insoutenable attente, une agonie lente et silencieuse au milieu du chaos de la Libération de Paris. (AlloCiné)


"A quoi êtes-vous le plus attachée, à Robert Antelme ou à votre douleur ?", cruelle question posée par Dionys, le meilleur ami de Robert Antelme et amant de sa femme, à Marguerite Duras, ladite femme de Robert Antelme arrêté et déporté, et point central de ce film.
S'il est bien un des romans de Marguerite Duras que je cherche à lire depuis quelques années, c'est "La douleur", ce livre publié des années après son écriture et revenant sur l'époque où son mari, membre du même réseau de résistance que Marguerite Duras, Dionys ou encore François Mitterand, a été arrêté et déporté.
Dedans elle y narre l'inquiétude, l'attente des nouvelles, le jeu dangereux qu'elle mène avec un agent de la Gestapo pour essayer d'en savoir plus, puis l'attente à la fin de la guerre du retour de Robert Antelme, la découverte des camps, les premiers retours, ces hommes et ces femmes qui errent entre ici et là-bas, pas tout à fait mort mais plus tout à fait vivant, Robert est-il déjà mort ou va-t-il lui aussi revenir, et dans quel état ?
Que restera-t-il du Robert que Marguerite aimait ? L'aime-t-elle toujours ?
Inutile de laisser durer le suspens plus longtemps, deux ans après le retour de Robert ils divorceront, Marguerite épousera Dionys et aura un enfant avec lui, mais restera toutefois plutôt en bon terme avec Robert.


Il y a trois choses dans ce film, une première partie consacrée à Marguerite et Pierre Rabier, cet agent Français de la Gestapo séduit par la femme écrivain (enfin, à cette époque elle n'est pas encore Marguerite Duras l'écrivain) qui l'utilise autant qu'elle l'utilise et qui ne lui donnera que quelques nouvelles peu encourageantes de son mari; une deuxième partie consacrée à Marguerite et à l'attente du probable retour de Robert, une Marguerite qui s'interroge beaucoup, finit par se résigner à la mort de son mari et ne veut plus le voir lorsqu'on le lui ramène quasi agonisant; et par-dessus, souvent, les mots de Marguerite Duras, ces mots si beaux, ces phrases si sublimes.
Si je devais classer ces trois éléments je dirai que ce sont les mots et les réflexions de Marguerite Duras qui m'ont le plus touchée et transportée, puis cette attente, et enfin le jeu dangereux qu'elle a mené pour quelques informations.
Étrangement, il semblerait qu'une bonne partie des spectateurs préfère la première partie et trouve la deuxième un peu trop longue, c'est justement cette longueur, cette contemplation, et les mots qui sont posés sur cette attente que j'ai tant aimé.
Ce que j'ai aussi particulièrement aimé dans ce film, c'est que cette femme se trouve confrontée à une terrible réalité, elle découvre, comme tout le monde à l'époque, l'existence des camps, les montagnes de cadavres, les chambres à gaz, les charniers, sauf que peu de monde a envie de voir et de connaître cette réalité.
Cette femme se trouve donc confrontée à l'attente, à la douleur qui en résulte, mais aussi à celle de la découverte de l'horreur que personne ou presque ne veut reconnaître.
Par la même occasion le sort des Juifs est ainsi traité, notamment à travers le prisme de cette si touchante Madame Katz qui attend le retour de sa fille Juive, déportée, sauf qu'elle était légèrement boiteuse suite à une maladie, elle va ainsi apprendre qu'elle a été gazée dès son arrivée, tel était le sort réservé à bon nombre de Juifs, et en priorité à ceux handicapés.
Ce film n'est pas un biopic et c'est sans doute ce qui en fait sa force.
Le réalisateur a aussi eu une belle façon de filmer Paris, de faire revivre cette ville à cette époque, et d'offrir quelques plans somptueux dont un particulièrement osé (pour ne pas dire hallucinant) d'une Marguerite à vélo, seule, sans voiture, traversant la place de la Concorde.


Avec ce rôle de Marguerite Duras, Mélanie Thierry pénètre une bonne fois pour toute dans la cour des grands.
Elle y campe une Marguerite Duras intéressante, sans chercher à faire de la copie et à transformer le film en biopic.
C'est à la fois elle et pas elle.
Elle a adopté une gestuelle, ses cigarettes si maintes fois allumées et tenues entre ses doigts, des expressions, elle donne vie au personnage et à la douleur qui l'habite.
Une Mélanie Thierry qui s'expose sans fard, résultat le personnage qu'elle incarne n'en est que plus vivant, plus aisé à comprendre pour le spectateur, et sa douleur ne s'en ressent que plus.
Formidable choix que cette actrice, elle incarne une Marguerite Duras entre deux âges, entre deux périodes de sa vie, encore un peu jeune mais déjà plus mûre.
L'autre belle surprise du film, c'est Benjamin Biolay que j'ai déjà pu voir dans d'autres rôles mais sans doute jamais aussi intense et retenu dans son jeu.
Disons qu'il incarne Dionys, il met de la passion dans ce personnage mais sans surjouer, sans trop en faire, sans en rajouter ou jouer de son charme ou bagout naturel.
Où j'avais pu par le passé émettre quelques doutes ici ils sont balayés et je le trouve juste dans son jeu d'acteur.
Quant à Benoît Magimel c'est une valeur sûre, il ne déçoit pas et tient bien ce rôle pas si évident à interpréter.
Il y a aussi un très bon casting pour les personnages secondaires ou que le spectateur ne fait que croiser quelques instants.
Je ne trouve vraiment rien à redire à ce film qui est une adaptation intéressante d'un roman de cette si grande auteur et qui saura trouver, je l'espère, son public.


"La douleur" est une superbe film d'Emmanuel Finkiel porté par une Mélanie Thierry au sommet de son art et les mots de Marguerite Duras, mots qui me hantent encore et sans doute pour longtemps.


       
     

       
     

dimanche 28 janvier 2018

Seuls - Intégrale du Cycle 1 de Gazzotti et Vehlmann


Au fil des cinq albums, Dodji, Leïla, Camille, Yvan et Terry ont affronté des dangers toujours plus inquiétants et angoissants : les animaux échappés du cirque, l'adolescent attardé mental fan de couteaux, le jeune nazillon qui tyrannise son clan d'enfants occupant un parc d'attractions, les singes kidnappeurs au comportement étrange et ultra-violent, l'exploration de la zone rouge, la mort de l'un d'entre eux... Et pourtant, ils n'ont encore rien vu et tout se déglingue jusqu'au climax final, aussi terrifiant que surprenant. (Dupuis)

Je ne pensais pas le dire un jour mais merci la grippe qui m'a clouée au lit début janvier et m'a permis de lire cette intégrale que je souhaitais découvrir depuis la sortie au cinéma du film l'année dernière.
Un soir d'été, tout le monde vaque à ses occupations, la nuit passe et au réveil Leïla est seule chez elle, aucune trace de ses parents.
Elle sort, croise d'autres enfants dont Camille, Yvan Terry et Dodji, eux aussi étaient seuls à leur réveil.
Plus d'adulte, quelques enfants égarés qui se regroupent pour vivre, au début tout est joyeux et drôle mais bien vide l'absence devient pesante et angoissante : que s'est-il passé ? Où sont les adultes ?
Et puis les dangers sont multiples : animaux évadés du zoo, un mystérieux lanceur de couteaux etc.

Ce cycle 1 comprend les cinq premières bandes dessinées, sa lecture n'a pas fait long feu car j'ai dévoré d'un seul bloc l'histoire de ces enfants livrés à eux-mêmes suite à un phénomène étrange.
Je trouve l'idée de départ excellente, d'autant que les auteurs ont su rebondir dessus et créer d'autres situations, faire évoluer les personnages, leur faire croiser la route d'autres enfants, tout en entretenant savamment le mystère de la disparition des adultes : "On sait toujours pas comment ils ont disparu. Et en attendant, va falloir qu'on apprenne à se débrouiller sans eux.".
Et c'est vrai que les enfants vont devoir se débrouiller sans eux, mais ils vont d'abord apprendre à se connaître et devoir composer les uns avec les autres, avec des caractères différents : "Mais vous avez donc toujours pas compris ! Les adultes reviendront pas ! On peut pas compter sur eux ! On peut jamais compter sur eux !".
C'est l'un des points forts de cette bande dessinée, la diversité des caractères mais aussi des âges, entre des adolescents qui ont un peu plus l'habitude de se gérer et des petits qui étaient jusqu'à présent complètement dépendants de leurs parents.
J'ai apprécié les nombreux rebondissements de l'histoire ainsi que les situations dans lesquelles les jeunes personnages se trouvent.
L'autre point appréciable, c'est qu'à la fin du cycle le lecteur en sait plus sur le mystère de la disparition des adultes et d'une partie des enfants, toutefois il n'a pas toutes les réponses à ses questions, ce qui donne envie de découvrir la suite des aventures de Leïla, Dodji, Camille et tous les autres.
Niveau graphisme j'aime beaucoup, les dessins sont clairs, la mise en couleur est très belle, les endroits sont variés.
Je ne me suis pas ennuyée une minute avec cette histoire originale, j'ai même hâte de découvrir la suite de leurs aventures.
Pour tout dire j'ai même enchaîné cette lecture avec le visionnage du film qui en a été tiré, histoire de prolonger un peu cet univers.
Cela ne m'étonne pas que cette bande dessinée ait autant de succès auprès des jeunes et des adultes, elle plaît à n'importe quel âge et se lit avec grand plaisir.

Cette intégrale du cycle 1 de "Seuls" est une très bonne lecture et une belle découverte de cette série qui sait entretenir son suspens et jouer habilement avec le lecteur.

jeudi 25 janvier 2018

Jane Eyre de SunNeko Lee et Crystal S. Chan, d'après l'oeuvre de Charlotte Brontë


Jane Eyre est une orpheline recueillie par sa tante, une femme jalouse qui fait de sa vie un enfer. Aidée par le médecin de famille suite à un malaise, Jane va partir dans le pensionnat de Lowood, une école insalubre où le typhus fait beaucoup de victimes. Rescapée de cet endroit, elle trouve ensuite un emploi de gouvernante dans le manoir de Thornfield. Sa rencontre avec le maître des lieux bouleversera sa vie à tout jamais mais l’indépendance de la jeune femme lui permettra-t-elle d’atteindre ce bonheur longtemps recherché ? (Nobi Nobi)

Oh les puristes, inutiles de vous cacher, je sens votre doigt se lever et pointer vers moi, accusateur, sous-entendant "mais comment a-t-elle osé trahir des classiques de la littérature en les lisant sous forme de manga ?".
Et bien oui, j'ai osé, j'ai lu ce chef-d'oeuvre qu'est "Jane Eyre" sous forme de manga, et j'ai même beaucoup apprécié cette lecture.
Tout d'abord, parce que c'est très fidèle au roman, ce qui en fait un manga assez volumineux (un peu plus de trois cents pages) qui ne trahit pas l'histoire originale et se contente de passer un peu rapidement ou sous silence certains passages de moindre importance pour l'intrigue.
Mais l'essentiel y est, c'est tout ce qui compte.
Il faut faire abstraction des dessins à tendance Japonaise (d'un autre côté, inutile de feindre la surprise, c'est du manga), d'ailleurs on finit même par s'y habituer, et se plonger dans l'histoire.
Pour avoir lu plusieurs fois le roman je n'ai pas été déçue par cette adaptation, je trouve le trait de crayon fort agréable, la couleur manque un tantinet mais encore une fois, c'est le style manga qui veut cela, et surtout, j'ai retrouvé les scènes du roman qui me tiennent particulièrement à cœur retranscrites fidèlement.
Ainsi, Jane est bien dans les bras d'Edward Rochester, elle s'installe sur ses genoux, l'embrasse (rappelez-vous, à l'époque toute démonstration d'affection était inappropriée), et sa fameuse tirade féministe est belle et bien présente : "Pensez-vous que je puisse rester et n'être rien pour vous ? Croyez-vous que je ne sois qu'une machine sans sentiments ? Parce que je suis pauvre, obscure, laide et petite, je n'ai ni âme ni cœur ? Eh bien vous vous trompez !".
L'oeuvre originale de Charlotte Brontë n'est pas trahie, c'est un peu ce que je craignais au début mais la surprise fut bonne.
Au risque de me répéter, tout le déroulement narratif du roman y est présent, ce qui ne figure pas est secondaire à l'histoire et encore, les images permettant de présenter de façon concise des situations expliquées par plusieurs phrases dans le récit original.
Bien entendu ce manga n'exonère pas de lire le roman, au contraire j'y ai sans doute pris autant de plaisir parce que je connaissais bien l'intrigue et les personnages.
Il permet aussi une première approche de ce grand roman pour un public plus jeune, et si cela peut les inciter à lire ce roman et d'autres par la suite je suis pour, l'important étant de donner le goût et l'envie de la lecture, pas de juger le type de lecture.

Je valide "Jane Eyre" en version manga, un moment de lecture agréable et plaisant qui m'a, par la même occasion, permis de changer un peu de genre de littérature.

Un grand merci à Marjolaine qui m'a prêté ce manga, ainsi que d'autres, et m'a permis de découvrir ou re-découvrir de grands classiques de la littérature sous forme de manga.

mercredi 24 janvier 2018

3 Billboards, les panneaux de la vengeance (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri) de Martin McDonagh

       
     

Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de la police sur trois grands panneaux à l'entrée de leur ville. (AlloCiné)


Après une expérience pour rétrécir, je vous propose de partir en croisade pour se venger d'un meurtre non résolu.
J'ai tôt fait de repérer ce film en fin d'année, grand bien m'en a pris car il vient de récolter quelques belles récompenses aux Golden Globes et ne devrait, à mon avis, pas s'arrêter en si bon chemin avec les Oscars approchant.
Mildred Hayes (Frances McDormand) est une femme devenue aigrie après le viol et le meurtre de sa fille sur une petite route pas très loin de sa maison.
Depuis plusieurs mois l'enquête est au point, mort, aucun suspect, aucune avancée, ni même aucune recherche, ce qui l'agace particulièrement.
Elle aperçoit trois panneaux publicitaires abandonnés sur la route où le corps calciné de sa fille a été retrouvé, elle les loue et y fait afficher un texte mettant en cause de respecté chef de la police Bill Willoughby (Woody Harrelson).
Son coup d'éclat a l'effet escompté, ce dernier se décide à rouvrir le dossier, mais l'un des policiers, Jason Dixon (Sam Rockwell) est réticent à cette idée, il reproche publiquement à Mildred ses accusations et à Red (Caleb Landry Jones) d'avoir accepté de lui louer les panneaux.
Le résultat ne sera peut-être pas celui attendu par Mildred, mais il aura en tout cas des conséquences pour une bonne partie des habitants d'Ebbing.


La scène d'ouverture est d'une réussite grandiose, aucune parole n'est prononcée et l'action se suffit à elle seule pour savoir que la femme que l'on voit à l'écran porte un lourd fardeau sur ses épaules et va utiliser les panneaux pour tenter de s'en libérer, en tout cas ces quelques minutes ont suffi à me scotcher sur mon siège pour le restant du film.
Le scénario est réussi, l'histoire est dense et ne se concentre pas au final sur la résolution du meurtre mais sert à mettre en lumière les différents protagonistes et leurs évolutions face à cette petite révolution déclenchée par les messages affichés sur les panneaux d'une petite route pourtant empruntée par peu de personnes.
Difficile de ne pas ressentir d'empathie pour le personnage de Mildred, c'est une mère qui a ses torts mais c'est avant tout une mère désespérée qui veut savoir qui a tué sa fille et l'a fait autant souffrir, tout en restant une mère pour son fils, bien que ce dernier soit parfois excédé par les comportements de sa mère.
C'est aussi une femme abandonnée par son ex-mari violent qui s'est remis avec une jeunette de dix-neuf ans, qui ne sourit plus, qui a arrêté de fréquenter l'église et d'avoir la foi, qui a un fort caractère et n'hésite pas à remettre les gens à leur place, c'est également une femme dont le venin de la vengeance pourrit son cœur et qui est à deux doigts de basculer définitivement dans le côté obscur.
Qu'est-ce que cette femme a pu me toucher, j'ai eu plusieurs fois envie de la prendre dans mes bras pour la consoler, essayer de lui remettre du baume au cœur.
Face à elle, il y a des policiers qui semblent ne pas en avoir grand chose à cirer du meurtre de sa fille, en apparence car le chef Willoughby se révèle finalement touché par cette femme et essaiera comme il peut de l'aider, quant à ce policier Jason Dixon insupportable, raciste, violent, il finira lui aussi par changer et s'adoucir, en parallèle du personnage de Mildred.


Le casting de ce film est tout simplement époustouflant, j'ai adoré l'interprétation de Frances McDormand (et dire qu'elle hésitait à accepter le rôle car elle se trouvait trop vieille), elle n'est ni apprêtée ni franchement sympathique mais elle arrive à donner une profondeur au personnage de Mildred et à s'attirer l'empathie du spectateur, je trouve que son jeu mériterait amplement un second Oscar à cette actrice.
Quant aux hommes, Woody Harrelson dégage une présence à l'écran, et Sam Rockwell a sans doute le rôle le plus difficile à tenir, il s'en sort bien car le spectateur le déteste une bonne partie du film pour au final ressentir un début de sympathie à son égard.
Ce n'était pas la première fois que je voyais Caleb Landry Jones à l'écran, je trouve ce jeune acteur particulièrement prometteur.
Ce qui étonne, c'est que le réalisateur Martin McDonagh n'en est qu'à sa troisième réalisation et qu'il livre ici un film puissant, maîtrisé, qui mêle humour (certes un humour à froid) et drame dans une histoire qui ne prête pourtant absolument pas au sourire et encore moins au rire.
D'ailleurs, le titre n'aide pas non plus à parler du film, à rallonge on se demande ce qu'il évoque au premier abord, il est finalement à l'image du film (personnellement je trouve le titre original encore plus puissant que la traduction Française).
Et bien si on ne le connaissait pas avant, on va désormais retenir son nom.
Quant à la bande originale j'ai adoré, elle mêle musique originale de circonstance avec des standards de la chanson Américaine à dominance country, un régal pour les oreilles.


Énorme coup de cœur pour "3 Billboards, les panneaux de la vengeance", un très grand film en ce début d'année et sans doute pour le restant de 2018, mon petit doigt me dit d'ailleurs qu'il ne devrait pas repartir bredouille des Oscars (je mise sur les Oscars du Meilleur film et de la Meilleure comédienne).


       
     

       
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lundi 22 janvier 2018

Downsizing d'Alexander Payne

       
     

Pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 cm : le "downsizing". Chacun réalise que réduire sa taille est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie. Cette promesse d’un avenir meilleur décide Paul Safranek et sa femme à abandonner le stress de leur quotidien à Omaha (Nebraska), pour se lancer dans une aventure qui changera leur vie pour toujours. (AlloCiné)


Pour ce premier film de l'année 2018 chroniqué, je vous propose ... de rétrécir !
Le film commence mystérieusement : un scientifique fait des essais sur une souris, le spectateur ne voit rien du résultat obtenu mais le scientifique clame haut et fort que ça y est, ils ont réussi.
Un an plus tard se tient une conférence, et là est révélé une expérience menée depuis plusieurs mois : la réduction d'humains à une taille d'environ 12 cm, réduisant la place occupée sur Terre mais aussi les déchets.
Devant un écran de télévision, le jeune Paul Safranek (Matt Damon) découvre ce processus et en est ébahi.
Les années passent, les processus de réduction d'êtres humains via l'opération dite de "downsizing" se multiplient, permettant ainsi aux personnes d'augmenter considérablement leur niveau de vie dans des cadres de vie qui leur sont dédiés.
Paul a pris de la bouteille, il est désormais marié à Audrey (Kristen Wiig), sauf que la vie est toujours aussi difficile pour lui (il habite toujours dans la maison de son enfance) et bientôt, ils se laissent séduire par l'opération de downsizing afin de rejoindre une communauté dans laquelle vit déjà un couple d'amis.
Sauf que tout ne va pas se passer comme prévu, mais une chose est sûre : Paul va vivre une aventure qui changera sa vie de façon radicale.


La bande annonce du film est particulièrement bien faite, elle est intrigante, plante le décors sans trop en dire, et ne reflète qu'une facette du film qui est bien plus riche (il dure d'ailleurs un peu plus de deux heures).
Pour ce premier film vu en 2018, c'est une belle surprise, j'ai particulièrement apprécié la mise en scène et les effets spéciaux qui non seulement sont très bien faits mais ne se ressentent absolument pas à l'écran.
Miniaturiser des acteurs n'est jamais une chose aisée, ici le procédé passe comme une lettre à la poste, à tel point que j'ai parfois oublié que le personnage était désormais un modèle réduit d'environ 12 cm.
Tourné en grande partie en Norvège, le film offre aussi des paysages à couper le souffle.
Et une réflexion sur l'écologie et l'impact de l'Homme sur la planète.
"Downsizing" est clairement un film écolo, c'est en tout cas le point de départ des travaux des scientifiques qui cherchent à réduire l'impact de l'Homme sur la planète, prédisant une fin proche de l'espèce humaine.
Sauf que cette bonne et généreuse idée de départ n'a pas anticipé les travers qu'un tel mode de vie pouvait engendrer - au final, que l'on soit petit ou grand certains cherchent des combines pour trouver de l'argent et exploiter des gens, la misère est toujours présente et cachée -, l'idéologie de départ vire même en secte.
Limite le message final véhiculé pourrait être pessimiste, mais le film se conclut tout de même sur une note d'espoir grâce à la générosité de certaines personnes vis-à-vis des plus démunis, l'espèce humaine à taille réelle ou réduite n'est donc pas entièrement pourrie.


Outre l'aspect écologique du scénario, ce film équivaut aussi au genre littéraire du roman picaresque, grâce au personnage de Paul Safranek.
Paul est un gentil garçon, honnête, un peu pathétique comme lui fait remarquer son excentrique voisin Dusan (excellent Christoph Waltz), qui au travers de son périple plutôt pittoresque va croiser diverses couches de la population et changer son regard sur la vie.
Et tout cela grâce à une femme, Ngoc Lan Tran (Hong Chau), une Vietnamienne emprisonnée dans son pays et réduite de force qui va filer une sacrée leçon de vie (et de courage) à Paul.
C'est sans doute ce qui m'a le plus plu dans ce film, l'évolution du personnage de Paul, son ouverture d'esprit sur le monde et sur les autres, et arrêter de se concentrer uniquement sur soi.
Le casting est une franche réussite, Matt Damon est excellent dans son interprétation, tout comme Christoph Waltz, et la révélation du film est sans nul doute Hong Chau qui tient la dragée haute à ses collègues masculins.
Il y a une flopée de seconds rôles qui donnent une profondeur au film (Laura Dern dans sa baignoire), je n'ai pas vu le temps passer dans mon fauteuil.
Je ne trouve vraiment rien à redire à ce film qui tient toutes ses promesses et offre un beau moment de spectacle.


"Downsizing" est un grand film de ce début 2018, mon conseil est de courir le voir et de se laisser réduire - et séduire - par celui-ci !


       
     

       
     

dimanche 21 janvier 2018

Breaking the wall de Claire Gratias


Berlin, juillet 1989. À l'Est, Markus Schloss se mure brutalement dans un silence incompréhensible et rumine un passé douloureux. À l'Ouest, Klaus Weber accepte pour la première fois de raconter son histoire à une documentariste française. À la croisée de leurs deux destins, une même jeune fille, Anna, dont le Mur a brisé les rêves. Et pour tous les trois, l'ombre de la trahison et la volonté de comprendre. (Syros)

Mon regard a été attiré par ce livre sur un présentoir de la bibliothèque, l'histoire et le thème m'ayant intéressée je l'ai donc emprunté.
L'histoire alterne entre plusieurs récits, d'abord en 1989 avec du côté Est Markus, victime d'un accident vasculaire cérébral, et du côté Ouest Klaus, racontant pour la première fois comment il a pu passer d'un côté à l'autre à une documentariste Française; puis avec le journal intime d'Anna, plusieurs années en arrière, une jeune femme que les deux hommes ont connu et dont le Mur a brisé ses rêves.
L'introduction du récit est mystérieuse, elle ne prendra un sens qu'à la fin, et comme moi vous irez sans doute la relire pour l'apprécier pleinement.
J'ai beaucoup apprécié cette histoire, d'abord parce qu'elle se passe en Allemagne en 1989, quelques jours avant la chute du Mur, un événement qui m'a marquée enfant, mais aussi parce qu'il est plutôt rare de trouver - en tout cas pour ma part - en littérature des romans traitant de la vie à cette époque à la fois du côté Est et du côté Ouest.
Ce roman a le mérite de proposer les deux points de vue ainsi que d'aborder la police secrète régnant à l'Est et espionnant toute la population pour notamment éviter les fuites à l'Ouest.
Klaus a pu fuir, mais le prix à payer fut cher et aujourd'hui, comme beaucoup d'autres, il rêve de la chute du mur et d'une réunification des deux côtés : "Je trouve que l'Allemagne a payé bien cher le prix de la Seconde Guerre mondiale. Depuis vingt-huit ans, elle souffre dans sa chair et doit continuer à vivre coupée en deux, déchirée par une blessure qui ne guérit pas.".
Au milieu de ces hommes il y a Anna, dont le récit est proposé par le prisme de son journal intime, une jeune femme touchante avec ses rêves et ses envies, mais dont le destin sera lui aussi cruel à cause du Mur et de la Stasi.

Ce roman jeunesse a reçu plusieurs prix littéraires historiques, c'est amplement mérité car le sujet est très bien traité, complètement à la portée d'un public jeune, et les personnages sont attachants.
J'ai apprécié la construction narrative ainsi que le style de Claire Gratias, je ne regrette absolument pas de l'avoir emprunté en grande partie pour sa couverture et son titre rappelant la chanson "The Wall" de Pink Floyd, cela m'a permis de découvrir cette auteur jeunesse dont je chercherai à lire d'autres romans.
J'ai trouvé tout à fait ce que je cherchais dans ce récit qui, mine de rien, est bien documenté sur les conditions de vie à Berlin Est.
Même si une bonne partie de l'histoire est dramatique, l'auteur réussit à finir sur une forme de note d'espoir, je trouve cela appréciable et pas forcément évident de prime abord étant donné le thème traité.
Au passage, ce n'est pas la première fois que je lis un roman édité chez Syros et je constate à chaque fois que cette maison d'édition propose des auteurs et des textes de qualité, à recommander pour tous ceux, notamment les adolescents, qui chercheraient une bonne maison d'édition jeunesse pour y piocher leurs prochaines lectures.

Je conseille la lecture de "Breaking the wall" de Claire Gratias à tous ceux, jeunes ou moins jeunes, cherchant un récit historique sur le Mur de Berlin et la vie du côté Est de la fin des années 60 à la chute du Mur.

samedi 20 janvier 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 6 de Keiji Nakazawa


Trois années ont passé depuis que la bombe atomique a ravagé Hiroshima ; les survivants tentent de reprendre le cours d'une vie qui, si elle n'aura plus jamais rien de " normal ", doit néanmoins continuer. Plus que jamais dans ce nouveau volume, Gen et ses compagnons sont les témoins des fossés qui divisent et déchirent le peuple japonais : victimes de la bombe qui effraient ceux que l'explosion a épargnés ; sans-abris qui côtoient les profiteurs et les mafieux enrichis par la guerre. (Vertige Graphic)

Ce sixième tome de "Gen d'Hiroshima" se déroule du printemps 1948 à l'été 1949, soit une période de temps plutôt courte mais marquant un tournant dans le Japon d'après-guerre.
La situation est toujours très tendue, la nourriture manque, les yakuzas profitent de plus en plus du système, mais la révolte gronde au sein de la population qui n'hésite plus à se rebeller, une agitation sociale gagne les villes et les travailleurs.
Dans le même temps, c'est la montée du communisme en Chine, et les Américains n'ont qu'une seule crainte : que cette idéologie gagne le Japon.
C'est pourquoi des dialogues s'instaurent entre les Américains et les Japonais pour rétablir la situation.
Gen a onze ans, il a mûri mais ses tribulations ne sont pas finies pour autant, la vie est difficile, la rancœur est tenace vis-à-vis de ceux ayant voulu la guerre et des Américains pour les bombes atomiques lâchées sur le Japon : "C'est sur ceux qui ont oublié nos souffrances ... qui ont déclenché la guerre et qui mènent encore la belle vie qu'il faut jeter des pierres !".
La mère de Gen est gravement malade, elle ne peut que constater, affaiblie, les efforts de ses enfants et de leurs amis pour lui rendre la vie plus facile et la soigner : "C'est si dur ! Si injuste ! Dire que des enfants subissent tout cela à cause d'une bombe ! Leur vie est bien dure ... si dure.".
Survivre reste donc un combat quotidien face à l'injustice et la misère.

Sans doute fallait-il cet ouvrage pour se rendre compte des souffrances endurées par les Japonais, des difficultés de survie dans les années d'après-guerre et de la mise au ban de la société des victimes des deux bombardements atomiques.
Plusieurs années ce sont passées mais des maladies continuent toujours de se déclarer, tandis que les personnes brûlées sont traitées comme des pestiférés.
Au hasard d'une déambulation, Gen va sauver du suicide une jeune femme dont il a croisé le chemin dans les jours ayant suivi le bombardement d'Hiroshima : Natsue, brûlée au visage et dont la carrière de danseuse s'est stoppée net en 1945.
Natsue n'en peut plus de cette vie, elle ne cherche qu'à mourir, pourtant Gen va l'emmener vivre avec ses amis et finit par lui montrer qu'il y a pire situation que la sienne, et que les gens n'abandonnent pas mais cherchent au contraire à s'en sortir malgré tout.
Une claque nécessaire pour Natsue, mais aussi pour Katsuko, elle aussi marquée par les brûlures sur son corps.
Des vies brisées, il n'y a presque que cela dans cette série, mais des vies qui se reconstruisent malgré tout et portent l'espoir d'une vie meilleure.
Dans les années qui ont suivi les bombardements atomiques les suicides ont été monnaie courante, particulièrement chez les femmes.
J'ai aussi été marquée par les choses que des enfants ont dû faire pour survivre, à l'image de Ryûta qui n'hésite pas à voler un clan de yakuza pour permettre à la mère de Gen d'être hospitalisée, ce qui lui vaudra la maison de correction pendant plusieurs mois.
Les enfants devaient devenir des adultes et assumer des tâches et la survie de leur famille ou de ce qu'il en restait, voilà ce qui frappe à la lecture de cette histoire.
Les dessins pourraient laisser penser que les personnages ne grandissent pas, il n'y a pas de modification frappante dans l'apparence de Gen, mais les années qui s'écoulent se ressentent dans les propos et les attitudes des personnages.

En tout cas ce récit me tient toujours autant à cœur et c'est avec beaucoup d'émotion que je suis le devenir de Gen dans le Japon d'après-guerre, avec un sixième tome aussi riche en émotions que les précédents.

jeudi 18 janvier 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 5 de Keiji Nakazawa


Hiver 1947-1948. Tandis que Gen se remet de la perte de sa jeune sur, il fait bientôt une nouvelle découverte qui va le bouleverser : les Américains, loin de chercher à soigner les victimes des radiations, sen servent comme cobayes. (Vertige Graphic)

Avec ce cinquième tome de "Gen d'Hiroshima", l'action se déroule de l'automne 1947 au printemps 1948, soit quelques mois, les conditions de vie sont toujours aussi difficiles pour les Japonais d'autant qu'ils vont bien vite découvrir que les Américains les utilisent comme cobayes comme vérifier les effets des bombes atomiques plutôt que de chercher à les soigner.
Comme le dit si bien Gen : "La guerre est pas finie ! Pour nous elle durera toujours ! On l'oubliera pas !", et c'est effectivement bien le cas avec des personnes qui luttent chaque jour pour trouver de quoi manger tout en développant des maladies mystérieuses que personne ne sait soigner pour certaines personnes de Nagasaki et Hiroshima qui semblaient épargner par les effets de la bombe jusque-là : "La guerre du Pacifique prit fin avec l'explosion de la bombe atomique mais la peur engendrée par les radiations fut à l'origine d'un nouveau combat pour ceux qui y furent exposés. L'administration Américaine interdisait formellement toute information au sujet de la bombe. Les cris de douleur de ses 300 000 victimes furent étouffés.".
Et plutôt que de les soigner, les Américains se contentent de faire des relevés et d'étudier les cadavres pour apprendre et découvrir les effets de ces bombes.
Autant dire que cela ne fait qu'exacerber l'amertume des Japonais face aux occupants.

Gen et sa famille vont de nouveau être frappé par le sort, la mère de Gen qui jusque-là ne semblait pas trop atteinte par les radiations de la bombe se met à vomir du sang et tombe gravement malade.
Le mot d'ordre est alors de trouver de l'argent pour la faire hospitaliser, tandis que des orphelins tentent de survivre, quitte à devenir yakusa.
C'est l'amertume qui prédomine dans ce tome, celle des difficultés de la vie quotidienne mais aussi celle face aux conséquences de la bombe qui continue de marquer les gens dans leur chair et surtout celle envers les Américains qui ne font qu'utiliser les personnes comme cobayes.
Pour Gen, encore enfant, le constat est amer : les mêmes personnes, haut placées, qui ont souhaité la guerre se déclarent aujourd'hui pacifistes et continuent de bien vivre et s'enrichir tandis que d'autres souffrent : "Papa avait raison ! Quelques riches ont fait la guerre en disant que c'était pour le pays ou pour l'empereur mais c'est nous et Ryûta qui souffrons ! Les responsables de la guerre et leurs complices vivent toujours bien ! Les responsables de la bombe aussi ! On devrait les punir pour qu'ils recommencent plus jamais !".
Ce fut une réalité historique, malgré les purges faites par l'armée Américaine et le procès qui s'est tenu pour les criminels de guerre (l'équivalent du procès de Nuremberg pour le Pacifique), certaines personnes ont toujours accès au pouvoir.
C'est aussi l'époque des rumeurs qui envahissent le pays vis-à-vis des forces d'occupation et de leur attitude envers les victimes des deux bombardements atomiques.
J'aime tout particulièrement la solidarité qui se crée entre les jeunes personnages, ils s'entraident, n'hésitent pas à faire les quatre cents coups et font parfois preuve de maturité, même s'ils demeurent des enfants.
De façon implicite est également abordée la problématique des brûlés par les radiations qui portent sur eux les stigmates de la bombe et sont rejetés par le restant de la population, à l'image de cette petite fille qui retourne dans l'école uniquement la nuit.
Une triste réalité encore d'actualité pour ceux que l'on nomme les hibakusha.
L'horreur n'est sans doute plus dans les dessins, quoi qu'il soit régulièrement fait référence aux scènes d'apocalypse juste après la bombe d'Hiroshima, mais elle est dans le quotidien, entre les privations, les maladies, les profiteurs.

Ce témoignage est tout simplement bouleversant et c'est toujours avec autant d'émotion que je le découvre, "Gen d'Hiroshima" est décidément une grande oeuvre littéraire indispensable.

mardi 16 janvier 2018

Le chameau sauvage de Philippe Jaenada


Halvard Sanz, gentil garçon naïf, découvre la notion de problème, s'en inquiète, puis, en désespoir de cause, se rassure. (J'ai lu)

Halvard Sanz est un gentil garçon, il est même bien brave comme on dit, et dans ma bouche (ou sous mes doigts) ceci n'est pas un compliment, loin de là.
Halvard est naïf, mais d'une naïveté qui m'a agacée plutôt qu'attendrie, il vit comme ça, au jour le jour : "La vie est belle, peut-être, pleine de moments magnifiques, faciles à vivre, de plaisirs faciles à atteindre, mais je ne me rends compte de rien.", puis rencontre Pollux Lesiak et décide que c'est la femme de sa vie, sauf que celle-ci s'évapore.
Pendant un an il va un peu la chercher, coucher à droite à gauche tout en se rappelant que Pollux est la femme de sa vie : "Je m'y prenais sans doute maladroitement - aller chercher l'âme d'une femme entre les jambes de toutes les autres, ce n'est sans doute pas la bonne méthode - mais il fallait bien que je fasse quelque chose. On ne peut pas rester sans rien faire. On ne peut pas s'arrêter.", puis faire le point sur sa lamentable vie : "J'avais rencontré Pollux Lesiak un an plus tôt, j'avais décidé de changer après l'avoir perdue, et en un an, je m'étais transformé en un lamentable automate. C'était réussi, ma fuite. Un triomphe. Splendide. Je ne m'intéresse plus à personne et je n'intéresse plus personne. Un bilan remarquable.", et continuer ainsi, en attendant de recroiser peut-être Pollux Lesiak.

Si Halvard est pitoyable à mes yeux, ce livre l'est tout autant.
Premier roman de Philippe Jaenada je ne comprends pas comment il a pu être primé, car je n'y ai vraiment rien trouvé d'innovant ni justifiant le devenir de cet auteur.
L'histoire aurait pu m'intéresser mais je n'ai pas franchement apprécié la construction (i.e la course pour retrouver celle que l'homme a décrété comme femme de sa vie) et surtout pas du tout le personnage de Halvard.
Je n'ai rien trouvé dans ce personnage qui m'a permis de m'y intéresser un tant soit peu, je n'apprécie ni sa façon d'être ni ses raisonnements, c'est tout à fait le genre de personnage littéraire à qui j'ai envie de coller une baffe.
A partir de là difficile d'apprécier la lecture, dont le récit a par moment tendance à stagner quand j'attendais un peu plus de rebondissement.
Le style ne m'a pas non plus marquée, en prime je trouve qu'il fait un peu vieillot et rappelle vraiment les années 90, année de sa parution.
Je n'ai pas trouvé l'histoire drôle ou loufoque, je n'ai à aucun moment souri alors que le résumé pouvait le laisser penser.
Je comprends que ce livre de Philippe Jaenada soit plutôt méconnu, il n'a vraiment rien de transcendant et en cela comporte une bonne partie des défauts d'un premier roman.
Quant au chameau sauvage ... et bien il faut attendre les dernières pages pour avoir l'explication du titre du roman et de la présence d'un chameau sauvage, sincèrement cela arrive bien trop tardivement et pour ma part cela ne va absolument pas changer ma vision de la vie comme vanté par la quatrième de couverture.
Allez, seul point positif : j'aime bien la couverture de l'ancienne édition.

Je vais plutôt m'empresser d'oublier "Le chameau sauvage" ainsi que son auteur et reléguer cette lecture dans la catégorie des accidents.

dimanche 14 janvier 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 4 de Keiji Nakazawa


Dans ce quatrième volume de la saga Gen, les membres rescapés de la famille Nakaoka sont enfin réunis. L'action, moins condensée que dans les trois volumes précédents, se déroule sur deux années, qui correspondent aux débuts de l'occupation américaine et à la découverte des conséquences mortelles des radiations nucléaires. Dans un pays en ruines où règnent désormais le non-droit et la loi du plus fort, le jeune Gen continue d'inventer, pour lui, sa famille et ceux qui croisent leur chemin, des moyens de survie. (Vertige Graphic)

Contrairement aux précédents volumes, celui-ci a une histoire moins condensée puisqu'elle se déroule sur deux années, de septembre 1945 à septembre 1947, marquant ainsi la fin de la guerre et les débuts de l'occupation du Japon par l'armée Américaine.
Le Japon a capitulé, dans les conditions que l'on connaît, et l'armée Américaine occupe désormais le territoire, en charge de rétablir un gouvernement, de veiller au rétablissement de conditions économiques respectant le traité signé, mais aussi de veiller au rapatriement des Japonais étendus sur plusieurs pays et, dans une moindre mesure, de s'occuper de la reprise de l'agriculture et de s'assurer que chacun a suffisamment accès aux aliments esssentiels.
Comme l'on pourrait s'en douter, l'armée d'occupation ne s'intéresse pas à ce point pourtant essentiel, ce qui fait que la population Japonaise vit dans des conditions déplorables: manque de blé, de riz, d'accès aux biens de première nécessité, aux soins, et où la plupart des endroits ont subi de graves dégâts causés par les bombardements, notamment ceux atomiques.
Le ressentiment de la population Japonaise est donc fort vis-à-vis des occupants, en particulier pour le jeune Gen : "Je comprends ce que tu ressens. Moi aussi je voudrais leur faire payer ce qu'ils nous ont fait. Mais on ne peut rien faire. Nous avons perdu. On ne peut qu'oublier et continuer à vivre."

Si les tomes précédents montraient déjà un Gen se débrouillant par tous les moyens possibles pour faire vivre sa famille, celui-ci montre que c'est le cas dans toutes les familles ou presque, certaines femmes n'hésitant pas à troquer leurs charmes pour quelques biens de première nécessité, et certains soldats n'hésitant pas à se servir directement voire même à violer des femmes.
La guerre n'est jamais belle mais l'après-guerre non plus.
Il est aussi question des yakusas, ces clans de mafieux qui vont profiter des ruines du Japon pour s'imposer et bâtir leur fortune, quitte à engager de nombreux orphelins errants dans les ruines pour accomplir les basses tâches, destin qui attend le jeune et attachant Ryûta.
Après être apparu comme des guerriers sûrs d'eux et de leur domination sur le monde asiatique, les Japonais se présentent désormais comme pacifistes.
Force est de constater une nouvelle fois toute la puissance de cette œuvre dans un récit qui se lit d'une traite et offre une vision différente du Japon, une vision qui permet de rendre compréhensible ce pays, entre ce qu'il a été avant guerre, pendant puis après la guerre.
J'ai été touchée par les conditions de vie de Gen et de sa famille, et plus généralement des Japonais à cette époque.
Le personnage de Gen est vraiment très attachant, à la fois petit garçon espiègle et joueur mais aussi plus posé et prêt à tout pour aider sa famille et d'autres enfants.
C'est l'une des choses un m'a le plus frappée dans cette histoire, bien que miséreuse la famille de Gen n'hésite pas à aider d'autre orphelins en leur offrant un toit ou à manger, ainsi que de l'affection.
Voici une belle preuve de solidarité, ce qui n'était pas monnaie courante au Japon à cette époque.
Et puis le temps a beau commencé à passer, les horreurs de la bombe sont toujours présentes et s'ancrent dans le quotidien des rescapés, c'est aussi ce qui ressort de cette histoire.

Ce quatrième volume de "Gen d'Hiroshima" est tout aussi passionnant que les précédents et permet même à l'histoire de prendre une autre dimension en s'inscrivant définitivement dans la grande ainsi en dans les œuvres majeures de la littérature sur la Seconde Guerre Mondiale.

lundi 8 janvier 2018

Black Out de Brian Selznick


L’histoire de deux enfants, l’une en mots, celle de Ben, l’autre en images, celle de Rose, qui, à deux époques différentes, partent en quête d’identité dans la ville de toutes les passions : New York. Ben, parce qu’il découvre une nuit, dans la maison de sa défunte mère, un livre sur les musées avec une dédicace : « Pour Danny, de tout mon cœur, M », décide de partir à la recherche de son père. 
Rose, une jeune sourde-muette, parce qu’elle ne supporte plus de vivre chez son tuteur, part retrouver sa mère, actrice. (Bayard Jeunesse)

Peu après avoir vu le film "Le musée des merveilles", je me suis précipitée en bibliothèque pour emprunter le roman dont il est tiré, et bien je ne regrette pas car le livre est tout aussi beau que le film.
Le livre est imposant : un peu plus de 600 pages, mais il se lit extrêmement vite car les seules parties écrites concernent le récit de Ben; le récit de Rose, sourde et muette, étant constitué de dessins de l'auteur.
Les deux époques s'alternent, jusqu'à ce que le destin réunisse Rose et Ben à New York, et que Ben trouve enfin les réponses à ses questions sur son père : "En réfléchissant aux différents maillons qui l'avaient mené jusqu'ici, Ben s'émerveilla qu'on puisse en remonter la chaîne, comme sur une carte de chasse au trésor, à partir d'un livre, d'une tortue et d'un cabinet provenant d'une ancienne exposition, pour arriver à Walter, à Rose, à Danny, à Elaine et, enfin, à lui.".
Le chemin sera long et parsemé d'embûches, mais c'est un voyage qui vaut le coup, aussi bien pour Rose à son époque que Ben à la sienne.
J'ai été touchée par l'histoire de ces deux personnages que la vie n'a pas épargné : Rose parce qu'elle est sourde et muette mais surtout rejetée par sa mère, une célèbre actrice, et mal aimée par son père; Ben car il vient de perdre sa mère dans un tragique accident et qu'il ne sait rien de son père, sa mère ayant toujours refusé de lui en parler.
A noter que Ben est également sourd d'une oreille, et que suite à un coup de foudre il va perdre l'ouïe à sa deuxième oreille.
L'auteur a pris soin de se renseigner sur le monde des sourds et muets, les perceptions qu'ils ont du monde, ce qu'ils ressentent, comment ils s’épanouissent dans le vie et appréhendent le monde; mais aussi comment il est possible de perdre définitivement l'ouïe avec l'orage et plus particulièrement la foudre(et donc pour cela il faut déjà être sourd d'une oreille).
Malgré la tristesse de l'histoire, il y a aussi des moments de joie, la naissance d'une belle amitié, et de nouvelles rencontres qui vont changer la vie de Ben.
Comme quoi tout espoir n'est pas perdu et que "Nous sommes tous au fond du trou, mais certains regardent les étoiles".
Le graphisme du livre est magnifique, j'ai aussi pu apprécier à quel point le film était fidèle au roman, tout y est : la chanson "Space Oddity", le cabinet des merveilles, les déambulations dans New York à travers le musée d'histoire naturelle et la maquette de la ville, et si la fin n'est pas différente je trouve qu'elle passe mieux à la lecture et n'a pas ce côté abrupt que l'on peut ressentir à la fin du film.

La lecture de "Black Out" fut un véritable moment de plaisir, belle découverte de cet auteur dont je lirai les autres romans qui se prêtent apparemment très bien aux adaptations cinématographiques.

dimanche 7 janvier 2018

Paddington 2 de Paul King

       
     
Paddington coule des jours heureux chez les Brown, sa famille d’adoption, dans un quartier paisible de Londres, où il est apprécié de tous. Alors qu’il recherche un cadeau exceptionnel pour les cent ans de sa tante adorée, il repère un magnifique livre animé, très ancien, chez un antiquaire. Pas de temps à perdre : il enchaîne les petits boulots pour pouvoir l’acheter ! Mais lorsque le précieux ouvrage est volé, Paddington est accusé à tort et incarcéré. Convaincus de son innocence, les Brown se lancent dans une enquête pour retrouver le coupable. (AlloCiné)


Paddington est de retour !
Je suis littéralement tombée sous le charme de cet ours gourmand, gaffeur, drôle et si attachant; c'est donc sans hésitation que j'ai filé voir ce deuxième opus dans les salles obscures.
Et bien non seulement c'est toujours aussi bien, mais c'est même encore mieux et ces nouvelles aventures de Paddington pourraient surpasser le premier volet !
Désormais Paddington vit avec les Brown et coule des jours paisibles dans cette famille, faisant également le bonheur des habitants du quartier, sa seule préoccupation étant de trouver un cadeau pour l'anniversaire de sa tante.
Et le cadeau idéal, Paddington le trouve, le seul petit hic, c'est que ce livre sur Londres coûte très cher, Paddington va enchaîner les emplois pour gagner de l'argent.
Mais ce que l'ours ne sait pas, c'est qu'un comédien sur le retour convoite ce livre qui révélerait où un trésor a été caché, et que lorsque ce dernier le vole dans un magasin d'antiquités c'est Paddington qui est arrêté et envoyé derrière les barreaux.


Paddington continue d'enchaîner les mésaventures, après avoir traité de la tolérance et de l'acceptation d'autrui, ce film traite de l'innocence mais aussi de la facilité avec laquelle certaines personnes se détournent des autres dès que celles-ci se trouvent accusées d'avoir commis quelque chose.
Fort heureusement pour lui, Paddington est optimiste et plein de sagesse, il s'évertue à ne jamais se départir de sa joie de vivre et cherche à voir le meilleur en chacun, ce qui lui sera d'une grande aide en prison.
Non seulement ce film véhicule un beau message de tolérance mais il est aussi très drôle.
Certaines scènes font sourire tandis que d'autres franchement rire aux éclats (ah la cantine en prison !).
Paddington est d'une fraîcheur savoureuse, il est innocent et parfois naïf mais il a bon cœur et il fait fondre tout le monde.
Le scénario aurait pu être simpliste mais il amène du rebondissement, je le trouve bien élaboré alors que parfois ce genre de film se contente d'aligner les situations comiques.
Outre mon attachement à Paddington, j'aime aussi la famille des Brown, une famille soudée dans laquelle il y a toujours une personne pour rappeler aux autres ce qu'il convient de faire.
Le casting est le même que dans le premier opus, je trouve les comédiens particulièrement bons dans leur rôle et convenant très bien aux personnages.
Si dans le précédent opus Nicole Kidman campait une méchante taxidermiste, ici c'est Hugh Grant qui joue le méchant comédien faisant emprisonner Paddington et cherchant à faire main basse sur le trésor.
Le comédien livre ici une prestation jouissive doublée d'autodérision, j'ai même l'impression que c'est le rôle qui l'a le plus amusé ces dernières années.
Et puis ce film est aussi un prétexte pour se promener dans Londres, cette ville si fascinante à découvrir de jour comme de nuit, à tel point que j'ai bien envie d'y retourner.
Pour tout dire, j'ai même très envie de découvrir les aventures de Paddington en littérature, et qu'importe mon âge !


"Paddington 2" est un excellent film de fin d'année qui plaira aux petits comme aux grands et que je recommande donc vivement !


       
     

       
     

       
     

samedi 6 janvier 2018

Deux sœurs pour un roi de Philippa Gregory


Introduite au palais de Westminster, à l'âge de 14 ans, Marie Boleyn est séduite par le roi Henri VIII auquel elle donnera deux enfants. D'abord éblouie par le jeune souverain, elle comprend très vite qu'elle sert d'appât au milieu des complots dynastiques. Quand l'intérêt du roi pour elle s'émousse, le clan Boleyn demande à sa soeur et rivale, Anne, de le séduire à son tour. (Editions l'Archipel)

Les sœurs Boleyn ont décidément beaucoup inspiré les œuvres de fiction : leur soi-disant rivalité, leurs amours, leurs scandales, leur diabolique famille.
Philippa Gregory s'attaque ici à la rivalité entre Marie et Anne Boleyn : "Je suis née pour être votre rivale, répliqua-t-elle posément, et vous, la mienne. Nous sommes sœurs, n'est-ce pas ?", toutes deux ayant été la maîtresse de Henri VIII, l'une lui ayant donné deux enfants illégitimes, l'autre ayant accédé au trône après son mariage et la rupture avec Rome, qui laissera une fille, future reine d'Angleterre, et dont le destin sera tragique.

C'est très manichéen : la gentille blonde et la méchante brune, l'oie blanche et la renarde calculatrice.
La famille Boleyn est présentée comme calculatrice, n'hésitant pas à pousser les filles dans le lit du roi pour s'obtenir de bonnes grâces : "Ma famille jugeait la situation idéale : la nuit, le roi possédait dans son lit la Boleyn féconde; le jour, la Boleyn intelligente évoluait à son bras et le conseillait.", et sans égard face à la candide Marie qui raisonne avec son coeur plus qu'avec sa tête : "Vous sourirez, même avec un cœur brisé, car vous êtes une femme, une courtisane et une Howard, ce qui fait de vous, trois fois, la créature la plus dissimulatrice de la création.".
L'histoire est racontée par Marie, celle-ci apparaît très contrastée par rapport à sa sœur, elle ressent des émotions contrairement à Anne qui est présentée comme un coeur de pierre : "Vous n'êtes que passion, sentiments et désir : cela me rend furieuse.".
C'est une représentation très facile, trop facile même, car la réalité était sans doute plus nuancée que cela.
Et il est facile de faire apparaître Anne comme une manipulatrice croqueuse d'homme, couchant avec son frère lui-même attiré par des hommes; et Henri VIII comme un monarque cruel, versatile et coléreux, dont l'Histoire ne retient essentiellement que ses épouses et leur triste sort.
Mais voilà, il fallait bien raconter une histoire et que le lecteur s'attache à l'un des personnages, Marie en l’occurrence, la seule gentille avec un cœur de toute cette galerie de courtisans vils flatteurs pour obtenir quelques grâces royales.
"L'erreur n'a point sa place à la cour.", si Marie arrive toujours à s'en sortir grâce à sa bonne nature il n'en va pas de même pour Anne qui connaîtra le sommet de la gloire et dont la chute sera inversement proportionnelle à son ascension.
Je connais assez bien l'histoire des Boleyn et de la cour de Henri VIII, autant dire que l'auteur s'est permise de prendre des libertés par rapport à la réalité historique mais étrangement cela passe ainsi.
C'est un peu le mystère de cette lecture, l'histoire n'est pas franchement originale, le style n'est pas flamboyant, mais ça se lit bien et vite malgré le nombre de pages.
Je n'approfondirai sans doute pas cette lecture en regardant l'adaptation cinématographique qui en a été faite, là encore de nombreuses libertés ont été prises.

"Deux sœurs pour un roi" reste une lecture de divertissement qui se lit bien malgré un manque de profondeur et de nombreuses facilités.


vendredi 5 janvier 2018

Preview ciné 2018 - Clap 2


Abordons maintenant les adaptations littéraires au cinéma en 2018 et les films que je redoute, certains étant liés.

Et pour commencer, parlons de "Ready Player One" de Steven Spielberg adapté du roman du même nom et dont la bande annonce laisse craindre le pire, en tout cas le film ne semble pas aux premières images être à la hauteur du roman :

       
     

J'hésite sur "The Greatest Showman", la balance penche plutôt pour aller voir le film.

       
     

"Annihilation" a également été porté à l'écran et devrait sortir au printemps 2018, malheureusement pas sur les écrans semble-t-il.

       
     

"Call me by your name" s'annonce comme une adaptation littéraire à guetter lors de sa sortie en France.

       
     

L'une des premières adaptation à venir, "L'échappée belle" :

       
     

Autre adaptation prévue en 2018, "Un raccourci dans le temps" :

       
     

Jean Becker a adapté "Le collier rouge", sortie prévue au printemps en 2018, et voilà pour un rapide tour des adaptations littéraires à venir au cinéma en 2018.

jeudi 4 janvier 2018

Dans la forêt de Jean Hegland


Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses. (Gallmeister)

Elles sont deux, Nell et Eva, soeurs, seules dans leur maison dans la forêt.
Il y a eu quelque chose, quelque chose qui a bouleversé le monde : guerre, épidémie, nul ne le sait vraiment, mais le monde d'aujourd'hui est plus dangereux que celui d'hier, même dans la forêt : "Nous sommes cernées par la violence, par la colère et le danger, aussi sûrement que nous sommes entourées par la forêt.".
Nell et Eva ont hésité, entre rester ou partir : "Partir est moins insensé que rester ici.", elles ont finalement décidé de rester.
L'une a des rêves d'ailleurs et vit plongée dans ses livres, l'autre ne vit que pour la danse, elles sont différentes et complémentaires, se soutiennent autant qu'elles s'agacent : "Une part de moi a envie de lui crier dessus, de la critiquer, de lui reprocher le placard vide et la route démolie et toute ma solitude. Mais une autre frémit à la pensée d'un désaccord, et cherche désespérément à s'entendre avec la seule personne qu'il lui reste.".
Elles apprennent seule à survivre dans ce nouveau monde, à évoluer pour s'y adapter : "J'en avais assez de mes propres histoires, assez de les avoir vécues et assez d'avoir dû les traîner avec moi depuis si longtemps.", et à faire fi du passé pour mieux tenter de faire quelque chose du présent : "Nous essayons chacune de nous attaquer à la difficile tâche de se remémorer le plaisir du passé sans lui accorder d'importance dans le présent.".

J'attendais énormément de ce roman, publié aux excellentes et jamais décevantes éditions Gallmeister.
Sauf que la claque n'a pas été aussi forte et violente qu'avec "Station Eleven", sans doute aurait-il fallu que je le lise avant.
Ne vous méprenez pas, ce roman a des qualités, disons qu'il ne m'a pas autant touchée que l'autre précédemment nommé, et m'a paru moins crédible sur plusieurs aspects.
J'aime beaucoup les romans s'interrogeant sur la survie de l'humanité après une catastrophe, ici le lecteur ne peut que supputer sur ce qui s'est passé, des hypothèses sont émises mais la vérité n'éclate jamais, d'autant qu'il n'y a plus de moyens de communication.
Ce qui fait que les personnages sont eux-mêmes dans l'ignorance de ce qu'il est advenu, ils doivent réussir à survivre ou bien fuir pour aller ailleurs, là où peut-être un avenir serait possible, mais tout cela reste hypothétique car nul n'est revenu des endroits soi-disant meilleurs.
C'est également un roman d'ambiance, il y a cette forêt omni-présente, autour de la maison, mais aussi à l'intérieur de celle-ci, cette forêt source de vie mais aussi de crainte pour Nell et Eva.
Une forêt, c'est sombre, c'est mystérieux, c'est source de fantasme, ici elle finit par être le centre du monde des personnages, et par ricochet du lecteur qui se l'imagine très bien.
J'ai assez aimé les personnages de Nell et Eva, deux sœurs assez différentes et qui arrivent à composer ensemble pour se nourrir, se protéger, se soigner.
Ce qui m'a le plus gênée au cours de ma lecture, c'est qu'il y a des invraisemblances dans l'histoire, je veux bien croire à la chance du débutant mais lorsque l'une arrive à tuer du premier coup un animal sauvage et à le traîner jusqu'à la maison c'est un peu trop, tout comme les solutions viennent des livres.
Je ne suis pas persuadée que si l'on devait survivre on aurait autant de temps à consacrer à la lecture d'ouvrages sur les plantes ou de médecine, ni même que l'on aurait ces ouvrages directement à portée de main.
Malgré les mésaventures que connaissent les sœurs, je trouve qu'elles s'en sortent quand même trop facilement, quant à la fin elle me laisse un peu perplexe ... pourquoi pas, elle est symbolique, mais encore une fois est-elle tout à fait crédible avec la réalité ?
Je n'en suis pas persuadée, pourtant le propos de l'histoire est intéressant et bien traité dans son ensemble par l'auteur dont le style est agréable à lire.
J'ai également découvert que ce roman avait été adapté au cinéma avec Ellen Page et Evan Rachel Wood, malheureusement le film n'est pas sorti sur les écrans en France mais je suis curieuse de voir le résultat, car effectivement cette histoire se prête bien à une adaptation.

"Dans la forêt" est un angoissant roman post-apocalyptique qui, même s'il n'a pas su totalement me convaincre, se lit avec plaisir.


mercredi 3 janvier 2018

Preview ciné 2018 - Clap 1


Comme l'an passé, avant de dresser le bilan cinématographique de 2017 j'ai décidé de lorgner sur ce qui s'annonçait dans les salles obscures en 2018.

Commençons avec les films attendus et que j'irai certainement voir.

"Le grand jeu" d'Aaron Sorkin a su me convaincre par sa bande annonce, Jessica Chastain n'étant pas une mauvaise actrice, loin de là, cette histoire vraie m'intéresse.

       
     

"Downsizing" d'Alexander Payne est aussi très attendu, et à mon avis l'un des favoris pour la course aux Oscars.

       
     

J'ai vu il y a peu la bande annonce de "Si tu voyais son cœur" de Joan Chemla, vu le casting il est quasi obligé que j'aille le voir.

       
     

La question ne se pose pas vraiment pour "In the fade" de Fatih Akim, j'ai été saisie par la bande annonce et ce film est l'un des derniers de Cannes à ne pas être encore sorti sur les écrans.

       
     

"3 billboards, les panneaux de la vengeance" a de bonnes critiques, le titre a l'air curieux et le casting plutôt bon.

       
     

J'attends avec grande impatience "Wonder Wheel", le nouveau Woody Allen.

       
     

A noter également "La douleur", inspiré de la vie de Marguerite Duras pendant la Seconde Guerre Mondiale.

       
     

Guillermo del Toro promet du rêve avec "La forme de l'eau" :

       
     

Et je suis intriguée par ce film Hongrois, "La juste route", que j'irai sans doute voir si j'en ai l'occasion :

       
     

En 2018, de nombreux biopics sont prévus, notamment un sur Marie Curie et un sur Mary Shelley et son histoire d'amour jugée scandaleuse à l'époque.

La fin d'année 2018 sonnera aussi le retour de Mary Poppins, un film que j'appréhende autant que je l'attends.

Côté science-fiction, j'attends 2 films majeurs :
- le spin-off de Star Wars sur Han Solo
- le 2ème volet des "Animaux fantastiques"

En 2018 il y aura aussi quelques films post-apocalyptiques, je retiens celui de Wes Anderson "L'île aux chiens" :

       
     

Et un Français intitulé"Dans la brume" dont la bande annonce n'est pas encore disponible.

A noter qu'en 2018 sort "Mowgli", un film signé Andy Serkis et que la curiosité me poussera sans doute à aller voir.

Il y a encore d'autres films à venir, disons que j'ai fait ici une première sélection de ceux susceptibles de m'intéresser.