dimanche 14 janvier 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 4 de Keiji Nakazawa


Dans ce quatrième volume de la saga Gen, les membres rescapés de la famille Nakaoka sont enfin réunis. L'action, moins condensée que dans les trois volumes précédents, se déroule sur deux années, qui correspondent aux débuts de l'occupation américaine et à la découverte des conséquences mortelles des radiations nucléaires. Dans un pays en ruines où règnent désormais le non-droit et la loi du plus fort, le jeune Gen continue d'inventer, pour lui, sa famille et ceux qui croisent leur chemin, des moyens de survie. (Vertige Graphic)

Contrairement aux précédents volumes, celui-ci a une histoire moins condensée puisqu'elle se déroule sur deux années, de septembre 1945 à septembre 1947, marquant ainsi la fin de la guerre et les débuts de l'occupation du Japon par l'armée Américaine.
Le Japon a capitulé, dans les conditions que l'on connaît, et l'armée Américaine occupe désormais le territoire, en charge de rétablir un gouvernement, de veiller au rétablissement de conditions économiques respectant le traité signé, mais aussi de veiller au rapatriement des Japonais étendus sur plusieurs pays et, dans une moindre mesure, de s'occuper de la reprise de l'agriculture et de s'assurer que chacun a suffisamment accès aux aliments esssentiels.
Comme l'on pourrait s'en douter, l'armée d'occupation ne s'intéresse pas à ce point pourtant essentiel, ce qui fait que la population Japonaise vit dans des conditions déplorables: manque de blé, de riz, d'accès aux biens de première nécessité, aux soins, et où la plupart des endroits ont subi de graves dégâts causés par les bombardements, notamment ceux atomiques.
Le ressentiment de la population Japonaise est donc fort vis-à-vis des occupants, en particulier pour le jeune Gen : "Je comprends ce que tu ressens. Moi aussi je voudrais leur faire payer ce qu'ils nous ont fait. Mais on ne peut rien faire. Nous avons perdu. On ne peut qu'oublier et continuer à vivre."

Si les tomes précédents montraient déjà un Gen se débrouillant par tous les moyens possibles pour faire vivre sa famille, celui-ci montre que c'est le cas dans toutes les familles ou presque, certaines femmes n'hésitant pas à troquer leurs charmes pour quelques biens de première nécessité, et certains soldats n'hésitant pas à se servir directement voire même à violer des femmes.
La guerre n'est jamais belle mais l'après-guerre non plus.
Il est aussi question des yakusas, ces clans de mafieux qui vont profiter des ruines du Japon pour s'imposer et bâtir leur fortune, quitte à engager de nombreux orphelins errants dans les ruines pour accomplir les basses tâches, destin qui attend le jeune et attachant Ryûta.
Après être apparu comme des guerriers sûrs d'eux et de leur domination sur le monde asiatique, les Japonais se présentent désormais comme pacifistes.
Force est de constater une nouvelle fois toute la puissance de cette œuvre dans un récit qui se lit d'une traite et offre une vision différente du Japon, une vision qui permet de rendre compréhensible ce pays, entre ce qu'il a été avant guerre, pendant puis après la guerre.
J'ai été touchée par les conditions de vie de Gen et de sa famille, et plus généralement des Japonais à cette époque.
Le personnage de Gen est vraiment très attachant, à la fois petit garçon espiègle et joueur mais aussi plus posé et prêt à tout pour aider sa famille et d'autres enfants.
C'est l'une des choses un m'a le plus frappée dans cette histoire, bien que miséreuse la famille de Gen n'hésite pas à aider d'autre orphelins en leur offrant un toit ou à manger, ainsi que de l'affection.
Voici une belle preuve de solidarité, ce qui n'était pas monnaie courante au Japon à cette époque.
Et puis le temps a beau commencé à passer, les horreurs de la bombe sont toujours présentes et s'ancrent dans le quotidien des rescapés, c'est aussi ce qui ressort de cette histoire.

Ce quatrième volume de "Gen d'Hiroshima" est tout aussi passionnant que les précédents et permet même à l'histoire de prendre une autre dimension en s'inscrivant définitivement dans la grande ainsi en dans les œuvres majeures de la littérature sur la Seconde Guerre Mondiale.

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