jeudi 18 janvier 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 5 de Keiji Nakazawa


Hiver 1947-1948. Tandis que Gen se remet de la perte de sa jeune sur, il fait bientôt une nouvelle découverte qui va le bouleverser : les Américains, loin de chercher à soigner les victimes des radiations, sen servent comme cobayes. (Vertige Graphic)

Avec ce cinquième tome de "Gen d'Hiroshima", l'action se déroule de l'automne 1947 au printemps 1948, soit quelques mois, les conditions de vie sont toujours aussi difficiles pour les Japonais d'autant qu'ils vont bien vite découvrir que les Américains les utilisent comme cobayes comme vérifier les effets des bombes atomiques plutôt que de chercher à les soigner.
Comme le dit si bien Gen : "La guerre est pas finie ! Pour nous elle durera toujours ! On l'oubliera pas !", et c'est effectivement bien le cas avec des personnes qui luttent chaque jour pour trouver de quoi manger tout en développant des maladies mystérieuses que personne ne sait soigner pour certaines personnes de Nagasaki et Hiroshima qui semblaient épargner par les effets de la bombe jusque-là : "La guerre du Pacifique prit fin avec l'explosion de la bombe atomique mais la peur engendrée par les radiations fut à l'origine d'un nouveau combat pour ceux qui y furent exposés. L'administration Américaine interdisait formellement toute information au sujet de la bombe. Les cris de douleur de ses 300 000 victimes furent étouffés.".
Et plutôt que de les soigner, les Américains se contentent de faire des relevés et d'étudier les cadavres pour apprendre et découvrir les effets de ces bombes.
Autant dire que cela ne fait qu'exacerber l'amertume des Japonais face aux occupants.

Gen et sa famille vont de nouveau être frappé par le sort, la mère de Gen qui jusque-là ne semblait pas trop atteinte par les radiations de la bombe se met à vomir du sang et tombe gravement malade.
Le mot d'ordre est alors de trouver de l'argent pour la faire hospitaliser, tandis que des orphelins tentent de survivre, quitte à devenir yakusa.
C'est l'amertume qui prédomine dans ce tome, celle des difficultés de la vie quotidienne mais aussi celle face aux conséquences de la bombe qui continue de marquer les gens dans leur chair et surtout celle envers les Américains qui ne font qu'utiliser les personnes comme cobayes.
Pour Gen, encore enfant, le constat est amer : les mêmes personnes, haut placées, qui ont souhaité la guerre se déclarent aujourd'hui pacifistes et continuent de bien vivre et s'enrichir tandis que d'autres souffrent : "Papa avait raison ! Quelques riches ont fait la guerre en disant que c'était pour le pays ou pour l'empereur mais c'est nous et Ryûta qui souffrons ! Les responsables de la guerre et leurs complices vivent toujours bien ! Les responsables de la bombe aussi ! On devrait les punir pour qu'ils recommencent plus jamais !".
Ce fut une réalité historique, malgré les purges faites par l'armée Américaine et le procès qui s'est tenu pour les criminels de guerre (l'équivalent du procès de Nuremberg pour le Pacifique), certaines personnes ont toujours accès au pouvoir.
C'est aussi l'époque des rumeurs qui envahissent le pays vis-à-vis des forces d'occupation et de leur attitude envers les victimes des deux bombardements atomiques.
J'aime tout particulièrement la solidarité qui se crée entre les jeunes personnages, ils s'entraident, n'hésitent pas à faire les quatre cents coups et font parfois preuve de maturité, même s'ils demeurent des enfants.
De façon implicite est également abordée la problématique des brûlés par les radiations qui portent sur eux les stigmates de la bombe et sont rejetés par le restant de la population, à l'image de cette petite fille qui retourne dans l'école uniquement la nuit.
Une triste réalité encore d'actualité pour ceux que l'on nomme les hibakusha.
L'horreur n'est sans doute plus dans les dessins, quoi qu'il soit régulièrement fait référence aux scènes d'apocalypse juste après la bombe d'Hiroshima, mais elle est dans le quotidien, entre les privations, les maladies, les profiteurs.

Ce témoignage est tout simplement bouleversant et c'est toujours avec autant d'émotion que je le découvre, "Gen d'Hiroshima" est décidément une grande oeuvre littéraire indispensable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire