mercredi 14 janvier 2015
Le Rouge et le Noir de Djian, Toni Fezjula et Jocelyne Charrance d'après Stendhal
Tome 1 Jeune homme de dix-neuf ans d'origine modeste, mais instruit et ambitieux, Julien Sorel est engagé comme précepteur des enfants de M. de Rênal, maire de la ville de Verrières. Il parvient peu à peu à séduire Mme de Rênal, mais lorsque le fils de la jeune femme bourgeoise tombe gravement malade, elle croit au châtiment divin et est prise de remords. M. de Rênal ayant reçu une lettre anonyme dénonçant la liaison amoureuse de sa femme, le jeune précepteur est chassé de la maison.
Tome 2 Entré au séminaire de Besançon, Julien Sorel se voit proposer un poste de secrétaire à Paris, auprès de l'influent marquis de La Mole. Mathilde, la fille du marquis, tombe rapidement sous les charmes de Julien et informe son père de son désir de l'épouser. Ils sont sur le point de se marier quand le marquis reçoit une lettre de Mme de Rênal dénonçant l'immoralité de Sorel. Ce coup de théâtre va tout remettre en cause dans la vie déjà chaotique du jeune homme. (France Loisirs)
Je n'ai jamais vraiment compté lire "Le Rouge et le Noir" de Stendhal, à tort ou à raison, j'ai profité de cette version en bande dessinée pour découvrir l'oeuvre dont j'ai pu voir l'adaptation télévisuelle de Jean-Daniel Verhaeghe il y a quelques années.
Je ne sais pas si ça vient du fait que je l'ai lu en ayant un peu de fièvre et/ou en adaptation en bande dessinée, mais j'ai trouvé l'histoire assez complexe, difficilement compréhensible dans son intégralité au premier abord et avec de nombreuses ellipses et raccourcis dans l'intrigue.
J'ai quand même compris les grandes lignes de celle-ci et je dois bien dire que le personnage de Julien Sorel m'a laissée de marbre.
Il dégouline d'ambition ce jeune homme que j'en étais désolée pour lui, aujourd'hui on dit "avoir les dents qui raclent le parquet", il illustre très bien cette phrase.
Il vient d'un milieu très modeste et il a envie d'en découdre avec la bonne société, de s'y faire une place et un nom, le problème c'est qu'il ne brille pas en société et s'y illustre plutôt par ses maladresses.
Qu'à cela ne tienne !
Il va donc décider de séduire la femme de Monsieur de Rênal, la douce, belle et parfois naïve Louise de Rênal, qui va bien entendu succomber à la tentation et ensuite s'en repentir alors que son mari ayant reçu une lettre anonyme dénonçant cet adultère met tout en oeuvre pour éloigner le bel Apollon.
A sa décharge, je trouve que Madame de Rênal est la victime de l'histoire, à la fois de Julien mais aussi de ses principes et de sa rigueur morale qui la poussent dans un premier temps à éloigner son amant, et dans un deuxième à dénoncer son attitude à sa fiancée, ce qui provoque le drame final.
Cette femme est partagée entre sa raison et son cœur et contrairement à chez Jane Austen, c'est la raison qui l'emporte.
A noter qu'elle a en prime un époux tout à fait charmant qui n'hésite pas à la rabaisser à tout moment : "Vous parlez là comme une sotte que vous êtes ! Quel bon sens peut-on espérer d'une femme ? Jamais vous ne prêterez attention à ce qui est raisonnable.".
Julien part donc au séminaire à Besançon, il est bien évidemment haï de tous ses camarades jusqu'au jour où l'abbé Pirard lui propose de devenir le secrétaire du marquis de La Mole.
Deuxième tentative de briller dans le monde, deuxième échec et surtout deuxième rencontre amoureuse avec la belle Mathilde, fille du marquis, qui tombe plus amoureuse de l'idée d'être avec un fils de paysan que de Julien lui-même.
A ce stade, je note que ce jeune homme a toujours des choix malheureux dans les femmes dont il s'amourache.
Contrairement à Madame de Rênal, Mathilde n'est pas empêtrée dans sa morale, elle s'ennuie dans son beau salon et se lance à corps perdu dans cette passion amoureuse : "Une fois déjà, Mathilde avait écrit ce genre de lettre, mais ce n'était qu'une réponse. Ici, elle écrivait la première, et osait dire qu'elle aimait. Quelque part, elle outrageait sa caste.".
Le projet de beau mariage parvient aux oreilles de Madame de Rênal, qui s'empresse de prendre sa plume sans l'ami Pierrot et écrit aussitôt au marquis pour descendre en flèche le Julien et sa conduite inqualifiable envers les femmes.
Si avant cela c'était déjà le drame, après cet épisode c'est le drame puissance mille, et la fin de la bande dessinée est bien trop gentille par rapport à la fin réelle du roman.
J'ai envie de dire aux auteurs qu'à ce stade ce n'était plus la peine d'épargner le lecteur qui a très bien compris qu'il vivait littérairement parlant une version masculine des "Malheurs de Sophie" en encore plus tragique.
Je suis bien consciente que pour faire tenir au format de bande dessinée une histoire aussi riche il fallait prendre des déviations, le souci c'est que j'ai eu parfois du mal à recoller tous les morceaux.
D'un autre côté, les caractères de Julien, Madame de Rênal et Mathilde de La Mole sont bien dessinés et compréhensibles du lecteur, et si je ne me suis pas trop attachée à eux cela tient entièrement à leur caractère et non à la façon dont ils sont présentés au lecteur.
Derrière cette histoire tragique, il y a tout un contexte historique intéressant et au-delà du personnage de Julien l'ambitieux, il faut aussi y voir un ardent partisan de Napoléon Bonaparte.
Car Stendhal a créé ses personnages et son histoire autour d'un contexte historique, et cela ressort très bien dans le récit, d'autant plus que cette bande dessinée est agrémentée de notes revenant sur les événements de l'histoire et la vie de Stendhal ainsi que son processus créatif.
Pour créer son histoire, l'auteur s'est d'ailleurs inspiré de deux faits réels de son époque : les affaires Berthet et Lafargue.
J'ai également beaucoup apprécié la situation de l'histoire, dans cette ville provinciale de Verrières en Franche-Comté, et plus tard à Paris.
Quant au titre, j'avoue qu'il demeure assez énigmatique et je reste partagée sur sa signification réelle.
Finalement, j'ai lu une mise en image d'une étude sociale, politique, psychologique et historique quasiment sans m'en rendre compte.
Les dessins sont bien faits ainsi que la police de texte, j'aime décidément beaucoup ces adaptations de grands classiques de la littérature en bande dessinée.
J'ai commencé cette chronique en disant que je ne comptais pas lire "Le Rouge et le Noir" de Stendhal et finalement en relisant tout ce que j'ai pu dire de cette adaptation en bande dessinée je me rends compte que dans un sens ma curiosité a été piquée au vif et qu'il se pourrait bien que je me décide à lire un jour ce roman.
Cette bande dessinée est une bonne première approche de cette oeuvre complexe et se lit avec plaisir et qui sait, il se pourrait bien que sa lecture fasse naître des vocations pour découvrir le récit original de Stendhal.
Livre lu dans le cadre du Plan Orsec pour PAL en danger 2015 / Chute de PAL
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j'ai lu "les miserables " en bd c"était pas mal même si le texte original reste inimitable!
RépondreSupprimerMarjolaine
Cette collection d'adaptations de chefs d'oeuvre de la littérature en BD est pas mal ! J'ai repéré "Guerre et paix" aussi, à l'occasion je le lirai !
Supprimersinon j'ai jamais réussi à finir "le rouge et le noir" qui me tombait des mains, j'aimais pas les personnages! vive la chartreuse de parme!
RépondreSupprimerMarjolaine
Je me sens moins seule à ne pas avoir aimé les personnages. Julien est vraiment imbuvable comme garçon !
SupprimerJ'ai beaucoup aimé "Le Rouge et le Noir", pour ma part, mais je comprends tes reproches. Par contre, je vais garder un oeil sur cette collection de BD!
RépondreSupprimerJ'aime bien, ce sont des romans "importants" de la littérature qui y sont mis en image, j'ai lu aussi "Le tour du monde en 80 jours" (j'avais lu le roman il y a longtemps) et "L'île au trésor" (un roman dont je ne me lasse pas).
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