samedi 22 août 2015

Les femmes du Bus 678 de Mohamed Diab



Fayza, Seba et Nelly, trois femmes d’aujourd’hui, aux vies totalement différentes, s’unissent pour combattre le machisme impuni qui sévit au Caire dans les rues, dans les bus et dans leurs maisons. Déterminées, elles vont dorénavant humilier ceux qui les humiliaient. Devant l’ampleur du mouvement, l’atypique inspecteur Essam mène l’enquête. Qui sont ces mystérieuses femmes qui ébranlent une société basée sur la suprématie de l’homme ? (AlloCiné)

"Les femmes du bus 678" ne reprend ni plus ni moins que des faits réels.
Il aura fallu attendre 2008 pour qu’une femme porte plainte contre l’homme qui l’avait agressée sexuellement et réussisse à le faire condamner.
Mais porter une telle accusation dans un pays comme l’Egypte c’est prendre beaucoup de risques : celui de ne pas être crue, d’être abandonnée par tous à commencer par sa famille, c’est subir les pressions des autres qui cherchent à minimiser l’incident, bref, c’est un parcours du combattant.
Et c’est ce combat que relate le film à travers trois femmes d’aujourd’hui : la jeune Nelly qui se fera agresser et osera porter plainte, Fayza la femme mariée et voilée qui subit tous les jours ces agressions dans le bus sans rien dire jusqu’au jour où elle en a assez et décide de se venger, et enfin Seba, la femme issue d’un milieu aisé qui ne s’est jamais remise d’une agression sexuelle et qui a quitté son mari et lutte désormais en sensibilisant les femmes à parler de ses agressions et à ne plus se laisser faire.


Le harcèlement sexuel en Egypte n’est plus un sujet tabou, enfin presque plus.
Je revois encore un reportage d’Envoyé Spécial qui abordait ce sujet, le dégoût, la révolte qui m’ont envahie de voir ces femmes victimes d’attouchements voire plus de la part d’hommes qui n’hésitent pas à les traquer comme des bêtes et qui agissent en toute impunité, profitant des mouvements de foule pour entrer en contact avec leurs proies.
C’est un peu tout cela que j’ai vu dans ce film, sauf que cette fois-ci il était réalisé par un homme, un Egyptien, et non par des Européens.
Le pari était risqué de réaliser un film de femmes par un homme, mais Mohamed Diab ne porte à aucun moment un regard accusateur sur ses héroïnes, il se contente de rapporter les faits, sans chercher à les minimiser mais bien à les rapporter de façon crue et sans complexe.
L’autre atout de ce film, c’est que le réalisateur a bien su retranscrire à l’écran que ce n’est pas la religion Musulmane qui est la cause de tels comportements, mais bien des problèmes économiques.
Pour ceux qui voudraient faire des raccourcis religieux, mieux vaut passer votre chemin et ne pas prendre le problème par le mauvais bout de la lorgnette.
Et il en va de même pour le mari qui refuse de voir sa femme après qu’elle ait été agressée, c’est le côté traditionnel qui ressort, il ne doit rien arriver à ta femme, ce n’est pas dans l’ordre des choses.
En tant que femme, j’ai été énormément touchée par ce film et l’histoire qu’il raconte.
Oui c’est révoltant et inacceptable que des femmes soient réduites à des objets que l’on peut caresser, tripoter et manipuler sans être inquiété le moins du monde.
Et oui, j’ai trouvé admirable et extrêmement courageux la révolte de ces trois femmes et le combat dans lequel elles se lancent.
Quant aux actrices, leur jeu est tout simplement magnifique, elles m’étaient totalement inconnues jusqu’alors mais renseignements pris, Bushra Rozza qui interprète Fayza est dans le civil une chanteuse très populaire en Egypte qui n’a pas hésité à se grimer pour le rôle, à tel point que beaucoup de personnes ne l’ont pas reconnue sur l’affiche du film.


"Les femmes du bus 678" fait partie de ces films militants qu’il est nécessaire de voir au moins une fois, ne serait-ce que pour élargir ses horizons cinématographiques mais surtout pour l’histoire qu’il raconte et la formidable interprétation de ces trois actrices.

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