mardi 24 décembre 2019

La favorite de Yórgos Lánthimos

       
     

Début du XVIIIème siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne, à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill, arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée. Abigail va y voir l’opportunité de renouer avec ses racines aristocratiques. Alors que les enjeux politiques de la guerre absorbent Sarah, Abigail quant à elle parvient à gagner la confiance de la reine et devient sa nouvelle confidente. Cette amitié naissante donne à la jeune femme l’occasion de satisfaire ses ambitions, et elle ne laissera ni homme, ni femme, ni politique, ni même un lapin se mettre en travers de son chemin. (AlloCiné) 


Voilà un des films les plus irrévérencieux de l’année, et sans doute l’un des plus jouissifs servi par une mise en scène magistrale.
Il y a des homards, des lapins, des chevaux, et deux femmes qui se battent pour qui aura sa place dans le cœur (et le lit parfois) de la reine Anne.
L’histoire se passe au 18ème siècle mais le réalisateur n’a pas hésité à y mettre des remarques fort contemporaines dans la bouche de ses héroïnes, tout en bâtissant son film comme une pièce de théâtre en plusieurs actes.
A voir la reine Anne et son comportement, ainsi que celui de sa bien-aimée Lady Sarah qui dirige tranquillement le pays à la place de la monarque, tandis que l’arriviste Abigail Hill aux dents qui rayent le parquet est bien décidée à écarter sa rivale pour occuper la place à la droite de la reine à elle toute seule, on se demande quelle mouche a bien pu piquer l’imagination du réalisateur.
Rien, aucune mouche, c’est ça le plus fou, c’est une histoire vraie.
Bon sang, en Angleterre ils ont aussi eu de sacrés monarques avec des histoires rocambolesques à raconter.
Quant à l’élégance et la classe aristocratique d’Abigail elle repassera la jeune fille, la vilaine pour qui tous les coups sont permis, face à Lady Sarah elle ne peut souffrir la comparaison mais voilà, le monde est ainsi fait que ce sont les plus malignes qui finissent par gagner.


Olivia Colman sort de l’écran de télévision et de la petite ville pas si paisible que ça de Broadchurch pour incarner une reine Anne détestable, malade, fortement présente, qui subit plus qu’elle ne fait subir et dont le jugement est quelque peu altéré. Olivia Colman c’est la grande classe dans son interprétation, elle est tout simplement éblouissante de justesse et elle incarne son personnage.
L’académie des Oscars ne s’y est pas trompée en lui remettant la prestigieuse statuette.
La cravache va bien à Rachel Weisz, une actrice à la fois discrète mais à la filmographie pas si mince que cela, et que j’ai toujours autant plaisir à voir à l’écran.
Quant à Emma Stone elle a fini de chanter, La la la, elle a retrouvé la land d’Angleterre et la voilà incarnant une rosse, et qu’est-ce qu’elle le fait bien.
Un rôle à l’encontre de son précédent, un choix à mes yeux risqué mais sage après son sacre aux Oscars, et une façon de montrer qu’elle ne l’a pas volé son prix, qu’elle sait rebondir et qu’il faudra compter sur elle dans les années à venir à l’écran.
Les hommes ? Je ne sais plus, ils servent de toile de fond, ils ne sont pas importants car ici il est question de femmes, de féminité, de rivalité, de pouvoir et elles peuvent tout à fait se passer d’eux.


"La favorite" de Yórgos Lánthimos est sans doute l’un des films les plus réjouissants du début 2019 qui mérite d’être vu et revu, servi par une mise en scène particulièrement habile et des comédiennes éblouissantes.

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