lundi 6 mars 2017

Un de Baumugnes de Jean Giono


À la Buvette du Piémont, un vieux journalier est attiré par un grand gars qui paraît affreusement triste ; il provoque ses confidences : Albin vient de la montagne, de Baumugnes. Trois ans auparavant, il était tombé amoureux fou d’une fille qui s’est laissé séduire par le Louis, « un type de Marseille, un jeune tout creux comme un mauvais radis». Le Louis ne lui avait pas caché que son intention était de mettre la fille sur le trottoir. Depuis, Albin est inconsolable, traînant de ferme en ferme, sans se résoudre à remonter à Baumugnes. 
Alors le vieux, qui n’est que bonté, décide d’aider Albin. (Le Livre de Poche)

J'ai lu un livre qui était beau comme du Giono.
Ecrit dans un Français qui n'est plus, dans un patois qui ne subsiste encore que partiellement et traitant d'une histoire d'amour comme il n'en existe plus.
Il y a trois ans, Albin, celui qui est de la montagne, là-bas, de Baumugnes, il a croisé une fille et il en est tombé fou amoureux.
Sauf qu'elle, elle s'est laissée séduire par le Louis qui après l'avoir déflorée l'a collée à faire le tapin.
Mais l'Albin, il y a pensé chaque jour à Angèle : "Tu sais, vieux, les choses si simples, si claires, quand c'est pour le bien, tant mieux, mais quand c'est pour le mal, ça fait de suite penser au couteau : ça entre un peu plus profond chaque jour et ça coupe.".
C'est ce qu'il raconte au vieil Amédée qui décide alors d'aider le garçon en se faisant embaucher dans la ferme des parents d'Angèle, la Douloire.
Car Angèle, il paraît qu'elle y est revenue à la Douloire, mais personne ne la voit ni ne l'entend.
Amédée, il finit par s'attacher autant à la Doulorie qu'à Albin : "Eh bien, voyez-vous, moi, je m'attache aux choses et aux gens. Plus aux choses. Cette Douloire, c'était dans ma peau.", mais il met au point un plan permettant à Albin de s'enfuir avec son Angèle.
Car Amédée, il comprend que l'Albin soit tombé fou amoureux de l'Angèle : "Une femme comme ça, c'était un morceau de la terre, le pareil d'un arbre, d'une colline, d'une rivière, d'une montagne. Ça faisait partie du rond ensemble. Ça durerait autant que les étoiles !".
Plusieurs fois, mes yeux ont vrillé en lisant les lignes de cette vieille édition dont certains caractères commencent à s'effacer, plusieurs fois j'ai lu et relu une même phrase, pour mieux la savourer mais aussi en saisir le sens profond car cette langue qui narre l'histoire n'a plus court en littérature.
Je vous parle d'un temps que les moins de cent ans ne peuvent pas connaître, et pourtant la plume est intemporelle, tout comme l'histoire.
J'ai senti le soleil de Provence caresser ma peau, humé les odeurs de foin, aperçu au loin la montagne de Baumugnes, je me suis mise à l'ombre pour faire une sieste, j'ai douté que l'Albin arrive à ses fins et j'ai frissonné face à une si belle histoire d'amour, si simple, comme surgie du passé pour se rappeler au bon souvenir des gens.
Un parmi tant d'autres, un de là-bas, de Baumugnes, un autre récit qui me marquera pour longtemps.

J'ai lu un roman beau comme du Giono.
Normal, me direz-vous, puisque c'était de Jean Giono.

5 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu ce roman, mais cet avis ne m'étonne pas. Giono, c'est un poète.

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    1. Souhaites-tu que je te ré-apporte le livre ?

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    2. Non, non, je pense qu'il est chez mes parents ! :)

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  2. C'est un merveilleux écrivain ! Ceci dit, ce roman n'est pas celui qui m'a le plus touchée.

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