dimanche 14 février 2016

Quand Anna riait de Yaël Hassan


Simon et sa cousine Déborah passent le mois de juillet à la « Datcha », la maison de famille. En fouillant dans le grenier pour tuer le temps, ils tombent sur une étrange photo. On y voit leur grand-père, en compagnie d’une certaine Anna, dont ils n’ont jamais entendu parler. Sans y croire, en y croyant un peu, Simon et Déborah décident d’éclaircir le « mystère ». Et l’affaire s’avère effectivement mystérieuse. Peu à peu, les enfants vont découvrir le passé de leur grand-père, amoureux en 1942 d’Anna, juive polonaise récemment réfugiée en France. Ils vont découvrir que la France n’aura pas longtemps servi de refuge à Anna puisque, le 16 juillet 1942, elle fut raflée en même temps que des milliers d’autres juifs pour être conduite au Vél d’Hiv, puis à Drancy, puis vers les camps de la mort. Pourtant les deux enquêteurs ne se satisfont pas de cet épilogue en forme de point d’interrogation. (Casterman)

C'est l'été, un mois de juillet pluvieux, Simon et sa cousine Déborah passent l'été dans la maison de famille en bordure de la Marne avec tout le restant de la famille et ils s'ennuient.
Jusqu'au jour où ils décident d'aller fouiller dans des cartons au grenier, ils découvrent alors une photo où leur grand-père, alors âgé de quinze ans, pose avec une belle jeune fille du même âge répondant au nom d'Anna.
Puis ils trouvent le journal intime de leur grand-père et ils décident alors de mener l'enquête afin d'éclaircir le "mystère" Anna dont l'origine se situe en 1941 dans l'immeuble de Paris où résidait alors leur grand-père : "Seuls le sourire d'Anna, le regard d'Anna, le rire d'Anna font partie de mes souvenirs de guerre; le reste, l'occupation, les tickets de rationnement, le marché noir, les restrictions, les combats n'ont guère laissé de traces en ma mémoire, ou si peu !".
Les deux jeunes gens découvrent une belle histoire d'amour entre leur rand-père et Anna qui sera tragiquement interrompue le 16 juillet 1942 lorsque Anna et sa famille son raflés, emmenés au Vélodrome d'Hiver avant d'être internés à Drancy puis déportés : "J'étais très jeune quand j'ai connu Anna. Jeune, timide et terriblement romantique. Je crois que le plus dur pour moi fut de la perdre dans ces circonstances-là : je me sentais terriblement coupable envers elle. Coupable de l'avoir laissée partir, coupable de n'avoir rien pu faire.".
D'Anna, leur grand-père n'aura plus jamais de nouvelles, et à la fin de sa vie cette perte le ronge encore, mais voilà, Déborah et Simon ne sont pas décidés à ce que l'histoire se finissent ainsi, alors ils vont continuer à chercher.

Il est toujours délicat de trouver les mots justes et le bon ton pour évoquer la Seconde Guerre Mondiale, plus particulièrement les rafles et la déportation, à un public jeune.
Il faut réussir à raconter l'horreur tout en la mettant à la portée du public visé, je suis d'autant plus exigeante, et critique, à ce sujet que c'est une période de l'Histoire qui m'intéresse particulièrement.
Ici, à travers l'enquête menée par Simon et sa cousine Déborah à notre époque, Yaël Hassan évoque la Rafle du Vél' d'Hiv' suivie de l'internement à Drancy puis de la déportation à Auschwitz-Birkenau.
Et je dois reconnaître que c'est particulièrement bien fait, car Yaël Hassan n'est pas tombée dans le piège de la facilité, elle n'a pas contourné le problème mais a su l'évoquer avec des mots et un contexte choisis.
Il y a beaucoup d'émotion qui se dégage du récit, Déborah et Simon sont touchés par ce secret de famille qu'ils découvrent, qui ne le serait pas, tout comme le lecteur l'est aussi.
Car toute l'histoire est crédible, que ce soit dans les dates et le contexte, et si je devais lui reprocher une chose ce serait l'épilogue, mais là encore c'est parce que je lis cette histoire avec un regard d'adulte, je comprends très bien le choix de l'auteur car elle s'adresse en priorité à un public jeune.
Il n'est pas non plus étonnant que Yaël Hassan ait reçu quatre prix pour ce roman en 2001, c'est à mon avis mérité car c'est fidèle à l'Histoire, le récit est très touchant, c'est bien écrit, j'ai d'ailleurs lu le livre d'une seule traite.
J'aime aussi les illustrations de Marcelino Truong qui ponctuent le récit, cela m'a rappelé les livres de ma jeunesse avec de beaux dessins permettant de visualiser les personnages et les lieux.

"Quand Anna riait" est un bon roman jeunesse abordant la Seconde Guerre Mondiale par le prisme d'adolescents cherchant à découvrir le secret de leur grand-père, et Yaël Hassan fait partie des auteurs à destination de la jeunesse à connaître.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire