mardi 6 juin 2017

L'éveil de Line Papin


Cela se passe aujourd’hui, mais ce pourrait être il y a longtemps. C’est une histoire d’amour, dont les personnages sont deux garçons et deux filles, dont les voix s’entrechoquent. C’est une histoire d’amour, douloureuse et sensuelle, où les héroïnes ne font que traverser le tumulte de la ville, et se cachent dans l’ombre protectrice des chambres. (Stock)

Quand j’ai entendu parler de ce roman, j’ai tout de suite pensé à "L’amant" de Marguerite Duras.
Une ville lointaine : Hanoï, une jeune femme s’éveillant à la sexualité et à l’amour avec un homme plus âgé. Tous les ingrédients étaient réunis pour un remake de cette histoire.
Enfin, ça c’est ce que je croyais jusqu’à je lise le roman, et que je découvre avec surprise qu’en fait il n’en était rien.
Certes, il y a bien une jeune fille, de bonne famille, qui ressent l’appel du désir dans tout son corps : "Voilà, soudain, c’est le réveil des sens, l’irruption volcanique, l’envie : le désir, jaillit on ne sait d’où, plie son corps.", et qui est attirée par un homme plus âgé qu’elle, croisé au hasard d’une soirée. Cette jeune femme soudain s’éveille : "Ça m’excite, ça m’agace : je suis à l’orée de l’éveil, à l’orée de l’éveil.", découvre l’amour charnel et finit par tomber amoureuse de cet homme : "Parfois, j’ai l’impression de l’avoir sous la peau.", tandis que lui vit cette relation la tête ailleurs.
Car voici une des surprises de cette histoire, c’est qu’il ne s’agit pas que d’un homme et une femme mais de deux hommes et de deux femmes.
Si l’un est l’objet du désir, l’autre est son ami ; quant aux femmes il y a celle qui s’éveille à la sexualité et l’autre, partie de Hanoï et que le premier homme a follement aimé, jusqu’à l’avoir dans la peau et ne penser qu’à elle.

Voilà un premier roman avec du potentiel : quatre personnes qui se croisent, se lient, se délient, dans une ville de Hanoï aux charmes exotiques et voilée de mystère ; une histoire d’amour, ou plutôt deux, puisque l’une est le reflet d’une plus ancienne dont certains personnages portent encore les cicatrices.
La narration se fait à travers ces quatre voix, ces quatre perspectives, où chacun livre son ressenti et ses émotions les plus profondes.
L’histoire est une mise à nu des sentiments que l’auteur a su garder pudique.
C’est aussi un roman d’apprentissage, où une jeune fille bascule dans le monde adulte en découvrant sa sexualité ainsi que l’amour, ou plutôt la passion, tout en gardant les pieds sur terre pour finir par être lucide sur la relation qu’elle vient de vivre : "Notre amourette, ça n’était qu’une insolation.".
L’écriture est sensuelle et dégage une réelle atmosphère, particulièrement l’ambiance de Hanoï assez bien retranscrite et qui donne envie de se plonger à la découverte de cette ville.
J’ai beaucoup apprécié la plume de Line Papin, elle livre un beau premier roman et on sent le potentiel qu’elle a, voilà une lecture découverte que je ne regrette pas.
Au passage, je trouve le titre particulièrement bien choisi car il évoque l’éveil d’une héroïne à la sensualité mais aussi celui d’une jeune écrivain dont je pense que l’avenir est tout tracé.

"L’éveil" de Line Papin a à la fois le charme du premier roman, de la découverte, de l’éveil à l’amour et à la sexualité, et l’exotisme de la ville de Hanoï, une belle surprise de la rentrée littéraire 2016.

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