vendredi 4 août 2017

Ce qui nous lie de Cédric Klapisch

     
     

Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent. (AlloCiné)


Jean (Pio Marmai) avait son avenir tout tracé, en tant qu’aîné il devait reprendre le vignoble et la production de vin familial, sauf qu’à l’âge où ses camarades partaient faire des études Jean a refusé de rester dans cet univers et est parti parcourir le monde.
Dix ans plus tard, il revient après avoir appris que son père (Eric Caravaca) est mourant.
C’est sa sœur Juliette (Ana Girardot) qui a pris les rênes du domaine, secondée par leur frère Jérémie (François Civil), jeune papa marié à la fille d’un autre propriétaire vigneron.
Ces trois-là vont devoir réapprendre à se connaître, à travailler ensemble, le temps d’une année où les quatre saisons vont défiler sous les yeux des spectateurs.


Cédric Klapisch m’avait particulièrement déçue avec son "Casse-tête chinois" et son personnage tête-à-claque de Xavier.
A tel point que je me demandais si ce réalisateur allait finir un jour par sortir de l’éternelle adolescence dans laquelle il englue ses personnages.
Et bien oui, le réalisateur a (enfin) mûri et signe ici un film d’adulte, un vrai aussi bien pour ses personnages que pour lui-même.
J’ai particulièrement apprécié le contexte du film : une exploitation familiale en pleine campagne, un jeune homme qui s’y trouve à l’étroit et qui refuse de s’y laisser enfermé et part parcourir le monde, puis revient à ses origines tandis que son père est mourant.
Ce film a été élaboré sur une année, permettant ainsi aux comédiens de travailler dans les vignes, récolter le raison et produire une cuvée.
Authentique est un adjectif qui lui va bien, il l’est aussi bien dans le processus d’élaboration du vin que dans les personnages.
Jean est évidemment touchant, l’histoire est centrée autour de lui et c’est un personnage avec des secrets, des failles, mais un amour inconditionnel pour sa famille et sa terre natale.
Il se retrouvera tiraillé entre son passé qui l’appelle à rester et son présent qui lui offre la possibilité d’un futur, mais ailleurs.
Juliette évoque quant à elle le personnage qui a dû reprendre le flambeau familial alors que son père ne pensait pas du tout à elle, c’est une jeune femme qui a fait des sacrifices et qui en fera encore mais qui ne se plaint pas et semble même heureuse dans la vie qu’elle mène, même si elle est presque là par accident, je dis bien presque.
Quant à Jérémie, c’est le petit dernier, celui qui a toujours été protégé, celui qui n’ose pas s’exprimer, dire ses idées, s’affirmer, celui qui évoluera le plus et qui finira par trouver sa place dans un milieu qu’il pensait ne pas être fait pour lui.
Le père est présenté sous la forme de retours en arrière, j’ai apprécié les esquisses faites de ce personnage et les va-et-vient temporels sont faits intelligemment sans jamais perdre le spectateur.


Outre cette histoire familiale, le réalisateur a su donner un rythme à son histoire, et de la profondeur à ses personnages.
Comme déjà évoqué, il a le mérite de les faire évoluer et grandir, ce qui n’était pas le cas dans ses précédents films, et présente pour la première fois des personnages adultes et non d’éternels adolescents.
Si Cédric Klapisch n’a pas ici le mérite d’avoir découvert de nouveaux talents, il a su s’entourer de comédiens talentueux, à commencer par Pio Marmai qui livre ici une prestation remarquée.
J’ai pour ma part découvert Ana Girardot, que j’ai trouvée juste dans son interprétation.
Les trois comédiens interprétant la fratrie vont bien ensemble et le trio fonctionne à l’écran.
Tout comme les nombreux personnages secondaires gravitant autour d’eux.
L’implantation du film est également bien pensée, le travail autour d’une exploitation viticole est bien représenté et présente des problématiques actuelles auxquelles sont confrontés les vignerons.
Quelle belle idée d’utiliser les quatre saisons pour raconter cette histoire familiale, décidément Cédric Klapisch a été bien inspiré dans son nouveau film.


"Ce qui nous lie" est sans doute le film de la maturité pour Cédric Klapisch dans lequel il traite avec justesse et profondeur des liens du sang et de la vigne. Il faut évidemment déguster un bon verre une fois le film vu !


     
     

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