samedi 20 janvier 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 6 de Keiji Nakazawa


Trois années ont passé depuis que la bombe atomique a ravagé Hiroshima ; les survivants tentent de reprendre le cours d'une vie qui, si elle n'aura plus jamais rien de " normal ", doit néanmoins continuer. Plus que jamais dans ce nouveau volume, Gen et ses compagnons sont les témoins des fossés qui divisent et déchirent le peuple japonais : victimes de la bombe qui effraient ceux que l'explosion a épargnés ; sans-abris qui côtoient les profiteurs et les mafieux enrichis par la guerre. (Vertige Graphic)

Ce sixième tome de "Gen d'Hiroshima" se déroule du printemps 1948 à l'été 1949, soit une période de temps plutôt courte mais marquant un tournant dans le Japon d'après-guerre.
La situation est toujours très tendue, la nourriture manque, les yakuzas profitent de plus en plus du système, mais la révolte gronde au sein de la population qui n'hésite plus à se rebeller, une agitation sociale gagne les villes et les travailleurs.
Dans le même temps, c'est la montée du communisme en Chine, et les Américains n'ont qu'une seule crainte : que cette idéologie gagne le Japon.
C'est pourquoi des dialogues s'instaurent entre les Américains et les Japonais pour rétablir la situation.
Gen a onze ans, il a mûri mais ses tribulations ne sont pas finies pour autant, la vie est difficile, la rancœur est tenace vis-à-vis de ceux ayant voulu la guerre et des Américains pour les bombes atomiques lâchées sur le Japon : "C'est sur ceux qui ont oublié nos souffrances ... qui ont déclenché la guerre et qui mènent encore la belle vie qu'il faut jeter des pierres !".
La mère de Gen est gravement malade, elle ne peut que constater, affaiblie, les efforts de ses enfants et de leurs amis pour lui rendre la vie plus facile et la soigner : "C'est si dur ! Si injuste ! Dire que des enfants subissent tout cela à cause d'une bombe ! Leur vie est bien dure ... si dure.".
Survivre reste donc un combat quotidien face à l'injustice et la misère.

Sans doute fallait-il cet ouvrage pour se rendre compte des souffrances endurées par les Japonais, des difficultés de survie dans les années d'après-guerre et de la mise au ban de la société des victimes des deux bombardements atomiques.
Plusieurs années ce sont passées mais des maladies continuent toujours de se déclarer, tandis que les personnes brûlées sont traitées comme des pestiférés.
Au hasard d'une déambulation, Gen va sauver du suicide une jeune femme dont il a croisé le chemin dans les jours ayant suivi le bombardement d'Hiroshima : Natsue, brûlée au visage et dont la carrière de danseuse s'est stoppée net en 1945.
Natsue n'en peut plus de cette vie, elle ne cherche qu'à mourir, pourtant Gen va l'emmener vivre avec ses amis et finit par lui montrer qu'il y a pire situation que la sienne, et que les gens n'abandonnent pas mais cherchent au contraire à s'en sortir malgré tout.
Une claque nécessaire pour Natsue, mais aussi pour Katsuko, elle aussi marquée par les brûlures sur son corps.
Des vies brisées, il n'y a presque que cela dans cette série, mais des vies qui se reconstruisent malgré tout et portent l'espoir d'une vie meilleure.
Dans les années qui ont suivi les bombardements atomiques les suicides ont été monnaie courante, particulièrement chez les femmes.
J'ai aussi été marquée par les choses que des enfants ont dû faire pour survivre, à l'image de Ryûta qui n'hésite pas à voler un clan de yakuza pour permettre à la mère de Gen d'être hospitalisée, ce qui lui vaudra la maison de correction pendant plusieurs mois.
Les enfants devaient devenir des adultes et assumer des tâches et la survie de leur famille ou de ce qu'il en restait, voilà ce qui frappe à la lecture de cette histoire.
Les dessins pourraient laisser penser que les personnages ne grandissent pas, il n'y a pas de modification frappante dans l'apparence de Gen, mais les années qui s'écoulent se ressentent dans les propos et les attitudes des personnages.

En tout cas ce récit me tient toujours autant à cœur et c'est avec beaucoup d'émotion que je suis le devenir de Gen dans le Japon d'après-guerre, avec un sixième tome aussi riche en émotions que les précédents.

2 commentaires:

  1. J'avais essayé de lire cette série, mais la violence m'avait un peu rebutée. Il faudrait que je retente, c'est un classique.

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    1. C'est effectivement très violent par moment et difficilement soutenable dans les premiers tomes par rapport aux dégâts causés par la bombe sur les personnes, mai c'est aussi très instructif et très touchant. Je comprends que cela soit un classique et utilisé au Japon pour parler des bombardements atomiques dans les écoles.

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