vendredi 9 mars 2018

Gen d'Hiroshima - Tome 9 de Keiji Nakazawa


Plus de cinq années ont passé depuis qu'Hiroshima a été ravagée par la Bombe atomique. La vie reprend son cours et Gen, devenu adolescent, s'interroge désormais sur son avenir. Il va dans ce volume faire une rencontre décisive, celle de l'homme qui va lui enseigner le dessin. Instinctivement, il devine qu'il a trouvé là un moyen de faire connaître au monde l'horreur qu'ont subie les habitants d'Hiroshima. (Vertige Graphic)

Dans ce neuvième volume de "Gen d'Hiroshima", dont l'action se situe de décembre 1950 à avril 1951, Gen va évoluer encore plus que dans les précédents volumes, grâce à une rencontre décisive pour sa vie future avec un peintre.
Ce n'est pas la première fois qu'un peintre croise le chemin du garçon (Cf. le troisième tome), mais celui-ci va lui apprendre l'art du dessin, et conforter Gen dans son choix de devenir peintre pour raconter les horreurs de la guerre et des bombardements atomiques dont les stigmates frappent encore les Japonais et tout particulièrement le clan rapproché de Gen.
Car si la misère se fait moins ressentir auprès des populations, particulièrement celles des grandes villes, Gen et ses amis ont du mal encore à s'en sortir : "Sans la guerre et sans la bombe, on n'aurait pas à pleurer tous les jours !", d'autant qu'ils sont montrés du doigt et rejetés par bon nombre de personnes qui jugent sans savoir leurs conditions de vie et leur façon d'être.
Gen va croiser le chemin d'un petit garçon et de son grand-père, c'est ce dernier qui va l'initier aux rudiments du dessin et le prendre sous sa coupe pour lui apprendre cet art à travers le métier de dessinateur d'affiches.
Mais Gen va aussi croiser le chemin d'un garçon envieux et jaloux, qui cherchera à briser son rêve de dessinateur avant de lui révéler sa vraie nature et la raison de son mal-être, un individu lui aussi durement frappé par la guerre et le bombardement atomique d'Hiroshima et qui comme Gen ne croit plus en un dieu quelconque : "Si Dieu et Bouddha existent, pourquoi est-ce que les guerres et la bombe atomique ne disparaissent pas ?".

L'horizon semble s'éclairer pour Gen, après une première partie de récit ponctuée par la mort, la perte d'êtres chers et des décisions importantes à prendre pour son avenir.
Malgré toute la noirceur de l'histoire il y a toujours une éclaircie pour les personnages, ici sous la forme d'un arc-en-ciel, c'est très poétique et j'aime beaucoup la façon dont ce termine cet avant-dernier volet de Gen.
Pour la première fois de la série, l'auteur Keiji Nakazawa s'est permis de prendre quelques libertés avec l'Histoire, en prêtant à MacArthur des velléités d’utiliser la bombe atomique en Corée, ce qui n'a jamais été évoqué ni même pensé.
Mais il faut bien reconnaître que l'auteur, tout comme son double Gen, a été frappé par ce bombardement atomique et qu'il a sans doute vécu toute sa vie durant dans la crainte que celle-ci soit utilisée de nouveau.
La guerre en Corée est une trame de fond à l'histoire, elle permet aussi de parler de MacArthur à qui l'autorité du Japon avait été confié et qui se voit retirer cette tâche, ainsi que celle concernant la guerre de Corée au cours de l'année 1951, à la surprise générale et surtout du principal intéressé.
MacArthur disparaît de l'écran de l'Histoire et ne fera plus parler de lui jusqu'à sa mort, pourtant le Japon n'en a pas encore fini avec sa reconstruction, bien que l'économie ait redémarré tout comme l'industrie cinématographique.
On sent ici que les personnages commencent à s'en sortir et à vivre plus confortablement, cela ne veut pas dire pour autant que tout est oublié mais pour la première fois le lecteur pressent qu'un avenir est vraiment possible et que Gen a trouvé une forme d'apaisement à travers le dessin, sans oublier ses rêves de paix : "Gen se disait que ce serait fantastique de pouvoir dresser un arc-en-ciel entre tous les pays du monde pour pouvoir voyager librement en ignorant les frontières et pour que tout le monde se comprenne, s'entende bien et vive dans un monde de paix.".
Une nouvelle fois je ne peux que souligner toute la beauté et l’importance de ce texte ainsi que des dessins l'illustrant, même si je constate une nouvelle fois que l'auteur attache peu d'importance aux détails de ses personnages, ne les faisant pas vraiment grandir et surtout ne changeant pas leurs vêtements depuis plusieurs années.
Dans le fond, il a bien raison, l’important n'est pas là mais dans tout le reste qui constitue son poignant témoignage de survivant de la bombe.

C'est avec un pincement au cœur que j'ai refermé ce neuvième tome de "Gen d'Hiroshima", parce que l'histoire touche à sa fin et que bientôt je vais devoir me séparer de Gen et de ses compagnons, mais quelle histoire, quelle superbe et incontournable histoire il vous faut découvrir à tout prix.

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