vendredi 19 octobre 2012

Kaïken de Jean-Christophe Grangé


Quand le Soleil Levant devient un Soleil Noir,
Quand le passé devient aussi tranchant qu'une lame nue,
Quand le Japon n'est plus un souvenir mais un cauchemar, 
Alors, l'heure du kaïken a sonné. (Albin Michel)

Quelques changements pour ce nouvel opus de Jean-Christophe Grangé : une couverture plus soignée que d'ordinaire et reflétant bien le thème principal du roman, un titre intrigant malgré une quatrième de couverture toujours aussi mystérieuse.
Le kaïken qu'est-ce que c'est ?
"C'est avec ce poignard que les femmes des samouraïs se suicidaient."
A partir de là, le ton est donné et le décors est planté.

Jean-Christophe Grangé renoue avec une intrigue très élaborée qui commence sur une première piste pour ensuite se dédoubler et partir dans une autre direction, voire même un autre pays puisque la fin de l'histoire se déroule au Japon.
Les surprises sont au rendez-vous et il est quasi impossible de deviner l'histoire ainsi que son dénouement
La première partie se passe en France puis dépaysement total avec une deuxième intrigue qui trouve son dénouement au Japon.
Ce pays est très présent dans le roman, tout d'abord par sa culture, mais aussi par l'attitude des personnes, notamment Naoko la femme du personnage principal qui parle d'ailleurs en ces termes de son pays natal : "Le Japon est un poison.", par la philosophie et par son passé assez riche.
De plus, l'auteur a choisi de situer son histoire juste après le tremblement de terre et le tsunami de mars 2011, ce qui donne encore plus de corps à l'histoire.

Comme à son habitude, Jean-Christophe Grangé propose au lecteur un tueur comme il les affectionne : retors, intelligent, violent et pervers.
Ici, il s'agit de l'Accoucheur : "Il était le Phénix. Ni homme ni femme. Ou plutôt les deux. Autonome et immortel. L'oiseau n'avait pas de géniteur, pas de sexe, et il s'engendrait lui-même par les flammes, qui étaient à la fois son linceul et sa matrice. Il n'avait besoin de personne. Il était un Tout.", et autant dire que de la perversité il en a à revendre.
Comme d'ordinaire également, il y a des scènes très violentes et les mises en scène macabres sont décrites avec beaucoup de minutie.
Il n'y a pas de surnaturel ou de mysticisme comme dans d'autres des livres de l'auteur, par contre le personnage principal masculin est beaucoup trop dans l'excès, ce qui le rend peu sympathique et peu attachant.
J'aimerai aussi savoir pourquoi il faut toujours que les hommes dans les livres de Jean-Christophe Grangé aient une sexualité compliquée et un rapport au sexe particulier : "On ne baise pas la femme de sa vie, en position de chien, avec éjaculation faciale en guise de point d'orgue. A fortiori quand il s'agit de la mère de ses enfants.", ça n'apporte pas grand chose à l'histoire et ça ne vient pas augmenter la cote de popularité du personnage, au contraire.
Ici, Olivier Passan est toujours dans l'excès, il n'était pas nécessaire de lui rajouter des pulsions sexuelles qu'il juge impraticable avec sa femme, déjà qu'il vénère de façon outrancière la culture japonaise et voue une admiration morbide aux samouraïs et aux hommes japonais s'étant suicidés, cela suffisait à donner une certaine envergure au personnage.
A l'inverse, le personnage de sa femme Naoko est intriguant et bien construit, il partage la vedette avec son mari et tire la couverture à lui, avec ce paradoxe entre la culture japonaise et la culture occidentale.
Finalement, Naoko est une femme qui se revendique occidentale jusqu'au bout des ongles mais qui reste au fond d'elle japonaise.
Je note que depuis quelques livres les femmes ont un rôle beaucoup plus important, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent avec cet auteur, et c'est plutôt une bonne chose, étant donné qu'elles ont un passé moins lourd que les hommes il est plus facile pour le lecteur de s'attacher à elles.
Derrière ces deux personnages principaux, il y a une galerie riche de personnages secondaires :  le policier Fifi alias Philippe Delluc, Sandrine Dumas la meilleure amie de Naoko et Olivier, qui apportent un réel plus à l'intrigue.

"Kaïken" est un livre qui se lit rapidement du fait d'une intrigue prenante et d'une histoire bien construite et bien aérée, les chapitres alternant entre les personnages d'Olivier Passan et de sa femme Naoko, ce qui donne en permanence du souffle au récit.
Avec "Kaïken", je mettais dans la balance les livres de Jean-Christophe Grangé, soit je me réconciliais un peu avec cet auteur soit je me faisais "seppuku".
En effet, autant le livre est servi par une intrigue bien élaborée, autant le personnage d'Olivier Passan est, une fois de plus, beaucoup trop torturé pour être complètement crédible, ce qui est un reproche leitmotiv que je fais depuis le début aux personnages masculins chez cet auteur.
Je ne dirai pas que la réconciliation est complète mais il y a du mieux et j'attends de lire le prochain opus.

Livre lu dans le cadre du challenge Babelio de la rentrée littéraire 2012


Livre lu dans le cadre du challenge ABC Critiques 2012/2013 - Lettre G


1 commentaire:

  1. ça me donne envie de relire Jean Christophe Grangé que j'avais un peu boudé .
    Ta critique donne envie de lire ce livre .

    je vais oublier l'image que j'ai eu dans un rêve de Jean christophe Grangé lol ! sérieusement j'ai hate de lire ce livre c'est tout à fait mon style

    RépondreSupprimer