dimanche 25 mars 2018

Lady Bird de Greta Gerwig

       
     

Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi.


Le film s'ouvre sur une citation de Joan Didion : "Anybody who talks about California hedonism has never spent a Christmas in Sacramento.", à partir de là le ton du film est donné et tout n'est, heureusement, pas dit.
Christine, qui tient à ce qu'on l'appelle du surnom qu'elle s'est donnée : Lady Bird, est donc en dernière année de lycée à Sacramento.
Son rêve : partir sur la côte Est pour y vivre son rêve, se sortir de cette fichue ville de Sacramento où elle se sent à l'écart et surtout ne pas ressembler à sa mère, butée mais aimante, qui ne compte pas ses heures au travail pour garder sa famille à flot.
Si au début Lady Bird est touchante, le spectateur finit bien vite par découvrir la vraie nature de ce personnage, à tendance égoïste qui fait du mal autour d'elle, aussi bien à sa famille qu'à sa meilleure amie.
Au passage, c'est une belle déclaration d'amour à la ville de Sacramento que fait la réalisatrice à travers ce film.
C'est une jeune fille qui a un but bien précis et qui compte bien l'atteindre, pour cela elle est aveugle aux personnes l'entourant et leur fait bien souvent du mal.
Finalement, elle a le comportement typique d'une adolescente, et en cela le spectateur peut s'identifier à elle, qu'importe d'où l'on vienne car ce qu'elle ressent on l'a tous ressenti à un moment donné.
Greta Gerwig a réussi à montrer les défauts de son personnage sans que le spectateur se mette à ne plus l'aimer, c'est assez fort pour être souligné.
Elle a également réussi à insuffler de la tendresse et de l'humour dans ce film qui comporte aussi des passages graves et durs, c'est un savant mélange bien dosé qui fonctionne à l'écran.
En somme, pour une quasi première réalisation c'est une réussite sans fausse note et sans erreur, Greta Gerwig a travaillé son sujet, s'est inspirée d'elle-même pour créer le personnage de Lady Bird et a su doser les émotions.
Je n'ai vu que peu de films où elle est comédienne mais j'ai tout à fait retrouvé son univers et ce qu'elle dégage dans ce film.


L'époque à laquelle est située l'histoire est également intéressante : quelques mois après les attentats du 11 septembre, les portables n'en étaient qu'à leur début et surtout il n'y avait pas de smartphone, ce qui sert l'histoire pour le coup et lui évite de tomber dans certaines facilités.
Il y a aussi une certaine psychose qui règne, c'est une bonne idée d'avoir placé l'intrigue à cette époque, c'est une photographie de l'Amérique post-11 septembre 2001 d'un prisme différent de celui politique, j'aime assez ce parti-pris.
La symbolique d'un personnage choisissant de se baptiser d'un autre nom est forte également, c'est notamment l'un des fils conducteurs de l'histoire et une belle façon pour le personnage d'évoluer.
La photographie est aussi travaillée et contribue à mettre en valeur la ville de Sacramento.
Côté casting, Greta Gerwig a fait appel à la talentueuse Saoirse Ronan (alors, ça se prononce comment ?), une actrice que j'ai apprécié dans d'autres films et qui livre ici une prestation émouvante de sensible de cette Lady Bird.
Face à elle, sa mère est incarnée par une Jessie Metcalf inspirée, la relation mère-fille fonctionne d'ailleurs bien à l'écran, pour l'anecdote l'une des premières scènes du film lorsqu'elles sont en voiture a en fait été tourné à la fin, une fois que la complicité entre les actrices étaient établies.
Du côté des hommes, j'ai revu Lucas Hedges (que l'on croise beaucoup au cinéma ces temps-ci), ainsi que LA coqueluche du cinéma du moment : Timothée Chalamet (à moins que vous n'ayez pas entendu parler de sa prestation dans "Call me by your name"), qui conforme sa présence à l'écran et les espoirs qui reposent sur lui.
J'ai passé un bon moment de cinéma en compagnie de ces personnages, je me suis sentie plus légère en sortant de la salle, prête à m'envoler comme une coccinelle.


Avec "Lady Bird" Greta Gerwig offre un film à la fois bouleversant et drôle saupoudré de nostalgie, où sa maîtrise de l'art des dialogues sert ses personnages et sa mise en scène, une belle réussite pour un passage derrière la caméra.


       
     

       
     

       
     

       
     

       
     

       
     

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