vendredi 22 février 2019

Le ruban rouge de Lucy Adlington


Ella, quatorze ans, est couturière. Pour son premier jour de travail, elle plonge dans ce monde de rubans, d’étoffes et de soie qu’elle aime tant. Mais son atelier n’est pas ordinaire, et ses clients le sont encore moins. Ella est prisonnière du camp de Birchwood, où elle confectionne les vêtements des officiers. Dans ce terrible quotidien où tout n’est qu’affaire de survie, la couture lui redonnera-t-elle espoir ? (PKJ)

Aborder le thème de la Shoah et plus particulièrement des camps de concentration et d'extermination dans la littérature jeunesse est un exercice périlleux pas toujours réussi.
Lucy Adlington s'en tire plutôt bien, avec ses deux héroïnes Ella et Lily qui font connaissance à Birchwood, à l'atelier de confection.
Pour qui est jeune et ne connaît pas, Birchwood ne parlera peut-être pas, c'est le nom que donne l'auteur au terrible camp d'Auschwitz-Birkenau (terme anglais pour désigner la forêt de bouleau).
Il y a peu d'indices qui permettent à qui ne connaît pas bien l'Histoire de comprendre de quoi parle l'auteur, d'autant qu'elle reste quasi muette sur tous les à-côtés du camp, bien qu'elle évoque parfois les cheminées qui fument nuit et jour.
Je comprends cette forme d'ellipse et le non-recours à des termes directs puisque le roman peut s'adresser à un public jeune, mais je pense aussi que cette crainte à trop en dire ou être trop directe ne perde quelque peu un public jeune (pour tout dire j'ai trouvé un mot dans le roman en guise de commentaire dans le cadre du club de lecture jeunesse de la bibliothèque qui qualifiait le roman de bien mais un peu trop fantaisiste).
A trop vouloir bien faire l'auteur peut passer pour fantaisiste pour quelqu'un qui ne connaîtrait pas bien l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, ou alors pour quelqu'un qui la connaît plutôt bien car malheureusement il y a quelques situations trop invraisemblables qui permettent aux personnages de s'en sortir plutôt bien.
Je pinaille, car dans l'ensemble ce roman est vraiment bien écrit et bien conçu, il a le mérite de montrer les différents visages des personnes : Ella c'est celle qui comprend que pour survivre il ne faut pas hésiter à faire des actes contre ses principes, Lily c'est la rêveuse qui croit encore en la gentillesse et en la bonté, Marta c'est celle qui a aussi compris comment survivre dans cet enfer en masquant tout sentiment et toute sensibilité.
Autant de facettes de l'âme humaine qui se révèlent dans de telles circonstances et véritable reflet de ce qu'ont été les réactions des uns et des autres dans cet enfer.
C'est là le point fort de ce roman à mes yeux, outre des personnages qui finissent tous par être attachants à leur manière.
Les quelques pages en fin de roman pour retracer la déportation et les conditions de vie sont utiles, elles apportent quelques précisions sur des lieux désignés par des termes imagés (le Grand Magasin pour désigner le Canada par exemple) et permettent d'amorcer un désir d'en apprendre plus sur cette page de l'histoire et sur le lieu où l'auteur a fait se dérouler sa fiction, ainsi qu'un dialogue autour de l'Holocauste.
Et en cette période de regain de haine et de violence, le message de ce roman est surtout un appel à la tolérance et à la paix, des valeurs qui auraient bien besoin d'être plus présentes dans notre quotidien car certains mots font mal et rappellent des pages sombres de l'histoire de l'Europe.

"Le ruban rouge" est un bon roman à destination des jeunes adultes pour aborder l'Holocauste et les camps de concentration et d'extermination, mais dont la lecture doit être suivie à mon avis d'une discussion pour bien expliquer le contexte historique et la dure réalité.

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