Michel
Racine est un Président de cour d'assises redouté. Aussi dur avec lui qu'avec
les autres, on l'appelle "le Président à deux chiffres". Avec lui, on
en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine
retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait partie du jury qui va devoir
juger un homme accusé d'homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette
femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu'il ait jamais aimée.
(AlloCiné)
Michel
Racine (Fabrice Lucchini) est Président de cour d’assises.
Avec un nom
comme ça, il était effectivement prédestiné à faire de longs discours et des
plaidoiries.
Dans son
milieu il est connu pour être dur, intransigeant, avec lui les personnes en
prennent pour cher.
Alors le
sort en est plutôt jeté pour ce père assis dans le box des accusés pour avoir apparemment
tué son enfant et dont la seule ligne de défense est d’ouvrir la bouche pour
dire qu’il est innocent.
Sauf que
tout bascule pour Michel Racine quand il se rend compte que dans le jury se
trouve Ditte Lorensen-Coteret (Sidse Babett Knudsen), une femme médecin qui l’a
soigné il y a quelques années après un grave accident et dont il est tombé
secrètement amoureux.
D’ailleurs,
il se pourrait même qu’elle soit la seule femme qu’il ait jamais aimé.
Ce film ne
brille pas par son action, il est même plutôt statique car une grande partie se
passe dans la salle d’audience du tribunal.
Non, tout ce
qui en fait son charme ce sont les personnages, et le jeu des acteurs
principaux et secondaires.
Commençons
par le personnage de Michel Racine. Il est loin de faire l’unanimité, il est
dans sa vérité, il apparaît comme un être dur, froid, presque inaccessible,
mais au début il n’a pas forcément conscience de l’image qu’il renvoie de lui.
Pour cela,
il lui faudra aller dans les toilettes des femmes pour surprendre la
conversation sur lui dans les toilettes des hommes, une scène d’ailleurs assez
drôle.
Tout au long
du film, le personnage de Michel Racine va s’ouvrir, s’illuminer et devenir
beaucoup plus accessible, à la surprise de tout à chacun.
C’est une
progression humaine que j’ai beaucoup appréciée, le personnage ne reste pas
figé dans ses défauts mais il évolue et se bonifie au contact d’une femme,
Ditte Lorensen-Coteret.
Contrairement
à Michel Racine, ce personnage va conserver une part de mystère jusqu’au
rebondissement final.
Il n’a pas
besoin de s’épanouir, il l’est déjà, mais plus d’accepter que sa destinée
pourrait être liée à celle de Michel Racine, une chose jusque-là inenvisageable
et qui n’aurait d’ailleurs pas dû avoir lieu.
Sauf que le
monde est petit et que le hasard a fait que son nom soit tiré au sort pour être
juré.
Le jeu des
acteurs principaux est tout simplement sublime, tout en retenue mais laissant
passer les émotions.
Je tiens à souligner
que Fabrice Lucchini ne fait pas du "Lucchini" et c’est reposant, il
n’y a pas d’exubérance, d’ailleurs il n’y en avait pas besoin, et au moins le
spectateur se souvient qu’il ne sait pas
que faire l’exalté et le survolé mais aussi camper des personnages forts (pour
ma part je l’avais presque oublié).
Quant à Sidse
Babett Knudsen, elle a été une révélation pour moi, je ne connaissais pas cette
actrice (uniquement de nom, de très loin parce qu’elle a joué dans une série
télévisée) et au moins elle prouve qu’il n’y a pas que du bon polar nordique
mais aussi des acteurs/trices.
Les
personnages secondaires sont également très bien représentés par les acteurs
qui les campent. Les membres du jury sont touchants, grandes gueules, discrets,
interrogatifs, humains en sorte ; et que dire de cette famille qui se
déchire au tribunal, entre ce père qui clame son innocence et cette mère
complètement déstabilisée par la mort de son enfant en bas âge.
Ça se passe
dans le Nord de la France et j’ai envie de dire que c’est presque caricatural,
c’est bien le seul léger point négatif à ce film, mais on ressent bien toute la
détresse de ces personnes.
Et surtout,
on se prend au jeu, comme les jurés on émet des hypothèses, on échafaude des
théories, on cherche à savoir si le père est coupable ou non, et on se demande
quelle décision on prendrait si on était à la place d’un des membres du jury.
L’autre
atout de ce film c’est que c’est certes un huis-clos mais il nous permet de
vivre de l’intérieur le déroulement d’un procès de Cour d’Assises, et j’ai bien
aimé ce parti-pris (sans doute mon côté curieuse qui a pris le dessus).
"L’hermine"
est un joli film tout en douceur et sentiment qui met du baume au cœur de cet
automne morose et tristounet, servi par deux excellents comédiens au sommet de
leur art.
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