samedi 25 novembre 2017

La belle et la meute (Aala Kaf Ifrit) de Kaouther Ben Hania

       
     

Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ? (AlloCiné) 


Ce film ne dure qu’une heure quarante et pourtant le spectateur a l’impression que cette descente aux enfers dure plus longtemps, voire même est interminable.
L’histoire est adaptée d’un fait divers mais la réalisatrice a pris beaucoup de libertés avec les personnages et les faits réels. Mariam (excellente Mariam Al Ferjani), jeune Tunisienne, croise Youssef (Ghanem Zrelli) lors d’une soirée.
Quelques heures plus tard elle erre dans la rue en état de choc, elle vient de se faire violer par des policiers tandis qu’un autre obligeait Youssef à retirer de l’argent au distributeur.
Youssef ne l’abandonne pas et Mariam décide porter plainte, le cauchemar ne fait que continuer pour elle au cours de cette nuit qui n’en finit pas.


J’avais été ébranlée par "Much Loved" de Nabil Ayouch, ce film de Kaouther Ben Hania m’a encore plus remuée.
Outre l’histoire de Mariam, tout simplement horrible, et le calvaire que celle-ci va vivre pour faire reconnaître ses droits et sa dignité alors que la justice se trouve du côté de ses bourreaux, cela tient à la mise en scène de la réalisatrice.
Celle-ci a bâti son film avec des plans-séquences, ce qui a pour résultat de plonger le spectateur dans le réel de manière très forte, et très convaincante.
Le déroulé de la nuit et des violences, tant physiques que verbales, à l’égard de Mariam n’en finissent pas, à tel point que j’ai fini par étouffer dans ce film.
J’avais la sensation d’être en apnée, de retenir mon souffle jusqu’à la délivrance.
Si la réalisatrice a voulu placer le spectateur dans la tête de Mariam, c’est réussi. L’autre atout de ce film, c’est que le personnage de Mariam n’est pas une militante, juste une femme qui cherche à lutter contre la banalisation du mal. Militante, elle le devient de fait après ce qu’elle a subi, au contraire de Youssef qui lui est nettement plus politisé qu’elle.
Et il me faut souligner le jeu impeccable de Mariam Al Ferjani, la révélation de ce film, qui offre au personnage une beauté, un côté innocent ainsi qu’une volonté de fer pour faire reconnaître ses droits et le préjudice dont elle a été victime.
J’ai été favorablement impressionnée par la maîtrise de Kaouther Ben Hania et tout le travail que ce film a dû lui demander, le résultat est percutant et pousse chacun à réfléchir.


"La belle et la meute" est l’une des claques cinématographiques de cet automne, un film puissant et engagé qu’il est nécessaire de voir.


       
     

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