samedi 12 novembre 2011

De soie et de sang de Qiu Xiaolong


Une femme en qipao rouge. Assassinée. Le vêtement est le symbole de l'élégance bourgeoise des années trente. Un symbole à renverser, pour les tenants de la pensée révolutionnaire. Est-ce la clé du meurtre, et de ceux qui vont suivre ? L'inspecteur principal Chen, aux prises avec ce tueur en série, le premier de l'histoire de Shanghai, se raccroche à Confucius : Il y a des choses qu'un homme fait, et d'autres qu'il ne fait pas. Mais dans une époque de transition aussi mouvante que celle de la Chine post-Mao, peut-on avec certitude différencier le bien du mal ? Car la Révolution culturelle, et son cortège de meurtrissures, est passée par là... (Liana Levi)

Ce livre a été assez déroutant.
L'auteur y mêle à la fois les coutumes et les traditions chinoises, plante son histoire dans le Shanghai actuel et bâtit son enquête sur un serial killer, thème occidental pour ne pas dire américain et en opposition avec le folklore chinois.
Les personnages sont eux aussi déroutants, particulièrement l'inspecteur Chen Cao, qui finalement passe les trois quart du livre à travailler sa dissertation suite à la reprise d'études littéraires et qui résout lui-même l'enquête au final, alors qu'il a plutôt délaissé celle-ci pendant quasiment tout le livre.
Le style d'écriture peut également l'être, non pas dans sa qualité qui est très bonne mais dans le déroulement de l'intrigue qui est tout en retenu et finalement assez long.

Pendant la première moitié du livre je ne savais pas trop sur quel pied danser, j'hésitais entre la dissertation ou l'enquête policière, un peu comme l'inspecteur Chen finalement. L'auteur a sans doute donné une place trop importante aux études littéraires, au détriment de l'intrigue policière qui apparaît presque au second plan.
De plus, le récit est ponctué de nombreuses citations de la poésie ou de la philosophie chinoise.
Quelques fois cela n'apporte pas grand chose à l'histoire, à titre personnel j'ai découvert un peu plus toute l'étendue de la culture chinoise, mais je crois pas que l'on puisse résoudre une enquête par une joute de citations poétiques et/ou philosophiques.
Par contre pendant la deuxième moitié du livre, l'enquête prend un peu plus de consistance et a fini par m'intéresser.
Même si j'ai trouvé par moment que la relation entre l'étude de textes par l'inspecteur Chen et le meurtrier était un peu trop grosse je ne peux nier qu'elle a un côté prenant.
Ce qui est particulièrement intéressant, c'est de revenir sur la période de la Révolution Culturelle. C'est l'un des points forts du livre, avec une immersion dans la Chine actuelle, qui hésite entre socialisme et capitalisme, qui cherche à panser les plaies de la Révolution Culturelle. L'auteur a bien su saisir tout le complexe politique, tout en distillant des informations sur la cuisine chinoise, le mode de vie, les métiers exercés et la façon dont ils sont perçus, la littérature et la poésie.
Cela a été une lecture enrichissante d'un point de vue culturel.
Ce qui est à mon avis le point culminant du livre, c'est l'une des dernières scènes : au restaurant, le repas entre l'inspecteur Chen et l'avocat Jia.
C'est une scène très subtile et qui met en avant tout l'art de l'auteur dans la maîtrise de l'écriture et de son intrigue policière.

Malgré une légère déception à la lecture de ce livre, je retiens quelques passages forts, une écriture soignée et une bonne maîtrise du genre policier par l'auteur.
Mais surtout cela a été une lecture très enrichissante d'un point de vue culturel.
Je n'aurai sans doute jamais découvert cet auteur si je n'avais pas fait le challenge ABC critiques.
Je pense que ce n'est pas le meilleure livre de l'auteur, aussi ai-je décidé de lire d'autres livres mettant en scène l'inspecteur Chen Cao afin de me former une opinion plus précise sur cet auteur.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ABC critiques 2011/2012 - Lettre X

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