dimanche 29 janvier 2012

L'hypnotiseur de Lars Kepler


Dans une maison de la banlieue de Stockholm, une famille est sauvagement assassinée. Seul un garçon échappe au massacre, mais il navigue entre la vie et la mort, inconscient. L'inspecteur Joona Linna décide alors de recourir à un hypnotiseur pour pénétrer le subconscient du garçon et tenter de revoir le carnage à travers ses yeux… Roman policier d'une intelligence redoutable doublé d'un thriller terrifiant, "L'Hypnotiseur", première enquête de l'inspecteur Joona Linna, fera date dans l'histoire de la littérature policière scandinave. Il y aura un avant et un après Lars Kepler. (Actes Sud)

Encore une quatrième de couverture alléchante pour un résultat en deçà de mes espérances.

A lire ce résumé, l'histoire semble prenante et c'est en effet le cas pendant les premiers chapitres mais ensuite elle se brise et dérive vers une toute autre histoire.
Plutôt que de faire croire que l'intrigue va tourner autour de ce massacre il faudrait mieux annoncer la couleur, que ce massacre n'est qu'un prétexte et qu'en réalité l'histoire se focalisera sur l'enlèvement de Benjamin, le fils d'Erik Maria Bark, ancien hypnotiseur qui a fait la promesse de ne plus hypnotiser il y a dix ans de cela.
C'est ça le coeur de l'intrigue, car le cas du garçon survivant au massacre est trop rapidement résolu et passe au second plan pendant tout le restant du livre.
C'est dommage car pour moi c'est autour de cela que l'histoire aurait dû se construire, il y a beaucoup de passages qui ne sont qu'effleurés par les auteurs, Lars Kepler étant le nom de plume d'Alexandra et Alexander Ahndoril.
Il y avait matière à créer une histoire et à laisser plâner le doute plus longtemps.

De façon générale, je trouve que l'histoire est mal bâtie.
Les explications sur cette promesse de ne plus hypnotiser n'interviennent que tardivement dans le livre, sans doute trop, car à force de me poser la question du pourquoi la réponse ne m'intéressait plus vraiment.
Mettre toute cette partie en début de livre n'aurait absolument rien changé à l'intrigue ni au dénouement, mais m'aurait sans doute permis d'accrocher plus à ce livre.
Je n'ai pas non plus apprécier le découpage du livre, il est trop saccadé et surtout il y a des retours en arrière incessants : un chapitre se passe en fin de journée, le suivant traite de l'après-midi, cela fini par avoir ni queue ni tête, à tel point que j'ai dû relire souvent les titres des chapitres pour être sûre de ne pas me tromper.

Un autre point négatif est les personnages développés par les auteurs.
L'inspecteur Joona Linna est finalement peu développé d'un point de vue psychologique, ce qui fait que je n'ai jamais pu réellement saisir ce personnage, alors qu'il est sans doute complexe et intéressant. Après avoir refermé ce livre, je ne sais finalement pas grand chose de lui ni son mode de fonctionnement, si ce n'est que quand il dit quelque chose il s'y tient : "Je vous l'avais dit".
S'il est censé être le personnage central de l'histoire je ne l'ai pas ressenti comme tel.
Les auteurs ont privilégié Erik Maria Bark et sa femme Simone et, je suis désolée de le dire, mais ces personnages étaient trop instables, trop peu sûrs d'eux, leurs disputes et mésententes sonnaient faux, je n'ai ressenti aucune empathie pour eux.
Et puis à la fin je ne m'explique pas ce bonheur apparent d'être de nouveau réunis alors qu'ils n'ont cessé de se déchirer et de se reprocher des choses durant toute l'histoire.
Une résolution aussi simple ne passe pas, ça n'est pas le reflet de la réalité pour moi.

Malgré ces aspects, je ne peux reprocher au livre de mettre en place une certaine ambiance, qui d'ailleurs m'a dérangée à certains moments tellement le personnage de Josek Ek transpire la violence et la perversion à l'état pur et que les personnages du groupe d'hypnose sont complètement détraqués dans leur tête.
La couverture d'ailleurs peut renforcer cette impression de malaise.
Il y a quelques passages vraiment prenants et malgré les points négatifs développés plus haut, je dois reconnaître qu'il n'est pas évident de lâcher le livre car certains passages sont prenants et j'avais envie de connaître la suite.

Si, pour reprendre la phrase d'accroche, "Il y aura un avant et un après Lars Kepler", pour ma part si les défauts trop nombreux de ce livre ne sont pas corrigés il n'y aura pas d'après.

La croix de Cazenac Tome 4 Némésis - Cycle du loup d'Eric Stalner et Pierre Boisserie


Début du second cycle de la Croix de Cazenac, série d’aventure sur fond d’espionnage qui nous entraîne dans l’Europe agitée de la première guerre mondiale. Captivant. Octobre 1915. Étienne, après son initiation en Sibérie, revient sur le front combattre l’ennemi allemand... et ses propres démons, toujours présents. Refusant un destin bien trop lourd à porter, il décide d’affronter le présent, tentant d’oublier cette bête en sommeil qui le hante. Son frère Henri, Louise, le facteur Achille, Frau D., tous ses personnages croiseront de nouveau sa route, ainsi qu’un Baron suisse nommé Von Straufenberg, étrange et inquiétant personnage qui semble travailler pour le camp allemand. Mais Von Straufenberg, véritable loup carnassier prêt à sauter sur sa victime, semble surtout désireux d’affronter Étienne, attendant un duel sans merci qui paraît inévitable. (Dargaud)

Avec ce début d'un nouveau cycle, les auteurs continuent l'histoire de "La croix de Cazenac" et frappent encore un grand coup.

Ce nouveau tome est particulièrement sombre, que ce soit du point de vue de l'histoire que des couleurs utilisées pour les graphismes.
Etienne est revenu de Sibérie, il n'a pas fini son éducation mais semble mieux maîtriser son côté bestial dû à son héritage de chaman, en tout cas il commence à l'accepter : "Ce n'est pas la guerre qui a fait de moi un animal", à en parler avec Fabien auprès duquel son frère l'a placé, et surtout il a mûri et ne raisonne plus comme une jeune homme mais comme un homme : "Cette fois, je suis venu sur le front combattre l'ennemi et servir ma patrie, mais me voilà au milieu de cette sale guerre à me demander qui je combats vraiment" tout en conservant une part de farouche liberté : "Je ne veux plus parler ... Je ne veux plus que d'autres me disent ce que je dois faire ou ne pas faire, ce que je dois être ou ne pas être ...".
Dans le même temps, son frère Henri continue d'exercer son métier d'espion avec Louise, sa femme, qui elle ne cesse de penser à Etienne, ce qui exaspère assez Henri le poussant même à ne pas lui révéler que cela fait plusieurs mois qu'il est revenu en France.
Leur route va croiser des visages connus : Frau D., et de nouveaux personnages tout aussi inquiétants, le tout lors d'une soirée organisée dans un pays censé être neutre : la Suisse.

Il y a beaucoup de violence dans ce tome, et de façon plus sournoise que dans le précédent.
Il y a un meurtre, les auteurs montrent beaucoup de cadavres à la guerre comme dans le civil, mais cette violence perverse est canalisée par un nouveau personnage : Von Straufenberg.
Cet homme, ou plutôt devrai-je dire ce chaman à l'initiation non achevée dont l'animal totem est le loup, n'a pour seule quête que de se confronter à Etienne : "Je venais voir un chaman, mais je ne trouve qu'un petit trouillard", n'hésitant pas à la traquer sur près de quatre pages dans la boue des tranchées.
Avec ce nouveau personnage, l'histoire prend un nouvel envol et j'ai bien senti que les auteurs avaient encore de la ressource pour faire continuer l'histoire et que la "Croix des Cazenac" n'a pas fini de révéler tous ses secrets : "ce n'était pas un homme, c'était ... un démon ! Némésis".

L'univers de ce cycle m'apparaît beaucoup plus sombre que le précédent, l'histoire est par contre toujours aussi captivante, les personnages attachants et la qualité des graphismes toujours présente et parfaite.

La croix de Cazenac Tome 3 Le sang de mon père - Cycle de l'ours d'Eric Stalner et Pierre Boisserie


Flash-back : en octobre 1914, Henri Cazenac, espion connu sous le nom de Cicéron, a disparu sur le front ennemi. Son jeune frère Etienne, en quête de vérité, est parti lui aussi au front, avec pour seul indice une croix qui appartenait à Henri : la Croix de Cazenac. Mais il s'est retrouvé au coeur d'une sombre machination ourdie par le colonel Valois, chef du contre-espionnage, et le commandant russe Léparsky, qui fait partie des milieux révolutionnaires. Maintenant, tout le monde - y compris Henri, revenu d'entre les morts - se retrouve dans un train en route pour la Sibérie. Et la fameuse croix de Cazenac, toujours entre les mains d'Etienne, l'ignoble Valois veut la récupérer à n'importe quel prix : elle sert à ouvrir une porte de pierre derrière laquelle est caché un trésor, là-bas, dans la cité Baba Yaga, au coeur des montagnes de Sibérie. Dans le décor tourmenté de la Très Sainte Russie à la veille de la révolution, ce troisième épisode met fin à la saga des Cazenac, bande dessinée à grand spectacle traitant des mensonges de la guerre et des secrets des familles, dans une atmosphère romanesque pleine de suspense et de rebondissements. (Dargaud)

Ce troisième tome de "La croix de Cazenac" est la continuation directe du précédent tome et débute sur l'enlèvement de Victorien Cazenac par un groupe d'allemands dirigés par une femme, Frau D, au physique androgyne (à tel point que j'ai cru que c'était un homme au début).
Les éléments principaux de l'énigme sont dévoilés : le colonel Valois cherche à s'emparer de la croix de Cazenac pour accéder au trésor caché dans la cité perdue de Baba Yaga (au passage nom emprunté au folklore russe).
L'intrigue se déroule en Russie, à Saint-Pétersbourg, et en Sibérie.
Aucun détail n'est laissé au hasard par les auteurs, à commencer par le personnage d'Héléna qui, sous couvert du rôle d'une belle idiote, se révélera en fait être un personnage clé de l'intrigue.
Les deux frères sont réunis et les auteurs livrent un peu plus d'informations sur le passé d'Etienne, ses origines et quelques explications sur son comportement.

Ce tome-ci est d'ailleurs plus violent que les précédents, il y a une scène de massacre qui commence à semer le doute dans l'esprit d'Etienne : "Ne t'inquiète pas, ni Dieu, ni toi, ni ton ours n'y êtes pour quoi que ce soit ! C'est le travail d'un professionnel, pas celui d'un fou".
C'est sans doute ce personnage qui subit de plus de transformations au cours de l'histoire, il sombre dans la folie et vit un dédoublement de personnalité à faire froid dans le dos : "Il n'y a plus de bête ! Il n'y a plus d'homme ! Je suis enfin moi-même ! Je suis le maître !", ces passages sont d'ailleurs illustrés dans des tons plus rouges, il a beaucoup de violence en lui qu'il n'arrive pas à canaliser : "Montre-toi ! Où es-tu, ma proie ?! La bête est là pour toi Valois !".
Le père d'ailleurs se sacrifiera pour lui, ce qui fera dire à Imélovitch : "Le père pour le fils, c'est leur destin".
Il réussira à empêcher Etienne de sombrer dans la vengeance : "Alors c'est ton sang que je dois verser pour le sang de mon père !" et l'emmènera avec lui dans la cité de Baba Yaga, afin de l'initier à son destin, celui de chaman, et de lui apprendre à maîtriser l'ours, l'animal auquel il s'identifie.

Ce tome permet aussi de dénouer la tension entre Louise et Etienne, mais d'un autre côté le lecteur sent bien que ce n'est là que le début et non la fin de leur histoire.
Les auteurs utilisent également l'ironie du personnage de Henri pour détendre un peu une atmosphère oppressante : "Et je te comprends, comment résister au tombeur de la vierge d'acier ! On t'appelle simplement d'acier maintenant, non ?".
J'avoue que j'ai du mal à cerner parfois ce personnage, j'ai l'impression qu'il n'est pas toujours franc mais surtout qu'il est obnubilé par son métier d'espion et que finalement, peu de choses compte pour lui hormis cela.

Au final, j'ai bien senti que ce tome marquait la fin d'un cycle. Il est riche en rebondissements même si je déplore un peu l'abandon de la Première Guerre Mondiale pour se concentrer sur l'espionnage, mais la fin est très ouverte, à tel point qu'il est clair qu'un autre cycle va suivre et que le personnage d'Etienne reviendra.

samedi 28 janvier 2012

Le fantôme de Canterville et autres contes d'Oscar Wilde


Oscar Wilde bouscule les fantômes, rend comiques les assassinats.
Son humour rose ou zinzolin colore le genre noir. Dans une ambiance très chic, situations surprenantes et traits d'esprit se multiplient. Wilde enjôle l'Ange du Bizarre de Poe. Irrévérencieux à l'égard de la terreur et du mystère, il crée un fantastique fantasque avec l'élégance pince-sans-rire d'un dandy qui aurait pourtant de la tendresse à revendre. (Le Livre de Poche)


Je voulais relire depuis quelques temps déjà du Oscar Wilde, mon choix s'est porté sur ce recueil de contes qui contient, outre "Le fantôme de Canterville", "Le crime de Lord Arthur Savile", "Le Millionnaire modèle", "Le Sphinx sans secret".

Le fantôme de Canterville

"Lorsque Mr. Hiram B. Otis, le ministre américain, acheta le domaine de Canterville Chase, tout le monde lui dit qu'il faisait une folie car il n'y avait pas le moindre doute que le manoir fût hanté."
Et effectivement, le manoir est bel et bien hanté, mais qu'à cela ne tienne, Mr. Otis accepte de "prendre le mobilier et le fantôme à leur valeur d'estimation".
Il s'installe alors avec sa petite famille et ne tarde pas à croiser le fameux fantôme, Sir Simon de Canterville ayant assassiné sa femme dans le salon.
C'est dans ce même salon que se trouve une tache de sang qui dès le premier jour émeut Mrs. Otis : "Mais c'est abominable [...] je n'aime pas du tout les taches de sang dans une pièce où l'on se tient. Il faut la nettoyer tout de suite", nettoyage qui fut alors la première contrariété du fantôme car le : "Super-Kinettoy et Extra-Détersif Pinkerton enlèvera ça en un rien de temps".
Ce ne fut que le début, le fantôme ne cessant d'être contrarié dans ses plans par les jumeaux ou involontairement par les autres membres de la famille Otis.
Cette situation aurait pu durer encore longtemps, mais Virginia finit par percer à jour la vraie nature du fantôme en parlant avec lui. Elle découvre alors la dure réalité de sa vie et le pourquoi de son statut actuel d'entre les morts.
Si le reste de cette histoire m'a fait sourire à de nombreuses reprises, j'ai été particulièrement touchée par ce tête-à-tête entre Virginia et le fantôme de Sir Simon de Canterville, lorsque celui-ci lui confie toute sa détresse : "Comme la mort doit être belle ! Reposer dans une terre molle et brune, tandis que les herbes vous ondulent au-dessus de la tête, et écouter le silence ... N'avoir pas d'hier, et pas de demain ...Oublier le temps, oublier la vie, être en paix...".

Ce conte a certains aspects poétiques et sous couvert d'un récit fantastique et gothique, Oscar Wilde prend au contraire un malin plaisir à prendre ce genre littéraire à revers.
Ainsi, être spectre n'est plus un état mais un métier, d'ailleurs Sir Simon y goûte fort et prend sa tâche très au sérieux, aussi bien celle du salon que son état de spectre.
Il se retrouve finalement pris à son propre piège : au lieu d'effrayer il l'est, au lieu de jouer des tours aux occupants du manoir c'est lui qui est la victime de leurs pièges et de l'espièglerie des jumeaux.
Il y a également un côté très théâtral aux apparitions du fantôme, celui-ci passe d'ailleurs beaucoup de temps à réfléchir à ses prochaines apparitions et au personnage qu'il endossera alors. Il ne sera révélé à la fin qu'en réalité ce fantôme est bien malheureux de son état et a toujours un côté d'humanité en lui par le biais de regrets sur ses actes passés.
De plus, en prenant la famille Otis, l'auteur en profite pour écrire une satire sur les familles américaines de l'époque et n'hésite pas à les opposer avec les familles anglaises.
Pour preuve, les Otis sont qualifiés de "famille grossière" par le fantôme.
Le personnage de Virginia fait sans doute exception à cette satire, il tient plus du conte de fée, de l'apparition irréelle et de la bonne âme prête à rendre service au fantôme, la personne qui se soucie d'abord des autres avant elle-même.
Je trouve qu'il y a un côté "Tim Burtonien" à cette nouvelle, en tout cas c'est une histoire qui conviendrait assez bien à l'univers de ce réalisateur.
Il y a également beaucoup de scénettes amusantes, ce qui rend la lecture agréable et a sans doute contribué au succès de cet écrit d'Oscar Wilde.

Cette lecture fut un pur moment de bonheur.

Le crime de Lord Arthur Savile

J'avoue m'être demandée pendant un certain temps où l'auteur voulait en venir avec ce conte.

Tout commence par la rencontre entre Lord Arthur Savile et Mr. Podgers lors d'une réception chez Lady Windermere.
Cette dernière présente toute fière à ses amis sa nouvelle marotte : un chiromancien, Mr. Podgers.
Alors que celui-ci prédit l'avenir à tous les invités, il blêmit quand vient le tour de Lord Arthur. Car il lui prédit un crime, et pour Lord Arthur Savile : "Cette lui causa une nausée d'horreur".

Mais surtout à partir de ce moment, ce personnage perd complètement pied et élabore sa vie en fonction du crime qu'il doit commettre.
Pour lui il ne sera pas heureux tant qu'il n'aura pas commis ce crime, il suspend alors ses fiançailles, choisit sa cible, tente de l'assassiner et prend du recul.
Oui mais voilà, il est tout sauf aisé d'assassiner quelqu'un et ce pauvre Lord Arthur Savile connaîtra quelques revers avant de réaliser son forfait.

Le sous titre de ce conte est "Une étude du devoir", il est assez drôle de constater que l'auteur a voulu traiter par là le fait de devoir faire quelque chose, en l'occurrence un crime, pour atteindre le bonheur et connaître la satisfaction du devoir accompli.
Car finalement, le coeur de la vie d'Arthur Savile va être ce crime à perpétrer pour pouvoir être heureux, et il construira un bonheur illusoire, perdant toute confiance en lui et croyant devoir son bonheur à un crime plutôt qu'à lui-même.
Ce personnage vivre désormais en étant superstitieux : "Il ne faut pas dire du mal de la chiromancie dans cette maison, Lady Windermere; c'est le seul sujet sur lequel Arthur n'aime pas qu'on plaisante. Je vous assure qu'il la prend on ne peut plus au sérieux."

Oscar Wilde livre avec ce conte une vue particulièrement aiguisée de la société victorienne, tout en jouant avec l'ironie : l'évidence échappe totalement à celui qui émet la préduction et à celui qui la reçoit.
Il livre là un personnage intéressant vivant une sorte de dédoublement de la personnalité : mondain sous certains aspects et mauvais garçon de l'autre, fréquentant les quartiers louches et cherchant à homicider un proche.
C'est une nouvelle finalement assez sombre mais intéressante à découvrir.

Le Millionnaire modèle

"A moins d'être riche, il est absolument inutile d'être un garçon charmant."

Au moins comme cela, tout est dit dès la première phrase et le décor est planté.

J'ai retrouvé dans ce conte une certaine droiture morale déjà rencontrée dans d'autres contes de ce recueil, la gentillesse et la bonté finissent par être récompensées : "Les modèles millionnaires, fit observer Alan, sont passablement rares; mais grand Dieu, les millionnaires modèles le sont encore davantage !"

L'autre tour de force de ce conte, c'est qu'il est entièrement écrit à partir d'un jeu de mot sur le modèle millionnaire.
Ce dernier a décidé de se faire peindre habillé de guenilles et c'est par un geste de pitié envers celui qu'il prend pour un pauvre que Hughie Erskine va trouver la voie de son bonheur et pourra épouser la jeune femme qu'il aime.

C'est court, bien tourné, et résolument optimiste, un vrai régal à lire.

Le Sphinx sans secret

"J'étais assis, un après-midi,à la terrasse du Café de la Paix, contemplant la splendeur et la misère de la vie parisienne, et m'émerveillant, tout en buvant lentement mon vermouth, du panorama étrange d'orgueil et de pauvreté qui défilait devant mes yeux"

Ce conte pourrait être sous titré "Où comment rendre une histoire somme toute banale captivante".

Ici, Oscar Wilde décide de peindre par le biais de son narrateur l'histoire d'une femme, Lady Alroy, on ne peut plus mystérieuse et qui ne cessera d'intriguer le narrateur.
Mais au lieu de s'adresser directement au lecteur, le narrateur raconte son histoire à Murchinson, un ami qu'il revoit.

L'histoire tend vers le mystère, le lecteur ne peut s'empêcher de faire des suppositions sur cette femme et le secret qu'elle cache, mais Oscar Wilde finit par réduire ce mystère au simple besoin de mystère : "Lady Alroy était simplement une femme qui avait la manie du mystère."
Malgré cette résolution, la dernière phrase est ouverte et continue de soulever des interrogations : "Je me le demande ?", compensant ainsi le sentiment de déception que pourrait avoir le lecteur à la lecture de ce conte.
Car finalement, Lady Alroy n'a peut être pas révélé tous ses secrets ... .

En conclusion, j'ai pris beaucoup de plaisir à relire ce recueil de contes d'Oscar Wilde.
Néanmoins, je ne peux me départir du sentiment d'être passée à côté de quelques subtilités de langage de la part d'Oscar Wilde du fait que je l'ai lu en français et non en anglais.

Ce livre a été lu dans le cadre d'une lecture commune du club de lecture Babelio de Janvier 2012

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ABC critiques 2011/2012 - Lettre W

vendredi 27 janvier 2012

La croix de Cazenac Tome 2 L'ange endormi - Cycle de l'ours d'Eric Stalner et Pierre Boisserie


Deuxième tome de cette passionante série mélant espionnage et grande aventure : Etienne Cazenac est rentré chez lui, hanté par ce qu'il a enduré dans les tranchées. Pourtant il accepte d'accompagner la belle Louise dans une mission d'espionnage sur le front russe. Il reste persuadé que son frère Henri est vivant quelque part en Russie, là où a commencé l'histoire des Cazenac. Un nouvel épisode plein de rebondissements et de révélations. (Dargaud)

C'est un extrait de "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline qui illustre la quatrième de couverture de ce deuxième tome de la "Croix de Cazenac : "Tout ce qui est intéressant se passe dans l'ombre, décidément. On ne sait jamais rien de la véritable histoire des hommes." et autant dire que ces phrases résument à elle seule le contenu de ce tome.

L'histoire reprend en février 1915, au moment où les russes se font encercler par les allemands dans la forêt d'Augustow.
Par un jeu de tractation Etienne a été démobilisé et est retourné vivre avec son père.
Mais il n'est plus le même et n'arrive pas à retrouver sa vie d'avant : "Oublier ?! Comment le pourrai-je ? Ca me réveille toutes les nuits ! ... Je n'entends que des hurlements, des explosions, je ne vois que des morts partout !!!" et surtout il y a la vérité apprise à la fin du premier tome : Henri est vivant.
C'est l'arrivée de Louise, la femme de Henri, qui va déclencher toute l'histoire.
Elle va l'entraîner malgré elle dans un piège en Russie mais va aussi sans le savoir déclencher des souvenirs d'enfance d'Etienne profondément enfouis dans sa mémoire, à commencer par un ours qu'il revoit : "Au fait, j'ai revu l'ours !".

Il n'y a aucun temps mort dans ce deuxième opus, à tel point que je l'ai lu d'une seule traite sans même m'en rendre compte.
De France en Russie, le lecteur suit avec plaisir et avidité les aventures d'Etienne et de Louise, curieux d'en apprendre plus sur ces espions français, allemands et russes, mais également sur le mystérieux passé d'Etienne, à commencer par sa mère, "l'ange endormi" qui donne le titre à cette bande dessinée.
Il y a beaucoup de rythme dans cet opus et aucun temps mort, c'est sans doute son point fort.
L'autre atout indéniable, c'est la qualité du scénario mais également des graphismes.
Les dessins sont très plaisants, les couleurs très agréables et particulières en fonction de chaque situation : claires pour La France, grises pour la tempête de neige, violines pour la Russie.
L'une des choses qui m'a marqué ce sont les nuances du ciel, typiques à chaque pays.
Cela contribue à le rendre vivant, presque un personnage à part entière, et crée une ambiance particulière dans l'histoire.
Les auteurs n'ont pas non plus hésité à mettre quelques dialogues humoristiques entre les personnages d'Etienne et de Louise.
Ils ont surtout commencé à créer quelque chose entre ces deux personnages, une relation naissante, une forte attirance l'un envers l'autre, qui promet certainement de ce dénouer dans le troisième tome et ne sera peut être pas sans conséquence.

Ce deuxième opus s'achève par une bagarre mémorable dans un cimetière et surtout par les retrouvailles entre les deux frères.
La fin est ouverte sur le troisième et dernier tome qui clôturera le cycle de l'ours.
L'envie de connaître la suite est pressante.

dimanche 22 janvier 2012

Blanche Neige de Jacob et Wilhelm Grimm


"Le septième, quand il regarda son lit, y vit Blanche-neige endormie. Il appela les autres, qui vinrent bien vite et poussèrent des cris étonnés. Ils prirent leurs sept petites lampes et éclairèrent le visage de Blanche-Neige. - Seigneur Dieu ! Seigneur Dieu ! s'écrièrent-ils, que cette enfant est jolie !" (Lito)

Tout part du souhait d'une reine d'avoir "une petite fille qui ait la peau blanche comme cette neige, les lèvres rouges comme ce sang, les yeux et les cheveux noirs comme le montant de cette fenêtre".
Son voeu sera exaucé mais la reine y laissera la vie, et Blanche Neige grandira entourée de son père et de sa belle-mère.
Cette même belle-mère qui ne cesse demander tous les jours à son miroir : "Miroir, [...] dis-moi que je suis la plus belle", pour le seul plaisir d'entendre le miroir lui répondre positivement.
Mais voilà que le miroir finit par lui dire que Blanche Neige est désormais plus belle qu'elle, alors elle va chercher par tous les moyens à s'en débarrasser, et autant le dire que cette femme ne manque pas d'imagination quand il s'agit de tuer sa rivale.
Heureusement tout est bien qui finit bien grâce à sept nains qui ont recueilli Blanche Neige mais surtout à un prince qui passait par là.

Autant ce conte peut faire rêver lorsque l'on est petit, autant en le relisant avec des yeux plus matures je me rends compte d'un certain nombre de choses.
Tout d'abord il est particulièrement machiste, à la proposition des nains : "Tu t'occuperas de la maison, tu feras la cuisine, et tu raccommoderas notre linge", Blanche Neige accepte avec bonheur, voilà donc à quoi se réduit le rôle d'une femme : tenir une maisonnée et faire toutes les corvées. Rien de mieux pour conditionner les petites filles et garder encore pendant un certain temps des préjugés.
Ensuite, il faut reconnaître que Blanche Neige est présentée comme une jolie idiote.
Malgré les mises en garde des nains, elle ne cesse d'ouvrir sa porte à sa belle-mère déguisée sous différentes formes et évidemment à chaque fois elle est sauvée de justesse par les nains.
Elle est totalement crédule et n'écoute pas les sages conseils qui lui sont donnés.
Elle devient aussi femme objet : sa grande beauté conduit les nains à la mettre dans un cercueil de cristal, le prince (jeune et beau) tombe amoureuse de cette "morte" et ne peut plus se passer de la voir : "Faites m'en cadeau ! Je ne peux plus vivre sans voir Blanche Neige".
Voilà la pauvre Blanche Neige réduite à l'état de future décoration de château.
Autant dire que j'ai trouvé que le statut des femmes en prenait un sacré coup avec ce conte.
Certes, l'époque où il a été écrit n'était pas la même, mais ce sont des détails qui m'avaient échappé plus jeune.

Heureusement, tout est bien qui finit bien, la belle-mère "fut prise d'une telle rage qu'elle tomba terrassée par sa propre jalousie", voilà une fin on ne peut plus morale.
Elle a créé elle-même son propre malheur et sa perte en jalousant la beauté de Blanche Neige.
Par contre, je ne me souvenais plus que le réveil par le prince se faisait de façon aussi triviale (une secousse sur la route fait ressortir un morceau de pomme coincé dans la gorge de Blanche Neige), preuve que j'ai été trop "Walt Disneyisée", je ne gardais comme souvenir que la fin du dessin animé.

Malgré mon point de vue sans doute trop féministe sur ce conte, je l'ai relu avec plaisir.
J'ai apprécié le style d'écriture, c'est fluide et ça se lit très rapidement. Et puis il y avait quelques belles illustrations, notamment celles de Walter Crane.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge La face cachée des Disney

La croix de Cazenac Tome 1 Cible soixante - Cycle de l'ours d'Eric Stalner et Pierre Boisserie


1914, dans le sud-ouest de la France. Henri Cazenac, officier géographe des colonies, retrouve la demeure familiale et Etienne, son jeune frère qui se destine à la prêtrise. C’est un bel été, l’atmosphère est à l’insouciance, et on parle surtout de la saison qui s’annonce exceptionnelle pour le bordeaux. Bien sûr, la révolution menace à Moscou et la situation européenne est tendue, mais comme le dit Etienne, " nous sommes dans un monde moderne où l’on ne sacrifie pas des milliers d’hommes dans un but économique ". Mais le 28 juin 1914, c’est l’étincelle : l’archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo. Ensuite, tout se précipite. Le 1er août, c’est la mobilisation générale. Et le 12 octobre au matin, le facteur apporte un sinistre colis contenant ce qui reste de Henri Cazenac : la croix qu’il portait sur lui et un morceau de papier brûlé où sont inscrits les mots " soixante cible ". Cazenac traquait un traître qui vendait des renseignements aux allemands et il a été tué. Aussitôt, Etienne s’enrôle et rejoint le front.
Cette nouvelle série nous raconte le destin d’une famille dans le cadre d’une terrible boucherie qui devait durer quatre ans, avec, dans les ruines et la boue des tranchées, les amitiés, les trahisons, les faux-semblants, car personne n’est vraiment ce qu’il prétend être, dans cette histoire. Et comme le dit un agent double avant de mourir : " Nous sommes tous de fieffés gueux... Ne te fie à aucun de nous. " la citation est tirée de Hamlet, mais elle est intemporelle et universelle. (Dargaud)


"Nous sommes tous de fieffés gueux ... ne te fie à aucun de nous", c'est par cette citation tirée de Hamlet de William Shakespeare que se termine le premier tome de la série "La croix de Cazenac".
Et autant dire que le mystère reste entier par rapport au début de l'histoire.

L'intrigue commence en plein conflit mondial et l'auteur assiste à l'assassinat de Henri Cazenac alors qu'il était de suivre un traître vendant des informations aux allemands.
Quelques temps auparavant, à l'aube de la Première Guerre Mondiale, c'est le retour dans la demeure familiale de Henri Cazenac.
A cette occasion, il retrouve son père, son frère Etienne jeune séminariste, mais il n'est pas venu seul et présente à sa famille Louise, sa jeune épousée.
Mais voilà, le conflit mondial éclate et le facteur finit par apporter la nouvelle de la mort de Henri. Très vite, Etienne s'enrôle à son tour et devient le personnage central de l'histoire.

Très vite le lecteur comprend qu'il y a quelque chose qui est caché à Etienne, Henri et son père semblent partager un secret, et si vous comptiez en savoir plus à la fin de ce tome, ce n'est pas la peine d'espérer, le mystère reste entier sur les réelles motivations de Henri et de son père, bien que l'on comprenne qu'il s'agisse d'espionnage.
Si les auteurs choisissent de donner quelques indices à la fin de ce premier tome aux lecteurs, ils ont en tout cas réussi à créer une belle intrigue prenante qui ne donne qu'envie de connaître la suite.

Le cadre de l'histoire est bien choisi : à la veille du premier conflit mondial, personne ne veut y croire : "Une guerre ? Qui serait assez fou pour déclencher une guerre aujourd'hui ?", et beaucoup se bercent de faux espoirs : "Nous sommes dans un monde moderne où l'on ne sacrifie pas des milliers d'hommes dans un but économique".
Mais la folie des hommes déclenchera effectivement un conflit mondial qui sera très meurtrier.
Les scènes dans les tranchées sont bien reconstituées et j'ai apprécié les changements de couleurs lorsqu'il s'agit de scènes de guerre : des dominances de bleu foncé, jaune-marron, beaucoup de scènes nocturnes; alors que le reste des illustrations est dans des tons plus lumineux.
Il y a un beau contraste dans le choix des couleurs et la qualité des graphismes est agréable à lire.
Seul petit bémol : les changements temporels ne sont pas assez explicites et ce n'est pas toujours évident de suivre et de comprendre, par exemple, qu'entre la bulle précédente et l'actuelle Etienne s'est engagé depuis plusieurs mois et est sur le front.
L'histoire est un peu trop elliptique par moment alors qu'il y a déjà beaucoup de mystère.

En conclusion, ce premier tome est agréable à lire, l'intrigue se met bien en place, le contexte historique est prenant et les graphismes sont plaisants à regarder.
Je me lance aussitôt dans la suite des aventures des personnages de la Croix de Cazenac.

samedi 21 janvier 2012

Le grimoire au rubis - Au temps des sortilèges Intégrale Cycle 2 de Béatrice Bottet


Tome 1 : Val-d'Enfer

Catherine Barberet, sage-femme, est l'héritière du Grimoire au rubis, un livre magique et mystérieux qu'elle n'a jamais su déchiffrer. Elle le cache avec soin car, en ces temps troubles, on dénonce facilement les femmes pour sorcellerie. Malheureusement, un soir d'orage, un nouveau-né meurt au village. La rumeur gronde et accuse Catherine : «Sorcière ! Sorcière !»
Vite, elle fait fuir ses deux filles, Marguerite et Madeleine, en leur confiant le précieux grimoire.

Et si, après des siècles de silence, le Grimoire au rubis se réveillait enfin... (Casterman)

Tome 2 : Les compagnons de la nuit

Qui a donc l’audace de délivrer des sorcières promises au bûcher ? Qui, sinon les compagnons de la nuit, que nul n’a jamais vus à l’œuvre, mais qui savent utiliser les secrets du grimoire au rubis ? C’est pourtant un jeu dangereux de délivrer ces femmes innocentes accusées des pires maux. D’autant plus que le filet tendu par Grandjean, un intransigeant officier royal, se resserre autour des compagnons. Et surtout autour de l’intrépide Salviat, le plus menacé de tous. Le grimoire pourra-t-il le tirer d’affaire ? (Casterman)

Tome 3 : La sarabande des spectres

Qui aurait pu prévoir que la délicieuse Madeleine allait traverser toutes ces épreuves ? Le grimoire au rubis sans doute… mais il reste étrangement silencieux, bien à l’abri dans l’antre de maître Hamelin. Et voilà qu’un autre grimoire, un grimoire à la pierre noire, un grimoire diabolique semble mener la danse dans la ville de Montgrèze. Est-ce lui qui fait surgir les spectres le soir au coin des rues ? Est-ce lui qui menace Madeleine et sa famille ? (Casterman)


Il y avait longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un roman destiné à la jeunesse, et bien ce fut une grave erreur car entre temps bon nombre d'auteurs sont apparus, à commencer par Béatrice Bottet.
Ancienne professeur de lettres et d'histoire, Béatrice Bottet est aujourd'hui écrivain et mêle dans ses livres à la fois l'histoire qu'elle maîtrise parfaitement mais également du fantastique, de l'ésotérisme.

A l'origine, "Le grimoire au rubis" n'était pas prévu pour durer 9 tomes, sur demande de son éditeur l'auteur a fait trois cycles de trois tomes chacun, retraçant ainsi la vie du grimoire et de ses propriétaires au fil des siècles.
Cette intégrale concerne le cycle 2 et se passe au seizième siècle, en pleine période de chasse aux sorcières.

Le livre débute avec Catherine Barberet, détentrice du grimoire mais ne sachant pas le décrypter, sage-femme de son état et ses jumelles Marguerite et Madeleine.
Mais voilà qu'elle se retrouve accusée de sorcellerie et a tout juste le temps de faire fuir ses filles avec le grimoire avant d'être arrêtée, soumise à la question, jugée et brûlée.
Quant aux jumelles, elles vont se retrouver séparées dans la forêt et vont vivre pendant plusieurs années éloignées l'une de l'autre, avec pour seul espoir de se retrouver un jour.
Si Madeleine a eu de la chance en croisant le chemin du riche négociant Côme Tarondeau, Marguerite, détentrice du grimoire, est servante dans une auberge des plus mal famées en plein coeur de la forêt, au Val-d'Enfer.

Autant dire que l'intrigue se met tout de suite en place et qu'il n'y a aucun temps mort.
L'auteur choisit pendant une bonne partie du premier tome d'alterner les histoires entre Marguerite et Madeleine, séparées par la vie et qui connaissent des sorts bien différents.
Les pages se tournent facilement, de plus en plus rapidement, en l'espace de quelques chapitres la recette magique de Béatrice Bottet avait opéré : j'étais prise dans l'histoire et je n'avais qu'une envie : connaître la suite.
Certes, je me doutais très bien de la suite de l'histoire, il n'y a pas de suspens à proprement parler dans cette histoire, mais le fait est qu'elle est prenante et qu'il est difficile de lâcher le livre une fois qu'il a été commencé.
D'ailleurs l'intégralité de l'histoire est un peu banale, il y a beaucoup de lieux communs et de situations convenues, le lecteur se doute très vite de la fin du livre, des relations entre les personnages.
Mais comme il y a un peu de mystère, un peu de magie, un fond historique bien retranscrit : la chasse aux sorcières, cela suffit pour rendre la lecture fluide et rapide.
Et cela dure pendant les mille et quelques pages du livre, ce qui démontre tout de même un certain talent narratif de l'auteur.
Ces trois tomes sont bien proportionnels les uns aux autres, ils comportent tous une intrigue bien précise et permettent d'en apprendre plus sur certains personnages mais également sur le passé du grimoire et de ses détenteurs.
Si les trois cycles peuvent se lire séparément, ce qui fut mon cas, il n'est par contre en aucun cas possible de lire un tome sans avoir lu le précédent.
Même s'il y a quelques lignes pour rappeler l'intrigue passée, ils forment un tout.

L'un des points que j'ai apprécié dans ce livre, c'est que l'auteur sait parfaitement de quoi elle parle et le fond historique de l'histoire est particulièrement bien détaillé, qu'il s'agisse du contexte de la chasse aux sorcières, que du fonctionnement d'une ville ou d'une maison, des traditions, des métiers pratiqués, des plats servis, de l'habillement.
Ce n'est en rien rébarbatif et ça apporte un petit quelque chose à l'ensemble du livre qui permet de le différencier d'autres livres se situant à la même période et/ou dans le même contexte.
De plus, l'auteur est une férue d'ésotérisme et elle ne se prive pas pour livrer plusieurs scènes ayant trait à cette pratique.
Le personnage qui est sans doute le plus proche d'elle est Gaspard Hamelin, je pense qu'à travers ce personnage, et de façon secondaire à travers le personnage de Sybille, l'auteur a pris du plaisir à le créer et à écrire ses situations, et c'est certainement celui auquel elle s'identifie le plus.
Et cela se ressent par le lecteur, car ce personnage est central à l'intrigue et est la voie de la raison pour tous les autres personnages.
Et puis, l'auteur a aussi un humour décapant qui transparaît par moment : "Et les étuves ? C'est pour faire redevenir blancs les corbeaux ?", ce qui donne quelques joutes oratoires qui font sourire.
J'aurai néanmoins un reproche à faire à l'éditeur, une relecture des ouvrages ne serait pas superflue, j'ai noté à plusieurs endroits des erreurs dans les prénoms des personnages, notamment les jumelles.

Passons maintenant aux personnages.
Je le dis tout de suite, ils sont très stéréotypés, d'un côté les bons et de l'autre les méchants, tout est blanc ou noir sans milieu.
Ils ont à mon goût un peu trop de qualités et sont tous trop parfaits, c'est dommage car certains par moment manquent alors d'humanité, dans le sens où il n'est pas possible de rencontrer de telles personnes dans la réalité, on sent bien qu'il s'agit de personnages de fiction.
Salviat est un peu trop présenté comme le héros, le défenseur au grand coeur, le jeune homme courageux qui n'hésite jamais à porter secours aux personnes en difficulté.
C'est dommage, j'aime bien ce personnage mais il manque de défaut, son impétuosité en est certes un mais pas suffisant pour le rendre totalement crédible.
De plus, je voyais venir dès le premier tome l'histoire d'amour entre Marguerite et lui.
J'avoue avoir préféré le personnage de Marguerite, c'est sans doute le personnage qui a le plus des réactions humaines : elle sait répondre aux opportuns, elle est vive, elle se laisse emporter par ses sentiments, elle est jalouse; je trouve qu'elle a plus de relief que sa jumelle Madeleine.
A tel point que j'ai le sentiment que c'est elle la véritable héroïne de cette histoire.
Il y a également beaucoup de personnages secondaires différents les uns des autres qui vont jouer un rôle tout au long de l'histoire : maître Hamelin (que je ne qualifierai pas de si secondaire que cela), la veuve Chanauze, Sybille de Haudebourg et sa fille, Côme et Suzanne Tarondeau.
Il y a foisonnement de personnages mais à aucun moment le lecteur ne s'y perd.
L'autre point négatif que je reprocherai à ce livre, c'est que l'auteur choisit de mettre ses personnages en difficulté : la relation entre Marguerite et Salviat qui viennent de deux milieux différents financièrement, l'arrivée de Bertrand et son sentiment vis-à-vis de Madeleine; et au final tout est résolu en quelques lignes dans l'épilogue.
J'aurai bien aimé avoir un peu plus de détails, certaines situations sont résolues trop vite, ça laisse un petit goût d'inachevé.

Malgré des personnages communs et une histoire peu originale, la plume et le savoir de l'auteur réussissent à créer une intrigue prenante où j'avoue m'être laissée emporter avec plaisir au fil des pages.
A tel point que j'envisage de lire les deux autres cycles de la saga du "Grimoire au rubis".

Pour en découvrir plus sur cette série, n'hésitez pas à aller sur Le site qui lui est dédié.

Je remercie Babelio et les éditions Casterman pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération masse critique - jeunesse.


Masse critique



Puisque 2012 est l'année de fin du monde, Babelio propose une dernière lecture dans le cadre de l'opération masse critique.

Rendez-vous lundi 23 janvier 2012 à partir de 8h30 !

Millenium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes de Niels Arden Oplev


Mikael Blomkvist est journaliste économique dans le magazine Millenium. Condamné pour diffamation, il décide de prendre de la distance avec sa vie et son métier. Mais Henrik Vanger, grande figure de l'industrie suédoise, fait appel à lui afin d'enquêter sur une disparition non élucidée, celui d'Harriet Vanger, nièce du grand homme et disparue à l'âge de seize ans. Au cours de ses recherches, Blomkvist se rend compte que La famille Vanger semble cacher bien des haines et des secrets. Dans le cadre de son enquête, le journaliste est amené à rencontrer Lisbeth Salander. La jeune femme de vingt-quatre ans possède un don exceptionnel, celui de découvrir des informations introuvables. Tous deux vont être amenés à se croiser dans une enquête qui va révéler beaucoup plus que ce que chacun aurait pu imaginer... (AlloCiné)

J'ai (enfin) eu l'occasion de voir le film tiré du premier livre de la trilogie "Millenium".
J'étais assez curieuse de voir ce que cela donnait en film, et bien je n'ai pas été déçue, loin de là !

Cette adaptation est très bonne, l'intrigue a été très bien respectée et retranscrite, le casting est un sans faute et je n'ai rien à redire sur la mise en scène.
Certes, pour les besoins du scénario il a fallu faire quelques coupures, prendre quelques raccourcis et faire apparaître Lisbeth plus tôt dans l'histoire, mais cela ne se fait à aucun moment au détriment de l'intrigue.
Certaines relations entre les personnages ont été simplifiées, notamment les relations entretenues par Mikael avec plusieurs femmes, c'est un peu dommage car ça fait partie de la complexité du personnage, mais cela se comprend pour les besoins du format de l'adaptation.
A part ça, l'essence même du livre a été conservée.

Le casting est vraiment excellent, Mikael est interprété par Michael Niqvist et comme dans le livre, ce n'est pas un prix de beauté, il correspond tout à fait à l'image que je me faisais du personnage, et que dire de la prestation de Noomi Rapace en Lisbeth Salander ? C'est presque au-delà de mes espérances tellement c'est fidèle à la description qu'en fait l'auteur et à l'image qu'en a le lecteur.
De plus, les paysages et les lieux de l'intrigue sont eux aussi bien choisis, ils ressemblent beaucoup aux endroits que j'imaginais en lisant le livre.

Je ne comprends pas pourquoi ce film n'a pas mieux marché, il est très fidèle au livre et retranscrit parfaitement l'intrigue. Il est également très agréable à regarder et la mise en scène est bien faite.
Sans doute est-ce parce que ce n'est pas les américains qui l'ont réalisé, c'est dommage (mais bon, ils sont en train de sortir le remake).
Par contre j'aurai bien aimé voir la version série avec près de quarante minutes supplémentaires.
Je pense que je regarderai les deux autres suites dans ce format.

dimanche 15 janvier 2012

La nuit d'Elie Wiesel


Né en 1928 à Sighet en Transylvanie, Elie Wiesel était un adolescent lorsqu’en 1944 il fut déporté avec sa famille à Auschwitz puis à Birkenau.

La Nuit est le récit des souvenirs qu’Elie Wiesel conserve de la séparation d’avec sa mère et sa petite sœur qu’il ne reverra plus jamais et du camp où avec son père il partage la faim, le froid, les coups, les tortures… et la honte de perdre sa dignité d’homme quand il ne répondra pas à son père mourant.

« La Nuit, écrivait Elie Wiesel en 1983 est un récit, un écrit à part, mais il est la source de tout ce que j’ai écrit par la suite. Le véritable thème de La Nuit est celui du sacrifice d’Isaac, le thème fondateur de l’histoire juive. Abraham veut tuer Isaac, le père veut tuer son fils, et selon une tradition légendaire le père tue en effet son fils. L’expérience de notre génération est, à l’inverse, celle du fils qui tue le père, ou plutôt qui survit au père. La Nuit est l’histoire de cette expérience. »

Cet ouvrage est paru en 1958 aux Editions de Minuit et c’est le premier ouvrage d’Elie Wiesel qui est, depuis, l’auteur de plus de quarante œuvres de fiction et non-fiction. Prix Nobel de la paix en 1986, il est titulaire d’une chaire à l’université de Boston.

La Nuit a fait l’objet d’une nouvelle traduction aux Etats-Unis, en janvier 2006, avec une préface d’Elie Wiesel, et cette édition connaît un succès considérable. (Minuit)


"Je suis l'un d'eux", telle est la phrase lâchée par Elie Wiesel, jeune journaliste, à François Mauriac, lors d'un entretien.
François Mauriac a devant lui pour la première "l'un d'eux", l'un de ces enfants juifs entassés dans des wagons en partance pour les camps d'extermination.
Elie Wiesel va alors coucher par écrit son adolescence passée dans le camp d'Auschwitz-Birkenau avec son père, séparé de sa mère et de ses soeurs, puis la terrible "marche de la mort" et l'arrivée au camp de Buchenwald, jusqu'à sa libération.
Le manuscrit, écrit en yiddish sous le titre "Et le monde se taisait", traduit en français d'abord puis en anglais, fut rejeté par tous les grands éditeurs parisiens et américains, malgré les efforts de François Mauriac, jusqu'au jour où la maison d'édition "Les éditions de Minuit" acceptât de le publier.

Bien plus qu'une autobiographie, qu'en essai ou qu'un récit, "La Nuit" est un texte à part, sans nul doute fondateur de ce qu'écrira par la suite Elie Wiesel mais également une petite clé, un aperçu de ce qu'a pu être la déportation et la survie dans les camps de la mort.
Bien que ce récit soit très dur et très réaliste, fondé sur les souvenirs d'Elie Wiesel, sur son ressenti, il n'est pas possible pour moi de savoir et de comprendre intégralement ce que les déportés ont vécu.
On ne peut qu'essayer d'aller vers Auschwitz-Birkenau, de tendre vers l'enfer sur terre que ce camp, comme tant d'autres, représentait.

J'ai été, et resterai, marquée par ce livre pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, c'est l'un des premiers récits sur la vie dans les camps d'extermination que je lisais et j'ai été prise par cette lecture, mais surtout surprise par le fait que l'auteur ait réussi à mettre des mots sur ce qu'il a vécu, même si ces mots ne reflètent pas toujours bien sa pensée ou ce qu'il a vécu (et qui pourrait lui en vouloir).
Il s'est écoulé peu de temps entre son retour à la vie et la rédaction de ce manuscrit, cela n'en est que plus admirable.

Tout commence dans sa ville natale à Sighet, où malgré les mises en garde de Moshé : "Juifs, écoutez-moi ! C'est tout ce que je vous demande. Pas d'argent, pas de pitié. Mais que vous m'écoutiez !", survivant miraculeux d'une tuerie mobile, les habitants se croient à l'abri et que rien ne leur arrivera :"Je ne tiens plus à la vie. Je suis seul. Mais j'ai voulu revenir, et vous avertir. Et voilà : personne ne m'écoute ...".
Mais voilà, l'histoire finit par les rattraper et après les ghettos c'est le regroupement et le départ pour une destination inconnue : "Un sifflement prolongé perça l'air. Les roues se mirent à grincer. Nous étions en route."
Cette destination, c'est Auschwitz-Birkenau, précédée d'un terrible voyage en train.
Lors de ce voyage, une personne du wagon, Madame Schächter, qui n'a sans doute plus toute sa raison ne cesse de les mettre en garde, comme si elle devenait ce qu'il allait advenir d'eux : "Un feu ! Je vois un feu ! Je vois un feu ! ". Et si personne ne la croit, la vérité s'imposera d'elle-même à leur arrivée : "nous vîmes cette fois des flammes sortir d'une haute cheminée, dans le ciel noir."
L'auteur raconte ensuite la sélection à l'arrivée : "Quelqu'un se mit à réciter le Kaddich, la prière des morts. Je ne sais pas s'il est déjà arrivé, dans la longue histoire du peuple juif, que les hommes récitent la prière des morts sur eux-mêmes."", les mises en garde des détenus, la chance (si l'on peut dire) qui l'a fait passer de la file des condamnés à la chambre à gaz et aux crématoires à la sélection pour le camp de Monowitz-Buna.
Il y raconte ensuite son quotidien, le travail difficile, le manque de nourriture, le froid, la peur de la sélection, jusqu'à l'évacuation du camp et la terrible marche de la mort jusqu'au camp de Buchenwald et sa libération.
Mais l'Elie Wiesel rescapé n'a plus rien à voir avec l'adolescent déporté de Sighet : "Du fond du miroir un cadavre me contemplait. Son regard dans mes yeux ne me quitte plus."
L'auteur a bien su retranscrire ses pensées, y compris certaines scènes très difficiles, pour ne pas dire humainement insoutenables.

Ensuite, le ton employé par Elie Wiesel ne contient aucune haine, aucune rancune.
Il ne juge pas, il raconte ce qu'il a vécu adolescent avec son père, la faim, les privations, les coups, la peur, la sélection, le travail et par dessus tout la déshumanisation : "Je devins A-7713. Je n'eux plus désormais d'autre nom." et la perte de la dignité humaine, qui le poussera à laisser son père mourant alors que celui-ci l'appelle à son chevet.
Il a aussi une profonde réflexion concernant la religion et Dieu.
Avant ces évènements, Elie Wiesel était très croyant et étudiait la religion juive, particulièrement la Kabbale.
Ce qu'il a vécu dans ce camp aura eu raison de sa croyance en Dieu, c'est d'ailleurs une réflexion parfois rapportée par des rescapés et qui pose des questions sur la religion, son sens réel et la place de Dieu.
Lors d'une exécution, un détenu demande : " Où donc est Dieu ?", intérieurement Elie Wiesel lui répond ceci : "Où il est ? Le voici - il est pendu ici, à cette potence...".
Mais outre sa révolte contre Dieu, c'est aussi contre l'humanité qu'il se révolte, car toutes les valeurs sont inversées (les enfants frappent les adultes, et même le coeur le plus tendre se transforme en pierre, dans le seul but de survivre. Plus personne ne pense en masse, chacun pense à soi.
Pour écrire cela, Elie Wiesel utilise un style narratif fragmenté, comme s'il devait écrire dans l'urgence car il peut disparaître à tout instant, et change régulièrement de points de vue.
Je n'ai absolument pas été gênée par ce style narratif, au contraire je trouve qu'il sert même la fluidité de la lecture de ce récit.

S'il était encore besoin de démontrer que ce n'est pas le nombre de pages d'un livre qui en fait sa qualité, ce récit d'Elie Wiesel d'un peu plus d'une centaine de pages en est la parfaite illustration.
A travers ce récit, Elie Wiesel livre au lecteur de tout âge, de toute nationalité, de toute religion, un formidable, émouvant et poignant témoignage de la vie en déportation.
C'est un livre qui m'a profondément marquée, c'est la déposition d'Elie Wiesel sur une partie de sa vie et l'une des pages les plus sombres de l'histoire de l'Humanité.
C'est un livre unique qui restera dans l'Histoire.
Je n'ai, me semble-t-il, pas encore à ce jour fait ceci, mais je tiens à remercier Elie Wiesel d'avoir écrit ce livre, d'en avoir eu la force et le courage.
Non seulement je n'oublierai pas ce récit, mais je n'oublierai pas non plus l'homme derrière ces lignes.

En conclusion de cette longue critique, je citerai le passage concernant la première nuit au camp, passage qui, selon moi, concentre tous les thèmes de ce récit :
"Jamais je n'oublierai cette nuit, la première nuit de camp qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée.
Jamais je n'oublierai cette fumée.
Jamais je n'oublierai les petits visages des enfants dont j'avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet.
Jamais je n'oublierai ces flammes qui consumèrent pour toujours ma foi.
Jamais je n'oublierai ce silence nocturne qui m'a privé pour l'éternité du désir de vivre.
Jamais je n'oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert.
Jamais je n'oublierai cela, même si j'étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais."

Les 101 dalmatiens de Stephen Herek


Pongo et Perdy, superbes dalmatiens, vivent a Londres avec leurs maîtres respectifs, Roger, concepteur de jeux video et Anita, dessinatrice de mode pour la maison de couture de Cruella d'Enfer. Lorsqu'ils se croisent au parc, c'est le coup de foudre autant pour les chiens que pour les maîtres. Et c'est ainsi que, quelques mois plus tard, les deux couples attendent un heureux évènement. Mais Cruella, obsédée par la fourrure, enlève Pongo et Perdy. (AlloCiné)

En voilà un film qui a du chien ! Ou plutôt des chiens !

Il s'agit du remake du dessin animé du même nom, sorti en 1961 et produit par Walt Disney lui-même.

L'histoire est assez simple, il y a les très gentils et les les très méchants, et au milieu de tout ça un adorable couple de dalmatiens avec leurs 14 petits (les autres dalmatiens seront adoptés).

J'ai pris beaucoup de plaisir à regarder ce film, c'est très bien fait, c'est plaisant à regarder et le casting est très bien.
L'histoire est bien retranscrite sous forme de film, ça change du dessin animé, ça rend les personnages plus vivants et ça donne plus de vie aux situations.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Cruella d'Enfer, elle fait vraiment peur et Glenn Glose l'interprète superbement.
Elle est épaulée de trois méchants, dont un horrible écorcheur de peau, et, pour l'un de ses premiers rôles, Hugh Laurie qui deviendra par la suite Docteur House (comme quoi le rôle du méchant lui colle à la peau !).
A côté de ses personnages il y a le doux rêveur Roger, concepteur de jeux vidéos, interprété par Jeff Daniels, très bon dans ce rôle; et la douce dessinatrice Anita, interprétée par Joely Richardson.
Mais ce que j'ai adoré par dessus tout, ce sont les chiens.
Les dalmatiens adultes sont géniaux, ils sont très bien dressés et c'est très agréable à voir à l'écran, en plus le réalisateur leur a donné un petit côté malicieux très plaisant.
Et les chiots sont vraiment craquants.
Je ne peux pas dire qu'il y ait vraiment du suspens dans ce film, mais les situations s'enchaînent bien, il y a une petite angoissante croissante et le choix des lieux et des décors est bien fait.
J'ai également apprécié le concept des animaux qui communiquent entre eux, cela tend à la humaniser encore plus, et puis cela contribue à la part du rêve.

En conclusion, l'histoire est simple et connue, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à regarder ce film qui à mon avis enchantera petits et grands.
Il est universel et peut se regarder à tout âge.
Cela permet aussi d'avoir une autre vision de l'histoire que celle du dessin animé de Walt Disney.

Ce film a été regardé dans le cadre du challenge La face cachée des Disney

samedi 14 janvier 2012

Rani d'Arnaud Sélignac



A l'heure d'enterrer son père, Jolanne de Valcourt, une jeune femme, belle, insoumise et sensuelle, est abominablement trahie par son demi-frère et accusée à tort. Ses aventures la mènent en Inde où elle sera vendue, puis traquée, puis princesse. Entre vengeance et passion, Jolanne devient Rani, héroïne, femme moderne, autant aimée que trahie. Cette série retrace dix ans d'amour et d'aventures entre Jolanne et le bel officier anglais, Craig Walker, dans une Inde du 18ème siècle aussi voluptueuse que raffinée. (Allociné)

Pour cette fin d'année 2011, France Télévisions avait décidé d'investir dans une saga en huit épisodes au budget conséquent pour faire rêver les téléspectateurs.
En lisant le résumé on comprend vite que cela ne prendra pas la tête, que ça ressemble beaucoup à Angélique, un peu modernisée et revue, mais on espère rêver un peu en Inde.

Autant le dire tout de suite, l'histoire n'est absolument pas originale et la fin est téléphonée dès le début, j'ai donc attendu la conclusion connue depuis les premières minutes du premier épisode.
Pourtant le scénario a été écrit par Jean van Hamme, cela aurait dû être un gage de réussite. Mais voilà, il a trop voulu jouer avec les clichés et écrire une histoire lisse et facile. C'est dommage, un peu plus de recherche aurait été bienvenue.
Les personnages sont très stéréotypés : la belle jeune femme courageuse, insoumise, trompée par son frère ... qui tombe amoureuse du bel officier anglais mystérieux.
Même les méchants n'innovent pas : le méchant frère qui ne souhaite que la mort de sa demi-soeur et le policier qui veut soumettre la jeune femme.
Les épisodes étaient assez inégaux, par moment il y avait beaucoup d'action, à d'autres pas du tout et ça pouvait devenir lassant.
Le statut de Rani qui donne le titre de la série n'est finalement que présent dans l'histoire, il n'apparaît que dans 3 épisodes, soit même pas la moitié de la série.
Je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, aucun ne dégageait un réel charisme et il leur arrive tellement de choses qu'il est difficile de s'identifier à eux.

L'atout de la série est certainement toute la partie se déroulant en Inde.
Les paysages et les décors sont magnifiques, le tournage a pu s'effectuer dans certaines pièces du palais, cela donne un cachet à la saga.
Il y a aussi plus de personnages et puis cela permet de découvrir une autre culture.
Je trouve que le conflit français/anglais pour se partager l'Inde aurait pu être abordée plus précisément, là seules les grandes lignes sont effleurées par l'intrigue.
Ce qui est vraiment plaisant, c'est la diversité des paysages et les lieux, que ce soit le bordel ou les palais ou les comptoirs français, ils sont différents mais avec du charme.

Pour finir, le casting n'était pas forcément des plus exceptionnels.
J'ai connu Mylène Jampanoï dans ses débuts dans la série "Sous le soleil".
Certes, elle a progressé du point de vue de son jeu d'actrice, mais ce n'est pas encore tout à fait ça, et par moment j'avais l'impression qu'elle récitait trop son texte.
Elle a une très belle plastique et le réalisateur a voulu la mettre en valeur, c'est sans doute ce côté qui fait penser à Angélique.
Je pense tout de même qu'elle manque encore d'envergure et que son jeu peut être amélioré, mais être l'héroïne d'une saga, même si l'audience n'était pas au rendez-vous, c'est toujours un tremplin pour une carrière.
Jean-Hugues Anglade a le rôle du méchant frère, je regrette de devoir le dire mais la qualité de son jeu habituel n'était pas au rendez-vous.
Cela vient peut-être du rôle qu'il devait interpréter et qui ne lui convient pas tout à fait, mais j'ai constaté que sa prestation était très loin d'être la meilleure, il est même énervant parfois à trop vouloir forcer le trait. Son jeu manquait de subtilité pour moi, mais cela vient aussi du scénario et de la psychologie attribuée à ce personnage.
Le vrai bon méchant c'est le personnage de Laroche interprété par Pascal Demolon.
J'ai également apprécié Gabriella Wright dans le rôle d'Indra, dommage que le personnage disparaisse rapidement, il avait du potentiel.

En conclusion, France Télévisions a investi beaucoup dans cette saga et le résultat en terme d'audience n'a pas été au rendez-vous.
Mais voilà, le résultat en terme d'attente des spectateurs n'était, à mon avis, pas non plus au rendez-vous.
J'ai passé quelques bons moments devant cette saga, mais elle est loin d'être inoubliable et elle pèche sur de nombreux aspects.

dimanche 8 janvier 2012

Lectures 2011

En ce début d'année 2012, il est temps de faire le bilan des lectures de 2011.

Voici mes coups de coeur pour cette année 2011, classés par ordre de préférence.

1er ex-aequo



2ème


3ème


4ème


5ème


6ème


7ème


8ème


9ème


10ème


Il y a effectivement 11 livres dans ce "top ten", mais je n'arrivais pas à me décider.
J'ai donc choisi de tous les faire figurer et de décerner le premier prix ex-aequo à deux livres, tous deux autobiographiques et qui m'ont fortement intéressée l'année dernière.
Ils se passent tous les deux pendant la Seconde Guerre Mondiale (en partie pour l'un mais cela aura des répercussions durant toute sa vie pour l'auteur).
Hélène Berr tient un journal intime de 1942 à 1944, année de son arrestation. De déportation, elle ne reviendra pas. Mais elle aura laissé une trace de son passage sur Terre par ce journal intime, d'une étonnante clairvoyance et qui est une leçon de vie pour chacun.
De déportation, Simone Veil est revenue, mais marquée à jamais dans sa chair et meurtrie.
Elle s'est livrée pour la première fois dans son autobiographie, revenant sur sa jeunesse, la déportation, mais également sa vie de femme, son engagement politique, ses convictions.
Là aussi ce livre est une incroyable leçon de vie d'une femme admirable.
Pour moi, ces deux livres sont liés et je ne pouvais pas faire autrement que de les mettre en tête de liste car, au risque de me répéter, ils ont été deux coups de coeur et en même temps deux grandes claques dans la figure.

Je tiens également à préciser que Fred Vargas a fini au pied du podium, pour qu'elle y soit j'aurai dû créer 3 prix ex-aequo sur un policier, là j'aurai vraiment poussé le bouchon trop loin !

Comme l'année dernière, je tiens également à mettre à l'honneur une bande dessinée.
Plus le temps passe et plus je découvre des auteurs et des séries, cette année ma mention spéciale va à "L'épervier" de Patrice Pellerin, superbe histoire d'aventure et de corsaire dans la Bretagne du 18ème siècle.

Sinon pour mémoire voici la liste des livres lus en 2011 :

La saga des maîtres de l'orge Tome 8 Les Steenfort de Jean Van Hamme et Vallès
Comment se débarrasser d'un vampire amoureux de Beth Fantaskey
E comme explosif de Sue Grafton
Eclipse de Stephenie Meyer
Un violent désir de paix d'Andrea H. Japp
L'étoile du désert tome 1 d'Enrico Marini et Stephen Desberg
L'étoile du désert tome 2 d'Enrico Marini et Stephen Desberg
Le mystère de Callander square d'Anne Perry
Spirales de Tatiana de Rosnay
Ice limit de Douglas Preston et Lincoln Child
Agence Hardy Tome 1 Le parfum disparu d'Annie Goetzinger et Pierre Christin
Coule la Seine de Fred Vargas
Agence Hardy Tome 2 La trace pâle d'Annie Goetzinger et Pierre Christin
Wonderland avenue de Michael Connelly
Debout les morts de Fred Vargas
Agence Hardy Tome 5 Berlin zone française d'Annie Goetzinger et Pierre Christin
Double faute de Lionel Shriver
L'étrangleur de Cater Street d'Anne Perry
F comme fugitif de Sue Grafton
Giacomo C. Tome 1 Le masque dans la bouche d'ombre de Griffo et Jean Dufaux
Giacomo C. Tome 2 La chute de l'ange de Griffo et Jean Dufaux
Agence Hardy Tome 3 Le poison rouge d'Annie Goetzinger et Pierre Christin
Le vol du corbeau Tome 2 de Jean-Pierre Gibrat
Une haine aveugle de Martha Grimes
Agence Hardy Tome 4 Banlieue blanche, banlieue rouge d'Annie Goetzinger et Pierre Christin
Agence Hardy Tome 6 Boulevard des crimes d'Annie Goetzinger et Pierre Christin
Journal de Hélène Berr
Le retour du professeur de danse de Henning Mankell
Blake et Mortimer Tome 16 Les sarcophages du 6ème continent 1ère partie d'André Juillard et Yves Sente
Blake et Mortimer Tome 17 Les sarcophages du 6ème continent 2ème partie d'André Juillard et Yves Sente
Léviatemps de Maxime Chattam
Le royaume des voleurs de William Ryan
Robe de marié de Pierre Lemaître
Confessions of a shopaholic de Sophie Kinsella
L'oeil de Caine de Patrick Bauwen
La dame du Palatin de Patrick de Carolis
Blake et Mortimer Tome 4 Le secret de la grande pyramide - Le papyrus de Manethon d'Edgar P. Jacobs
Blake et Mortimer Tome 5 Le secret de la grande pyramide - La chambre d'Horus d'Edgar P. Jacobs
Three to get deadly de Janet Evanovich
Survivants Episode 1 de Leo
Journal d'un vampire Tome 1 de Lisa Jane Smith
Gossip Girl Tome 2 You know you love me de Cecily von Ziegesar
L'échappée belle d'Anna Gavalda
La princesse des glaces de Camilla Läckberg
Faute de preuves de Harlan Coben
Perdues de vue de Carlene Thompson
Purge de Sofi Oksanen
Gossip Girl Tome 3 All I want is everything de Cecily von Ziegesar
Ce cher Dexter de Jeff Lindsay
The undomestic goddess de Sophie Kinsella
Une vie de Simone Veil
L'épervier Tome 1 Le trépassé de Kermellec de Patrice Pellerin
L'épervier Tome 2 Le rocher du crâne de Patrice Pellerin
L'épervier Tome 3 Tempête sur Brest de Patrice Pellerin
L'épervier Tome 4 Captives à bord de Patrice Pellerin
L'épervier Tome 5 Le trésor du Mahury de Patrice Pellerin
L'épervier Tome 6 Les larmes de Tlaloc de Patrice Pellerin
L'homme inquiet de Henning Mankell
Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé
Peter Pan Tome 1 Londres de Régis Loisiel
Peter Pan Tome 2 Opikanoba de Régis Loisiel
Peter Pan Tome 3 Tempête de Régis Loisiel
Peter Pan Tome 4 Mains rouges de Régis Loisiel
Peter pan Tome 5 Crochet de Régis Loisiel
Peter Pan Tome 6 Destins de Régis Loisiel
Les visages de Jesse Kellerman
Le 5ème ange de la mort (Women murder club) de James Patterson et
Le voyage d'hiver d'Amélie Nothomb
Long John Silver Tome 1 Lady Vivian Hastings de Mathieu Lauffray et Xavier Dorison
Long John Silver Tome 2 Neptune de Mathieu Lauffray et Xavier Dorison
Long John Silver Tome 3 Le labyrinthe d'émeraude de Mathieu Lauffray et Xavier Dorison
La pierre qui tremble de Pierre Boileau
A comme alibi de Sue Grafton
Secrets d'outre tombe de Kathy Reichs
Murena Tome 1 Le pourpre et l'or de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Murena Tome 2 De sable et de sang de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Murena Tome 3 La meilleure des mères de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Murena Tome 4 Ceux qui vont mourir ... de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Murena Tome 5 La déesse noire de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Murena Tome 6 Le sang des bêtes de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Murena Tome 7 Vie des feux de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Murena Tome 8 Revanche des cendres de Philippe Delaby et Jean Dufaux
Le vent de la haine de Marie-Paul Armand
Blake et Mortimer Tome 6 La marque jaune d'Edgar P. Jacobs
Le tueur des ombres de Val McDermid
Gossip Girl Tome 4 Beacause I'm worth it de Cecily von Ziegesar
Journal d'un vampire Tome 2 de Lisa Jane Smith
Mémoire trouble de Lisa Unger
Une forme de vie d'Amélie Nothomb
Celle qui n'était plus de Pierre Boileau et Thomas Narcejac
La souffrance des autres de Val McDermid
Blake et Mortimer Tome 1 Le secret de l'espadon - La poursuite fantastique d'Edgar P. Jacobs
Blake et Mortimer Tome 2 Le secret de l'espadon - L'évasion de Mortimer d'Edgar P. Jacobs
Blake et Mortimer Tome 3 Le secret de l'espadon - SX1 contre-attaque d'Edgar P. Jacobs
Les morues de Titiou Lecoq
Le chuchoteur de Donato Carrisi
La fille sans visage de Patricia MacDonald
Apocalypse d'Eric Giacometti et Jacques Ravenne
Le voyeur de Brian Freeman
Aldebaran L'intégrale cycle 1 de Leo
Fractures de FRanck Thilliez
De soie et de sang de Qiu Xiaolong
Le chat du Rabbin Tome 1 La Bar-Mitsva de Joann Sfar
Le chat du Rabbin Tome 2 Le Malka des lions de Joann Sfar
Alice et la dame du lac de Caroline Quinn
Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald
Sommeil de Haruki Murakami
Tintin Le secret de la licorne de Hergé
Tintin Le trésor de Rackham le Rouge de Hergé
Blake et Mortimer Tome 7 L'énigme de l'Atlantide d'Edgar P. Jacobs
La lignée de Guillermo del Toro et Chuck Hogan
L'étoile du diable de Jo Nesbø
J'irai cracher sur vos tombes de Boris Vian
La chute de Guillermo del Toro et Chuck Hogan
La belle et la bête de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont
Easter parade de Richard Yates
Le scorpion Tome 9 Le masque de vérité d'Enrico Marini et Stephen Desberg
Le secret des Enfants-Rouges de Claude Izner
Sans feu ni lieu de Fred Vargas

Edit du 15/01/2012 : je viens de compter (enfin !), j'ai lu 65 livres hors bande dessinée.
C'est plus qu'en 2010, ça l'est également au niveau des bandes dessinées.
J'en profite pour remercier la RATP et la SNCF pour les temps de lecture dans les transports, surtout lorsqu'il y a des retards, sans vous j'aurai peut-être lu un peu moins de livres !
Continuez à dégrader vos services, à augmenter les retards, ça me permet de lire plus ! (c'est ironique évidemment, je préfère lire chez moi plutôt que dans vos engins qui servent à transporter des passagers/clients)

Pour finir, comme bonnes résolutions 2012 :
- lire encore plus de livres
- tenir régulièrement à jour ce billet plutôt que d'y insérer tous les liens en catastrophe en début d'année (et y passer un certain temps ...)
- faire diminuer ma PAL (*rires*)

Et vous, quels ont été vos coups de coeur littéraires en 2011 ?

Pocahontas, une légende indienne de Mike Gabriel et Eric Goldberg



En l'an 1607, la belle Pocahontas aura-t-elle le pouvoir d'éviter la guerre entre les colons anglais et son peuple, les Powhatan, et de sauvegarder ainsi ses amours avec le fringant aventurier John Smith, qui accompagne les colons ? (AlloCiné)

Ce n'est sans doute pas le meilleur Walt Disney à ce jour, mais sur certains aspects ce dessin animé est une réussite.

Tout d'abord, l'histoire est un peu plus originale que d'habitude, dans le sens où ce n'est pas l'adaptation d'un conte ou d'un livre mais d'une personne qui a réellement existé.
Certes, Walt Disney a embelli certaines choses, mais une certaine fidélité a été respectée par rapport à l'histoire originale.
Et puis, j'ai retrouvé comme dans "Le roi lion" un certain réalisme.
En effet, il n'est pas question de cacher la guerre ou la mort aux enfants, les images sont explicites et l'ambiance générale de ce dessin animé est même plutôt pessimiste et triste.
La fin n'en est pas vraiment une, et puis elle n'est pas heureuse, tout du moins c'est ainsi que je l'ai perçue.
Là encore, je trouve que c'était risqué mais juste comme point de vue, car quelle fin heureuse pouvait avoir cette histoire ?
Pocahontas épouse John Smith qui vient vivre avec elle, ils eurent beaucoup d'enfant ?
Personne n'y croit, ça sonne faux, ce n'est même pas improbable, c'est irréalisable.
Malgré une ambiance sombre, il y a beaucoup d'humour dans ce dessin animé, amené essentiellement par les animaux : le farceur Meeko, son compagnon Flit et le pauvre chien Percy, victime préférée de Meeko.
J'ai bien rigolé sur certains scènes, ils sont en plus très réalistes du point de vue des dessins.
Il y a également un esprit de philosophie et de réflexion dans ce dessin animé, et pour une fois, c'est dit ouvertement, car les personnages se posent des questions et cherchent la sagesse, le meilleur comportement à adopter.
L'autre point fort, c'est la musique. Les chansons sont très belles, j'ai particulièrement apprécié "L'air du vent". Les paroles sont magnifiques, tout comme la musique, et les dessins qui l'accompagnent l'illustrent parfaitement.

Maintenant dans les aspects négatifs, j'ai trouvé que la qualité des dessins s'était détériorée par rapport aux précédents Disney.
Cela n'est pas vrai pour les animaux, mais ça l'est pour les humains.
John Smith ou les hommes en général sont à peu près réussis (encore que John Smith a été pensé trop "beau gosse"), mais les femmes et les indiens sont ratés.
Les traits des visages paraissent taillés à la serpe, il n'y a pas d'harmonie, et puis Pocahontas a des lèvres pulpeuses (aujourd'hui on croirait qu'elle se les ai fait botoxer !) ce qui ne va absolument pas avec le personnage, et le nez est souvent absent des visages indiens.
Si j'ai trouvé du réalisme dans l'histoire, je reproche encore une dose trop forte de bons sentiments, ou plutôt le fait que les blancs se rallient vite à la cause des indiens, même si un semblant de haine est entretenu il fond vite comme neige au soleil, et puis John Smith se rallie très vite du côté de Pocahontas.
Ce n'est pas crédible, je doute fort qu'à cette époque les anglais étaient tous inspirés de bons sentiments fraternels à l'égard des indiens.
Autant aller jusqu'au bout du réalisme et ne pas américaniser cette histoire tout en la rendant accessible à un public jeune.

Je ne garderai pas un souvenir ému de ce dessin animé pour la qualité des dessins, mais plus pour les paysages et les animaux, et surtout la musique.

Ce dessin animé a été regardé pour mon plaisir et dans le cadre du challenge La face cachée des Disney