lundi 29 février 2016

Spotlight de Tom McCarthy

     
     

Adapté de faits réels, Spotlight retrace la fascinante enquête du Boston Globe – couronnée par le prix Pulitzer – qui a mis à jour un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique. Une équipe de journalistes d’investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois sur des suspicions d’abus sexuels au sein d’une des institutions les plus anciennes et les plus respectées au monde. L’enquête révélera que L’Eglise Catholique a protégé pendant des décennies les personnalités religieuses, juridiques et politiques les plus en vue de Boston, et déclenchera par la suite une vague de révélations dans le monde entier. (AlloCiné)


En 2001, l'équipe journalistique de Spotlight,magasine d'investigation du Boston Globe, a mis à jour l'un des plus grands scandales de tous les temps au sein de l'église Catholique : la protection et le silence qu'elle a accordé pendant des dizaines d'années à des personnalités religieuses se rendant coupables de pédophilie.
Avec "Spotlight", Tom McCarthy retrace les mois d'enquête de cette équipe composée de Walter Robinson (Michael Keaton), Michael Rezendes (Mark Ruffalo), Sacha Pfeiffer (Rachel McAdams), Matt Carroll (Brian d'Arcy James), sous la supervision de Ben Bradlee Jr. (John Slattery) et du nouveau rédacteur en chef du Boston Globe Marty Baron (Liev Schreiber).


Le sujet de ce film m'intéressait énormément, d'autant que je n'ai finalement que peu entendu parler de ce scandale.
Il faut dire que l'affaire a éclaté peu de temps après le 11 septembre 2001, d'ailleurs ces événements ont obligé le journal à repousser la parution des articles le mettant au jour.
J'avais un peu peur que les Américains cherchent à tirer la couverture de la gloire à eux, à tomber dans une forme de voyeurisme malsain, finalement Tom McCarthy évite habilement tous les écueils et livre un film qui rend un vibrant hommage aux journalistes et à leur travail d'investigation.
Le scénario a su synthétiser l'enquête pour n'en livrer que les passages clés et la présenter de façon simple au public.
Merci, car cela aurait pu vide devenir indigeste tant il y a d'informations à assimiler, tant l'enquête a pris une envergure gigantesque, il faut dire qu'il n'est pas question d'un ou deux cas isolés mais de presque cent cas sur la seule ville de Boston.
J'ai été indignée par cette histoire, je trouve tout simplement ahurissant que cela ait pu être étouffé pendant des dizaines d'années, et autant vous dire que mes poils se sont hérissés à la fin lorsqu'il est dit que le principal responsable de ce silence au sein de l'Eglise Catholique a eu une "promotion" en étant "muté" à Sainte-Marie-Majeure à Rome, l'une des basiliques les plus importantes et devant laquelle je suis passée tous les jours au cours de mon séjour, que j'ai même visité.
Pour en revenir plus sur la forme du film, le réalisateur a aussi eu l'intelligence de ne pas donner dans le voyeurisme et de laisser les victimes raconter les sévices dont elles ont été victimes plutôt que de les montrer par le biais de flashback.
La scène d'ouverture est à ce titre très intéressante, elle donne le ton de ce qui va suivre et sans rien dire fait comprendre au spectateur le thème dont il va être question.
La réalisation de Tom McCarthy est maîtrisée du début à la fin, j'ai beaucoup aimé sa façon de filmer les personnages en action, d'autant qu'aucun des acteurs ne cherche à tirer la couverture plus à lui.
Car les acteurs sont tous excellents, j'ai été ravie de retrouver Michael Keaton à l'écran ("Birdman" lui aura décidément fait du bien), et j'ai surtout été bluffée par le jeu de Mark Ruffalo incarnant un journaliste pugnace et entier.
Je n'ai pas souvenir d'avoir vu cet acteur dans un film, ou alors je n'y avais pas prêté attention, mais là je l'ai trouvé particulièrement juste dans son rôle et très crédible.
J'avais véritablement l'impression d'avoir un journaliste d'investigation sous les yeux.
Il n'y a pas à dire, les Américains sont décidément très forts pour réaliser ce genre de film s'inspirant de faits réels, ils savent condenser les informations et choisir des acteurs pour incarner des personnes bien réelles afin de raconter leur histoire et de la partager avec le plus grand nombre.


"Spotlight" est un très bon film d'enquête, captivant du début à la fin et très bien réalisé par un Tom McCarthy particulièrement inspiré.





samedi 27 février 2016

L'ambulance 13 - Tome 6 : Gueule de guerre de Patrice Ordas et Alain Mounier


Chirurgien militaire, Louis Bouteloup est désormais entre les mains de ses pairs. Grièvement blessé et défiguré sur le front alsacien, il peut cependant compter sur les talents de sculpteur d’Émilie pour retrouver un visage. Mis hors du cadre de l’armée, Louis est confronté aux peurs de l’arrière, aux monstrueux canons bombardant la capitale. Il découvre aussi le sentiment profond qu’il éprouve pour Émilie. Sera-t-il trop tard pour reconstruire leur vie ? (Bamboo)

Paul Valéry a dit : "La guerre, c'est un massacre de gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas." et ma foi, cette phrase illustre plutôt bien la Première Guerre Mondiale dont il est ici question.

Après avoir opéré, réparé, soigné les blessés du front, c'est au tour du lieutenant Bouteloup de se trouver à l'hôpital, salement amoché, enfin tout dépend le point de vue que l'on adopte : "Ça dépend de l'importance qu'un célibataire de vingt-trois ans attache à son sourire. Il est défiguré.".
Mais comme d'ordinaire, il n'a le droit à aucun passe-droit, voire même on le laisse volontairement de côté.
C'est Satan, un abbé qui a partagé plusieurs mois la vie de tranchée avec le lieutenant Bouteloup, qui arrive à son secours, et qui va faire chercher dans les tranchées un ancien de l'ambulance 13 pour l'opérer.
Puis, il va chercher Emilie pour qu'elle utilise son talent d'artiste pour redonner un visage à son carabin à travers une prothèse faciale : "Les femmes sont faites pour réparer les hommes.".
Mais la guerre n'en a pas fini avec le lieutenant Bouteloup, aura-t-il droit à sa part de bonheur avec Emilie ?

Après avoir traité les blessures de guerre, les amputations, c'est au tour de ceux qui se sont baptisés "gueules cassées" d'être au centre de ce sixième volume.
Cette guerre n'a pas fait que tuer ou blesser légèrement, elle a aussi laissé des milliers de personnes atrocement défigurées qui soit ont eu beaucoup de mal à être réintégrées dans la population soit n'ont pas pu l'être tant il était impossible aux civils de les regarder sans exprimer du dégoût ou de la peur (comprendre que certains ont certes réchappé à la guerre mais se sont suicidés).
Ces personnes sont fragiles et c'est le cas du lieutenant Bouteloup qui refuse pendant longtemps qu'Emilie le voit ainsi : "Ne leur tournez pas le dos. Ça les blesse autant que les balles.".
Il ne veut être un fardeau pour personnes, néanmoins il est en vie et c'est notamment ce que Satan va finir par lui rentrer dans le crâne.
Dégagé de ses obligations militaires il va pouvoir envisager le retour à la vie civile, mais peut-être que le destin lui réserve un autre sort.
A cette époque de 1918 la guerre n'est pas encore finie, mais comme le dit si justement l'un des personnages : "Si victoire il y a, nous la devrons à ceux qui auront su préserver un peu d'humanité dans cette boucherie.".
Une nouvelle fois, j'ai trouvé cette bande dessinée tout simplement admirable, tant du point de vue de l'histoire que du graphisme.
C'est un nouvel aspect médical de la guerre de 14-18 qui y est abordé, comme d'ordinaire il y a eu une recherche documentaire importante et c'est là l'un des points forts de cette bande dessinée. 
Mais c'est aussi avec grand plaisir que j'ai retrouvé les personnages, et je dois dire que pour ce sixième tome les auteurs nous ont gâtés en émotion.
J'ai bel et bien l'impression que cette série est achevée et c'est avec un gros pincement au cœur que j'ai lu ce volume car sans vous dévoiler quoi que ce soit la fin est vraiment très émouvante, et éprouvante pour le lecteur.
Je me dois de saluer une nouvelle fois la qualité des dessins et des mises en couleur. Il y a beaucoup de détails qui se glissent dans les planches, à tel point que j'ai ressenti le besoin d'en relire certains à plusieurs reprises ou tout simplement de prendre quelques minutes pour les admirer et en saisir toutes les nuances.
Et qu'est-ce que je m'en veux d'avoir emprunté cette bande dessinée en bibliothèque, elle fait partie de ces séries qu'il est nécessaire d'avoir à portée de mains, déjà car elles sont excellentes mais aussi pour pouvoir s'y replonger lorsqu'on le souhaite.
Je terminerai en parlant du très intéressant dossier final qui s'intéresse cette fois-ci à la chaîne d'évacuation des blessés.
A travers cette dizaine de pages historiques, les auteurs complètent leur histoire en revenant sur la structuration de l'armée face à l'affluence de blessés plus ou moins graves, aux moyens mis en oeuvre pour les soigner au mieux et les évacuer si besoin dans les hôpitaux de l'arrière pour les cas les plus graves.
Au fur et à mesure de ces quatre années de guerre des structures médicales se sont mises en place, plus ou moins proches de la ligne de front, ainsi que des consignes pour le ramassage des blessés (et des morts) et des centres pour trier et évacuer les blessés.
Les aspects logistiques de la guerre de 14-18 sont peu souvent abordés, cette bande dessinée a le mérite de les mettre en valeur.

Avec "Gueule de guerre" c'est un nouveau cycle de "L'ambulance 13" qui se clôture, voire même la série, et c'est toujours avec le même plaisir que j'ai suivi le destin du lieutenant Bouteloup dans cette décidément excellente bande dessinée mêlant Humanité et Histoire, avec un grand H pour les deux.

Oscars 2016

La 88ème cérémonie des Oscars aura lieu le 28 février 2016 à Los Angeles, je n’y ai pas été invitée (et je ne comprends pas pourquoi, it’s absolutely scandalous !), et là encore je vais mettre mon grain de sel dans les nominations en me prêtant au jeu des pronostics.


A la vue de ces nominations j’ai une méchante envie de chanter "Où sont les femmes ?", à part pour les actrices c’est à croire qu’elles sont restées gentiment chez elles cette année, derrière les fourneaux, telles de braves Mildred Pearce à préparer de savoureux plats et délicieuses tartes pendant que leurs réalisateur ou acteur ou producteur de mari étaient en train de battre le pavé et d’exploser (plus ou moins) le box office.

Meilleur film

Le Pont des Espions
Brooklyn
Mad Max Fury Road
Room
Spotlight
The Big Short
Seul sur Mars
The Revenant

Mon pronostic : Le Pont des Espions, tout simplement parce que je ne vois pas Steven Spielberg repartir de cette cérémonie sans être primé.

Mon favori : 50/50 pour Spotlight et The Revenant (à l’heure où j’écris cet article je suis à quelques heures de voir The Revenant il m’est donc difficile de trancher entre les deux, mais Spotlight a su me toucher).

Meilleur réalisateur

Lenny Abrahamson pour Room
Alejandro González Iñárritu pour The Revenant
Tom McCarthy pour Spotlight
Adam McKay pour The Big Short : Le Casse du siècle
George Miller pour Mad Max: Fury Road

Mon pronostic : si Leonardo DiCaprio n’a pas l’Oscar du meilleur acteur : Alejandro González Iñárritu pour The Revenant, sinon il est probable que ce réalisateur l’ait pour la deuxième année consécutive mais Tom McCarthy et George Miller sont aussi des réalisateurs probables (je crois que c’est mon meilleur pronostic, en tout cas le plus précis).

Mon favori : 50/50 pour Alejandro González Iñárritu pour The Revenant et Tom McCarthy pour Spotlight, à l’heure actuelle n’ayant vu qu’un des deux films je ne peux pas trancher. En fait, mon meilleur réalisateur c’est Todd Haynes pour Carol, le seul petit hic c’est qu’il n’est pas nominé, oups.

Meilleur acteur

Bryan Cranston pour le rôle de Trumbo dans Dalton Trumbo
Matt Damon pour le rôle de Mark Watney dans Seul sur Mars (The Martian)
Leonardo DiCaprio pour le rôle de Hugh Glass dans The Revenant
Michael Fassbender pour le rôle de Steve Jobs dans Steve Jobs
Eddie Redmayne pour le rôle de Lili Elbe / Einar Wegener dans The Danish Girl

Mon pronostic : 50/50 pour Leonardo DiCaprio pour le rôle de Hugh Glass dans The Revenant et Eddie Redmayne pour le rôle de Lili Elbe / Einar Wegener dans The Danish Girl, reste à savoir si Leonardo DiCaprio va (enfin !) avoir un Oscar ou si le choix va être fait de récompenser pour la deuxième année consécutive le même acteur (ce précédent a déjà eu lieu). Je crois que Leonardo DiCaprio a tout de même une petite avance.

Mon favori : Leonardo DiCaprio pour le rôle de Hugh Glass dans The Revenant, je ne portais pas cet acteur dans mon cœur à ses débuts mais sa rencontre et son travail avec Martin Scorcese a tout changé. Filez-lui enfin un Oscar, depuis le temps qu’il le mérite !

Meilleure actrice

Cate Blanchett pour le rôle de Carol Aird dans Carol
Brie Larson pour le rôle de Ma dans Room
Jennifer Lawrence pour le rôle de Joy Mangano dans Joy
Charlotte Rampling pour le rôle de Kate Mercer dans 45 Years
Saoirse Ronan pour le rôle de Eilis Lacey dans Brooklyn

Mon pronostic : Cate Blanchett pour le rôle de Carol Aird dans Carol.

Mon favori : Cate Blanchett pour le rôle de Carol Aird dans Carol, je ne vois même pas pourquoi on en discute tellement c’est évident.

Meilleur acteur dans un second rôle

Christian Bale pour le rôle de Michael Burry (en) dans The Big Short : Le Casse du siècle (The Big Short)
Tom Hardy pour le rôle de John Fitzgerald dans The Revenant
Mark Ruffalo pour le rôle de Michael Rezendes dans Spotlight
Mark Rylance pour le rôle de Rudolf Abel dans Le Pont des espions (Bridge of Spies)
Sylvester Stallone pour le rôle de Rocky Balboa dans Creed : L'Héritage de Rocky Balboa (Creed)

Mon pronostic : Mark Rylance pour le rôle de Rudolf Abel dans Le Pont des espions (Bridge of Spies).

Mon favori : Mark Ruffalo pour le rôle de Michael Rezendes dans Spotlight, jusqu’à la semaine dernière mon favori aurait été le même que mon pronostic mais depuis j’ai apprécié le jeu de Mark Ruffalo et il mérite à mes yeux d’être récompensé pour sa prestation de journaliste pugnace.

Meilleure actrice dans un second rôle

Jennifer Jason Leigh pour le rôle de Daisy Domergue dans Les Huit Salopards (The Hateful Eight)
Rooney Mara pour le rôle de Therese Belivet dans Carol
Rachel McAdams pour le rôle de Sacha Pfeiffer dans Spotlight
Alicia Vikander pour le rôle de Gerda Wegener dans The Danish Girl
Kate Winslet pour le rôle de Joanna Hoffman dans Steve Jobs

Mon pronostic : Kate Winslet pour le rôle de Joanna Hoffman dans Steve Jobs, Kate et Leo, Leo et Kate, si Leo est boudé par les Oscars Kate en est par contre appréciée et je ne serai pas étonnée de la voir repartir avec une statuette.

Mon favori : Rooney Mara pour le rôle de Therese Belivet dans Carol, uniquement parce qu’elle se retrouve dans cette catégorie, c’est du grand n’importe quoi. Peut-on m’expliquer ce que Rooney Mara fait dans un second rôle ? C’est un premier rôle, pour moi les deux actrices méritent l’Oscar de la meilleure actrice, ex-aequo.

Meilleur scénario original

Ex Machina – Alex Garland
NWA : Straight Outta Compton (Straight Outta Compton) – Jonathan Herman, Andrea Berloff, S. Leigh Savidge et Alan Wenkus (en)
Le Pont des espions (Bridge of Spies) – Matt Charman (en), Joel et Ethan Coen
Spotlight – Josh Singer (en) et Tom McCarthy
Vice-versa (Inside Out) – Pete Docter, Meg LeFauve (en), Josh Cooley (en) et Ronnie del Carmen

Mon pronostic : Vice-versa (Inside Out) – Pete Docter, Meg LeFauve (en), Josh Cooley (en) et Ronnie del Carmen.

Mon favori : Vice-versa (Inside Out) – Pete Docter, Meg LeFauve (en), Josh Cooley (en) et Ronnie del Carmen, à mon avis l’Académie va avoir le culot de récompenser un dessin animé, d’autant que c’est véritablement le scénario le plus original parmi les nominés (aux Etats-Unis original = inspiré de faits réels, on n’a pas la même conception du terme original apparemment).

Meilleur scénario adapté

The Big Short : Le Casse du siècle – Charles Randolph (en) et Adam McKay, d'après le livre The Big Short: Inside the Doomsday Machine de Michael Lewis
Brooklyn – Nick Hornby, d'après le roman du même nom de Colm Tóibín
Carol – Phyllis Nagy (en), d'après le roman du même nom de Patricia Highsmith
Room – Emma Donoghue, d'après son propre roman du même nom (en)
Seul sur Mars (The Martian) – Drew Goddard, d'après le roman du même nom d'Andy Weir

Mon pronostic : Carol – Phyllis Nagy.

Mon favori : Carol – Phyllis Nagy, inutile d’en discuter tellement c’est évident.

Meilleur film en langue étrangère

A War (Krigen) – Tobias Lindholm Danemark (en danois)
L'Étreinte du serpent (El abrazo de la serpiente) – Ciro Guerra Colombie (en espagnol)
Le Fils de Saul (Saul fia) – László Nemes Hongrie (en hongrois)
Mustang – Deniz Gamze Ergüven France (en turc)
Theeb (ذيب) – Naji Abu Nowar Jordanie (en arabe)

Mon pronostic : Le Fils de Saul (Saul fia) – László Nemes.

Mon favori : Le Fils de Saul (Saul fia) – László Nemes, en 2015 il y a eu Le fils de Saul et les autres films, cette récompense serait amplement méritée et totalement justifiée.

Meilleur film d’animation

Anomalisa – Charlie Kaufman, Duke Johnson et Rosa Tran
Le Garçon et le Monde (O Menino e o Mundo) – Alê Abreu (en)
Shaun le mouton, le film (Shaun the Sheep Movie) – Mark Burton et Richard Starzak
Souvenirs de Marnie (思い出のマーニー) – Hiromasa Yonebayashi et Yoshiaki Nishimura
Vice-versa (Inside Out) – Pete Docter et Jonas Rivera

Mon pronostic : Vice-versa (Inside Out) – Pete Docter et Jonas Rivera.

Mon favori : Vice-versa (Inside Out) – Pete Docter et Jonas Rivera, ce dessin animé est une vraie réussite et un petit bijou de finesse et de sentiment (même si je garde une bon souvenir – sic – de Souvenirs de Marnie).


En vrac : pour les effets visuels, photographie, effets spéciaux et tout le tintouin je dirai un peu de Mad Max : Fury Road, de Star Wars VII : Le réveil de la force, Le pont des espions, Les huit salopards pour la meilleure photographie et Ennio Morricone pour la meilleure musique (parce que John Williams à part broder autour de ses thèmes musicaux de Star Wars il n’a pas beaucoup innové).

vendredi 26 février 2016

Césars 2016

Ce soir a lieu la 41ème Cérémonie des Césars, à laquelle je n’ai pas été conviée (d’un autre côté je ne tiens pas à y aller), pour laquelle mon avis n’a pas été sollicité, c’est pourquoi je m’en vais aussitôt vous le donner !


(Julieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeette ! Excusez, j’aime tellement cette actrice)

Je ne porte pas la Cérémonie des Césars dans mon cœur, je trouve que ce n’est pas une fête du cinéma mais juste une réunion de bons potes qui en récompensent d’autres partageant les mêmes opinions qu’eux, c’est pourquoi on y retrouve toujours les mêmes têtes et que certaines n’y apparaissent jamais.
A l’heure où le manque de diversité aux Oscars fait polémique, cela fait longtemps que celle-ci aurait dû avoir lieu pour les Césars.

Mais ceci n’est pas le sujet du moment (quoi que, il suffit de voir les nominés pour que mes propos ci-dessus soient immédiatement illustrés), je vais m’amuser à pronostiquer les vainqueurs des principales catégories, avec mes pronostics (i.e. ceux dont je pense qu’ils vont remporter le César) et mes favoris (i.e. ceux que j’aimerai voir remporter le César).
N’ayant pas vu tous les films je vais y aller au feeling pour certains.

Presque 24 heures après l'annonce du Palmarès, je me suis quelque peu trompée dans mes pronostics.
Mais place aux annonces !

Meilleur film

Dheepan de Jacques Audiard
Fatima de Philippe Faucon
La Loi du marché de Stéphane Brizé
Marguerite de Xavier Giannoli
Mon Roi de Maïwenn
Mustang de Deniz Gamze Ergüven
La Tête haute d'Emmanuelle Bercot
Trois souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin

Mon pronostic : Mustang de Deniz Gamze Ergüven, film que je n’ai malheureusement pas vu mais qui pourrait bénéficier de l’effet Timbuktu, aussi parce que « l’élite » n’a peut-être pas envie de primer un film ayant déjà eu une Palme d’or.

Mon favori : Dheepan de Jacques Audiard, l’un des films m’ayant le plus touchée en 2015.

Et le César est attribué à ... Fatima.

Meilleur réalisateur

Jacques Audiard pour Dheepan
Stéphane Brizé pour La Loi du marché
Xavier Giannoli pour Marguerite
Maïwenn pour Mon Roi
Deniz Gamze Ergüven pour Mustang
Emmanuelle Bercot pour La Tête haute
Arnaud Desplechin pour Trois souvenirs de ma jeunesse

Mon pronostic : Mustang de Deniz Gamze Ergüven, idem parce que « l’élite » n’a peut-être pas envie de primer un film ayant déjà eu une Palme d’or ou un réalisateur dont l’acteur a obtenu un Prix d’interprétation à Cannes (ou un Prix d’interprétation).

Mon favori : Dheepan de Jacques Audiard, l’un des films m’ayant le plus touchée en 2015.

Et le César est attribué à ... Arnaud Desplechin.

Meilleure actrice

Loubna Abidar dans Much Loved
Emmanuelle Bercot dans Mon Roi
Cécile de France dans La Belle saison
Catherine Deneuve dans La Tête haute
Catherine Frot dans Marguerite
Isabelle Huppert dans Valley of Love
Soria Zeroual dans Fatima

Mon pronostic : Catherine Frot dans Marguerite, elle est tout simplement géniale dans ce rôle.

Mon favori : Catherine Frot dans Marguerite, mais j’ai un peu hésité avec Loubna Abidar.

Et le César est attribué à ... Catherine Frot (j'étais à peu près sûre de ne pas me planter).

Meilleur acteur

Jean-Pierre Bacri dans La Vie très privée de Monsieur Sim
Vincent Cassel dans Mon Roi
François Damiens dans Les Cowboys
Gérard Depardieu dans Valley of Love
Antonythasan Jesuthasan dans Dheepan
Vincent Lindon dans La Loi du marché
Fabrice Luchini dans L'Hermine

Mon pronostic : Fabrice Luchini dans L'Hermine, pas sûre que l’Académie décide de primer Vincent Lindon auréolé de son Prix à Cannes, après tout cela fait au moins 20 ans qu’elle le boude déjà, pourquoi changer.

Mon favori : Vincent Cassel dans Mon Roi, même si j’ai beaucoup aimé Fabrice Luchini et Vincent Lindon j’ai été bluffée par la performance de Vincent Cassel. Notez que j’applaudirai si les votants avaient le culot d’élire Antonythasan Jesuthasan, acteur non professionnel.

Et le César est attribué à ... Vincent Lindon (j'étais à peu près sûre qu'après Cannes l'Académie des Césars ne le récompenserait pas, comme quoi !).

Meilleure actrice dans un second rôle

Sara Forestier dans La Tête haute
Agnès Jaoui dans Comme un avion
Sidse Babett Knudsen dans L'Hermine
Noémie Lvovsky dans La Belle saison
Karin Viard dans 21 nuits avec Pattie

Mon pronostic : Karin Viard dans 21 nuits avec Pattie.

Mon favori : Karin Viard dans 21 nuits avec Pattie, je l’entends encore raconter ses histoires de cul sans un poil de gêne.

Et le César est attribué à ... Sidse Babett Knudsen (certes je n'avais apprécié dans ce rôle mais je ne le lui aurai pas forcément attribué le César).

Meilleur acteur dans un second rôle

Michel Fau dans Marguerite
Louis Garrel dans Mon Roi
Benoît Magimel dans La Tête haute
André Marcon dans Marguerite
Vincent Rottiers dans Dheepan

Mon pronostic : l’un des deux acteurs de Marguerite (pourquoi ne pas regrouper cette nomination en une ?).

Mon favori : Louis Garrel dans Mon Roi, une autre belle surprise de ce film d’autant que comme réalisateur Louis Garrel est oublié des nominations.

Et le César est attribué à ... Benoît Magimel.

Meilleur espoir féminin

Camille Cottin dans Connasse, princesse des coeurs
Sara Giraudeau dans Les Bêtises
Zita Hanrot dans Fatima
Diane Rouxel dans La Tête haute
Lou Roi-Lecollinet dans Trois souvenirs de ma jeunesse

Mon pronostic : Lou Roi-Lecollinet dans Trois souvenirs de ma jeunesse.

Mon favori : Lou Roi-Lecollinet dans Trois souvenirs de ma jeunesse, dont j’ai entendu parler en bien.

Et le César est attribué à ... Zita Hanrot.

Meilleur espoir masculin

Swann Arlaud dans Les Anarchistes
Quentin Dolmaire dans Trois souvenirs de ma jeunesse
Félix Moati dans A trois on y va
Finnegan Oldfield dans Les Cowboys
Rod Paradot dans La Tête haute

Mon pronostic : Quentin Dolmaire dans Trois souvenirs de ma jeunesse, je miserai sur la paire de jeunes acteurs de ce film comme espoirs du cinéma de demain.

Mon favori : Félix Moati dans A trois on y va, seule nomination de ce film et c’est bien dommage.

Et le César est attribué à ... Rod Paratot.

Meilleur film étranger

Birdman d'Alejandro Gonzalez Inarritu
Le Fils de Saul de László Nemes
Je suis mort mais j'ai des amis de Guillaume et Stéphane Malandrin
Mia madre de Nanni Moretti
Taxi Téhéran de Jafar Panahi
Le tout nouveau testament de Jaco van Dormael
Youth de Paolo Sorrentino

Mon pronostic : Le Fils de Saul de László Nemes.

Mon favori : Le Fils de Saul de László Nemes, il n’y a pas photo tant ce film m’a bouleversée. D’ailleurs, je n’ai pas été très juste quand j’ai dit plus haut que je ne serai pas allée à cette Cérémonie, j’aurai juste aimé y aller pour pouvoir lui dire à quel point son film est réussi, maîtrisé et profond (même que j’aurai troqué mes habituels jeans pour une robe, si, si). Et si László Nemes n’a pas le César, cela renforcera ma pensée sur cette Cérémonie mais il y a encore les Oscars et là aussi, je n’imagine pas qu’il puisse lui échapper.

Et le César est attribué à ... Birdman (je n'épiloguerai pas là-dessus ...).

Meilleur scénario original

Noé Debré, Thomas Bidegain, Jacques Audiard pour Dheepan
Xavier Giannoli pour Marguerite
Deniz Gamze Ergüven, Alice Winocour pour Mustang
Emmanuelle Bercot, Marcia Romano pour La tête haute
Arnaud Desplechin, Julie Peyr pour Trois souvenirs de ma jeunesse

Mon pronostic : Deniz Gamze Ergüven, Alice Winocour pour Mustang, ce n’est pas très original mais là encore je mise sur l’effet Timbuktu (quant à Marguerite c’est hors course pour moi pour de l’original puisque c’est inspiré d’une personne ayant existé).

Mon favori : Noé Debré, Thomas Bidegain, Jacques Audiard pour Dheepan, ce n’est peut-être pas le plus original mais c’est celui qui va le plus profond dans l’âme humaine.

Et le César est attribué à ... Deniz Gamze Ergüven, Alice Winocour  pour Mustang.

Meilleure adaptation

David Oelhoffen, Frédéric Tellier pour L’affaire SK1
Samuel Benchetrit pour Asphalte
Vincent Garenq, Stéphane Cabel pour L’enquête
Philippe Faucon pour Fatima
Hélène Zimmer, Benoit Jacquot pour Journal d’une femme de chambre

Mon pronostic : Samuel Benchetrit pour Asphalte.

Mon favori : Philippe Faucon pour Fatima.

En vrac : le César de la meilleure photo c’est sans conteste pour Marguerite (raté ! Valley of Love, il est vrai que la photo dans ce film est aussi très belle), idem pour celui des meilleurs costumes, le meilleur film d’animation pour Avril et le monde truqué (raté !), le meilleur premier film pour Mustang (gagné !).

Et le César est attribué à ... Philippe Faucon pour Fatima.

On se reparle demain lorsque les récompenses auront été attribuées.

mardi 23 février 2016

Top Ten Tuesday #141


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 livres dont vous avez finalement préféré son adaptation TV ou cinématographique

Je ne pense pas réussir à trouver des livres dont j'ai préféré l'adaptation cinématographique ou télévisuelle (ou alors j'ai vu les films mais pas lu les livres), je vais donc biaiser légèrement le thème et mettre ceux que j'ai autant appréciés (les 5 derniers) ou qui m'ont donné envie de lire les œuvres dont ils sont tirés (les 5 premiers).

1) "Les piliers de la terre" de Ken Follett
2) "Orgueil et préjugés" de Jane Austen
3) "La planète des singes" de Pierre Boulle
4) "Mystic river" de Dennis Lehane
5) "Sur la route de Madison" de Robert James Waller
6) "Mildred Pierce" de James M. Cain
7) "La ferme africaine" de Karen Blixen
8) "Le patient anglais" de Michael Ondaatje
9) "Autant en emporte le vent" de Margaret Mitchell
10) "Au bonheur des dames" d'Emile Zola

lundi 22 février 2016

Tom et le jardin de minuit de Philippa Pearce


Les vacances commencent bien mal pour Tom : il doit les passer chez son oncle et sa tante, loin de son frère qui a la rougeole. Mais pour quelle raison lui est-il interdit de quitter sa chambre la nuit? Et pourquoi les fenêtres ont-elles des barreaux? Une nuit, Tom, très intrigué, descend l'escalier à pas de loup... et voici qu'une porte s'ouvre sur un merveilleux jardin peuplé d'étranges personnages, où le jour, la nuit et les saisons n'obéissent plus aux lois du Temps. (Gallimard Jeunesse)

Tom se faisait une joie à l'idée de passer ses vacances avec son frère Peter à construire des cabanes dans les arbres, à jouer dans le jardin.
Mais voilà, Peter a la rougeole et pour éviter la contagion Tom est envoyé par ses parents chez son oncle et sa tante qui habitent une grande maison divisée en appartements, dans laquelle il y a des barreaux aux fenêtres, aucun jardin, une horloge sonnant des heures farfelues et l'interdiction formelle de quitter sa chambre la nuit.
Bien évidemment Tom n'obéit pas et appelé une nuit par l'horloge il descend dans le salon, ouvre la porte et découvre un magnifique jardin peuplé de personnages, où les saisons, le jour et la nuit n'obéissent plus à la loi du temps.
Alors chaque nuit, à minuit lorsque l'horloge sonne treize coups, Tom descend et explore ce fabuleux jardin.

Charles Trenet l'a chanté : "C'est un jardin extraordinaire", et c'est bel et bien ce que Tom va découvrir cet été-là, quitte à prolonger le séjour chez son oncle et sa tante et ne presque plus avoir envie de rentrer chez lui et retrouver son frère Peter : "Il se sentait écartelé entre deux désirs contradictoires : il voulait sa mère et son père et Peter et sa maison, il les voulait vraiment très fort; mais il voulait aussi le jardin.".
"Tom et le jardin de minuit" est le second roman de la Britannique Philippa Pearce.
Ecrit en 1958, il s'inscrit dans la veine de la littérature jeunesse britannique fantastique, à l'instar de C.S Lewis et ses "Chroniques de Narnia", ou encore J.R.R Tolkien avec "Le seigneur des anneaux".
Mêlant habilement le fantastique et la réalité, il est bien vite devenu un incontournable de la littérature jeunesse et pourtant, ce n'est qu'aujourd'hui que je découvre ce très beau roman.
Certains aspects sont récurrents dans les romans de cette époque, ainsi le point de départ est la séparation de Tom d'avec sa famille, une période douloureuse pour le garçon qui même s'il est choyé par son oncle et sa tante regrette l'été qu'il avait prévu de passer avec son frère, d'autant plus que la maison est étroite et sans jardin.
La dimension fantastique prend la forme de l'horloge du salon, c'est elle qui attire le garçon vers le jardin mais elle est aussi l'objet constant d'une époque à l'autre : "Seule restait l'horloge, mais l'horloge était toujours là, dans le temps et hors du temps.".
Elle est en quelque sorte la clé permettant à Tom de passer d'un univers temporel à l'autre, bien que le sommeil joue aussi ce rôle à certains moments, ainsi que le rêve.
L'histoire est racontée du point de vue de Tom et se déroule sur quelques jours, bien que le texte soit sans doute le reflet de l'esprit de Tom et laisse à penser par moment que le temps dure plus longtemps.
Tom ne change pas, contrairement à Hatty, une fillette qu'il va croiser dans le jardin et qu'il va retrouver toutes les nuits.
Celle-ci grandit au fur et à mesure, tandis que Tom ne s'en rend pas compte alors que dans le même temps il s'efface de plus en plus jusqu'à devenir invisible.
Le jardin de minuit est en quelque sorte la symbolique du passage du monde de l'enfance à l'adolescence, puis à la vie adulte.
Lorsque Hatty grandit elle finit par ne plus voir Tom, cela n'est pas sans rappeler les "Chroniques de Narnia" dans lesquelles lorsque les enfants sont trop âgés ils ne peuvent plus basculer du monde réel dans celui de Narnia.
J'ai beaucoup aimé cette lecture, c'est un très beau roman enchanteur sur l'enfance qui en tout cas m'a fait replonger l'espace de la lecture dans cette période de ma vie.

"Tom et le jardin de minuit" est un beau roman jeunesse de Philippa Pearce, à lire par les plus jeunes mais aussi par les plus grands, car le plaisir est le même quelque soit l'âge.

dimanche 21 février 2016

La bataille de Verdun (1916)

Aujourd'hui, nous sommes le 21 février 2016.
Il y a 100 ans jour pour jour, presque heure pour heure, commençait la bataille dans la région de Verdun, en Lorraine.
A travers cette bataille, les troupes Allemandes voulaient mettre à mal les troupes Françaises.
Au final, ce fut l'une des plus longues et des plus dévastatrices batailles de la Première Guerre Mondiale.
Mais en ce matin du 21 février 1916, qui aurait pu se douter que c'était le début d'une apocalypse sur les rives de la Meuse, d'un orage de feu et d'acier qui allait durer 300 jours ?


Soldats Français sortant de leur tranchée en 1916 pour monter à l'assaut pendant la bataille de Verdun

Durée de la bataille de Verdun 21 février 1916 - 19 décembre 2016 : 9 mois, 3 semaines et 6 jours, soit dans les 300 jours de combat.

Plus de 2 millions de belligérants : plus de 1,1 million de soldats Français, bénéficiant d'un système de relève et de rotation, plus de 1,2 million de soldats Allemands, ne bénéficiant pas d'un système comme les Français, ce sont donc à peu près les mêmes soldats qui ont combattu pendant près de 10 mois.

70% de l'armée Française, dont d'importantes forces coloniales, ont participé à la bataille de Verdun.

1 700 pièces d'artillerie et 80 avions du côté Français, 2 200 pièces d'artillerie et 300 avions du côté des Allemands.

Environ 23 millions d'obus tirés côté Français, 30 millions côté Allemands (environ 10% de ces obus n'ont pas explosé et sont toujours présents dans le sol de Verdun).

Il est dit que la "côte 304" à cause des bombardements aurait perdu quelques mètres pour ne faire que 297 mètres fin 1916.


Soldats Français sur la "côte 304"

Jusqu'à 8 000 véhicules par jour ont alimenté en renforts et en ravitaillement les soldats, en passant par la "voie sacrée", la route reliant Bar-le-Duc à Verdun.

9 villages ont été rayés définitivement de la carte et sont aujourd'hui des fantômes n'existant qu'administrativement à titre symbolique.

Quelques 163 000 tués ou disparus et plus de 215 000 blessés côté Français, environ 143 000 morts et 196 000 blessés côté Allemand.


Le champ de bataille de Verdun 100 ans après portant les stigmates de la violence des combats

Chaque famille, Française ou Allemande, a au moins eu un membre tué ou blessé ou "miraculé" de cette terrible bataille de Verdun.
Ce n'est pas la bataille que nous commémorons aujourd'hui, mais le souvenir, et surtout la paix.

Pour aller plus loin : 
- Diffusé sur France 2 ce soir un numéro d'Apocalypse consacré à la bataille de Verdun
- Le magasine Géo Histoire consacre son nouveau numéro à Verdun

samedi 20 février 2016

Les arpenteurs de Kim Zupan


Nuit après nuit, dans une prison du Montana, le jeune Val Millimaki s’assied face aux barreaux qui le séparent de John Gload, 77 ans, en attente de son procès. Astreint aux pires heures de garde, l’adjoint du shérif se retrouve à écouter le criminel qui, d’instinct, est prêt à lui révéler en partie son passé. Petit à petit, Millimaki se surprend à parler, lui aussi, et à chercher conseil auprès de l’assassin. En dépit des codes du devoir et de la morale, une troublante amitié commence à se tisser entre les deux hommes. (Gallmeister) 

Un arpenteur, c'est une personne qui évalue la superficie d'un terrain, c'est un professionnel de la mesure; c'est aussi une personne qui marche beaucoup, regarde et cherche.
Valentine Millimaki est l'adjoint du shérif, affecté au service de nuit il se retrouve à couler les longues heures de la nuit dans les couloirs de la prison et à partager l'insomnie qui le ronge pendant la journée à celle nocturne de John Gload, 77 ans, en attente de son procès et homme aux nombreux cadavres dépecés et enterrés.
Étrangement, et contrairement au code moral et éthique, ces deux hommes vont se parler et développer un lien troublant, car ils ont de nombreux points en commun, à commencer par leur enfance douloureuse : "On est juste deux orphelins malchanceux, pas vrai, Valentine ?".
Chacun à leur manière est un arpenteur, John Gload parce qu'il a parcouru maints espaces pour y enterrer ses cadavres, Valentine Millimaki parce qu'en dehors de ses heures de service il part à la recherche de personnes disparues, que bien souvent il retrouve mortes.

"Les arpenteurs" est le premier roman de Kim Zupan, et comme toute première oeuvre il y a dedans quelques maladresses, mais c'est surtout un très beau roman psychologique et très prometteur pour les récits à venir de cet auteur.
C'est un roman à l'atmosphère bien particulière, le lecteur y ressent le désert et le danger du Montana, une beauté sauvage à l'état pur, mais il y a aussi l'enfermement, la lourdeur et la noirceur d'une cellule de prison, ainsi que la laideur et les mauvaises intentions des personnes qui entourent Val et John Gload.
Le personnage de Val est particulièrement travaillé, il est sans nul doute l'un des plus complexes mais surtout le plus abouti.
C'est un homme torturé, n'arrivant plus à dormir et ne comprenant pas ce qui se passe autour de lui : ses collègues ne l'apprécient pas et cherchent à se jouer de lui, sa femme le quitte car elle ne supporte plus la vie isolée et cet homme absent mentalement : "Bon sang, Val, voilà ce que tu es, à peine plus qu'un fantôme qui arpente la terre avec tous ces cadavres dans la tête.", et c'est dans la personne de John Gload qu'il va trouver une forme d'ami, ou en tout cas une oreille attentive.
A l'inverse, John Gload reste plus mystérieux, presque comme un fantôme, et pour le coup j'aurai souhaité que l'auteur décortique de la même façon ce personnage par rapport à celui de Val.
Mais ses motivations restent floues : pourquoi a-t-il tué autant toute sa vie ? Qu'est-ce qui l'a motivé à chaque fois ?
Du début à la fin ce personnage demeure insaisissable, il y a une noirceur qui l'habite mais également une certaine lumière.
C'est un personnage dual qui aurait pu être exploité un peu plus.
Néanmoins la relation qui se tisse entre ce dernier et Val est tout simplement fascinante, j'ai beaucoup aimé cet homme à la dérive qui ne trouve comme seule bouée de secours qu'un taulard au passé plus que sanguinaire.
L'autre aspect que j'ai trouvé maladroit, c'est la construction par moment du récit à travers des flashbacks qui laissent planer le doute sur l'époque et les personnes concernées.
Le récit est parfois déstructuré, je m'y suis un peu perdue, sans doute une maladresse de débutant.
Pour le reste, ce roman est noir à souhait et fut un moment très plaisant de plongée en plein cœur du Montana et de la noirceur humaine.
C'est un polar noir qui change de l'ordinaire et transporte dans un univers différent de notre confort quotidien, un voyage littéraire que j'ai pris beaucoup de plaisir à effectuer.
Une nouvelle fois une très belle découverte des (décidément) formidables éditions Gallmeister.

"Les arpenteurs" de Kim Zupan est un polar bien noir, bien psychologique et dépaysant, une première oeuvre prometteuse à découvrir sans plus attendre.

Je remercie Babelio et les éditions Gallmeister pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique.

mardi 16 février 2016

Top Ten Tuesday #140


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 magazines ou webzines à suivre

1) Lire
2) Le magazine littéraire
3) Café Powell
4) La cause littéraire
5) ActuaLitté
6) Elbakin
7) The American Break
8) Livres Hebdo

lundi 15 février 2016

L'ambulance 13 - Tome 5 : Les plumes de fer de Patrice Ordas et Alain Mounier


En cette année 1917, le jeune médecin de première ligne Louis-Charles Bouteloup est un officier dérangeant, car il refuse de fermer les yeux sur les aberrations de la hiérarchie. Faute de réussir à lui faire plier la nuque, l’état-major l’affecte à un secteur moins sensible, en Alsace, où Bouteloup a pour mission de former les futurs chirurgiens de tranchée américains qui s’apprêtent à entrer dans le conflit. Il a la surprise d’y côtoyer les parias de l’armée, les têtes brûlées des Corps francs, et les Peaux-Rouges, arrachés à leur réserve pour tester les défenses ennemies. Bouteloup, une fois encore, ne manquera pas de sujets de rébellion. (Grand Angle)

En 1917 Louis-Charles Bouteloup est toujours médecin, toujours un lieutenant aussi dérangeant et toujours aussi peu conforme au règlement et surtout aux espérances de son père, un proche de Clémenceau : "Vous voyez, mon colonel, je suis encore trop soumis. Si j'avais désobéi, j'aurais peut-être sauvé une vie !".
Comme il continue de gêner et de lutter contre les aberrations du système militaire en cette période de guerre, certaines personnes décident de l'envoyer en Alsace avec pour mission de former les futurs chirurgiens Américains.
Là, il se retrouve au milieu des Américains mais découvre également des parias, particulièrement des Indiens arrachés à leur terre par les Américains qui, souhaitant se les approprier, n'hésitent pas à envoyer à la boucherie ces hommes, qui d'ailleurs leur serviront pour leur apprentissage de la chirurgie de guerre : "Ce garçon n'a rien compris à la chirurgie de guerre. Quoi de mieux que les indigènes pour expérimenter ?".
Bien évidemment, cela ne va pas laisser de glace Louis-Charles Bouteloup qui, en acte de rébellion, va monter au combat avec eux, et peut-être que ce geste lui coûtera très cher.

Je ne regrette décidément pas le jour où j'ai découvert la série "L'ambulance 13" et j'attendais avec impatience ce nouveau cycle.
Je ne me suis pas encore remise de l'exécution de sœur Isabelle de Ferlon, mais voilà qu'il me faut repartir au front avec Louis-Charles Bouteloup qui est décidément un personnage que j'apprécie énormément.
Il dénonce les erreurs commises par l'état-major, il a toujours aussi soif de justice et ne supporte décidément pas que l'on amène à l'abattoir des hommes qui n'ont rien demandé de tel.
Il est toujours en conflit avec sa famille, tout comme sa sœur Lorraine qui s'est amourachée d'un homme actuellement prisonnier des Allemands ne plaisant pas à leur père et qui vit désormais par ses propres moyens, mais il continue tant bien que mal à pratiquer la médecine, plus particulièrement la chirurgie, au milieu de ce conflit violent et sanglant.
J'aime assez ce personnage de rebelle bien né, il est très humain et particulièrement attachant, et je crains pour lui car les dernières phrases ne lui laissent présager un avenir serein, sans doute est-ce l'acte de rébellion de trop qu'il paye aujourd'hui : "C'est un lieutenant, un médecin. Éclats de grenade. Il a perdu beaucoup de sang.".
C'est également avec plaisir que j'ai retrouvé la truculente Emilie, une jeune dessinatrice Parisienne pauvre au grand cœur et désespérément amoureuse de Louis-Charles Bouteloup qui ne cesse de la recommander auprès de personnes cherchant un asile : "C'est fou ce qu'il m'attire comme monde, cet homme-là !".
La rencontre entre Emilie et Lorraine est d'ailleurs touchante, ces deux femmes n'auraient jamais dû se rencontrer et encore moins vivre ensemble et c'est pourtant bel et bien ce qui se produit.
Comme quoi la guerre redistribue les cartes et fait tomber, partiellement, les barrières entre les différentes classes sociales.
Une nouvelle fois cette histoire de Patrice Ordas est minutieusement documentée, j'y ai appris deux ou trois choses intéressantes et le dossier en fin de volume sur le développement des techniques du service de santé des armées est des plus enrichissants.
Les dessins d'Alain Mounier sont toujours aussi réussis, j'aime beaucoup la mise en couleur, entre les scènes se déroulant à Paris et celles sur le front, qui renforce l'atmosphère se dégageant de l'histoire et j'ai trouvé certaines images très belles, particulièrement celles où une grenade explose près de Louis-Charles et que s'impose devant lui les trois femmes importantes de sa vie : sa sœur Lorraine, Emilie et sœur Isabelle.
Une nouvelle fois j'ai vécu en immersion dans cette guerre de 14/18 particulièrement bien représentée dans cette bande dessinée qui met l'accent sur les techniques médicales qui ont été développées dans le même temps pour soigner les blessés, une réussite à la fois sur le plan historique mais aussi culturel car j'y apprends toujours des choses.

"Les plumes de fer" est un excellent cinquième tome de "L'ambulance 13", une série sur la guerre de 14/18 que je ne peux que vous recommander etqui est une franche réussite sur tous les plans.

dimanche 14 février 2016

Quand Anna riait de Yaël Hassan


Simon et sa cousine Déborah passent le mois de juillet à la « Datcha », la maison de famille. En fouillant dans le grenier pour tuer le temps, ils tombent sur une étrange photo. On y voit leur grand-père, en compagnie d’une certaine Anna, dont ils n’ont jamais entendu parler. Sans y croire, en y croyant un peu, Simon et Déborah décident d’éclaircir le « mystère ». Et l’affaire s’avère effectivement mystérieuse. Peu à peu, les enfants vont découvrir le passé de leur grand-père, amoureux en 1942 d’Anna, juive polonaise récemment réfugiée en France. Ils vont découvrir que la France n’aura pas longtemps servi de refuge à Anna puisque, le 16 juillet 1942, elle fut raflée en même temps que des milliers d’autres juifs pour être conduite au Vél d’Hiv, puis à Drancy, puis vers les camps de la mort. Pourtant les deux enquêteurs ne se satisfont pas de cet épilogue en forme de point d’interrogation. (Casterman)

C'est l'été, un mois de juillet pluvieux, Simon et sa cousine Déborah passent l'été dans la maison de famille en bordure de la Marne avec tout le restant de la famille et ils s'ennuient.
Jusqu'au jour où ils décident d'aller fouiller dans des cartons au grenier, ils découvrent alors une photo où leur grand-père, alors âgé de quinze ans, pose avec une belle jeune fille du même âge répondant au nom d'Anna.
Puis ils trouvent le journal intime de leur grand-père et ils décident alors de mener l'enquête afin d'éclaircir le "mystère" Anna dont l'origine se situe en 1941 dans l'immeuble de Paris où résidait alors leur grand-père : "Seuls le sourire d'Anna, le regard d'Anna, le rire d'Anna font partie de mes souvenirs de guerre; le reste, l'occupation, les tickets de rationnement, le marché noir, les restrictions, les combats n'ont guère laissé de traces en ma mémoire, ou si peu !".
Les deux jeunes gens découvrent une belle histoire d'amour entre leur rand-père et Anna qui sera tragiquement interrompue le 16 juillet 1942 lorsque Anna et sa famille son raflés, emmenés au Vélodrome d'Hiver avant d'être internés à Drancy puis déportés : "J'étais très jeune quand j'ai connu Anna. Jeune, timide et terriblement romantique. Je crois que le plus dur pour moi fut de la perdre dans ces circonstances-là : je me sentais terriblement coupable envers elle. Coupable de l'avoir laissée partir, coupable de n'avoir rien pu faire.".
D'Anna, leur grand-père n'aura plus jamais de nouvelles, et à la fin de sa vie cette perte le ronge encore, mais voilà, Déborah et Simon ne sont pas décidés à ce que l'histoire se finissent ainsi, alors ils vont continuer à chercher.

Il est toujours délicat de trouver les mots justes et le bon ton pour évoquer la Seconde Guerre Mondiale, plus particulièrement les rafles et la déportation, à un public jeune.
Il faut réussir à raconter l'horreur tout en la mettant à la portée du public visé, je suis d'autant plus exigeante, et critique, à ce sujet que c'est une période de l'Histoire qui m'intéresse particulièrement.
Ici, à travers l'enquête menée par Simon et sa cousine Déborah à notre époque, Yaël Hassan évoque la Rafle du Vél' d'Hiv' suivie de l'internement à Drancy puis de la déportation à Auschwitz-Birkenau.
Et je dois reconnaître que c'est particulièrement bien fait, car Yaël Hassan n'est pas tombée dans le piège de la facilité, elle n'a pas contourné le problème mais a su l'évoquer avec des mots et un contexte choisis.
Il y a beaucoup d'émotion qui se dégage du récit, Déborah et Simon sont touchés par ce secret de famille qu'ils découvrent, qui ne le serait pas, tout comme le lecteur l'est aussi.
Car toute l'histoire est crédible, que ce soit dans les dates et le contexte, et si je devais lui reprocher une chose ce serait l'épilogue, mais là encore c'est parce que je lis cette histoire avec un regard d'adulte, je comprends très bien le choix de l'auteur car elle s'adresse en priorité à un public jeune.
Il n'est pas non plus étonnant que Yaël Hassan ait reçu quatre prix pour ce roman en 2001, c'est à mon avis mérité car c'est fidèle à l'Histoire, le récit est très touchant, c'est bien écrit, j'ai d'ailleurs lu le livre d'une seule traite.
J'aime aussi les illustrations de Marcelino Truong qui ponctuent le récit, cela m'a rappelé les livres de ma jeunesse avec de beaux dessins permettant de visualiser les personnages et les lieux.

"Quand Anna riait" est un bon roman jeunesse abordant la Seconde Guerre Mondiale par le prisme d'adolescents cherchant à découvrir le secret de leur grand-père, et Yaël Hassan fait partie des auteurs à destination de la jeunesse à connaître.

samedi 13 février 2016

L'inconnu du Nord-Express de Patricia Highsmith


La suite me plut encore davantage : « Une idée formidable ! Supposez que chacun de nous tue pour le compte de l’autre ? Nous nous sommes rencontrés dans le train et personne ne sait que nous nous connaissons. Nous avons chacun un alibi parfait. Un alibi sans la moindre fissure ! » Cette fois, je sentis que je tenais un beau sujet, car chacun n’a-t-il pas, au moins une fois dans sa vie, souhaité tuer quelqu’un, à condition bien entendu d’être sûr de l’impunité. Le crime parfait ! Tout le monde s’y intéresse ! 
Alfred Hitchcock. (Le Livre de Poche)

Guy et Bruno sont dans un train.
Ils ne se connaissent ni l'un ni l'autre, mais Bruno finit par engager la conversation avec Guy et à l'écoute des ennuis de ce dernier - Miriam sa femme dont il est déparé depuis quelques années fait traîner le divorce et ne cesse de l'importuner - il est frappé d'une idée qu'il juge de génie : "Bon sang, quelle idée formidable ! Ecoutez : chacun de nous tue pour le compte de l'autre, vous comprenez ? Je tue votre femme et vous tuez mon père ! Nous nous sommes rencontrés dans le train et personne ne sait que nous nous connaissons ! Nous avons chacun un alibi parfait !".
Car pour Bruno : "N'importe qui est capable d'assassiner.", et il ne va pas s'embarrasser de remords, car Bruno ne ressent rien, hormis un profond sentiment envers Guy qu'il ne connaît pourtant pas si bien que ça.
Et voilà les deux compères embarqués dans cette histoire de manipulation et de crime parfait.

Ce roman n'est pas un policier, ou alors pas au sens classique du terme, mais plus un thriller psychologique.
Partant du principe qu' "Un assassin ça ressemble à tout le monde.", et Bruno étant persuadé d'avoir eu l'idée du crime parfait, il va dès lors s'accrocher à Guy, le manipuler, le harceler, jusqu'à parvenir à ses fins, et même son but atteint il continuera à le coller et à s'incruster dans sa vie, au grand dam de Guy qui pourtant n'arrive pas à lui en vouloir totalement et à l'envoyer valser pour le sortir définitivement de sa vie.
Guy, à l'inverse de Bruno, n'est pas une créature sans âme et il est rongé intérieurement, ne serait-ce que par les paroles et les idées de Bruno : "Jamais, lui semblait-il, créature humaine n'avait supporté, n'avait eu à supporter un tel poids de culpabilité, et sans doute aurait-il été lui-même incapable de l'endurer et de vivre si son âme n'était déjà morte et s'il avait été autre chose qu'une coque vide.".
La relation entre les deux hommes est sans doute l'aspect le plus intéressant, pour ne pas dire fascinant, de ce roman.
Bruno connaît à peine Guy et il va s'accrocher à lui, fasciné qu'il est par cet homme, ses réalisations, voire même sa vie et sa nouvelle fiancée qu'il s'apprête à épouser.
Hormis sa mère, Bruno n'aime pas les femmes, une relation amoureuse, et plus particulièrement en son aspect charnel, lui fait horreur.
Je me suis posée la question de savoir si cette fascination qu'il ressent envers Guy n'était pas plus que de l'amitié masculine ou virile, voire même s'il ne jalousait pas les personnes gravitant autour de Guy car lui-même en est exclu, hormis lorsqu'il s'impose.
Bruno a également un problème relationnel avec son père qu'il déteste royalement et qu'il rend responsable de bien des maux; et pour finir il a une dépendance à l'alcool qui ne cesse de s'accroître, jusqu'à le plonger dans une sorte de crise de delirium tremens.
Bruno est un personnage profondément détestable, il n'a cessé de me faire penser à une limace bien baveuse mâtinée d'un serpent venimeux.
Quant à Guy, j'ai été fascinée par la métamorphose de ce personnage qui tombe sous la coupe de Bruno et n'est plus qu'un pantin entre ses mains.
Il a beau lutter rien n'y fait, il finit par obéir à ce dernier et développe même un attachement qui pourrait s'apparenter à un syndrome de Stockholm.
La relation entre les deux hommes est pertinemment analysée et a su maintenir mon intérêt éveillé tout au long du récit, j'ai également apprécié les liens qui se tissent entre les personnages gravitant autour des deux principaux ainsi que la tension qui ne cesse de monter tout au long du récit.
Il me tarde désormais de voir l'adaptation qu'en a fait Alfred Hitchcock, il n'est en tout cas pas étonnant que ce roman lui ait plu et qu'il l'ait adapté au cinéma, cela correspond tout à fait à l'esprit de son oeuvre.

A travers "L'inconnu du Nord-Express" Patricia Highsmith a su analyser et retranscrire finement la fascination que l'on peut ressentir envers le crime, et dire que c'était son premier roman policier et bien chapeau !

mardi 9 février 2016

Top Ten Tuesday #139


Le Top Ten Tuesday (TTT) est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a été créé initialement par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani, puis désormais par Froggy.

Les 10 livres qui vous ont donné faim (soit par le titre ou la couverture)

1) "Des mots à la bouche - Festin littéraire" Collectif
2) "Une gourmandise" de Muriel Barbery
3) "Le dîner" de Herman Koch
4) "L'école des saveurs" d'Erica Bauermeister
5) "Le restaurant de l'amour retrouvé" d'Ito Ogawa
6) "Chocolat" de Joanne Harris
7) "La maîtresse des épices" de Chitra Banerjee Divakaruni
8) "Les années douces" de Jirô Taniguchi / Hiromi Kawakami
9) "Chocolat amer" de Laura Esquivel
10) "Poulet aux prunes" de Marjane Satrapi

samedi 6 février 2016

Le mépris d'Alberto Moravia


Capri! Au pied des Faraglioni, l'île rayonne d'azur et de sérénité. Pourtant, le drame couve entre Emilia et Riccardo. Perdu dans les méandres d'un scénario sur l'Odyssée, Riccardo sent sa femme se détacher de lui. Emilia ne l'aime plus. Pire, elle le méprise. 
Drôle de coïncidence! Riccardo voit soudain sa propre vie se superposer à son scénario. Si Ulysse tarde à revenir à Ithaque, c'est par crainte de revoir Pénélope, sachant qu'il doit la reconquérir. Reconquérir Emilia! Voilà bien l'unique obsession de Riccardo! Sait-il seulement ce qui agite Emilia? Désenchantement? Ennui? Attirance secrète pour Battista, le fastueux producteur? 
Dans «le ciel bleu du mépris», l'orage gronde... (Librio)

Riccardo est marié à la belle Emilia, mais celle-ci ne l'aime plus.
Pire que cela, elle le méprise.
Et Riccardo a beau chercher il ne trouve pas la raison de ce mépris.
Alors il s'interroge, il malmène Emilia, il accepte d'écrire pour le producteur Battista le scénario d'un film tiré de "L'odyssée" de Homère, une histoire en résonance avec les tourments amoureux dans lesquels il se débat, et pour cela part avec Emilia s'installer dans la luxueuse villa de Battista sur l'île de Capri.

Je sais qu'il existe un film de Jean-Luc Godard tiré de ce roman, avec une fameuse scène d'ouverture où une Brigitte Bardot demande langoureusement à Michel Piccoli s'il aime, ses mains, ses fesses, etc., film que je n'ai donc pas vu; mais je sais surtout qu'Alberto Moravia a été pendant quelques années l'un des maîtres de la littérature Italienne, et c'est surtout pour cet aspect que je souhaitais le découvrir à travers "Le mépris".
Choix peu judicieux, je dois bien le reconnaître, car ce n'est pas du mépris que j'ai ressenti pendant ma lecture, mais de l'ennui, et c'est sans doute le pire sentiment que l'on peut ressentir en littérature.
Riccardo m'a foncièrement exaspéré, il est benêt, il ne comprend pas pourquoi Emilia le méprise, il s'interroge, il s'interroge, ça cogite beaucoup (trop) dans sa tête, à tel point qu'il frise bien souvent la surchauffe, mais la solution ne vient pas.
Riccardo est en fait un homme méprisable, il faut bien appeler un chat un chat, et je comprends ce qu'a pu ressentir la douce Emilia.
Riccardo est un homme qui n'a pas su profiter du bonheur qui était plus qu'à portée de sa main, de ses propres aveux : "Plus on est heureux et moins on prête attention à son bonheur.", et c'est effectivement ce qui lui est arrivé.
Il a donc commencé à se pourrir l'esprit en s'imaginant des choses par rapport à Emilia et a fini par lui reprocher la situation dans laquelle il se trouve : écrire des scénarios de films alors qu'il n'aspire qu'à faire du théâtre, car c'est pour faire plaisir à Emilia qu'il a acheté un appartement qu'il lui faut aujourd'hui rembourser.
Sauf qu'Emilia elle n'a jamais rien demandé de tel, au moins elle n'a pas perdu de vue son bonheur, par contre son mari elle ne le comprend plus, persuadée qu'elle est qu'il cherche à la pousser dans le lit de Battista afin de s'attirer encore plus ses faveurs pour de prochains scénarios.
On ne le dira jamais assez, l'un des maîtres mots dans un couple est le dialogue, et dans celui formé par Emilia et Riccardo cette composante manque cruellement.
Riccardo finit même par en devenir violent et méchant, sa vision d'Emilia est bouleversée : "Mais c'était ainsi : je n'avais pas épousé qui pût partager et comprendre mes idées, mes goûts et mes ambitions; j'avais épousé pour sa beauté une dactylo simple et inculte, pleine, me semblait-il, de tous les préjugés et de toutes les aspirations de la classe dont elle était issue.", alors que dans le même temps il continue de lui mettre psychologiquement la pression pour lui faire avouer la source de son mépris (si Riccardo avait pu utiliser un peu plus judicieusement ses neurones ...).
Riccardo finit par se perdre, le scénario de "L'odyssée" tel que le réalisateur souhaiterait qu'il l'écrive est en réalité une transposition du triangle formé par Emilia, Battista et lui.
Alors Riccardo s'englue : "Ce baiser, en réalité, marquait le point culminant de l'équivoque dans laquelle se débattait ma vie, tant au point de vue conjugal que de mon métier.", entraîne avec lui le lecteur, et fort heureusement tout cela a une fin.
Apparemment les traductions de ce roman diffèrent car dans certaines les noms ont été francisés, heureusement pas dans la mienne car cela retire du charme à l'ensemble, et il faut bien reconnaître q'il n'y en a déjà pas beaucoup.
Cette histoire a le mérite de faire voyager le lecteur de Rome à la magnifique île de Capri, avec sa mer d'un bleu limpide, ses criques et sa nature.
Je suis allée à Capri et j'en ai fait le tour en bateau, cela fait partie de mes souvenirs de paysages les plus enchanteurs, même si cette île est devenue trop touristique, ce qui n'était pas encore le cas à l'époque où Alberto Moravia a écrit son roman.
Je n'ai pas été spécialement marquée par son style, il faut dire que l'histoire m'ayant ennuyée j'avais plutôt hâte qu'il y ait un peu d'action voire même d'arriver à la fin, et je me demande si la traduction en Français n'arrive pas à rendre hommage à la plume d'Alberto Moravia qui mérite sans doute de se découvrir dans sa version originale.
Malheureusement mon niveau d'Italien ne me permet pas (encore) de lire Alberto Moravia dans cette langue si belle, mais pourquoi pas ré-essayer une fois que je la maîtriserai mieux.
Dans tous les cas, je ne garderai pas un souvenir ému de cette lecture et j'ai bien peur que le film soit à peu près aussi ennuyeux, même si les paysages sont magnifiques et les acteurs bons dans leur rôle.
Le personnage central de Riccardo m'a déplu, tout comme celui de Battista, à croire qu'Alberto Moravia a cherché à faire une surenchère dans ce que l'homme a de plus méprisable, seule Emilia a pu trouver légèrement grâce à mes yeux.
Et cela ne suffit pas à relever le niveau de cette lecture qui a dormi quelques années sur une étagère avant d'être ouverte.
J'avais essayé une première fois et j'avais reposé le livre, il y avait sans doute une raison à cela, mais cette fois-ci j'ai eu le mérite d'aller jusqu'au bout, de voir, et de l'avoir vaincue.
Maintenant il est temps de passer à autre chose.

Fort heureusement Capri et moi ce n'est pas fini, et j'y retournerai un jour, mais pour "Le mépris" c'est bel et bien fini et l'on ne m'y reprendra plus.

Livre lu dans le cadre du Club des Lectrices